Eduquer aux médias et à l`information : L`égalité fille

Eduquer
aux médias et à l’information :
L’égalité fille-garçon
I-
Introduction :
Ce cours a pour but d’éduquer aux médias et à l’information avec pour thème l’égalité entre
les filles et les garçons, comme le rappelle l’article 9 de la charte de la laïcité parue en 2013 :
9. La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les
discriminations, garantit l'égalité entre les filles et les garçons et repose sur
une culture du respect et de la compréhension de l'autre.
L’objectif étant de montrer via différents médias qu’il persiste des différences de
représentations des rôles attribués aux filles et aux garçons dès le plus jeune âge. Pour cela, nous avons
donc choisi de travailler d’une part sur des sites internet à visée commerciale et d’autre part, sur des
catalogues publicitaires de jouets pour enfant.
II- Les objectifs pédagogiques de ce cours
Les jouets que l'on met à disposition des enfants, mais aussi et surtout la façon dont on les
présente aux enfants jouent un rôle dans la construction de leur identité sexuelle. Les jouets ne sont
pas en eux-mêmes sexistes, en soit un jouet est un jouet. Ce qui est sexiste, ce sont les adultes, les
magasins et les catalogues. Or, s'il est difficile de faire quelque chose pour les premiers, il serait à
l'inverse plus facile d'agir sur les seconds. L’objectif de ce cours est donc, à travers l’analyse de
catalogues et de sites internet commerciaux, de montrer cette séparation des jouets en genre comme
deux mondes différents qui n'auraient pas le droit d'être mélangés. Il s’agit dès lors de faire prendre
conscience de la manipulation inhérente à la publicité car elle pousse les enfants et les adultes à choisir
les jouets selon le sexe et entérine de ce fait les stéréotypes et préjugés qui planent sur les filles et les
garçons.
III- Les compétences visées
 En référence au projet du référentiel de compétences en éducation aux médias du CLEMI
Domaine 1 — Prendre conscience de sa propre relation à l’univers médiatique :
- Connaissances de l’offre médiatique dans sa diversité : variété des supports, des modes de
diffusion, variété des contenus, segmentation en fonction des publics ; Les pratiques
médiatiques : quels contenus? Avec quels médias? Pour quels usages
- Se repérer dans la diversité des médias ; Distinguer les différentes cibles des médias ;
Identifier et maîtriser certaines des émotions suscitées par les médias.

- Curiosité et sens de l’observation ; conscience de l’influence des médias sur ses choix et ses
valeurs.
Domaine 2 — Caractériser les médias et les langages médiatiques :
- Le vocabulaire propre aux médias ; les langages à l’œuvre (l’écrit, l’image, le multimédia) ;
les techniques (mode de production, de diffusion et de réception) ; les supports (papier et
écrans) ; Des types de messages médiatiques (information et publicité).
- Identifier et analyser les éléments constitutifs d’un message médiatique ; Discerner les
indices de la représentation médiatisée (média/réel) ; Formuler des hypothèses argumentées
sur les intentions des émetteurs.
Domaine 3 — S’informer par les médias :
- Les caractéristiques de l’information en fonction du temps, de l’espace, du contexte
socioculturel.
- Développer un esprit critique vis-à-vis de toute information ; Aptitude au questionnement.
Domaine 5 — Être conscient de la place et du rôle des médias dans la société :
- Distinguer les fonctions sociales des médias (éduquer, divertir) ; Le rôle des médias dans
l’opinion publique ; La dimension économique des médias (place de la publicité).
- Caractériser communication commerciale ou non, divertissement.
 En référence au socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Pilier 4. La maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication :
- Traiter, exploiter des données ; communiquer, échanger.
- Une attitude critique et réfléchie vis-à-vis de l'information disponible.
 En référence au B2I afin de comprendre :
- Les objectifs de la publicité
- Les mécanismes de la publicité
- Identifier les publics
- L’impact d’une publicité

IV- Compte-rendu de la séquence : la publicité au service des
préjugés ?
Nous demanderons dans un premier temps aux élèves de regarder et d’analyser des catalogues
publicitaires et des sites internet (voir liens ci-dessous) et de remplir le tableau de la fiche élève (30
minutes) puis nous confronterons et analyserons les observations des élèves (30 minutes) avant de
construire tous ensemble le bilan de la séance.
A- L’analyse de catalogues publicitaires de jouets de Noël : La grande récré et Carrefour.
Points essentiels à relever durant l’analyse des catalogues :
- Les catalogues s’adressent en premier lieu aux enfants, ils arrivent en effet par voie postale
et les enfants sont invités à les consulter afin d’établir des préférences et des envies quant à
leur potentiel cadeau de noël. Tout est mis en œuvre pour que la lecture soit aisée (peu
d’écriture mais beaucoup d’images) et qu’ils se repèrent de façon instinctive grâce aux
couleurs qui les guident vers la rubrique qui est censée leur correspondre.
- Les rubriques « garçons » et « filles » qui précisent d’emblée à qui s’adresse ou ne s’adresse
pas le jouet.
- Les couleurs, que les enfants distinguent avant même de savoir lire (une grande diffusion du
rose pour les filles et du bleu pour les garçons). Le rose étant banni des pages garçons,
stigmatisant puisque renvoyant à l’univers féminin.
- Les symboles sont « genrés » puisque les logos des marques qui s’adressent aujourd’hui aux
garçons connotent surtout le danger (des flammes par exemple), la vitesse (italiques, mots
comme « fast ») et ceux qui s’adressent aux filles connotent préférentiellement l’amour
(cœurs, rose bonbon) et l’intérieur (« home »).
- La présentation des déguisements est très explicite : les filles auront le choix entre devenir
pour un instant princesse ou danseuse tandis que les garçons pourront s’imaginer être des
super héros, des chevaliers ou des policiers.
- Les slogans publicitaires ont un rôle déterminant dans l’installation des stéréotypes dans
l’inconscient des jeunes enfants. Il n’est en effet pas rare de relever des phrases choc telles
que « Sofia apprend à être une princesse », même si le terme « enfant » vient parfois
concurrencer ceux de « filles » et « garçons ».
B- L’analyse de sites commerciaux destinés à la vente de jouets
 http://online.carrefour.fr/jouets-jeux_u6_frfr.html
- Vision extrêmement cloisonnée des filles et des garçons. A gauche, les rubriques
proposent tout d’abord des « jouets 1er âge », puis « jouets Garçon » et « jouets filles ». Les

jouets proposés sont sélectionnés selon le sexe de l’enfant. Cela est repris en image, le site
propose « une idée cadeau pour chaque âge » mais cette rubrique est elle-même divisée en
deux parties pour à nouveau proposer un encadré rose pour les filles et un encadré bleu pour
les garçons. On retrouve encore un peu plus bas à gauche deux rubriques que sont le « guide
d’achat pour les filles » agrémenté d’un dessin d’une tête de petite fille et le « guide d’achat
pour les garçons » agrémenté quant à lui d’un dessin d’une tête de petit garçon. Sur une page
de site internet, ce n’est pas moins de trois rubriques renvoyant d’une part à un univers
exclusivement de filles et d’autre part, à celui des garçons.
- Les logos de marque présentés au milieu de la page sont très marqués en genre :
formes anguleuses et couleur rouge pour les garçons, écriture en majuscule (Cars, Planes,
Spiderman, Marvel) alors que les logos destinés aux filles préfèrent les formes arrondies, la
couleur rose ou violette et un style d’écriture très fin et dessiné (Disney princesse, Disney
Violetta, une étoile sur le point du « i » dans « Barbie »).
 http://www.auchan.fr/jeux--jouets/comme-les-grands/nurserie/achat2/6860367
 http://www.auchan.fr/jeux--jouets/comme-les-grands/jouet-
bricolage/achat2/6860368
- Les sites s’adressent plus aux adultes, en effet, internet, notamment vis-à-vis des plus jeunes,
requiert une certaine maitrise de la part de l’utilisateur. Pour autant, tout est mis en œuvre,
à l’image des catalogues, pour que l’on se repère très vite et que l’on puisse cibler les jouets
supposés correspondre à son enfant. Les couleurs sont les mêmes que celles utilisées dans
les catalogues.
- On observe une catégorie de jouets intitulée « comme les grands », l’identification à l’adulte
-
et à son rôle dans la société est alors clairement mise en scène.
Le 1er lien concerne la nurserie : c’est un univers gouverné par la couleur rose et seules des
petites filles sont mises en scène. Le 2nd lien concerne le domaine du bricolage, il est dominé
par la couleur rouge ou bleu et met en scène de façon exclusive des petits garçons.

C- Bilan des analyses
L’idée est d’amener les élèves à réfléchir sur les concepts de genre, de ségrégation, de
sexisme/machisme, de stéréotype et de la manipulation ou du conditionnement qui peut naitre face à
ces différentes notions dans le marketing et la publicité alors même que les filles et les garçons
devraient être traités avec équité.
Après avoir mis en commun les observations des élèves, nous leur demanderons de répondre aux
questions A et B de la fiche élève (20 minutes).
Ensuite nous proposerons un bilan commun des analyses en revenant sur les mots à définir de la fiche
élève et en les expliquant (20 minutes). Nous insisterions sur :
- La publicité manipule car elle propose des visions parfois erronées tout en proposant
des slogans très marqués en genre.
- Cette différenciation sexiste des jouets dans les catalogues reflète un mode
d’organisation sociale ancien mais qui résiste. Les jouets et la façon de les présenter enferment
l’ensemble de la société, enfants comme adultes, dans des rôles stéréotypés, souvent
passablement dépassés dans la réalité par les évolutions sociales et un partage plus équitable
des tâches.
- Les jouets sexistes peuvent induire un conditionnement, qui n’est peut-être pas
sansrépercussion sur le choix ultérieur de l’orientation scolaire et des métiers.
D- Une ouverture possible ?
Nous demanderons enfin aux élèves de comparer cette analyse avec la dernière image de la fiche
élève (tiré du catalogue de Noël de Super U de 2012), afin d’imaginer avec eux une ouverture possible
(20 minutes).
- Pourquoi ne pas séparer les sections des catalogues de jouets en termes d'âge plutôt qu'en
termes de sexe ? (Et pourquoi ne pas faire de même avec les sites internet destinés à la
vente de jouets et les rayons des magasins ?)
E- Pistes pour l’évaluation :
L’évaluation pourrait prendre la forme d’une analyse d’une page de catalogue, comme ce que nous
avons fait lors de la séance. Elle pourrait également se présenter sous la forme d’une ou deux
questions, partant de l’article 9 de la Charte de la laïcité, en demandant si l’égalité fille/garçon est
réellement effective dans la vie quotidienne puis en interrogeant les élèves sur la place qu’occupent
les médias dans cette thématique. On pourrait également envisager, en collaboration avec le
professeur d’art plastique, de faire dessiner les élèves sur ce thème en détournant les images de la
publicité (inversion des rôles par exemple) soit sous forme de BD ou d’affiche