ARTHUR SCHOPENHAUER
DE LA QUADRUPLE RACINE DU
PRINCIPE DE
RAISON SUFFISANTE
Traduction par J. A. Cantacuzène
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Établissement de cette édition numérique et mise en page
par
Guy Heff
avril 2013
www.schopenhauer.fr
NOTE SUR CETTE ÉDITION
La traduction proposée est celle de J. A. Cantacuzène (1882).
Cette édition numérique a été allégée de certaines notes « du traducteur » qui ne
s’imposaient guère. Toutes les notes et références de Schopenhauer ont été conservées.
La traduction des citations grecques et latines a été réinsérée dans le corps du texte.
Table des matières
PRÉFACE .................................................................................................................................. 5
CHAPITRE PREMIER : INTRODUCTION ............................................................................. 7
CHAPITRE II : EXPOSÉ SOMMAIRE DE TOUT CE QUI A ÉTÉ ENSEIGNÉ JUSQU’ICI
DE PLUS IMPORTANT SUR LE PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE. .................. 10
CHAPITRE III : INSUFFISANCE DE L’EXPOSÉ QU’ON EN A FAIT JUSQU’ICI ET
ESQUISSE D’UN EXPOSÉ NOUVEAU ............................................................................... 21
CHAPITRE IV : DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET ET DE LA
FORME QU’Y REVÊT LE PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE. .............................. 23
CHAPITRE V : DE LA SECONDE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET, ET DE LA
FORME QU’Y REVÊT LE PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE. ............................ 64
CHAPITRE VI : DE LA TROISIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET ET DE LA
FORME QU’Y REVÊT LE PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE. ............................ 84
CHAPITRE VII : DE LA QUATRIÈME CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET ET DE LA
FORME QU’Y REVÊT LE PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE. ............................ 90
CHAPITRE VIII : OBSERVATIONS GÉNÉRALES ET RÉSULTATS ............................... 96
5 | D e l a q u a d r u p l e r a c i n e d u p r i n c i p e d e r a i s o n s u f f i s a n t e
PRÉFACE
Cette dissertation de philosophie élémentaire a paru pour la première fois en 1813, sous
forme de thèse pour mon doctorat-; plus tard, elle est devenue le fondement de tout mon
système. Aussi faut-il qu’elle ne soit jamais épuisée dans le commerce, comme c’est le cas, à
mon insu, depuis quatre ans.
Mais il me semblerait impardonnable de lancer encore une fois dans le monde cette œuvre
de ma jeunesse, avec toutes ses taches et tous ses défauts. Car je songe que le moment ne
saurait être bien loin je ne pourrai plus rien corriger; c’est précisément avec ce moment
que commencera la période de ma véritable influence, et je me console par l’espoir que la
durée en sera longue; car j’ai foi dans la promesse de Sénèque : « Etiamsi omnibus tecum
viventibus silentium livor indixerit, venient qui sine offensa sine gratia judicent » [Quand
l’envie aurait imposé le mot d’ordre du silence à toute ton époque, d’autres se présenteront
qui, sans préventions, sans complaisance, se feront tes juges] (Ep. 79). J’ai donc corrigé,
autant que faire se pouvait, le présent travail de ma jeunesse, et, vu la brièveté et l’incertitude
de la vie, je dois m’estimer particulièrement heureux qu’il m’ait été donné de pouvoir réviser
dans ma soixantième année ce que j’avais écrit dans ma vingt-sixième.
J’ai voulu néanmoins être très indulgent pour mon jeune homme et, autant que possible,
lui laisser la parole et même lui laisser tout dire. Cependant, quand il avance quelque chose
d’inexact ou de superflu, ou bien encore quand il omet ce qu’il y avait de meilleur à dire, j’ai
bien été obligé de lui couper la parole, et cela est arrivé assez fréquemment ; tellement, que
plus d’un lecteur éprouvera le même sentiment que si un vieillard lisait à haute voix le livre
d’un jeune homme, en s’interrompant souvent pour émettre ses propres considérations sur le
sujet.
On comprendra facilement qu’un ouvrage ainsi corrigé et après un intervalle aussi long,
n’a pu acquérir cette unité et cette homogénéité qui n’appartiennent qu’à ce qui est coulé d’un
jet. On sentira déjà dans le style et dans la manière d’exposer une différence si manifeste, que
le lecteur doué d’un peu de tact ne sera jamais dans le doute si c’est le jeune ou le vieux qu’il
entend parler. Car, certes, il y a loin du ton doux et modeste du jeune homme qui expose ses
idées avec confiance, étant assez simple pour croire très sérieusement que tous ceux qui
s’occupent de philosophie ne poursuivent que la vérité, et qu’en conséquence quiconque
travaille à faire progresser celle-ci ne peut qu’être le bien venu auprès d’eux; il y a loin, dis-je,
de ce ton à la voix décidée, mais parfois aussi quelque peu rude, du vieillard qui a bien
finir par comprendre dans quelle noble compagnie de chevaliers d’industrie et de plats et
serviles courtisans il s’est fourvoyé, et quels sont leurs véritables desseins. Oui, le lecteur
équitable ne saurait me blâmer quand parfois l’indignation me jaillit par tous les pores; le
résultat n’a-t-il pas démontré ce qui advient quand, n’ayant à la bouche que la recherche de la
vérité, on n’est constamment occupé qu’à deviner les intentions des supérieurs les plus haut
placés, et quand aussi, d’autre part, étendant aux grands philosophes le « e quovis ligno fit
Mercurius », un lourd charlatan comme Hegel arrive, lui aussi, à passer tout bonnement pour
un grand philosophe. Et, en vérité, la philosophie allemande est couverte aujourd’hui de
mépris, bafouée par l’étranger, repoussée du milieu des sciences honnêtes, comme une fille
publique qui, pour un vil salaire, s’est donnée hier à celui-là, aujourd’hui à un autre ; les
cervelles des savants de la génération actuelle sont désorganisées par les absurdités d’un
Hegel : incapables de penser, grossiers et pris de vertige, ils deviennent la proie du vil
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