Tout d’abord, le coût du travail est un élément de la compétitivité-prix d’un produit. Le coût du travail comprend le salaire
net versé au salarié auquel s’ajoute les cotisations sociales patronales et salariales et des coûts annexes (primes,
avantage en nature, frais d’embauche, de formation, de licenciement…). Il est une composante du coût de production d’un
produit et, par conséquent, du prix du produit. Si le coût d’un travailleur chinois pour une heure de travail est 20 fois
inférieur à celui d’un travailleur français, le prix d’un produit chinois sera bien évidemment beaucoup plus faible que le
produit équivalent fabriqué en France. Cependant, même si les cotisations sociales représentent un part plus importante
du coût du travail en France (32% du coût du travail) qu’en Allemagne (23%), le coût horaire du travail dans l’industrie
allemande est supérieur de 3,2 dollars à celui de l’industrie française (Doc 1). Ce n’est donc pas dans les différences de
coût du travail que l’on peut trouver l’explication des différences de compétitivité entre les deux pays.
Ensuite, ce n’est pas le coût du travail qui détermine le prix d’un produit mais le coût salarial unitaire. Le coût salarial
unitaire est obtenu en divisant le coût horaire du travail par la productivité horaire d’un travailleur. Ainsi, si un travailleur
français coûte 50€ de l’heure et réalise 100 produits, le coût du travail pour fabriquer un produit est de 0,5€ par produit. Si
un travailleur chinois n’est payé que 5€ de l’heure mais ne réalise que 8 produits dans l’heure, le coût salarial unitaire
chinois (0,62€) est plus élevé que celui d’un français. Or, par rapport à l’Allemagne, le coût du travail contenu dans un
produit est inférieur en France. Un produit valant 1 dollar en 2010 coûte en travail 74 cents en France et 82 cents en
Allemagne. Ceci s’explique par le fait qu’un travailleur français coûte en moyenne 3 dollars de moins qu’un travailleur
allemand alors qu’il produit en une heure 1,4 dollar de plus (Doc 1, Q1). Là encore, ce n’est pas la différence dans
l’efficacité des travailleurs que l’on peut expliquer les résultats commerciaux de la France et de l’Allemagne.
Cependant, l’évolution des coûts unitaires est défavorable pour la compétitivité-prix de la France. Le coût unitaire du travail
a diminué plus rapidement en Allemagne (- 12% entre 1997 et 2007) qu’en France (- 5%) d’une part, parce que le coût
salarial allemand a augmenté moins vite (les syndicats allemands ont accepté des modérations salariales et les « mini-
jobs » mal payés se sont développés) et d’autre part, parce que la productivité allemande a augmenté plus vite (les firmes
allemandes ont davantage investi dans l’innovation de procédé). Les coûts unitaires ont donc tendance à se rapprocher ce
qui a diminué relativement l’avantage comparatif des prix français (Doc 1 et 3, Q1 et Q2).
Conclusion partielle = Le coût du travail est un élément du prix d’un produit. La compétitivité-prix de la France reste
supérieure à celle de l’Allemagne mais elle se dégrade relativement depuis une dizaine d’années. Que peuvent faire l’Etat et les
entreprises pour y remédier ?
B – CE QUI EXPLIQUE LES STRATEGIES POUR DIMINUER LE COÛT UNITAIRE DU TRAVAIL
Phrase introductive = La compétitivité-prix dépend en partie de la stratégie des entreprises en matière de réduction des coûts
du travail. L’Etat a aussi un rôle à jouer car il peut influer sur le coût social du travail. Quelles sont les stratégies que l’on peut
adopter pour réduire le coût unitaire du travail ?
Les entreprises peuvent augmenter la productivité du travail pour réduire le coût unitaire. Elles doivent, pour cela, procéder
à des innovations de procédés (équipements ou organisation de la production plus performants) qui dépendent de la
recherche. Or, les entreprises allemandes ont fait un effort plus grand en matière de recherche et d’innovation (les
entreprises allemandes ont consacré 1,84% du PIB à la recherche contre 1,5% pour les entreprises françaises) et cet effort
a cru de 0,34 points entre 1990 et 2010 alors qu’il a baissé de 0,23 points en France ce qui peut expliquer la baisse plus
rapide du coût unitaire en Allemagne (- 12% entre 1997 et 2007) qu’en France (- 5%) (Doc 1 et 3, Q5).
Les entreprises peuvent également diminuer le coût du travail des composants du produit. Les entreprises allemandes ont
externalisé une partie de la production des composants de leurs produits dans des pays à bas coûts ce qui leur a permis
de réduire le coût de fabrication de ces produits au moment de l’assemblage dans leur pays. Les entreprises françaises ont
préféré délocaliser la totalité de la production ce qui n’a pas amélioré la compétitivité-coût en France (Doc 3, Q4).
Enfin, l’Etat peut diminuer le coût du travail en allégeant les entreprises d’une partie des cotisations sociales patronales. En
France, la TVA sociale, mise en place en 2012, réduit les cotisations sociales patronales destinées aux allocations
familiales et compense la perte de recette pour les organismes de protection sociale par une hausse de la TVA de 1,2
point qui s’applique aux prix hors taxe des produits vendus aux consommateurs (Doc 4, Q6). La TVA sociale devrait avoir
plusieurs effets bénéfiques pour le commerce extérieur français (Doc 4, Q7) :
Elle devrait rendre moins chers les produits exportés si les entreprises diminuent leurs prix en proportion de la
baisse du coût du travail. On a donc une amélioration de la compétitivité-prix et une hausse possible des
exportations.
Elle devrait rendre plus chers les produits importés ce qui pourrait inciter les consommateurs français à préférer
des produits nationaux. D’où une baisse des importations.
Elle devrait améliorer la marge bénéficiaire des entreprises si celles-ci ne répercutent pas intégralement la baisse
du coût du travail. Dans ce cas, les entreprises disposeraient de bénéfices supplémentaires qu’elles pourraient
investir dans la recherche. D’où une amélioration de la compétitivité hors-prix et une hausse probable des
exportations.
Conclusion partielle = Les entreprises et l’Etat font donc leur possible pour diminuer le coût salarial unitaire afin de rendre les
produits nationaux compétitifs en matière de prix. On peut, cependant, se poser la question de la pertinence de ces stratégies. La
compétitivité d’un pays ne repose-t-elle que sur le coût du travail ?
2 – MAIS LA COMPETITIVITE NE SE REDUIT PAS AUX COÛTS DU TRAVAIL
A – LE PRIX DES PRODUITS N’EST PAS SEULEMENT DETERMINE PAR LE COÛT DU TRAVAIL
Phrase introductive = L’Allemagne a un coût unitaire du travail plus élevé que la France. Elle dégage pourtant un excédent
commercial énorme alors que la France se trouve dans la situation inverse. Comment expliquer ce paradoxe ? Le coût du travail
n’est pas le seul élément à prendre en compte dans la compétitivité-coût d’un produit et la compétitivité-prix d’un pays ne dépend
pas seulement de la compétitivité-coût. Quels sont les autres éléments qui entrent en jeu dans la compétitivité-prix ?