2 Direction des Affaires Économiques
- En outre, l’offre a été supérieure de 1 mbpj aux prévisions du fait de l’accroissement de la
production libyenne et nord-américaine. L’apparition de sources non conventionnelles
(schiste, sables bitumeux, etc.) a, en effet, accru l’offre de pétrole.
Il faut également noter que le pétrole n'est pas tout à fait une matière première comme les autres et
le mode de fixation de son prix est caractéristique du marché sur lequel il s’échange. Outre le fait que
son prix reflète les coûts de production, comme pour tous les biens, le pétrole étant une ressource
naturelle non renouvelable, son prix intègre également une rente de rareté. À cela s'ajoute une rente
non concurrentielle qui tient à la forme d'organisation en cartel de ce marché, ainsi que de
nombreuses taxes pesant sur le prix final du pétrole.
Ainsi, l’autre facteur explicatif de la baisse des prix est la modification du comportement des pays de
l’OPEP. En particulier, ils auraient laissé filer les prix afin de rendre l’exploitation des sources non
conventionnelles moins rentable, leurs coûts de productions étant plus élevés que ceux du pétrole
« conventionnel ». Le marché tente donc de fixer un prix qui forcera les producteurs « non
conventionnels » à réduire leur offre. Les membres de l’OPEP n’ont, en effet, aucun intérêt à court
terme à réduire leur offre : s’ils procédaient ainsi, ils risqueraient de transférer leurs parts de marché
vers les pays à production « non conventionnelle » qui, eux, ne réduiraient pas leur production.
Une stabilisation, voire une hausse des prix, est envisageable à moyen
terme
Étant donné qu’il n’existe réellement aucune donnée transparente sur les coûts de production du
pétrole et que les stocks se sont fortement accrus, la poursuite de la baisse du prix du pétrole est
possible à court terme.
Néanmoins, à moyen terme, l’évolution des prix dépendra principalement des risques géopolitiques.
Par exemple, si en Libye et en Irak, la production a continué de progresser, cet accroissement résulte
d’un effet de rattrapage : pour ces mêmes raisons géopolitiques, la production dans ces pays s’était
arrêtée au plus fort des tensions. Une nouvelle interruption de la production n’est pas à exclure, ce
qui pourrait stabiliser voire accroitre les prix.
De même, compte tenu de la perte de rentabilité, les producteurs non conventionnels et en
particulier de pétrole de schiste, pourraient réduire leur offre. Étant donné que l’exploitation des
puits de pétrole de schiste est plus rapide et nécessite des investissements initiaux moins lourds, les
producteurs ont la possibilité d’ajuster leur production dans des délais relativement courts. Par
conséquent, la croissance de la production américaine de pétrole pourrait ralentir en 2015,
soutenant une hausse des prix. Cependant, ce raisonnement suppose que le gouvernement
américain ne subventionne pas les producteurs domestiques.