Épaule et ceinture scapulaire
Le moignon de l’épaule comprend la clavicule, l’omopla-
te, les articulations sterno-claviculaire et acromio-clavi-
culaire. L’atteinte du moignon se différencie cliniquement
des atteintes de l’articulation gléno-humérale par une
mobilité gléno-humérale conservée.
Les lésions traumatiques du “moignon”
Les fractures de la clavicule
Elles sont liées à une chute directe sur moignon de l’épau-
le (AVP ou traumatisme sportif). L’atteinte du tiers moyen
est la plus fréquente, avec le plus souvent déplacement.
Les fractures du tiers externe sont rares (10%), non dépla-
cées, et passent souvent inaperçues ou peuvent être
confondues avec une luxation acromio-claviculaire. Les
lésions du tiers interne sont exceptionnelles.
Clinique. Le patient se présente avec l’attitude classique
des traumatisés du membre supérieur. Il existe une saillie
du fragment osseux interne, un abaissement de l’épaule.
La douleur est exquise à la palpation. Il existe une impo-
tence fonctionnelle douloureuse mais avec conservation des
mouvements de l’articulation gléno-humérale.
Imagerie
.
Les suspicions de lésion du tiers moyen sont
explorées par un cliché de face rayon horizontal et rayon
a s c e n d a n t; si on suspecte une lésion du tiers externe, on
réalise une incidence de face d’épaule et le profil de Lamy.
Pour les fractures du tiers moyen (Fig.2-1), il peut exis-
ter un déplacement vers le haut du fragment interne (sous
la traction du muscle sterno-cléido-mastoïdien), un dépla-
cement vers le bas du fragment externe (lié au poids du
membre supérieur), un chevauchement (en rapport avec
la contraction des muscles pectoraux). Ces fractures ont
des indications chirurgicales exceptionnelles surtout fonc-
tion de la topographie du trait, du nombre de fragments
et de leur déplacement (1).
C o m p l i c a t i o n s
.
Les complications immédiates sont
rares, essentiellement par lésion veineuse du pédicule axil-
laire par le fragment interne dans les fractures du tiers
moyen. Les complications tardives par compression arté-
rielle sur un cal hypertrophique sont classiques mais très
rares. L’association fréquente avec des fractures costales
doit les faire rechercher. Les fractures du tiers externe sont
plus difficiles à voir (Fig.2-2) et le plus souvent non dépla-
cées. Méconnues, elles peuvent évoluer vers une résorp-
tion du tiers externe de la clavicule(2).
Les entorses et luxations acromio-claviculaires
Elles sont liées à un abaissement forcé de l’épaule, trau-
matisme fréquent chez les sportifs. Il existe trois degrés
d ’ a t t e i n t e: l’entorse (sans déplacement), la subluxation
(déplacement visible uniquement lors des manœuvres de
sensibilisation) et la luxation (déplacement permanent)
de l’extrémité externe de la clavicule vers en haut et en
arrière du fait de la rupture du ligament coraco-claviculaire,
voire de la chape delto-trapézoïdienne.
Clinique. En plus de la douleur exquise de l’épaule, il
existe, en cas de luxation, une mobilité en touche de pia-
no de l’extrémité externe de la clavicule. La mobilité de
l’épaule est peu douloureuse et les mouvements de la glé-
no-humérale sont conservés.
Radiologie. Dans les luxations, l’interligne articulaire
est élargi avec déplacement de l’extrémité externe de la
clavicule en haut et en arrière. En cas de doute, une inci-
dence comparative de face sur un seul cliché prenant les
deux épaules vérifie la symétrie des interlignes (Fig.2 - 3 ) .
Si un doute persiste, un cliché sensibilisé par port de char-
ge peut être réalisé pour objectiver la subluxation. Les cli-
chés digitalisés permettent une meilleure visibilité de cet-
te articulation souvent surexposée par les clichés
conventionnels. Les clichés sont normaux dans les entorses.
Le choix thérapeutique (indication chirurgicale) est en fait
difficile car l’évolution spontanée est sans grandes consé-
quences fonctionnelles.
Les luxations sterno-claviculaires
Elles sont rares, souvent méconnues et dans un contexte
de polytraumatisme. Leur mécanisme peut être indirect par
chute sur le moignon de l’épaule. Leur rareté tient au fait
que le choc est absorbé par la clavicule. La saillie antéro-
externe de l’extrémité interne de la clavicule fait évoquer
une luxation antérieure. Dans les luxations postérieures
(beaucoup plus rares), la dépression est plus rarement
constatée. Dans les deux cas, la douleur est exquise et un
ressaut est perceptible à la palpation.
I m a g e r i e
.
Le cliché de face de la clavicule et l’oblique
centré sur l’articulation sterno-claviculaire, sont inutiles. Le
diagnostic est clinique et peut être confirmé par le scan-
ner. Il faut rechercher des lésions associées pariétales homo
ou controlatérales. Les luxations postérieures peuvent
s’accompagner de complications vasculaires au niveau de
l’axe sous-clavier ou carotidien.
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