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I. Introduction
Le choix du régime de change fait partie des classiques des débats qui
animent les cercles des économistes internationaux. Ainsi et avec l’avènement de
chaque nouvelle crise financière régionale ou internationale, de nouvelles théories
apparaissent tandis que d’autres disparaissent au gré de l’ampleur des dégâts sur
l’économie de tel ou tel pays. Au-delà de cet intérêt ponctuel suscité par des
événements bien précis, la question du choix du régime de change ne cesse
d’occuper les esprits des chercheurs et des économistes qui mettent en avant
l’intégration croissante des marchés financiers locaux au sein de marchés plus
internationaux comme un facteur structurant de la nouvelle donne sur les marchés
des changes. Dans la masse de recherches autour de ce sujet, une idée revient
assez souvent : l’adoption de régimes de changes intenables semble être la cause
désignée de la succession des crises financières récentes dont la crise du système
monétaire Européen de 1992, la crise du Peso mexicain de 1994, la crise asiatique
de 1997, la crise russe de 1998 et la crise argentine de 2002. Les analyses et les
recherches se sont donc focalisées sur la question de la viabilité des régimes de
change face à ces crises redoutables. Une thèse semblait alors prendre le dessus
sur les autres, cette thèse défendue par Obstfeld et Rogoff (1995) et Eichengreen
(1998) prônait une vision bipolaire des régimes de change : les marchés des
changes ne peuvent tolérer l’existence de régimes de changes intermédiaires en
temps de crise, seuls les régimes de changes extrêmes (fixité rigide ou flottement
total) peuvent et doivent survivre dans un monde où les flux des capitaux deviennent
de plus en plus libres. Cette thèse a rapidement trouvé des détracteurs : Williamson
(2000) et Masson (2001) et le débat de la bipolarité n’a cessé d’occuper le devant de
la scène chaque fois qu’on parlait de régimes de taux de change. Peu de chercheurs
se sont essayés à sortir du débat de la viabilité de régimes de changes pour étudier
les avantages et les inconvénients des différents régimes sans à priori sur leur
viabilité. Ces études se sont essentiellement focalisées sur les aspects macro-
économiques des effets du choix des taux de change. On peut ainsi trouver toutes
sortes de thèses sur les liens entre les régimes de change et l’inflation, les régimes
de change et la croissance, les régimes de change et l’endettement extérieur etc.
mais on peut difficilement trouver des études qui se placent du côté de l’investisseur
face au choix d’investissement entre deux marchés à régimes de changes différents.