Les Joyeuses Commères de Windsor

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LES PISTES PEDAGOGIQUES
LITTÉRATURE | DÉBATS
• Comparer le Falstaff de Shakespeare avec celui de Nicolaï. Distinguer les
personnages qui ont été supprimés par le compositeur et les changements de
noms.
• Décrire un Falstaff contemporain
• Visionner le film d’Orson Welles
• Analyser le poème Le squelette de Paul Verlaine
• Rédiger une critique du spectacle, à la manière d’un journaliste, puis collecter les critiques du spectacle parues dans les journaux ou sur internet. Réaliser une revue de presse et comparer les critiques de la classe à celles des professionnels.
• Falstaff présente plusieurs points communs avec le géant Gargantua. Quels
sont-ils et en quoi Falstaff s'écarte-t-il du modèle rabelaisien ?
• Débattre sur l’interprétation de l’opéra : est-ce une simple farce ou une critique de société ?
ART PLASTIQUE
• Représenter la forêt hantée
• Imaginer la danse effrénée des elfes et des moustiques
• Comparer les différentes représentations de Falstaff en peinture (Adolf
Schrödter, Eduard von Grützner, Gobbo, James Stephanoff…)
Musique
• Comparer la Danse des Moustiques avec le Vol du Bourdon de Rimsky Korsakov
• Ecouter des extraits du Falstaff de Verdi
• Etablir une comparaison entre le Falstaff de Verdi, Salieri et Nicolaï
EN BREF
Opéra en allemand
Durée : 2h55, entracte compris
L’histoire
A Windsor, deux commères, Madame Fluth et Madame Reich sont courtisées par Falstaff. Elles entreprennent de lui donner une bonne leçon lors
d’invraisemblables rendez-vous. Monsieur Fluth apprendra que sa jalousie
maladive n’a pas lieu d’être. Quant à Monsieur et Madame Reich, ils ont chacun le prétendant idéal pour leur fille qui pourtant en aime un troisième.
Le compositeur
Nicolaï est mort à 39 ans mais sa vie de compositeur a été fort active tout
comme sa vie de musicien : organiste à l’ambassade de Prusse à Rome,
maître de chapelle à Vienne, compositeur en Italie, fondateur et chef de l’orchestre philarmonique de Berlin et directeur de l’opéra de Berlin. Die Lustigen Weiber von Windsor est le plus connu de ses opéras. Il se distingue par
son esprit, une construction nette et une joyeuse légèreté.
L’œuvre
Sir John Falstaff né sous la plume de Shakespeare est décrit comme le
bouffon à la fois comique et émouvant. Il a inspiré de nombreux compositeurs dont notamment Salieri, Nicolaï et Verdi.
La mise en scène
David Hermann, le metteur en scène, a pris le parti de se distancier du livret
original afin de transposer l’opéra Falstaff dans les années 60/70. L’action se
situe dans un décor stylisé qui ne manque pas d’excentricité. Il ajoute un
personnage, un thérapeute, qui vient mettre son petit grain de sel dans toutes
ces histoires de couples...
LES PERSONNAGES
SIR JOHN FALSTAFF: grand seigneur sans le sou
Franz Hawlata (basse)
FRAU FLUTH: amie de Frau Reich
Anneke Luyten (soprano)
HERR FLUTH: mari jaloux
Werner Van Mechelen (baryton)
FRAU REICH: mère d’Anna
Sabina Willeit (mezzo)
HERR REICH: père d’Anna
Laurent Kubla (basse)
FENTON: amoureux d’Anna
Davide Giusti (ténor)
Anna reich: jeune bourgeoise
Sophie Junker (soprano)
Spärlich: noble prétendant d’Anna
Stefan Cifolelli (ténor)
Dr. Caïus: médecin français, prétendant d’Anna
Patrick Delcour (basse)
DIRECTION MUSICALE: Christian Zacharias
MISE EN SCÈNE: David Hermann
DÉCORS: Rifail Ajdarpasic
COSTUMES: Ariane Isabell Unfried
LUMIÈRES: Fabrice Kebour
CHEF DES CHŒURS: Marcel Séminara
L’ARGUMENT
Acte 1
Falstaff, grand seigneur désormais sans le sou, a envoyé la même lettre d’amour à deux
riches citoyennes de la ville de Windsor (en Angleterre), Madame Fluth et Madame
Reich. Il se trouve qu’elles sont amies ; elles décident donc de se venger de cet affront.
Ainsi, Madame Fluth répond aux avances de Falstaff tandis que son amie court prévenir Monsieur Fluth de l’heure et du lieu du rendez-vous. Monsieur Fluth, obsédé à
l’idée d’être cocu, apparait à l’heure dite, mais son épouse a dissimulé Falstaff dans le
panier à linge que deux valets sont chargés d’aller vider à la rivière. Les deux hommes
sont ainsi ridiculisés.
Monsieur et Madame Reich ont une fille, Anna, qui est en âge de se marier. Sa mère
souhaiterait qu’elle épouse un français, le docteur Caïus, alors que son père préfèrerait
qu’elle se marie avec le noble Spärlich. La jeune fille, elle, aime un jeune homme sans
fortune, Fenton.
Acte 2
Falstaff est à l’auberge comme à son habitude et boit pour oublier sa mésaventure lorsque lui est présenté un dénommé Monsieur Bach, alias Monsieur Fluth déguisé. Bach
promet à Falstaff une bourse d’argent s’il l’aide à conquérir… Madame Fluth. Trop
flatté de se voir ainsi reconnu pour ses talents d’entremetteur, il lui révèle le lieu et
l’heure de son second rendez-vous avec Madame Fluth.
Fenton retrouve Anna en secret mais leur tendre rencontre est gênée par les deux
autres prétendants venus chanter un air romantique à leur bien aimée.
Madame Fluth est sur le point d’être surprise par son époux en compagnie de Falstaff.
Elle n’a que le temps de le déguiser en vieille dame qu’elle chasse de la maison en l’accusant d’être trop bavarde. La scène n’éveille pas les soupçons de Monsieur Fluth. Il
fouille la maison sous l’œil de ses voisins qu’il a invité en tant que témoins de l’infidélité
de son épouse. Il est à nouveau ridiculisé.
Acte 3
Les femmes dévoilent le secret à leurs époux qui décident alors de jouer eux aussi un
tour à Falstaff. Celui-ci est invité dans la forêt de Windsor et doit se présenter dans le
costume du chasseur Herne. Madame Reich profite de cette occasion pour favoriser les
fiançailles de sa fille avec Caïus ; elle la prie de s’habiller en vert afin d’être reconnue de
lui. Monsieur Reich entend de son côté en faire autant en poussant Anna dans les bras
de Spärlich et pour cela, prie sa fille de s’habiller en rouge. Anna décide de s’habiller en
blanc pour ne plaire qu’à Fenton. Elle envoie le costume vert à Caïus et le rouge à
Spärlich. Comme prévu, à minuit, Falstaff arrive déguisé. Les couples Fluth et Reich
déguisés en elfes et en esprits lui tournent autour et l’effraient. Le piège tendu par Anna à Caïus et Spärlich fonctionne à merveille : les deux hommes qui croient courtiser
Anna se fiancent. Anna et Fenton qui se sont esquivés reparaissent pour annoncer leurs
fiançailles auxquelles les parents Reich ne peuvent que consentir.
LE COMPOSITEUR
Otto Nicolaï (1810-1849)
Enfant prodige, Otto Nicolaï est né en Allemagne, à Königsberg. Il apprend dans un
premier temps le piano avec son père. Mais
à l'âge de 16 ans, fuyant l’éducation tyrannique de son père, il part faire ses études à
Berlin et y débute sa vie professionnelle. Il
part ensuite à Rome où il devient organiste
de l’ambassade de Prusse, ce qui lui permet
de se familiariser avec la musique italienne
ancienne. A Naples, il fait la rencontre de
Donizetti. Après un court séjour à Vienne,
il compose plusieurs opéras. Très marqué
par l’œuvre de Bellini, il se situe dans la tradition de l’opéra italien et obtient un vif
succès. De retour à Vienne, il devient premier chef d’orchestre de l’Opéra Impérial et y fonde les Concerts Philarmoniques.
En acceptant ces nouvelles fonctions, Nicolaï s’engage à composer un opéra en
allemand. Il lui faut dès lors trouver un sujet. L’appel qu’il lance en 1842 reste
sans réponse si bien qu’il retient finalement l’idée de ses amis d’adapter la comédie de Shakespeare. Il charge alors un premier écrivain, Jakob Hoffmeister,
d’adapter une partie de la pièce à titre d’essai. Satisfait du résultat, Nicolaï lui
envoie un scénario détaillé mais ce dernier renonce. Il doit donc faire appel à
un deuxième écrivain afin de lui faire rédiger son livret. C’est Salomon Hermann von Mosenthal qui s’en charge. Entre-temps, quatre années s’étant écoulées, il n’est plus question de jouer Les Joyeuses Commères de Windsor à
Vienne. N’ayant pu y faire représenter son opéra Nicolaï démissionne de son
poste à l’Opéra Impérial. La création de l’œuvre a lieu deux mois avant sa
mort à Berlin où il vient d’être nommé chef des chœurs de la cathédrale et
chef de l’orchestre du Königliche Oper. Du vivant de Nicolaï, l’opéra n’obtient
aucun succès auprès du public ni de la presse.
L’OEUVRE
Livret de Hermann Von Mosenthal
D'après la pièce de William Shakespeare
Sir John Falstaff apparaît pour la première fois dans la pièce Henry IV de Shakespeare. Ce gentilhomme comique et ventru est l’incarnation de la débauche
et du manque absolu de principes, l’image du grand seigneur déshonoré par
une conduite indigne et ridicule. C’est le fanfaron, le spectateur ironique des
autres et de lui-même, risible et pathétique. Alliance du bouffon, du difforme
et de l’outrance, il perpétue une tradition comique grotesque datant du Moyen
-Âge. Il conserve malgré tout une grandeur et gagne la sympathie des spectateurs: tout au long de l’œuvre, il est victime de tours et cela le rend à la fois comique et émouvant. Le personnage connu une grande popularité dès son apparition dans Henry IV. La reine Elisabeth ayant tant aimé Falstaff, Shakespeare
en fit le héro de sa pièce Les Joyeuses Commères de Windsor, le présentant ,cette
fois, se débattant dans des intrigues amoureuses.
Falstaff a inspiré plusieurs opéras : le Singspiel de Peter Ritter (dont la musique
est perdue) en 1794, le Singspiel de Ditters von Dittersdorf en 1796, l’opérabouffe Falstaff, ossia Le Tre burle d’Antonio Salieri composé en 1799, Les
Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolaï en 1849 et Falstaff de Giuseppe
Verdi en 1893.
Comme dans l’œuvre de Verdi, Nicolaï a restreint le nombre des personnages
de la pièce de Shakespeare aux plus importants. Par contre, ce n’est pas ici
Falstaff qui est le rôle central, mais bien les rôles féminins. Madame Fluth et
Madame Reich tirent les ficelles de toutes les farces. Chez Verdi, Falstaff possède de la grandeur humaine et une certaine sagesse philosophique. Chez Nicolaï, il est tout à fait typé dans ses défauts.
LA MUSIQUE
Comme la vie de Nicolaï, partagée entre deux langues et deux cultures, les
styles allemand et italien cohabitent dans son opéra, l’autorisant de passer d’un
ton léger à un autre plus académique, selon les situations. Le compositeur écrit
dans une revue musicale : « nous les Allemands, nous aurions bien des choses
à apprendre des Italiens : et ceux-ci indubitablement encore plus de nous.
Seule la fusion entre les deux écoles peut produire quelque chose de plus
qu’absolument beau. Mozart et Gluck le savaient ! » En alternant les numéros
musicaux et les dialogues parlés, Nicolaï s’inspire du singspiel allemand et de
l’opéra-comique français. Mais la légèreté et la gaieté de la musique sont typiquement italiennes.
LA MISE EN SCENE
Dans sa réalisation scénique, le metteur en scène franco-germanique David
Hermann opte pour un dépoussiérage radical de l'intrigue. L'action se passe en
pleine époque de libération sexuelle, dans les années 1960/70. Le décor est mobile, les couleurs vives et très anglaises (impeccable gazon vert), les formes sont
relativement stylisées mais n'excluent pas certaines excentricités vestimentaires. Dans cet univers, les femmes n'ont qu'un désir : goûter au plus vite aux
charmes de la chair. Et lorsque, comme c'est le cas de Mme Fluth, le mari n'est
plus à la hauteur de la situation, un petit flirt avec Sir John n'est pas à dédaigner. Le metteur en scène a rajouté un personnage, celui d'un psychothérapeute qui vient régulièrement tendre une oreille attentive aux plaintes de l'un
ou de l'autre membre du couple… quand ce n'est pas pour les séparer lorsqu’ils en viennent aux mains !
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