RÉSUMÉ
Le phénomène grandissant des problèmes éthiques présents dans le monde du
travail soulève la question des modes actuels d’organisation du travail. Pour faire
face à cette nouvelle donne, de nombreuses approches managériales ont été
proposées. Parmi elles, on retrouve l’éthique réflexive qui est encore peu intégrée
aux pratiques de gestion, laissant plutôt la place à des formes plus classiques de
management. On impute habituellement cette absence au temps qu’exige l’éthique
réflexive et à la responsabilité qu’elle engage. Or, l’engagement à se compromettre
sans risque de s’épuiser est possible dans la mesure où les paramètres de sécurité
ou de soutien pour les individus et les organisations sont clairement établis et
intégrés de façon systémique dans l’entreprise. C’est alors la responsabilité des
organisations qui prévaut et le management est donc pensé en fonction de cette
approche, et l’éthique en milieu de travail également. C’est pourquoi nous
formulons l’hypothèse que le concept de responsabilité peut être l’outil nécessaire
pour faire émerger l’éthique dans les milieux de travail. Nous tentons donc de faire
voir comment la responsabilité doit être comprise pour intégrer l’éthique aux
nouveaux modes d’organisation du travail. Pour ce faire, nous avons retenu une
approche pragmatiste de l’éthique et de la responsabilité.
La réactivité exigée des organisations modernes engendre souvent une perte de
maîtrise sur l’organisation du travail. Alors que l’appel à la responsabilité des
employés sur l’efficience et l’efficacité de leur travail augmente le contrôle normatif,
celui qu’ils ont sur leur travail décroît. La démonstration de ces limites permettra
de faire voir pourquoi une approche réflexive de l’éthique s’impose. Par le soutien
ou l’accompagnement à la prise de décision qu’elle permet, l’éthique réflexive
contribue à rétablir cette responsabilité déficiente, de la redéployer en toute
sécurité, tout en permettant aux directions des services d’assumer une maîtrise
suffisante des risques.