N° d’ordre : 2317 UNIVERSITE MOHAMMED V-AGDAL FACULTE DES SCIENCES RABAT THESE DE DOCTORAT ES-SCIENCES (DOCTORAT D’ETAT) Présentée par LAARABI SAID Discipline: Biologie Spécialité: Physiologie végétale EFFET DES CONDITIONS STRESSANTES AERIENNES ET SOUTERRAINES SUR L'IMPEDANCE ELECTRIQUE FOLIAIRE DE JEUNES PLANTES Soutenue le 16 novembre 2006, devant le jury B. CHLYAH Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat-Agdal K. EL KINANI Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat-Agdal A. ETTOUHAMI Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat-Agdal M. BEKKALI Professeur à la Faculté des Sciences Aïn Chock de Casablanca J. A. FERNANDEZ Professeur à la Faculté des Sciences de Malaga Président Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur Faculté des Sciences, 4 Avenue Ibn Battouta B.P 1014 RP, Rabat – Maroc Tel +212 (0) 37 77 18 34/35/38, Fax : +212 (0) 37 77 42 61, http://www.fsr.ac.ma Dédicaces Je dédie ce travail : A ma femme Samira A ma fille Mariam A mon fils Mahdi A toute ma famille A ma belle famille A tous les amis TABLE DES MATIERES Avant-propos Abréviations Préface ……………………………………………………………………………………….1 I. ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE…..……………….…………………….. 4 I .1 GENESE ET CARACTERISTIQUES DES SIGNAUX ELECTRIQUES…………… 4 I.2. MOYENS ET MECANISMES DE L’ABSORPTION DES ELEMENTS MINERAUX………………………………………………………………………. 5 I.3. L’EAU, LA PLANTE ET LA BIOELECTRICITE……………………………..…...…13 I.4. MESURE DE L’IMPEDANCE……………………………………………..………..…..21 I.5. INSTRUMENTS DE MESURE………………………………………………...…...….. 24 II. MATERIEL ET METHODES …………………………………………….…… 27 II.1. MATERIEL BIOLOGIQUE …..………………………….………………………….…. 27 II.2. CONDITIONS DE CULTURE ………………………………………...………..………. 27 II.2.1. Culture en hydroponie (aquiculture) ……………………………………….….. 27 II.2.2. Culture sur sable…………………………………………………………………. 28 II.2.3. Application de conditions atmosphériques particulières ……………………... 28 II.2.3.1. Variation de l’humidité relative de l’air (HRA) …………………………….. 28 II.2.3.2. Variation de l'agitation de l'air (AA)………………………………………… 30 II.2.4. Application de conditions souterraines particulières.……..…………………... 31 II.3. MESURE DE L’IMPEDANCE……………………………………………………….. 31 II.3.1. Appareillage, obtention et traitement des résultats…………………….…… 31 II.3.2. Mesures …………………………………………………………………………33 II.4. EVALUATION DE LA CROISSANCE………………………………………….….. 35 II.5. CALCUL STATISTIQUE…………………………………………………………….. 35 III. RESULTATS………………………………...……………………………….…... 36 III.1. ANALYSE SPECTROMETRIQUE, IN VIVO, DE L'IMPEDANCE DES ORGANES AERIENS DE CERTAINES PLANTES MONO- ET DICOTYLEDONES…………………………………. ……………………….….…. 37 III.1.1. Comparaisons électrospectromètriques entre les espèces testées……….…. 38 III.1.2. Comparaisons électrospectromètriques entre les organes aériens d'une même espèce………………………………………………………….…. 42 III.1.3. Comparaisons électrospectromètriques entre les organes opposés d'une même plante…………………………………….………………………. 43 III.1.4. Comparaisons électrospectromètriques en fonction de l'âge.…………….... 44 III.2. ANALYSE SPECTROMETRIQUE, IN VIVO, DE L'IMPEDANCE DE LA PREMIERE FEUILLE DE MAÏS EN FONCTION DES CONDITIONS HYDRIQUES DU SOL ET DE L’ATMOSPHERE………..……………….…….. 49 III.2.1. Apport d'eau et impédance électrique en air calme….…………………..… 50 III.2.2. Apport d'eau et impédance électrique en air agité ou fortement humide………………………………………………........................................ 52 III.3. EFFET DES CONDITIONS STRESSANTES SOUTERRAINES SUR L’IMPEDANCE ELECTRIQUE FOLIAIRE CHEZ LES JEUNES PLANTES DE MAÏS………………………………………………………………………….…..…. 57 III.3.1. Effet de la concentration en éléments nutritifs sur les paramètres électriques de l’impédance……………………………………….………………. 59 III.3.2. Effet du stress osmotique (PEG200)……………………………………………. 61 III.3.3. Effet du stress salin (NaCl)……………………………………………………… 63 III.3.4. Effet du stress acide (CH 3COOH)……………………………….……………… 65 III.3.5. Effet du KCN, un inhibiteur du métabolisme………………………………….. 66 III.3.6. Comparaison de l’effet des différents facteurs stressants utilisés…………….. 67 IV. DISCUSSION ………………………………………………………….……….…….. 68 V. CONCLUSION ET PERSPECTIVES……..……………………………………….….75 VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………………..78 VII. ANNEXES……………………………………………………………………………. 85 Avant propos Le présent travail qui relève du domaine de diagnostic foliaire par des méthodes électriques a été réalisé au Laboratoire de physiologie végétale de la Faculté des Sciences de l’Université MohammedV de Rabat-Agdal, sous la direction du Professeur Khalifa El KINANI. Les aspects physiques et informatiques ont été co-encadrés par les Professeurs Aziz ETTOUHAMI et Mohammed LIMOURI du Laboratoire de conception et système du département de physique de la même Faculté. Je voudrais exprimer ma profonde reconnaissance à Monsieur le Professeur Khalifa El KINANI qui m’a proposé le thème de ce travail auquel il a apporté un intérêt constant. J’ai beaucoup appris avec lui aussi bien sur les plans théorique et pratique que sur le plan humain. Je voudrais remercier les Professeurs Aziz ETTOUHAMI et Mohammed LIMOURI qui nous ont aidé à mettre sur pied un système de mesure des paramètres électriques et d’exploitation des données recueillies. Je voudrais aussi exprimer ma sincère gratitude à Madame Bouchra CHLYAH Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat qui a toujours été présente aussi bien dans la rédaction des articles qui constituent la base de cette thèse que dans la rédaction de la thèse elle même. La vivacité de son esprit critique et sa riche expérience en matière de formation de jeunes chercheurs m’ont servi comme phare de sécurité. Je la remercie vivement pour avoir accepté de présider le jury qui évalue le présent travail. Le Professeur Aziz Ettouhami du département de physique de notre Faculté continue comme toujours à m’apporter aide et assistance dans l’élaboration du présent travail. Qu’il trouve ici ma profonde reconnaissance et mes sincères remerciements. Le Professeur Mohammed Limouri du même département de physique et co-encadrant de mon travail ne peut, pour des raisons de santé, assister au premier couronnement de cette coopération entre les départements de biologie et de physique qui est la soutenance d’une thèse. Que le Professeur Mohammed Limouri trouve ici aussi mes sincères remerciements et mes souhaits de prompt rétablissement. Le Professeur Mohammed Bekkali de la Faculté des Sciences de Aïn Chock de Casablanca, malgré l’éloignement et ses nombreuses occupations a tenu à nous rencontrer plusieurs fois pour mieux présenter le présent travail et à apporter les éléments qui y manquaient. Je lui apporte ici ma profonde reconnaissance et mes sincères remerciements. De même pour le Professeur José Antonio Fernandez de la Faculté des Sciences de Malaga qui, dans un premier temps m’a autorisé à travailler dans son Laboratoire et où j’ai appris d’autres méthodes d’électrophysiologie, et, dans un deuxième temps, n’a pas hésité à lire ma thèse, à nous envoyer un rapport pertinent sur cette thèse et à venir enfin faire part du jury qui évalue l’apport scientifique de cette thèse. Que Monsieur le Professeur José Antonio Fernandez trouve ici ma profonde reconnaissance et mes sincères remerciements. J’espère que ces premières ébauches de coopérations seront utiles pour nos deux pays. Je voudrais aussi exprimer mes remerciements à tout le personnel- enseignants et personnel administratif- du Laboratoire de physiologie végétale de notre Faculté qui m’a toujours apporté l’aide et le soutien moral nécessaires pour l’élaboration de ce travail. Ce dernier n’aurait pu être mené à bien sans l’appui financier du Programme d’Appui à la Recherche Scientifique (PARS. Agro 106) du Ministère marocain de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur. Je tiens ici à remercier les équipes scientifique et administrative qui nous ont accordé leur aide et assistance désintéressées. 7 Abréviations AA : air agité ABA : acide abscissique AIA : acide indolacétique APG : acide phosphoglycérique ATP : adénosine triphosphate ATPase : adénosine triphosphatase CCCP : carboxyle cyanide-m-chlorophényle hydrazone CH3COOH : Acide acétique -CN : cyanure Cp : capacité parallèle CSB : courbe spectrométrique de bioimpédance CRM : capacité de rétention maximale DCCD: dicyclocarbodiimide DES: diethyle stilbestrol FC : fréquence caractéristique Fig. : figure Flle : feuille HR : humidité relative HRA : humidité relative de l'air élevée Hyd : hydroponie IV : indice de vigueur Hyp : hypocotyle Hz : Hertz KHz : Kilo Hertz K: Kilo Ohm MHz : Méga Hertz 1,0N : une dose normale NaCl : Chlorure de sodium nF : nano Farad PEG : polyéthylène glycol PEP : phosphoenolpyruvate PEP-carboxylase : phosphoenolpyruvate-carboxylase pH : potentiel hydrogène PHA : Potentiel hydrique de l’Atmosphère Rp : résistance parallèle Tabl. : tableau Z : impédance complexe du circuit ; impédance (résistance ohmique + résistance capacitive). Zi : partie imaginaire Zr : partie réelle mol : micromole : fréquence de la mesure 8 Préface Déterminer les besoins d’un semis de façon rapide et fiable est toujours un souhait à réaliser pour les agronomes et les exploitants agricoles. Le dignostic est d’autant plus intéressant que la plante cultivée est plus jeune. Dans ces conditions et en cas du besoin, le recours à des mesures adéquates peut être rentable. Actuellement bon nombre de laboratoires travaille sur la possibilité d’utiliser les signaux électriques pour diagnostiquer l’état physiologique des végétaux. C’est ainsi que sur des organes ou des morceaux d’organes détachés de la plante mère on mesure des paramètres électriques tels que l’impédance ou les potentiels d’action ou de repos . Dans le présent travail on mesure in vivo l’impédance des organes aériens de jeunes plantes cultivées et qui ont été soumises à des conditions stressantes aériennes et souterraines. Ce travail, faisant l’objet d’une thèse de Doctorat d’Etat, a été réalisé au Laboratoire de physiologie végétale de la Faculté des Sciences de l’Université Mohammed V de Rabat-Agdal, sous la direction du professeur Khalifa El Kinani. Les aspects physique et informatique ont été co-encadrés par les professeurs Aziz Ettouhami et Mohammed Limouri du Laboratoire « conception et système » de la faculté des Sciences de Rabat-Agdal. C’est donc une coopération entre les départements de Biologie et de Physique. Le travail a été rendu possible grâce à un financement du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique dans le cadre du Programme d’Appui à la Recherche Scientifique (PARS). Notre projet est identifié « PARS Agro 106 ». 1 Ce travail a servi de base pour les publications suivantes : Publications dans des revues à comité de lecture : -Laarabi S., El Kinani Kh., Ettouhami A. et Limouri M. (2005a) Impédance in vivo des organes aériens de certaines plantes mono- et dicotylédones. C. R. Biologies, 328, 253-262. -Laarabi S., El Kinani Kh., Ettouhami A. et Limouri M. (2005b) Analyse spectrométrique, in vivo, de l'impédance de la première feuille de Maïs (Zea mays L.) en fonction des conditions hydriques du sol et de l’atmosphère. C. R. Biologies 328, 493-503. -Laarabi S., El Kinani Kh., Ettouhami A. et Limouri M. [en préparation] Effet des conditions stressantes souterraines sur l’impédance électrique foliaire chez les jeunes plantes de Maïs (Zea mays L.). Communications -Laarabi S., El Kinani Kh., Ettouhami A., Limouri M. et Essaid A. Diagnostic foliaire par des méthodes de biophysique. Poster et communication publiée dans le document du « Colloque international de Biotechnologie: quelles opportunités pour le Maroc? », tenu à Rabat du 3 au 5 juin, 2002. 2 I. ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE I.1. GENESE ET CARACTERISTIQUES DES SIGNAUX ELECTRIQUES……………………………..……………………………… 4 I.2. MOYENS ET MECANISMES DE L’ABSORPTION DES ELEMENTS MINERAUX…………………………………….……………. 5 I.3. L’EAU, LA PLANTE ET LA BIOELECTRICITE………………….. 13 I.4. MESURE DE L’IMPEDANCE………………………………………... 21 I.5. INSTRUMENTS DE MESURE……………………………………….. 24 3 I. ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE: I.1. Genèse et caractéristiques des signaux électriques: Les premiers exemples de signaux électriques chez les plantes ont été identifiés et décrits déjà en 1873 par John Burdon-Sanderson. Les signaux sont à distance et ils peuvent dépasser les dimensions assez grandes d’une plante monocellulaire. John Burdon-Sanderson un électrophysiologiste de l'Université Collège de Londres, étudia, sur demande de Charles Darwin, les mécanismes des mouvements rapides pour piéger les insectes chez les feuilles de Dionea muscipula, une plante carnivore, appelée communément gobe-mouche. Darwin pensait que ces mécanismes pouvaient être semblables à ceux des réflexes nerveux des animaux. Il a été remarqué ensuite que les signaux électriques à longue distance et au sein d’une même plante sont impliqués, aussi bien, dans les mouvements des feuilles des plantes sensitives au toucher comme le Mimosa pudica, que dans les mouvements de piégeage des insectes par les tentacules foliaires de diverses espèces de plantes carnivores (les Droséracées). Cependant beaucoup de phytobiologistes étaient peu disposés à considérer l'idée que les plantes peuvent utiliser les signaux électriques à longue distance dans une large gamme de phénomènes de coordination outre que ceux mentionnés ci-dessus. Pour cela ils avançaient plusieurs arguments : a- les plantes et les animaux sont différents. b- les plantes chez qui on a observé les signaux électriques constituent un cas particulier : elles sont excitables donc différents des plantes ordinaires. c- les difficultés d'identification de phénomènes physiologiques dans lesquels le courant électrique interne semblerait être impliqué. 4 Malgré ces réticences, beaucoup d’essais ont été réalisés depuis 1878, date de publication du travail de Kunkel (cité par Meylan, 1971) qui considérait que dans la plante, les courants d’eau constituent les forces électromotrices qui créent les biopotentiels. Aujourd’hui, il devient de plus en plus évident qu’au niveau cellulaire, les plantes et les animaux ont beaucoup en commun. Les organes d’une plante, à différents degrés, sont excitables. Toute action externe, mécanique, thermique ou chimique amène la plante à émettre un signal électrique qui se propage à travers les tissus et qui, enregistré, a l’allure d’un potentiel d’action. L'implication des signaux électriques à grande distance dans de nombreuses formes des phénomènes de coordination chez les plantes semble s’imposer (Thain et Wildon, 1992). Cependant lorsqu’on parle de propriétés électriques chez les végétaux, on pense surtout aux ions avec leurs aux charges électriques, absorbés et accumulés dans les différents tissus par ces organismes vivants. I.2. Moyens et mécanismes de l’absorption des éléments minéraux par les plantes : Pour bien croître, mieux se développer et assurer un bon rendement, les végétaux doivent avoir à leur disposition, outre la lumière et une température adéquate, de grandes quantités d’eau et d’éléments minéraux. Depuis toujours les biologistes et les agronomes s’efforcent de déterminer les quantités optimales pour rentabiliser les mesures agronomiques entreprises dans le domaine de la nutrition hydrique et minérale. La dernière mesure est onéreuse même dans les pays producteurs d’énormes rendement agricoles. Elle doit ensuite être équilibrée qualitativement et quantitativement. Les différents éléments nutritifs ne sont pas absorbés dans les mêmes proportions. Ainsi Bieleski et Ferguson (1983) ont observé que l’absorption des éléments minéraux nutritifs par Actinida chinensis, une plante grimpante et volubile, s’est faite dans les proportions suivantes par comparaison à la solution nutritive externe : 5 Teneur en éléments minéraux dans les tissus (feuilles et fruits) d’ Actinidia chinensis * et dans le sol sur lequel il a poussé** (Bieleski et Ferguson, 1983). N 170 1-3 K 80 1-2 Tissu (a) Solution du sol (Extraction, b) a/b 57-170 40-80 P Ca 9 28 0,0005-0,002 0,5-1,5 4500-18000 19-56 Mg 14 2-4 3,5-7 * en mole/kg de matière fraîche ** en mole/l d’extraction A la lumière des données du tableau ci-dessus, on peut faire les remarques suivantes : - quantitativement les éléments minéraux sont absorbés différemment. C’est ce qu’on appelle l’absorption sélective. - Après la mise en contact des racines de la plante ici testée avec la solution du sol l’accumulation des éléments minéraux ne s’est pas faite spontanément. Dans deux solutions inertes de différentes concentrations l’écoulement passif prend fin lorsque les concentrations s’équilibrent. Chez la plante, avec le temps et l’âge, l’absorption continue même si la concentration de certains éléments nutritifs à l’intérieur dépasse celle à l’extérieur. L’absorption s’est donc faite contre le gradient de concentration. Elle utilise l’énergie métabolique. Ces mouvements ioniques, ayant lieu dans un milieu aqueux et n’étant autres que des mouvements de charges électriques, participent largement dans l’électrogenèse des potentiels diffusionnel et transmembranaire lesquels, comme courant électrique, mesurés entre deux points donnés doivent, selon la loi d’Ohm, traverser une résistance. Arrivées aux membranes cellulaires qui sont nombreuses (plasmiques, mitochondriales, chloroplastiques, etc.), les charges sont spontanément séparées et déposées de part et d’autre des membranes qui forment donc un condensateur virtuel avec une capacité électrique. 6 Ces paramètres électriques sont liés entre eux par les équations suivantes : * Capacité (C) : Q = C.E / F (1), où Q : quantité de charges électriques en équivalent.cm2 C : capacité membranaire en Farad E : différence de potentiel en Volts F : nombre de Farad * Différence de potentiel membranaire (Em) : Em = [R.T / F] . [Ln (Pk.Cko + PNa.CNao + P Cl.CCl i) / (Pk.Cki + PNa.CNai + PCl .CClo)] (2), Où R : Constante des gaz parfaits, soit 1,987 cal.mol-1 = 8,315 joules.mol-1 T : Température absolue en degré Kelvin F : Nombre (constante) de Faraday = 96489 coulombs, c’est la charge électrique portée par une mole et dont l’équivalent calorifique est 23,06 cal.mol -1 Ln : Logarithme népérien, soit 2,303 log10 Pk : Coefficient de perméabilité de l’ion K+ (de même pour le sodium Na+ et le Chlore Cl-) Cko, i : concentration externe (o) et interne (i) du K+ . * Conductance (G): G = F2 (ΦKin + ΦNain ) / R . T , (3) où ΦKin : Flux entrant du potassium (K+ ) R, T, F ont leur signification habituelle, ci-dessus indiquée. * Résistance électrique (Re): Re = 1 / G (4) * Impédance électrique (somme des résistances ohmique et capacitaire) : Nous reviendrons, plus loin, sur cet élément lorsque nous aborderons la question de mesure des paramètres électriques chez les végétaux. 7 Nous remarquons que dans l’expression de Goldman(2) seuls trois ions sont mentionnés. C’est qu’avant on considérait que seuls ces ions sont décisifs dans la genèse des potentiels électriques. Les expériences menées avec un pH de la solution externe, contrôlé et croissant, montrent une nette influence de ce facteur sur la différence de potentiel transmembranaire ou le potentiel d’action (Kitasato,1968; Slayman, 1970; El Kinani,1973). Il est intéressant de noter que le maximum de l’action est observé avec des pH acides, entre 3 et 4,5. Or, l’acide indol-3acétique favorise la croissance par l’extrusion vers la paroi squelettique de protons qui font relâcher la trame moléculaire de cette paroi et la rendent élastique. L’élongation cellulaire est accompagnée par une baisse du pH du milieu jusqu’à 4,5 (Mazliak, 1982). Dans la formule de Goldman manquent aussi des cations bivalents tels que le Mg2+ et Ca 2+ , dont on connaît le rôle dans la vie d’un végétal. Le premier entre dans la structure de la chlorophylle et le second cimente la paroi squelettique des cellules végétales. Les deux éléments chimiques jouent aussi d’autres rôles. Depuis le début du 20ème siècle, on sait qu’une cellule est plus excitable dans un milieu pauvre que dans un milieu riche en calcium. Cet effet est expliqué par l’interaction des ions Ca 2+ avec les charges négatives des phospholipides membranaires (Dubois et al., 1999). D’après ces auteurs le lien du Ca 2+ avec les phospholipides entraîne une diminution de la probabilité d’ouverture des canaux sensibles au potentiel. El Kinani (1973) note que l’amplitude du potentiel d’action diminue chez les feuilles des plantes cultivées sur des doses faibles ou fortes (extrêmales) de la solution de Knop que chez les feuilles cultivées sur doses moyennes de cette solution nutritive et qui assurent une meilleure croissance des plantes. Il a noté aussi que le rapport K/Ca chez les plantes cultivées 8 sur des doses optimales est plus élevé que chez les plantes cultivées sur des doses stressantes. C’est la diminution du Ca2+ qui a causé l’augmentation de ce rapport. Pour un organisme vivant la synthèse et la consommation de l’énergie sont très variables. Le mouvement des ions l’est aussi. On doit s’attendre donc, à des valeurs différentes lorsqu’on mesure les paramètres électriques sous différentes conditions. On se pose la question : quelles sont les forces motrices et quels chemins empruntent les ions pour arriver à l’intérieur de la plante, de la cellule ? Chez les végétaux, celle-ci est limitée par deux membranes. L’une, externe, de nature chimique pectocellulosique, appelée paroi squelettique. La deuxième, appelée membrane plasmique est de nature lipoprotéïque. La paroi squelettique est constituée de cellulose, d’hémicellulose et de pectines qui ne sont autres que des acides polyuronique qui, grâce à leur groupement carboxylique (-CHOO(-)) se lient aux ions, de la solution nutritive, portant une charge positive. Ils jouent le rôle d’échangeurs de cations et augmentent la concentration des substances positivement chargées. Ces substances accumulées dans l’espace libre (Moorby, 1981; cité par Polevoï, 1989) sont transportées ensuite à l’intérieur de la cellule et des organites intracellulaires en passant à travers la membrane plasmique. Cette dernière, de nature lipoprotéique, est tapissée de pores, eux-mêmes de nature protéique et appelés canaux ioniques. Ce sont des voies de passage des ions. Les canaux sont nombreux et spécifiques. On les classe d’après leur sélectivité ionique, leur système d’activation ou leur gènes responsables. Le canal qui facilite le passage d’un ion est dit perméable et l’ion considéré est un ion perméant. 9 Si on prend un organe végétal telle que la feuille, grossièrement, elle comprend l’épiderme, le mésophylle (partie synthétisante) et un réseau de vaisseaux de distribution. Les canaux qui se trouvent dans ces différentes parties, même s’ils conduisent le même élément chimique comme le potassium K+ , par exemple, se caractérisent par des propriétés et des structures moléculaires différentes (Dubois et al., 1999; Shabala et al., 2002; Pilot et al., 2003). Le potassium, élément le plus abondant dans la majorité des plantes cultivées (Marschner, 1995), est conduit par une grande variété de canaux, et de transporteurs codés par 75 gènes (Shabala, 2003). Ils sont modulés par le potentiel membranaire et ce lorsqu’il y a déplacement de charges électriques ou changement de structure à l’intérieur (au sein) du canal. Ces canaux sont aussi activés par des ions tels que le calcium et le sodium ou inhibés par l’ATP (on les écrit K Ca, KNa et KATP ). Ils sont, en fin, sensibles aux facteurs environnementaux telles que la lumière, la température, la sécheresse et la salinité. L’ouverture et la fermeture de ces canaux dépendent aussi des ions imperméants qui ne peuvent passer par le canal. Elles dépendent aussi des récepteurs membranaires qui, parfois, jouent le rôle de canaux ou sont couplés à des protéïnes G qui régulent directement ou indirectement l’ouverture des canaux. La protéïne, armature du canal, elle-même, constitue dans certaines conditions une barrière au passage des ions. En effet le polypeptide qui constitue cette protéine contient un segment comportant une suite d’acides aminés portant une charge positive. Ce segment interagit avec l’extrémité N de la protéine et forme une boucle qui obstrue le canal et l’inactive. L’obsturation peut aussi être due à l’extrémité C. Ayant passé par les canaux ioniques grâce, en grande partie, aux potentiels électrochimiques, les éléments minéraux sont pris et redistribués aux différents organites par des transporteurs intracytoplasmiques. Ces substances chimiques qui fixent les éléments minéraux et les relâchent aux lieux et moments opportuns jouent en quelque sorte, le rôle d’enzymes transporteurs. On les trouve sur les membranes plasmiques et les membranes des autres 10 organites. Dans une revue bibliographique, Shabala (2003) dresse une liste des transporteurs de K+ . Il y indique aussi la fonction et le site de ces transporteurs dans les feuilles de différentes espèces végétales. Le transport via les canaux se fait dans les deux sens : de l’extérieur vers l’intérieur de la cellule et ses organites ou de l’intérieur vers l’extérieur. Ainsi on trouve, par exemple, les canaux sélectifs rectifiants du K+ vers l’intérieur ( in ward-KIR) et vers l’extérieur ( out wardKOR). Il existe aussi des canaux que nous appelons mixtes qui sont non sélectifs (NSCC : nonselective cation channel) et qui laissent passer les ions K +, Na+ , Ca2+ et Mg2+ dans les deux sens. Dans l’organisme vivant beaucoup de réactions biochimiques sont accompagnées d’un dégagement d’hydrogène. L’accumulation de cet élément risque d’entraîner une acidification du milieu cellulaire qui doit être neutre à légèrement acide. L’hydrogène en excès est évacué hors de la cellule. Ce travail est accompli par une enzyme qui joue le rôle de pompe à protons et appelée H +- ATPase. Le mouvement des ions H + crée une différence de potentiel de pH (ΔpH) et une différence de potentiel électrochimique (ΔΨ) qui constituent non seulement la force électromotrice pour le drainage des ions H+ mais aussi la source d’énergie pour le transport de solutés par l’intermédiaire des canaux ioniques et des transporteurs secondaires (Michelet et Boutry, 1995). Les H +-ATP-ases génèrent un courant sortant hyperpolarisant. De ce fait les cellules végétales ont généralement un potentiel de repos beaucoup plus négatif (-100 à -200mV) que le potentiel d’ équilibre des ion K+. Cette négativité crée le gradient de concentration des ions K+ qui entrent dans les cellules par des canaux K + rectifiants entrants. Le potentiel chimique ou protonique ΔpH et le potentiel électrique ΔΨservent comme bases énergétiques pour le symport (ensemble et dans le même sens) d’ions, d’anions, d’hexoses, 11 d’acides aminés (dans le cas de ΔpH) ou pour l’ absorption de K+, Mg2+ , Ca2+ , Mn2+, etc., (dans le cas de ΔΨ). L’absorption des éléments minéraux peut se faire aussi par les transports actif et passif agissant simultanément. C’est le cas de la pinocytose, un phénomène qui commence par une invagination de la membrane plasmique suivi d’un remplissage de cette invagination par la solution ambiante. Viennent après un étranglement et un détachement de la vésicule qui va fusionner d’habitude avec une autre membrane pour constituer une vésicule de digestion. Le contenu cellulaire se trouve ainsi enrichi d’une certaine quantité d’éléments minéraux qui vont sans doute changer les rapports ioniques. Bien qu’observé depuis longtemps par de nombreux chercheurs (Levis, 1931; cité par De Robertis et al., 1970) la pinocytose reste un phénomène mal étudié. On ne connaît ni la quantité d’éléments minéraux concernés, ni le moment, ni les conditions environnementales qui favorisent l’avènement du phénomène. Dans le même ordre d’idées, malgré l’existence d’une régulation pour harmoniser les phénomènes physiologiques, la plante se trouve désarmée quand elle pousse dans un milieu contenant des quantités excessives de certains éléments minéraux : l’absorption continue à avoir lieu même s’il y a toxicité provoquée par le déséquilibre des rapports ioniques. Ce déséquilibre et l’état physiologique de la plante provoquent une baisse de l’excitabilité et par conséquent une baisse de certains paramètres électriques, en l’occurrence l’amplitude du potentiel d’action enregistré comme signal électrique (El Kinani, 1973). Donc, les canaux ioniques, les transporteurs, les pompes ioniques (K + / Ca2+ -ATPases, H+ ATPase, potentiels électrochimiques) et les mécanismes de la pinocytose constituent les instruments de transport des éléments minéraux de la solution nutritive externe vers l’intérieur de la plante. 12 Ce transport est rendu possible par la présence d’eau. Ici aussi interviennent des forces physico-chimiques, biologiques et agronomiques. L’eau qui coûte cher, doit être bien gérée pour assurer le meilleur rendement. Son efficacité dépend du volume mis à la disposition de la plante, aussi bien dans l’air que dans le sol. I.3. L’eau, la plante et la bioélectricité : Des graines conservées pour être semées ou consommées contiennent à peu prés 15% d’eau de leur poids sec. Trempées dans l’eau pour être semées elles absorbent l’eau dont la teneur atteint au bout d’une à 3 heures les 70 à 80% du poids sec des graines. Dans ces conditions celles-ci germent et donnent un nouveau végétal. De quoi s’agit-il ? L’eau a facilité le mouvement et le métabolisme des substances de réserve contenues dans les graines. Les réactions biochimiques nécessaires à la croissance et au maintien en vie de la plante ne peuvent avoir lieu que dans un milieu aqueux. Dans la photosynthèse, ce phénomène par lequel la plante produit la matière organique et l’oxygène, l’eau, grâce à la lumière et la chlorophylle, constitue la matière première qui va réduire le gaz carbonique. Tout en croissant le végétal a toujours besoin de grandes quantités d’eau car celle-ci outre sa participation au métabolisme pourrait, grâce à sa capacité calorifique et sa chaleur de vaporisation élevées, emmagasiner de grandes quantités d’énergie. Dans ce cas-là l’eau est donc un protecteur du végétal, comme des autres organismes vivants, contre les fluctuations de température. Elle leur évite les chocs thermiques momentanés et leur permet de réguler leur régime thermique. La quantité des éléments minéraux nutritifs drainés par l’eau et introduite dans la plante est proportionnelle à leur concentration dans le sol (Gunar et al., 1973). La quantité d’eau absorbée par la plante évolue corrélativement avec la quantité d’engrais apportée sous la plante et atteint un maximum avec la dose minérale optimale, assurant le meilleur rendement en matière sèche et diminue lorsque la dose d’engrais devient toxique. 13 Cette dernière dose exerce une pression osmotique qui retient l’eau et rend difficile son absorption. Cet état de faits est confirmé par l’utilisation d’un agent osmotique le polygluquine pour imiter les pressions osmotiques développées par des doses croissantes de la solution nutritive de Knop. Les doses extrêmes de 0,1 et 4,0 fois la concentration de cette solution nutritive font diminuer la teneur en eau des feuilles, l’accumulation de la matière sèche (= croissance) et l’excitabilité exprimée par une diminution de la vitesse de montée du potentiel d’action. Ce dernier paramètre de la bioélectricité est mieux exprimé lorsque l’humidité relative de l’air (HR) commence à diminuer (El Kinani, 1973). La conductance, comme paramètre bioélectrique, ou l’inverse de la résistance (1/Re) diminue avec l’augmentation de la pression osmotique (Gunar et al, 1974). Ainsi la plante est confrontée à un premier obstacle, souterrain, l’empêchant d’absorber la quantité nécessaire d’eau, mais favorisant une forte accumulation d’éléments minéraux, accumulation qui devient toxique et diminue la croissance. Les paramètres électriques sus-indiqués, diminuent aussi avec l’augmentation de la pression osmotique de la solution nutritive et la forte accumulation des éléments minéraux. La partie aérienne de la plante affronte, elle, d’autres facteurs stressants, influençant son régime hydrique et ce, même, lorsque les conditions nutritives, souterraines, sont favorables à son développement normal. La transpiration, dont l’un des rôles premiers est l’approvisionnement de la plante en eau et en éléments minéraux, est fortement dépendant des conditions environnementales telles que la lumière, la température, l’humidité relative de l’air, et la vitesse du mouvement de l’air. Ajoutés à la structure anatomique de la feuille (stomates et cuticule), lesquels favorisent l’évaporation, donc une perte d’eau, à la suite de quoi le potentiel hydrique dans les cellules baisse c’est à dire que la force de succion augmente, ce qui entraîne une 14 absorption de l’eau à partir du xylème des nervures foliaire ceci génère instantanément un écoulement de la sève, dans les vaisseaux conducteurs, à partir des racines vers les feuilles. Les conditions environnementales, ci-dessus rappelées, sont en perpétuel changement et l’évaporation l’est de même. Nobel (1970), se basant sur les potentiels hydriques de l’atmosphère et de la plante a calculé que les feuilles d’un végétal ne peuvent perdre de l’eau que lorsque l’humidité relative de l’air (HRA) est égale ou dépasse les 99,6%. Or, toujours d’après cet auteur, même au cours des pluies diluviennes l’HRA dépasse rarement les 99%. D’où l’évidence de l’intervention du mécanisme de la régulation stomatique lors de la variation de l’HRA. Ce dernier paramètre du potentiel hydrique, intervenant surtout dans les phénomènes de la transpiration, doit influencer la vie des végétaux. Le potentiel hydrique de l’atmosphère peut être calculé en appliquant la formule suivante : Φwv = RT/V w . Ln (HRA/100) Le potentiel hydrique de l’atmosphère est exprimé en grandes valeurs négatives, car des diminutions minimes de l’HRA correspondent à de grandes augmentations de ces valeurs. A 20°C la constante des gaz parfaits R est égale à 8,3143 j/mole.°k et le volume V de vapeur d’eau à 17,984 cm 3/mole. Donc à 20°C : RT/V = (8,3143.293,16)/17,984 = 135,5j/ cm 3=1355bars A 100% d’HRA, Ln (100/100) = Ln (1) = o, c'est-à-dire que le potentiel hydrique de l’atmosphère est nul. A 99%, Φwv = 1335. Ln(99/100) = -13,6 bars et de là, on obtient les valeurs suivantes négatives en bars d’une atmosphère devenant de plus en plus sèche : 15 Potentiel hydrique de l’Atmosphère (PHA) et Humidité Relative de l’Air (HRA) correspondante : HRA 90 80 70 60 50 40 30 20 10 PHA -142 -300 -480 -690 -936 -1240 -1635 -2170 -3120 Ainsi la force motrice du flux hydrique du sol vers l’atmosphère, en traversant la plante, peut atteindre plusieurs centaines d’atmosphères et les végétaux se dessècheraient rapidement s’il n’y a pas la régulation de la transpiration. Le problème qui se pose donc consiste non seulement à apporter de l’eau aux végétaux mais il conviendrait aussi de les aider à mieux lutter contre ce qu’on pourrait appeler la sécheresse atmosphérique quasi permanente. Dans ces conditions il serait utile de mentionner certains résultats des recherches concernant l’impact de l’HRA sur les phénomènes physiologiques. Utilisant des paramètres de la transpiration, telles que son intensité et sa productivité, Polevoï (1989) conclue que seulement 2,2% du flux hydrique traversant la plante est utilisé pour la synthèse des substances constituant l’organisme végétal, les 97,8% restant sont consommés dans l’évaporation. Bien que toutes les parties supérieures d’une plante peuvent évaporer de l’eau, la transpiration, comme on le sait, est effectuée par les feuilles et essentiellement par les stomates, ces pores qui tapissent les surfaces foliaires. Ainsi par leur mouvement d’ouverture et de fermeture les stomates participent au métabolisme et agissent sur les phénomènes électriques de la plante par les mouvements des ions et de leurs charges électriques. L’ouverture et la fermeture des stomates dépendent de plusieurs facteurs externes et internes. Parmi les facteurs externes les plus importants sont l’HRA, le niveau d’apport d’eau, la lumière et la température. Quant aux facteurs internes tels que la concentration en CO 2, l’état de 16 l’hydratation de la plante, la composition et la proportion ionique, les phytohormones sont intensément étudiés actuellement. L’âge des feuilles et leur stade de développement influencent aussi le comportement des stomates. Avec les progrès techniques et le développement des appareils de mesure, le métabolisme de la plante est pris en considération pour mieux expliquer les mécanismes intervenant dans le comportement des stomates. Ainsi, les processus physiologiques de production d’énergie que sont la glycolyse et le cycle de Krebs (chaîne respiratoire) ont pour but la transformation de substances chimiques, dont certaines tout en étant sur la voie d’être transformées jouent d’autres rôles dans la cellule végétale. C’est le cas du malate que l’on retrouve dans ces processus et qui joue un rôle important dans le comportement des cellules stomatiques, et par conséquent dans le régime hydrique des végétaux. Se basant sur des données bibliographiques dont les travaux de Raschke et Resemann (1986), Polevoï (1989) donne le schéma suivant de l’osmorégulation des mouvements stomatiques : Paroi Squelettique CO2 cytoplasme glucose PEPc H+ malate K+ K+ 17 Vacuole L’ouverture des stomates dépend de la sortie des ions H+ des cellules stomatiques. Ce processus est lié à l’activation des pompes-H+ du plasmalemme en réponse à l’action de facteurs internes ou externes. La sortie des ions H+ est couplée à l’entrée des ions K+ dans la cellule puis dans sa vacuole. Le potassium provient de l’espace libre et des cellules avoisinantes. Le transport des ions K+ dans la vacuole est couplé à son tour à l’entrée de deux types d’anion : les ions Cl- et le malate. La forte sortie des ions H + induite par la lumière provoque une augmentation du pH cytoplasmique jusqu’à 7,2 et plus, ce qui favorise l’activité de la phosphoenolpyruvatecarboxylase (PEP-carboxylase) dont l’optimum d’activité est observé à un pH : 7,5 à 8,0. Cette enzyme accélère la carboxylation du phosphoenolpyruvate formé à partir du glucose après dégradation de l’amidon, ce qui entraîne une augmentation de la teneur en malate dans les cellules stomatiques. La teneur en malate est régularisé par une liaison inverse et négative entre la quantité du malate synthétisé et l’activité de la PEP-carboxylase, la valeur du pH cytoplasmique et l’existence du CO2 pour la carboxylation du PEP et la formation du malate qui expliquent la sensibilité des cellules stomatiques aux concentrations du CO2 dans les tissus. L’augmentation dans les vacuoles des cellules stomatiques de la teneur en éléments osmotiquement actifs (K +, malate, Cl-) entraîne un flux hydrique dans les vacuoles, une augmentation de la pression de turgescence, une tension inverse des parties élastiques de la paroi squelettique et, par conséquent, l’ouverture des ostioles. Les cytokinines peuvent aussi prendre part dans la régulation du comportement des stomates, elles favorisent l’absorption du K+ et activent ainsi les H+, K+ -ATPases du plasmalemme. 18 Lorsque les ostioles se referment la teneur en K+ , Cl- et malate dans les cellules stomatiques diminue. Ce processus est régulé par le CO2 et l’acide abscissique. Avec de hautes concentrations de CO2 respiratoire, le milieu intérieur des stomates devient acide ce qui entraîne une diminution dans l’activité de la PEP-6-carboxylase. L’acide abscissique, dont la teneur augmente avec le déficit hydrique, cause la fermeture des ostioles et perturbe l’échange H+ /K+ dans les cellules stomatiques. L’amidon, le glucose, le fructose-1,6-diphosphate et l’APG sont produits lors des réactions sombres de la photosynthèse, dans le cycle de Calvin, surtout. Or, la régulation de ce cycle se fait par l’intermédiaire de la ribulose-1,5-diphosphate-carboxylase et de la fructose-1,6diphosphatase, enzyme dont l’activité est contrôlée par la concentration en Mg 2+ du stroma. A l’obscurité le pH et la concentration en Mg 2+ diminuent ce qui a pour conséquence d’inhiber l’activité catalytique de ces deux enzymes et donc de stopper le cycle de Calvin (Berkaloff et al., 1981). Vers la moitié des années 70 du dernier siècle, on commençait à supposer que les acides organiques étaient, entre autres, un des facteurs jouant un rôle dans le mouvement des stomates (Mansfield et Jones, 1971). Les différentes hypothèses qui existaient concernent l’acide glycolique, l’acide abscissique, les cations et le CO 2. Discutant toutes ces théories, Louguet (1974) se posait à juste raison la question de savoir si l’accumulation de ces substances dans la plante constitue la cause ou les conséquences du mouvement stomatique. Les handicaps des mesures agronomiques rappelées ci-dessus à savoir une humidité et une nutrition minérale insuffisantes ou excessives sont considérés parmi les conditions stressantes que peuvent subir un semis. Les conditions stressantes- assez nombreuses- peuvent être de longue ou de courte durée. Dans le 1er cas, lorsque les conditions stressantes ne sont pas destructives, la plante peut s’adapter et acquérir une nouvelle anatomie et une nouvelle physiologie. Son rendement, par 19 conséquent et dans la plupart des cas, diminue. Dans le 2 ème cas, lorsque les conditions de stressantes sont destructives et ceci peut se passer aussi au début du 1er cas, la plante selon Polevoï (1989) réagit par : 1. une augmentation de la perméabilité membranaire et une dépolarisation de son potentiel électrique. 2. un influx du Ca2+ dans le cytoplasme. Ces ions viennent de la paroi squelettique et des compartiments internes : vacuole, mitochondries, etc. 3. une acidification du cytoplasme. 4. un montage de microfilaments. 5. une accélération de l’absorption de O 2, de la consommation de l’ATP et de la libération de radicaux libres. 6. une augmentation des processus hydrolitiques. 7. une activation de la synthèse de protéïnes du stress. 8. une activation de la pompe à protons. 9. une activation de la teneur en éthylène et en acide abscissique. Ces deux substances arrêtent le métabolisme et l’acide abscissique. Nous avons rappelé plus haut qu’El Kinani (1973) avait observé que la conductance et les paramètres de la réaction bioélectrique enregistrée, après excitation, sous forme de potentiel d’action dépendent de l’apport des éléments minéraux et de l’état hydrique du sol et de l’atmosphère. Travaillant sur le Maïs, Fromm et Fei (1998) ont constaté que, dans des conditions de sécheresse, l’absorption du CO2 et la transpiration diminuent. Ils ont observé aussi que le stress 20 hydrique créé autour des racines, induit une propagation dépolarisante du potentiel électrique de surface. L’impédance, un autre paramètre électrique, est intensément étudiée actuellement chez les organismes vivants. I.4. Mesure de l’impédance : Comme nous venons de le voir, les paramètres des potentiels électriques, ci-dessus signalés, dépendent des courants hydroioniques lesquels sont fonction des structures, de l'état physiologique des organismes considérés et des conditions environnantes. Parmi les structures il s'agit surtout des membranes cellulaires qui enveloppent le contenu cellulaire ou limitent des organites, tels que les chloroplastes ou les mitochondries, lieux de processus biochimiques intenses. Un échange ionique presque permanent s'opère entre l'intérieur et l'extérieur de ces organites, sur les membranes desquels il y a une forte accumulation d'ions et de charges électriques. C'est pour cette raison que les membranes sont considérées comme des condensateurs (Taylor, 1965). D'un point de vue chimique les membranes cellulaires sont constituées en grande partie par des lipides et des protéines. Les résidus d'acides gras constituant les lipides sont apolaires et ont une faible constante diélectrique. Ils sont considérés comme de mauvais conducteurs. Les membranes ont, par conséquent, des résistances et des capacités électriques assez élevées (Lehninger, 1972). L’ensemble de ces deux paramètres constitue l’impédance (résistance ohmique + résistance capacitive). Pour évaluer l’ordre de grandeur de ces deux paramètres, et leur somme, plusieurs schémas de mesure équivalents ont été proposés. Dans ces schémas, le passage du courant électrique continu à travers un système biologique, comme dans le cas des électrolytes, fait naître le phénomène de polarisation, c'est à dire la formation de charges électriques supplémentaires à cause de l'accumulation d'ions de signes opposés. Une nouvelle redistribution des charges électriques accompagne aussi leur accumulation. La quantité électrique accumulée dépend de la 21 capacité statique et de la capacité de polarisation. Ce dernier phénomène rend difficile la mesure de la capacité, surtout lorsqu'on utilise un courant continu qui, outre la polarisation, entraîne une désintégration du protoplasme. Cet endommagement des cellules fait augmenter leur conductance. Le courant alternatif, par contre, élimine l’effet de polarisation. On l'utilise en introduisant, aussi dans le schéma équivalent de mesure, une deuxième résistance appelée impédance capacitive. Dans ces conditions et contrairement aux simples électrolytes, la conductance se trouve dépendante de la fréquence. Elle augmente jusqu'à une valeur maximale avec l'augmentation de la fréquence. Au-delà de cette fréquence, appelée fréquence caractéristique (FC), la conductance diminue. Cette méthode de mesure avec utilisation du courant alternatif et d’une résistance capacitive dans le circuit de mesure a révélé aussi que la résistance change avec l’état physiologique du matériel biologique testé. Elle diminue fortement dès l’apparition des premiers signes de la mort. Comme nous l’avons rappelé plus haut, la somme des valeurs des résistances d’un système biologique est appelée impédance. En électrotechnique on comprend par impédance un ensemble composé d’une résistance ohmique et d’une réactance. La dernière englobe les résistances capacitives et inductives. Comme dans les systèmes biologiques l’induction n’est pas observée, l’impédance constitue la somme géométrique des résistances ohmique et capacitive. Voulant expliquer le phénomène d’un point de vue biologique, certains chercheurs ( Repo et al., 2000) considèrent que les propriétés du courant qui passe à travers les espaces apoplastiques (espace de circulation en dehors du cytoplasme cellulaire, et notamment dans les espaces intercellulaire et dans les parois squelettiques des cellules) et symplastique (espace 22 constitué par les cytoplasmes de l’ensemble des cellules liés par des plasmodesmes) du tissu testé dépendent de la fréquence du courant et des propriétés du tissu. Comme les membranes cellulaires ont une impédance électrique élevée aux faibles fréquences le courant circule dans l’espace apoplastique lequel détermine l’impédance électrique totale. Dans l’espace apoplastique les ions sont les moyens de transport du courant. Quand la fréquence est grande l’impédance diminue et l’espace symplastique devient conducteur. Les résistances apoplastique et symplastique forment alors un circuit parallèle. Pour caractériser la conductance électrique par des cellules vivantes on recourt à des schémas équivalents c’est à dire à des combinaisons de résistances ohmique et capacitive qui, à première vue, peuvent modéliser les paramètres électriques cellulaires. L’expérience a montré que les cellules vivantes et les tissus se caractérisent par une variation de l’impédance lorsqu’on détermine celle-ci à différentes fréquences du courant alternatif. Il est démontré que, dans ces conditions de mesure, on observe une variation des deux composantes de l’impédance, l’active et la réactive. Dans un tel système, si on désigne par Z l’impédance du circuit, ses composantes, appelées aussi et respectivement résistance réelle et résistance imaginaire et dépendantes de la fréquence du courant, sont fonction l’une de l’autre. Si Zi et la partie imaginaire et Zr la partie réelle, on a : Zi = f(Zr). C’est cette fonction qui fait ressortir ce que l’on a appelé plus haut fréquence caractéristique (FC) qui marque le sommet d’une parabole. Dans la partie « Matériel et méthodes » page 32 nous nous arrêtons sur le calcul de ces composantes. La courbe obtenue à différentes fréquences est appelée aussi spectre d’impédance. Aussi, lorsqu'on entreprend des mesures par contact et en basses fréquences, outre la polarisation des électrodes (Schwan, 1954), on ne touche que les membranes externes. En hautes fréquences, ce sont les structures fortement enclavées dans les cellules de l'organisme 23 testé qui sont concernées. Ainsi se sont développées les idées de mesures tomographiques afin d'évaluer, à l'instar des techniques du scanner, les propriétés électriques de différents compartiments. Pour ce faire, des systèmes multi-électrodes ont été développés (Harker et Maindonald, 1994). Ainsi des mesures de l’impédance électrique ont été élaborées et utilisées pour estimer et évaluer la présence de virus (Greenham et al., 1978), le statut nutritionnel (Greenham et al., 1982), l’état sanitaire général de la plante( Mc Dougall et al., 1987), l’endommagement des fruits (Cox et al., 1993), l’intensité du gel (Repo et al., 1994), la variation structurale des cellules suivant l’induction de l’éthylène par les courants électriques (Inaba et al., 1995), la viabilité des cellules au cours de la congélation croissante (Privé et Zhang, 1996), la maturité des fruits (Harker et Maindonald, 1994; Omoaka et al., 1998), la sensibilité à la salinité (Mancuso et Maindonald, 1996), la capacité de l’enracinement des boutures (Mancuso, 1999). I.5. Instruments de mesure : La résistance électrique des cellules végétales, entant que tissus, varie entre 50.10 3 et 500.103 ohm.cm2 (Clarkson, 1974). Ceci suppose que les appareils de mesures doivent avoir une impédance d’entrée très grande donc des courants d’entrée très faible (10-4 à 10-14 A) (Meylan, 1971). Dans les études récentes, pour la mesure de l’impédance on a utilisé des appareils tels que l’HP4284A ou l’HP16048 (Zhang et Willison, 1992b ; Repo et al., 1994 ; Omaoka et al., 1998 ; Mancuso, 1999 ; Väinölä et Repo, 2000). Les mesures ont été faites entre 42 et 62 fréquences différentes et allant de 20 Hz à 1MHz. Un problème, non moins important, concerne les électrodes pour capter le signal électrique. Les deux types d’électrodes destinés à être introduits dans les cellules géantes ou à être posés en surfaces et proposés par Osterhout et Harris en 1928 (cités par Meylan, 1971) ne cessent d’être améliorés. 24 On doit utiliser des électrodes impolarisables (non ionisables), réversibles, isoélectriques, dont la symétrie élimine par compensation la force électromotrice propre (Meylan, 1971). Les électrodes couramment utilisées sont ceux du type Ag-Ag/Cl ou ceux au calomel. Cependant, Zhang et Willison (1992b) et Omaoka et al. (1998) ont utilisé des électrodes en cuivre. Les mesures des propriétés électriques qui ont fait l’objet des publications que nous avons citées ont été faites sur des organes, dans la plupart des cas, détachés de la plante-mère (Repo et al., 1994 ; Privé et Zhang, 1996 ; Mancuso et Maindonald, 1996 ; Mancuso, 1999). Il est établi aujourd’hui que toute action mécanique (blessures ou excisions), thermique ou chimique que subit un organisme vivant l’excite et stimule chez lui un nouveau courant hydroionique de durée plus ou moins longue. Ceci entraîne des changements électrophysiologiques dans l’organisme testé (Jaffe, 1980; Bacic et Delmer, 1981). Profitant des facilités qu’offrent les progrès technologiques, nous nous sommes proposés de mesurer in vivo l’impédance d’organes de jeunes plantes grâce à l’utilisation d’électrodes autocollantes qui minimisent l’action mécanique. Nous nous sommes proposés aussi de mesurer l’impédance chez des plantes cultivées dans des conditions stressantes en matière d’apport d’éléments nutritifs et aussi en fonction des conditions hydriques du sol et de l’atmosphère. Nous espérons comparer nos résultats avec ceux obtenus par El Kinani (1973) qui a mesuré les paramètres de la réaction bioélectrique de la feuille de blé, cultivé aussi, dans des conditions stressantes analogues. 25 II. MATERIEL ET METHODES II.1. MATERIEL BIOLOGIQUE ……………………………………….. 27 II.2. CONDITIONS DE CULTURE …………………………………….. 27 II.2.1. Culture en hydroponie (aquiculture) …………………………….. 27 II.2.2. Culture sur sable…………………………………………………… 28 II.2.3. Application de conditions atmosphériques particulières ……….. 28 II.2.3.1. Variation de l’humidité relative de l’air (HRA) …………………. 28 II.2.3.2. Variation de l'agitation de l'air (AA)……………………………... 30 II.2.4. Application de conditions souterraines particulières.……..…….. 31 II.3. MESURE DE L’IMPEDANCE………………………………………31 II.3.1. Appareillage, obtention et traitement des résultats……………… 31 II.3.2. Mesures ………………………………………………………...……33 II.4. EVALUATION DE LA CROISSANCE…………………………….35 II.5. CALCUL STATISTIQUE……………………………………………35 26 II. MATERIEL ET METHODES : II .1. Matériel biologique : Les plantes qui ont servi dans cette étude sont le Potiron (Cucurbita maxima L.), le Tournesol (Helianthus annuus L.), la variété Doukalia du Maïs (Zea mays L.) -largement propagé et appréciée par les agriculteurs pour sa rusticité et son adaptation à la sécheresse- cultivés en salle de culture et l'Oseille (Rumex sp.) acheté sur le marché. II.2. Conditions de culture : Dans la salle de culture la photopériode est de 12h par 24h. L'intensité lumineuse de 10000 Lux (125 mol/m2/s) (George, 1993) est assurée par un ensemble de lampes incandescentes et fluorescentes. Ce mode d’illumination électrique, réchauffant, ne laisse pas l’humidité relative dépasser les 50 à 60%. A l’aide d’un climatiseur, la température est maintenue à 22°C le jour et 15°C la nuit. Les graines devant être semées sont rincées massivement à l’eau du robinet. Elles sont ensuite maintenues pendant une heure dans l’eau pour imbibition après quoi elles sont mises à germer dans une bassine de faible profondeur entre deux couches de papier filtre mouillées et recouvertes par une plaque de verre. Après trois jours, la plaque et le papier filtre supérieur sont enlevés pour laisser les plantes prendre un port droit. II.2.1. Culture en hydroponie (aquiculture) : Huit jours après le semis, les plants en bon état et de tailles semblables sont repiqués dans des pots pourvus de couvercles percés de six trous dont un central servant à l'aération, les cinq autres trous servent à contenir les plantes qui y sont maintenues à l’aide du coton. Seules les racines sont plongées dans la solution nutritive de Knop, dont la constitution, légèrement modifiée, est la suivante (g/l ou par Kg de sable inerte): Constituants KNO3 KH 2PO4 MgSO 4 KCl Quantités 0,134 0,143 0,286 Ca(NO3 )2 H2BO3 MnSO 4 ZnSO4 CuSO4 Na 2EDTA FeSO 4.7H2O 0,071 0,286 27 0,005 0,001 0,001 0,001 0,019 0,014 Une telle concentration est désignée, dans le présent travail, par dose normale (Kn). Pour étudier l’effet de la concentration sur l’impédance (résistance et capacité) nous avons cultivé les plantes sur Kn/10, Kn, 2xKn et 4xKn. II.2.2. Culture sur sable : Les graines mises à germer sont repiquées à raison de 10 graines par pot dès que la radicule perce les enveloppes. Quatre jours plus tard, 5 plantules montrant une croissance normale sont laissées se développer, les autres sont éliminées. L'humidité du sable (Annexe I) est calculée sur la base de sa Capacité de Rétention Maximale (CRM) (Laarabi, 1996). Dans des essais préliminaires, nous avons constaté que 20 et 80% de la CRM étaient défavorables pour le développement des plantes. Nous avons retenu donc 40 et 60%. Le niveau d'humidité est maintenu constant par pesée quotidienne de chaque pot et par un apport d'eau distillée, équivalent aux pertes de poids mesurés. Avant d'être mis dans les pots, le sable est mélangé à la solution nutritive, dont le volume est calculé en tenant compte de la quantité de sable mise dans le pot de culture et du niveau d’humidité désiré. Le jour de l'imbibition des graines est considéré comme premier jour de la vie de nos plants. Les mesures sont faites sur les plantes entières, âgées de 14 jours ou toutes les semaines à partir de cet âge lorsqu'on veut suivre l'évolution des paramètres électriques en fonction de l'âge. II.2.3. Application de conditions atmosphériques particulières : II.2.3.1. Variation de l’humidité relative de l’air (HRA) : Pour élever l’humidité relative de l’air, nous avons construit l’enceinte hygrométrique suivante: Les parois internes d’une chambre de test en bois de 0,55 x 0,55 x 0,35 m 3 sont tapissées par une bande d’éponge synthétique de 1cm d’épaisseur, recouverte par 2 couches de gaze et alimentée continuellement par un filet d’eau du robinet. L’excès d’eau d’imbibition de cette bande est recueilli sur un fond métallique muni d’un orifice pour évacuation. 28 La chambre de test est dépourvue de couvercle (voir figure1). Les plantes qui s’y trouvent reçoivent donc le même éclairement que celles qui sont à l’extérieur et qui servent de témoin. La température à l’intérieur de l’enceinte -aussi- ne subit pas de changement. L’éponge et les deux couches de gaze permettant une notable évaporation, l’humidité relative de l’air augmente de 20 à 30% par rapport à l’extérieur de l’enceinte en régime diurne. En lumière éteinte l’humidité relative de l’air devient presque saturante. Dans notre étude les plantes ont subi l’effet de l’élévation de l’humidité relative en régime continu (jour et nuit) pendant 48 heures avant la mesure des paramètres de l’impédance électrique. Ensuite elles sont laissées croître jusqu’à l’âge de 23 jours sous ce régime continu de l’élévation de l’humidité relative. (2) (1) (3) Figure 1. Vue d’ensemble d'un essai. 1- Chambre de test pour abriter les plantes soumises à un niveau élevé d'Humidité Relative de l'Air (HRA) ou à une ventilation. 2- Plantes témoins. 3- Hygro-thermographe. 29 II.2.3.2. Variation de l'agitation de l'air (AA) : A l’aide d’un ventilateur placé à 10 cm de la paroi de la chambre de test décrite plus haut, nous avons crée un flux d’air qui atteint les feuilles des plantes en pots placés au milieu de la chambre de test. La paroi de cette chambre qui se trouve devant le ventilateur et celle qui lui est opposée sont percées de trous de 3,5 cm de diamètre permettant une circulation dans un sens unique du courant éolien traversant la chambre de test (voir figure 2). Dans nos expérimentations les plantes étaient soumises à la ventilation en régime continu (jour et nuit) pendant 48heures avant la mesure des paramètres de l’impédance électrique. Puis elles sont laissées continuer leur croissance sous ce régime continu de ventilation jusqu’à l’âge de 23 jours. 6 Figure 2. Dispositifs de culture des plantes et de mesure de leurs paramètres électriques. 1-Ventilateur. 2- Chambre de test. 3- Pot de culture. 4- Appareil de mesure de bioimpédance. 5- PC pour l'acquisition et l'exploitation de données. 6- Orifices permettant le passage du flux éolien. 30 II.2.4. Application de conditions souterraines particulières : Pour étudier l’effet d'un inhibiteur du métabolisme (KCN) et de divers autres facteurs du milieu extérieur sur les paramètres électriques de l’impédance (capacité et résistance) divers traitements ont été envisagés. Des plantes de Maïs sont cultivées en hydroponie avec une dose normale (Kn) de la solution de Knop. Au 14 ème jour on mesure l’impédance de la 1ère feuille. Cette mesure sert de témoin. Juste après, et sans enlever les électrodes, on ajoute dans chaque pot de culture (de volume 720ml) 10ml de l’une ou l’autre des solutions suivantes : Cyanure (KCN) - 10mM Acide acétique (CH3 COOH) - 1% Polyéthylène glycol 200 (PEG 200) - (2%) Chlorure de sodium (NaCl) - 10mM Une heure plus tard on mesure l’impédance des feuilles chez qui on a déjà mesuré ce paramètre avant le traitement. II.3. Mesure de l’impédance : II.3.1. Appareillage, obtention et traitement des résultats : La plante est modélisée comme une résistance en série ou en parallèle avec un condensateur (figure 3). Rp Rs C Figure 3 : Schéma électrique équivalent à celui de la plante. Rs: représente la résistance série de la plante; Rp : sa résistance parallèle et C : sa capacité. 31 Ce modèle, appelé simple, donne des informations sur les changements que peut subir un essai comprenant un témoin et différents traitements, et ce par les variations des valeurs des éléments constituant le schéma; en revanche, le modèle appelé double, comprenant une capacité supplémentaire en série, caractérise des tissus morts et ceux ayant subi des dommages mineurs (Zhang et Willison, 1992a; Zhang et al.,1993). Le système proposé comporte une injection électrique. La caractérisation de la zone ciblée se fait à l'aide de l'impédance complexe Z du circuit, qui comporte une résistance et une réactance. Ces composantes respectivement appelées aussi résistance réelle et résistance imaginaire dépendent de la fréquence du courant alternatif et sont fonction l'une de l'autre. La fonction Zi = f (Zr) fait ressortir ce que l'on appelle une fréquence caractéristique (FC) marquant le sommet d'une parabole. Les résistances, réelle(Zr) et imaginaire(Zi), sont calculées par les formules suivantes : Résistance réelle : Zr () = Rs+ [Rp/ (1+ (CRp) 2)] 2 Résistance imaginaire : Zi () = CRp / (1+ (CRp) 2) En effet : D’après Laarabi et al. (2002; 2005a, b) l’impédance équivalente du circuit de la figure 3 est : Z = Rs+ [(Rp/jC)/ (Rp+ (1/jC))] = Rs+ [Rp/ (1+jRpC)] = Rs+ [Rp (1-jRpC)/ (1+Rp2C22)] = [Rs+ (Rp/ (1+Rp 2C22))]-[jRp2C/ (1+Rp2C 22)] = Zr+Zi, où : Zr = [Rs+ (Rp/ (1+Rp 2C22))] et Zi = [Rp2C/ (1+Rp 2C22)] Pour les faibles fréquences (<100KHz), Rs est négligeable devant [Rp/(1+Rp2C22)] ;par conséquent ZrRp/ (1+ (RpC) 2 ), où : 32 Rp: résistance mesurée de la plante C : capacité mesurée de la plante : fréquence de la mesure L'appareil de mesure est un LCZ meter 2345. Il est calibré par l'utilisation de la correction du circuit open/short pour éliminer l'impédance de polarisation de l'interface des électrodes. La capacité et la résistance sont mesurées dans une gamme de fréquences de 40Hz à 100KHz (34 fréquences). Les mesures sont saisies automatiquement dans un PC relié à l'appareil de mesure par une interface GBIP (IEEE 488), que nous avons programmé (un logiciel de commande et de traitement est développé pour cette étude (Annexe II)) pour balayer la gamme de fréquence lorsqu'on injecte un signal électrique d’amplitude 1V généré par le LCZ meter. Pour capter le signal électrique émis par la plante, nous avons utilisé des électrodes autocollantes utilisées en électrocardiologie et jetables après leur première utilisation. Nous les avons découpées dans des électrodes de marque Schiller Ag. L’endroit servant à la connection avec le LCZ meter est laissé intact. L’électrode ainsi obtenue ressemble à une râpe à fromage de 1cm2 de surface. La manche sert à la connection par l’intermédiaire de fils livrés avec le LCZ meter. Pour une feuille de graminée, par exemple, l’électrode est placée parallèlement à la nervure centrale. La manche et les fils de connection vont vers le sommet de la feuille. La surface des premières feuilles de toutes les plantes testées est supérieure à 1cm2. Ces feuilles ne présentent pas, à l’œil nu, de signes de vieillesse, qui se caractérisent, comme on le sait, par un desséchement. II.3.2. Mesures : Le jour de l'imbibition des graines est considéré comme premier jour de la vie de nos plants. Les mesures sont faites sur les plantes entières, âgées de 14 jours ou toutes les semaines à partir de cet âge lorsqu'on veut suivre l'évolution des paramètres électriques en fonction de l'âge. 33 L'organe végétal (cotylédon, feuille ou tige) est placé entre les deux électrodes. Pour la feuille, par exemple, une électrode est placée sur la face supérieure et la deuxième au même endroit, mais sur la face inférieure (fig. 4). La différence de dimensions entre les organes opposés chez une même plante est connue (Güven et Desbies, 1978). Nous avons opté pour la désignation "Grand, G" ou "Petit, P" pour en faire la différence. 4 5 1 11 3 2 LCZ meter 10 6 7 9 PC 8 Figure 3. Schéma de mesure de l'impédance électrique de la première feuille de Maïs. 1- face supérieure de la première feuille. 2- face inférieure de la première feuille. 3- partie autocollante de l’électrode. 4- zone de connection de l’électrode. 5- fils reliant les 2 électrodes à l'appareil de mesure. 6- LCZ meter. 7- interface IEEE488. 8- PC. 9- pot de culture. 10- épicotyle. 11- deuxième feuille. 34 II.4. Evaluation de la croissance : Les plantes qui ont servi aux mesures des paramètres électriques de l’impédance sous les différentes conditions sont laissées continuer leur développement soit en présence de l'humidité relative élevée ou du vent soit dans leurs conditions anciennes de culture (pour les plantes cultivées à différentes doses de la solution de Knop) soit dans les nouvelles conditions de culture (en présence de KCN, d’acide acétique, de polyéthylène glycol 200 ou de NaCl) jusqu’à l’âge de 23 jours. les différentes conditions sont laissées pour continuer leurs développements. A cet âge nous avons mesuré, à l’aide d’une règle graduée, la plus grande longueur (L) et la plus grande largeur (l) de la deuxième feuille étant donné sa forme ellipsoïdale. La croissance de la plante est évaluée sur la base de l’indice de vigueur (IV) de la 2 ème feuille que nous avons défini comme étant le produit de la plus grande longueur (L) par la plus grande largeur (l) : IV(cm2)=L x l. II.5. Calcul statistique : Les données que nous avons présentées sont sous forme de moyenne ± l’écartype (à l’aide d’un logiciel statistique SPSS) qui sont calculés sur la base du nombre de répétitions (n) que nous avons pu faire ((n 3) pour chaque échantillon) sans que les mesures soient trop étalées dans le temps (chaque balayage des 34 fréquences dure environ 2 min). 35 III. RESULTATS III.1. ANALYSE SPECTROMETRIQUE, IN VIVO, DE L'IMPEDANCE DES ORGANES AERIENS DE CERTAINES PLANTES MONO- ET DICOTYLEDONES……………………………………………………... ………….37 III.2. ANALYSE SPECTROMETRIQUE, IN VIVO, DE L'IMPEDANCE DE LA PREMIERE FEUILLE DE MAÏS EN FONCTION DES CONDITIONS HYDRIQUES DU SOL ET DE L’ATMOSPHERE…. 49 III.3. EFFET DES CONDITIONS STRESSANTES SOUTERRAINES SUR L’IMPEDANCE ELECTRIQUE FOLIAIRE CHEZ DE JEUNES PLANTES DE MAÏS …………………………………………………….……….. 58 36 III.1. ANALYSE SPECTROMETRIQUE, IN VIVO, DE L'IMPEDANCE DES ORGANES AERIENS DE CERTAINES PLANTES MONO- ET DICOTYLEDONES. III.1.1. Comparaisons électrospectromètriques entre les espèces testées ……. 38 III.1.2. Comparaisons électrospectromètriques entre les organes aériens d'une même espèce …………………………………………………………….…. 42 III.1.3. Comparaisons électrospectromètriques entre les organes opposés d'une même plante…………………………………………………….…………. 43 III.1.4. Comparaisons électrospectromètriques en fonction de l'âge …….….... 44 37 Cette première partie représente les résultats préliminaires qui nous ont permis de choisir l’organe reflétant le mieux l’état physiologique de la plante. Le choix de l’espèce, de son organe et de son âge seront justifiés plus loin. Nous avons vérifié la reproductibilité des mesures en utilisant des résistances et des capacités connues. Les résultats exposés ci-dessous représentent la moyenne des mesures faites sur 3 plantes. Ces résultats nous permettent de procéder à des comparaisons électrospectromètriques entre les espèces testées, entre les organes d'une même plante, entre les organes opposés d'une même plante et entre les différents âges des différentes espèces. III.1.1. Comparaisons électrospectromètriques entre les espèces testées : Les mesures sont faites sur la tige et la première feuille chez le Tournesol, le Potiron et le Maïs âgés de 14 jours. Les résultats de mesure sont présentés sur les figures 5, 6 et 7 sous forme de courbes spectrométriques. Sur ces courbes chaque point est calculé en fonction de la fréquence de mesure, de la résistance parallèle (Rp) et de la capacité parallèle (Cp) mesurées. Les paramètres électriques mesurés, exprimés sous forme de courbes et caractérisant les tissus, font ressortir la grande différence structurale qui existe entre la feuille et la tige et ce, indépendamment de l'espèce testée. De plus, une nette différence dans l’amplitude existe aussi entre les courbes spectrométriques de bioimpédance (CSB) des feuilles dicotylédones d'une part (fig. 5, 6) et celles de l'espèce monocotylédone de l'autre (fig. 7). Les CSB de la tige du Potiron (fig. 5) et du Maïs (fig. 7), par comparaison à celle du Tournesol (fig. 6), accusent une certaine irrégularité aux environs de la fréquence caractéristique (sommet de la courbe). Nous pensons que cette irrégularité est due au facteur "âge" étudié plus loin. 38 En comparant les paramètres des impédances des feuilles des différentes espèces testées nous constatons que la feuille du Maïs accuse la plus grande capacité (ou accumulation de charges électriques) et la plus grande résistance (figure 5, 6 et 7). Le Tournesol et le Potiron sont des plantes en C 3 chez qui la fixation du gaz carbonique (CO2) aboutit à la formation de l'acide phosphoglycérique. Le Maïs, lui, est une plante en C 4 chez qui cette première étape de fixation de CO2 aboutit à la formation d'acides dicarboxyliques (oxaloacétique, malique, aspartique). Les données de l'impédance de la feuille de Maïs nous ont incités à mesurer celle d'une plante se distinguant par une grande teneur en acides, en l'occurrence l'Oseille. feuille 12000 FC=700Hz; Cp=2,98nf; Rp=30,7k hypocotyle 10000 Zi(ohm) 8000 6000 4000 FC=6200Hz; Cp=2,58nf; Rp=5,44K 2000 0 0 10000 20000 30000 40000 50000 Zr(ohm) Figure 5 : Impédance de l'hypocotyle et de la première feuille de potiron âgé de 14 jours. 39 feuilleG 60000 hypocotyle FC=800Hz; Cp=0,88nf; Rp=125,5K 50000 Zi(ohm) 40000 30000 20000 FC=800Hz; Cp=5,74nf; Rp=16,7k 10000 0 0 50000 100000 150000 200000 Zr(ohm) Figure 6 : Impédance de l'hypocotyle et de la première feuille (G) du tournesol âgé de 14 jours. 40 feuille épicotyle 120000 FC=700Hz; Cp=0,50nf; Rp=240k 100000 Zi(ohm) 80000 60000 FC=80Hz; Cp=12,36nf; Rp=143,6ok 40000 20000 0 0 100000 200000 300000 400000 Zr(ohm) Figure 7 : Impédance de l'épicotyle et de la première feuille de maïs âgé de 14 jours. 41 Les données du tableau I montrent que la plus grande condensation de charges électriques se trouve dans les feuilles d'Oseille, la résistance électrique des feuilles de cette plante est intermédiaire entre celle du Maïs d'une part et celles du Potiron et du Tournesol d'autre part. III.1.2. Comparaisons électrospectromètriques entre les organes aériens d'une même espèce : Les rôles des différents organes d'une plante étant différents, leur anatomie et leur physiologie doivent l'être aussi. Ceci se reflète sur les valeurs de l'impédance de ces organes(Figures 5,6 et7). Dans nos expériences, la résistance de la tige est de 7,5 - 5,6 et 1,8 fois plus grande que chez les feuilles, respectivement du Tournesol, du Potiron et du Maïs ( tableau I ). Tableau I : Impédance de la tige (Hyp) et de la première feuille (Flle) du Tournesol, du Potiron , du Maïs et de l'Oseille: Le tournesol, le potiron et le maïs sont âgés de 14 jours. L'âge de l'Oseille n'est pas connu (voir texte). -FC : fréquence caractéristique. -Cp : capacité électrique parallèle mesurée. -Rp : résistance électrique parallèle mesurée. Tournesol Potiron Maïs Oseille FC(Hz) Hyp Flle 800 800 700 6200 700 80 Cp(nF) Hyp Flle 0,88 5,74 2,98 2,58 0,50 12,36 Rp(k) Hyp Flle 125,50 16,70 30,70 5,44 240,00 143,60 100 18,00 49,40 Zr() Hyp 100.10 3 22.103 210.10 3 Zi() Hyp 550.10 3 11.103 100.10 3 Zr() Flle 15.10 3 4.10 3 80.10 3 Zi() Flle 6647 2250 71.10 3 Les capacités de l'hypocotyle et de la feuille, chez le Potiron, sont à peu près les mêmes. Cette plante appartient à la famille des Cucurbitacées qui se distinguent par une tige rampante. Par contre chez le Maïs et le Tournesol qui ont un port droit, les capacités sont respectivement 24,6 et 6,5 fois plus grandes chez les feuilles que chez l'hypocotyle et l'épicotyle. 42 III.1.3. Comparaisons électrospectromètriques entre les organes opposés d'une même Plante : Morphologiquement, au cours des premiers stades de croissance, le Tournesol se distingue par deux cotylédons opposés se transformant en feuilles photosynthétisantes et une première paire de "vraies" feuilles aussi opposées. Le Potiron, lui, a une paire de cotylédons photosynthétisants et une vraie feuille. Les paramètres de l'impédance de ces organes sont portés sur le tableau II. Tableau II: Capacité et résistance des organes opposés chez le Tournesol et le Potiron (âgés de 14jours): G-grand; P-petit. Cp(nF) Tournesol Potiron cotylédon G P 4,53 1,87 7,37 8,42 Rp(k) Feuille G P 5,74 5,20 2,58 cotylédon G P 6,76 23,70 6,28 3,50 feuille G P 16,70 19,00 5,44 Chez le tournesol, les paramètres de l'impédance des feuilles opposées se rapprochent alors que ceux des cotylédons sont très éloignés. Ainsi, le rapport de capacité du grand cotylédon au plus petit est de 2,42. Pour les feuilles ce rapport est de 1,10. Pour la résistance (les rapports du plus petit au plus grand), ces rapports sont de l'ordre de 3,50 et de 1,14, respectivement pour les cotylédons et la feuille. Les données du tableau II nous renseignent aussi sur le sens de l'évolution des grandeurs que peuvent avoir les paramètres de l'impédance des organes opposés : aux plus petites valeurs de la capacité d'un organe donné correspondent les plus grandes valeurs de résistance. La capacité des cotylédons du Potiron est plus élevée que celle du Tournesol, mais dans ce cas, c'est le plus petit cotylédon qui montre la plus grande capacité. La capacité et la résistance de la première feuille du Potiron âgé de 14 jours sont en deçà de celles du Tournesol du même âge. 43 Ainsi, comparées horizontalement ou verticalement, les données du tableau II montrent une différence aussi bien entre les organes opposés d'une même plante qu'entre les organes correspondants des deux plantes comparées. Ceci laisse penser que les paramètres de l'impédance sont liés à la spécificité du matériel testé. Or, la spécificité biologique est imposée par le programme génétique qui se déroule dans le temps entraînant des changements de structure et de métabolisme qui peuvent influencer à leur tour les valeurs de l'impédance. III.1.4. Comparaisons électrospectromètriques en fonction de l'âge : Nous avons réalisé des mesures d'impédance toutes les semaines sur les feuilles des trois plantes testées. Cet organe est commun et constitue le lieu de phénomènes physiologiques intensifs, telles que la photosynthèse, la transpiration, etc. Les figures 8, 9 et10 montrent les impédances des 3 plantes pendant la première période de croissance (14-42 jours). Nous remarquons que toutes les CBS ont une allure parabolique. Cette allure typique se perd chez le Tournesol à l’âge de 28 jours et chez le Maïs à l’âge de 35 jours. L'élément le plus remarquable est le renversement de la courbe de spectrométrie de la feuille du Tournesol âgé de 28 jours. Les perturbations de cette courbe, aux environs de la fréquence caractéristique, commencent déjà à l'âge de 21 jours avec une forte chute de la résistance: de 16,70Kà 2,38K(tableau III). Chez la deuxième dicotylédone, le Potiron, les perturbations de la courbe commencent aussi à l'âge de 21 jours mais cette fois avec une forte augmentation de la résistance. Chez le Maïs on observe aussi une importante chute de l'impédance au 21ème jour, mais la courbe reste typique et continue à l'être, même au 28ème jour. Nous remarquons aussi qu'à la plus forte fréquence caractéristique correspond la plus petite résistance et c'est à ce moment que commencent les perturbations de la courbe. Les plus petites valeurs de capacité sont observées chez le Potiron, les plus grandes chez le Maïs. 44 14jours a Zi(Kohm) 10 Fc=800Hz; Cp=5,74nF; Rp=16,7K 5 0 0 10 20 30 40 Zr(Kohm) 21jours Zi(Kohm ) b Fc=300Hz; Cp=8,30nF; Rp=30,30K 15 10 5 0 0 10 20 30 40 50 Zr(Kohm) Zi(o hm) c 28jours 400 300 200 100 0 0 1000 2000 3000 4000 Zi(ohm) Zr(ohm) 400 300 200 100 0 d 35jours 0 1000 2000 3000 4000 Zr(ohm) Zi(ohm) e 42jours 800 600 400 200 0 0 1000 2000 3000 4000 Zr(ohm) Figure 8 (a, b, c, d et e) : Evolution de l’impédance de la première feuille de Tournesol en fonction de l’âge. Zi : partie imaginaire ; Zr : partie réelle ; FC : fréquence caractéristique ; Rp : résistance parallèle ; C : capacité parallèle. 45 14jours a 3 2 Zi(Kohm) Fc=6200Hz;Cp=2,58nF;Rp=5,44K 1 0 0 2 4 6 8 Zr(Kohm) 21jours b Fc=300Hz;Cp=8,30nF;Rp=30,30K Zi(Kohm) 15 10 5 0 0 10 20 30 40 50 Zr(Kohm) 28jours c Fc=600Hz;Cp=8,90nF;Rp=16,40K Zi(Kohm) 8 6 4 2 0 0 5 10 15 20 25 Zr(Kohm) 35jours Zi(Kohm) d 2 Fc=8000Hz; Cp=2,34nF; Rp=4,23K 1,5 1 0,5 0 0 2 4 6 8 Zr(Kohm) Zi(Kohm) e 42jours Fc=400Hz; Cp=5,70nF; Rp=34,40K 15 10 5 0 0 10 20 30 40 50 Zr(Kohm) Figure 9 (a, b, c, d, et e) : Evolution de l’impédance de la première feuille de Potiron en fonction de l’âge. Zi : partie imaginaire ; Zr : partie réelle ; FC : fréquence caractéristique ; Rp : résistance parallèle ; C : capacité parallèle. 46 a Fc=80Hz;Cp=12,36nF;Rp=143,60K 80 Zi (Koh m) 14jours 60 40 20 0 0 50 100 150 Zr(Kohm) 21jours b Zi(ohm) 150 Fc=1000Hz;Cp=5,84nF;Rp=53K 100 50 0 0 50 100 Zr(Mohm) 28jours c Z i(Moh m) 20000 Fc=1000Hz;Cp=6,12nF;Rp=51K 15000 10000 5000 0 0 50 100 150 Zr(Mohm) Figure 10 (a, b, c, d et e) : Evolution de l’impédance de la première feuille de Maïs en fonction de l’âge. Zi : partie imaginaire ; Zr : partie réelle ; FC : fréquence caractéristique ; Rp : résistance parallèle ; C : capacité parallèle. 47 Tableau III: Evolution, en fonction de l'âge, des paramètres de l'impédance de la première feuille du Potiron, du Tournesol et du Maïs. Age (jours) 14 21 28 35 42 Tournesol Fc(Hz) Cp(nF) Rp(K) 800 4500 5,74 5,90 16,70 2,38 Fc(Hz) Potiron Cp(nF) Rp(K) 2,58 8,30 8,90 2,34 5,70 5,44 30,30 16,40 4,23 34,4 6200 300 600 8000 400 Fc(Hz) Maïs Cp(nF) 80 1000 1000 12,36 5,84 6,12 Rp(K) 143,60 53,00 51,00 Comme nous l’avons indiqué plus haut (section III.1.1), les feuilles de Maïs, par comparaison aux feuilles des autres espèces testées, se distinguent par les plus grandes capacités et les plus grandes résistances électriques. Pour cette raison ainsi que pour son importance dans l’agriculture marocaine, le Maïs a été choisi comme matériel végétal. Nous avons choisi, pour les expériences qui suivent, le Maïs dont les feuilles sont alternes, c’est à dire disposées les unes après les autres, la première, étant la plus âgée, se trouve en bas de la tige. 48 III.2. ANALYSE SPECTROMETRIQUE, IN VIVO, DE L'IMPEDANCE DE LA PREMIERE FEUILLE DE MAÏS EN FONCTION DES CONDITIONS HYDRIQUES DU SOL ET DE L’ATMOSPHERE. III.2.1. Impédance électrique en fonction de l’apport d'eau en air calme….. 50 III.2.2. Impédance électrique en fonction de l’apport d'eau en air agité ou fortement humide.............................................................................. 52 49 Nous mesurons l'impédance électrique de la première feuille de Maïs âgé de 14 jours, cultivé avec trois niveaux différents d'apport d'eau au sol et soumis à trois conditions atmosphériques différentes: un air calme, un air agité et un air fortement humide. L'humidité du sol (40%, 60% de la CRM) ou le substrat liquide constituent donc un fond commun pour les trois facteurs atmosphériques. Cependant, une première analyse des résultats nous a amenés à distinguer deux cas: - la culture en air calme, sans intervention externe et, - la culture en air de régime hydrique modifié. Les résultats exposés ci-dessous représentent la moyenne des mesures faites sur 3 plantes. III.2.1. Impédance électrique en fonction de l’apport d'eau en air calme : Les résultats des mesures spectrométriques sont présentés sous forme de courbes sur la figure11. On y remarque que si les courbes des plantes cultivées sur substrat solide se rapprochent, elles s'éloignent fortement de celle des plantes cultivées en hydroponie. Le mode de culture (substrat solide ou liquide) qui donne de tels résultats serait, probablement, la cause de cette différence dans la représentation spectrométrique. Ceci résulte de la différence dans les valeurs des paramètres de l'impédance (Tableau IV). En effet, les plantes cultivées en hydroponie ont la plus grande résistance (170 Kohm) et la plus petite capacité ou accumulation de charges électriques (5,67 nF). 50 1 N ; h y d r o p o n ie 1N ; 60% C R M 1N ; 40% C R M 120000 100000 Z i(Mohm) 80000 60000 40000 20000 0 0 100 200 300 400 Z r(M o h m ) Figure 11. Effet du mode de culture sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé en hydroponie ou sur sable à 60 et 40 % de la Capacité de Rétention Maximale (CRM). Tableau IV. Variation des paramètres de l'impédance de la première feuille de Maïs âgé de 14 jours en fonction du mode de culture. C- capacité électrique parallèle, Rp- résistance électrique parallèle, CRM- capacité de rétention maximale 40% CRM 60% CRM Hydroponie C (nF) 10,95 13,93 5,67 Rp (Kohm) 97,67 116,20 170,00 Dans le prochain paragraphe nous étudierons les paramètres de l’impédance foliaire en agissant sur les facteurs qui influencent le courant hydroionique 51 III.2.2. Impédance électrique en fonction de l’apport d'eau en air agité ou fortement humide : En comparant l'effet de l'air agité (AA) à celui de l'air à humidité relative élevée (HRAE), nous avons constaté une ressemblance dans l'aspect des courbes spectrométriques de l'impédance. Aussi nous regroupons sur le tableau V et la fig. 12 (a, b, c, d, e, f) - l'ensemble des résultats concernant ce paragraphe. Il devient alors aisé de faire les constatations suivantes: 1°/ La similitude de l'effet des deux facteurs - AA et HRAE - (comparaison horizontale). 2°/ L'action de ces deux facteurs dépend du niveau d'humidité du milieu où poussent les racines (comparaison verticale): - avec une basse humidité du sol (40% et 60% de la CRM) les deux facteurs paraissent comme des stimulants de la croissance foliaire. - Avec une humidité élevée (hydroponie) il y a reversement de la situation, et les deux facteurs deviennent inhibiteurs. Tableau V. Variation des paramètres de l'impédance de la première feuille de Maïs âgé de 14 jours et de l'indice de vigueur (IV) de la deuxième feuille des mêmes plantes âgées de 23 jours en fonction de l’apport d’eau, de l'agitation de l'air ambiant et de son humidité relative. C- capacité électrique parallèle, Rp- résistance électrique parallèle, FC- fréquence caractéristique, CRM- capacité de rétention maximale, HRAE- humidité relative de l'air élevée. 40% CRM 40% CRM 40% CRM 60% CRM 60% CRM 60% CRM (témoin) (vent) (HRAE) (témoin) (vent) (HRAE) (témoin) (vent) (HRAE) IV (cm2 ) 25,61 23,13 21,96 23,04 22,00 21,80 19,25 17,86 17,82 C (nF) 10,95 7,03 6,73 13,93 11,93 7,96 5,67 11,02 10,52 Rp (Kohm) 97,67 92,27 167,33 116,20 13,57 34,00 170,00 60,27 29,77 600,00 800,00 600,00 400,00 2000,00 1000,00 500,00 1000,00 1000,00 FC (Hz) 52 Hydroponie Hydroponie Hydroponie Air Agité Humidité Relative de l’Air 40%;Air Agité48h 40%;Air Calme 50000 40%;HRAE48h 40%;sans HRAE 100000 80000 Zi(Mohm) Zi(Mohm) 40000 30000 20000 10000 0 60000 40000 20000 0 0 100 Zr(Mohm) 200 0 (a) (d) 60%;HRAE48h 60%;sans HRAE 60%;Air Agité48h 60%;Air Calme 30000 20000 Zi(Mohm) Zi(Mohm) 25000 15000 10000 5000 0 0 100 200 Zr(Mohm) 30000 25000 20000 15000 10000 5000 0 0 300 200 300 (e) hyd;Air Agité48h hyd;Air Calme Zi(Mohm) 100000 80000 60000 40000 20000 0 200 Zr(Mohm) hyd;HRAE48h hyd;sans HRAE 120000 120000 Zi(Mohm) 100 Zr(Mohm) (b) 0 200 400 Zr(Mohm) 100000 80000 60000 40000 20000 0 0 400 200 400 Zr(Mohm) (c) (f) Figure 12 : (a) Effet de l'Air Agité sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé sur sable à 40% de la capacité de rétent ion maximale (CRM). (b) Effet de l'Air Agité sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé sur sable à 60 % de la capacité de rétention maximale (CRM). (c) Effet de l'Air Agité sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé en hydroponie (hyd). (d) Effet de l'Humidité Relative de l'Air élevée (HRAE) sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé sur sable à 40 % de la capacité de rétention maximale (CRM). (e) Effet de l'Humidité Relative de l'Air élevée (HRAE) sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé sur sable à 60 % de la capacité de rétention maximale (CRM). (f) Effet de l'Humidité Relative de l'Air élevée (HRAE) sur l'impédance de la première feuille de Maïs cultivé en hydroponie (hyd). 53 L'analyse détaillée des valeurs des paramètres de l'impédance va apporter quelques éclaircissements. Les variations des paramètres de l'impédance, de la fréquence caractéristique et de l'indice de vigueur sont portés sur le tableau V et la figure 13. Les données concernant l’IV du tableau V nous montrent que l’IV diminuent chez les plantes soumises à l’action du vent (AA) ou à l’action de l’humidité relative de l’air élevée (HRAE). Ces facteurs atmosphériques testés inhibent la croissance foliaire et ce, quelle que soit l'humidité du "sol". La capacité ou accumulation de charges électriques est inhibée chez les plantes cultivées sur substrat solide comparativement au témoin. Elle est, par contre, stimulée chez les plantes cultivées en hydroponie et soumises à l'air agité ou à une humidité relative élevée (fig. 13). Les deux derniers facteurs, environnementaux, inhibent Rp chez les plantes cultivées en hydroponie ou à une humidité équivalente à 60 % de la capacité de rétention maximale du sol (CRM). A 40% et avec l'air agité Rp est légèrement diminuée. Elle est fortement augmentée lorsque l'humidité relative de l'air est élevée. C'est ce paramètre, Rp de l’impédance, qui est donc responsable de ce que nous avons appelé plus haut (p. 52)"un renversement de situation". En effet, en air calme, chez les plantes cultivées en hydroponie, Rp est de l'ordre de 170 Kohm. Elle est de 116,20 et de 97,67 Kohm, respectivement chez les plantules cultivées à 60 % et 40 % de la CRM du sable. L'action du facteur "air ambiant" n'est pas la même en passant d'une humidité du sol à l'autre sur la capacité électrique. Ainsi en air agité, ce sont les plantes cultivées à 40 % de la CRM qui voient leur capacité électrique chuter, tandis qu'en humidité relative élevée ce sont celles cultivées à 60 % de la CRM. Ceci suppose que ce ne sont pas les mêmes structures, ni le même échange d'éléments chimiques qui sont mis en jeu dans chacun des cas. 54 IV (cm2) IV(cm2) Figure 13. Relation entre les paramètres de l'impédance (Capacité, Résistance et Fréquence) de la première feuille de Maïs âgé de 14 jours et l'indice de vigueur (IV) de la deuxième feuille des mêmes plantes âgées de 23 jours en fonction du mode de culture (Hydoponie, 60 % et 40 % de la Capacité de Rétention Maximale -CRM-), de l'agitation de l'air ambiant (Vent) et de son humidité relative (HRAE). 55 En matière de Rp, ce sont les plantes dont le système racinaire pousse dans un milieu fortement dilué qui voient chuter leur résistance électrique foliaire. Ainsi ces expériences nous ont permis de constater les faits suivants: - La résistance électrique du matériel végétal testé constitue, le paramètre essentiel des coordonnées d'une courbe spectrométrique d'impédance. - L’impédance capacitive augmente lorsque la culture est en hydroponie et menée dans des conditions stressantes de l'air ambiant. - En air agité ou avec une humidité relative élevée, la courbe spectrométrique d'impédance est à une faible amplitude lorsque la concentration des éléments minéraux mis à la disposition de la plante est diluée ( à 60% de la CRM ou en hydroponie). - La réponse de la plante par des signaux électriques telles que Cp ou Rp à une condition quelconque de culture ou à un stress donné est spécifique. Pour les deux facteurs stressants testés dans ce travail, la représentation spectrométrique tend à se généraliser et prend la même allure. Elle reflète l’action inhibitrice d’un facteur sur l’état physiologique de la plante. - L'action prolongée de l'air agité ou de l’humidité relative élevée diminue la croissance foliaire du Maïs exprimée par l'indice de vigueur. Les deux derniers facteurs, l’air agité et l’humidité relative de l’air fortement élevée, agissant sur la partie aérienne de la plante ont fait diminuer la croissance et les paramètres de l’impédance électrique foliaire. La croissance d’un végétal dépend aussi du milieu où pousse et se développe le système racinaire. Dans plusieurs cas ce milieu peut constituer un facteur limitant pour le rendement du végétal. Dans la partie qui suit nous étudions l’effet contraignant du milieu où se développe l’appareil racinaire souterrain de la plante sur l’impédance électrique foliaire. 56 III.3. EFFET DES CONDITIONS STRESSANTES SOUTERRAINES SUR L’IMPEDANCE ELECTRIQUE FOLIAIRE CHEZ LES JEUNES PLANTES DE MAÏS. III.3.1. Effet de la concentration en éléments nutritifs sur les paramètres électriques de l’impédance……………………………………………. 59 III.3.2. Effet du stress osmotique (PEG200)…………………………………. 61 III.3.3. Effet du stress salin (NaCl)…………………………………………… 63 III.3.4. Effet du stress acide (CH3 COOH)…………………………………… 65 III.3.5. Effet du KCN, un inhibiteur du métabolisme………………………. 66 III.3.6. Comparaison de l’effet des différents facteurs stressants utilisés….. 67 57 Parmi les facteurs naturels qui peuvent constituer un frein à une meilleure croissance des racines nous citerons la salinité et l’acidité. Le premier phénomène est le résultat de l’existence d’un excès d’ions nocifs tels que le Na+ , le Cl-, le SO42 -, etc. Le deuxième est crée par une forte teneur, toujours dans le sol, de protons H+ et d’alluminium Al 3+. Ces 2 ions font baisser drastiquement le pH, alors que la plante est habituée à un pH neutre à légèrement acide. Le sodium (Na+ ) ainsi que les autres ions contenus dans les engrais (N P K) peuvent devenir dangereux quand ils sont en grande quantité dans le sol. Outre l’action nocive, sur les organites cellulaires après leur absorption, ils créent une pression osmotique qui retient l’eau et l’empêche d’être absorbée par les racines. Dans le présent travail nous créons ces facteurs en appliquant des doses croissantes d’éléments minéraux (différentes concentrations de la solution de Knop : Kn/10, Kn, 2xKn et 4xKn), ou en ajoutant à la solution nutritive (Kn) un osmolysant (le PEG 200) ou un sel (le NaCl) ou un acide (le CH3COOH). Nous étudions l’effet de ces substances sur les paramètres de l’impédance et sur la croissance foliaire, toujours chez les jeunes plantes de Maïs. Nous vérifions, enfin, le lien qui existe entre le métabolisme et les paramètres électriques mesurés en utilisant un inhibiteur du transport des protons, la cyanure (KCN). La marche à suivre est décrite dans les protocoles expérimentaux de la section II (Matériel et méthodes). Pour chaque type d'essais soumis à un stress donné, nous présentons les mesures de l'impédance et de la croissance foliaire. 58 III.3.1. Effet de la concentration en éléments nutritifs sur les paramètres électriques de l’impédance : La figure 14 nous montre les variations de l'impédance électrique spectroscopique en fonction du niveau nutritionnel. La courbe de spectrométrie de bioimpédance (CSB) obtenue à la concentration (2xKn) a la plus haute amplitude. Elle est suivie respectivement et de façon régressive par celles de Kn, Kn/10 et 4xKn. K n /1 0 ( n = 5 ) K n(n=5) 2x Kn(n=5) 4x Kn(n=4) 120000 2xKn 100000 Kn Zi(Mohm) 80000 Kn/10 60000 40000 20000 4xKn 0 0 100 200 300 400 500 Z r (M o h m ) Figure 14. Impédance de la première feuille de Maïs en fonction de la concentration de la solution nutritive de Knop. (culture en hydroponie, n- nombre de répétition). 59 Les résultats des mesures enregistrés dans le tableau VI montrent que la capacité augmente de façon linéaire de 5,1 nF à 8,11 nF et parallèlement à l'augmentation de la concentration de la solution nutritive, alors que la résistance décrit une courbe en cloche avec un maximum de 281K à 2xKn et un minimum de 87 Kà 4xKn. Tableau VI. Capacité, résistance et indice de vigueur des feuilles de Maïs en fonction de la concentration de la solution nutritive de Knop. Les paramètres électriques sont mesurés chez la 1ère feuille âgée de 14 jours, l’indice de vigueur chez la 2ème feuille âgée de 23 jours. (Kn/10) (Kn) (2xKn) (4xKn) C (nF) à FC 5,10,9 (n=5) 5,671,57 (n=5) 6,310,52 (n=5) 8,111,41(n=4) Rp (K) à FC 16730,6 (n=5) 17076,07 (n=5) 28195,09 (n=5) 8716,84 (n=4) IV (cm 2) 10,401,64 (n=5) 19,251,64 (n=5) 18,091,75 (n=5) 10,890,98 (n=4) En matière de croissance foliaire, la meilleure est assurée par les 2 concentrations Kn et 2xKn (tab. VI). Ces 2 doses se trouvent donc équilibrées et nous les prenons comme étalon pour les comparaisons qui vont suivre dans ce travail. Gunar et al. (1973) ont constaté aussi que les concentrations qui assurent une meilleure croissance en hauteur et une meilleure accumulation de la matière sèche sont respectivement Kn et 2xKn) chez le Blé. Un pouvoir desséchant est créé lorsque la concentration de la solution nutritive est excessivement élevée. C’est ce que certains auteurs appellent « la sécheresse physiologique » créée par ce phénomène osmotique. La dose 4xKn développe une pression osmotique de l’ordre de 1,81 atm 60 alors que la pression osmotique de la dose normale n’est que de 0,30 atm (El Kinani, 1973). Les feuilles de blé poussant sur 4xKn sont moins hydratées que celles poussant sur Kn ou 2xKn (Gunar et al., 1973) et contiennent beaucoup plus d’éléments minéraux. Dans les paragraphes suivants nous étudions l’effet de stress osmotique sur l’impédance et la croissance foliaires. Séparément, dans 2 essais, nous créons cet effet à l’aide de deux substances : le polyéthylène glycol (PEG200) qui agit en dehors de la salinité et le chlorure de sodium (NaCl) qui est considéré comme l’élément principal de la salinité des sols. Ses ions sont nocifs, destructifs. III.3.2. Effet du stress osmotique (PEG200) : Les résultats des mesures de l’impédance et de la croissance foliaires des plantes dont le système racinaire a été soumis à différents stressants sont portés sur le tableau VII(a, b, c et d). Ceux concernant l’effet osmotique dû au PEG sont portés sur le tableau VIIa et représentés graphiquement par la figure 15. Comme on peut le constater, la pression osmotique créée dans le milieu où vivent les racines a provoqué une augmentation de la capacité de 44,89 % et une diminution de la résistance de 34, 49 %. Tableau VIIa: Effets de PEG sur les paramètres de l’impédance et la croissance foliaires chez le Maïs. C- capacité et Rp- résistance mesurées à la fréquence caractéristique. IV- indice de vigueur. (Avant) avant le traitement ; (Après) après le traitement d’une heure. (_)diminution ; (+)augmentation. PEG 200 (2%) Avant Après 1h Variation (%) C(nF) 14,86 21,53 +44,89 Rp(K) 112,40 73,63 -34,49 IV(cm2) 19,25 11,90 -38,18 61 Zi(ohm) PEG200 Témoin 25000 20000 15000 10000 5000 0 0 100 200 Zr(ohm) Figure 15. Effet osmotique sur l'impédance de la 1 de Maïs âgée de 14 jours. ère feuille Utilisant du mannitol pour élever la pression osmotique du milieu extérieur, Kiyosawa et Ogata (1987) ont observé une diminution de la perméabilité membranaire à l’eau chez les cellules internodales de Chara. Dans ces conditions et selon ces auteurs, la résistance électrique membranaire apparente n’a pas augmenté. La pression osmotique du milieu extérieur fait diminuer la teneur en eau chez la plante toute entière (Slayter, 1967). Ceci entraîne donc, une diminution de la mobilité des éléments nutritifs. Il y a aussi diminution du volume du milieu aqueux où se passent les réactions biochimiques qui assurent le meilleur développement de la plante. Dans nos essais, les plantes ayants subi le choc osmotique, bien que restant vivantes, accusent un retard dans leur croissance par comparaison aux plantes cultivées sur la même dose nutritive (Kn) de Knop mais sans PEG 200 (tabl. VI et VIIa (p. 60 et 61)). 62 Plusieurs chercheurs utilisent le NaCl pour étudier l’effet osmotique. Cependant, cette substance pénètre facilement dans la plante et engendre des effets néfastes que nous allons discuter dans le paragraphe suivant. III.3.3. Effet du stress salin (NaCl) : Dans nos essais l’utilisation du NaCl a aussi provoqué une augmentation de la capacité et une diminution de la résistance, respectivement de 43, 29% et de 36,24 % (tabl. VIIb et figure 16). Tableau VIIb: Effets du NaCl sur les paramètres de l’impédance et la croissance foliaires chez le Maïs. C- capacité et Rp- résistance mesurées à la fréquence caractéristique. IV- indice de vigueur. (Avant) avant le traitement ; (Après) après le traitement d’une heure. (-) diminution ; (+) augmentation.. NaCl (10mM) Avant Après 1h Variation (%) C(nF) 11,99 17,18 +43,29 Rp(K) 93,90 59,87 -36,24 IV(cm2) 19,25 11,13 -42,18 NaCL Témoin Zi(ohm) 25000 20000 15000 10000 5000 0 0 50 100 150 Zr(ohm) Figure 16. Effet du NaCl sur l'impédance de la 1 de Maïs âgée de 14 jours. 63 ère feuille Ces résultats peuvent être expliqués par la retranslocation des ions via le phloème. Cette retranslocation est considérée comme un mécanisme potentiellement important pour prévenir l'accumulation des sels dans les feuilles complètement dilatées (Gouia et al., 1994; Jeschke et al., 1995). Une retranslocation des ions chez le Mais -plante type C4- est plus importante que chez les plantes en C3 (Lohaus et al., 2000). Ces auteurs ont conclu que le transport par le phloème joue un rôle important dans le contrôle de teneur en ions Na+ et Cl- dans les feuilles. Dans nos essais le NaCl a, approximativement, le même effet que le PEG (tabl.VIIa, p. 61) sur la croissance foliaire et rappelle l’effet négatif des concentrations extrêmes (Kn/10 et 4xKn) de nutrition minérale (tabl. VI, p.60). Les ions H + ont un rôle prépondérant dans la régulation des phénomènes osmotiques et électriques des végétaux (Brummer et al., 1984 ; Franchisse et al., 1988). Dans le paragraphe suivant nous étudions l’effet de ces ions quant ils sont en excès dans le milieu extérieur. III.3.4. Effet du stress acide (CH3COOH) : Les valeurs des paramètres de l’impédance de la première feuille de Maïs mesurés in vivo après un séjour des racines pendant une heure dans le milieu nutritif auquel on a ajouté de l’acide acétique (CH3COOH) sont portés sur le tableau VIIc. Ces données montrent qu’avec l’acide acétique la capacité a augmenté plus qu’avec le PEG 200 ou le NaCl, avec comme conséquence la plus faible diminution de la résistance ( tabl. VIIa et VIIb (p. 61 et 63)). Ceci n’a pas empêché la mort des plantes six jours après le traitement. En effet celles-ci ne sont pas habituées au pH, acide, nouvellement créé. La figure 17 représente graphiquement l’effet de l’excès des ions H+ sur l’impédance spectrométrique des feuilles de Maïs. 64 Tableau VIIc: Effets du CH 3COOH sur les paramètres de l’impédance et la croissance foliaires chez le Maïs. C- capacité et Rp- résistance mesurées à la fréquence caractéristique. IV- indice de vigueur. (Avant) avant le traitement ; (Après) après le traitement d’une heure. (-) diminution ; (+) augmentation.. CH3COOH (1%) Avant C(nF) Rp(K) IV(cm2 ) Après 1h Variation (%) 11,79 17,39 +47,50 77,20 54,50 -29,40 19,25 Mort après 6 j CH3COOH Témoin Zi(Mohm) 20000 15000 10000 5000 0 0 50 100 Zr(Mohm) 150 ère Figure17. Effet du CH 3COOH sur l’impédance de la 1 de Maïs âgé de 14 jours. feuille Si l’excès des protons est néfaste pour la vie des végétaux (tabl. VIIc), l’inhibition de leur transport comme nous le verrons dans le prochain paragraphe- n’en est pas moins dangereux, même si les plantes vivent dans des conditions proches de la normale. 65 III.3.5. Effet du KCN, un inhibiteur du métabolisme. Le KCN est un inhibiteur du transport d’électrons et de protons dans les chaînes de photosynthèse et de respiration. C’est peut être cette action sur les 2 fronts du métabolisme qui a fait augmenter la capacité de 120 % et diminuer la résistance de 80 %. C’est peut être aussi cette action vigoureuse du KCN menant à la mort des plantes qui a entraîné de telles variations dans les paramètres de l’impédance (fig. 18 ; tab. VIId ) Tableau VIId: Effets du KCN sur les paramètres de l’impédance et la croissance foliaires chez le Maïs. C- capacité et Rp- résistance mesurées à la fréquence caractéristique. IV- indice de vigueur. (Avant) avant le traitement ; (Après) après le traitement d’une heure. (-) diminution ; (+) augmentation. KCN (10 mM) Avant C(nF) Rp(K) IV(cm2) Après 1h Variation (%) 6,97 15,34 +120,08 101,07 19,35 -80,85 19,25 Mort après 3 j KCN Zi(Mohm) Témoin 40000 30000 20000 10000 0 0 100 200 Zr(Mohm) Figure 18. Effet du KCN sur l'impédance de la 1ère feuille de Maïs âgée de 14 jours. 66 III.3.6. Comparaison de l’effet des différents facteurs stressants utilisés : Les tableaux VII (a, b, c et d)) nous montre que les stressants utilisés dans la présente étude mènent à un ralentissement ou mettent fin à la croissance foliaire et provoquent chez cet organe, la feuille, une diminution de la résistance et une augmentation de la capacité. L’augmentation très marquée (120 %) de la capacité est observée avec l’utilisation du KCN. Ce poison, inhibiteur du métabolisme, a fait diminuer la résistance de 80 % et fait périr les plantes 3 jours après son application. L’acide acétique a les effets moins forts mais similaires : les plantes sont mortes six jours après l’application du CH 3COOH. Le PEG 200 et le NaCl ont des actions proches sur les valeurs de la capacité et la résistance, augmentant la première et diminuant la deuxième ; mais les plantes sont quand même restées en vie. Le PEG pourrait agir sur la croissance et les paramètres de l'impédance par l’intermédiaire de la transpiration qui est sous la dépendance de canaux ioniques K+ voltage dépendant qui sont actifs durant les mouvements des stomates (Majore et al. 2002). Le gène du canal K + (KZM1) du Maïs s’exprime, essentiellement, durant le développement foliaire (Philippar et al 2003). Ces auteurs ont conclu que la transition source-puits et les changements journaliers montrent que ce canal joue un rôle capital dans l'homéostasie de K + dans les feuilles de Maïs. Quant au NaCl il affecterait la croissance et les paramètres de l'impédance par les changements négatifs dans l'activité enzymatique (Roxas et al., 2000), la synthèse protéique Mattioni et al., 1997; Ashraf et Oleary, 1999; Simon-Sarkadi et al., 2002) ou dans la perméabilité cellulaire (Tang et al., 1999). 67 DISCUSSION : Tout échantillon, soumis au test, n'est pas homogène. Outre la spécificité structurelle et métabolique des espèces testées, le tissu sur lequel sont appliquées les électrodes est constitué de cellules de différentes spécialités, c'est ce qui se manifeste par la grande différence entre les courbes de spectrométries de bioimpédance (CSB) de la tige et de la feuille et ce, indépendamment de l'espèce considérée. Nos mesures ont montré une différence entre les CSB des plantes dicotylédones et celle de la monocotylédone étudiée. Ces résultats montrent qu'il y a une relation évidente entre les paramètres électriques mesurés et la spécificité - dans le sens structure et métabolisme - de l'espèce testée, comme l'avait déjà mentionnée Blinks (Blinks, 1940). En effet, les plantes en C4 se distinguent par une forte synthèse d'acides dicarboxyliques qui ont deux constantes de dissociation. En plus de cette distinction métabolique, les plantes en C 4 sont pourvues d'un nombre de plasmodesmes beaucoup plus important que les plantes en C3 (Botha, 1992). Ces structures, outre la communication entre cellules voisines servent aussi au transport des acides organiques entre les tissus photosynthétisant chez les plantes en C4 ce qui pourrait, aussi, influencer les paramètres de l'impédance, ici plus importants que chez les plantes en C 3. Nous avons observé une augmentation dans la résistance électrique de la tige par rapport à celle des feuilles. Cette augmentation peut être due au fait que l'hypocotyle et l'épicotyle servant comme organes de support et de conduction des différentes sèves doivent avoir un métabolisme moins intense que celui des autres organes testés où l'hydrolyse de substances de réserves, la respiration et la photosynthèse sont plus importantes. De plus la tige tend à une lignification, tout ceci concourt à l'augmentation de sa résistance électrique. 68 Nos mesures nous ont permis de constater des différences entre les capacités et les résistances électriques des organes opposés (feuilles ou cotylédons) qui se ressemblent sur le plan morphologique. Ceci implique qu'on doit considérer avec prudence les données avancées concernant un organe dont on sait qu'il a son opposé sur la même plante ou bien, lorsqu'on veut analyser une feuille trifoliolée, l'analyse de chaque foliole devient nécessaire. L'inhibition d'un organe par son opposé et le caractère hormonal que peut avoir cette inhibition ont été relatés (Güven et Desbies, 1978). Cette inhibition, comme dans le domaine des phénomènes de corrélation peut être aussi de caractère trophique, structurel et spécifique. Son étude approfondie et systématique consistant en ablations et analyses biochimiques est rendue nécessaire eu égard à nos données. Les CSB de la feuille sont influencées par l'âge. Ceci peut être dû au fait que - dans le temps - les feuilles subissent des changements quantitatifs et qualitatifs modulés par des facteurs exogènes et endogènes. En effet, les stades de développement entraînent des changements dans le métabolisme et la structure et, par conséquent, doivent influencer les valeurs de l'impédance. La fréquence caractéristique telle que nous l'avons vue dans ce travail est spécifique pour chaque période et pour chaque espèce testée. L'idéal serait de déterminer l'âge dont la fréquence caractéristique (avec capacité et résistance) servirait comme indice pour décrire un état physiologique donné. Dans le présent travail, la mesure de l'Indice de Vigueur (IV) s'est avérée de grande utilité. Les plantes soumises à un air agité ou à une humidité relative de l'air élevée connaissent une chute de leur IV et aussi une baisse dans les coordonnées de la représentation spectrométrique de l'impédance. L'IV peut être considéré comme un indicateur de la croissance foliaire. Il est inhibé en même temps que la résistance électrique élément essentiel dans la représentation graphique de la spectrométrie d'impédance. 69 Ceci nous a poussés à considérer que les deux facteurs de l'air ambiant testés sont stressants et ont conduit à une réaction générale rappelée par Polevoï (1989) et qui se traduit par une inhibition de la croissance et des propriétés électriques que nous avons mesurées. Ces propriétés sont affectées par la teneur en eau et par la propriété des espèces chimiques (Tiitta et al., 2003). Polevoï (1989) note, en effet, que les premières réactions des plantes aux stressants ont un caractère général et comprennent une augmentation de la perméabilité membranaire avec un flux de Ca2+ , une acidification du cytoplasme, une forte dépense d'ATP, une activation des pompes à protons, une forte synthèse d'ABA et d'éthylène, un ralentissement des processus de division cellulaire et de croissance, etc. Lorsque la plante est exposée à un air agité, elle procède à la fermeture des stomates pour diminuer les pertes d'eau. Les stomates se ferment aussi lorsque la teneur en eau de la feuille atteint la saturation. Dans ces deux cas un déficit dans les échanges gazeux a lieu et la photosynthèse se voit diminuer. Le transport des électrons est inhibé. Le rapport ATP/NADPH diminue aussi. La croissance est freinée (Passioura, 1988; Hartung et Jescke, 1999; Dodd et al., 1996). En hydroponie l'absorption des éléments minéraux et la croissance sont plus intenses que dans les cultures sur substrat solide même si dans ce dernier cas la concentration en éléments minéraux est plus importante (Zhurbitsky, 1968). C'est ce qui explique, peut être, cette grande différence que nous observons dans la représentation spectrométrique d'impédance des différentes cultures en air calme (fig.11). Ceci explique aussi l'augmentation de la capacité ou accumulation des charges électriques même lorsque l'humidité relative de l'air est élevée, c'est à dire lorsque la vitesse du courant hydroionique dans le système sol-plante-air est ralentie (fig.13). Peut être, c'est aussi l'influence de la pression osmotique plus élevée dans le substrat solide. En effet; en hydroponie le système racinaire est stimulé par la disponibilité en nutriments, les hormones ou la variation du 70 pH. Ceci génère des signaux électriques, à partir des racines jusqu’aux feuilles, qui font changer la transpiration et la photosynthèse ( Fromm et Eschrich, 1993 ; Koziolek et al., 2003). Dans les conditions, où l'air ambiant devient plus hostile, sec ou fortement humide, l'action de chaque stressant dépend du régime hydrique précédant son avènement. Ainsi chaque "semis" (40 ou 60 % de la CRM ou l'hydroponie) se distingue par une caractéristique: - L'IV le moins touché se trouve chez les plantes cultivées à 60% de la CRM. - Rp la moins affectée se trouve chez les plantes cultivées à 40% de la CRM. - C la plus élevée se trouve chez les plantes cultivées en hydroponie. Ceci est peut être le résultat du fait que le métabolisme et les structures cellulaires sont fonctions de la quantité d'eau que reçoit la plante (Tiitta et al., 2003). En effet, les paramètres de l’impédance des feuilles ont une variation saisonnière (Moncuso, 1999a). La résistance intracellulaire a diminué durant l’hiver comme résultat de l’augmentation du contenu électrolytique et de la diminution de la concentration du sucre cellulaire, alors que la résistance extracellulaire des feuilles a augmenté en automne et en hiver (Repo et al., 1994). Cependant, dans les 4 cas de figures (fig.12 (b, c, e, f), p.53), c'est la similitude, ou l'aspect général de la représentation spectrométrique qui est frappante. Cette similitude fait ressortir, surtout, la réaction négative de l'ambiance créée par l'air agité et l'humidité relative élevée. Nous avons rappelé plus haut que Repo et al. (1997) et Mancuso (1999) ont observé des variations saisonnières des paramètres de l’impédance chez Salix avec une augmentation de la résistance extracellulaire durant la période automne-hiver. Selon ces auteurs, cette période de l’année est plus arrosée et entraîne par conséquent une dilution de la composition ionique du sol. Certains auteurs (Priestley, 1977 ; Zhang et Willison, 1992a ; Repo et al., 1994) lient l’augmentation de la résistance à l’augmentation de la teneur en sucre, comme moyen d’acclimatation. 71 Cependant, dans une étude précédente Laarabi (1996) a constaté que la plus forte teneur en sucres réducteurs se trouve chez les feuilles de plantules de Blé cultivé sur Kn/10 et la plus faible chez celles cultivées sur 2xKn de la solution de Knop, quant à la teneur en sucres simples et en amidon, elle dépend fortement de l’humidité du sol et de l’atmosphère (Laarabi, 1996). Etudiant l’accumulation des éléments minéraux par les feuilles de Blé en fonction de la concentration de la solution nutritive, Gunar et al., (1973) ont constaté que les concentrations qui assurent une meilleure croissance en hauteur et une meilleure accumulation de la matière sèche (respectivement Kn et 2xKn ) entraînent une diminution de la teneur en Ca2+ dans les feuilles et une forte augmentation du rapport K +/Ca2+ . Le calcium en excès, comme on le sait, inhibe la phosphorylation oxydative, la photophosphorylation et la croissance dépendante de l’acide indolacétique (AIA). Tout ceci, ajouté au pouvoir desséchant du calcium fait que cet élément minéral, nécessaire en petite quantité, peut perturber plusieurs propriétés physiologiques entre autres les propriétés électriques. Le fait que la perméabilité membranaire à l’eau a diminué lorsqu’on a utilisé le mannitol comme osmolysant (Kiyosawa et Ogata, 1987) laisse supposer qu’il peut y avoir une accumulation de charges électriques ce qui fait augmenter la capacité et par-là même diminuer la résistance, étant donné que les deux paramètres sont liés. L’existence du NaCl dans le sol a toujours occupé les agro-biologistes à cause de son action négative sur le rendement des plantes cultivées. Chez les plantes non tolérantes aux sels, le NaCl, en particulier, facilite l’accumulation d’éléments minéraux dans la plante, diminue la teneur en eau de celle-ci et par conséquent baisse l’hydratation des protéines, augmente la viscosité et diminue l’activité enzymatique (Slayter, 1967). Selon Oknina (1953) le NaCl provoque la destruction du contenu cellulaire. 72 Tous ces facteurs réunis : déséquilibre ionique, déshydratation, action négative sur le métabolisme, pouvoir destructif envers le contenu cellulaire font que les plantes soumises au stress salin prennent un aspect chétif et accusent une baisse de leur résistance électrique. La forte concentration en ions H+ doit avoir créé un gradient électrochimique transmembranaire élevé des H+ ce qui augmente l’influx net de ces ions à travers la membrane plasmique. Cette augmentation entraîne une modification de l’entrée passive des protons et de la force électromotrice de la pompe à H + (Johannes et Felle, 1987). La diminution de la résistance observée lors de l’acidification pourrait s’expliquer par l’activation de la pompe à protons due aux charges acides (Bates et Goldsmith, 1983; Bates, et al., 1984) qui provoquerait un efflux de H+ qui est lié au mécanisme du cotransport H+ -hexose forcé par l’extrusion active de H+ (Novacky, 1978). La même inhibition a été observée avec l’application d’un inhibiteur de l’ATPase, le CCCP (carboxyle cyanide-m-chlorophényle hydrazone) (Wang et al., 1994). L’inhibition de la synthèse d’ATP par KCN influence probablement une pompe H +-ATPase consommant l’ATP néosynthétisé (via le respiration) et qui est inhibée par le DES (diethyle stilbestrol), un inhibiteur de l’ATPase (Wang et al., 1994). L’arrêt de cette pompe, ATP-dépendante, donne lieu à des conductances passives dissipant un gradient électrochimique transmembranaire symbolisé par les résistances; quant aux générateurs, ils symbolisent le système des pompes actives maintenant le gradient électrochimique (Julien et al. 1991). Ces auteurs considèrent, en terme de diagramme électrique équivalent, que les membranes biologiques peuvent être représentées principalement par des résistances et des générateurs en parallèle. La diminution de la résistance lors de l’inhibition de la synthèse d’ATP par CN -, CCCP ou DCCD (dicyclocarbodiimide) pourrait être due à la conduction passive des ions qui malgré leur influx élevé, la conductivité électrique reste retardée. Ce qui entraîne l’augmentation de la capacité. 73 L’action de ces inhibiteurs sur les phénomènes électriques a été observée dans l’étude de l’inhibition de la dépolarisation de la membrane vacuolaire de Beta vulgaris par le DCCD (Miller et al., 1984). Le potentiel de membrane des cellules-H a été largement polarisé par l’addition du NaCN, du CCCP et du DCCD (Takeda et al., 1983). Ces auteurs supposent que la présence de CNdans le milieu altère le mode de réponse du potentiel de membrane aux ions K+ . Les aspects thermodynamique, cinétique et biochimique du transport de K+ peuvent être expliqué par un cotransport K +/ H +, comme il a été proposé pour Neurospora crassa (Rodriguez-Navarroet al., 1986) ou par une K+ -ATPase, comme il a été suggéré pour Escherichia coli et le Saccharomyces cervisiae (Villalobo, 1982 ; Epstein et al., 1984) ou supposé l’être pour les racines de Maïs (Kochian et al., 1989). Ces aspects du transport du K+ peuvent aussi être expliqués par un potentiel de membrane négatif généré par l’extrusion de proton via l’H+-ATPase (Marrè, 1977 ; Bellando et al., 1979 ; Behl et Raschke, 1987) et pourrait impliquer les canaux K+ transportant un courant entrant de K+ (Ketchum, 1989 ; Schroeder et Fang, 1991). 74 CONCLUSION ET PERSPECTIVES : Notre méthode de mesure de l'impédance chez des espèces végétales largement cultivées s'est montrée prometteuse. Elle confirme la différence qui existe entre les organes d'une même plante comme celle qui existe entre les espèces. La fiabilité de la méthode, par conséquent, pourrait être prise en considération surtout, lorsque la méthode de captage du signal électrique serait améliorée. En effet la façon de poser les électrodes autocollantes pourrait être plus ou moins traumatisante et dépend du manipulateur. L'intervention de ce dernier sur la plante pour prendre des mesures in vivo doit être réduite au minimum eu égard à la labilité des organites cellulaires. Le diagnostic effectué sur un semis pour s'informer sur son état physiologique - ou pathologique - doit être rapide, peu onéreux et fiable. Nous attirons l'attention plus particulièrement sur la rapidité de l'analyse car la physiologie change au cours de la journée. Notre première étude avec la méthode que nous avons utilisée rappelle en quelque sorte le danger que peut présenter un travail précipité. La différence d'impédance chez deux organes opposés et apparemment les mêmes suggère l'approfondissement et la systématisation des recherches dans ce domaine de diagnostic foliaire pour mieux comprendre certains problèmes théoriques et essayer de trouver des solutions aux problèmes pratiques. Le métabolisme dépend du contenu en eau et de la quantité d’eau que potentiellement peut recevoir la plante. Ces premiers résultats sur la réaction des plantes aux conditions hydriques paraissent prometteurs. Nous suggérons l’approfondissement et la systématisation des recherches dans ce domaine car ces techniques permettent probablement de dégager des concepts sur les 75 mécanismes d’adaptation au stress. Il serait important de comprendre ces mécanismes pour améliorer la culture du maïs dans des conditions de stress hydrique. Eu égard à nos données la technique testée pourrait servir comme outil pour sélectionner les espèces tolérantes à la sécheresse. En cas de disponibilité d'eau pour l'irrigation cette méthode pourrait servir aussi comme outil pour déterminer la quantité d'eau nécessaire à apporter afin d'assurer un meilleur développement des plantes. Dans nos manipulations nous avons soumis nos plantes à une intoxication par éléments minéraux et à des déficits hydrique et énergétique. Nous remarquons que les réponses ou signaux électriques des plantes soumises à ces conditions stressantes souterraines ressemblent aux signaux des plantes cultivées dans des conditions stressantes aériennes (LAARABI et al., 2005). Ces signaux se caractérisent par une courbe électrospectromètrique de faible amplitude, par une baisse de la résistance et une augmentation de la capacité. En conséquence de cause nous pouvons dire que, dans les conditions ne favorisant pas la meilleure croissance et le meilleur développement, les phénomènes électriques se distinguent par une impédance de faible valeur absolue et ce à l’instar d’autres phénomènes physiologiques telles que la photosynthèse ou la transpiration qui baissent dans les conditions défavorables à la croissance. Le fait que la fréquence caractéristique, cette fréquence qui marque le fléchissement de la courbe électrospectromètrique et au delà de laquelle la conductance change selon les conditions auxquelles est soumise la plante, témoigne de la labilité et de la dynamique membranaire face aux différents stressants. 76 Ce travail ouvre le champ à d’autres investigations pour manipuler d’autres espèces botaniques, soumises à différentes conditions environnementales, et pour compléter cette étude par des études biochimiques et de potentiel de membrane afin d’établir une banque de données basée sur les caractéristiques électrophysiologiques, structurales et biochimiques de chaque espèce étudiée. Ceci va permettre aux praticiens d’agir au moment opportun pour décider sur le devenir d’une culture donnée. 77 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Ashraf M. et Oleary J. W. (1999). Changes in soluble proteins in spring wheat stressed with sodium chloride, Biol. Plant. 42: 113-117. Bacic A. et Delmer D. P. 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Théorie et pratique des méthodes de culture, Nauka, ed., Moscow. 84 Annexe I Caractéristiques du sable du Bureau de Recherche et de Participations Minières (B.R.P.M.) constituants proportions Si 95-98 FeO 0,070 Ti 0,010 Al 0,200 CaO 0,050 MgO 0,020 Na2O 0,010 K2O 0,070 Cr 20 ppm 85 ANNEXE II #include"c:\cec488\c\ieee-cpp.h" #include<stdio.h> #include<conio.h> #include<stdlib.h> #include<string.h> #include<dos.h> void main() { int status=0,len,i; int retard=1000; char r[100],fiche1[12]; char r1[100]; char *x; char ch[40]; float capa[40],resist[40]; int num_pt=0; long freq; long freq_min[4]={40,100,1000,10000}; long freq_max[4]={100,1000,10000,110000}; int freq_inc[4]={10,100,1000,10000}; long frequence[40]; FILE *fp; clrscr(); printf("\ndonner le nom du fichier o— les mesures seront enregistr‚es:"); scanf("%s",fiche1); fp=fopen(fiche1,"w"); //initialize(2,0); // send(2,"CK 1",&status); for (int k=0;k<4;k++) { for (freq=freq_min[k];freq<freq_max[k];freq+=freq_inc[k]) { frequence[num_pt]=freq; ltoa(freq,ch,10); strcpy(x,"FR "); strcat(x,ch); printf("\n%10s",x); send(2,x,&status); delay(retard); //mesure de la capacit‚ send(2,"DA 2",&status); delay(retard); send(2,"?DT",&status); delay(retard); enter(r,25,&len,2,&status);delay(retard); printf(" capacit‚=%s ",r); //capa[num_pt]=r; //mesure de la r‚sistance send(2,x,&status); delay(retard); send(2,"DA 3",&status); delay(retard); send(2,"?DT",&status); delay(retard); enter(r1,25,&len,2,&status);delay(retard); printf(" r‚sistance=%s ",r1); //resist[num_pt]=r1; //‚criture sur le fichier //fprintf(fp,"\n%10d %8.5f %10.2f",frequence[num_pt],capa[num_pt],resist[num_pt]); fprintf(fp,"\n%10ld %s %s",frequence[num_pt],r,r1); num_pt++; //for(int j=0;j<32000;j++)for (int i=0;i<10;i++); } } fclose(fp); getche(); } 86 ANNEE : 2006 DOCTORAT D’ETAT N° d’ordre :2317 Titre de la thèse: EFFET DES CONDITIONS STRESSANTES AERIENNES ET SOUTERRAINES SUR L'IMPEDANCE ELECTRIQUE FOLIAIRE DE JEUNES PLANTES NOM PRENOM: LAARABI SAID SPECIALITE: Physiologie végétale RESUME : L’impédance des organes aériens de jeunes plantes mono- et dicotylédones est mesurée in vivo. Cette méthode s’est montrée prometteuse. L’impédance de feuilles opposées ou des cotylédons d’une même plante ne sont pas les mêmes. Au-delà d’un âge de 21 jours la courbe spectrométrique de bioimpédance du Tournesol n’est plus typique. Pour le Maïs -cultivé dans des conditions environnementales variables- l’amplitude de cette courbe est d’autant plus élevée que les conditions de croissance végétale sont optimales (apport d’eau et nutrition minérale équilibrés). Elle est inhibée avec des conditions stressantes tels que le vent, l’humidité relative de l’air fortement élevée, le manque d’eau, la salinité, etc. La résistance et la capacité électriques, éléments constitutifs de l’impédance, sont les éléments de variabilité de cet indice physiologique. La capacité ou accumulation de charges électriques augmente et la résistance diminue lorsque le milieu est fortement acide ou, d’une façon générale, inhibant pour la croissance. MOTS-CLEFS : impédance, résistance, capacité, feuille, cotylédons. 87