franchise d'impôts ce qui présente donc un intérêt, à la fois, pour l'entreprise et pour le salarié. Ce procédé peut
d'ailleurs être utilisé à l'occasion du départ du gérant ou du PDG pour son profit personnel.
- Récupération de crédits en cas de liquidation de société
Le passage par la régie peut encore être utilisé dans le contexte d'une procédure commerciale. Cette procédure
étant susceptible de se conclure par une liquidation (ce que le dirigeant peut pressentir), il passe un contrat de
publicité avec une régie (fait qui pourra d'ailleurs s'analyser par la suite comme une volonté de relance de
l'entreprise) et récupère de la sorte sous forme d'espèces et en franchise d'impôts, une partie de l'investissement
mais, évidemment, au détriment des créanciers.
- Sociétés civiles immobilières
Il est également possible de voir des versements à des régies, et parfois pour des sommes importantes (500 à 600
000 F), de la part de sociétés civiles alors qu'en principe leur activité de propriétaire d'immeuble ne doit pas
justifier de tels versements. Le mobile est certainement autre que la publicité !
- Clubs sportifs
On ne peut en outre omettre d'évoquer des contrats passés entre des clubs sportifs et des régies qui ont permis
des retours de fonds sous forme d'espèces et la constitution de caisses noires.
- Etablissements publics
Enfin, il est parfois plus grave de constater la signature de contrats entre des établissements publics et des régies
dans la mesure où ce sont des fonds publics qui se trouvent de la sorte engagés et qui peuvent aboutir, pour
partie, dans l'escarcelle personnelle d'un dirigeant de cette structure.
4- MANIPULATIONS COMPLEMENTAIRES : "LES BONS D'INSERTION"
En dehors de l'utilisation du système de la régie publicitaire à des fins illicites, il existe des "manipulations" internes
aux régies qui concernent les bons de souscriptions signés par les annonceurs. Ces "manipulations" confortent
l'existence de réseaux ou de cercles peu connus.
Lorsqu'une entreprise ou une entité économique quelconque a accepté de contracter pour une insertion
publicitaire, un bon d'insertion est établi par la régie. Ce bon est transmis à l'annonceur qui le retourne signé
accompagné de son règlement. Celui-ci est le plus souvent effectué par traite ou par chèque en une seule fois ou à
tempérament au fur et à mesure des parutions si le contrat en prévoit la diffusion sur une période déterminée.
Il peut en être différemment. Des bons d'insertion réglés d'avance peuvent suivre des itinéraires étranges et
variés. Ainsi, on a découvert une sorte de "bourse" aux bons entre les régies qui se les négocient comme des
valeurs marchandes transmissibles. Les bons que l'on veut négocier ne sont comptablement inscrits, ni dans un
compte de produit (classe 7 du plan comptable), ni dans un compte dit d'attente (compte de classe 4).
Ils figurent dans une comptabilité au noir. L'un des moments importants de l'activité commerciale de la régie
consiste alors à regrouper par affinités les bons d'insertion de manière à ce qu'ils puissent paraître dans des
supports proches.
Ces procédés sont techniquement aberrants dans le contexte d'une activité publicitaire qui nécessite un retour sur
investissement rapide pour l'annonceur. Ce qui tendrait à démontrer que cette manière de procéder a pour finalité
un retour sur investissement en espèces au profit de l'annonceur, ou d'un autre bénéficiaire indirect.
Nous noterons, en outre, que les refacturations entre régies s'opèrent entre des sociétés présentant un régime
fiscal différent (imposition au forfait etc...) et géographiquement situées dans des secteurs éloignés ce qui réduit le
risque de contrôle (fiscal) conjoint.
Ces manipulations sur les bons s'accompagnent souvent d'un détournement des chèques qui correspondent à leur
règlement. En effet, le chèque est laissé volontairement en blanc quant à la mention du bénéficiaire. Il devient
possible de l'établir à l'ordre du responsable de la régie ou plus généralement, d'un courtier qui reverse à qui de
droit la contre-valeur en espèces.
Par ailleurs, l'encaissement à titre personnel par un membre de la régie peut s'appuyer sur la technique comptable
des avoirs dits "internes". Le principe repose alors sur le fait que le montant figurant sur le chèque est
comptabilisé, dans un premier temps, dans un compte de produit puis, au bout d'un certain temps, il est soldé
sous couvert d'un avoir au bénéfice de l'annonceur. Dans des montages de ce type, il est intéressant de contrôler
si les annonceurs ont inscrit cet avoir dans leurs écritures comptables. On constate qu'un grand nombre de clients
diront qu'ils n'ont jamais été avertis de l'existence de cet avoir, et que d'autres indiqueront qu'ils n'ont jamais
contracté avec cette régie. Cela signifie que leur raison sociale a été recopiée sur un bottin téléphonique pour
passer une écriture comptable.
L'utilisation perverse de la régie peut encore s'appuyer, comme énoncé ci-dessus, sur le mécanisme des transferts
internationaux de fonds, notamment, ceux liés aux relations entre sociétés mères et filiales.
Il a en effet été constaté l'existence de sociétés travaillant comme "régie publicitaire" qui utilisent à la fois les
perversions de l'International et celles de la filialisation , notions prises au sens le plus souple du terme.