- 15 -
que l’anxiété est un facteur influençant négativement la réussite ; Spolsky (1989: 114) affirme
que les apprenants de langue anxieux participent moins aux activités de classe que les
apprenants détendus ; MacIntyre & Gardner (1991: 86) expliquent que l’anxiété cause des
problèmes pour les apprenants de langue parce qu’elle nuit à l’acquisition, à la rétention de
l’information et à la production ; Leki (1999: 65) relate que selon les recherches effectuées,
l’anxiété influence de façon négative la performance d’écriture ; Gregersen (2003) affirme que
les apprenants anxieux font plus d’erreurs que les plus détendus.
Les nombreuses recherches effectuées dans le domaine ont également tenté de mettre
au jour les raisons d’apparition de l’anxiété langagière mais parmi ces recherches celle de
Horwitz, Horwitz & Cope (1986) est la plus citée du fait qu’elle a constitué la pierre angulaire
des travaux concernant l’anxiété langagière. En effet, Horwitz et ses collègues ont pour la
première fois étudié cette anxiété en tant qu’un fait propre à l’apprentissage des langues se
différenciant des autres types d’anxiété vécue par les apprenants dans les autres cours (les
mathématiques, l’histoire…) et lui ont tracé un cadre théorique permettant d’identifier les
sources, les raisons de son apparition. Comme le précise Woodrow (2008: 310), la contribution
de l’étude de Horwitz et al. (1986) pour la théorisation et la mesure de l’anxiété langagière a été
très grande.
Ainsi selon le cadre théorique élaboré par Horwitz et al. (1986), l’anxiété langagière se
compose essentiellement de trois facteurs, ou en d’autres termes, l’anxiété langagière se
manifeste chez les apprenants de langue pour trois raisons. Ces raisons ou composantes sont :
1. la peur d’entrer en communication (communication apprehension) qui est définie
comme « un type de timidité caractérisée par la peur ou l’anxiété de communiquer avec les
autres. » (Horwitz et al. 1986: 127). Elle se révèle lorsque l’individu doit s’exprimer, parler
devant un groupe ou un public, écouter une conversation ou comprendre un message (Young,
1986 ; Daly, 1991) et donc peut, en réalité, se manifester dans tout contexte. Cependant, du fait
qu’elle se révèle également lorsque l’apprenant se sent incapable d’exprimer ses idées ou
pensées en langue étrangère devant ses pairs, la peur d’entrer en communication devient
spécifique au contexte de la classe de langue et ceci particulièrement en cours de production
orale (MacIntyre et Gardner, 1994: 284) : l’apprenant a peur de ne pas comprendre ce qui est dit
par les autres et de pas être compris par les autres ;
2. l’anxiété face aux tests (test anxiety) qui est la peur d’échouer aux examens (Horwitz
et al., 1986: 127). Les chercheurs tels Wine (1971) et Sarason (1984) (cités par Mealey et Host,
1992: 147) expliquent que lors des examens les apprenants développent des réflexions négatives
les entraînant à se focaliser sur leur peur, leurs lacunes, leurs échecs antérieurs, ce qui les
empêchent par conséquent de se concentrer sur leur tâche. Pour MacIntyre & Gardner (1991:
105), l’anxiété face aux tests est un problème général non spécifique à l’apprentissage des
langues étrangères. Cependant, ils ajoutent aussi que les examens oraux de langues étrangères
sont, eux, susceptibles de provoquer une anxiété langagière puisqu’il sera question dans ces cas
d’appréhension de communication, c’est-à-dire de peur d’entrer en communication dans la
langue étrangère avec et devant les autres ;
3. La peur d’être évalué négativement (fear of negative evaluation) est définie en tant
que « la peur des évaluations faites par les autres, l’esquive des situations d’évaluation et la
conviction que les autres nous évalueront négativement. » (Horwitz et al., 1986: 128). En classe,
il est question de peur de faire des erreurs et de se faire corriger par l’enseignant, et ceci, devant
les camarades de classe. Généralement, les apprenants craignant les évaluations négatives ne
participent pas du tout ou très peu aux interactions se déroulant en classe, se taisent, se
contentent d’écouter les autres et donc empruntent un chemin défavorable pour l’apprentissage
d’une langue étrangère. En fait, l’apprenant croit généralement que sa compétence langagière
est plus faible que celle de ses pairs et qu’il n’a aucune chance de réussir.
En Turquie, en particulier depuis la fin des années 90, les chercheurs ont commencé à
porter un grand intérêt à l’anxiété langagière dans les classes de langue et les études la