14 com.in août 2004 |L’AFFICHAGE ÉLECTRONIQUE
DOSSIER
Le «Indoor»: un nouveau support media à prendre au sérieux
Et si les écrans détrônaient
le papier?
Attendre. Faire la queue. Patienter.
A la caisse du supermarché, au gui-
chet de la poste, sur un quai de gare,
à la pompe à essence de la station
service, dans le hall d'une adminis-
tration. Notre vie trépidante est
pleine de ces petits temps morts, de
ces temps d'inactivité forcée pen-
dant lesquels notre esprit flotte,
disponible, prêt à se laisser capter
par la moindre distraction. Par
exemple, un écran de TV!
Profiter de ces pauses forcées, c'est
le but de la publicité dite «indoors».
Là, pas question de zapper. L'au-
ditoire est captif à l'image de
l'automobiliste qui remplit son
réservoir d'essence: il est prison-
nier du pistolet! En plus, les études
ont montré que les gens sont plu-
tôt bien disposés à recevoir des
messages publicitaires dans ce
genre de situations. Une tolérance
qui facilite la mémorisation des
messages. Les enquêtes ont égale-
ment révélé que la publicité indoors
a un impact supérieur à l'affichage
simple.
C'est évidemment aux Etats-Unis
que la publicité indoors a vu le jour,
il y a quelques années. Le concept
commence maintenant à se déve-
lopper en Europe et quelques
réseaux existent déjà en Suisse
(voir encadrés). Ils sont gérés par
des précurseurs en la matière, tels
IP Multimedia qui a constitué une
unité commerciale (ad-screen) spé-
cialisée dans le indoors, ou encore
la société e-advertising qui fait par-
tie du groupe Affichage Holding et
qui est chargée de l'introduction
et de la distribution de nouveaux
supports publicitaires électroni-
ques dans la pub extérieure. D'au-
tres régies se destinent d'emblée
à la publicité indoors, telle Neo
Advertising créée en 2003 à Genève.
Quant à Publigroupe, il vient de
racheter Cinecom, une manière
pour lui de mettre le pied dans ce
secteur novateur.
Un secteur qui, de l'avis des spé-
cialistes, présente un fort poten-
tiel. «A l'avenir, les réseaux vont
faire florès, estime Raoul Gerber,
directeur d'IP Multimedia pour la
Suisse romande et membre de la
direction d'IP Suisse. Grâce à la
publicité indoors, les annonceurs
auront accès à des lieux privilé-
giés avec un taux de réceptivité
élevé». Une telle opportunité ne
va pas manquer d'intéresser par-
ticulièrement ceux qui sont limi-
tés par des contraintes légales,
par exemple les fabricants de ciga-
rettes ou d'alcool. En effet, les
écrans étant installés dans des
lieux considérés comme privés,
les restrictions ne sont pas les
mêmes que pour le domaine pu-
blic.
Mettre en place un réseau indoors
représente un investissement tech-
nique et logistique important. «Il
faut des opérateurs prêts à prendre
le risque d'un tel investissement»
relève Christian Vaglio-Giors, direc-
teur de Neo Advertising, qui vise le
créneau des centres commerciaux.
Depuis un an environ, les prix des
écrans ont baissé de moitié, d'où
une rentabilité de l'investissement
beaucoup plus facile.
En général, l'opérateur qui est
propriétaire du réseau, conclut un
partenariat avec une régie publi-
citaire. C'est elle qui prend en
charge l'exploitation tant technique
que commerciale. Elle reçoit les
annonces sous diverses formes
(DVD, cassette Beta, fichier infor-
matique) et crée une play-list qui
représente un programme en bou-
cle de 3 à 5 minutes, selon les
emplacements. Cette play-list est
modifiable en tout temps, de même
que le contenu des annonces. Par
exemple, si la Une du quotidien
Le Matin peut s'afficher le matin
dès 6h sur le eBoard de la gare
de Cornavin, c'est parce que la
veille au soir, les données de cette
page ont été directement transmi-
ses par l'éditeur, sur le serveur
Web, au système de traitement des
données vidéo, puis portées sur la
playlist.
Le contenu est en principe trans-
mis par un réseau informatique, ce
qui permet un pilotage ciblé, à
l'image de la poste qui a pu ainsi
développer avec succès des fenê-
tres publicitaires locales. «Les PME
en particulier réalisent que Canal-
Poste est une solution souvent plus
avantageuse que les annonces, pro-
spectus et autres publipostages à
grande échelle», remarque Andreas