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“Femmes dans la guerre” de Djawad El Assadi prochainement à Alger
Caravane from Bagdad
Au milieu du chaos général et de la mort qui guette au tournant de chaque coin de rue de Bagdad, Djawad El
Assadi a relevé le défi de s’adonner à l’art et à sa passion de toujours, le théâtre. Il revient en Algérie pour
présenter Femmes dans la guerre. Vingt-sept années d’exil n’ont rien changé à l’amour que voue le metteur
en scène à son pays. Vingt-sept années durant lesquelles, l’intellectuel et homme de théâtre a refusé la
dictature et la tyrannie. La liberté de pensée et de création a toujours été une priorité.
Et c’est en quête de liberté qu’il sillonnera les capitales occidentales anglophones et francophones, où la
démocratie est une tradition. Metteur en scène et maître confèrent dans différentes universités européennes,
l’homme est depuis quelques jours l’hôte du ministère de la Culture pour une tournée dans les théâtres
algériens, où il présentera à partir du 7 mars prochain sa dernière pièce théâtrale Femmes dans la guerre.
Quotidiennement, Djaouad El Assadi arpente les tréteaux du théâtre national. Même si deux de ses
comédiennes irakiennes, Chaza et Souha Salem, toutes deux professeurs à l'institut d'art dramatique de
Bagdad, sont assiégées à Bagdad, à cause des fêtes de Achoura, célébrées dix jours durant par la communauté
chiite, Djawad El Assadi est en fait accompagné d’une comédienne libanaise, Nadine Joumaa. Cette dernière
vient remplacer Assia Kamel, autre comédienne irakienne, qui malheureusement a préféré laisser tomber le
théâtre, suite à l’enlèvement de son fils.
Militantisme intellectuel
Si rien n’obligeait Djaouad El Assadi à revenir en Irak pour tenter la “reconstruction” artistique, car c’est une
conviction chez lui, “les intellectuels et artistes irakiens ont le devoir de revenir dans leur pays pour la
reconstruction. Tout comme ce fut le cas en Algérie”. Assia Kamel a choisi de se retirer, comme l’aurait fait
toute maman soucieuse de la sécurité de ses enfants. “Assia était une des trois comédiennes irakiennes qui ont
pris le risque de faire du théâtre dans l’Irak d’aujourd’hui. Chaque jour, on se rendait aux répétitions sans jamais
être sûr de rentrer le soir. Le jour de la première représentation, à l’Académie des beaux-arts, nous avons été
étonnés de voir une centaine de personnes dans la salle. On ne savait même pas comment tout ce monde était
au courant et le nombre grandissait de représentation en représentation”.
Pris dans la folie de la guerre, les Irakiens n’ont pas perdu le sens du beau. Fréquenter les lieux publics en
pleine guerre relève du suicide. Les Algériens en savent quelque chose. La mafia des rues à Bagdad a fait que le
spectacle soit interrompu, “après le kidnapping du fils de la comédienne, libéré contre la maudite somme de 5
000$. Mais nous sommes déterminés à aller de l’avant et à faire du théâtre”, il y a toujours une place pour l’art
en Irak, affirme El Assadi. Aujourd’hui, et au prix d’un grand risque, le metteur en scène de Femmes en guerre a
pu sortir de Bagdad, les sœurs Salem le pourront-elles ? Rien n’est garanti, mais une chose est certaine, la
pièce sera présentée le 7mars au Théâtre national d’Alger (à l’occasion du mois de la femme) avant de faire le
tour dans les théâtres régionaux de Annaba, Sidi Bel-Abbes, Constantine et Oran.
La tournée théâtrale est loin d’être la première pour le metteur en scène, qui dans les années 1980 avait
présenté, Les fils d'argent et La révolte des Zendj du Palestinien Main Bsisou. “L'Algérie était alors la terre du
salut pour nombre d'intellectuels arabes et irakiens.”
Femmes dans la guerre, exil de l’âme
Quand Djaouad El Assadi décide de monter pour la première fois Femmes dans la guerre, on est en 2000 ; il est
à Rome, et fait appel à deux comédiennes algériennes. Car, c’est de la tragédie algérienne que la pièce est
inspirée. La première comédienne s’agit de Amina Medjoubi. L’exil et la douleur de la guerre, elle en connaît un
bout. Elle, qui a perdu son mari Azzedine, l’homme de théâtre, et qui, sous le poids de la contrainte, est allée
panser ses blessures sous des cieux plus cléments, mais loin des siens.
La deuxième s’appelle Rihana, elle était comédienne au théâtre de Béjaïa. Les deux Algériennes seront les
premières à dire la souffrance des femmes dans la guerre. Après quelques représentations dans la capitale
ukrainienne, Djawad El Assadi revient dans sa terre natale pour monter la pièce avec une distribution irakienne,
cette fois. Trois femmes courage adhérent au défi, Souha, Chaza Salem et Assia Kamel. Femmes dans la guerre,
c’est la lutte existentielle de trois Irakiennes exilées en Allemagne.
C’est aussi l’histoire de trois personnages, différents de caractère mais qui partagent la douleur de l’exil. Ces
trois femmes, réfugiées dans un pays européen sous la contrainte d'une situation difficile dans leur pays, vont
tout faire pour s’en sortir, chacune à sa façon. Un combat pour survivre et qui va se poursuivre même après leur
retour dans la patrie. Pour rappel, Femmes dans la guerre, cette œuvre sera présentée au TNA le 7 mars
prochain, avant de sillonner les théâtres régionaux.
W. L.
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