Le MJT comporte deux histoires comportant un dilemme moral. Pour chacun de ces dilemmes, le
test propose six arguments qui justifient le comportement du protagoniste de l’histoire et six autres
qui sont en désaccord avec ce comportement. Chacun de ces arguments est construit en référence à
un stade Kolhbergien de raisonnement moral. Les sujets doivent 1° se positionner en accord ou en
désaccord avec le comportement des protagonistes de l’histoire et 2° évaluer dans quelle mesure
les arguments en faveur ou en défaveur du comportement des protagonistes sont acceptables ou
non (entre pas du tout acceptable et tout à fait acceptable).
Le score principal obtenu par ce test, l’index-C, est compris entre 0 et 100 et mesure la consistance
des jugements émis par les sujets à propos des différents arguments. Un individu qui valide les
arguments en référence aux principes qu’ils sous-tendent (les stades de raisonnement moral)
obtiendra un haut score de compétence en jugement moral. Ainsi un sujet qui attribue de façon
consistante un score élevé aux arguments d’un niveau spécifique aura un score C élevé.
Le MJT est un outil qui a été utilisé dans de nombreuses recherches et qui, au cours de celles-ci, a
acquis un degré de validité élevé, ainsi que de nombreuses données permettant des comparaisons
variées. Toutefois, les dilemmes qu’il propose sont fort éloignés de la réalité professionnelle des
enseignants. Le premier concerne une situation de conflit social entre une direction et des ouvriers
et l’autre un cas d’euthanasie pratiqué par un médecin.
Les recherches autour des compétences professionnelles ont régulièrement mis en avant
l’importance de la contextualisation des tâches qui visent à mesurer des compétences. Une
compétence professionnelle se mesure au mieux dans un contexte le plus authentique possible, le
plus proche de la réalité professionnelle concernée. Au vu de ces considérations, il nous semblait
nécessaire de concevoir un outil basé sur le fonctionnement du MJT mais dont les dilemmes
proposés aux sujets se dérouleraient dans un milieu scolaire.
2.2. Construction de l’outil
Pour construire cet outil, nous avons commencé par élaborer deux dilemmes moraux susceptibles
de se dérouler dans une école primaire ou secondaire. Le premier concerne la question de la
dénonciation d’un comportement non adapté d’un collègue à la direction. Et le deuxième à trait à
l’évaluation d’une élève. Nous avons scrupuleusement suivi les consignes de Lind (2008) pour la
création de ces dilemmes. Ce dernier estime, en effet que pour être opérationnel, un dilemme doit :
- raconter l’histoire d’une personne fictive qui est susceptible d’exister et qui doit avoir un
prénom ;
- montrer que la décision prise par le sujet comporte une difficulté ;
- comporter une décision claire du sujet ;
- être court et aisément compréhensible ;
- doit être intéressant pour des raisonnements moraux élevés (stades 5 et 6 de Kohlberg) mais
aussi pour des raisonnements plus bas ;
- doit permettre des arguments intéressants, aussi bien pour les sujets qui sont en accord avec
la décision du protagoniste que pour les sujets qui sont en désaccord avec elle.
- Une fois les deux dilemmes rédigés, nous avons conçu les six arguments en accord avec le
comportement du protagoniste et les six arguments en désaccord, et ce pour les deux
dilemmes, soit 24 arguments.
Ici aussi, nous avons suivi les prescriptions du professeur Lind (ibidem), à savoir que les
arguments doivent:
- être aussi courts que possible, de préférence une phrase, pas trop complexe et pas trop
technique ;
- représenter le plus possible chacun des six stades Kohlbergiens ;
- être tous abordés positivement (ils ne doivent pas sembler ironiques ou dépréciatifs) ;
- être compatibles pour un même stage : deux arguments d’un même stade doivent être
équivalents sans être contradictoires au point de ne pas pouvoir être acceptés en même temps.