Université de Tabriz Faculté des Lettres Persanes et Langues Etrangères Département de la Langue et Littérature françaises Mémoire préparé pour l’obtention de Master II en Langue et Littérature Françaises L’Idéalisme chez George Sand à travers La Mare au Diable et Mauprat Sous la direction de Monsieur le Docteur M.H. Djavari Professeur consultant Monsieur le Docteur A. Assadolahi Préparé par Somayeh Nodjumi Septembre 2011 0 Au nom de Dieu 1 Université de Tabriz Faculté des Lettres Persanes et Langues Etrangères Département de la Langue et Littérature françaises Mémoire préparé pour l’obtention de Master II en Langue et Littérature Française L’Idéalisme chez George Sand à travers La Mare au Diable et Mauprat Sous la direction de Monsieur le Docteur M.H. Djavari Professeur consultant Monsieur le Docteur A. Assadolahi Préparé par Somayeh Nodjumi Septembre 2011 ii Remerciements En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce mémoire. Je tiens à remercier sincèrement Monsieur le Docteur Djavari, qui, en tant que Directeur de ce mémoire, s'est toujours montré très disponible tout au long de la réalisation de ce mémoire, pour l'inspiration, l'aide et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et sans qui ce mémoire n'aurait jamais vu le jour. Mes remerciements s’adressent également à Monsieur le docteur Assadolahi : mon professeur consultant qui a eu la gentillesse de lire et de corriger ce travail. Je remercie aussi les autres professeurs du département de français de leur gentillesse pendant mes années d’études. Je n'oublierai pas mes parents et mon mari pour leur contribution, leur soutien et leur patience. Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à tous mes amis, qui m'ont toujours soutenue et encouragée au cours de la réalisation de ce mémoire. Prénom : Somayeh nom : Nodjumi Beirami Le Titre du mémoire : Idéalisme chez George Sand à travers La Mare au Diable et Mauprat iii Le professeur directeur : Monsieur Le Docteur Djavari Le professeur consultant : Monsieur Le Docteur Assadolahi Degré : MasterII en Langue et littérature françaises Université de Tabriz Faculté des lettres persanes et langues étrangères La date : septembre2011 le nombre des pages :91 Les mots clé Idéalisme, Femme, Révolution, esthétique, rêve, les rapports humains, Résumé : On constate que le sujet de cette étude se concentre sur l’idéalisme morale et esthétique car en étudiant les œuvres et les idées sandiennes, on trouve une nouvelle morale loin des préjugés et un idéalisme propre à Sand. Elle analyse les rapports humains comme un socialiste et, met au point les modèles parfaits : utopie, famille idéale, un mariage heureux, un amour pur, …. pour corriger les inconvénients de la société. Dans La Mare au Diable, elle nous montre un microcosme idéal. La relation de l’homme et la femme, les rapports humains et l’amour sont les autres thèmes de ce roman. Dans Mauprat, elle explique le rôle de l’éducation dans l’amélioration de la société et dans le perfectionnement de l’individu. iv Table des matières Introduction 7 Chapitre I : Idéalisme 10 1.1. Idéalisme, qu’est-ce que ça veut dire ? 11 1.1.1. La définition philosophique 11 1.1.2. L’idéalisme et la morale 16 1.1.3. La renaissance de l’idéalisme 13 1.1.4. L’idéalisme et l’esthétique 18 1.1.5. Idéalisme et réalisme 19 1.2. George Sand et l’idéalisme 21 1.2.1. Sand et l’art idéaliste hégélien 22 1.2.2. L’idéalisation de l’amour chez Sand 25 1.2.3. Sand et roman idéaliste après Hippolyte Tain : Idéalisation de race, de milieu, de moment 27 1.2.3.1 L’homme idéal 31 1.2.3.2. La société idéale 34 1.2.3.3. Un âge d’or 35 1.2.4. Le roman idéaliste de George Sand psychologie sandienne 36 .2.5. La 40 Chapitre II : La Mare au diable, Eldorado Champêtre 43 2.1. Un Panorama du roman 44 2.2. Les Personnages de La Mare au Diable 2.2.1. L’Idéalisation du langage 45 45 2.2.2. Héros Idéals 46 2.3. L’Amour idéal 2.4. La Campagne, Eldorado champêtre 49 52 v 2.5. La Famille idéale : le mariage, consolateur ou 56 attristant ? 2.5.1. Les Rôles de la femme 56 2.5.2. L’Homme, un père responsable 2.5.3. La Fin heureuse 59 60 Chapitre III : Mauprat, le roman idéaliste 62 3.1. Mauprat 63 .2. Caractère de femme 64 3.2.1. Femme idéale sandienne 64 3.2.2. La coquetterie féminine 67 3.2.3. La nécessité de l’éducation de la femme 68 3.3. Perfectionnement de l’homme, progrès individuel 69 3.3.1. La première étape : de la sauvagerie à 72 l’humanité 3.3.2. Deuxième étape : l’instruction religieuse 72 3.3.3. Troisième étape : amour et progrès 73 3.3.4. Quatrième étape : voyage ou expériences 73 3.3.5. Cinquième étape : 74 Métamorphose de loup en homme 3.3.6. L’homme et la société 75 3.4. Un amour pur et idéalisé 76 3.5. Idéalisation du mariage 78 3.5.1. Le mariage : miroir de la réalité du 79 XIXe siècle 3.5.2. Le but du mariage Conclusion 80 81 Bibliographie 84 Annexes 91 vi Introduction L’importance de l’esprit chez l’homme n’est pas négligeable ; c’est par l'effort des esprits que tout progrès se produit. La philosophie basée sur les données spirituelles, c’est l’idéalisme. Premièrement, on doit définir précisément l’idéalisme, une philosophie pour tous les temps et pour tous les hommes car les esprits différents exigent des philosophies idéalistes différentes : depuis le commencement de l’histoire de la pensée, idée, idéal et idéalisme ont subi beaucoup de changements. Aurore Dupin dite George Sand (1804-1876), une romancière idéaliste. Elle avait de nouvelles idées pour améliorer la situation où elle vivait. Le but de cette recherche est de préciser les aspects idéalistes de l’œuvre sandienne. Elle pensait qu’Il faudrait une lente révolution pour établir le progrès constant et permanent dans tous les demains. Alors qu’une Révolution peut changer rapidement le système politique et social d’un pays. Sand a proposé un changement des esprits au lieu d’une Révolution violente et sanglante. Elle commençait ses activités littéraires par un pseudonyme masculin « George » car à cette époque, on 7 pensait que les femmes ne pouvaient méditer ou créer une œuvre d’art et qu’elles devaient imiter les hommes. Ainsi, malgré les oppressions de la société, George commence sa lutte car son arme était ses rêves. Elle rêvait d’une société idéale où il y aurait l’égalité, la liberté et la fraternité et où il n’y aurait aucune souffrance ni aucun crime…. George Sand a écrit des romans champêtres pour peindre ses idéaux en idéalisant le pays, les paysans, les sentiments et les relations entre l’homme et la femme. Elle a donné une place prépondérante à la femme dont l’amour conduirait l’homme vers le bonheur. Ses héroïnes sont des femmes fortes et braves qui peuvent dominer leur destin bien que, à l’époque où vivait Sand, la femme fût considérée comme une créature faible qui eût besoin de l’homme pour continuer sa vie. Elle a même critiqué les femmes coquettes qui sont faibles et ignorantes. Les écrivains contemporains de Sand l’ont critiquée vivement à cause de son idéalisme qui aboutit à la marginalisation de Sand. Mais aujourd’hui, on sait que les idées sandiennes représentent la situation sociale et politique du XIXe siècle : l’égalité homme - femme, des rapports ville – 8 campagne –nature, la justice sociale et les relations amoureuses. Sand est-elle démodée ou oubliée ? On sait qu’en idéalisant le monde réel, Sand a montré les objectifs sublimes auxquels on doit arriver. En effet, elle a l’intention d’éduquer le peuple, mais la société est toujours en train de changer et les rapports humains qui sont le sujet des romans sandiens, ont aussi changé. Ses pensées ne perdront jamais leur charme : en 2004, ses œuvres sont rééditées et les essayistes et les critiques ont écrit pour la faire connaître. On étudiera ses nouvelles pensées dans ses deux œuvres La Mare au Diable et Mauprat. Est-ce que les nouvelles idées abondantes de Sand ont influencé la société française à son époque ? Est-ce que le progrès qu’elle souhaitait, s’est réalisé ? Ce sont des questions auxquelles nous apportons des réponses en les accompagnant des exemples. 9 Chapitre I Idéalisme 10 1.1. Idéalisme, qu’est-ce que ça veut dire ? Idéalisme, ce mot polysémique, a une longue histoire ; Dès le début, l’homme aimait beaucoup l’idéalisation de toute chose ; les mythes sont l’exemple le plus net parce qu’ils sont « une représentation idéalisée de l’état de l’humanité »1. Au fur et à mesure, l’idéalisme trouve beaucoup de définition ; il y en a trois dans Guide des idées littéraires qui nous donnent un panorama complet de ce terme ; ces définitions montrent la valeur de la pensée : 1.1.1. La définition philosophique Premièrement, c’est une « doctrine philosophique qui enseigne que la seule existence dont on puisse être sûr, est celle de la conscience, c'est-à-dire des idées. » 2 Dictionnaire de la Philosophie nous donne une image plus claire de l’idée : « L’idée se distingue du produit de l’imagination (la vision, le rêve), comme de la perception (Je regarde un individu.). Une idée est donc un objet de la pensée en tant qu’elle est la pensée. Elle n’est pas la chose sensible elle-même. Dans la vie courante, les idées se forment à l’occasion de la discussion où 1 2 - REY Alain, Le Robert Micro Poche, Dictionnaire Le Robert, Paris, 1993, p. 836 - BENAC Henri, Guide des idées littéraires, Hachette, Paris, 1988, p.246 11 chacun peut parler librement. Elles s’expriment par le langage. »3 L’idéalisme vient du mot idéal qui signifie : « Un modèle parfait. La représentation d’un idéal est celle d’un état de perfection que l’esprit imagine, sans pouvoir y atteindre complètement. Un tel état serait capable de donner une parfaite satisfaction à l’intelligence et au sentiment humain. »4 Raymond-Robert Tremblay explique sur ce sujet : « Etre idéaliste en philosophie ne signifie pas avoir des idéaux très élevés ….comme la vérité, le bien et la justice. En philosophie, être idéaliste est une position selon laquelle la connaissance provient de la contemplation des formes pures de l’esprit. Bref, les idéalistes croient que la véritable réalité est idéelle et non matérielle et que la connaissance consiste à contempler ces idées vraies de toute éternité. »5 Selon lui, Malgré « la diversité des points de vue des philosophes », on trouve « les similitudes de leurs points de vue sur certaines questions fondamentales de la philosophie. L’une de ses questions fondamentales est la question de la connaissance du monde. »6 3 - DIDIE Julie, Dictionnaire de la Philosophie, Larousse, Paris, 1992 - DIDIE Julie, Dictionnaire de la Philosophie 5 - TREMBLAY Raymond-Robert, Réalisme et idéalisme, disponible sur : http://www.cvm.qc.ca/encephi/CONTENU/ARTICLES 6 -Ibid. 4 12 Mais quelles sont les matières par lesquelles on fait cette connaissance ? C'est à l'aide des données de l’esprit ou des sens, ou par des idées ou par des sensations ? D'où vient une contradiction continuelle entre objectivité et subjectivité et aussi entre l’idéalisme et le réalisme ? Chaque réponse précisera qu’une philosophie est idéaliste ou réaliste. Léon Brunschvicg, dans son livre sur l’idéalisme, le définit comme « une philosophie qui ne conçoit l’être ou l’existant qu’au travers de la pensée ».7 Il montre aussi « les premières affirmations conscientes de la thèse idéaliste » qui commencent par Protagoras (490-420) et Gorgias (380485) en 400 ans avant J.-C. qui contestent « la valeur objective de la connaissance et la légitimité des concepts de la réalité. » 8 Selon lui, Platon9 est un philosophe idéaliste; parce qu’il explique le pouvoir de l’esprit qui aide les hommes à découvrir le monde dans lequel ils vivent : « Comment la pensée,étant l'unique mesure des choses, pouvait devenir la mesure positive de leur valeur et de leur réalité, comment dégageant des apparences multiples et contradictoires, les caractères essentiels et stables et organisant entre ces caractères des rapports intelligibles, elle faisait de l'univers un objet de science, comment elle en 7 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, Imprimerie de Charles Hérissey, Evreux, 1921, p.167 8 - Ibid., p.168 9 - Philosophe grec, (428 -v.-348 av J.-C.) 13 ramenait la diversité à l'unité, non plus à l'unité de l'être immuable, mais à l'unité de l'esprit vivant en qui toutes les idées trouvent leur raison commune. »10 Platon est idéaliste car il considère le monde réel comme un modèle incomplet du monde idéal auquel l’homme doit essayer d’atteindre. Un autre grand philosophe idéaliste, c’est Kant11 qui d'après L’Idéalisme contemporain donne « à l'idéalisme un caractère positif et fécond »12. Au fur et à mesure, on connaît des autres théories idéalistes comme celle de Berkeley13 et de Hume14 qui pensent à un idéalisme pur et réduisent « l'être à l'idée et l'idée à l'impression sensible dont la conscience nous apporte l'expérience directe. »15 Donc, le mot idéalisme a trouvé des significations toutes différentes ; même Léon Brunschvicg accepte ses métamorphoses : l’idéalisme « change en même temps que la notion de la vérité se transforme et cela a duré jusqu’ aux nos jours. »16 Même Naomi Schor ne peut donner une définition globale de ce mot, elle écrit : L’idéalisme n’est pas une notion unique : l’idéalisme de Berkeley n’est pas complètement celui de Kant ; ou celui de Kant n’est pas comparable avec celui de Hegel; ou même la 10 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p.169 -Philosophe allemand, (1724-1804) 12 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p.169 13 - Philosophe britannique, (1685-1753) 14 -Philosophe britannique, (1711-1776) 15 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p.167 16 - Ibid., p. 169 11 14 philosophie de Hegel est tout différente de celle de Derrida17.18 1.1.2. L’idéalisme et La morale L’idéalisme est aussi « Une attitude morale qui consiste à estimer que l’homme doit agir en fonction d’un idéal, c'est-à-dire une conception de la perfection qu’il se forge dans sa pensée, mais dont le monde réel ne lui donne aucun exemple. »19 Cette conception de l’idéal cause une sorte de changement dans le domaine de la morale et même de la religion. L’homme va vers une sorte d’humanisme ; rien n’est plus important que ses pensées et ses idées. D’après Léon Brunschvicg, il « se refuse à concentrer la vie morale dans l’obéissance individuelle à quelques commandements absolus ».20 A l’époque romantique, l’homme découvrant son cogito, (cogito ergu sum) a retrouvé sa confiance à soi ; il avait de nouvelles idées pour changer sa situation ; c’était la première étape du progrès et ce que l’auteur de L’idéalisme contemporain explique : 17 -Philosophe français, (1930-2004) - SCHOR Naomi, George Sand and Idealism, Columbia university press, New york,1993, p.10 19 - BENAC Henri, Guide des idées littéraires, p.246 20 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p.181 18 15 « L’énergie morale des individus est orientée vers le progrès universel; l’idéalisme marque chaque étape du progrès social et à chaque étape, il retrouve une nouvelle et plus large interprétation du principe moral, un enrichissement de l’esprit. »21 C’est pourquoi, l’auteur de L’Idéalisme contemporain donne une nouvelle définition de l’idéalisme qui dès lors « devient le souci d’assurer à chacun le développement harmonieux de toutes ses facultés, d’établir l’unité intellectuelle et économique dans la société toute entière. »22 Surtout, les penseurs utopistes du dix-neuvième siècle, comme Fournier, « ont reconnu que le succès de l’organisation future est lié à la qualité des âmes qui la préparent »23; en effet, c'est l’esprit des individus d'une société qui est « le foyer intérieur du progrès »24 total. On a besoin de la pensée et de l’énergie de tous pour réaliser un progrès parfait. Si on arrive à changer la vision du monde des individus, tout changera. C’est, en effet, l’idéalisme social. Selon Léon Brunschvicg, la recherche de l’idéal est nécessaire pour le genre humain, c’est un moteur et une motivation pour l’homme qui accélère ses conquêtes et donne sens à sa vie : 21 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p.182 - Ibid., p.181 23 - Ibid., p.183 24 -Ibid., p.183 22 16 « Le philosophe ouvre l’esprit de l’homme à la possession et à la conquête de l’idéal en lui faisant voir que l’idéal est la réalité spirituelle, et que notre raison de vivre est de créer cet idéal. […] Nous rendons à nos idées mortes leur vie et leur fécondité, nous comprenons qu’elles se purifient et se développent grâce au labeur perpétuel de l’humanité dans le double progrès de la science et de la moralité »25 On sait que personne ne peut réaliser complètement son idéal mais on ne perde jamais l’espoir pour changer la situation, par conséquent, on n’est jamais pessimiste malgré plusieurs problèmes. On travaille fortement ; si quelqu’un arrive à réaliser son rêve, c’est un progrès scientifique mais si on ne peut le réaliser, c’est un progrès moral. Son mécanisme de rêver est très semblable au procédé des surréalistes car, selon Jean Nivet : « George Sand s’est intéressée, avant les surréalistes, aux états hallucinatoires et aux rêves, ces « chimères du sommeil » qui sont, dit-elle, « l’imprévu en toute puissance, l’impossible accepté d’avance, la fête sans frein de l’imagination ». » 26 L’idéalisme sandien se situe dans cette catégorie car elle a les idées nouvelles et redéfinit les rapports humains et le système social. 25 26 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p.184-185 - NIVET Jean, Qui était George Sand ?, disponible sur : www.bude-orleans.org 17 1.1.3. La renaissance de l’idéalisme Le dix-neuvième siècle est une période de changement dans tous les domaines, car l’absolutisme classique se remplace par la relativité romantique : dés lors, Je (cogito) devient important, les auteurs mettent leurs sentiments et leurs pensées dans leurs œuvres, au lieu d’imiter les anciens ; le peuple, jusqu’alors ignoré, se réclame ses droits et aussi l’égalité, la fraternité et la liberté. Ferdinand Brunetière croit à une sorte de La renaissance de l’idéalisme au dix-neuvième siècle alors que, selon lui : « Une religion de la matière régnait presque souverainement, en philosophie, sous le nom de positivisme, et en art et en littérature, sous les noms de réalisme ou de naturalisme.» 27 Quelles sont les normes essentielles de cette doctrine qui rejette sévèrement l’idéalisme ? Brunetière exprime les pensées d’Auguste Comte, le philosophe positiviste : « En dehors de ce qui se compte, de ce qui se pèse et de ce qui se mesure, en dehors de ce qui tombe sous la prise de l’expérience et des sens, en dehors des faits et des groupements qu’on peut faire, il n’y a rien que d’hypothétique, d’incertain, et d’illusoire. » 27 28 28 - BRUNETIERE Ferdinand, La renaissance de l’idéalisme, Institue, Paris, 1896, p. 38 - Ibid., p.39 18 Selon Ferdinand Brunetière, l'idéalisme s'oppose clairement au positivisme ; « Il y a plus de choses dans le monde que nos sens, instruments merveilleux mais aussi très bornés, n’en sauraient percevoir ou atteindre » 29; c’est par l’idée, la pensée et même le rêve que l'on arrive à quelques connaissances; cette redéfinition de l’idéalisme se trouve dans le domaine de l’art, de la littérature et même de la politique et rapporte des rénovations remarquables. Brunetière physiologiste, c’est-à-dire, l’homme cite « Claude Bernard, un qui, avec Darwin et pasteur, a renouvelé les sciences de la vie par la hardiesse de leur vue, l’abondance de leurs idées et l’ampleur grandiose de leurs hypothèses » : « On doit donner libre carrière à son imagination ; c’est l’idée qui est le principe de tout raisonnement et de toute invention ; c’est à elle que revient toute espèce d’initiative. 30 1.1.4. L’idéalisme et l’esthétique Selon Benac, l’idéalisme est « Une conception esthétique qui s’oppose au réalisme, et qui pose comme principe que l’art n’a pas pour mission de reproduire exactement les objets, mais de transformer la nature en exprimant non l’apparence des choses, mais leur essence, par choix des traits les plus caractéristiques. »31 29 30 - BRUNETIERE Ferdinand, La renaissance de l’idéalisme, p. 43 - BRUNSCHVICG Léon, L’Idéalisme Contemporain, p. 47 BENAC Henri, Guide des idées littéraires, 19