Cadre du CMEC pour l`apprentissage et le développement des

publicité
Cadre du CMEC pour l’apprentissage
et le développement des jeunes enfants
Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) / Groupe de travail du CMEC sur l’apprentissage et le développement de la petite enfance
2
Introduction
En avril 2008, le CMEC publiait L’Éducation au Canada –
Horizon 2020, une déclaration ministérielle commune qui
souligne la compétence des provinces et des territoires par
rapport aux quatre piliers de l’apprentissage à vie, soit :
•
•
•
•
Apprentissage et développement de la petite enfance
Systèmes scolaires primaires et secondaires
Enseignement postsecondaire
Apprentissage et développement des compétences
des adultes
Depuis, les ministères de l’Éducation provinciaux et
territoriaux ont travaillé ensemble par l’entremise du
CMEC sur le pilier « apprentissage et développement de la
petite enfance » de L’Éducation au Canada – Horizon 2020.
Cette collaboration entre les instances s’est faite au moyen
d’échanges d’information et de la publication, en
juin 2012, de la Déclaration du CMEC sur l’apprentissage
par le jeu (voir page 18). Cette déclaration constitue
la première étape de l’élaboration d’une démarche
pancanadienne exhaustive sur l’apprentissage des jeunes
enfants. Elle repose sur la théorie du jeu comme mode
d’apprentissage pour les enfants, démontrée dans divers
domaines d’études, et tient également compte de la volonté
de plus en plus répandue au Canada d’offrir des expériences
d’apprentissage de qualité aux jeunes enfants et à leurs
familles.
La recherche sur le développement du cerveau mentionnée
dans la Déclaration sur l’apprentissage par le jeu révèle
également d’importantes répercussions sur l’apprentissage
et le développement, de la petite enfance à l’âge adulte.
Comme les liens entre l’apprentissage et le développement
touchent des aspects sociaux, émotionnels, physiques
et cognitifs, ces domaines contribuent à faire avancer
l’éducation sous toutes ses formes, qu’il s’agisse de
méthodes d’enseignement et d’apprentissage ou de
politiques pour des milieux scolaires sains, sécuritaires et
inclusifs. Les recherches et les conclusions d’études dans le
3
domaine de l’éducation et des soins de la petite enfance
peuvent éclairer l’élaboration de politiques éducatives
pour tous les enfants, contribuant à l’uniformité et à la
cohérence entre les systèmes pour favoriser l’apprentissage
et le développement des enfants selon un continuum.
C’est donc à partir de ces recherches actuelles, dont
une bonne partie est déjà intégrée aux politiques et aux
programmes d’éducation et de soins de la petite enfance
de nombreuses instances canadiennes, que le Groupe de
travail du CMEC sur l’apprentissage et le développement
de la petite enfance a élaboré le Cadre du CMEC pour
l’apprentissage et le développement des jeunes enfants.
Ce cadre, qui s’appuie sur les objectifs provinciaux et
territoriaux ainsi que sur une approche pancanadienne
ayant trait à l’apprentissage et au développement des
jeunes enfants, propose des lignes directrices pour des
politiques éducatives et des programmes d’études afin
d’appuyer l’élaboration de programmes de qualité pour
l’apprentissage des jeunes enfants. Il énonce des éléments
qui mériteraient une analyse plus approfondie.
les programmes de maternelle intégrés au système
scolaire (dont la fréquentation est ou n’est pas
obligatoire dans toutes les instances), qui servent de
transition vers la scolarisation formelle;
•
les classes des premières années du primaire.
En tenant compte du fait que les programmes sont
souvent dirigés, gérés et offerts de façon différente
d’une instance et d’un ministère à l’autre, ce cadre vise
à présenter de quelle façon l’éducation peut favoriser
la continuité des programmes d’apprentissage et de
développement des jeunes enfants – en particulier ceux
de la maternelle et des premières années du primaire – en
se basant sur des recherches et des expériences dans le
domaine de l’éducation et des soins des jeunes enfants.
Objectif
L’objectif du Cadre du CMEC pour l’apprentissage et le
développement des jeunes enfants est le suivant :
Ce cadre est conçu pout être utilisé dans des contextes
francophones et anglophones partout au Canada.
Les provinces et territoires sont invités à utiliser ce
cadre comme point de départ pour créer leurs propres
politiques et programmes, qu’ils personnaliseront en y
intégrant leur propre terminologie.
Définir l’apprentissage des
jeunes enfants
L’apprentissage des jeunes enfants s’applique aux
programmes destinés aux enfants de la naissance à
huit ans, notamment :
•
•
les programmes destinés aux enfants qui ne sont pas
encore intégrés à une structure formelle comme une
école, une garderie ou une prématernelle, ainsi que
les programmes destinés aux enfants et à leur famille;
4
•
Présenter une vision pancanadienne de
l’apprentissage des jeunes enfants pour favoriser la
continuité entre les instances et les structures qui
offrent des programmes d’éducation et de soins
destinés aux enfants de la naissance à huit ans, y
compris du préscolaire à la scolarisation formelle.
•
Fournir une compréhension commune d’un
continuum d’apprentissage et de développement,
et de valeurs communes ayant trait aux facteurs qui
importent le plus dans les premières années d’un
enfant.
•
Servir de ressource pour éclairer la prise de décisions
et l’élaboration de politiques, d’initiatives et de
méthodes pédagogiques, par les ministères de
l’Éducation et leurs partenaires du secteur de
l’éducation et des soins des jeunes enfants, qui
améliorent la qualité et la continuité des expériences
vécues par les enfants et leurs familles dans les
premières années d’existence des enfants et les
suivantes.
5
6
Recherches sur les
premières années
Engagement du CMEC
envers des programmes de
qualité pour l’apprentissage
et le développement des jeunes
enfants
Les premières années d’un enfant sont une période
intense d’apprentissage et de développement durant
laquelle le cerveau subit d’énormes transformations
en peu de temps. Au cours de la première année,
l’architecture du cerveau prend forme à un rythme
effarant : environ 700 nouvelles connexions neuronales se
créent à la seconde. Les scientifiques savent maintenant
que ce processus n’est pas totalement prédéterminé
génétiquement, mais qu’il est plutôt grandement
influencé par les premiers contacts de l’enfant avec les
gens et son environnement1.
Pour que les expériences vécues durant la petite enfance
aient des répercussions extraordinaires et durables, il
faut offrir aux enfants des programmes de grande qualité
donnés de façon uniforme par le secteur de l’éducation
et des soins des jeunes enfants. De plus, la fusion des
programmes de ces secteurs, l’alignement des approches
pédagogiques ainsi que la création d’une compréhension
commune de l’apprentissage et du développement des
jeunes enfants auront pour effet de mieux outiller les
éducatrices et éducateurs à l’échelle du système pour offrir
des programmes favorisant la réussite des enfants.
Cette période marquante se caractérise aussi
par une croissance sans précédent des capacités
physiques, sociales, émotionnelles, cognitives et
communicationnelles. Dans ses premières années
d’existence, l’enfant développe des dispositions et des
compétences qui lui permettront d’apprendre toute sa
vie. Les processus d’apprentissage qu’il met en pratique
par le jeu et l’enquête lors de ces premières années
(le « comment ») sont à la base du développement de
capacités dont il aura besoin plus tard pour comprendre
des concepts complexes (le « quoi ») et pour appliquer
continuellement ses apprentissages à de nouveaux
contextes 2.
Les principes suivants définissent une compréhension
commune de l’apprentissage et du développement des
enfants de la naissance à huit ans. Ils reposent sur des
faits tirés de divers domaines d’études et favorisent la
continuité des méthodes et des rapports pendant toute
la petite enfance et dans tous les contextes éducatifs et
serviront de guide à l’élaboration de politiques et de
programmes d’études, et faciliteront en conséquence la
transition des enfants vers l’école.
Au-delà de la réussite scolaire, les expériences que
vit l’enfant lors de ses premières années influencent
grandement sa réussite sociale et économique, ainsi
que sa capacité de contribuer de façon constructive à
la société. Des études montrent que le fait de vivre des
expériences positives durant la petite enfance améliore
les déterminants de la santé, ce qui se traduit par une
réduction des cas de dépression et une meilleure santé
pour le reste de la vie.
Bon nombre de ces mêmes principes s’appliquent aussi
à l’éducation au-delà de la petite enfance. Entre autres
compétences essentielles au XXIe siècle, mentionnons la
créativité et l’imagination, la résolution de problèmes et
l’esprit critique, la communication et la collaboration;
ces capacités recherchées sont des éléments nécessaires
pour réussir ses études et sa vie4. La prise de conscience
personnelle et sociale, la morale et la responsabilité de
même que l’identité personnelle, culturelle et linguistique
positive sont aussi au nombre des compétences de base.
Ces mêmes capacités sont ancrées dans le jeu des enfants.
L’application des principes à la base de la pédagogie de la
petite enfance est très prometteuse pour l’éducation au-
De plus, les avantages économiques des investissements
en petite enfance sont bien documentés. M. James
Heckman, économiste et lauréat du prix Nobel, calcule
par exemple que le rendement d’un investissement public
dans des programmes destinés à des jeunes enfants s’élève
à sept dollars par dollar investi3.
1
Center on the Developing Child, Harvard University, In Brief: The Science of Early Childhood Development, Cambridge, (Ma), Center on the Developing Child, Harvard University,
2009. Sur Internet : http://developingchild.harvard.edu/.
2
Center on the Developing Child, Harvard University, Building the Brain’s “Air Traffic Control” System: How Early Experiences Shape the Development of Executive Function,
cahier de travail no 11, 2011. Sur Internet : http://www.developingchild.harvard.edu.
3
J. Heckman, « The case for investing in disadvantaged young children », Big Ideas for Children: Investing in Our Nation’s Future, Washington (DC) In First Focus, 2008, p. 49-58.
4
Michael Fullan, De mieux en mieux : Lancement de la prochaine étape du programme de l’éducation de l’Ontario, 2012.
7
1. L’enfant est au cœur de l’élaboration
des politiques et des programmes
delà de la petite enfance, car elle éclaire les politiques et
programmes d’études dans tous les piliers de l’éducation,
tant au primaire qu’au secondaire et au postsecondaire ou
à l’éducation des adultes.
L’enfant devrait toujours être au cœur des décisions
relatives aux programmes destinés aux jeunes enfants.
Le fait de comprendre la capacité d’apprendre de l’enfant
aide à l’élaboration de politiques et de programmes. Si
l’on reconnaît que les enfants sont intelligents, capables
et curieux, alors, les programmes reposeront plus souvent
sur leurs forces, leurs capacités et leurs intérêts.
« L’Accord sur l’éducation de la petite
enfance et l’apprentissage précoce reconnaît
l’importance des premières années qui
façonnent la vie à venir des enfants.
L’Accord met en lumière des principes
et pratiques qui se concentrent sur la
réussite de tous les enfants, ainsi que les
responsabilités des facultés d’éducation
en termes d’amélioration et de défense
de l’éducation préscolaire et primaire des
enfants. L’Accord reconnaît également
et respecte la prise de décisions et les
connaissances des éducateurs, comme
éléments vitaux de l’efficacité
éducative pour les jeunes apprenants. »
Les provinces et territoires décrivent les enfants comme
étant des apprenants uniques, actifs, créatifs, curieux,
explorateurs naturels, enjoués, compétents, expressifs,
informés, joyeux, capables de réflexion complexe, et très
susceptibles de contribuer à la société.
Il est important de forger une compréhension commune
des enfants et de leur façon d’apprendre, et d’utiliser
cette compréhension pour modeler les systèmes, les
politiques, les programmes d’études et les pratiques pour
assurer la continuité et la qualité dans tous les milieux
d’apprentissage des jeunes enfants et à tous les échelons
du système.
Association canadienne des doyens et
doyennes d’Éducation – Accord sur l’apprentissage
et l’éducation de la petite enfance (2012)
8
•
Comment peut-on utiliser cette compréhension
pour examiner les politiques existantes, éclairer
la formulation de nouvelles politiques et élaborer
des programmes d’études? Quelles incohérences
remarque-t-on?
•
Quelles stratégies peut-on adopter pour forger une
compréhension commune des enfants et de la
continuité de l’apprentissage et du développement
à tous les échelons du système d’éducation de la
petite enfance?
« L’enfant apprend par l’exploration,
l’interaction, l’observation, l’imitation et
l’écoute : sa pensée se structure à partir de
ce qu’il voit, entend, touche ou sent et à
partir des rapports qu’il a avec les adultes
et les enfants de son entourage. »
2. La famille est au centre
du développement de l’enfant
Les parents sont les premiers enseignants de l’enfant, et les
plus importants. Ils sont responsables de sa santé et de son
bien-être, ils favorisent le développement équilibré de son
cerveau, de son corps et de son esprit. Les parents fixent des
attentes, stimulent la curiosité et inculquent la discipline et
l’amour de l’apprentissage. Ils influencent les valeurs et les
traditions de la famille, ainsi que la personnalité, les intérêts,
les préférences et les habitudes de leur enfant. Favoriser la
participation de la famille à tous les niveaux resserre le lien
entre la famille et le développement de leur jeune enfant
et stimule l’apprentissage de l’enfant. En collaborant,
les familles et les éducatrices et éducateurs apprennent
ensemble et comprennent mieux chaque enfant et comment
favoriser son apprentissage et son développement.
Accueillir la petite enfance : le programme
éducatif des services de garde du Québec (2007)
« Choisir pour les enfants l’image d’un être
capable et plein de potentiel ne va pas sans
reconnaître que les enfants n’ont pas tous les
mêmes dons et les mêmes capacités et qu’ils
ne bénéficieront pas tous des mêmes chances
de développer leur potentiel. Cette image a
cependant l’avantage d’inciter les personnes
qui interagissent avec les jeunes enfants à
développer les qualités de ceux-ci et à tenter
de remédier aux situations qui, à l’échelle
locale, provinciale ou mondiale, tendent
à restreindre les chances qu’ont les enfants
de participer pleinement à l’apprentissage
qu’ils méritent. »
Il est impératif que les familles, y compris les familles
étendues et les personnes qui s’occupent des enfants,
reçoivent tous les services de soutien offerts dans leur
milieu pour qu’elles puissent donner un environnement
stimulant et sain à leurs enfants. Pour certaines familles qui
essaient également de gérer les facteurs de stress que sont
la pauvreté, la maladie, le déménagement et le manque de
soutien de la famille immédiate, ces réseaux et appuis sont
particulièrement importants.
Établir des rapports réciproques avec les familles et
des liens avec les programmes communautaires (p. ex.,
services de santé publique, services de garde avant et après
l’école) favorise la création de conditions optimales pour
l’apprentissage des enfants.
Colombie-Britannique – Cadre pédagogique pour
l’apprentissage des jeunes enfants (2008)
•
9
Comment les stratégies favorisant la participation
parentale dans les programmes destinés aux jeunes
enfants s’arriment-elles avec celles des écoles?
•
Qu’est-ce que le secteur de l’éducation peut
apprendre du secteur des services aux jeunes enfants
en ce qui a trait à la valorisation de la famille comme
premiers enseignants de l’enfant et à l’établissement
de rapports constructifs et réciproques?
•
Comment les stratégies de participation parentales
dans les programmes destinés aux jeunes enfants
pourraient-elles influencer et transformer celles des
écoles?
•
Quelles politiques éducatives favoriseraient
l’établissement de relations réciproques et
renforceraient les rapports entre le milieu de
l’éducation et les familles?
•
Quels règlements, lois et politiques pourraient
favoriser la continuité des programmes pour garantir
aux enfants des conditions d’apprentissage optimales
et la cohérence accrue du système pour les familles
(p. ex., accès à des services de garde de qualité avant
et après l’école, transitions en douceur entre l’école et
les services de garde avant et après l’école, intégration
harmonieuse au réseau scolaire)?
« Les travaux de recherche effectués en
Amérique du Nord sur le développement de
l’enfant montrent que pour se doter d’une
base stable qui leur permettra d’explorer
le monde, les jeunes enfants ont besoin
d’établir un rapport très solide avec les
personnes qui prennent soin d’eux. Ce
type d’attachement fort permet aux jeunes
enfants de développer la confiance dont
ils ont besoin pour établir des rapports
cohérents avec les autres enfants et les
adultes de leur entourage ainsi qu’avec
les endroits et les objets présents dans leur
communauté. »
Colombie-Britannique – Cadre pédagogique pour
l’apprentissage des jeunes enfants (2008)
« Établir une relation de confiance permet
aux parents et au personnel éducateur ou
aux RSG (responsables d’un service de
garde) de s’apprécier et de se reconnaître
les uns et les autres dans leurs compétences
respectives et de s’apporter un soutien
mutuel. »
3. Tenir compte de la diversité des
enfants et des familles est essentiel
à l’équité et à l’inclusion
La société doit reconnaître les enfants comme des
citoyens ayant des droits égaux de vivre et d’apprendre.
Leur volonté forte d’apprendre et de s’identifier à un
groupe est inextricablement liée à leur identité en
formation en tant que membres de groupes sociaux,
culturels, linguistiques, économiques et géographiques.
La langue et la culture sont d’importants éléments de
l’identité de chaque enfant, et les programmes devraient
les encourager à être fiers de leur bagage linguistique et
culturel. Il est reconnu que pour les enfants des Premières
Nations et des communautés métisses et inuites, la
réussite de l’éducation de la petite enfance est directement
liée aux premières expériences culturelles, familiales et
communautaires, et au contact avec leur langue première.
Accueillir la petite enfance : le programme
éducatif des services de garde du Québec
« Le développement holistique comprend
le développement socioaffectif, physique,
cognitif, langagier, esthétique, culturel et
identitaire de l’enfant. »
Curriculum éducatif pour la petite enfance
francophone du Nouveau-Brunswick (2008)
10
11
12
« Il est essentiel de porter une attention
particulière aux différences pour accorder
des chances égales à tous les enfants.
Nous soulignons la nécessité d’avoir un
curriculum qui tient compte des différences
et qui a la capacité de fournir l’aide
supplémentaire nécessaire pour assurer
à chaque enfant le droit à une pleine
participation. »
Il est aussi reconnu que pour les familles
franco-canadiennes et leurs enfants qui habitent à
l’extérieur du Québec, la qualité des programmes
d’apprentissage et de développement des jeunes enfants
passe par l’intégration aux programmes d’éléments
linguistiques et culturels en français.
Comme le précise la Convention relative aux droits de
l’enfant, les enfants doivent connaître des conditions qui
« garantissent leur dignité, favorisent leur autonomie
et facilitent leur participation active à la vie de la
collectivité5». Des programmes inclusifs assurent la
participation de chaque enfant et tiennent compte de
ses capacités physiques, intellectuelles, spirituelles et
créatives, et de son potentiel.
[Traduction libre]
New Brunswick Curriculum Framework for
Early Learning and Care
Reconnaître et valoriser l’identité et les capacités propres
à chaque enfant renforce sa compréhension et sa capacité
d’accepter les différences, favorise la coopération et
l’empathie et améliore son bien-être socioaffectif.
•
•
« Le développement holistique comprend
le développement socioaffectif, physique,
cognitif, langagier, esthétique, culturel et
identitaire de l’enfant. »
Quelles politiques et stratégies faut-il mettre en
place pour aider les milieux d’apprentissage des
jeunes enfants à reconnaître, à valoriser et à constater
la diversité des enfants et des familles (p. ex., en
tenant compte des diverses expériences et capacités
linguistiques et culturelles) et à en faire un atout
pour enrichir le milieu d’apprentissage?
Curriculum éducatif pour la petite enfance
francophone du Nouveau-Brunswick (2008)
De quelle façon le milieu de l’éducation peut-il
collaborer avec les milieux d’apprentissage des jeunes
enfants pour assurer la continuité des expériences,
des aides et des services pour les enfants et leurs
familles qui intègrent le réseau scolaire?
4. Des milieux sûrs, sains et stimulants
influencent l’apprentissage toute la vie,
le développement, le comportement,
la santé et le bien-être
« Nous devons tenir compte de la diversité
des circonstances familiales, des langues et
des cultures. »
Les milieux et les expériences qui tiennent compte du
développement et du mode d’apprentissage holistiques
des enfants sont essentiels à la santé et au bien-être
physique et émotionnel, aux aptitudes sociales, à
l’autorégulation et à la créativité, au développement
intellectuel et à la croissance spirituelle.
[Traduction libre]
5
UNICEF IRC, Convention relative aux droits de l’enfant, première partie, article 23, 2006. Sur Internet : http://www.gnb.ca/0000/publications/mackay/Annexeb.pdf.
13
Des milieux attrayants et harmonieux qui offrent
des expériences riches favorisent l’exploration en
profondeur, le jeu et le questionnement, de même
que le développement, l’apprentissage, la santé et le
bien-être généraux. Porter une attention particulière à
l’adoption d’un mode de vie sain dans le milieu de vie et
au quotidien influence l’adoption de saines habitudes en
ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique et la
capacité de gérer le stress.
« Des relations interpersonnelles solides,
enrichissantes, sécurisantes et positives
favorisent l’apprentissage des enfants. »
Le milieu d’apprentissage ne se limite pas à l’espace
physique. Il comprend également le caractère esthétique
des lieux (l’espace est-il agréable pour les sens?), de
l’organisation du temps, du matériel et de l’ameublement,
et de la façon dont tous ces éléments favorisent
l’indépendance, la maîtrise de soi et un sentiment de
compétence.
« Les enfants évoluent dans des milieux
sains, inclusifs et sécuritaires qui
enrichissent leur apprentissage et leur
bien-être. Ils peuvent se reconnaître
dans des milieux ouverts qui favorisent
la communication, les questions,
l’investigation et l’exploration. »
Cadre pédagogique pour l’apprentissage des jeunes
enfants : relations, environnements et expériences –
Île-du-Prince-Édouard
Les éducatrices et éducateurs qui permettent aux enfants
de participer à l’aménagement de leur milieu sont plus
conscients des particularités et des capacités des enfants,
et de ce qui suscite leur curiosité. En contribuant ainsi
à façonner leur milieu, les enfants s’y reconnaissent
davantage et y retrouvent leurs familles; ils sont donc
plus enclins à découvrir le monde qui les entoure et
à s’y intéresser. Ils ont également plus d’occasions de
collaborer, de négocier et de comprendre de multiples
perspectives.
•
Jouer et explorer : guide du programme
d’apprentissage pour la petite enfance – Saskatchewan
« Le milieu naturel est également
l’emplacement idéal pour un apprentissage
holistique. »
Comment les éducatrices et éducateurs
peuvent-ils faire en sorte que les salles de classe et
les aires de jeu extérieures soient des milieux qui
enrichissent l’apprentissage holistique et invitent
les enfants à participer à l’organisation de leur
apprentissage?
•
Quelles sont les implications de l’engagement
ci-dessus sur les politiques, lois et règlements en
matière d’éducation?
•
Les politiques, lois et règlements actuels posent-ils
des obstacles pour les milieux d’apprentissage?
Colombie-Britannique – Cadre pédagogique pour
l’apprentissage des jeunes enfants
14
5. L’apprentissage par le jeu mise sur
la curiosité et l’exubérance naturelles
des enfants
conscience personnelle et sociale, la communication,
la résolution de problèmes et l’identité personnelle
ou culturelle positive?
Un enfant qui joue est un enfant qui s’amuse. Pour un
enfant, le jeu est la façon naturelle de se familiariser avec
son environnement. Un enfant qui joue est donc un
enfant qui apprend. Les émotions positives associées au
jeu sont aussi importantes que les compétences à acquérir
et prédisposent l’enfant au plaisir d’apprendre. Par le jeu,
l’enfant se familiarise avec la société et la culture, exprime
ses idées et ses sentiments, défend ses points de vue et
apprend à respecter l’opinion des autres et à y réagir. Il
s’exerce à la souplesse et à la divergence de raisonnement,
découvre et résout des problèmes, et développe des
techniques d’autorégulation. Le jeu est représentatif
pour l’enfant et sert de fondement à l’acquisition de
compétences linguistiques et mathématiques.
« Le fait de donner aux enfants des
occasions de choisir leurs expériences et
de diriger leur jeu leur permet de prendre
en main leur propre apprentissage. »
Des résultats précoces : Cadre d’élaboration d’un
curriculum des programmes d’apprentissage et
de garde des jeunes enfants du Manitoba pour les
services de garde préscolaires et les prématernelles
« Le jeu est un moyen d’apprentissage chez
les jeunes enfants qui met à profit leur
curiosité et leur exubérance naturelles.
Le jeu est une activité centrée sur l’enfant
qui le motive et promeut son apprentissage.
Les idées et les compétences prennent tout
leur sens; les outils d’apprentissage sont mis
en pratique et les concepts sont compris. »
En explorant avec ses sens, son corps et son esprit, en
posant des questions et en approfondissant ses idées, et
en élaborant et en vérifiant des théories sur le monde
qui l’entoure, l’enfant développe son esprit critique
et son raisonnement, sa créativité et son imagination.
Ces compétences sont essentielles pour assurer sa
réussite scolaire dans toutes les matières, de la science
aux domaines artistiques. Il revient aux éducatrices et
aux éducateurs qui travaillent avec les jeunes enfants
d’observer et de documenter les apprentissages de l’enfant
par le jeu, ainsi que de faciliter et de provoquer son
apprentissage.
•
L’apprentissage des jeunes enfants à la portée de
tous dès aujourd’hui : Un cadre d’apprentissage
pour les milieux de la petite enfance de l’Ontario
De quelle façon les éducatrices et éducateurs
peuvent-il incorporer aux politiques et aux
programmes d’études des méthodes de la pédagogie
de la petite enfance, comme le jeu et l’enquête, qui
sont basées sur les questions, les idées et les théories
de l’apprenante ou de l’apprenant par rapport au
monde qui l’entoure, méthodes qui serviraient
de fondement à l’acquisition de compétences
linguistiques et mathématiques, de compétences
comme l’esprit critique, la créativité, la prise de
15
6. Les éducatrices et éducateurs, ou la
famille élargie en tant qu’éducatrices ou
éducateurs, sont des appuis essentiels
à l’apprentissage et au développement
grâce aux rapports attentionnés et
bienveillants qu’ils entretiennent.
Il est essentiel de pouvoir compter sur des éducatrices et
des éducateurs compétents, attentionnés et bienveillants.
Ces personnes reconnaissent qu’il est primordial de créer
des milieux et de proposer des expériences qui tiennent
compte des capacités, des besoins et des caractéristiques
de l’enfant, de sa famille et de sa communauté, afin
de stimuler son apprentissage et son développement.
Elles participent avec l’enfant en tant que coapprenant,
provoquent la réflexion de l’enfant, facilitent les
interactions entre les enfants et créent des programmes
pertinents.
Les éducatrices et éducateurs adoptent une approche
chaleureuse et positive pour aider les enfants à exprimer
leurs émotions et leur empathie. Ils prennent le temps
d’attendre, d’observer, d’écouter, et savent à quel moment
se retirer pour observer ou entrer dans le jeu de l’enfant
pour stimuler son apprentissage.
Les éducatrices et éducateurs jouent de nombreux
rôles : ils font des recherches, observent, documentent
et interprètent l’apprentissage et le développement de
l’enfant; ils guident et négocient; ils sont des partenaires
et des médiateurs; ils créent des milieux stimulants; ils
participent à la création de connaissances; ils encouragent
la diversité, les relations sociales et la participation de
l’enfant. Par la pratique réflexive, les éducatrices et
éducateurs s’engagent à développer leur conscience en soi,
à prendre part constamment à de nouvelles expériences
d’apprentissage, tant individuellement qu’avec des
collègues, et à offrir continuellement des expériences de
grande qualité aux enfants.
Les éducatrices et éducateurs reconnaissent que les
enfants n’ont pas tous les mêmes capacités physiques,
émotionnelles, sociales et intellectuelles. En travaillant
étroitement avec les familles, ils sont plus conscients de
la situation de chaque enfant, et les familles apprennent à
ce contact des façons de promouvoir l’apprentissage et le
développement des jeunes enfants.
16
« La plupart des adultes qui travaillent
avec de jeunes enfants ont passé leur petite
enfance dans des milieux où les adultes se
chargeaient de diriger la majorité de ce
qui se passait dans la classe. […] Quand
les éducateurs voient les enfants comme des
participants actifs, capables de collaborer
à la prise de décision dans le contexte de
l’apprentissage, la voix des enfants s’intègre
dans la discussion sur l’orientation de
l’apprentissage. […] Ensemble, les adultes
et les enfants construisent un espace
favorable à l’apprentissage. Ensemble, ils
s’appuient sur les intérêts des enfants et
sur les connaissances et les ressources des
éducateurs. Dans ce type de collaboration,
autant les adultes que les enfants ressentent
de la satisfaction d’avoir trouvé une place
pour leurs idées et leurs forces. »
assurer la continuité. Cet élément devrait être intégré à
tous les programmes de formation postsecondaires en
enseignement et en éducation de la petite enfance.
•
De quelle façon les politiques éducatives
peuvent-elles favoriser l’adoption d’approches
efficaces en pédagogie de la petite enfance – comme
le jeu et l’apprentissage par l’enquête; l’éducatrice
ou l’éducateur en tant que coapprenant; l’espace
intérieur et extérieur comme « enseignant »; les
pratiques réflexives et la découverte – dans les classes
du primaire?
Considérations futures
Ce cadre devrait aider les provinces et territoires
à amorcer l’élaboration ou la révision de leurs
propres politiques et programmes d’études relatifs
à l’apprentissage et au développement des jeunes
enfants. Les 13 provinces et territoires ont chacun
leurs propres structures de gouvernance par rapport à
l’apprentissage et au développement des jeunes enfants.
Dans tous les cas, le Groupe de travail du CMEC sur
l’apprentissage et le développement de la petite enfance
a constaté une relation solide et positive entre les
professionnelles et professionnels de l’apprentissage et du
développement des jeunes enfants et les professionnelles
et professionnels des services d’aide à la famille qui
travaillent dans les secteurs des services sociaux, de
l’éducation et de la santé.
Jouer et explorer : guide du programme d’apprentissage
pour la petite enfance – Saskatchewan
Les familles étendues des Premières Nations, métisses
et inuites sont reconnues comme des « éducateurs »
importants pour l’apprentissage et le développement
des jeunes enfants. Le Cadre pour l’apprentissage et le
développement des jeunes enfants fait ressortir le besoin de
créer des ressources d’aide à la création de politiques, de
programmes et de projets de recherche portant sur les
traditions culturelles, linguistiques et orales propres aux
enfants et aux familles des Premières Nations, métisses et
inuites.
Les principes de ce cadre sont énoncés de façon générale
pour tenir compte des situations et des caractéristiques
propres à chaque instance. En tant que document
évolutif, ce cadre se transformera en fonction des
nouvelles études et des nouvelles connaissances sur
l’apprentissage et le développement des enfants qui
émergeront.
Afin d’améliorer la qualité et l’intégration de
l’éducation dans les programmes préscolaires et du
primaire, il est essentiel que tous les éducateurs et
éducatrices comprennent les notions d’apprentissage
et de développement et qu’ils soient en mesure d’en
17
Déclaration du CMEC sur
l’apprentissage par le jeu
Lors de la récente Conférence mondiale sur l’éducation
et la protection de la petite enfance, les organisatrices
et organisateurs, les conférencières et conférenciers, les
scientifiques, les spécialistes et les personnalités politiques
ont souligné l’importance de l’apprentissage des jeunes
enfants1. Le CMEC est du même avis et croit qu’un
apprentissage réfléchi et ludique chez les jeunes enfants
jette les jalons de leur apprentissage, de leur santé et de
leur bien-être futurs.
sont pour eux inextricablement liés. Lorsque les enfants
jouent, ils découvrent, créent, improvisent et apprennent.
Percevoir les enfants comme des participants actifs
à leur développement et à leur apprentissage permet
aux éducatrices et éducateurs d’aller au-delà des idées
préconçues sur ce que les enfants doivent apprendre et de
se concentrer sur ce qu’ils apprennent vraiment.
Les enfants et leurs parents
apprécient l’apprentissage par le jeu.
La science appuie
l’apprentissage par le jeu.
Les enfants aiment apprendre par le jeu. C’est leur
réponse naturelle à ce qui les entoure. Lorsque les enfants
manipulent des objets, incarnent un rôle ou font des
expériences avec divers matériaux, ils apprennent de
façon ludique. Par le jeu, ils bâtissent, mettent à l’épreuve
et élargissent activement leur compréhension des choses
en créant des liens avec des expériences vécues et
s’ouvrent ainsi à la nouveauté. L’apprentissage par le jeu
intentionnel donne l’occasion aux enfants d’examiner,
de poser des questions, de résoudre des problèmes et de
recourir à la pensée critique. Le jeu s’adapte au style
d’apprentissage unique de chaque enfant et met l’accent
sur leur curiosité et leur créativité innées. L’apprentissage
par le jeu favorise l’enrichissement linguistique et culturel
des enfants et de leur famille.
La communauté scientifique reconnaît les bienfaits
du jeu. Il est prouvé que l’exploration, la réflexion, la
résolution de problèmes et la communication verbale
présentes dans le jeu influencent le développement
cérébral des enfants.
Des recherches ont également démontré que
l’apprentissage par le jeu favorise la réussite sociale,
émotionnelle et scolaire. Les ministres de l’Éducation
appuient donc une pédagogie durable pour l’avenir qui,
plutôt que de séparer l’apprentissage du jeu, les unit afin
d’encourager la créativité des futures générations. En
fait, le jeu occupe une place tellement importante dans
le développement sain de l’enfant que l’Organisation des
Nations Unies en a fait un des droits de l’enfant2.
Un enfant qui joue
est un enfant qui apprend.
Les spécialistes appuient
l’apprentissage par le jeu.
À la lumière de ces faits, le CMEC croit à la valeur et
à l’importance intrinsèques du jeu et de son lien avec
l’apprentissage. Les éducatrices et éducateurs doivent
planifier et mettre en place des occasions d’apprentissage
stimulantes et dynamiques basées sur le jeu.
L’enseignement intentionnel est l’opposé du « par cœur »
et du maintien des traditions simplement parce qu’il en a
toujours été ainsi. Pour offrir ce type d’enseignement, les
éducatrices et éducateurs doivent intentionnellement et
consciemment créer un milieu d’apprentissage par le jeu,
parce qu’un enfant qui joue est un enfant qui apprend.
Les spécialistes de l’enfance appuient l’apprentissage
par le jeu. Selon Lev Vygotsky, le jeu est la principale
source de développement des enfants, que ce soit sur le
plan affectif, social, physique, langagier ou cognitif. Le
psychologue David Elkind écrit d’ailleurs que le jeu n’est
pas seulement une source de créativité, mais qu’il est
aussi un mode d’apprentissage fondamental3. Ces
spécialistes reconnaissent que le jeu et le travail scolaire
ne constituent pas deux catégories distinctes pour les
jeunes enfants; la création, l’action et l’apprentissage
18
Ce qu’en pensent les spécialistes :
Le jeu prend son essence dans l’innovation et la
créativité. Il offre des occasions d’apprendre dans un
contexte où l’enfant est le plus réceptif possible. Le jeu
et le travail scolaire ne constituent pas des catégories
distinctes pour les enfants; de même, l’apprentissage
et l’action sont pour eux inextricablement liés.
(Programme d’apprentissage à temps plein de la
maternelle et du jardin d’enfants, Ontario, 2010)
Les jeux permettent à l’enfant de mettre en scène et
de transformer le monde qui l’entoure, laissant ainsi
entrevoir ses pensées et ses perceptions aux autres
enfants et aux adultes, ce qui permet souvent à ces
derniers de voir le monde sous un autre angle.
(Cadre pédagogique pour l’apprentissage des jeunes
enfants, Colombie-Britannique, 2008)
Le jeu accroît l’intelligence, stimule l’imagination,
encourage la résolution de problèmes créative et aide
au développement de la confiance, de l’estime de soi et
d’une attitude positive face à l’apprentissage.
(Dr Fraser Mustard)
1
CMEC, Rapport de la délégation du Canada, Conférence mondiale sur l’éducation et
la protection de la petite enfance, Moscou, Fédération de Russie, du 27 au
29 septembre 2010.
2
ONU, Fact Sheet: A Summary of the Rights Under the Convention on the Rights
of the Child, article 31, http://www.unicef.org/french/crc/files/Rights_overview.pdf
(consulté le 11 février 2010).
3
E. Wood, Developing a pedagogy of play. Tiré de J. Cullen, éd., Early childhood
education: Society and culture, Londres, Sage publications, 2004.
19
Téléchargement