Jeux de scène a reçu le "Molière du meilleur auteur dramatique vivant" pour Victor Haïm, en 2002. Lorsque la pièce commence, une belle jeune femme brune aux cheveux longs, portant une paire de lunettes de soleil et des bottes en cuir, fait son entrée par la salle du théâtre. Il s’agit de la populaire et talentueuse comédienne Hortense, venue pour la première répétition de la nouvelle pièce qu’elle doit prochainement jouer, et qui (en tout cas, l’espère-t-elle), redonnera "un petit coup de fouet" à sa carrière. Une autre femme fait également son entrée. Mais, cette fois-ci, par la scène. Il s’agit de Gertrude (prononcer Gerretrude avec un léger accent allemand), une auteure mondialement reconnue qui va être, pour l’occasion, le metteur en scène de sa propre pièce, et diriger Hortense. Autour de ce projet commun, deux femmes, qui se sont jadis aimées, se retrouvent... Se retrouvent, certes ! Mais est-ce pour mieux s’aimer ou pour mieux se haïr ? Un dialogue cordial s’engage entre elles, entrecoupé d’apartés divulguant les pensées secrètes de chacune. Mais ces pensées vont-elles réellement rester enfuies ? Jeux de scène, récompensé en 2002 et en 2003 par un Molière (Meilleur auteur dramatique vivant et Meilleur auteur francophone vivant), est un huis clos d'une heure quarante, divinement interprété par deux comédiennes talentueuses : Valérie Zarrouk et Katherine Mary. Cette reprise s’ancre dans une puissance et une brutalité que la première version (il y a maintenant environ dix ans) n’offrait pas, comme le confesse lui-même l’auteur et le metteur en scène Victor Haïm, et donne à cette comédie aux répliques plus grinçantes les unes que les autres, une toute autre dimension. Quoiqu’il en soit, le propos reste, à la virgule prés, inchangé : il dévoile quelques-unes des faces cachées de ce métier aussi attirant et fascinant qu'ingrat. Victor HAÏM, auteur et metteur en scène commencé à écrire pour le théâtre dès l'âge de vingt ans mais a été joué pour la première fois à son retour de la guerre d'Algérie, grâce à sa rencontre avec Pierre Valde, grand professeur qui forma notamment Pierre Santini, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Kalfon. Depuis la fin des années soixante, il a vu trente de ses pièces représentées dans plus de vingt pays et traduites en seize langues. Son théâtre a été gratifié par de nombreuses récompenses : Prix Ibsen, Prix Lugné-Poe, Prix de la Société des Auteurs dramatiques, Prix de l'Académie Française, Prix du Théâtre de la Fondation de France et enfin "Molière du meilleur auteur dramatique vivant" pour "Jeux de scène" créé au théâtre de l'Œuvre en 2002 et jouée par de nombreuses compagnies en France et à l'étranger. Victor Haïm a de plus adapté le roman de Dostoïevski : "L’éternel mari" pour la Comédie française. Il a joué dans une vingtaine de films ou de téléfilms et mis en scène quelques unes de ses pièces en Belgique et en Suisse. Valérie ZARROUK, comédienne a suivi une formation très solide : après le Cours Florent, elle a suivi l'enseignement de l'Ecole nationale de Chaillot puis participé aux stages de Jack Walzer de l'Actor's Studio de New York et de l'Atelier international de Blanche Salant. La télévision et le cinéma ont très tôt fait appel à son talent : José Giovanni, Jean Marboeuf, Diane Bertrand, Jean-Pierre Jeunet, "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain", ou Ronit Elkabetz, dans "Prendre femme" qui a obtenu le prix de la Critique à Venise. C'est au théâtre que Valérie Zarrouk a donné la pleine mesure de ses possibilités à travers des textes très différents, de Schnitzler à Josiane Balasko, Philippe Ogouz ou Jean-Loup Dabadie. Elle a ainsi pu jouer sous la direction de Didier Long, Jérôme Savary, Yves Pignot ou Jean Christian Grinewald... Katherine MARY, comédienne Après avoir suivi l'enseignement des cours Simon durant près de trois ans, Katherine Mary a fréquenté l'Université de Vincennes où elle a obtenu un diplôme d'études techniques et esthétiques du théâtre. Elle a commencé à se familiariser avec les grands textes scéniques et les auteurs contemporains grâce à ses collaborations aux côtés de Véronique Olmi, Vera Feyder, Carole Fréchette ou Bertold Brecht notamment. Eprise de littérature, Katherine Mary écrit des poèmes, activité qui nourrit son métier de comédienne. Elle a fait la traduction et l'adaptation de "Souvenirs de S." de Lukas B. Suter (aux éditions de l'Arche) à la demande de France Culture dans le cadre du Festival d'Avignon.