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INTRODUCTION
« La veuze, ça sonne faux ! ». Il y a encore une quinzaine d’années, le
propos de cette petite phrase assassine était presque un lieu commun pour un
certain nombre de personnes qui regardaient, l’œil ironique, voire arrogant, la
résurgence timide et non-aboutie de cette cornemuse un temps disparue.
Heureusement, depuis lors, et suite au travail précis et passionné d’un petit
groupe de musiciens, cette évidence n’en est plus une et les détracteurs se
sont rétractés , ou tout au moins, se sont-ils tus.
Je concède néanmoins qu’entre les premières recherches sur la veuze et
les premiers instruments vraiment fiables proposés dans les années 1980, les
explorateurs chevronnés de la veuze nous ont légué quelques
enregistrements qui témoignent en leur défaveur : effectivement, ça ne sonnait
pas toujours très juste ! Cela venait-il des musiciens, ou des instruments eux-
mêmes, ou bien un peu des deux ? Cette réalité me semblait bien éloignée de
la pratique actuelle de la veuze.
Et pourtant, il y a peu, lors de mon épreuve pédagogique passée dans le
cadre du diplôme d’état, la difficulté que nous avons eu à nous accorder avec
les élèves, et surtout leur difficulté à accorder leur instrument eux-même, a été
pointée du doigt et a amené un certain nombre de questions. Cette expérience
a surtout fait ressortir un paradoxe : pour nous, musiciens qui travaillons par
oralité, en accordant une place primordiale à l’écoute, nous avions du mal à
entendre et corriger la hauteur des sons ; nous étions plus à l’aise avec la
matière musicale (reconnaître les notes d’un air) plutôt qu’avec la matière
sonore (reconnaître les sons).
En y repensant, dans le cas de mon parcours personnel, la dernière
chose que j’ai su maîtriser sur mon instrument, c’est son accord (entendre la
hauteur des sons, régler les anches, accorder le chalumeau et le bourdon).
D’où vient cette difficulté apparente ? Est-elle liée à l’instrument en lui-même ?
Est-ce plutôt un problème d’écoute, de développement de l’oreille ? N’est-ce