Glossaire des termes employés

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Le défi du fondamentalisme
au coeur des trois religions abrahamiques
PROF CLAUDIO MONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
SP. - AA. 2013-2014
Lexique des termes principaux employés
AMORAÏM : érudits de la Torah orale, succèdent à la période de clôture de la Mishna et
développent à Jérusalem et à Babylone, entres le III et le Ve siècle de l’è.c.., les enseignements
des Tannaïm, d’où leur nom araméen de « ceux qui disent » ou « ceux qui développent ».
Compilés dans la Guémara, leurs débats forment avec la Mishna le corpus du Talmud. Leur
travail donnera naissance au Talmud babylonien et plus tard en Israël au Talmud palestinien,
plus court.
APOCRYPHES : écrits religieux d’origine juive ou chrétienne, proche des récits des Evangiles et
fourmillant souvent de détails dont l’authenticité douteuse n’a pas été confirmée. Ils n’ont pas
été retenus dans le Canon des Ecritures. CANON DES ECRITURES : ensemble des livres saints considérés écrits sous l'inspiration de
l’Esprit Saint et reconnus par l’Église comme constitutif de la Révélation.
CACHER (en hébreu signifie : convenable, adéquat, apte à une certaine utilisation). Il apparaît
dans toute la littérature rabbinique pour désigner des objets/éléments conformes à la loi. Les
aliments cacher sont ceux qui obéissent aux commandements du rituel juif et sont conformes
aux prescriptions de la Torah.
CATHOLICISME INTÉGRAL : entend être une alternative au libéralisme et au socialisme en
apportant ses propres réponses aux besoins de la société contemporaine, sans transiger avec la
doctrine et les « erreurs [du] temps » que relève le Syllabus de Pie IX en 1864. CATHOLICISME LIBÉRAL : transige davantage avec la société moderne et marque sa sympathie
pour la libre recherche intellectuelle, la démocratie politique et sociale.
DENZINGER : c’est le nom le plus commun de l’Enchiridion (1854), collection de textes
doctrinaux officiels de l’église catholique qui a une réputation universelle, et qui a fait l’objet
de très nombreuses rééditions, jusqu’à nous jours. Son premier auteur, Heinrich Joseph
Dominicus Denzinger (1819­1883) était l’un des principaux théologiens catholiques allemands
du XIXe siècle.
DOCTRINE : c’est un enseignement. Dans le domaine de la foi, la doctrine est l’ensemble des
affirmations ou explications qui constitue le contenu de cette foi.
DOGME ( du grec dokeo : je pense, je crois) : Vérité de foi contenue dans la Révélation et
proposée par le Magistère extraordinaire de l’Église à l’adhésion des catholiques.
FONDAMENTALISME : désigne la position de ceux qui croient en l’existence éternelle d’une
vérité universelle et qui croient qu’ils la détiennent en vertu d’une révélation. Cette définition,
encore très imprécise, dans la mesure où elle ne comporte aucun déterminant historique ou
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politique autre que celui de la prophétie, s’applique adéquatement aussi bien à l’Islam qu’au
judaïsme et au christianisme. Cette définition s’heurte cependant de front la notion de
révélation qui s’est dégagée dans la modernité, où elle se trouve toujours assujettie au
processus historique de l’interprétation.
HALAKHA : (‫ « הלכה‬VOIE ») regroupe l’ensemble des prescriptions, coutumes et traditions
collectivement dénommées « Loi juive ». Essentiellement fondée sur la Bible hébraïque et,
dans le judaïsme rabbinique, sur le Talmud, la Halakha guide la vie rituelle ou les croyances
de ceux qui la suivent et les nombreux aspects de leur vie quotidienne. Basée sur les acquis
des générations précédentes et les discussions et débats portant sur les problèmes de la
génération présente, elle connaît de nombreuses variantes entre les diverses communautés et
factions juives. Elle est, jusqu’à l’ère moderne, le pilier et ciment de nombreuses communautés
juives, qui sont régies par ses règles civiles et religieuses. Avec l’avènement de la Haskala et
de l'émancipation des juifs, ceux­ci se retrouvent citoyens de pays pratiquant la « séparation
de l'Église et de l'État », et elle devient pour beaucoup « facultative ».
HASKALA (‫ )השכלה‬ est un mouvement de pensée juif du XVIIe et XIXe siècle fortement
influencé par les Lumières. Les promoteurs de la Haskala sont appelés maskilim. Il se traduit
essentiellement par une volonté d'intégration totale des communautés juives ashkénazes dans
les sociétés européennes, minimisant leur particularisme culturel et formant une nation
homogène avec les peuples indo­européens.
HASSIDISME ( « piété » ou « intégrité »): est un mouvement de renouveau religieux, fondé au
XVIIIe s. en Europe de l'Est. Par rapport aux autres haredim, les hassidim insistent
particulièrement sur la communion joyeuse avec Dieu, en particulier par le chant et la danse.
Autre spécificité, le rebbe dirigeant une communauté hassidique accède à son poste par voie
héréditaire. Les hassidim sont portés vers la mystique fondée sur l'exaltation des émotions
religieuses.
HÉRESIE (du grec airesis : choix ou objet choisi) : c’est la négation ou le refus délibéré d’une
proposition de la foi catholique définie par l'Église comme vérité révélée.
HERMÉNEUTIQUE : science qui définit les principes et les méthodes de l’interprétation des
textes. Cette science a pour fonction de mettre à jour les différents points de vue et d’analyser
tout ce qui peut les influencer et les expliquer.
HISTORICISME : doctrine philosophique qui affirme que les connaissances, les courants de
pensée ou les valeurs d’une société sont liées à une situation historique contextuelle.
KABBALE (« tradition »): ensemble des commentaires mystiques et ésotériques juifs des textes
bibliques et de leur tradition orale. La doctrine de la kabbale part de l'idée que Dieu ne saurait
être reconnu que dans la perspective de la Création. Dieu, l'Être infini, est inaccessible dans
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son essence. Les deux moyens de réalisation de la recherche mystique sont la Torah et la
langue hébraïque avec les lettres qui la composent. Né au Moyen Âge, simultanément en
Provence, dans le Languedoc et en Espagne, le courant kabbaliste trouva à s'exprimer, au
XIIIe s., dans le Zohar (Livre de la splendeur), document littéraire fondamental. Il s'élargit et
se répandit autour du bassin méditerranéen du XVe au XVIIe s. Son représentant le plus
significatif fut Isaac Luria (1534­1572), dont l'enseignement, fondé sur la contemplation et
centré sur une perspective messianique, exerça une influence déterminante dans la vie
religieuse juive. À partir du XVIIIe s., la kabbale trouva une inspiration nouvelle avec le
hassidisme.
KAIROS (terme grec qui signifie: «temps favorable»). Contrairement à «chronos» qui désigne le
temps matériel de l’existence humaine, kairos correspond à une autre approche plus
spirituelle, intérieure, du temps. Dans la Bible le «temps favorable» joue un rôle déterminant.
C’est le temps de Dieu par excellence. Le mot kairos est utilisé pour désigner l’action
salvifique, c'est­à­dire l’intervention décisive de Dieu par l’Incarnation Rédemptrice et la
Parousie finale.
KARAÏSME : est un courant du judaïsme médiéval scripturaliste, car fondé sur la seule Bible
hébraique et le refus de la Loi/ tradition orale héritée. INTÉGRISME : position de ceux qui dans l’exercice de la vie religieuse attachent une
importance absolue au respect de l’intégrité de la doctrine et de la loi qui en découle. MIDRASH : est une méthode d’exégèse du texte biblique, qui use de paraboles, d'allégories, de
métaphores, de jeux de mots à base de glissements phoniques (y compris entre hébreu,
araméen, grec, voire latin), sémantiques, allusifs, et qui finit par produire des textes fort
éloignés du texte biblique commenté. Le Midrash a recours beaucoup plus au domaine de la
Aggada (domaine narratif) que de la Halakha (domaine légal). Ce qui fait que son style est
parfois qualifié « d’improvisation poétique ». Il existe divers recueils de Midrashim. Le plus
important est le Midrash Rabbah (de Rabba qui signifie Commentaire), qui compte un grand
nombre de volumes. Le Midrash Rabbah rassemble une collection d'écrits périphériques au
Talmud.
MILLÉNARISME : soutient l’idée d’un règne terrestre du Messie, après que celui­ci aura chassé
l’Antéchrist et préalablement au Jugement dernier. Cette pensée est présente dans certains
courants du judaïsme, dans l’Apocalypse de Jean, dans les écrits des Pères apostoliques et
dans l’islam sunnite et chiite. Depuis la fin du XIX e siècle on assiste à une résurgence du
millénarisme à travers plusieurs communautés religieuses comme, par exemple, les Témoins
de Jéhovah, l’Eglise de Jésus­Christ des saints des derniers jours (les mormons)... Par
extension de sens, des traditions similaires présentes dans d’autres religions, prophétisant le
retour ou la venue d’une divinité instaurant un règne souvent précédé de phénomènes
extraordinaires ou de calamités, sont parfois également appelées millénarisme.
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MISHNA : ensemble de textes correspondant à une compilation de la tradition orale juive. On
la trouve dans le Talmud où elle est associée à la Gémârâ qui est le commentaire de la
Mishna.
MISSEL (du latin missa = messe) : livre regroupant les textes des lectures et prières
constituant la liturgie de la messe pour tous les jours de l'année. Aujourd'hui, les missels les
plus répandus sont les missels des dimanches. Il en existe d’autres pour les jours de semaine.
ORTHODOXE (du grec orthos, droit ; et doxo, opinion) : ce qui est conforme au Dogme. Titre
revendiqué par les Eglises orientales qui ont accepté les décisions du concile de Chalcédoine
(451) qui définit théologiquement la double nature divine et humaine de Jésus­Christ : vrai
Dieu et vrai homme.
PAROUSIE (du grec parousia = présence, arrivée) : ce mot désignait dans le monde
gréco­romain la visite officielle d'un prince. Les premiers écrits chrétiens emploient ce mot
pour désigner la venue du Christ parmi les hommes, inaugurant les temps messianiques et
l'avènement glorieux à la fin des temps.
PIÉTISME : à l’origine, il s’agissait d'un groupe de fidèles protestants luthériens qui
organisaient des groupes de prière autour de leur pasteur ; le fait nouveau et important est
que chacun pouvait y prendre la parole. Le piétisme est un mouvement mystique de retrait du
monde, qui tente de fuir les malheurs de la civilisation pour se diriger vers une foi réfléchie,
intellectuellement démontrée. La version française de ce mouvement est le quiétisme. La
question de la piété individuelle s'est posée à peu près dans toutes les religions. Toutefois, elle
se pose de manière spécifique dans le monothéisme. À côté du piétisme luthérien : chez
les catholiques, on trouve des mouvements voisins tels le quiétisme ou le jansénisme ; chez
les juifs, il existait un piétisme rhénan médiéval, organisé autour du Sefer Hassidim (livre des
dévots).
PROTESTANTS : sont des chrétiens ayant constitué, à la séparation occasionnée par Luther au
XVIème siècle, une communauté ecclésiale autonome ayant ses propres structures et se
différencient de l’Église catholique sur plusieurs points de doctrine (conception de l’Église et
des sacrements, place de Marie). Les protestants sont engagés avec les autres églises
chrétiennes dans un grand mouvement œcuménique tendant vers l’unité.
REVIVALISME : caractéristique qui définit, au début, l’évangélisme avec la prétention à
l'orthodoxie. Le revivalisme (terme construit sur revival = « renouveau ») englobe les
conceptions sur l'importance de la conversion individuelle en tant qu’appropriation
personnelle du salut.
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SCHISME (du grec : skhismos, action de fendre, de déchirer) : rupture d’un groupe en désaccord
avec l'autorité spirituelle d'une Eglise. Un schisme ne correspond pas nécessairement à
une hérésie, c’est­à­dire à une déviation sur un point de doctrine, mais c'est souvent, une
controverse doctrinale qui se trouve à son origine.
Le « Sanhédrin » : conseil suprême des Juifs, avec 71 membres, incluant le Grand prêtre
présidant en fonction. Composé par "les prêtres" des Sadducéens, "les scribes", des Pharisiens
et "les aînés" des familles riches.
SYLLABUS : est une liste de 80 propositions condamnées par l’Église en 1864. Pie IX y
condamne explicitement le rationalisme, la liberté d’opinion, la liberté de culte et la séparation
de l’Église et de l’État, idée, cette dernière, considérée funeste et pernicieuse. SYNCRÉTISME : système philosophique ou religieux qui tend à faire fusionner différentes
doctrines en une seule, le plus souvent dans le désir de parvenir à unifier toutes les religions
qui adorent Dieu. L’œcuménisme se situe à un tout autre plan ; il vise à l’unité de foi des
Eglises chrétiennes ­ lesquelles ont historiquement un point de départ unique ­ tout en
respectant leur diversité et leur complémentarité.
TALMUD (de l’hébreu moderne, enseignement) : recueil de droit civil et religieux juif,
comportant des commentaires sur la loi mosaïque et reflétant l’enseignement des grandes
écoles rabbiniques des premiers siècles de notre ère. Le Talmud est composé d'une codification
des lois, appelée la «Mishna», et d'un commentaire de la Mishna, appelée la Gemârâ. Il existe
deux versions du Talmud: le Talmud de Palestine ou Talmud de Jérusalem, et le Talmud de
Babylone. Les deux versions ont la même Mishna.
Les TANNAÏM (lét. « répétiteur ») sont, au sens large, les enseignants ou sages dont les opinions
sont rapportées dans la Mishna et, au sens restreint, ceux qui l'ont codifiée. Précurseurs des
Amoraïm, ces rabbins sont les garants d’une tradition sur lesquelles s’appuient leurs
successeurs. Dans le judaïsme, l’aspect de répétition garantit la valeur de l’opinion. Ce titre de
« répétiteurs » est en ce sens la marque d’une grande modestie, puisqu’ils sont en réalité des «
normateurs », innovant en matière de conduite à tenir (halakha) et d’interprétation pour les
générations à venir, comparant diverses opinions, choisissant celle qui serait à la fois la plus
viable et la plus fidèle aux enseignements de la Loi écrite. On estime à environ 120 le nombre des Tannaïm. D’abord localisés à Jérusalem, ils s’installent
à Yavné après la destruction du Second Temple et y clôturent la période mishnaïque (en gros,
le canon des écritures juives).
TORAH (de l’hébreu torah « loi, doctrine, enseignement ») : pour le Judaïsme la Torah est le
pilier de la foi juive parce qu’elle est la Loi écrite qui se rattache à Moïse ou à Yahvé. Elle
désigne la Bible Juive dans son entièreté, c'est­à­dire l’ensemble des Ecritures connu sous le
nom d’Ancien Testament par les chrétiens. La Torah désigne également le rouleau de
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parchemin enroulé autour de deux baguettes, portant le texte du Pentateuque copié à la main,
selon des règles strictes.
TRADITIONALISME : en contexte chrétien, il ne faut pas le confondre avec l’intégrisme. C'est
l'ttitude de ceux qui acceptent globalement le Concile Vatican II et ne prônent pas une prise de
distances avec Rome, même s’ils ne veulent rien négocier de leur identité chrétienne stricte et
un peu nostalgique.
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