Comment parvenir à développer l’esprit critique des enfants à travers le langage oral et à quelles fins?
Introduction
Lors de ma préparation au concours l’an passé, j’ai découvert que La loi
d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989 avait résolument mis l’enfant au
centre du système éducatif et que cette place qui lui était réservée avait tout
lieu de favoriser son plein épanouissement. Surveillante à l’époque, je me souviens
alors avoir demandé à des élèves de première le souvenir qu’ils avaient de leur
scolarité dans le primaire : impérissable…car ils avaient été amenés à construire
leurs savoirs, à faire des expériences de toutes sortes, en d’autres termes, à
être actifs et rien ne pouvait avoir autant éveillé leur curiosité et favorisé leurs
apprentissages que cette pédagogie qui prenait en compte entre autres, leurs
questions et leurs intérêts d’enfants. Pour ma part, je n’avais aucunement eu
l’occasion d’exprimer ma personnalité et de faire valoir mes qualités durant ma
scolarité tant la crainte de la prise de parole m’avait étreinte : ce sentiment de
honte probable si je m’aventurais pour dire quelque chose de stupide suffisait à
me réduire au silence…J’avais la même crainte pour ceux qui se hasardaient à
parler et me faisais parfois juge de leurs propos qui me semblaient alors
simplistes ; après tout me disais-je, si on peut dire des choses aussi « terre-à-
terre », je peux tout aussi bien le faire…Ce qui me faisait réellement défaut à
l’époque, c’était ce climat de confiance dont on favorise particulièrement
l’émergence aujourd’hui, celui qui exclut cette stigmatisation de l’erreur et
permet à tout enfant - invité à le faire - de libérer sa parole, de confier qu’il n’a
pas compris, de ne pas dramatiser ses erreurs et encore moins celles des autres
et surtout de ne pas avoir honte de faire part de ses ignorances. J’avais trop
longtemps eu le sentiment qu’il valait mieux se taire plutôt que de parler pour ce
que je croyais être « ne rien dire ».
Une autre dimension semblait également absente de mon parcours d’élève :
la dimension sociale, celle qui permet de « se construire ensemble » et de
« respecter l’autre dans sa différence ». Si une certaine émulation domine
aujourd’hui, elle était surtout esprit de compétition hier…Et puis, l’Autre
n’existait qu’aux heures de récréations, au mieux se trouvait être un compagnon
de bavardages ; une toute autre façon de s’ouvrir à l’autre en somme.
C’est la raison pour laquelle, il me semble tout à fait prometteur de
favoriser le développement de l’esprit critique et cela, dès le plus jeune âge . On
pourrait naturellement m’opposer que c’est bien là un des buts avoués de l’école