REPUBLIQUE DU NIGER Ministère de la Santé Publique Centre de Recherche Médicale et Sanitaire Réseau International des Instituts Pasteur 634 Bd de la Nation, YN034 – BP 10887 Niamey – NIGER Tel: (227) 20 75 20 40 – (227) 20 75 20 45 – Fax: (227) 20 75 31 80 [email protected] LABORATOIRE NATIONAL DE REFERENCE DUCHOLERA ET AUTRES GASTRO-ENTERITES Année 2011 Rédaction : Mme Fati Sidikou Avec la collaboration de l’équipe du LNR Rapport réalisé par : Sidikou Fati3, Sani Ousmane1, Jean- Marc Collard2 Jean-Paul Moulia3- Pelat et Odile Ouwe Missi Oukem avec : La collaboration scientifique Saccou Djibo La collaboration technique de Amadou Moussa1 soussou, Jibir Zanguina1 . Unité de Bactériologie1, Unité de Biologie2, Unité d’Epidémiologie3 Remerciements A la Direction de la Surveillance et de la Riposte aux Epidémies de Ministère de la Santé Publique. A tous les agents de santé des centres de santé intégrés, des hôpitaux nationaux, régionaux et de district qui ont activement participé à ce système de surveillance en envoyant des prélèvements effectués pour leur patients. Au CNR des Vibrions et du Choléra à l’Institut Pasteur de Paris qui recevait nos souches bactériennes pour confirmation et analyses complémentaires. FINANCEMENTS POUR LA SURVEILLANCE Ministère de la santé Publique Centre de Recherche Médicale et Sanitaire Organisation Mondiale de la Santé (OMS) Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 2 SOMMAIRE LISTE DES ABBREVIATIONS ....................................................................................................... 4 LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES ................................................................................. 5 1. LES ENTERO-PATHOGENES SOUS SURVEILLANCE .................................................... 10 2. OBJECTIFS DU LNR................................................................................................................. 10 2.1. Objectifs général ................................................................................................................. 10 2.2. Objectifs spécifiques : ........................................................................................................ 10 3. METHODES DE TRAVAIL UTILISEES .................................................................................. 11 3.1. Récolte et acheminement des échantillons de selles ................................................... 11 3.2. Méthodes d’analyse réalisées sur les échantillons de selles ....................................... 11 3.2.1. Méthodes de bactériologie conventionnelle ................................................................ 11 3.2.2. Test de sensibilité aux antibiotiques (antibiogramme) ............................................... 12 3.2.3. Tests immunologiques (recherche de sérogroupe et du sérotype): ........................ 12 3.2.4. Tests immuno-chromatiques (tests rapides) ............................................................... 12 3.2.5. Assurance Qualité ........................................................................................................... 13 3.2.6. Diffusion des résultats..................................................................................................... 13 3.2.7. Envoi des souches aux Laboratoires Internationaux de Référence (ou aux Centres Collaborateurs (CC) OMS .......................................................................................... 14 4. RESULTATS ............................................................................................................................... 14 4.1. Situation des épidémies de choléra au Niger en 2010-2011 ....................................... 14 4.2. Confirmation microbiologique............................................................................................ 15 4.3. Antibiogramme .................................................................................................................... 17 4.3.1. Choléra .............................................................................................................................. 17 4.3.2. Diarrhées sanguinolentes:.............................................................................................. 17 4.4. Envoi des souches au Centre National de Référence ou au Centre Collaborateur (CC) OMS .................................................................................................................................... 18 4.5. Conservation des souches ................................................................................................ 18 4.6. Missions conjointes (OMS, DSRE, CERMES) ............................................................... 19 RECOMMANDATIONS ................................................................................................................. 20 Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 3 LISTE DES ABBREVIATIONS CERMES : Centre de Recherche Médicale et Sanitaire CMI: Concentration Minimale Inhibitrice CNCE : Comité National de Gestion des Epidémies DRSP : Direction Régionale de la Santé Publique DSRE : Direction de la Surveillance et de la Riposte aux Epidémies ENIR : Equipe Nationale d’Intervention Rapide EQA : Evaluation externe de la Qualité HNN : Hôpital National de Niamey I: Intermédiaire LHD : Laboratoire des Hôpitaux de District LNR : Laboratoire National de Référence MPE : Maladie à Potentiel Epidémique MSP : Ministère de la Santé Publique OMS : Organisation Mondiale de la Santé PCR : Polymerase Chain Reaction R: Résistant RNL : Réseau National des Laboratoires RNLSP : Réseau National des Laboratoires de Santé Publique S: Sensible SIM/R : Surveillance Intégrée des Maladies et de la Riposte SNIS : Système National d’Informations Sanitaires TDR : Test de Diagnostic Rapide V. cholerae : Vibrio cholerae Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 4 LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES 1. Liste des Tableaux Tableau I : Morbidité et mortalité liées au choléra, Niger 2002 – 2011 Tableau II : Proportion des coprocultures positives (par suspicion de maladie) des échantillons de selles réceptionnés au LNR. CERMES 2011 Tableau III : Sensibilités des souches de V.cholerae vis à vis des antibiotiques testés (LNR). CERMES 2011 Tableau IV : Sensibilités des souches de Shigella spp vis à vis des antibiotiques testés, (LNR). CERMES 2011 2. Liste des Graphiques Graphique 1 : Répartition par région des cas de choléra notifiés à la DSRE, Niger 2002-2011 Graphique 2 : Proportion des cas de choléra et diarrhées sanguinolentes confirmés au laboratoire par rapport aux cas notifiés à la DSRE. Niger 2011. Graphique 3 : Répartition des entéropathogènes isolés au LNR CERMES 2011 Graphique 4 : Délai moyen de confirmation des épidémies de choléra selon les régions au Niger de 2010 à 2011. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 5 HISTORIQUE DE LA CREATION DES LABORATOIRES NATIONAUX DE REFERENCE ET SITUATION DU CHOLERA AU NIGER DE 20022011 Le bureau Régional de l’Organisation Mondiale de la Santé pour l’Afrique (OMS/AFRO) a adopté en 1998 la stratégie de Surveillance Intégrée de la Maladie et de la Riposte (SIMR). Cette stratégie a été mise en place dans plusieurs pays. Le but de cette stratégie est de renforcer la surveillance épidémiologique et la riposte des maladies transmissibles, d’intégrer la surveillance avec l’appui du laboratoire et de transformer l’information issue des données de surveillance et de laboratoire à des actions spécifiques de santé publique [1]. Le principal rôle du laboratoire dans ce système intégré de surveillance consiste à confirmer avec certitude et promptitude les cas suspects des maladies, assurer la suivi de la résistance des bactéries aux antimicrobiens et l’évolution des agents pathogènes. Le Niger s’était doté de son Réseau National de Laboratoire (RNL) par arrêté N°0023/MSP//DPHL en date du 06 Août 1998. A partir de la date de la création du réseau jusqu’à l’année 2002, l’hôpital National de Niamey (HNN) en assurait la coordination. En 2003, la coordination a été attribuée au CERMES, suite à l’avènement de la biologie Moléculaire (PCR) appliquée au diagnostic étiologique des méningites bactériennes (qui a permis la surveillance des méningites bactériennes à l’échelle nationale). Néanmoins certaines activités de surveillance ont continué être menées par l’HNN. En 2011, par arrêté N° 249/MSP/ DGSP/PHLMT du 18/08/2011 le RNL devient RNLSP (Réseau National des Laboratoires de Santé Publique). Suite à cet arrêté, les laboratoires du CERMES (Biologie, bactériologie et parasitologie) sont nommés LNR dans le diagnostic et la surveillance des méningites bactériennes aiguës, du choléra et autres gastro-entérites, de la grippe et de la résistance aux traitements antipaludiques pour une durée de cinq (05) ans renouvelables. C’est ainsi que, le laboratoire de bactériologie du CERMES est désormais LNR du choléra et autres gastro-entérites, rôle qu’il a en réalité joué depuis 10 ans. Ci-dessous sont reportés les cas et décès liés au choléra durant les 10 dernières années au Niger (période de 2002 à 2011). Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 6 Tableau I : Morbidité et mortalité liées au choléra, Niger 2002 – 2011[5] Année Cas Décès Tx létalité (%) 2002 238 13 3,2 2003 289 9 3,1 2004 2287 55 2,4 2005 515 52 10 2006 1233 79 6,4 2007 24 2 8,3 2008 950 70 7,4 2009 0 0 0 2010 1 272 76 5,9 2011 2434 57 2,3 Total 8 853 404 4,5 Les grandes flambées d’épidémies de choléra avaient été observées en 2004 (2287 cas/ 55 décès) et en 2011 (2434 cas/57 décès). Par contre en 2009 aucun cas n’avait été notifié sur l’ensemble du territoire national. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 7 INTRODUCTION ET CONTEXTE Les maladies transmissibles constituent les causes majeures de morbidité et de mortalité en Afrique sub-saharienne. Les plus courantes sont les maladies diarrhéiques, le VIH/SIDA, les infections respiratoires aiguës, le paludisme, la tuberculose et les maladies à potentiel épidémique. Divers facteurs, notamment la dégradation de l'environnement et des systèmes de santé existants, ont favorisé la réémergence de maladies autrefois bien maîtrisées. Parmi ces maladies transmissibles, les gastro-entérites occupent une place importante dans les pays en développement. Elles sont généralement d’origine parasitaire (protozoaires), virale (Rotavirus, Adénovirus) ou bactérienne. Les gastro-entérites d’origine bactérienne sont liées à la consommation d'eau ou de nourriture contaminée par les bactéries (Escherichia, Salmonella, Vibrio cholerae, Shigelles etc..). Au Niger, la promiscuité, l'insuffisance de l'hygiène, l'existence des cours d'eau permanents et semi permanents alimentées par une saison de pluie qui dure quatre mois favorisent l’apparition des gastro-entérites (surtout le choléra) souvent tout au long de l'année. Le choléra est une infection entérique aiguë provoquée par l’ingestion du bacille Vibrio cholerae. Il est caractérisé par un fort potentiel épidémique et, reste toujours un défi pour les pays en développement. Toutes les régions du monde déclarent des cas de choléra. En 2011, 58 pays avaient notifié 589 854 cas dont 7 816 mortels [3]. Le Niger avait enregistré sa première épidémie de choléra en 1971 (avec l’avènement de la maladie en Afrique de l’Ouest), elle avait occasionné 9284 cas dont 2000 décès soit un taux de létalité de 21,5% [SNIS]. Depuis 1996, le choléra sévit à l’état endémique au Niger avec des épidémies récurrentes rencontrées dans la bande Sud (la plus arrosée) du pays où existent des cours d’eau permanents ou semi-permanents. Seule la région d’Agadez située en zone désertique (Nord du pays) est à moindre risque. En 2010, le nombre de cas suspects de choléra notifié à la DSRE était de 1272 cas dont 76 décès. Quand aux autres gastro entériques en l’occurrence les shigelloses et salmonelloses, elles sont aussi fréquentes, avec des symptômes sévères causés par certaines espèces. Shigella flexneri est responsable de la forme endémique des diarrhées Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 8 sanguinolentes et Shigella dysenteriae sérotype I est la cause des épidémies brutales [4]. L’autre apanage de nos pays, les salmonelloses causées par Salmonella Typhi et Paratyphi A, B, C dont la prévalence est difficile à évaluer à cause de manque de demande confirmation [2]. Pour toutes ces maladies diarrhéiques, les antibiotiques couramment utilisés en pratique, à savoir sulfamides et les pénicillines devenus de plus en plus inactifs. Ce qui a conduit à une surveillance accrue de la sensibilité des souches aux antimicrobiens. Ce rapport reflète les résultats obtenus dans le cadre de la surveillance du choléra et certaines gastro-entérites, à savoir les diarrhées sanguinolentes en 2011. Il s’articule en cinq (5) points : 1. les objectifs du LNR 2. les méthodes d’analyse utilisées pour la confirmation biologique et les tests de sensibilité aux antibiotiques 3. les résultats obtenus en 2011 4. les insuffisances constatées 5. les suggestions pour une amélioration de cette surveillance microbiologique. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 9 1. LES ENTERO-PATHOGENES SOUS SURVEILLANCE V. cholerae Shigella dysenteriae type 1 Salmonella Typhi et Paratyphi Escherichia coli entéropathogènes (enfant de moins de 2 ans) Escherichia coli O157 et les autres E. coli producteurs de toxines (E. coli entéro-hémorragiques : ECH ou EHEC..). Remarques : au LNR, le diagnostic est surtout orienté sur les trois (3) premières bactéries dont la demande de confirmation est fréquente (surtout le choléra). 2. OBJECTIFS DU LNR 2.1. Objectifs général Surveiller la circulation des bactéries responsables des gastro-entérites (V. cholerae, Shigella dysenteriae type 1 et Salmonella Typhi, Escherichia coli entéropathogènes et autres) et de leur sensibilité aux antimicrobiens. 2.2. Objectifs spécifiques : Confirmer les cas suspects de gastro-entérites à partir des prélèvements de selles envoyés au laboratoire ; Tester la sensibilité des souches isolées aux antimicrobiens ; Participer en collaboration avec la DSRE aux investigations d’épidémie dans les cas de suspicion de choléra et / ou autre gastro-entérite ; Envoyer les souches au laboratoire de référence collaborateurs OMS (CNR des Vibrions et du Choléra à l’Institut Pasteur de Paris) pour confirmation et analyses complémentaires ; Faire le feed-back des résultats des analyses aux autorités, partenaires en charge de la surveillance des maladies et aux services demandeurs ; Conserver des souches des isolats pour des études ultérieures et pour renforcer la banque nationale de souches de bactéries responsables des maladies à potentiel épidémique (biothèque) créée au CERMES depuis 2002. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 10 3. METHODES DE TRAVAIL UTILISEES 3.1. Récolte et acheminement des échantillons de selles Les prélèvements sont réalisés chez les malades qui répondent aux définitions des cas suivants : Choléra : tout individu âgé de 5 ans ou plus qui développe une déshydratation grave ou décède à la suite d’une diarrhée aqueuse aiguë. Diarrhées sanguinolentes: tout individu atteint de diarrhée et dont les selles contiennent des traces visibles de sang. Les selles sont prélevées au niveau des formations sanitaires, puis acheminées au CERMES par le canal de la DSRE dans des « porte vaccins polio » avec des accumulateurs de froid. Il faut noter que ces échantillons qui devaient être conservés et transportés sur milieu Cary Blair arrivent au laboratoire dans des pots ou des tubes en verre parfois cassables. Ces échantillons arrivent directement au CERMES sans avoir subi au préalable aucune analyse préliminaire au niveau des laboratoires de districts. En cas d’investigation par la DSRE, la récolte des échantillons est assurée par un technicien de laboratoire du CERMES faisant partie de l’équipe d’investigation. Remarque : Dans ce rapport le cholera occupera une place importante car c’est la seule maladie entérique avec évènement en 2011et pour laquelle la demande de confirmation a été importante. Néanmoins, nous parlerons des shigelloses et salmonelloses dont quelques rares échantillons sont reçus pour confirmation. Quand aux diarrhées dues à E. coli, aucune demande de confirmation pour suspicion n’est parvenue au LNR en 2011. 3.2. Méthodes d’analyse réalisées sur les échantillons de selles 3.2.1. Méthodes de bactériologie conventionnelle Examens microscopiques (état frais et après coloration de Gram) Culture (coproculture) : En cas de suspicion de choléra : elle est directement réalisée sur le milieu TCBS (Thiosulfate, Bile, Saccharose) à partir du prélèvement, puis incubée à 37°entre 18 à 24 heures. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 11 S’agissant d’une diarrhée sanguinolente ou autre : la culture est effectuée sur Milieu SS (Salmonelle, Shigelle), Hecktoen, Mac Conkey, EMB (Eosine Bleu de Méthylène). Identification biochimique : elle est réalisée à partir de colonies suspectes. 3.2.2. Test de sensibilité aux antibiotiques (antibiogramme) La méthode utilisée est celle des disques standardisée du CA-SFM édition 2010 (Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie). Le test est réalisé sur milieu Mueller Hinton quelle que soit la souche isolée. En cas de résistance constatée à partir des disques d’antibiotique ; la Concentration Minimale Inhibitrice (CMI) est mesurée par E-test (bandelettes imprégnées d'un gradient exponentiel continu de l'antibiotique à tester). Les antibiotiques utilisés appartiennent aux familles des : Pénicillines (ampicilline), Sulfamides (cotrimoxazole), Phénicols (chloramphénicol), Cyclines (tétracycline et doxycycline), Macrolides (érythromycine), Céphalosporines (céfalotine) et enfin aux quinolones (acide nalidixique et ciprofloxacine). 3.2.3. Tests immunologiques (recherche de sérogroupe et du sérotype): Quelle que soit la bactérie isolée (Vibrion, Salmonella, Shigella ou autre), le test immunologique est réalisé par agglutination à partir des colonies isolées repiquées sur milieu Mueller Hinton. Le laboratoire utilise : Choléra : les sérums polyvalents de Vibrio cholerae anti O:1 ou anti O:139, puis des sérums monovalents anti-Ogawa, anti-Inaba et anti-Hikojima pour la recherche de sérogroupe et de sérotype des souches de V.cholerae isolées ; Salmonella: les sérums anti -Vi, anti -O, anti- H pour le diagnostic de Salmonella Typhi et les sérums anti - A, anti -B et anti -C pour la recherche de Salmonella Paratyphi A, B et C. Shigella dysenteriae : les sérum A1 (pour anti-Shigella dysenteriae 1, 3, 4, 5, 6) et Sérum A2 (pour Shigella dysenteriae 2, 7, 8). 3.2.4. Tests immuno-chromatiques (tests rapides) Il s’agit de tests de diagnostic rapide à partir de bandelettes (disponibles dans le commerce), ils permettent de faire un diagnostic de choléra en quelques minutes à Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 12 partir d'échantillons de selles. Ces TDR sont utilisés généralement au cours des investigations sur le terrain pour une confirmation rapide sur place. 3.2.5. Assurance Qualité Contrôle de qualité interne Pour toutes les cultures, des contrôles de qualités (internes et externes) sont réalisés pour la validation des résultats. Ce contrôle est réalisé avec des souches connues (référence ou maison); Le contrôle de qualité des tests de résistance est fait selon les recommandations du Comité d’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie (CA-SFM) ; Evaluation Externe de la qualité Le laboratoire est inscrit au programme d’Assurance Externe de la Qualité (EQA) de microbiologie de l’OMS organisé par «National Institute for Communicable Diseases » (NICD). Le programme avait débuté en 2002 et à pour but d’évaluer la capacité des laboratoires à détecter les maladies à potentiel épidémique. Plus spécifiquement : les méningites causées par Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae; les maladies entériques causées par les Salmonelles, les Shigelles, le Vibrion cholérique et autres bactéries. Trois évaluations sont programmées par an ; le laboratoire a participé aux trois Evaluations Externes de qualités (EQA OMS-NICD) programmé pour l’année 2011. 3.2.6. Diffusion des résultats Les résultats des analyses sont transmis à la DSRE par courrier électronique. Cette dernière fait le feed-back aux formations sanitaires ayant envoyé des selles. Cependant, des résultats peuvent être transmis directement à ces formations sanitaires sur demande. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 13 3.2.7. Envoi des souches aux Laboratoires Internationaux de Référence et aux Centres Collaborateurs (CC) OMS A la fin de chaque année épidémique, un nombre variable de souches (isolées durant l’épidémie) est envoyé au Centre National de Référence des Vibrions et du Choléra à l’Institut Pasteur de Paris. 4. RESULTATS 4.1. Situation des épidémies de choléra au Niger en 2010-2011 1600 1400 1200 1000 2010 800 2011 600 400 200 0 AGADEZ DIFFA DOSSO MARADI NIAMEY TAHOUA TILLABERI ZINDER Graphique 1 : Répartition par région des cas de choléra notifiés à la DSRE, Niger 2002-2011 [5] On note le nombre élevé de cas dans la région de Tillabéri (avec une forte demande de confirmation d’épidémie), suivi des régions de Maradi et de Niamey en 2011. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 14 4.2. Confirmation microbiologique Tableau II : Proportion des spécimens analysés par coprocultures (par suspicion de maladie) au LNR avec les proportions de confirmation. CERMES 2011 Cas notifiés Spécimens reçus Confirmés Choléra 2434 254 (10.4%) 141(55.5%) Diarrhées sanguinolentes 665 30 (4.5%) 5 (16.7%) 0 0 0 3099 284 (9.2%) 146 (51.4%) Maladies suspectées Autres gastro-entérites Total Du 1er janvier au 31 décembre 2011, 3099 cas de gastro-entérites ont été notifiés à la DSRE. Parmi ces cas, on notait 2434 avec 57 décès (taux de létalité = 2.3% et 665 cas de diarrhée sanguinolente avec 3 décès (taux de létalité=0.4%). Sur la même période, un total de 284 (soit 12% des cas) prélèvements de selles avait été réceptionné et analysé au LNR dont 254 pour confirmation de choléra et 30 pour confirmation de diarrhée sanguinolente. Pour le choléra, on a noté un taux de demande de confirmation de 10,4% ; ceci s’explique du fait que les prélèvements ont été réalisés sur les échantillons prélevés chez les premiers cas, puis sur quelques cas en milieu d’épidémie (pour contrôler s’il n’y a pas eu de modification de profil de la souche isolée en début d’épidémie) et en fin d’épidémie (pour déclarer la fin de l’épidémie). Concernant les diarrhées sanguinolentes, le taux de demande de confirmation a été de 4.5%. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 15 4 1 V.cholerae 141 Sigella spp Salmonella Typi Graphique 2 : Répartition des entéropathogènes isolées au LNR, CERMES 2011 On note 141 souches de V. cholerae contre 4 souches de Shigella spp et une souche de Salmonella Typhi. Toutes les souches de V. cholerae isolées en 2011 étaient du groupe O1 et de sérotype Ogawa. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 16 4.3. Antibiogramme 4.3.1. Choléra La sensibilité de9 souches a été testée aux antimicrobiens (cf tableau III). Tableau III : Sensibilité des souches de V.cholerae (N=9) vis à vis des antibiotiques testés au LNR.CERMES 2011 Antibiotiques testés Résultats Antibiogramme (Souches 1-9) Cotrimoxazole R Chloramphénicol R Ampicilline R Tétracycline S Doxycycline S Erythromycine S Céfalotine S Acide Nalidixique R Ciprofloxacine S On remarque qu’en 2011, toutes les souches de V.cholerae avaient le même profil de sensibilité avec une résistance au Cotrimoxazole, au Chloramphénicol, à l’Ampicilline et à l’Acide Nalidixique. 4.3.2. Diarrhées sanguinolentes: Les 4 souches de Shigella spp ont été testées vis à vis des antimicrobiens (tableau IV). La souche de Salmonella Typhi n’a pas subi d’antibiogramme. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 17 Tableau IV : Sensibilité des souches de Shigella spp vis à vis des antibiotiques testés au LNR. CERMES 2011. Résultats Antibiogramme Antibiotiques testés Souche 1 Souche 2 Souche 3 Souche 4 Acide Nalidixique S S S S SXT (Sulfamethaxazole) S R S R Ampicilline R R S R Augmentin I non testé S non testé Ceftriaxone S S S S Ciprofloxacine S S S S Tétracycline R R R R On note une variabilité dans le profil de sensibilité des souches aux antibiotiques. 4.4. Envoi des souches au Centre National de Référence ou au Centre Collaborateur (CC) OMS En 2011, aucune souche de Vibrio cholerae n’a été envoyée au CNR vibrion pour confirmation et analyses complémentaires pour insuffisance de moyen financier. 4.5. Conservation des souches En 2011, les 2/3 des souches de V.cholerae et les 5 souches de Shigelle et Salmonelle ont été conservées à -80°C. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 18 4.6. Missions conjointes (OMS, DSRE, CERMES) Le LNR a participé : o aux investigations dans les cas de suspicion de choléra et/ou autre gastroentérite en tant que membre de l’Equipe Nationale d’Intervention Rapide (ENIR); o à toutes les supervisions SIM/R organisées par la DSRE dans les régions et districts au titre de l’année 2011; o aux réunions hebdomadaires du Comité National de Gestion des Épidémies (CNGE) pour le suivi des tendances évolutives. CONCLUSION En 2011, le LNR a joué un rôle important dans la confirmation et la détection précoce des flambées de choléra déclarées sur l’ensemble du pays. Vibrio cholerae sérogroupe O1 Ogawa a été la seule souche isolée dans tous les spécimens analysés au laboratoire. INSUFFISANCES Malgré sa performance, le laboratoire a été confronté à des difficultés susceptibles de limiter la réalisation de certaines analyses. Il s’agit de : Manque de budget spécifique pour le fonctionnement des différents LNR, empêchant ainsi le renouvellement du stock des consommables (réactifs, milieux déshydratés pour la culture, antisérums…) Non pré-positionnement et/ou insuffisance de milieu de transport pour l’acheminement des selles du niveau périphérique vers le LNR, Envoi direct des spécimens LNR sans analyse préliminaire au niveau des laboratoires de district, délai d’acheminement plus ou moins long des échantillons de selles de la périphérie vers LNR (cf. graphique n°4 ci-dessous). Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 19 Zinder 5 Régions Tillaberi 2 Tahoua 3 Niamey 1 Delai moyen Maradi 5 Dosso 4 Diffa 6 0 5 10 Jours Graphique 4 : Délai moyen de confirmation des épidémies de choléra selon les régions, Niger 2010-2011 [5]. Le délai moyen de confirmation d’une épidémie de choléra est de 6 jours pour la région de Diffa et 2 jours pour la région de Tillabéri qui est à 140 Km du LNR. RECOMMANDATIONS Au vue de toutes ces insuffisances, il revient au Ministère de la Santé Publique de : Mettre à la disposition des laboratoires (LNR et LHD) les moyens nécessaires spécifiques à chaque niveau pour une confirmation qualitative et précoce des épidémies, programmer des activités de formation/recyclage à l’intention des techniciens des laboratoires des districts pour la réalisation des analyses préliminaires sur les échantillons afin de donner l’alerte des MPE le plus précocement possible, d’une part et d’autre part pour soulager le LNR en ciblant les spécimens à envoyer pour confirmation. Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 20 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. GUIDE pour le Réseau National des Laboratoires Nationaux de Santé Publique pour renforcer la Surveillance Intégrée de la Maladie et la Riposte SIMR).Version 1 septembre 2008. 2. Dosso M. et al : Place des diarrhées bactériennes dans les pays en développement. Service des maladies infectieuses CHU de Treichville, Abidjan, Côte d’Ivoire. Manuscrit n°PF02. Journée en hommage au Professeur A. DODIN.2002. 3. OMS : Relevés épidémiologique hebdomadaire No. 31, 2010, 85, 293–308 du 30 juillet 2010. 4. Rapport CNR V.cholerae et choléra 2008. 5. Sidikou Fati : Caractérisation des souches de V.cholerae isolées dans les épidémies de cholera au Niger, de 2002 à 2011(Mémoire de fin d’étude FELTP), février 2012. Des parties du texte peuvent être citées avec référence au rapport. Citation suggérée : Rapport de la Surveillance Microbiologique du choléra et autres gastro-entérites au Niger – CERMES 2011. Les demandes de copies peuvent être adressées au CERMES 634, Boulevard de la Nation B.P. 10887 Niamey - NIGER Tél : +227 20 75 20 40 FAX : +227 20 75 31 80 Le rapport est aussi disponible en format pdf à l’adresse http://www.cermes.net/ Centre de Recherche Médicale et Sanitaire_ LNR : Rapport 2011_choléra &gastro-entérites. Page 21