CMN Partners Architectes de projets 200 missions de développement économique sur et pour les territoires et alors? CMN existe depuis 2009, cette entreprise s’est créée sur la base d’un constat simple : l’absolue nécessité de l’ingénierie économique sur les territoires, pour les territoires et avec les territoires : intercommunalités, agglomérations, métropoles, régions et départements : Marseille, Lyon, Grenoble, Chambéry, Grand Genève, Toulouse, Bordeaux , Paris, Lille, Strasbourg, Besançon, Rennes, Saint Malo, Limoges, Clermont-Ferrand, … Notre expérience « 200 missions » nous permet de poser quelques questions sur le développement économique, sur les enjeux locaux mais aussi globaux qui concernent tous les territoires : l’emploi, la création et le développement des entreprises, l’attractivité territoriale, la « bonne politique publique » d’appui au développement. Notre pays qui décidemment ne sort pas de la crise, contrairement à nos voisins, n’a-t-il pas une carte locale à jouer, plus à fond, plus sérieusement ? La première conclusion de tout cela, vécue partout en France, du nord au sud, dans les métropoles, mais aussi dans les territoires ruraux, auprès des services de l’Etat (plus rarement), ou de nombreuses intercommunalités, c’est que l’affaire économique est très complexe pour les acteurs publics. La culture française publique, très pyramidale, peine à comprendre finement les évolutions économiques, la nouvelle économie, les nouveaux réseaux et peine encore plus à déterminer la bonne posture d’intervention d’action publique ! Malgré tout, l’action économique bouge en profondeur, ballottée par les évolutions institutionnelles mais surtout réinterrogée par les évolutions structurelles de l’économie : numérisation, internationalisation, durabilité, masse critique indispensable, compétition accrue qui réclame d’autres formes de régulation et d’actions. 1 ,, Les fondamentaux restent les fondamentaux : le foncier et l’immobilier ,, De nombreuses collectivités présentent leur offre de sites comme le point essentiel de l’action économique. Ces offres tendent à être considérées sur des espaces importants qui dépassent les limites institutionnelles pour faire masse critique, pour être plus crédible et mieux répondre au marché. Les collectivités maintiennent une attention particulière à produire du foncier adapté, de l’immobilier spécifique, qui doit répondre aux besoins des entreprises (notamment à destination des créateurs d’entreprises). C’est la tradition de l’aménagement économique. Même l’économie de la connaissance a besoin de bureaux ou d’ateliers ! Les territoires s’imposent des regroupements à « la bonne échelle » (Scot, bassin d’emploi) pour définir en commun une stratégie d’offre de sites et pour la « vendre » à l’ensemble du système d’acteurs (utilisateurs, investisseurs). Ce sont des démarches de SAE, schéma d’accueil des entreprises, outil de référence pour dialoguer avec les utilisateurs comme avec les investisseurs. C’est souvent aussi le support de base de toute démarche marketing territorial. Urbanisme, développement durable, transition énergétique … et développement économique La question économique (création d’emploi, développement d’entreprises, attractivité, innovation..) est reliée de fait à la construction du territoire. Les collectivités expriment des besoins de transversalité que leurs propres organisations ont des difficultés à mettre en œuvre. Il s’agit de concevoir le projet local et de développer dans une vision large incluant l’urbanisme, les transports, le logement. Le risque est de « à trop vouloir embrasser, mal étreint », et la gestion opérationnelle devient très délicate. ,, Le règne du transversal : voir plus large sans perdre la capacité opérationnelle, c’est en un sens le nouveau défi. ,, Tourisme, Commerce, ESS, Insertion …c’est de l’économie De la même façon, derrière le mot économie, ce sont des réalités différentes qui se présentent sur les territoires : tourisme, économie présentielle voire commerciale, collaborative, d’insertion sur des quartiers en requalification. En clair, le découpage des années 90/2000 a vécu et n’est plus opérant pour comprendre l’économie locale et pour« fabriquer du projet ». Avenir des politiques d’innovation, les pôles, les clusters ? Naissance des écosystèmes Les politiques plus récentes posent de nouveaux questionnements : innovation/pôles de compétitivité portés par des critiques internes aux collectivités (retour sur investissement, arbitrages financiers difficiles), par l’indispensable réinvestissement couteux sur des projets comme accélérateurs, plateformes d’innovation...( en sus du recul de l’Etat) , par des résultats parfois discutables et plus encore par le besoin d’appréhension plus large, moins exclusivement technologique. La demande territoriale s’exprime et invite à des politiques orientées marché, nouveaux usages. C’est ainsi que les collectivités envisagent des projets expérimentaux, de fablab, etc... avec comme corolaire de nouveaux modèles économiques, plus autonomes et donc moins budgétivores. C’est l’espoir initial, en tous cas. 2 ,, ,, De nouveaux territoires : la « smart city » Effet de mode ou évolutions structurelles, les collectivités s’essaient de manière souvent très enthousiaste sur de nouveaux champs. C’est souvent aussi un moyen de toiletter le marketing territorial. Le numérique s’est imposé comme un élément fondamental du renouveau territorial comme aussi l’alpha et l’oméga de la stratégie de développement économique, grâce notamment à des flux importants de créations d’entreprises. La French Tech a confirmé cet emballement, (en ce sens comparable à l’émergence de pôles de compétitivité, deux initiatives étatiques qu’il faut noter !!), et a redessiné une géographie des métropoles qui gagnent ! En fait sans changement crucial par rapport à la hiérarchie des villes. La démarche a permis à des territoires moins importants d’apparaitre sur la carte de France : Angers, Annecy/Chambéry, Brest, Besançon… montrant des dynamismes qui peuvent s’affranchir de l’effet masse critique. De la même façon, le champ de la santé au sens large du terme : « qualité de vie, bien-être, prévention » est devenu un thème de travail pour « faire » du développement économique. Enfin, certaines collectivités tentent d’échapper à une lecture techniciste du développement durable : nouvelles énergies, transition énergétique, etc. pour des approches transversales qui permettent de penser transition énergétique et développement économique. ,, Le site d’activité ou le nouveau quartier sert de lieu d’expérimentation pour montrer aux entreprises l’envie de la collectivité. ,, Renouveau du marketing Toutes les collectivités sont avides de communication, toutes expriment un besoin de changer de posture et de vocabulaire pour s’adresser aux acteurs économiques présents sur le territoire ou susceptibles de s’y installer. Les territoires ont abandonné l’idée que la communication allait sauver l’économie locale ! Le marketing est devenu l’affaire de professionnels qui parlent stratégie, cibles, objectifs et méthode. La ville s’est imposée comme le territoire de référence (le territoire urbain, porté par la ville), comme pilote du projet marketing du bassin ou de l’aire urbaine. Dans ce cas, beaucoup se sont affranchis des limites institutionnelles. Les collectivités ont, dans la foulée d’ONLYLYON, compris l’importance du geste collectif, du stratégique, du long terme avant de communiquer. La marque oui et non. Là aussi, l’évolution est notable, c’est moins une marque que recherche la collectivité qu’une démarche. Le nom de la ville faisant l’affaire en termes de communication bien loin des efforts de communication des années 80/2000. Mais les collectivités veulent s’exprimer, se montrer et donc se vendre sur le marché du développement économique au MIPIM, au SIMI, etc… et cela signifie, impose stratégie et action organisée. C’est le projet qui sert de marqueur du territoire et devient le support de la communication : nouveau quartier, nouvel immobilier, projet universitaire. 3 ,, ,, Comprendre l’économie territoriale La marche du monde économique est très difficile à interpréter, l’économie est très complexe, l’économie locale tout autant ! Les collectivités demandent à comprendre, nul n’a la prétention de tout expliquer sur la situation économique du territoire. Mais l’effort de connaissance, d’appropriation est difficile. En plus il doit être partagé par les acteurs dont on a cruellement besoin pour faire la stratégie locale. Diagnostiquer devient un moment essentiel de la stratégie, et là, peu de collectivités veulent se payer cet examen, comme s’il suffisait de plaquer un système de solutions tout droit sorti d’un algorithme universel. Ces 200 missions nous présentent un tableau assez bigarré de l’engagement des collectivités sur le terrain du développement économique, surtout des collectivités en posture d’interrogation sur le « quoi faire » pour l’emploi, le développement des entreprises et l’attractivité territoriale. C’est comme l’impression que les recettes d’hier sont assez profondément questionnées : la technopole, l’appui à la création d’entreprise, la communication etc. Finalement, les collectivités et surtout les aires urbaines, les régions font face à des enjeux qui, inévitablement, seront les sujets à très court terme : Faire du développement économique impose une connaissance sans cesse renouvelée, pointue et partagée des dynamiques locales. C’est un travail peu gratifiant, qui reste indispensable pour agir. Mobiliser le système d’acteurs impose d’être clair sur les objectifs du territoire ; là aussi, ce travail nécessite du temps et de l’investissement : c’est la fonction du projet territorial. La politique économique locale est très sérieusement questionnée par les mauvais résultats nationaux ; que faire dans un tel contexte, alors que les centres urbains ont plutôt connu de bons résultats? Enfin nous avons l’impression que toutes les collectivités attendent les régions, les SDREII, comme le sésame de l’action à venir. L’enjeu des articulations territoriales des actions économiques va s’imposer pour relever le challenge de la compétitivité territoriale. 4 Jean-Louis Meynet, Président CMN Partners