Conduction électrique dans les électrodes polycristallines de Z n 0

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J Chim. Phys. (1998) 95. 595-616
O EDP Suences. Les Ulis
Conduction électrique
dans les électrodes polycristallines
de Z n 0 semiconducteur.
Importance des joints de grains
K. Djembo-Taty, L. Plaindoux, J. Kossanyi et J.C.
on fard-~aret'
Laboratoire des Matériaux Moléculaires, CNRS,
2-8 rue H. Dunant, 94320 Thiais, France
(Reçu le 10 novembre 1997 : accepté le 1 décembre 1997)
Correspondance et tirés a part
RÉSUMÉ
Les propriétés électriques de pastilles frittées d'oxyde de zinc poIycristallin
pur et enrichi en oxyde de bismuth ont été comparées avec celles d'électrodes
analogues en contact avec un électrolyte aqueux. En bon accord avec le modèle des
varistances, les propriétés électriques des pastilles sèches enrichies en oxyde de
bismuth sont dominées par les barrières intergranulaires; la résistance en champ nul
est élevée et la polarisation appliquée se divise en autant de chutes élémentaires de
potentiel qu'il y a de barrières consécutives dans l'épaisseur des pastilles. La mise
au contact d'un électrolyte aqueux induit des modifications importantes de ces
propriétés; la résistivité des pastilles enrichies en oxyde de bismuth est fortement
diminuée. Le comportement des électrodes polycristallines se rapproche alors de
celui d'électrodes monocristallines : une polarisation anodique appliquée reste
confinée en une seule zone de charge d'espace à l'interface électrode-électrolyte.
Les résultats sont interprétés comme étant la conséquence du mouillage des joints de
grains par l'électrolyte en surface des pastilles, permettant l'injection directe
d'électrons dans les joints de grains.
mots-clés : électrodes polycristallines semiconductrices, oxyde de zinc, joints de
grains, conduction électrique.
ABSTRACT
The electrical properties of pure and bismuth-doped polycrystalline sintered
zinc oxide pellets have been compared with those of electrodes of similar
composition but operating in contact with an aqueous electrolyte. In good
accordance with the mode1 proposed for varistors, the electrical properties of the
bismuth-doped dry pellets are dominated by the intergranular barriers; the zerofield resistivity is high and an applied polarization is divided into individual
potential drops, each corresponding to one grain Laundary barrier. These
K. Djernbo-Taty et al.
properties are altered when the pellets operate in contact with an aqueous
electrolyte, the resistivity of the bismuth-doped pellets decreasing strongly. The
behavior of the polycrystalline electrodes is similar to that of single crystal
electrodes : an applied anodic polarisation is entirely sustained in a single space
charge layer at the electrode-electrolyte interface. The results are a consequence of
the wetting of the grain boundaries by the electrolyte at the surface of the pellets
allowing a direct electron injection in the grain boundaries.
key words : polycrystalline semiconducting electrodes, zinc oxide. grain
boundaries, varistors, electrical conduction.
INTRODUCTION
Les céramiques composites à base d'oxyde de zinc sont utilisées comme
matière première dans la fabrication des varistances [l-31. Leurs propriétés
électriques dépendent essentiellement de la nature et de la concentration d'additifs,
le plus souvent d'autres oxydes métalliques, qui y sont présents. Parmi tous les
additifs certains, tel Co, se substituent à Zn dans le réseau semiconducteur tandis
que d'autres, tel ~ i (le~plus+ utilisé) ou les ions de terres rares trivalents, restent,
en raison de leur taille et de leur charge, confinés en surface des grains, aux joints
de grains, ou ils agissent en tant qu'activateurs. Leur présence permet le piégeage
de charges électriques à la surface des grains de Z n 0 avec formation concomitante
de doubles barrières de Schottky.
L'utilisation d'électrodes semiconductrices polycristallines en électrochimie se
heurte précisement aux conséquences de la présence des joints de grains et des
barrières qui y sont associées. Alors que les propriétés électriques des électrodes
semiconductrices monocristallines sont décrites sur la base d'une interface
semiconducteur-électrolyte supportant la totalité de la polarisation 141, les barrières
intergranulaires associées aux joints de grains dans les électrodes polycristallines
peuvent modifier les propriétés du semiconducteur et remettre en cause ce modèle
i51.
Du fait des nombreuses dislocations que sont, en réalité, les joints de grains, la
surface des électrodes en contact avec l'électrolyte se trouve auzmentée dans des
proportions qui rendent tout calcul aléatoire et qui ne permettent l'application
d'aucun modèle précis. De plus, les mesures d'impédance susceptibles de conduire à
la détermination des caractéristiques du semiconducteur, ne donnent qu'une image
des charges piégées dans les dislocations en surface [4]. Enfin, les joints de grains
sont autant de lieux de recombinaison réduisant les performances des électrodes [5].
Des électrodes semiconductrices de Zn0 ou Ti02 po!ycristallin, ont fait l'objet
de quelques études et ont été comparées aux électrodes monocristallines analogues,
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
597
sans pour autant que les problèmes posés par les joints de grains aient été abordés
[6-IO]. Seul, le rapport entre la surface apparente et la surface réelle des électrodes
a été considéré. Par exemple, dans le cas de Ti02, la comparaison de mesures
d'impédance, effectuées sur des électrodes polycristallines et mono-cristallines,
conduit à un facteur de surface voisin de 3 [SI alors que des mesures de
photosensibilisation donnent une valeur voisine de 200 [IO].
Dans le cas de ZnO, la comparaison des voltarnmogrammes et des mesures
d'impédance d'électrodes polycristallines [6,7] avec ceux d'électrodes monocristallines [4,11,12] ne fait pas apparaitre un comportement particulier qui puisse
être relié à la nature polycristalline des électrodes. Ceci peut être dû au fait que les
joints de grains de Z n 0 pur polycristallin sont peu ou pas activés et donc que leur
influence est faible. C'est pourquoi cette étude pour laquelle les joints de grains de
l'oxyde de zinc ont été délibérément activés avec des ions ~ i a été
~ entreprise.
+
PARTIE EXPERIMENTALE
Les pastilles de Z n 0 polycristallin, pur ou enrichi en ions ~ i ~ ' ont
, été
préparées suivant la technique des céramiques. Les poudres de Z n 0 (99,99 % pur)
et Bi203 (99,9 % pur) sont des produits Aldrich. Z n 0 est utilisé soit tel quel soit
mélangé à Bi203 dans un mortier en agate en présence d'un peu d'éthanol. Des
pastilles d'oxyde de zinc pur ou de mélange sont ensuite préparées dans un moule
cylindrique sous une pression de 50 106 Pa. Elles sont mises à calciner pendant 6
heures sous air à 1000' C dans un four à moufle Vecstar HFl. Afin d'éliminer au
maximum les causes d'incertitude, et de permettre une comparaison entre leurs
propriétes, toutes les pastilles sont calcinées ensemble, et leurs dimensions
(diamètre et épaisseur) sont mesurées au pied à coulisse après calcination.
Des contacts ohmiques utilisant l'alliage In-Ga sont réalisés sur les deux faces
des pastilles dans le cas du montage sec (varistance) ou sur la seule face arrière dans
le cas du montage humide (électrodes). La fabrication des électrodes a déjà été
décrite [13]. Les champs et les faces arrières des pastilles montées en électrodes sont
isolés de la solution électrolytique par de la résine epoxy (Araldite) de façon que
seule la face avant des pastilles se trouve au contact de l'électrolyte.
Les courbes intensité-potentiel des pastilles sont réalisées avec des multimètres
digitaux et une simple alimentation en courant continu. Les voltammogrammes des
électrodes en contact avec un électrolyte sont enregistrés soit à l'aide d'un
potentiostat PAR 173 piloté par un programmateur PAR 175, les potentiels étant
repérés par rapport à celui de l'électrode de référence au calomel saturé (ECS), soit
à l'aide des multimètres et de l'alimentation en courant continu, sans électrode de
référence. La contre-électrode est dans les deux cas une feuille de platine de surface
598
K. Djembo-Taty et al.
égale à 1 cm2. Les courbes intensité-potentiel des électrodes sous éclairement sont
obtenues en focalisant tout le rayonnement d'une lampe XBO 500 W sur la face
avant des pastilles. Les spectres d'électroluminescence sont enregistrés avec un
spectrofluorimètre Perkin Elmer MPF 44 en positionant l'électrode à la place du
porte échantillon. Afin de limiter l'usure des électrodes, le potentiostat est utilisé en
générateur de crénaux rectangulaires de potentiel (0,O V/ECS:1,0 ms; 10
V/ECS:100 ps). Dans tous les cas, l'électrolyte est une solution aqueuse 1,0 M
NaCl.
RESULTATS ET DISCUSSION
Caractérisatiort du niatériau
Pastilles entre deux colztacts ohrttiques
Les varistances à base de Z n 0 sont des céramiques polycristallines dans
lesquelles la conductivité est contrôlée par des doubles barrières de Shottky
présentes aux joints de grains. Leurs propriétés électriques sont décrites par une
relation empirique reliant le potentiel appliqué V et le courant i [l-31:
d(Lni)
C est une constante et a = --- est appelé cafficient de non-linéarité; il permet
d(LnV)
d e caractériser la qualité de la varistance. Le pouvoir limiteur de tension d'une
varistance dépend en effet de a : plus sa valeur est élevée meilleure est la
varistance, et à une varistance idéale correspond une valeur infinie de a.
Les caractéristiques courant-tension des varistances peuvent être divisées en
quatre zones de fonctionnement. La première zone, dite région ohmique,
correspond aux densités de courant les plus faibles, de l'ordre de 10-8 A cm-'; le
cœfficient a y est bien entendu égal à 1 et la varistance peut être décrite par sa
résistance en champ nul Ro. La deuxième région est dite de préclaquage; les
A cm-2; les effets nondensités de courant y sont comprises entre IO-' et 1 0 - ~
linéaires commencent à apparaitre et la valeur de a croît. La troisième région est
dite région de claquage; la non-linéarité quantifiée par a y est maximum et une
faible augmentation du potentiel appliqué entraine une forte augmentation du
courant jusqu'à 103 A cm-2. La quatrième région est dite d'inversion; le courant y
est élevé, au delà de 103 A cme2,mais la caractéristique y est de nouveau ohmique
et bien entendu a est de nouveau égal à 1.
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
599
La forte conductivité de Z n 0 fait que, jusqu'au claquage, les barrières de
joints de grains supportent la totalité de la tension V appliquée à un échantillon
polycristallin. Le champ est nul à l'intérieur des grains et la polarisation totale se
divise en autant de chutes de potentiel individuelles et égales Vg,qu'il y a de
barrières consécutives transversales rencontrées. Si nu
désigne le nombre de grains,
D
de joints de grains ou de barrières inter-granulaires, successifs rencontrés dans
l'épaisseur e d'une pastille polycristalline donnée on a :
P
La conductivité d'un tel échantillon ne dépend alors que du nombre et de la
hauteur des barrières. Dans la région ohmique, elle est due à l'activation thermique
des électrons au voisinage des barrières de joints de grains. L'augmentation de la
non-linéarité dans la région de préclaquage provient d'un abaissement progressif
des barrières de joints de grains [14,15]. Enfin, le claquage se produit quand les
barrières disparaissent complètement; elles sont alors soumises à des tensions
voisines de 3 V correspondant à la largeur de la bande interdite de ZnO. La
connaissance de la tension de claquage V,, , lorsque V est voisin de 3 V, permet
g
alors une estimation du nombre de grains, de barrières ou de joints de grains, dans
l'épaisseur de la pastille :
et par là une estimation de la taille du des grains de ZnO, définie comme la distance
D
moyenne entre deux barrières consécutives. A taille des grains constante, n est
i?
proportionnel à e .
P
'
Les courbes intensité-potentiel de deux séries de quatre pastilles, les unes de
( [ ~ i ~ ' =] 1,5 at.
Z n 0 polycristallin pur, et les autres de Z n 0 enrichi en ions
% [zn2+]), d'épaisseur croissante comprise entre 1 et 3 mm, sont présentées en
figure 1. Le comportement des pastilles contenant des ions ~i~~ est ohmique aux
tensions les plus basses. Pour une tension inférieure à une vingtaine de volts dans le
cas de la plus mince et à une cinquantaine de volts dans le cas de la plus épaisse, le
courant est directement proportionnel à la tension appliquée. Au delà, le
comportement des pastilles est non-ohmique, et une forte augmentation du courant
est observée pour les tensions les plus élevées. En raison d'une conductivité plus
K. Djernbo-Taty et al.
600
forte, l'intervalle d'étude des pastilles de Z n 0 pur a été limité à qiielques dizaines
de volts, où elles se comportent de façon ohmique.
-10
-5 O
O
50
100
150
V (volts)
200
-1
250
Figure 1 :Courbes intertsité-potentiel de pastilles d'épaisseurs e dtJftrentesde Z.10 polycrisrnlli11pur
P
(symboles ouverts. Gchelle de gauclte) et enrichi en ~ i ~ + ( s ~ i n b opleins,
l e s échelle de droite). et
~ , e p = l , O t n n ~ ; R Pe ~=1,5mrn;
~.e
+ e t 0 , e p = 2 . 0 ~ i ~ ~ i i ; A ePt A
=3,0tntrt.
,e
TABLEAU I : Caractéristiques des pastilles de Zn0 pur (B 1+B4) et de Zn0: 1,5 at. % ~
i
~
(Al+A4).
Le tableau 1 résume les résultats extraits de la figure 1. e désigne l'épaisseur
P.
des pastilles. Les tensions de claquage VC1.sont estimées par extrapolation des
courbes i-V de la figure 1. izj0 est la valeur du courant traversant une pastille
+
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
soumise h une tension de 50 V. or,.
601
est la valeur maximuni du coefficient de non-
linéarité mesuré aux tensions les plus élevées pour des densités de courant de
quelques rnA cm-?. Ro est la résistance en champ nul des pastilles mesurée dans la
région ohmique, sur toute la gamme de mesures pour Z n 0 pur et aux tensions les
plus faibles pour Zn0:Bi. Toutes les valeurs (Ro, a,,,,, Vc,,) du tableau 1 sont en
bon accord avec la Iittérature [16,17]. D'une manière générale, la résistance en
champ nul des pastilles contenant des ions ~ i augmente
~ + avec leur épaisseur; elle
est considérablement plus élevée que celle des pastilles de Z n 0 pur. Tout comme la
résistance en champ nul, la tension de claquage des pastilles contenant des ions ~ i ~ +
augmente avec leur épaisseur. Tout ceci s'explique par la présence des barrières
intergranulaires aux joints de grains. Les barrières sont activées par les ions ~ i ~ + .
Leur nombre est d'autant plus élevé que les pastilles sont plus épaisses.
Figure 2 :Variarioil de la tensiort de claquagu VcI.H,échelle de droite, et de la résistance erl clzanlp
nul Ro
e
O,échelle de gauc1,e. des pastilles de Zn0 poljcristalliri enriclri en
avec leur épaisseur
P'
La figure 2 présente les variations de Vc,, et Ro des quatre pastilles enrichies
+
de leur épaisseur. Les deux variations sont linéaires à
en ions ~ i en~ fonction
l'exception de la valeur Ro de l'échantillon A l . L'écart important noté pour Ro
(AI) peut être attribué aux conditions de préparation des échantillons qui jouent un
rôle primordial sur leurs propriétés [1,2]. Par exemple, la présence de fissures à
l'intérieur des pastilles peut en augmenter la résistance. La résistivité du matériau
602
(p
K. Djembo-Taty et al.
108 R cm) est donnée par la pente de la droite Ro = f(e ). La pente dc la
P
droite V,,. = f(e ) et les relations (3) e t (3) conduisent au nombre de barrières et,
P
par conséquent, à la taille d des grains. On obtient ainsi n = 25 grains par mm et
g
gd = 40 mm toujours en bon accord avec la littérature [16,17].
2
g-
Contrairement aux pastilles contenant des ions Bi3+, les pastilles de Z n 0 pur
permettent des courants importants pour des tensions relativement faibles. Leur
comportement, ohmique pour des courants atteignant plusieurs dizaines de mA,
s'explique encore par les barrières de joints de grains. Ces barrières dépendent des
conditions de préparation et, dans le cas de Z n 0 pur, elles ne sont pas ou sont peu
activées. L'absence d'un activateur conduit à la fois à une résistivité en chainp nul
de Z n 0 pur inférieure à celle de Z n 0 enrichi en ions Bi3+, et à une dispersion
relative plus importante des résultats. La résistivité de Z n 0 pur polycristallin est
comprise entre 170 et 3250 !2 cm. Elle est approximativement lo5 fois plus faible
que celle de Z n 0 contenant 1.5 at. % ~ i ~ + .
Z~zflitencedu corztact avec un électrolyte liquide
Pastilles avec urz seul contact ohntiqcte sur la face arrière
Voltammogramnzes dans l'obscurité des pastilles en contact avec un é1ectrol)lte
aqueux
Le voltammogramme enregistré dans l'obscurité et sous polarisation anodique,
d'une électrode constituée d'une pastille de Z n 0 pur polycristallin épaisse d'un mm
e n contact avec un électrolyte aqueux (1,O M NaCl) est reporté en figure 3. On y
constate seulement la brutale apparition d'un courant pour une polarisation voisine
d e +10 VIECS. Toutes les électrodes, quelles que soient l'épaisseur et la
+ )pastilles les constituant,
composition (Zn0 pur ou Z n 0 enrichi en ions ~ i ~ des
conduisent dans les mêmes conditions à des voltammogrammes semblables : à
savoir, la brutale apparition d'un courant anodique pour une polarisation toujours
voisine de +10 VIECS. Pour toutes les électrodes, la présence du courant anodique
est accompagnée d'un dégagement d'oxygène gazeux et d'une électroluminescence
en provenance tous deux de la surface des électrodes.
Tout comme les courbes intensité-potentiel des varistances. les voltammogrammes tels celui de la figure 3 peuvent être analysés suivant la relation (1). En
raison de la très forte variation de i avec V au voisinage de +10 V/ECS, ils
correspondraient à des varistances d'excellente qualité. L'utilisation d'un balayage
plus étendu (encart de la figure 3), permet de déterminer a. On obtient ainsi des
CONDUCTION DANS Zn0 POLYCRISTALLIN
603
valeurs comprises entre 100 et 250, toujours au voisinage de 10 VIECS pour des
densités de courant comprises entre une fraction de mA cm-' et quelques mA cmm2.
Figure 3 : Voltamntograrnme, dans l'obscurité. sous polarisation anodique d'une électrode
polycristalline de Zn0 pur (épaisseur 1.0 mm) en contact avec utle solution aqueuse NaCl 1 M ,
balrl-ge 1,O Vs-1. En encart, agrandissen~eritde la partie +9,5+10 VECS, balayage 100 ITIVS-'.
Toutes les observations (voltammogrammes, électroluminescence, dégagement
gazeux) effectuées avec les électrodes de Z n 0 polycristallin pur sont conformes à
celles déjà publiés qui rapportent la brutale apparition d'un courant de claquage
pour une polarisation voisine de +10 VIECS, accompagnée d'un dégagement
d'oxygène gazeux. et d'une luminescence dont le spectre ne présente que deux
bandes centrées à 600 et 730 nm [7].
Le voltammogramme de la figure 3 présente de nombreuses similitudes avec
ceux d'électrodes de Z n 0 pur monocristallin obtenus dans des conditions voisines.
Ces voltammogrammes se réduisent à la brutale apparition d'un courant anodique.
Ils sont interprétés comme résultant d'une interface semiconducteur-électrolyte
[ l 11. Toute la polarisation est contenue en une seule zone de charse d'espace dans le
semiconducteur à la surface de l'électrode. L'interface se comporte comme un
contact bloquant jusqu'à ce que la forte polarisation des électrodes, induisant une
importante courbure des bandes de valence (RV) ct de conduction (BC) du
J. Ch~m.Phys.
604
K. Djembo-Taty et al.
semiconducteur, soit suffisamment élevée pour pernletue le passage par effet tunnel
des électrons de la BV vers la BC. Il en résulte l'apparition brutale d'un courant de
claquage. Mais à l'inverse des électrodes polycristallines, le seuil de tension
nécéssaire au claquage des électrodes monocristallines n'est pas constant : il dépend
de la densité de donneurs ND+ dans le semiconducteur et est d'autant plus élevé que
ND+ est faible. Le passage par effet tunnel des électrons de la BV vers la BC a pour
conséquence la création de trous dans la BV.
Zn0
+ + egC
+ hBV
(1)
Ces trous réagissent en décomposant l'électrode ettou l'électrolyte, et provoquent
un dégagement d'oxygène gazeux à la surface de l'électrode :
Une électroluminescence dont le spectre ne présente qu'une seule bande étroite,
centrée à 380 nm, ayant pour origine la recombinaison radiative bande à bande des
paires e-/h+ à la surface des électrodes est également observée.
Pour des électrodes de Z n 0 pur polycristallin [7], sur la base de mesures
d'impédances destinées à connaitre la densité de donneurs dans le semi-conducteur
[6], un mécanisme voisin rendant compte des voltammogrammes, du dégagement
d'oxygène et de I'électroluminescence a été proposé. En admettant comme dans le
cas des électrodes monocristallines que toute la polarisation est supportée en une
seuIe zone de charge d'espace à la surface de l'électrode, et afin de tenir compte de
la courbure des bandes du semiconducteur voisine de 10 V, ce mécanisme retient
comme origine des électrons non plus la bande de conduction de Z n 0 mais des
2-
atomes d'oxygène en surface de Zn0 (Osurf.).Les électrodes de Z n 0 polycristallin
se comportent comme des électrodes de Z n 0 monocristallin ayant une densité de
donneurs égale à 5 1018 cm'2. Le passage des électrons, en provenance de la BV
vers la BC, par effet tunnel résonnant à travers les niveaux profonds associés aux
dislocations [18] que sont en réalité les joints de grains [4] n'a pas été retenu.
Si, de prime abord, l'analogie des voltammogrammes des électrodes de Z n 0
pur monocristallin avec ceux des électrodes de Zn0 pur polycristallin ne parait pas
surprenante, il n'en est pas de même de l'analogie des voltammogrammes des
~ ceux
+
des électrodes de
électrodes de Z n 0 polycristallin enrichi en ions ~ i avec
Z n 0 polycristallin pur; ni de la comparaison des voltammogrammes des électrodes
~ les
+ caractéristiques électriques des
de Z n 0 polycristallin enrichi en ions ~ i avec
pastilles. En effet, quelles que soient la compositioii et l'épaisseur des pastilles
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
605
utilisées, tous les voltammogrammes (tel celui de la figure 3 ) se réduisent à la seule
et brutale apparition du courant anodique au voisinage de +10 VIECS, et les valeurs
atteintes par le courant anodique des électrodes enrichies en ions Bi3+ sont bien audelà de ce qui serait permis pour un matériau ayant une résistivité voisine de 108 R
cm. Sous une tension de 10 V, le courant traversant une pastille d'épaisseur 1 mm
et de surface 1 cm2 ne devrait pas excéder 1 FA, soit plus de mille fois moins que
ce qui est observé sur le voltammogramme de la figure 3. Le contact avec
l'électrolyte liquide semble induire un changement fondamental des propriétés du
matériau.
Les valeurs du cœfficient a des électrodes sont proches du maximum de celles
des meilleures varistances commerciales [1,2]. Elles sont, dans le cas des pastilles
,
plus grandes que celles déterminées pour les
enrichies en ions ~ i ~ 'beaucoup
dispositifs secs homologues du tableau 1 (a 8), et sont du même ordre de
grandeur pour toutes les électrodes (Zn0 pur ou enrichi en ions Bi3'). Ceci indique
que le mécanisme d'augmentation de la conductivité des électrodes polycristallines
(dispositif humide) n'est pas le même que celui des varistances (dispositif sec). Par
contre, il serait identique pour toutes les électrodes étudiées (Zn0 pur et Z n 0
enrichi en ions Bi3') et ne seraitt pas la conséquence d'un abaissement progressif de
barrières intergranulaires avec le potentiel appliqué.
La brutale apparition du courant anodique se produit toujours pour une
polarisation voisine de +10 VIECS. Elle est indépendante de l'épaisseur et de la
composition chimique des pastilles constituant les électrodes. C'est donc, dans le cas
+ la
, polarisation appliquée ne se divise pas
des électrodes enrichies en ions ~ i ~que
suivant la relation (2) en autant de chutes individuelles de potentiel qu'il y a de
barrières intergranulaires consécutives à l'intérieur des pastilles, mais qu'elle reste
entièrement supportée en un seul saut de potentiel. Le modèle développé pour les
varistances n'est plus valable lorsque les pastilles se trouvent au contact d'un
électrolyte aqueux. Contrairement aux pastilles sèches, les pastilles montées en
électrodes opérant au contact d'un électrolyte aqueux ne présentent apparemment
plus de propriétés de joints de grains, et à l'instar d'une électrode semiconductrice
monocristalline, toute la polarisation semble entièrement supportée par une
interface unique de type semiconducteur-électrolyte.
En fait, toute la cohérence du modèle proposé pour les électrodes de Z n 0 pur
polycristallin repose sur la validité la détermination de la densité de donneurs dans
le semiconducteur et sur l'exactitude de la valeur de la polarisation des électrodes.
Or il a été montré dans le cas des électrodes présentant des défauts en surface, ce
qui est le cas des électrodes polycristallines, que les mesures d'impédance ne
pouvaient pas conduire à la densité de donneurs mais reflétaient le piégeage de
charges dans les dislocations à la surface des électrodes [4].
=
K. Djernbo-Taty et al
606
De plus, l'électrode de référence est reliée au potentiostat par un électromètre
qui limite la lecture des polarisations à 10 V alors que la tension appliquée à la
contre-électrode est susceptible d'atteindre une centaine de volts selon les données
du constructeur. L'appareillage utilisé ici est identique à celui ayant servi lors des
études antérieures du comportement des électrodes polycristallines de Z n 0 pur [7].
La connaissance précise des polarisations peut être obtenue en comparant les
indications données par le potentiostat avec la tension mesurée entre I'électrode de
travail et la contre électrode.
Dans le cas d'une électrode de travail de Zn0 pur polycristallin épaisse d'un
mm, la figure 4 montre la relation reliant la tension, mesurée avec un voltmètre
entre I'électrode de travail et la contre-électrode, au potentiel de I'électrode de
travail mesur6 par rapport à l'électrode de référence et indiqué par le potentiostat.
O
2
4
6
8
1O
V potentiostat (VIECS)
Fgrit-e 4 :Variationde la tension entre I'électrode de travail et la contre-électrode,avec la polarisation
mesurée par rapport à I'électrode au caloinel saturé et indiquée par le potentiostaf. L'électrode de
travail est une pastille de Z;nO pur polycristallitt épaisse d'un tnm.
Entre O et +9,5 VIECS, les indications fournies par le potentiostat sont égales,
à 60 mV près, à la différence de potentiel entre I'électrode de travail et la contreélectrode : la différence de potentiel entre la contre-électrode' et l'électrode de
référence est constante et égale à 60 mV. Par contre, au voisinage de + 10 V E C S la
différence de potentiel entre l'électrode de travail et la contre-électrode augmente
brutalement tandis que la valeur de la polarisation fournie par le potentiostat varie
peu. Dans ces conditions, les voltamrnogrammes tel celui de la figure 3 ne décrivent
pas le comportement des électrodes, ils sont la réponse de l'appareillage. Leur
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
607
similitude provient en fait de la contraction de l'échelle des potentiels par le
potentiostat au voisinage de +10 V E C S .
Par voie de conséquence, les cœfficients de non-linéarité déterminés sur les
voltammogrammes, tel celui de la figure 3 ne procèdent pas des électrodes. De
même, la polarisation sous laquelle les spectres d'électroluminescence ont été
obtenus n'est pas voisine de 10 V. Enfin, le mécanisme proposé pour rendre compte
du comportement des électrodes polycristallines au voisinage de 10 VJECS ne tient
plus.
La figure 5 rapporte les courbes courant-tension enregistrées sous polarisation
anodique, à l'aide de multimètres et d'une simple alimentation en courant continu,
de deux élecrodes composées de pastilles épaisses de 1 mm chacune, l'une de Z n 0
polycristallin pur, l'autre de Z n 0 enrichi en ions ~ i ~ dans
+ , l'obscurité et sous
éclairement. Dans ces conditions, le domaine d'étude des électrodes ne se trouve
plus limité aux seules polarisations inférieures à 10 V. On constate effectivement
que la forte augmentation du courant anodique au voisinage de +10 VIECS,
rapportée par les voltammogrammes enregistrés avec le potentiostat, est en fait
apparente et provient de la contraction de l'échelle des abscisses par l'appareillage.
-20
O
20
40
60
80
100
Polarisation ( V )
Fgure 5: Courbes inteizsité potentiel sous polarisation anodique, dans l'obscurité (traits pleins) et
sous éclairement (pointillés),de deux électrodes constituées d'une pas fille de Zn0 polycristallitz pur
(traits gras) ou enrichi en ions ~ i au~taux
+ de 1.5 at. % (traits fins), épaissi dttn nzm en contact
avec une solution aqueuse NaCl 1 M.
Dans l'obscurité, sous polarisation anodique, les courbes intensité-potentiel de
toutes les électrodes, telles celles de la figure 5 se préseritcnt comme des
augmentations monotones non linéaires du courant avec la tension. Tout comme les
608
K. Djernbo-Taty et al.
courbes intensité-potentiel des pastilles enrichies en ions ~ i de~ la +figure 1, ces
courbes peuvent être caractérisées par un cœfficient de non linéarité a , par la
valeur du courant sous une tension donnée, et par l'inverse de leur pente à l'origine
di - 1
R'~=[=] . Par analogie et pour permettre des comparaisons avec le tableau 1, Rno
sera considéré comme la résistance en champ nul des électrodes. Le tableau II
résume les caractéristiques des différentes électrodes. Comme dans le cas des
+
1, la valeur de a croît avec la
pastilles d e Z n 0 enrichi en ions ~ i du~ tableau
polarisation et seule la valeur maximum est reportée.
TABLEAU II : Caractéristiques des électrodes de Zn0 pur (B' 1+Ba4) et de Zn0: 1,s at. % ~ i
(A' 1+A14) en contact avec une solution aqueuse 1 M NaCl sous polarisation
anodique dans l'obscurité.
~
On remarque sur le tableau II que sous une polarisation de 50 V, le courant
anodique traversant les électrodes de Z n 0 enrichi en ions Bi3+ décroît quand
l'épaisseur des pastilles augmente, tandis que dans le cas des électrodes de Z n 0 pur
la dispersion des résultats est importante. Les valeurs de a,,,. sont toutes voisines
et proches de 3. La résistance en champ nul des électrodes enrichies en ions Bi3+
augmente fortement avec leur épaisseur (un facteur 1000 quand l'épaisseur triple)
tandis que pour les électrodes de Z n 0 pur la dispersion des résultats est encore une
fois importante.
Dans le cas de Z n 0 pur, la comparaison des courbes intensité-potentiel des
électrodes au contact de l'électrolyte avec celles des pastilles homologues opérant
entre deux contacts ohmiques ainsi que la comparaison des tableaux 1 et II montre
que :
i) les courbes intensité-potentiel ne sont plus linéaires;
ii) les résistances en champ nul sont considérablement plus élevées;
iii) les courants sous 50 V sont plus faibles;
~ même
+
comparaison montre que :
et dans le cas de Z n 0 enrichi en ions ~ i cette
'
CONDUCTION DANS Zn0 POLYCRISTALLIN
609
i) les cœfficients de non linéarité des électrodes sont inférieurs;
ii) les résistances en champ nul sont plus faibles Qusqu'à 100 fois dans le cas
des pastilles les plus minces) et ne dépendent plus linéairement de l'épaisseur des
pastilles;
iii) les courants sous 50 V sont plus forts.
Le comportement des électrodes de Z n 0 pur peut être interprété comme la
conséquence de l'adjonction en série à la pastille polycristalline d'une interface
semiconducteur-électrolyte localisée sur la face avant. Sous polarisation anodique
cette interface se comporte comme un contact bloquant, les courants de fuite sont
faibles. La résistivité de Z n 0 polycristallin pur étant faible, toute la polarisation se
trouve confinée en une seule zone de charge d'espace en surface des électrodes où
l'augmentation de la polarisation induit une importante courbure des bandes de
valence et de conduction. Les polarisations n'étant plus limitées à 10 V, le champ
électrique peut devenir suffisament intense pour ioniser le milieu. En absence de
toute donnée concernant la largeur de la zone de charge d'espace, il n'est plus
nécéssaire de faire intervenir un état de surface de ZnO, et la BV semble alors la
source la plus probable des électrons. Suivant les réactions 2 et 3 les trous dans la
BV, consécutifs au départ des électrons, provoquent une décomposition de
l'électrolyte ou de l'électrode. Le mécanisme exact de conduction à l'intérieur des
pastilles reste cependant indéterminé.
+ courants
,
de fuite plus importants
Dans le cas de Z n 0 enrichi en ions ~ i ~les
et les valeurs différentes des cœfficients de non-linéarité s'accordent mal avec le
simple modèle de l'ajout en série à la succession des barrières intergranulaires,
d'une interface semiconducteur-électrolyte localisée sur la face avant des pastilles.
Toutefois, les conclusions tirées des mesures erronées effectuées avec le potentiostat
demeurent valables. Les propriétés du matériau polycristallin semblent altérées par
le contact avec l'électrolyte liquide et il existe une zone où la polarisation est forte.
Il faut envisager un mécanisme de conduction en parallèle avec la série de doubles
barrières de Schottky à l'intérieur des pastilles polycristallines. Deux possibilités
peuvent être retenues :
(i) Les pastilles sont poreuses. Leur densité est 0,8 à 0,9 fois celle de Z n 0
monocristallin [7]. L'électrolyte diffuse aux joints de grains et dépiège les charges
responsables des barrières inter-granulaires qui disparaissent. Mais, afin que toutes
les barrières disparaissent, la diffusion de l'électrolyte doit se produire jusqu'à la
face arrière des pastilles qui supporte le contact ohmique. De façon surprenante
cela ne provoque pas pour autant la mise en court circuit des électrodes puisque
sous polarisation anodique, le contact bloquant de type électrolyte-semiconducteur
subsiste à l'interface. Les propriétés des électrodes polycristallines ne seraient plus
alors dominées par les joints de grains comme c'est le cas pour le matériau sec,
610
K. Djembo-Taty et al.
mais par celles du matériau constitutif des grains. La conduction électrique se ferait
à travers les grains dans la BC de ZnO. En absence de toute donnée concernant
ND+, il est impossible de préciser si le courant correspond au passage d'électrons en
provenance d'états de surface ou de la BV vers la BC de ZnO, à l'intérieur des
grains à travers la zone de charge d'espace, ou entre les grains au niveau des joints
de grains.
-(ii) La diffusion de l'électrolyte aux joints de grains reste limitée à la surface
des électrodes. Le courant anodique est intrinsèquement lié aux dislocations en
surface des électrodes. Les états de surface de Z n 0 permettent le passage par effet
tunnel résonant, confiné à la surface des grains au niveau des joints entre les grains,
des électrons en provenance de la BV. Cette localisation du claquage permet une
injection d'électrons directement dans les joints de grains. La mobilité électronique
en surface des cristaux de Z n 0 est du même ordre de grandeur que celle de Z n 0
lui-même [19]. La conduction électrique dans les électrodes polycristallines en
contact avec un électrolyte aqueux se confine alors à la surface des grains. Les
joints de grains perpendiculaires à la surface des électrodes sont autant de chemins
préférentiels empruntés par les électrons. Les propriétés électriques des électrodes
polyc~istallinessont toujours dominées par les joints de grains, mais elles ne sont
plus liées au franchissement des barrières inter-granulaires. Elles sont celles des
matériaux constituant les joints de grains en surface des cristaux de ZnO.
Ce mécanisme de conduction parallèle par les joints de grains a été proposé
par Emtage [20] pour expliquer la conductivité des varistances aux basses
températures. Le remplissage des pièges en surface des grains de Z n 0 permet de
rendre les joints de grains longitudinaux plus conducteurs que la succession des
grains séparés par les doubles barrières. Dans le cas des électrodes polycristallines,
la conduction par les joints de grains serait rendue prépondérante en raison de la
qualité du contact des joints de grains avec l'électrolyte.
La comparaison entre les résultats obtenus avec les électrodes de Z n 0 pur et
~ à+ conforter la seconde
ceux des électrodes de Z n 0 enrichi en ions ~ i tend
hypothèse. En effet, le mouillage des joints de grains à l'intérieur des pastilles,
provoquant un dépiégeage des charges et un affaissement des barrières
intergranulaires devrait rapprocher les propriétés de toutes les électrodes qui
seraient alors voisines de celles de Z n 0 monocristallin. Une telle convergence
n'apparait pas sur le tableau II, en particulier en ce qui concerne les résistances en
champ nul.
Les voltammogrammes d'électrodes de Z n 0 monocristallin, à la surface
desquelles des dislocations ont été délibérément créés par une abrasion mécanique,
montrent un abaissement de la tension de cIaquage jusqu'à des polarisations arissi
faibles que +1 VIECS [4].Le courant correspond alors à une injection d'électrons
J Chim Phvs
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
611
directement dans la BC de Z n 0 au niveau des dislocations. La faible valeur de cette
tension de claquage, comparée aux polarisations observés partout ici, semble
indiquer que contrairement aux électrodes monocristallines la BC de Z n 0
n'intervient pas directement dans le cas des électrodes polycristallines. La
conduction électrique resterait confinée dans les joints de grains des électrodes
polycristallines.
La forte différence des constantes diélectriques de Z n 0 pur polycristallin (E 2
10) et de Z n 0 enrichi en ions ~ i (E~ '1500 dans les conditions de préparation
utilisées) [16] tend à confirmer cette deuxième hypothèse. En effet, la constante
diélectrique intervient directement à travers la relation de Schottky sur la largeur
de la zone de charge d'espace et la courbure des bandes. Un facteur 150 entre les
deux valeurs devrait conduire à des voltarnmogrammes très différents pour des
électrodes de Z n 0 pur et de Z n 0 enrichi en ions ~i~~ dans le cas de l'hypothèse (i).
Une telle différence n'apparait pas sur la figure 5 où précisément les courants
~ plus
+ importants que ceux traversant
traversant l'électrode enrichie en ~ i sont
l'électrode de Z n 0 pur.
Voltammogrammes sous éclairement des pastilles en contact avec un électrolyte
aqueux.
=
Les voltammogrammes des électrodes sous éclairement (Figure 5 , traits
pointillés) sont aussi en meilleur accord avec la seconde hypothèse (conduction par
les joints de grains). Le voltammogramme sous éclairement d'une électrode de Z n 0
polycristallin pur épaisse d'un mm montre l'apparition d'un photocourant dès -300
mV. Ce photocourant augmente avec la polarisation jusqu'à atteindre un palier de
saturation pour des polarisations Vs supérieures à quelques volts, puis reste constant
jusqu'à une cinquantaine de volts, valeur à partir de laquelle il augmente de
nouveau.
Les voltammogrammes sous éclairement des électrodes enrichies en ions ~i~~
diffèrent de ceux des électrodes de Z n 0 pur. Ils présentent une augmentation
monotone non linéaire du courant avec la polarisation, et peuvent être caractérisés
par leur pente à l'origine correspondant à la résistance en champ nul des électrodes
sous éclairement. Dans les conditions d'éclairement utilisées, cette résistance est
comprise entre 104 et 1,3 los St. Elle est plus faible que celle des mêmes électrodes
dans l'obscurité.
Les voltammogrammes sous éclairement d'électrodes de Z n 0 monocristallin
présentent une allure semblable à celui de l'électrode de Z n 0 pur polycristallin
[12,21]. On y constate l'apparition d'un phi~toccdrantpour de faibles polarisations
négatives, suivi d'un palier de saturation puis d'une nouvelle augmentation du
612
K. Djembo-Taty et al.
courant pour les polarisations les plus fortes. Ces voltammogrammes sont toujours
interprétés sur la base de l'interface semiconducteur-électrolyte. L'excitation
photochimique de Z n 0 à l'interface, par promotion d'électrons de valence dans la
BC conduit à la création de trous dans la BV :
qui, soit se recombinent avec les électrons en excès provenant de la BC, soit sont
utilisés dans les réactions de décomposition de l'électrode ou de l'électrolyte
(réactions 2 et 3). Les électrons promus dans la BC donnent alors naissance à un
courant. Lorsqu'elle se produit, la recombinaison des paires e-/h+ peut être
radiative bande à bande (luminescence à 390 nm), radiative sur les centres
autoactivés (luminescence à 600 nm) ou non radiative.
Pour les faibles polarisations négatives, la courbure naturelle des bandes du
semiconducteur au contact de l'électrolyte permet l'établissement d'un courant dont
le seuil d'apparition correspond au potentiel de bande plate du semiconducteur. Le
courant augmente avec la polarisation qui favorise les réactions de décomposition
de l'électrode (réaction 2) ou de l'électrolyte (réaction 3) au détriment de la
recombinaison des paires e-/ht. La saturation, dont la valeur dépend de
l'éclairement, correspond à l'absence de recombinaison des charges. Les trous sont
tous utilisés dans les réactions de décomposition et tous les électrons promus dans la
BC participent au courant photoinduit avec un rendement quantique égal à 1 [21].
Dans le cas de monocristaux de Z n 0 faiblement dopés et supportant de fortes
polarisations, les électrons injectés dans la BC peuvent acquérir suffisament
d'énergie et ioniser le milieu par impact des électrons de valence [12]. Il se produit
alors une multiplication des porteurs qui, sur les voltammogrammes, se traduit par
une augmentation du courant photoinduit avec la polarisation. En absence de
multiplication des porteurs la différence entre le courant photoinduit et le courant
dans l'obscurité reste constante.
La même interprétation pourrait être proposée pour les électrodes de Z n 0 pur
polycristallin. Dans le cas de l'électrode de la figure 5 , la valeur de la polarisation
Vs nécéssaire pour atteindre le palier de saturation est sensiblement plus élevée (Vs
z +4,5 VIECS) que dans le cas des électrodes monocristallines modérémment
dopées (V, +0,5 VIECS pour ND+ r 1,7 1016 cm-3 [ZI]); la multiplication des
porteurs photogénérés est faible et n'intervient qu'à partir d'une cinquantaine de
volts. Du fait du fort cœfficient d'absorption de ZnO, la formation de paires e-/h+
a lieu à la surface des électrodes monocristallines où, en raison de la courbure de la
BV, les trous restent confinés. La nécéssité d'une polarisation plus forte pour
éliminer la recombinaison des paires e-/h+ dans le cas des électrodes
polycristallines s'expliquerait alors, dans l'hypothèse (i) par une chute de potentiel à
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
613
l'intérieur même des électrodes, la polarisation en surface s'en trouvant alors
diminuée d'autant. Dans l'hypothèse (ii) la conduction a lieu à la surface des grains,
le long des joints de grains qui sont des lieux de recombinaison des paires e-/h+ 1.51;
la lumière est en fait absorbée en surface des grains de ZnO, non seulement à la
surface apparente des électrodes, mais aussi le long des joints de grains
perpendiculaires à cette surface, entre les grains où elle diffuse par reflexions
multiples. Un tel processus de diffusion de la lumière dans les joints de grains a été
rendu responsable en partie du facteur de surface voisin de 200 obtenu par des
mesures de photosensibilisation d'électrodes polycristallines de Ti02 [IO]. Des trous
peuvent alors être générés assez loin de la surface des électrodes sur le chemin des
électrons d e conduction. La recombinaison des paires e-/h+ intervient plus
fréquement pour les électrodes polycristallines que pour les électrodes
monocristallines.
,
de paires e-/hf a
Dans le cas des électrodes enrichies en ions ~ i ~la+création
à
la
surface
des
électrodes
et
le
long
des
joints
de
grains
proches de
lieu également
la surface éclairée. Ceci permet une injection directe d'électrons de conduction dans
les joints de grains et explique la faible valeur de la résistivité en champ nul du
matériau sous éclairement (entre 100 et 500 fois plus faible que celle qui a été
déterminée en utilisant le montage sec).
Aucun palier de saturation n'est observé sur les voltammogrammes des
électrodes enrichies en ions Bi3+. Ceci peut être dû à la résistivité plus grande du
matériau qui impose des polarisations plus fortes pour obtenir la migration des
électrons et indirectement favorise les recombinaisons des paires e-/h+. Par contre
la multiplication des porteurs photogénérés est importante et intervient sous des
polarisations comparativement plus basses que dans le cas des électrodes d e Z n 0
pur.
L'ensemble des résultats obtenus sous éclairement avec les électrodes enrichies
en ions Bi3+ s'accorde mieux avec la seconde hypothèse. Tous les processus absorption de lumière, génération et recombinaison des paires e-/h+, accélération et
multiplication des porteurs - se produisent à proximité de la surface des électrodes
~ joints
+ de grains
dans les joints de grains. Du fait de la localisation des ions ~ i aux
où ils permettent le piégeage d'électrons, le phénomène est plus marqué que dans le
cas des électrodes de Z n 0 pur. Dans ces conditions, la po~arisation reste
entièrement localisée à la surface des électrodes en une seule chute de potentiel dans
les joints de grains. Ceci confirme le rôle essentiel du contact électrolytesemiconducteur au niveau des joints de grains. Si, comme dans le cas où Ies pastilles
sont comprises entre deux contacts ohmiques, la polarisation se divisait en chutes de
potentiel élémentaires à l'intérieur des pastilles, la polarisation et le champ en
K. Djembo-Taty et al.
614
surface des électrodes seraient trop faibles pour permettre aux processus
d'accélération-collision d'être efficaces.
La figure 6 rapporte les spectres d'électroluminescence enregistrés avec deux
électrodes, l'une constituée d'une pastille de Z n 0 pur et l'autre d'une pastille de
Z n 0 enrichi en ions ~ i épaisses
~ + toutes deux de 1,5 mm. Les spectres ont été
enregistrés comme dans la reférence 7, en utilisant le potentiostat indiquant une
polarisation pulsée de 10 VIECS (correspondant en fait à 60 V) pendant 100 ms
suivie d'un temps de repos de 1 ms. L'alimentation en courant continu délivrant une
tension de 60 V donne le même résultat
Ces deux spectres sont la somme des deux composantes centrées l'une à 600
nm et l'autre à 730 nm. Toutes les électrodes, quelles que soient l'épaisseur et la
composition des pastilles donnent des spectres semblables. Seule l'importance
relative de ces deux composantes varie d'une électrode à l'autre. D'une façon
générale, la luminescence des électrodes constituées de pastilles contenant des ions
~ i est~ plus+ faible que celle des électrodes fabriquées avec des pastilles de Z n 0
pur.
300
400
500
600
700
800
900
1000
Longueur d'onde (nm)
Figure 6 :Spectres d'élecrrolurninescenced'électrodesde 310polycristallitt pur (trait plein) et ei~riclii
en ~ i (trait
~ pointillé)
+
en contact avec une solution aqueuse NaCl 1 M sous utte polarisatior~
anodique pulsée: +IO V/ECS:100 p. O V/ECS:1 ms.
CONDUCTION DANS Z n 0 POLYCRISTALLIN
615
Les spectres des électrodes polycristallines sont differents de celui des
électrodes monocristallines. Les deux bandes à 600 et 730 nm n'apparaissent pas
dans le spectre des électrodes monocristallines qui ne présente que'une seule bande
étroite, centrée à 380 nm, correspondant à la recombinaison bande à bande des
paires e-/h+, alors même que cette bande est absente des spectres des électrodes
polycristallines. La bande centrée autour de 600 nm provient de la recombinaison
des paires e-k+ sur des centres autoactivés intrinsèques à Z n 0 [22] et celle pointant
à 730 nm, est la conséquence d'une excitation par impact électronique d'autres
centres lumineux de Z n 0 [7].
La bande à 600 nm sur le spectre des électrodes polycristallines, de même que
la bande à 380 nm sur le spectre des électrodes monocristallines, tout comme le
dégagement d'oxygène gazeux, implique la présence de trous dans la BV. Dans le
cas de Z n 0 monocristallin ces trous résultent du passage par effet tunnel d'électrons
de la BV vers la BC [ l l ] . Dans le cas de Z n 0 polycristallin ils peuvent provenir
d'une ionisation du milieu sous l'effet du champ électrique ou d'un impact
électronique. Mais, quoi qu'il en soit, ils imposent encore l'existense d'une zone où
la polarisation est forte.
Les centres autoactivés de Z n 0 sur lesquels intervient la recombinaison des
paires e-/h+ sont constitués de lacunes d'oxygène à proximité de la surface des
grains [22]. Leur luminescence dans le spectre d'émission des électrodes
polycristallines et l'absence de cette luminescence dans celui des électrodes
monocristallines est alors à relier à la nature même des électrodes. L'émission de
lumière est un processus de plus dépendant des joints de grains.
CONCLUSION
Ce travail montre le rôle fondamental de la structure sur les propriétés des
+ . que soit le
électrodes polycristallines de Z n 0 et de Z n 0 enrichi en ions ~ i ~Quel
modèle de conductivité adopté pour décrire le comportement d'électrodes
polycristallines en contact avec un électrolyte aqueux, les joints de grains y ont une
importance prépondérante. Le matériau intergranulaire est affecté, soit
profondémment par l'électrolyte qui diffuse entre les grains sans pour autant mettre
en court-circuit les électrodes, soit plus vraisemblablement en surface des
électrodes, au contact de l'électrolyte pour permettre l'injection d'électrons dans les
joints de grains. Le caractère semiconducteur de type n de Z n 0 générant un
interface bloquant sous polarisation anodique, est apparemment préservé. De façon
surprenante, la modification des propriétes électriques du matériau polycristallin
par son contact avec l'électrolyte, semble devoir lever partiellement les réserves
formulées sur l'utilisation d'électrodes polycrystallines. Mais, en tout état de cause,
616
K . Djembo-Taty et al.
il ressort de cette étude que toute description d'électrode polycristalline à l'aide des
seuls paramètres propres au matériau granulaire est inadaptée. Enfin, si la
conduction longitudinale le long des joints de grains pouvait être confirmée, i l
faudrait en tenir compte dans les modèles proposés pour les varistances.
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