École Nationale d'Ingénieurs de Tarbes Enseignements Semestres 2 et 2* Deuxième partie LES MACHINES THERMIQUES Année 2009-10 Jean-Yves PARIS...… [email protected] Karl DELBÉ .............. [email protected] Première partie MACHINES THERMIQUES Sommaire I. INTRODUCTION AUX MACHINES THERMIQUES I.1. Les conversions d’énergie ........................................................................................ 1 I.2. Brefs repères historiques .......................................................................................... 2 II. CYCLES THERMODYNAMIQUES - RENDEMENT II.1. Introduction ............................................................................................................. 7 II.2. Bilans énergétique et entropique associés à un cycle.............................................. 7 II.3. Les cycles monothermes – Machines monothermes............................................... 8 II.4. Cycles dithermes ..................................................................................................... 9 II.5. Les machines à vapeur à combustion externe (moteur thermique)....................... 10 II.6. Machines frigorifiques et pompes à chaleurs........................................................ 14 II.7. Cycle de Carnot..................................................................................................... 17 II.8. Rendement d’un cycle de Carnot .......................................................................... 20 II.9. Inégalité de Clausius ............................................................................................. 22 II.10. L’entropie (R. Clausius – 1865).......................................................................... 24 Année scolaire 2009 – 2010 Image de couverture (filigrane) : machine de Watt (1776) 2. Thermodynamique Première partie I. INTRODUCTION AUX MACHINES THERMIQUES I.1. Les conversions d’énergie a) Machines purement mécaniques Une machine est un système qui réalise une conversion d’énergie. — conversion de l’énergie fournie par un homme ou un animal en énergie potentielle : un levier, une poulie, un plan incliné permettent de soulever un objet ; — production de travail à partir de l’énergie cinétique du vent ou de l’eau : moulin. b) Machines thermiques La dégradation d’énergie mécanique par les frottements est spontanée et intégrale : il y a transfert par chaleur aux différentes parties en contact et à l’environnement (expériences de Tyndall1 et de Joule). En revanche, l'opération inverse, c'est-à-dire la conversion d’une énergie transférée par chaleur en énergie ou travail mécanique n’est jamais intégrale et nécessite l’utilisation de machines élaborées : les machines thermiques. Expérience de Tyndall Les machines thermiques constituent des convertisseurs d’énergie mettant en jeu des transferts de chaleur avec des sources de chaleur2. 1 On place de l’éther liquide dans un tube en laiton fermé par un bouchon et fixé à un moteur électrique qui le met en mouvement à grande vitesse. On coupe alors l’alimentation du moteur et l’on freine l’ensemble en serrant fortement le tube à l’aide d’une pince en bois. Les frottements permettant l’immobilisation engendrent des effets thermiques qui portent l’éther à ébullition ; la pression de l’éther gazeux sur le bouchon devient suffisante pour l’expulser 2 Une source de chaleur (masse d’eau, atmosphère d’un local, …) est un système fermé qui n’échange de l’énergie que par transfert thermique : la température d’une source de chaleur est susceptible de changer au cours de l’évolution. Un thermostat est une source de chaleur dont la température reste constante : tout mélange solide–liquide ou liquide–gazeux 1 c) Différentes sortes de machines thermiques — Les machines à vapeur à combustion externe. La chaleur dégagée par la combustion d’un combustible (charbon, produits pétroliers …) sert à produire de la vapeur d’eau qui actionne un organe mécanique : un piston dans une machine à vapeur à piston ou une turbine dans une turbine à vapeur. — Les moteurs à combustion interne (moteur à explosion, moteur Diesel, turbine à gaz). La chaleur produite par une réaction de combustion permet l’entraînement direct d’un organe mécanique. — Les récepteurs thermiques. Ces machines réalisent un transfert de chaleur d’un milieu à basse température vers un milieu à température plus élevée : pompes à chaleur, machines frigorifiques. I.2. Brefs repères historiques a) Établissement des lois de la thermodynamique La thermodynamique est une discipline relativement récente, née au début du XIXe siècle du besoin de comprendre le fonctionnement des machines thermiques et d’améliorer leurs performances. C’est en étudiant ces machines que les théoriciens du XIXe siècle, Carnot3, puis Joule4, Kelvin5 et Clausius6, sont arrivés à définir l’énergie, les échanges énergétiques, l’entropie et à énoncer les principes de la thermodynamique. en équilibre (glace fondante ou eau bouillante) constitue aussi une source thermique. Le milieu ambiant (atmosphère) est souvent considéré comme un thermostat (en raison de sa grande inertie thermique). 3 Nicolas Sadi Carnot (1796-1832) physicien français, est considéré comme le fondateur de la thermodynamique avec la publication de ses « Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance » en 1824 (à l’âge de 27 ans). Carnot pensait, par erreur, que la chaleur était une sorte de fluide dépourvu de masse et qui se conservait lors du fonctionnement d’une machine à vapeur. 4 James Prescott Joule (1818-1889), physicien anglais, établit par des expériences minutieuses, l’équivalence du travail et de la chaleur. Il formula le principe de conservation de l’énergie en 1843 (à l’âge de 25 ans). 5 William Thomson (1824-1907) physicien anglais, anobli sous le nom de Lord Kelvin (1892), réconcilia les points de vue contradictoire de Carnot et Joule en publiant « On the Dynamical Theory of Heat » (1851) où il propose l’existence de deux principes. 6 Rudolf Clausius (1822-1888), physicien prussien, publia « Abhandlungen über die Mecanische Wärme Theorie » (1854) où il introduit l’entropie. 2 b) Applications et développements Les machines à vapeur à combustion externe 7 de la thermodynamique (1) Machines thermiques à piston basées sur la (2) condensation de la vapeur d’eau pour vider un cylindre. air — Machine de Papin8 (1690) (1) Chauffage d’un cylindre rempli d’un peu d’eau : vapeur vaporisation de l’eau. (2) Refroidissement Condensation naturel du cylindre : la condensation de la vapeur crée un vide9 et le piston est Chauffage Refroidissement Puissance : 0,3 ch (≈ 230 W) entraîné vers le bas par la pression atmosphérique. — Machine de Newcomen10 (1712) Première machine industrielle automatisée11. réserve d’eau froide balancier Puissance : 6 ch (4,5 kW) eau servant à l’étanchéité du piston piston pompe refoulante (eau froide) cylindre 1 : soupape vapeur 2 : soupape eau froide 3 : soupape de vidange eau de condensation Machine de Newcomen (1712) 3 1 contrepoids 2 vapeur eau chaudière pompage Le principe de la machine de Newcomen est de forcer la condensation de la vapeur d’eau par injection 7 Ces machines sont qualifiées de moteurs atmosphériques car c'est l'action de la pression atmosphérique qui assure leur fonctionnement. 8 Denis Papin (1647-1714), inventeur français, inventa la première machine à vapeur basée sur l’expansion de la vapeur d’eau qu’il n’arriva pas à passer à un stade industriel car ni économique, ni continue (cylindre constamment chauffé et refroidi). Il inventa également un autoclave destiné à la cuisson des aliments (marmite de Papin) muni d’une soupape de sécurité. 9 Un volume d’eau liquide est de l’ordre de 2000 fois plus petit que celui de sa vapeur à la pression atmosphérique. 10 Thomas Newcomen (1663-1729) mécanicien anglais réalisa en association avec Thomas Savery (1650-1715) la première machine à vapeur réellement industrielle (1705) destinée au pompage des eaux d’infiltration (pompe d'exhaure) dans les mines (mise en service en 1712). 11 Automatisation de la manœuvre des soupapes par une tige reliée au balancier. 3 d’eau froide dans le cylindre. (0) Cylindre rempli de vapeur d’eau (0) (1) (2) (3) (1) Injection d’eau froide. (2) Condensation de la vapeur (création d’un vide vapeur sous le piston) : la pression atmosphérique pousse le eau vapeur piston qui entraîne le balancier et la pompe. (3) Aspiration de la vapeur d’eau par remontée du piston sous le poids de la pompe et évacuation de l’eau de condensation par la soupape de purge. — Machine de Watt12 (1776) Une amélioration majeure du rendement fut de dissocier la phase de condensation hors du cylindre et utiliser la pression de la vapeur. dispositif de guidage du piston Machine de Watt (1776) balancier Puissance 15 ch (11 kW) 1 : soupapeadmission vapeur 2 : soupape équilibrage 3 : soupape échappement 4 : soupape eau froide 1 volant cylindre 3 4 eau bielle chaudière condenseur (0) courroie de transmission piston 2 vapeur manivelle (1) pompe de condensation (2) pompe refoulante (eau froide) (0) Compartiment inférieur rempli de vapeur. (1) Ouverture simultanée des soupapes d’admission (en haut) et d’échappement (en bas). La vapeur du compartiment inférieur se précipite vers le condenseur : le piston est entraîné vers le bas, aspire la vapeur dans le compartiment supérieur et entraîne le balancier. 12 James Watt (1736-1819) mécanicien et ingénieur écossais. 4 (2) Ouverture de la soupape d’équilibrage (au centre) et fermeture des soupapes d’amission et d’échappement : le piston est tiré vers le haut par le poids du système. — Machines propulsives à vapeur Fardier de Cugnot13 (1769), locomotive de Stephenson14 (1814)… Les moteurs à combustion interne Les premiers moteurs à combustion internes ont été développés à partir de 1805 par le valaisan Isaac de Rivaz puis en 1826 par Samuel Brown. Ensuite viendront les contributions de Otto15 1876, Daimler16 1887, Diesel17 1893... Les quatre temps d’un moteur à explosion 13 Joseph Cugnot (1725-1804), ingénieur français qui inventa le premier engin automobile (à trois roues) capable de déplacer de lourds fardeaux. 14 George Stephenson (1781-1848), ingénieur anglais, inventa la traction à vapeur sur voie ferrée en construisant une locomotive capable d’entraîner plusieurs wagons (démonstration le 25 juillet 1814). 15 Nikolaus Otto (1832-1891), ingénieur allemand, a mis au point le moteur à quatre temps consommant un mélange carburé air-essence enflammé en vase clos dont la théorie avait été établie par Alphonse Beau de Rochas (1815-1893). 16 Gottlieb Daimler (1834-1900) ingénieur allemand, perfectionne le moteur d’Otto et l’applique à l'automobile. 17 Rudolf Diesel (1858-1913) ingénieur allemand, imagine un moteur utilisant les sous produits lourds du pétrole. 5 Récepteurs thermiques La recherche de la production du froid, pour la conservation des denrées périssables, est à l’origine des premiers récepteurs thermiques : citons la machine manuelle à absorption de Leslies18 (1810), celle à détente de Dulong et Petit (1828), enfin celles à compression de Perkins (1834) et à détente d’air de Gorrie (1844). La première machine à absorption industrielle est due à Carré19 en 1859, et permit la production de glace à l’échelle industrielle pour les entrepôts frigorifiques (États-Unis, 1860 ; Europe, 1865). Les premiers transports frigorifiques par voie ferrée eurent lieu aux États-Unis en 1870, alors que les premiers navires frigorifiques relièrent la France à l'Angleterre en 1876.20. En 1876, Linde21 mit au point la première machine de réfrigération à compression, utilisant l’ammoniac comme fluide frigorigène, qui reste le modèle d’un grand nombre d’installations actuelles22. La première climatisation de locaux publics date de 1867, à l’exposition universelle de Paris (machine de Kirk et Mondésir)23. 18 Sir John Leslie (1766-1832), physicien et mathématicien écossais. Ferdinand Carré (1824-1900), ingénieur français à qui l’on doit la première machine frigorifique à compression (1857), l’emploi de l’ammoniac comme fluide frigorigène (1863). Il préconisa le transport des viandes à longue distance à l’état congelé, et le Paraguay, navire équipé suivant ses conceptions, ramena en 1875, de Buenos Aires au Havre, 80 tonnes de viande congelée, conservée à –30 °C. 20 En 1876, Charles Tellier (1828-1913), ingénieur français, aménage spécialement un navire (le Frigorifique) et démontre de façon spectaculaire les possibilités du froid artificiel en transportant des carcasses de viande fraîche de Rouen à Buenos Aires. 21 Carl von Linde (1842-1934), inventeur et industriel allemand. Il est l’inventeur de l’échangeur de température, et son nom est resté lié aux recherches fondamentales sur les très basses températures, capables de permettre la liquéfaction de l’air et la séparation industrielle de l’azote d’avec l’oxygène et les gaz rares. En 1895, il liquéfia l’air par compression et détente avec refroidissement intermédiaire, et prépara de l’oxygène liquide ainsi que de l’azote gazeux presque purs. 22 Le premier réfrigérateur domestique apparut aux Etats-Unis en 1913. 23 Lors d’une visite au président américain F. Roosevelt pendant la deuxième guerre mondiale, W. Churchill fut logé dans la seule pièce climatisée de la Maison Blanche à Washington. 19 6 Thermodynamique Première partie II. CYCLES THERMODYNAMIQUES RENDEMENT (Origine historique du deuxième principe) II.1. Introduction a) Caractéristiques d’une machine Une machine thermique est un dispositif dans lequel un fluide24 (air, eau, fréon, …) décrit un thermique cycle de transformations. Une machine thermique échange de l’énergie, par transfert thermique, avec une ou plusieurs sources de chaleur. b) Moteur et récepteur Une machine thermique est un moteur si elle fournit du travail (Wcycle < 0). Par opposition, un récepteur (machines frigorifique, pompe à chaleur) est une machine qui reçoit du travail (Wcycle > 0). II.2. Bilans énergétique et entropique associés à un cycle L'analyse thermodynamique du fonctionnement des machines (bilans énergétiques et entropiques) sera conduite en assimilant le fluide moteur au système. Considérons une machine thermique qui, au cours d’un cycle, échange un travail W avec le milieu extérieur et les quantités de chaleur Qi avec les sources de chaleur de température constante Ti (thermostats). a) Bilan énergétique Pour un cycle de la machine, l'application du premier principe donne : 24 Ce fluide est appelée fluide moteur. 7 W+ ∑Q i i =0 car ∆E = Δ(U + E c + E p) = 0, (fonctions d’état). b) Bilan entropique Appliquons le deuxième principe à l’ensemble (fluide, milieu extérieur). ∆Ssyst = Séch + Sprod • ∆Ssyst = 0, puisque le fonctionnement de la machine est cyclique et que S est une fonction d’état. • Séch = ∑ i Qi Ti • Sprod ≥ 0 Bilan entropique pour une machine thermique25 : Q Sprod = - Sech = - ∑ Ti ≥ 0 i ∑ QT i i i ≤0 i II.3. Les cycles monothermes - Machines monothermes a) Définition Un cycle monotherme est une évolution cyclique au cours de laquelle le système n'échange de la chaleur € qu'avec une seule source de chaleur ou un ensemble de sources de chaleur de même température. Une machine thermique fonctionnant sur ce principe est appelée machine monotherme. b) Réalité des cycles monothermes récepteur et moteur Considérons une machine monotherme qui, à chaque cycle, échange un travail W et une quantité de chaleur Q avec une source de chaleur (thermostat) de température T0. À partir des bilans énergétique et entropique, nous obtenons : Q = -W et Q ≤0 T0 T0 étant positive, la condition de réalisation d’un cycle € monotherme impose que Q soit négatif. En conséquence, W ne peut être que positif. Donc : 25 Cette relation porte le nom d’ « inégalité de Clausius » ou principe de Carnot - Clausius(cf. paragraphe II.9). 8 Il est POSSIBLE de réaliser un cycle monotherme RECEPTEUR26 (W > 0 et Q < 0) : figure 1.a). Il est IMPOSSIBLE de réaliser un cycle monotherme MOTEUR27 (W < 0 et Q > 0) : figure 1.b). Figure 1 : Système décrivant un cycle monotherme : a) récepteur : le système peut fournir de la chaleur s'il reçoit du travail ; b) moteur : le système ne peut fournir du travail s'il ne reçoit de la chaleur que d'une seule source. c) Énoncé de Kelvin28 "Il est impossible de construire une machine qui, fonctionnant suivant un cycle, fournirait du travail en prenant de la chaleur à une seule source" ; autrement dit: "il n'est pas de moteur qui puisse produire du travail à partir d'une seule source de chaleur". II.4. Cycles dithermes a) Définition Une machine thermique cyclique29 ne peut avoir un fonctionnement moteur que si elle échange de la chaleur avec au moins deux sources de chaleur. On appelle cycle ditherme, un cycle à deux sources de chaleur ou thermostats (figure 2) : — Source chaude à la température T c ; (Thermostat « chaud » : mélange liquide - vapeur à l'équilibre) Figure 2 : Schéma de principe d'une machine ditherme (T c > Tf). — Source froide à la température T f. (Thermostat « froid » : mélange solide - liquide à l'équilibre) La quantité nette de travail (ou travail utile Wu), 26 Un radiateur électrique est un exemple de machine réceptrice monotherme. Il reçoit du travail W sous forme électrique et le restitue par transfert thermique à la pièce qu'il doit chauffer. 27 Un moteur monotherme serait très intéressant. Si un tel cycle était réalisable, il serait alors possible de fournir du travail en absorbant simplement de la chaleur du milieu ambiant (donc gratuitement car la chaleur du milieu ambiant ne coûte rien). On pourrait par exemple imaginer un navire qui prenne de l'énergie à l'eau qui l'entoure, la transforme en énergie mécanique et laisse derrière lui un sillage d'eau froide. 28 L’énoncé de Kelvin constitue une première formulation du deuxième principe. 29 Une centrale thermique élémentaire constitue un exemple de machine thermique dans le sens restreint du terme. 9 c’est-à-dire le travail échangé au cours d’un cycle, résulte de transferts thermiques entre, d’une part, la machine et une source chaude (Tc, Qc) et, d'autre part, la machine et une source froide (Tf, Qf). Au niveau des conduites et des organes mécaniques, les frottements dégradent de l’énergie et il peut y avoir des fuites thermiques. On note Qp l’énergie ainsi transférée (Qp < 0). b) Bilans énergétique et entropique Dans la pratique, les frottements et les fuites thermiques sont souvent négligeables : • Bilan énergétique (premier principe)30 : W + Qc + Qf = 0 • Bilan entropique (deuxième principe) : Qc Qf ≤0 + Tc Tf II.5. Les machines à vapeur à combustion externe (moteur thermique) a) Introduction Les cycles moteurs à vapeur sont utilisés pour la propulsion des sous-marins et des navires de gros tonnage, ainsi que pour la production de l’essentiel de l’électricité, la turbine étant alors accouplée à un alternateur. L’apport d’énergie est réalisé par la combustion de fuel, de gaz naturel ou de charbon (centrales classiques), par la fission de matière radioactive (centrales nucléaires), ou encore à partir d’un gisement de vapeur ou d’eau chaude (centrales géothermiques), du rayonnement solaire (centrales solaires), ou des gaz d’échappement d’une turbine à gaz (cycles combinés). L’encombrement d’un cycle à vapeur est, à puissance égale, plus important que celui d’un cycle à 30 On peut être amené à prendre en compte des échanges thermiques autres que ceux échangés entre le système et les sources chaude et froide : en effet, les frottement dégradent de l'énergie et il peut y avoir des fuites thermiques (canalisation, turbine, compresseur, pompe …). 10 gaz, mais le rendement est meilleur, et les puissances installées peuvent être bien supérieures, jusqu’à 1500 MW. b) Principe de fonctionnement d’une turbine à vapeur (figure 3) Le circuit vapeur Une quantité de chaleur Q c > 0 est transmise par un corps chaud comme les produits de la combustion dans un fourneau ou un réacteur, à la machine. Dans la chaudière, la combustion produit de la vapeur d’eau à haute température (θ ≈ 565 °C) et haute pression (P ≈ 165 bars). Cette vapeur d’eau circule dans le circuit vapeur entre la zone de haute pression où elle est produite et la zone de basse pression et basse température créée au niveau du condenseur31. Au contact du circuit de refroidissement, l’eau du circuit de vapeur se condense. En se condensant cette vapeur d’eau cède la quantité de chaleur Q f < 0 à l'eau de refroidissement (corps froid ou source froide) du condenseur (les deux circuits sont indépendants). Figure 3 :Schéma de principe d’une centrale thermique élémentaire. 31 Pour créer la zone de basse pression, on prélève de l’eau de refroidissement (lac ou rivière) que l’on fait circuler dans des tubes (c’est le système du condenseur) 11 L’obtention de travail Sur le trajet de la vapeur d’eau, entre la chaudière et le condenseur, on place une turbine à vapeur. La vapeur d’eau issue de la chaudière vient frapper violemment les pales de cette turbine : elle fournit à la turbine un travail Wturbine < 0. Dans le même temps, cette vapeur va subir une détente : en effet, la température et la pression de la vapeur diminuant, son volume augmente. Ainsi, la forme de la turbine (figure 4) doit être adaptée à cette augmentation de volume : l'espace entre les aubes est de plus en plus grand au fur et à mesure que la vapeur circule, d'où l'augmentation du rayon des roues. Figure 4 : a) Schéma de principe d’une turbine à vapeur ; b) La vapeur, guidée par les aubes fixes du distributeur, vient frapper les aubes mobiles de la turbine ; c) la forme des aubes permet, en déviant l’écoulement, d’entretenir la rotation. Après passage dans le condenseur, une pompe (Wpompe > 0) redistribue l’eau à faible pression et faible température dans la chaudière et le cycle recommence. Cette centrale thermique élémentaire (figure 5) est donc un moteur thermique puisqu'elle utilise pour son fonctionnement, un fluide moteur qui reçoit et cède de la chaleur et qui effectue un travail (ou énergie non thermique, Wu < 0). 12 Par conséquent, un moteur thermique ditherme est une machine thermique qui : • fournit effectivement un travail (Wu < 0) ; • reçoit effectivement un transfert thermique d’une source chaude (Q c > 0) ; • fournit effectivement un transfert thermique à une source froide (Q f < 0). c) Remarques En général, on considère que les transferts thermiques se font exclusivement avec les sources de chaleur32 : Qc dans la chaudière et Qf dans le condenseur. Le travail est, quant à lui, principalement échangé au niveau de la turbine et de la pompe. Wu représente le travail effectivement fourni33 par la machine thermique au milieu extérieur : Wu = Wturbine + Wpompe Le fonctionnement d’un moteur thermique vient corroborer l’énoncé de Kelvin. d) Rendement d'un cycle moteur Le rendement thermique34 d'un cycle moteur, η , est défini comme le rapport du travail délivré sur l'énergie thermique consommée Qc, au cours d'un cycle. 32 Cependant, on peut être amené à prendre en compte des échanges de chaleur supplémentaires (notés Qp au §II-4a) qui correspondent à des pertes thermiques intervenant au niveau des canalisations et des organes de machine comme la turbine, le compresseur, la pompe, etc ; sauf indication contraire on considèrera Qp comme étant nul. 33 Généralement, les forces de pression exercées par le milieu extérieur sur les différentes composantes d'un moteur thermique ne donnent lieu à aucun travail (pas de déformation associée). 34 En général, le rendement est considéré comme le rapport de la grandeur de sortie (l'énergie recherchée) à la grandeur d'entrée (l'énergie à payer). C'est un nombre positif. 13 D'où, le rendement du cycle s'écrit sous la forme : η= travail fourni énergie dépensée = −W Qc 〉0 On notera que seule une partie de l'énergie Qc prise à la source chaude est convertie en travail (figure 6). L'autre partie est rejetée à la source froide. Ainsi, si l'énergie mécanique peut être convertie en totalité en énergie thermique (c'est l'expérience courante), la conversion inverse, d'énergie thermique en énergie Figure 6 : Représentation symbolique d'un moteur thermique, et des échanges thermiques mécanique, ne peut jamais être totale. D'où : η <1 avec les sources chaude et froide. II.6. Machines frigorifiques et pompes à chaleur a) Introduction Une application majeure de la thermodynamique est constituée par les machines dont le but est de réaliser un transfert thermique d’un milieu à basse température vers un milieu à température plus élevée. Énoncé de Clausius35 D’après le principe de l’entropie maximum, un tel transfert ne peut s’effectuer naturellement, et requiert donc un dispositif particulier. Clausius avait énoncé cette impossibilité ainsi : "La chaleur ne passe pas spontanément d'un corps froid à un corps chaud". Autrement dit : "Il est impossible de construire une machine qui fonctionnerait en cycle, en ayant d'autre effet que de transférer de la chaleur du corps froid vers le corps chaud." Différentes classes de machines Selon que l’effet recherché est le refroidissement du milieu froid (conservation ou congélation des aliments, 35 L’énoncé de Clausius constitue une deuxième formulation du deuxième principe. 14 climatisation de l’habitat, patinoire, etc.), ou le réchauffement du milieu chaud (production d’eau chaude sanitaire, chauffage de locaux, de piscines, etc.), ces machines sont respectivement appelées machines frigorifiques ou pompes à chaleur. b) Principe de fonctionnement Il consiste essentiellement à faire parcourir un cycle fermé à un fluide frigorigène (figure 7), qui absorbe de l’énergie du milieu froid (Qf > 0) pour la rejeter ensuite dans le milieu chaud (Qc < 0). Pour réaliser ce transfert thermique, un travail est fourni par un compresseur (W > 0). Le fluide peut être un gaz (de l’air par exemple), mais dans la plupart des cas, on cherche à mettre en jeu l’effet thermique important lié à la transition de phase liquide – vapeur36. Le cycle de base est alors constitué des quatre étapes suivantes (figure 8). La vapeur du fluide frigorigène est comprimée dans un compresseur, dont elle sort à une température supérieure à celle du milieu chaud Tc. Cette vapeur passe alors dans un échangeur thermique, le condenseur, où elle se condense en cédant par transfert thermique Qc à ce milieu chaud (eau ou air, en général). Le liquide, qui se trouve toujours à une pression élevée, subit ensuite une détente dans un détendeur, où il se refroidit à une température plus basse que celle du milieu froid Tf. Ce fluide traverse un deuxième échangeur, l’évaporateur, où il se vaporise en recevant par transfert thermique l’énergie Qf de ce milieu froid (eau, air, ou saumure). La vapeur froide est enfin renvoyée dans le compresseur et le cycle est alors fermé37. 36 Le fluide moteur est alors un réfrigérant comme le fréon, l'ammoniac ou la vapeur d’eau. On parle aussi de fluide frigorigène. Le Fréon (marque commerciale) est le nom d'une famille de gaz hydrochlorofluorocarbonés (HCFC) ou chlorofluorocarbonés (CFC) fabriqués par la société DuPont de Nemours. Les différentes variétés de fréon sont parfois désignées sous le nom de R11, R502, R22 (R signifiant réfrigérant). Ce gaz frigorigène est toxique, non conducteur et ininflammable. Le fréon a été utilisé depuis 1930 comme réfrigérant. 37 Le débit est réglé au niveau du détendeur (détendeur thermostatique) de sorte que la température à l’entrée du compresseur soit supérieure de 4 à 7 °C à la température de saturation. 15 Figure 7 : Représentation symbolique d'un réfrigérateur, et des échanges thermiques avec les sources chaude et froide. Figure 8 Cas des réfrigérateurs Dans ce cas, l’évaporateur est installé dans la chambre froide, dont la capacité thermique est finie. L’énergie thermique reçue par le fluide frigorigène38 abaisse donc la température de la chambre froide, puis compense les flux thermiques traversant ces parois. Le condenseur est installé dans un milieu qui peut être considéré comme une source thermique de température constante (air ambiant, rivière, puits, etc.). Cas des pompes à chaleur Dans ce cas, le condenseur est installé dans le milieu dont on veut élever la température, alors que l’évaporateur est mis au contact d’une source thermique de température constante (air ambiant, rivière, etc.). Une machine frigorifique et une pompe à chaleur sont des machines thermiques qui : • reçoivent effectivement un travail (W > 0) ; • fournissent effectivement un transfert thermique à une source chaude (Q c < 0) ; • reçoivent effectivement un transfert thermique à une source froide (Q f > 0). 38 À l’heure actuelle, les fluides réfrigérants les plus utilisés sont l’ammoniac (NH3) et les chloroflurocarbones (CFC) R12 et R502 (mélange azéotrope de 48 % de R22 et de 51,2 % de R115). Fortement suspectés de détruire l’ozone 03 stratosphérique, les CFC sont interdits dans la Communauté Européenne depuis le 31 décembre 1994. Ils sont remplacés par d’autres dérivés du méthane et de l’éthane, où le brome remplace le chlore. 16 c) Efficacité thermodynamique Efficacité d'une machine frigorifique L’efficacité d'une machine frigorifique s'exprime par un coefficient de performance β . Ce coefficient est positif et compte tenu des échanges énergétiques (figure 7), il peut être supérieur à 1 : β= Q f (énergie recherchée ) W (énergie à payer ) Efficacité d'une pompe à chaleur Dans le cas d’une pompe à chaleur (figures 7 et 8), l'énergie recherchée est la chaleur de la source chaude. Le coefficient de performance d'une pompe à chaleur est toujours supérieur à 1. Par conséquent : β= −Qc (énergie recherchée) W (énergie à payer) II.7. Cycle de Carnot a) Définition Le cycle de Carnot est un cycle dans lequel le fluide moteur évolue en échangeant de la chaleur avec deux sources, les transformations étant réversibles39. b) Principe du fonctionnement d'une Dans le cas d'un moteur thermique fonctionnant machine thermique selon un cycle de selon un cycle de Carnot (figure 9), le fluide moteur Carnot40 reçoit de la chaleur de la part de la source chaude, dans la chaudière. Ce transfert étant réversible, la température du fluide est égale à la température de la source chaude. Par conséquent, l'évolution est isotherme, réversible. Ce fluide subit ensuite une détente adiabatique réversible dans la turbine41 et ressort à la température 39 Dans le cas d'une transformation réversible, on exclut les phénomènes de frottement, d'hystérésis… Bien que le cycle de Carnot ne soit que le cycle idéal d’une machine fonctionnant entre deux sources, il permet de comprendre le fonctionnement de tous les cycles réels. En effet, ce cycle fait apparaître tous les éléments qui constituent une machine réelle, en fonctionnement moteur ou récepteur. 41 Les échanges de chaleur ne se font qu'au niveau des sources. 40 17 de la source froide. Au niveau du condenseur, la vapeur est alors transformée en liquide à température constante. Puis le liquide est comprimé dans la pompe de façon adiabatique (réversible) jusqu'à la température de la source chaude. Figure 9 c) États du fluide à la sortie de la chaudière et du condenseur Chaudière. Un élément de volume de fluide liquide entrant dans la chaudière se met en équilibre instantanément avec la source : il se vaporise à température et pression constante (évolution réversible, ou tout du moins quasi-statique). Par conséquent, l'eau sort de la chaudière sous forme de vapeur saturée à la température de la source chaude. Condenseur. à température la vapeur d'eau est aussi condensée et pression constante (évolution réversible). Par conséquent, l'eau sort du condenseur sous forme de liquide saturé à la température de la source froide. 18 d) Représentation graphique du cycle de Carnot Diverses représentations La représentation du cycle de Carnot42 dans le diagramme de Clapeyron dépend du fluide utilisé. Cependant, dans tous les cas, il comprend (figure 10) : — 2 adiabatiques réversibles : BC et AD — 2 isothermes réversibles : AB et CD Représentation dans le cas d’un gaz parfait Diagramme de Clapeyron Diagramme entropique Les transferts thermiques isothermes sont très difficiles à réaliser avec un gaz, mais ils deviennent envisageables sous la courbe de saturation. Toutefois, un tel cycle n’est pas réalisable : la pompe et la turbine (machine motrice), ou le compresseur (machine frigorifique) sont parcourus par un mélange liquide – vapeur, préjudiciable à leur rendement et à leur durée de vie (problèmes de corrosion et de lubrification). 42 Le cycle de Carnot n’est qu’un exemple de cycle où les transformations sont réversibles. Tout cycle réversible peut être représenté par une suite de cycles de Carnot (par des isothermes et des adiabatiques). Par ailleurs, le cycle moteur peut être inversé ; de cycle moteur, il devient cycle récepteur. C'est le principe du réfrigérateur. On est également en mesure d'imaginer un cycle de Carnot dans lequel le fluide reste à l'état gazeux. 19 Travail net et transfert thermique net (Qc + Qf) — Sens ABCDA : cycle moteur (W < 0 ; Qc > 0 ;Qf < 0). — Sens ADCBA : cycle récepteur (W > 0 ; Qc < 0 ;Qf > 0). II.8. Rendement d'un cycle de Carnot a) Théorème de Carnot (conséquences sur le calcul du rendement) "Toutes les machines thermiques non réversibles fonctionnant selon un cycle ditherme non réversible entre deux sources données ont un rendement (ou un coefficient de performance) inférieur à celui d'une machine fonctionnant de manière réversible entre les mêmes sources." η irrév < η rév et β irrév < β rév "Toutes les machines réversibles fonctionnant selon un cycle ditherme réversible ont le même rendement lorsqu'elles fonctionnent avec les mêmes sources." Par conséquent, le rendement d’un cycle de Carnot est indépendant de la substance motrice : il ne dépend que de la température des sources de chaleur. b) Construction de l'échelle de Comme le cycle de Carnot est indépendant de la température thermodynamique (W. substance motrice (le rendement ne dépend que de la Thomson43) température des sources de chaleur), il permet de définir une échelle de température indépendante de toute substance : l’échelle de température absolue. • Soient trois sources ((Q1, T1), (Q2, T2), (Q3, T3)) telles que T1 > T2 > T3. η = 1+ Qf Qc ( =Ψ Tf , Tc ) Le rendement de la première machine fonctionnant avec les sources 1 et 2, suivant un cycle moteur de Carnot, est : η1 = 1 + Q2 Q = Ψ (T1 , T2 ) ⇒ 2 = Ψ ' (T1 , T2 ) Q1 Q1 43 Les travaux de Carnot inspireront à W. Thomson (futur Lord Kelvin), une autre manière de définir l'échelle absolue de température (1848). 20 Source thermique de température T1 • Il en va de même pour les deux autres machines dont les rendements respectifs sont : Q1 Q1 Machine A réversible Q2 WA Machine C réversible η3 = 1 + Q3 Q = Ψ (T1 , T3 ) ⇒ 3 = Ψ ' (T1 , T3 ) Q1 Q1 Q3 Q3 Q2 = × Q1 Q2 Q1 • Puisque, WC Notons que le membre de gauche est indépendant de T2. Donc le membre de droite doit aussi être Q2 WB Q3 Q = Ψ (T2 , T3 ) ⇒ 3 = Ψ ' ( T2 , T3 ) Q2 Q2 Donc : Ψ ' (T1 , T3 ) = Ψ ' (T1 , T2 ) × Ψ ' (T2 , T3 ) Source thermique de température T2 Machine B réversible η2 = 1 + Q3 Q3 Source thermique de température T3 c) Définition de l'échelle de température thermodynamique indépendant de T2. La forme de la fonction ψ' doit être : Ψ ' (T1 , T2 ) = f(T2 ) f(T1 ) et Ψ ' (T2 , T3 ) = f(T3 ) f(T2 ) Nous pouvons conclure : f (T3 ) Q3 = Ψ' (T1, T3 ) = Q1 f (T1 ) Thomson a défini la température absolue de la manière la plus simple44 : Qf Qc = Tf Tc Comme les énergies thermiques Qc et Qf sont de signe opposé, la relation est de la forme45 : Qf T =- f Qc Tc d) Rendement et efficacité de Carnot • Moteur thermique Puisque le cycle est réversible, le rendement est maximal et s’écrit : W + Qc + Qf = 0 η= −W Qc + Q f = Qc Qc ⎛ Q ⎞ T ηmax = ⎜⎜1 + f ⎟⎟ = 1 − f Qc ⎠ rév Tc ⎝ Le rendement d'un moteur ne peut atteindre 1 ; il est 44 De nombreuses relations fonctionnelles peuvent satisfaire cette équation. Ainsi, la mesure des transferts d'énergie Qc et Qf avec les sources fournit un moyen de mesurer un rapport de températures. Ceci a pour conséquence que l'origine de l'échelle de températures ne peut être choisie arbitrairement, et qu'il existe donc un zéro absolu de la température. En effet, deux échelles de températures dont les origines seraient différentes attribueraient deux valeurs numériques différentes à un même rapport de température. 45 21 limité théoriquement par les valeurs respectives des températures des sources chaudes et froides utilisées. • Machine frigorifique ⎛ Q ⎞ Qf 1 β max = ⎜ f ⎟ = = ⎝ W ⎠ rev −(Qc + Q f ) −1− Qc Qf Tf β max = Tc − Tf € L’efficacité d’un réfrigérateur peut être supérieure à 1. Elle est d’autant plus grande (et le réfrigérateur € d’autant moins utile) que les températures des sources sont proches. • Pompe à chaleur ⎛ Q ⎞ Qc β max = ⎜− c ⎟ = = ⎝ W ⎠ rev Qc + Q f β max = € 1 Q 1+ f Qc Tc Tc − Tf Comme pour le réfrigérateur, l’efficacité d’une pompe à chaleur peut être supérieure à 1 et d’autant plus € grande que les températures des sources sont proches. II.9. Inégalité de Clausius a) Cas du moteur thermique • Moteur thermique fonctionnant selon un cycle de Carnot. En prolongeant le raisonnement de Carnot, Clausius Qf Qc propose : (1) + =0 Tf Tc • Moteur thermique fonctionnant selon un cycle irréversible. D'après le théorème de Carnot, le rendement réel (du fait des irréversibilités) est toujours inférieur au rendement idéal de Carnot : η irrév < η rév 22 ⎛ Qf ⎞ Tf ⎟⎟ ηirrév = ⎜⎜1 + 〈 1− Qc ⎠ irrév Tc ⎝ Clausius obtient donc : b) Cas des récepteurs thermiques fonctionnant selon le cycle de Carnot Qf Tf + Qc 〈 0 Tc (2) Dans le cas d’un récepteur thermique fonctionnant : - selon un cycle réversible, on retrouve l’équation (1) ; - selon un cycle irréversible, on retrouve l’équation (2). c) Généralisation à toutes les machines thermiques ⎛ Q ⎞ T η irrév = ⎜⎜ 1 + f ⎟⎟ 〈 1 − f Qc ⎠ irrév Tc ⎝ Qf Qc + 〈0 Tf Tc ⇒ Inégalité de Clausius Pour qu’une transformation cyclique irréversible soit réalisable, il faut qu’elle vérifie l’inégalité de Clausius (cf bilan entropique). ⎛ Q ⎞ T η rév = η max = ⎜⎜ 1 + f ⎟⎟ = 1 − f Qc ⎠ rév Tc ⎝ ⇒ Qf Qc + = 0 Tf Tc Égalité de Clausius Pour qu’une transformation cyclique réversible soit réalisable, il faut qu’elle vérifie l’égalité de Clausius (cf bilan entropique). • Cycles polythermes : ∑ i Qi ≤ 0 Ti avec Ti, la température de la ième source thermique. d) Machine ditherme fonctionnant Si la température d’une ou de deux sources peut au contact de sources de varier au cours du fonctionnement de la machine, il faut températures variables alors raisonner sur un cycle infinitésimal : dU = 0 = δW + δQc + δQf et dS = 0 En appliquant le deuxième principe de la thermodynamique, on obtient : δQ f δQc + ≤ 0 Tf Tc Où Tc et Tf sont les températures respectives des sources chaudes et froides au cours du fonctionnement € de la machine. Pour l’ensemble du cycle, la relation de 23 Clausius s’écrit : T f , final T c, final δQ f δQ + ∫ T ∫ Tc ≤ 0 f c T f ,initial Tc,initial L’égalité correspond à une succession de cycles réversibles élémentaires. € II.10. L'entropie (R. Clausius - 1865) R. Clausius prolongea le raisonnement de Carnot et introduisit l’entropie comme suit46. Muni du principe de conservation de l’énergie et de l’échelle de température définie par Thomson, Clausius peut écrire : Qf Tf + Qc =0 Tc Clausius imagine alors un cycle réversible constitué d’un nombre n d’adiabatiques et d’isothermes au cours desquelles le fluide échange de l’énergie avec des sources thermiques de températures Ti (figure 11). Généralisant la relation ci-dessus, on peut écrire : ∑QT = 0 i i Figure 11 : Toute courbe fermée peut être considérée comme un cycle de Carnot constitueé d’une infinité d’isothermes (mesurées par δQ/T) alternant avec une infinité d’adiabatiques (δQ = 0) i Par passage à la limite d’une infinité de sources de température T, on peut écrire : ∫ δTQ = 0 cycle Clausius continue ainsi (1865) : « Si, comme elle l’exprime, l’intégrale ∫ δTQ doit être nulle chaque fois que le corps, en partant d’un état initial et en parcourant une série quelconque d’autres états, revient de nouveau à celui-là, l’expression δQ/T qui se trouve sous le signe d’intégration doit être la différentielle totale exacte d’une quantité qui ne dépend que de l’état du corps, et non de la voie par laquelle il y arrive. Si nous représentons cette quantité par S, nous aurons : 46 Extrait du cours de thermodynamique de François CHARRU. Université Paul Sabatier, 1996-1998. 24 dS = δQ T ou, si nous supposons l’équation intégrée pour une série de changements réversibles, par lesquels le corps passe de l’état initial à son état actuel, et que nous désignons par S0 la valeur de S pour l’état initial : S = S0 + ∫ δTQ […] je préfère emprunter aux langues anciennes les noms des quantités scientifiques importantes, afin qu’ils puissent rester les mêmes dans toutes les langues vivantes ; je proposerai donc d’appeler la quantité S, l’entropie du corps, d’après le mot grec ητροπη, transformation. C’est à dessein que j’ai formé ce mot entropie, de manière qu’il se rapproche autant que possible du mot énergie ; car ces deux quantités ont une telle analogie dans leur signification physique qu’une certaine analogie de dénomination m’a paru utile. » 25