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L’accueil des étudiants étrangers en France sous la III
e
République
recherche. La refonte du système comportait des mesures explicitement
destinées à la multiplication et à l’intégration des publics estudiantins
venus de l’extérieur des frontières.
Vues du dehors, les réformes républicaines ne vont pas, à partir
de 1877, bouleverser les grands cadres de l’Université napoléonienne.
Si la division en quatre fractions institutionnelles – grandes écoles
spécialisées, lycées et facultés académiques (lettres et sciences), facultés
professionnelles (droit et médecine), institutions de recherche,
d’érudition et d’enseignement (le Muséum d’histoire naturelle, l’Ecole
pratique des hautes études, le Collège de France, l’Ecole du Louvre) – n’a
pas du tout disparu à l’issue des réformes, l’Université de France elle-
même (composée pour l’essentiel des lycées et des facultés) aura changé
de nature par la promotion et le développement fonctionnels des facultés
qui, dès 1897, forment des universités – comme ailleurs en Europe –
avec une dynamique de modernisation propre, capable de renforcer leur
compétitivité dans le champ international des études supérieures.
Ce n’est pas ici le lieu d’analyser les réformes républicaines
auxquelles d’excellents travaux d’histoire sociale ont dûment rendu
justice (Fox and Weisz 1980, Weisz 1983, Verger 1986). Notons
seulement le caractère global et polyvalent de ces réformes (commencées
dès la victoire politique des républicains en 1876), en évoquant ses
aspects ayant facilité le recrutement d’étudiants étrangers.
L’accroissement par la République des dotations budgétaires de
l’enseignement supérieur permet la construction et la modernisation
de toute l’infrastructure universitaire (laboratoires, bibliothèques, salles
de démonstration et de cours, collections scientiques, cliniques, etc.).
Il autorise aussi la multiplication et la diversication du personnel
universitaire. La croissance des eectifs d’enseignants devient désormais
quasi continue et l’élargissement de la hiérarchie des postes s’accompagne
de la spécialisation de plus en plus poussée de ses titulaires. La palette
des disciplines oertes dans les cours s’élargit de façon décisive, surtout
en lettres et en sciences. En lettres par exemple, c’est l’époque où font
irruption dans le paysage universitaire français les prestigieuses chapelles
intellectuelles dans les nouvelles spécialités, telles que, dans les seules
facultés des lettres, la géographie humaine et régionale de Vidal de la
Blache, la sociologie d’Emile Durkheim, la psychologie expérimentale,
l’histoire économique et sociale ou l’histoire de la Révolution française.
L’octroi aux universités nouvellement créées (1896) d’une certaine
autonomie fait surgir des enseignements qui leurs sont propres, avec
en particulier des diplômes explicitement destinés à l’usage hors de