A la une / Actualité Discours de Sellal à Tizi Ouzou sur la situation économique du pays La résistance plutôt que la sortie de crise ! Le Premi er minist re Abdel malek Sellal en visite à Tizi Ouzou .© APS Alors que la situation économique du pays exige des solutions de sortie de crise, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, préfère parler de résistance : “Nous avons de quoi tenir encore trois à quatre ans.” L’Exécutif veut donc surmonter la crise économique que connaît le pays en résistant. Et c’est le Premier ministre en visite de travail dimanche à Tizi Ouzou qui le dit. “Notre pays a résisté et continue de résister très bien à la chute des prix du pétrole, et ce, contrairement à beaucoup de pays. Nous avons de quoi tenir encore trois à quatre ans grâce aux réserves de change (…) mais à condition de ne pas dépasser les 30 milliards de dollars d’importation par an.” Au début de la crise, pendant l’été 2014, le débat au sein de l’Exécutif s’était concentré sur combien de temps encore peut-on continuer à puiser dans le Fonds de régulation des recettes budgétaires (FRR). Maintenant que le solde de ce Fonds souverain est sur le point d’être épuisé, le gouvernement se retourne vers les réserves de change pour continuer ainsi à “résister” face à la crise. L’Algérie est donc dans une logique passive. Et le mieux qu’elle puisse faire, c’est d’encaisser jusqu’à… l’épuisement. Et l’épuisement, c’est dans “trois à quatre ans”. Peu importe s’il en sera ainsi, puisque c’est l’instant présent qui compte et, qu’après tout, l’Algérie n’a jamais été dans une perspective d’avenir. Surtout qu’au moment venu, seul le peuple payera le prix de l’imprévoyance de ses gouvernants. Avant la chute des prix du pétrole, la politique de gouvernance du pays était de nature exclusivement “rentière” et doublée d’une tendance particulièrement “dépensière”. La tendance était même à la limite du gaspillage. La preuve est qu’Abdelmalek Sellal, lui-même, avait mis la puce à l’oreille des jeunes bénéficiaires des crédits Ansej, en leur suggérant de se marier avec l’argent du Trésor public, plutôt que de le faire fructifier et travailler à rembourser sa dette. C’étaient quelques mois avant le début de la crise, lorsque le Premier ministre était en précampagne pour le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Ironie de l’histoire, c’est le même responsable qui n’exclut pas, aujourd’hui, le recours à l’endettement extérieur. Et maintenant que le pouvoir ne peut plus se permettre une politique “rentière” et “dépensière”, la seule preuve d’imagination dont il se montre capable est celle de tenir avec le peu qui reste de l’argent de la rente. Et les solutions de sortie de crise ? L’Exécutif ne semble pas en avoir, sinon cette formule magique d’Abdelmalek Sellal qui consiste “à faire changer les mentalités” pour accéder au développement économique… ou même carrément à l’“économie numérique” ! Si toute l’aisance financière qui a marqué les trois premiers mandats d’Abdelaziz Bouteflika n’a contribué ni à bâtir une économie ni à développer le pays ou encore à “faire changer les mentalités”, par quel tour de magie le Premier ministre prétend-il réussir un tel pari, le temps d’un discours ? Ailleurs, et les exemples sont multiples, les nations soucieuses de l’avenir de leurs populations diagnostiquent des problèmes qui risquent de survenir dans trente à quarante ans, et s’attellent à faire changer le cours des choses. Du moins à minimiser les risques. En Algérie, le Premier ministre fait plutôt dans la prophétie et “pense” que les choses commenceront à s’améliorer à partir de 2018-2019. En attendant, il se veut rassurant : “Nous avons de quoi tenir.” À défaut de savoir sur quels critères économiques, il prévoit une relance “rentière” en 2018-2019, la prophétie d’Abdelmalek Sellal a ceci de malheureux qu’elle nous annonce le chaos dans trois à quatre ans. Mehdi Mehenni