les légumes ou fruits, les mains sales, nourriture non proprement cuite) : voie qui induit
une propagation très rapide de la maladie. Le passage du cyclone Tomas a notamment
souillé de nombreux points d’eau.
o De personne à personne : beaucoup moins rapide en termes de propagation ; cependant,
en milieu urbain ou dans les localités de forte densité de population (marchés, gare tap-
tap, etc.), ce mode de transmission n’est pas à négliger. On appelle le choléra la maladie
des mains sales, ce qui illustre ce type de contamination. Toutes personnes porteuses de
la maladie peuvent transmettre la bactérie en cas de non lavage des mains ou d’un lavage
insuffisant. Comme précisé précédemment, les selles ou les vomissements sont très
concentrés en vibrion. Ainsi, même en cas de lavage de mains rapide, le porteur risque de
ne pas éliminer le vibrion et donc de le véhiculer et le disséminer à d’autres personnes,
soit directement par une poignée de main, soit indirectement en touchant différents
objets. Même si sensible au sec et donc aux surfaces inertes (type crayon, verre, livre,
etc.), le vibrion peut y survivre pendant plusieurs heures. Dans le cas de la ville des
Gonaïves, on a pu enregistrer plus de 1 500 cas par jour vus alors que la capacité de prise
en charge médicale est d’environ 300 lits (CTC MSF et IMC). Ainsi, il est clair que ce mode
de propagation est significatif, car les personnes faiblement ou modérément malades ne
sont pas placées en isolement et retournent dans leur communauté où les conditions
sanitaires sont inexistantes et les mesures d’hygiène trop peu suivies.
o Propagation lors de la prise en charge médicale, dû au manque de connaissances du
personnel de santé haïtien et de moyens pour appliquer des mesures préventives
strictes dans les CTC, Centres de santé et hôpitaux : les centres médicaux concentrent les
personnes infectées par la maladie. Le vibrion, fortement concentré dans les selles
diarrhéiques et les vomissements, peut être retrouvé très facilement sur les lits, le sol, le
matériel par manque de personnel d’hygiène, de matériel et de connaissances. Il sera
donc aisément répandu sous les chaussures et sur les mains des visiteurs accompagnant,
et du personnel médical si les mesures de prévention et d’hygiène ne peuvent être
appliquées et suivies.
o Non ou insuffisante gestion des cadavres : Le corps d’un patient décédé du choléra est
hautement contaminant. Le corps doit être nettoyé et désinfecté et placé dans un sac
mortuaire avant enterrement. Une non gestion des cadavres peut donc être une source
importante dans la propagation de la maladie : rites funéraires, nettoyage du corps…
Par ailleurs, le réservoir permanent (endémique) est le milieu aquatique saumâtre, les algues et le
plancton. Le vibrion peut vivre plusieurs années en eaux profondes et infectant les fruits de mers.
Focus sur la contamination par les aliments : (à approfondir)
Le choléra est généralement une maladie se propageant par manque d’hygiène et d’assainissement,
résultant en la contamination des eaux. Toutefois, la souche Vibrio cholerae O1 a été déjà retrouvée
dans des fruits de mer et poissons crus. La contamination par ingestion de ces produits est donc
possible si les produits ne sont pas suffisamment cuits ou sont re-contaminés après cuisson.
Les fruits de mer poussant dans une eau polluée par contamination fécale peuvent être sources de
contamination.
De nombreuses maladies bactériennes sont associées à la consommation de produits crus : légumes,
fruits et viandes/poissons. Il faut reconnaitre que Vibrio cholerae est susceptible de contaminer des
produits frais au travers de vecteurs : excréta humain brut ou insuffisamment composté appliqué
comme fumier sur les champs, irrigation de cultures par eau non traitée et contaminée.
Le traitement de ces produits avec de l’eau traitée réduit fortement les pathogènes et notamment le
vibrion. La bonne cuisson des aliments finit par éliminer le vibrion. En effet, ce dernier ne supporte
pas une température supérieure à 70°C. Une étude a montré que le temps de survie à 70°C était de
30 secondes et à 60°C de 2min40 (voir bibliographie).