Preuve. C’est un simple calcul ; grâce à la Proposition 1.3, on a :
tu KXu=tuE[X−E(X)].t[X−E(X)]u=Etu.[X−E(X)].t[X−E(X)].u;
d’où le résultat, puisque tu.[X−E(X)] = hu|X−E(X)iet que t[X−E(X)].u =
hX−E(X)|ui=hu|X−E(X)i.
Cette formule montre de plus que la forme quadratique u7→ tu KXuest
dégénérée si, et seulement si, il existe u6= 0 tel que hu|X−E(X)i= 0, ce qui
signifie que l’on a, dans L2(P),u1X1−E(X1)+···+udXd−E(Xd)= 0 pour
des u1, . . . , udnon tous nuls ; autrement dit, que X1−E(X1), . . . , Xd−E(Xd)
sont linéairement indépendants dans L2(P).
Remarque. Il faut bien faire attention que si des v.a.r., non constantes, sont
indépendantes, elles sont linéairement indépendantes (sinon, l’une peut s’expri-
mer comme combinaison linéaire des autres ; elle ne peut donc être indépendante
de celles-ci), l’inverse est bien sûr loin d’être vrai.
Exemple. Si Xsuit la loi uniforme sur [0,1],Xet X2, qui ne sont, bien sûr,
pas indépendantes, sont linéairement indépendantes, car si aX +bX2= 0, alors,
d’une part, en prenant l’espérance, on a a
2+b
3= 0, puisque :
E(Xk) = Z1
0
xkdx =1
k+ 1 ;
mais on a aussi, d’autre part, aX2+bX3= 0, d’où a
3+b
4; donc a=b= 0.
Notons que, par définition, la covariance de deux v.a.r. Xet Yest le produit
scalaire, dans L2(P), des v.a.r. centrées X−E(X)et Y−E(Y):
cov (X, Y ) = hX−E(X)|Y−E(Y)i.
La covariance est donc nulle (on dit alors que Xet Ysont non corrélées, ou
décorrélées, si et seulement si les v.a.r. centrées X−E(X)et Y−E(Y)sont
orthogonales. Lorsque Xet Ysont indépendantes, on a E(XY ) = E(X)E(Y);
donc cov (X, Y ) = 0. Ainsi :
Proposition 1.9 Si Xet Ysont deux v.a.r. indépendantes, alors cov (X, Y ) =
0, et X−E(X)et Y−E(Y)sont orthogonales dans L2(P).
On avait déjà vu cela dans la Remarque suivant le Corollaire 14 du Cha-
pitre 1.
Corollaire 1.10 Si X1, . . . , Xd: Ω →Rsont indépendantes, la matrice de co-
variance du vecteur aléatoire X= (X1, . . . , Xd)est diagonale.
La réciproque est évidemment en général fausse, puisque le fait que la matrice
de covariance soit diagonale signifie seulement que les composantes du vecteur
aléatoire sont deux-à-deux non corrélées.
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