QUESTION DE SYNTHESE
Il est demandé au candidat
1. de conduire le travail préparatoire qui fournit des éléments devant être utilisés dans la synthèse.
2. de répondre à la question de synthèse:
- par une argumentation assortie d'une réflexion critique, répondant à la problématique donnée dam l'intitulé,
- en faisant appel à ses connaissances personnelles,
- en composant une introduction, un développement, une conclusion pour une longueur de l'ordre de trois pages.
Ces deux parties sont d'égale importance pour la notation. Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du
soin apporté à la présentation.
THEME : Coût du travail et compétitivité
1 TRAVAIL PREPARATOIRE
Q1 A l’aide du document 1, comparez les coûts du travail de la France et de l’Allemagne et leur évolution (2 pts).
Q2 Que pourrait-on en déduire sur la compétitivité-prix des produits français ? (1 pt)
Q3 En utilisant les chiffres du document 2 et 3, comparez les performances de la France et de l’Allemagne en matière de
commerce extérieur entre 2000 et 2010 (1 pt)
Q4 Expliquez la phrase soulignée du document 3 (1 pt).
Q5 Quels sont les autres éléments qui expliquent la forte compétitivité des produits allemands ? (Document 3) (2 pts)
Q6 Expliquez le principe de la TVA sociale à partir du document 4 (1 pt)
Q7 Expliquez les effets attendus de cette mesure sur le commerce extérieur français à partir du document 4 (2 pts).
2 QUESTION DE SYNTHESE
Après avoir analysé la relation entre le coût du travail et la compétitivité, vous en montrerez les limites.
3 DOCUMENTS
DOCUMENT 1 Le coût du travail en France et en Allemagne en 2010
Coût horaire du
travail dans
l’industrie
(En dollars)
Part des
cotisations
sociales dans le
coût du travail
(En %)
Productivité
horaire du travail
(En dollars)
Coût horaire
unitaire du
travail1
(En dollars)
Variation du coût
unitaire du
travail
1997-2007
(En %)
France
40,6
32
54,8
0,74
- 5
Allemagne
43,8
23
53,4
0,82
- 12
(Source : Eurostat et OCDE 2012)
Coût horaire unitaire du travail1 = Coût horaire du travail/productivité horaire
DOCUMENT 2 Part des exportations de l’Allemagne et de la France dans le commerce mondial (en %)
(Source : Coe-Rexecode 2011)
DOCUMENT 3
Le déficit commercial de la France a atteint les 69,6 milliards d'euros en 2011, quand l'Allemagne enregistre un excédent de
plus de 100 milliards. La France n'en finit pas de décrocher par rapport à son voisin d'Outre Rhin. […]
Ce sont précisément dans les biens d’équipement que les divergences de performance à l’exportation sont les plus fortes
entre les deux pays depuis 2000. Un rôle-clé doit être attribué de ce point de vue aux différences quant à l’effort fourni en matière
de recherche et d’innovation. Le rapport souligne que les dépenses en recherche et développement (R&D) des entreprises,
proches en pourcentage du PIB au milieu des années 1990 dans les deux pays (1,5%), n’a cessé de diverger depuis, de sorte
que « l’effort de recherche des entreprises allemandes est actuellement supérieur de moitié à l’effort de recherche français (1,27
contre 1,84%) ». De même, tous secteurs confondus, les entreprises allemandes déposent trois fois plus de brevets. Au total, la
différence d’effort de R&D ne s’explique qu’à la marge par la densité de grosses PME allemandes, ce qu’on aurait pu penser
puisque l’effort de recherche augmente avec la taille des entreprises. […]
Les grandes entreprises industrielles allemandes ont surtout renforcé leur compétitivité-coût en recourant à l’externalisation
(outsourcing) de certains segments des processus productifs. Plus que dans les autres économies comparables, elles ont
substitué des consommations intermédiaires produites dans les pays à bas coûts - et tout particulièrement en Europe centrale et
orientale - à de la valeur ajoutée produite sur le sol allemand, tout en conservant les activités de conception et d’assemblage
« made in Germany » sur le sol allemand, avant réexportation. Les entreprises françaises ont délocalisé entièrement certains
processus de production pour fournir les marchés étrangers et qu’elles réalisent en conséquence une partie croissante de leur
chiffre d’affaire via leurs filiales à l’étranger (les importations vers la France de Logan produites dans les usines Renault en
Roumanie sont des exportations roumaines).
(Source : Arnaud Lechevalier, Alternatives économiques, mars 2012)
DOCUMENT 4 Les objectifs attendus de la TVA sociale
COÛT DU TRAVAIL ET COMPETITIVITE
1 TRAVAIL PREPARATOIRE
Q1 Le coût du travail comprend le salaire net versé au salarié auquel s’ajoutent les cotisations sociales patronales et salariales
et les coûts annexes (primes, avantage en nature, frais d’embauche, de formation, de licenciement…). On peut faire deux
constats sur le coût du travail en France et en Allemagne :
Le coût du travail contenu dans un produit (coût salarial unitaire) est inférieur en France. Un produit valant 1 dollar en
2010 coûte en travail 74 centimes en France et 82 centimes en Allemagne. Ceci s’explique par le fait qu’un travailleur
français coûte en moyenne 3 dollars de moins qu’un travailleur allemand alors qu’il produit en une heure 1,4 dollar de
plus malgré le fait que les cotisations sociales pèsent davantage dans le coût du travail en France 32% du coût total
du travail) qu’en Allemagne (23%).
Le coût unitaire du travail a diminplus rapidement en Allemagne (- 12% entre 1997 et 2007) qu’en France (- 5%) soit
parce que le coût salarial allemand a augmenté moins vite soit parce que la productivité allemande a augmenté plus vite.
Les coûts unitaires ont donc tendance à se rapprocher.
Q2 En théorie, les prix des produits français devraient être inférieurs à ceux des produits allemands à qualité comparable sur le
marché mondial. Mais ceci n’est vrai qu’à la condition d’avoir les autres coûts (consommations intermédiaires, capital fixe…) et
les marges bénéficiaires identiques à ceux des entreprises allemandes.
Q3 On peut constater deux grandes différences :
L’Allemagne est un pays beaucoup plus exportateur que la France. En 2010, 9% des produits vendus dans le monde
sont allemands contre 3,6% pour les produits français. Les allemands ont réussi à maintenir cette part de marché entre
2000 et 2010 alors que les français ont vu la leur baisser de 1,4 point.
L’Allemagne est un pays qui a une balance commerciale excédentaire (ses exportations sont supérieures de 100
milliards d’à ses importations en 2011) alors que la France accumule les déficits (ses exportations sont inférieures de
69,6 milliards d’€ à ses importations la même année).
Q4 Les entreprises allemandes ont externalisé, c’est-à-dire qu’elles ont sous-traité une partie de la production des composants
de leurs produits dans des pays à bas coût salarial ce qui leur a permis de duire le coût de fabrication de ces produits au
moment de l’assemblage dans leur pays. En conséquence, elles ont pu améliorer leur compétitivité-prix tout en conservant la
maîtrise de leur production en Allemagne.
Q5 La compétitivité de l’Allemagne repose essentiellement sur sa compétitivité hors-prix qui dépend de plusieurs éléments :
La compétitivité hors-prix repose d’abord sur l’innovation de produit. Un produit nouveau a un avantage comparatif tant
que les concurrents n’ont pas fait mieux. Ceci repose sur la recherche en développement. Or, les firmes allemandes ont
fait effort plus grand en matière de recherche et d’innovation (les entreprises allemandes consacrent, 1,84% du PIB à la
recherche contre 1,5% pour les entreprises françaises) et cet effort a cru de 0,34 points entre 1990 et 2010 alors qu’il a
baissé de 0,23 points en France. La créativité, le design et la qualité des voitures allemandes est un bon exemple de
cette compétitivité hors-prix puisque ces voitures sont en général plus chères que leurs concurrentes.
La compétitivité hors-prix repose aussi sur un nombre plus élevé de grosses PME exportatrices qui se positionnent sur
des créneaux porteurs : le haut de gamme, les biens d’équipement…ce qui conforte l’image du « made in Germany ».
Q6 La TVA sociale consiste à diminuer les cotisations sociales patronales afin de duire le coût du travail en France et de
compenser la perte de recette pour les organismes de protection sociale par une hausse de la TVA de 1,2 point qui s’applique
aux prix hors taxe des produits vendus aux consommateurs.
Q7 La TVA sociale devrait avoir plusieurs effets bénéfiques pour le commerce extérieur français :
Elle devrait rendre moins chers les produits exportés si les entreprises diminuent leurs prix en proportion de la baisse du
coût du travail. On a donc une amélioration de la compétitivité-prix et une hausse possible des exportations.
Elle devrait rendre plus chers les produits importés ce qui pourrait inciter les consommateurs français à préférer des
produits nationaux. D’où une baisse des importations.
Elle devrait améliorer la marge bénéficiaire des entreprises si celles-ci ne répercutent pas intégralement la baisse du
coût du travail. Dans ce cas, les entreprises disposeraient de bénéfices supplémentaires qu’elles pourraient investir dans
la recherche. D’où une amélioration de la compétitivité hors-prix et une hausse probable des exportations.
2 SYNTHESE
Introduction :
Amorce = La France a affiché en 2011 un déficit commercial record, 69,59 milliards d'euros, qui consacre le recul de la part
des entreprises françaises dans le commerce mondial, passée de 6,2 % à 3,6 % entre 1990 et 2012 (Doc 2 et 3, Q3). Ce
recul est au "retard de compétitivité" de l'économie française face à ses principaux concurrents c’est-à-dire à sa
capacité à accroître ses parts de marché.
Problématique = Cette perte de compétitivité peut-elle être attribuée à un coût du travail (salaires nets + cotisations
sociales + coûts annexes) trop élevé en France ? La compétitivité-prix d’un pays dépend-t-elle seulement du coût du
travail ? La compétitivité globale dépend-t-elle seulement de la compétitivité-prix ? Que peuvent faire l’Etat, les entreprises
et les partenaires sociaux pour restaurer la compétitivité du pays ?
Annonce du plan = Si le coût du travail est un élément indéniable de la compétitivité du pays, nous montrerons qu’il n’est
pas le facteur essentiel des capacités concurrentielles d’un pays développé.
1 LA COMPETITIVITE DEPEND EN PARTIE DES PRIX DES PRODUITS ET DU COÛT DU TRAVAIL
A LE COÛT SALARIAL UNITAIRE EST UNE COMPOSANTE DE LA COMPETITIVITE-PRIX
Phrase introductive = Depuis la fin des années 1990, on peut observer un décrochage de l'évolution du coût du travail entre
la France et l’Allemagne. Le coût unitaire du travail a diminué plus rapidement en Allemagne (- 12% entre 1997 et 2007) qu’en
France (- 5%) (Doc 1). La perte de compétitivité de la France a donc été attribuée au coût du travail et au poids de la protection
sociale. Quels sont les liens entre le coût du travail et la compétitivité d’un pays ?
Tout d’abord, le coût du travail est un élément de la compétitivité-prix d’un produit. Le coût du travail comprend le salaire
net versé au salarié auquel s’ajoute les cotisations sociales patronales et salariales et des coûts annexes (primes,
avantage en nature, frais d’embauche, de formation, de licenciement…). Il est une composante du coût de production d’un
produit et, par conséquent, du prix du produit. Si le coût d’un travailleur chinois pour une heure de travail est 20 fois
inférieur à celui d’un travailleur français, le prix d’un produit chinois sera bien évidemment beaucoup plus faible que le
produit équivalent fabriqué en France. Cependant, me si les cotisations sociales représentent un part plus importante
du coût du travail en France (32% du coût du travail) qu’en Allemagne (23%), le coût horaire du travail dans l’industrie
allemande est supérieur de 3,2 dollars à celui de l’industrie française (Doc 1). Ce n’est donc pas dans les différences de
coût du travail que l’on peut trouver l’explication des différences de compétitivité entre les deux pays.
Ensuite, ce n’est pas le coût du travail qui détermine le prix d’un produit mais le coût salarial unitaire. Le coût salarial
unitaire est obtenu en divisant le coût horaire du travail par la productivité horaire d’un travailleur. Ainsi, si un travailleur
français coûte 50€ de l’heure et réalise 100 produits, le coût du travail pour fabriquer un produit est de 0,5€ par produit. Si
un travailleur chinois n’est payé que 5€ de l’heure mais ne réalise que 8 produits dans l’heure, le coût salarial unitaire
chinois (0,62€) est plus élevé que celui d’un français. Or, par rapport à l’Allemagne, le coût du travail contenu dans un
produit est inférieur en France. Un produit valant 1 dollar en 2010 coûte en travail 74 cents en France et 82 cents en
Allemagne. Ceci s’explique par le fait qu’un travailleur français coûte en moyenne 3 dollars de moins qu’un travailleur
allemand alors qu’il produit en une heure 1,4 dollar de plus (Doc 1, Q1). Là encore, ce n’est pas la différence dans
l’efficacité des travailleurs que l’on peut expliquer les résultats commerciaux de la France et de l’Allemagne.
Cependant, l’évolution des coûts unitaires est défavorable pour la compétitivité-prix de la France. Le coût unitaire du travail
a diminué plus rapidement en Allemagne (- 12% entre 1997 et 2007) qu’en France (- 5%) d’une part, parce que le coût
salarial allemand a augmenté moins vite (les syndicats allemands ont accepté des modérations salariales et les « mini-
jobs » mal payés se sont développés) et d’autre part, parce que la productivité allemande a augmenté plus vite (les firmes
allemandes ont davantage investi dans l’innovation de procédé). Les coûts unitaires ont donc tendance à se rapprocher ce
qui a diminué relativement l’avantage comparatif des prix français (Doc 1 et 3, Q1 et Q2).
Conclusion partielle = Le coût du travail est un élément du prix d’un produit. La compétitivité-prix de la France reste
supérieure à celle de l’Allemagne mais elle se dégrade relativement depuis une dizaine d’années. Que peuvent faire l’Etat et les
entreprises pour y remédier ?
B CE QUI EXPLIQUE LES STRATEGIES POUR DIMINUER LE COÛT UNITAIRE DU TRAVAIL
Phrase introductive = La compétitivité-prix dépend en partie de la stratégie des entreprises en matière de réduction des coûts
du travail. L’Etat a aussi un rôle à jouer car il peut influer sur le coût social du travail. Quelles sont les stratégies que l’on peut
adopter pour réduire le coût unitaire du travail ?
Les entreprises peuvent augmenter la productivité du travail pour réduire le coût unitaire. Elles doivent, pour cela, procéder
à des innovations de procédés (équipements ou organisation de la production plus performants) qui dépendent de la
recherche. Or, les entreprises allemandes ont fait un effort plus grand en matière de recherche et d’innovation (les
entreprises allemandes ont consacré 1,84% du PIB à la recherche contre 1,5% pour les entreprises françaises) et cet effort
a cru de 0,34 points entre 1990 et 2010 alors qu’il a baissé de 0,23 points en France ce qui peut expliquer la baisse plus
rapide du coût unitaire en Allemagne (- 12% entre 1997 et 2007) qu’en France (- 5%) (Doc 1 et 3, Q5).
Les entreprises peuvent également diminuer le coût du travail des composants du produit. Les entreprises allemandes ont
externalisé une partie de la production des composants de leurs produits dans des pays à bas coûts ce qui leur a permis
de réduire le coût de fabrication de ces produits au moment de l’assemblage dans leur pays. Les entreprises françaises ont
préféré délocaliser la totalité de la production ce qui n’a pas amélioré la compétitivité-coût en France (Doc 3, Q4).
Enfin, l’Etat peut diminuer le coût du travail en allégeant les entreprises d’une partie des cotisations sociales patronales. En
France, la TVA sociale, mise en place en 2012, réduit les cotisations sociales patronales destinées aux allocations
familiales et compense la perte de recette pour les organismes de protection sociale par une hausse de la TVA de 1,2
point qui s’applique aux prix hors taxe des produits vendus aux consommateurs (Doc 4, Q6). La TVA sociale devrait avoir
plusieurs effets bénéfiques pour le commerce extérieur français (Doc 4, Q7) :
Elle devrait rendre moins chers les produits exportés si les entreprises diminuent leurs prix en proportion de la
baisse du coût du travail. On a donc une amélioration de la compétitivité-prix et une hausse possible des
exportations.
Elle devrait rendre plus chers les produits importés ce qui pourrait inciter les consommateurs français à prérer
des produits nationaux. D’où une baisse des importations.
Elle devrait améliorer la marge bénéficiaire des entreprises si celles-ci ne répercutent pas intégralement la baisse
du coût du travail. Dans ce cas, les entreprises disposeraient de néfices supplémentaires qu’elles pourraient
investir dans la recherche. D’où une amélioration de la compétitivité hors-prix et une hausse probable des
exportations.
Conclusion partielle = Les entreprises et l’Etat font donc leur possible pour diminuer le coût salarial unitaire afin de rendre les
produits nationaux compétitifs en matière de prix. On peut, cependant, se poser la question de la pertinence de ces stratégies. La
compétitivité d’un pays ne repose-t-elle que sur le coût du travail ?
2 MAIS LA COMPETITIVITE NE SE REDUIT PAS AUX COÛTS DU TRAVAIL
A LE PRIX DES PRODUITS N’EST PAS SEULEMENT DETERMINE PAR LE COÛT DU TRAVAIL
Phrase introductive = L’Allemagne a un coût unitaire du travail plus élevé que la France. Elle dégage pourtant un excédent
commercial énorme alors que la France se trouve dans la situation inverse. Comment expliquer ce paradoxe ? Le coût du travail
n’est pas le seul élément à prendre en compte dans la compétitivité-coût d’un produit et la compétitivité-prix d’un pays ne dépend
pas seulement de la compétitivité-coût. Quels sont les autres éléments qui entrent en jeu dans la compétitivité-prix ?
La compétitivité-coût ne dépend pas seulement du coût unitaire du travail. Le coût de production d’un produit comprend
également le coût des consommations intermédiaires et le coût du capital. Si le coût des importations de matières
premières ne doit pas être sensiblement différent entre l’Allemagne et la France qui ont la même monnaie, il n’en n’est pas
de même pour le coût du capital. Plus les machines sont utilisées et plus le coût unitaire de production est faible car le coût
fixe de l’équipement est divisé par un plus grand nombre de produits. Il s’agit du phénomène des « économies d’échelle ».
Un volume de production plus élevé et une meilleure organisation du travail peuvent permettre une meilleure utilisation de
l’équipement. Or, les PME allemandes exportatrices ont une taille plus importante que les PME françaises ce qui leur
permet de réduire davantage leurs coûts unitaires (Doc 3, Q5).
La compétitivité-prix ne dépend pas seulement de la compétitivité-coût. Entre le coût unitaire de production et le prix hors
taxe d’un produit, il y a la marge bénéficiaire de l’entreprise. Ainsi, si le coût de production d’un produit est de 80€ et que le
prix hors taxe de ce produit est de 100€, le bénéfice pour l’entreprise est de 20€ par produit. Or, les entreprises allemandes
sont positionnées sur le haut de gamme (les voitures allemandes, par exemple) ce qui leur permet d’imposer des prix
élevés et de faire une marge importante alors que les entreprises françaises sont plus spécialisées dans le bas ou le
moyen de gamme plus concurrencés ce qui ne leur permet pas d’avoir des marges élevées et ce qui pèse sur leur capacité
d’investissement en capital fixe et en R&D (Q5).
Enfin, le prix à l’exportation d’un produit dépend du taux de change. Supposons qu’un soit égal à un $. Pour acheter un
produit valant 10 €, un américain devra donner 10 $. Si le cours de l’Euro monte et passe à 0,5 € = 1 $, un américain devra
donner 20 $ pour obtenir le même bien. Toute hausse de l’euro se traduit donc par une baisse de la compétitivité-prix des
pays de la zone euro. Or, au cours des années 2000, la croissance des pays de la zone a éaffaiblie par une monnaie
très surévaluée, non seulement face au dollar mais encore plus à l'égard du yuan chinois. Cependant, ceci ne peut
expliquer la différence de compétitivité entre la France et l’Allemagne puisque ces deux pays ont la même monnaie.
Conclusion partielle = Le coût du travail n’est donc pas le seul élément qui détermine la compétitivité-coût et la compétitivité-
prix d’un produit. Dans la concurrence internationale, les pays émergents ont un gros avantage en matière de coût du travail et en
matière de prix. Les pays développés doivent donc construire leur compétitivité sur d’autres critères.
B LA COMPETITIVITE NE SE REDUIT PAS A LA COMPETITIVITE-PRIX
Phrase introductive = Souvent abordée sous l’angle unique du coût du travail, la compétitivité s'appuie en réalité sur de
multiples leviers : la qualité des infrastructures du pays, la qualité de la production, l'innovation, la formation,…Il faut donc
analyser quels sont les déterminants de la « compétitivité hors-prix » ou de la « compétitivité structurelle », c’est-à-dire sur une
bonne adaptation de la production à la demande mondiale.
La compétitivité hors-prix repose d’abord sur l’innovation de produit. Un produit nouveau a un avantage comparatif tant que
les concurrents n’ont pas fait mieux. Ceci repose sur la recherche en développement. Or, les firmes allemandes ont fait
effort plus grand en matière de recherche et d’innovation (les entreprises allemandes consacrent, 1,84% du PIB à la
recherche contre 1,5% pour les entreprises françaises) et cet effort a cru de 0,34 points entre 1990 et 2010 alors qu’il a
baissé de 0,23 points en France. A cela s’ajoute, la qualité par la créativité. Le design, le marketing, les savoir-faire,
l'excellence de la main-d’œuvre, sont primordiaux. Le succès des voitures allemandes, qui sont plus chères ques les
voitures françaises, n'est-il pas dû tout autant à la force de leur marque, à leur design, qu'au nombre de brevets déposés ?
(Doc 3, Q5).
La compétitivité hors-prix repose ensuite sur le positionnement des produits. La production doit s’orienter vers les secteurs
à forte demande et dans le haut de gamme qui dégagent des marges bénéficiaires élevées ce qui va permettre de financer
les investissements en R&D. L’Allemagne est un pays beaucoup plus exportateur que la France (En 2010, 9% des produits
vendus dans le monde sont allemands contre 3,6% pour les produits français) parce qu’elle dispose de grandes firmes et
de grosses PME exportatrices qui se positionnent sur des créneaux porteurs : le haut de gamme, les biens
d’équipement…ce qui conforte l’image du « made in Germany » (Doc 3, Q3 et Q5). Airbus est un bon exemple de cette
réussite franco-allemande en matière de compétitivité.
Enfin, la compétitivité structurelle repose sur la qualité de la main-d’œuvre. Des salariés bien formés permettent de faire
des produits de qualité et renforcent la qualité par le service qui accompagne le produit. Un « bon » produit ne suffit pas
pour décrocher un marché. Le TGV français a du mal à se vendre à l’étranger alors qu’il est réputé pour sa technologie
alors que l’ICE allemand a été vendu aux chinois. L'industrie française est assez mal positionnée par rapport à l'Allemagne
sur des critères comme les délais de livraison ou le service après-vente. De même, dans un secteur comme le tourisme, il
faut miser sur la qualité du service (usage des langues étrangères…) et de l'accueil pour être compétitif.
Conclusion :
Rappel de la démonstration = Dans la concurrence internationale, le coût du travail n’est qu’un élément parmi d’autres de
la compétitivité d’un pays. En insistant trop sur le coût du travail, on oublie que les pays développés ne peuvent être
compétitifs en matière de prix que s’ils ont une forte productivité du travail et du capital, ce qui renvoie à la formation de la
main-d’œuvre et à l’investissement au sens large, et en matière de produits que si ces derniers sont bien adaptés à la
demande mondiale.
Ouverture = Au lieu d’alléger les cotisations sociales, n’est-il pas préférable pour l’Etat d’accentuer ses efforts de formation
et de recherche afin d’améliorer l’environnement des entreprises qui sont soumises à la concurrence internationale ?
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