La traductibilité de la métaphore coranique

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La traductibilité de la métaphore coranique
George Grigore
L’étude qui suit concerne les métaphores coraniques et la possibilité de
les transposer dans un autre code linguistique, dans notre cas, la langue
française.
La base de notre recherche a été constituée, d’une part, par le
texte coranique, et d’autre part, par ses traductions publiées en français. Nous avons prêté une attention spéciale à la traduction de D.
Masson qui nous a offert la matière nécessaire pour mettre en évidence les aspects qui pourraient passer pour significatifs du point de
vue de la traductibilité de la métaphore coranique.
La préférence du Coran pour l’utilisation fréquente de la métaphore s’explique par le fait que celle-ci est employée pour communiquer des réalités d’un plan idéatique en se rapportant aux éléments
d’un autre plan, par leur traduction d’un type de langage, celui de
l’absolu, du transcendent, dans un autre, celui du relatif, du fini, du
compréhensible.
Au lieu d’aspirer à la création d’un système d’abstractions exprimé par une série de signes linéaires ainsi qu’il arrive dans les
sciences exactes, le Coran crée un système de mots unique, inimitable par l’intermédiaire des embranchements et des connexions
multiples, chaque vocable qui lui est englobé ayant un aspect neutre,
informationnel et un aspect symbolique. Ce dernier côté est rendu
d’habitude par la métaphore qui, par ses reprises obsédantes de
présentations et de représentations, devient un élément fondamental
de ce système mythique-religieux qui est le Coran. Au fond, ce système n’est pas autre chose qu’une amplification de la métaphore jusqu’à la généralisation.
La métaphore est une figure de style par laquelle on transfère
ou on prête la signification d’un mot à un autre mot, à partir d’une
Caietele Institutului Catolic II (2001, 1) 88-106
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comparaison qui se maintient au niveau mental. Ce transfert
concerne seulement certains plans des significations des mots que
l’on pourrait ranger en deux grandes catégories:
a) la signification dénotative ou référentielle, c’est à dire la signification de base, telle qu’elle se trouve consignée dans le dictionnaire;
b) la signification connotative-métaphorique, c’est à dire la signification acquise par le vocable dans un context déterminé;
Il y a des mots qui, dans des circonstances déterminées,
ajoutent à la signification dénotative (référentielle, factuelle) un niveau métaphorique qui apporte au dénoté un surplus d’information
valorisatrice. La métaphore est toujours une image de l’objet reflétée
par la configuration d’un autre objet, et la connexion entre ces deux
objets est un fait de conscience, une activité de valorisation esthétique et cognitive. Ainsi, l’image véritable, complète, ne peut pas être
devinée que d’après son reflet. Le déchiffrement de l’image totale,
cachée, dont parlent les commentateurs musulmans, à partir de ses
reflets evidents dans les mots du texte coranique, est un processus
continuel, parce que les valences métaphoriques de chaque mot
peuvent réverbérer au niveau de l’esprit des significations d’une
grande diversité dès que l’on sort de l’univocité des vocables pour se
rendre attentif aux diverses acceptions selon un même mot est employé dans divers sens métaphoriques. À ce niveau de la signification, le dénoté est détaché de son immédiat phénoménologique et
placé, à la limite, entre les connaissances existentes sur le monde et
les intuitions qui n’ont pas un contour précis dans le réseau d’abstractions et de vérités vérifiables dans un certain moment historique.
Ce sens suit les lignes générales de la pensée humaine, ce qui facilite, en grande mesure, le transcodage de la métaphore coranique
dans une autre langue.
Pour synthétiser, on peut dire que le point de départ de la métaphore réside dans une construction comparative du type: x est similaire à y. Pour arriver à la métaphore, le terme x et, implicitement, le
relatif de comparaison seront éliminés, tandis que certains traits sémantiques du terme x, telle la réflexion d’une image dont nous venons de parler, passeront sur le terme y. La comparaison peut être
reconstituée à partir de ces traits sémantiques transférables pour
conduire, finalement, au déchiffrement de la métaphore.
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Dans la pensée mythique-religieuse cristallisée dans le Coran,
la métaphore ne se limite pas à indiquer une certaine chose, mais,
bien davantage, elle s’y substitue pour entrer dans une relation de
con-substantialité avec le référent, ce qui conduit à une coïncidence
entre les deux plans idéatiques, celui de l’absolu et celui du rélatif.
C’est précisément à ce point que commencent, dirait-on, les problèmes soulevés par toute traduction de la métaphore coranique.
En suivant le critère de leur traductibilité en français, nous proposons la classification des métaphores coraniques en deux grandes
catégories:
a) métaphores à équivalent métaphorique du même type;
b) métaphores sans équivalent métaphorique du même type
Métaphores à équivalent métaphorique du même type
Les métaphores coraniques à équivalent métaphorique du
même type en français sont:
a) les métaphores révélatrices;
b) les métaphores artistiques universelles;
Nous avons adopté cette répartition des métaphores d’après
l’ouvrage de Lucian Blaga, “Geneza metaforei şi sensul culturii” (“La
genèse de la métaphore et le sens de la culture”) publié en 1935 à
Bucarest, en remplaçant seulement son terme “plasticisant” par “artistique”.
a. Les métaphores révélatrices
Les métaphores révélatrices prennent naissance du mode spécifiquement humain d’exister dans l’horizon du mystère et de la révélation. Ces métaphores se réfèrent aux dimensions fondamentales
de l’existence, aux aspects essentiels de l’existence de toute communauté humaine (v. Blaga; 42). Les réalités exprimées à l’aide des
métaphores révélatrices sont toujours des zones qui attirent l’intérêt
des gens, autrement dit, elles renferment des idées obsessionnelles
de l’esprit collectif. Puisqu’elles reflètent une image chiffrée des réalités absolues, elles représenteront les points de repère pour toute
œuvre religieuse (v. Marino; 185). Ce type de métaphore donne
naissance aux thèmes centraux religieux qui se répètent de manière
insistante, afin de s’imprimer dans la mémoire et, surtout, dans l’es-
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prit des fidèles, en tant que les motifs principaux d’une symphonie,
se manifestant dans les moments importants.
Ces métaphores ont comme point de départ des éléments
concrets, généralement connus par tout le monde, et renferment des
idées abstraites, difficile à définir telles celles qui se trouvent, par
exemple, derrière des mots comme la lumière, les ténèbres, la voie
etc. Etant le résultat d’une compréhension généralement humaine de
la réalité, ces métaphores se retrouvent dans les cultures les plus diverses, ce qui rend assez facile leur transposition d’une langue à
l’autre. L’équivalence interlexicale des termes qui constituent les métaphores révélatrices conduit implicitement à l’équivalence de leurs
champs sémantiques, du moment qu’ils ont la même auréole métaphorique, les mêmes significations connotatives.
Dans ce type de métaphore, le mouvement mental glisse du
concret à l’abstrait, du connu à l’inconnu. En conséquence, les
formes physiques du monde extérieur – des objets et des phénomènes réels – acquièrent par l’analogie des sens métaphoriques
illustrant des notions abstraites. Plus le terme de départ de ces métaphores est ancré dans la réalité immédiate, plus les sens qu’il recevra par le mouvement métaphorique seront abstraits (v.Slave;
26 ).
A leur tour, les métaphores révélatrices peuvent étre réparties,
en plusieurs groupes, en fonction de la classe sémantique du terme
qui les introduit: 1) cosmogoniques; 2) cosmo-anthropomorphiques;
3) anthropomorphiques; 4) concrétives.
a-1) Les métaphores révélatrices cosmogoniques
La pensée humaine a élaboré, le long du temps, un modèle
dualiste qui incorpore un grand nombre de principes opposés et
complémentaires se trouvant à l’origine de la création du monde (le
ciel/la terre; la vie/la mort; la lumière/l’obscurité etc.). Ce modèle
dualiste suivi par les métaphores révélatrices cosmogoniques est
spécifique à toutes les cultures. Il peut être rencontré chez tous les
peuples, quel que soit leur degré de développement social ou culturel, ce qui rend plus facile le transcodage de ces métaphores d’une
langue à l’autre (v. Lévi-Strauss,164).
Dans les systèmes religieux, le monde prend naissance non
seulement des éléments ou des phénomènes antagoniques, tels le
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froid/le chaud, la lumière/l’obscurité, mais encore de leurs principes
correspondants dans le plan moral par une translation métaphorique
tels le bien/le mal, croyance/l’incroyance etc. Par exemple, le terme
“lumière” se trouve en opposition avec le terme “obscurité” aussi
bien dans son sens propre, que dans son sens métaphorique: si la
lumière signifie enseignement, culture, éducation, croyance, le bien,
son antonyme signifiera ignorance, inculture, péché, incredulité, le
mal (v. Slave, 51).
Au sens du bien absolu, la lumière (ar.:“nûrun”) est – dans le Coran – une métaphore qui désigne Dieu même. Cette idée est présente dans toute la mystique religieuse, ayant pour fondement
l’identification spontanée, instinctive de Dieu avec les éléments indispensables à la vie: la lumière, la chaleur, l’eau etc.
allahu nûru-s-samawati wa-l-’ardi (Q 24/35)
“Dieu est la lumière des cieux et de la terre!” (M 464)
Une autre signification du mot “nûrun” (fr.: “lumière”) est celle de
“sagesse”, “raison”, “pouvoir de compréhension en tant qu’aptitude
divine:
wa man lam yað‘al allahu nûran fa-ma la-hu min nûrin (Q 24/40)
“Celui à qui Dieu ne donne pas de lumière n’a pas de lumière.”
(M 465)
La lumière en tant que métaphore de la vie en croyance s’oppose aux ténèbres comme métaphore de la vie en péché:
li-yuhriða al-ladina ’amanû wa ‘amilû as-salihati min az-zulumati
’ila-n-nûr (Q 65/11)
“[...] pour faire sortir des ténèbres vers la lumière ceux qui
croient et qui accomplissent des œuvres bonnes.” (M 751)
En arabe, zulumatun (“ténèbres”), est un pluriel du nom d’une
fois zulmatun - une manifestation de l’obscurité, une obscurité. Zulumatun signifie, par conséquent, des “manifestations de l’obscurité”, et
au sens métaphorique, du “péché”. Tandis que l’obscurité peut exister sous de nombreuses formes, la lumière – nûrun – est singulière,
parce qu’elle représente la Vérité absolue, la Croyance en Dieu dont
la manifestation est unique (Al- Muntahab, 85). A l’appui de cette
idée, on peut citer le mystique Muqatil qui réduit ces deux métaphores à leur signification immédiate et abstraite, en traduisant nûrun
(lumière) par ’imanun (foi monothéiste) et zulumatun (ténèbres) par širkun (polythéisme; idolâtrie) (v. Nwyia; 71).
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Dans la traduction de Masson, cette nuance importante est marquée aussi, le mot zulumatun étant équivalé à un vocable au pluriel
“ténèbres”. Je signale ce détail afin de suggérer qu’il est important
de rendre toutes les informations qu’un mot véhicule dans un texte
religieux. Chaque information de ce genre peut constituer, à son
tour, l’échafaudage de toute une série d’interprétations, comme dans
l’exemple mentionné.
La métaphore révélatrice cosmogonique la plus fréquemment
rencontrée dans le Coran est celle introduite par le mot sabilun (fr.:
”voie”– 177 occurrences) et par ses synonymes siratun (fr.: “voie”,
“pont” – 44 occurrences), tariqun (fr. “chemin frayé” – 3 occurrences),
sababu” (fr.: “corde” – 5 occurrences), šari‘atun (fr.: “sentier”, étymologiquement:“sentier qui mène à l’eau”) bien qu’elle apparaisse une
seule fois, cette dernière représente, selon les commentateurs, le
terme de référence de toute autre métaphore construite sur la base
du mot “la voie”.
La voie, le chemin, constituent une représentation analogique
de l’écoulement du temps au niveau de l’espace concret. Ainsi, la
voie signifie la durée de la vie, le temps vécu par quelqu’un entre le
moment de sa naissance et le moment de sa mort. Elle indique, surtout quand elle est associée à certains épithètes tels que “mustaqimun” (fr.: “droit”) les règles lesquelles doivent être observées pour
garder l’harmonie entre l’homme et Dieu:
’inna-na hadayna-hu as-sabila ’imma šakiran wa ’imma kafûran
(Q 76/3)
“Nous l’avons dirigé sur le chemin droit, qu’il soit reconnaissant,
ou qu’il soit ingrat.” (M 782)
Le cheminement sur la voie droite représente l’idéal vers lequel
aspirent tous les fidèles; c’est, d’ailleurs, l’unique chose qu’ils demandent à Dieu dans leurs invocations:
ihdi-na as-sirata-l-mustaqima (Q 1/5)
“Dirige-nous dans le chemin droit!” (M 3)
Pour suggérer le surnaturel, l’Au-delà, on recourt à la métaphore
qui reproduit les sens de certains mots liés à la réalité extérieure
dans celle métaphysique. Des notions fondamentales concernant
l’Au-delà sont forgées de métaphores renfermées dans des mots tels
que le jardin, le jardin où coulent les ruisseaux, l’ombre épaisse, les
sources de l’eau, d’une part, et le feu, la fournaise, le brasier, la bois-
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son brûlante et fétide, d’autre part. Ces métaphores, partiellement
déjà lexicalisées, nous sont familières de la Bible, ce qui rend plus
aisé la transposition de leurs connotations, grosso modo, les mêmes
en arabe et en français. Nous choisissons un seul exemple de ce
type pour illustrer notre commentaire:
wa qulna ya adamu uskun ’anta wa zawðu-ka al-ðannata (Q
2/35) “Nous avons dit: O Adam! Habite avec ton épouse dans le jardin!” (M 9)
Dans cet exemple, le mot ðannatun (fr.: “jardin”) est employé au
sens métaphorique de paradis, de même que dans la Bible.
a-2) Les métaphores révélatrices cosmo-anthropomorphiques
Ayant comme point de départ des éléments cosmiques, tels que
ceux déjà énoncés ci-dessus, on arrivera, par un glissement de sens
vers les éléments du corps, à d’autres métaphores nommées cosmo-anthropomorphiques qui représentent le point de rencontre des
métaphores cosmogoniques et de celles anthropomorphiques.
Nous rappelons, à cet égard, les sens métaphoriques de la main
droite et de la main gauche, si prégnants dans toutes les cultures
traditionnelles. Ces sens dérivent de l’axiologie des points cardinaux
et sont directement liés à l’évolution zodiacale du soleil. L’un des
termes en sera toujours valorisé positivement et l’autre négativement.
Les connotations positives caractérisent l’Orient, le lieu du lever
du soleil – source de chaleur et de lumière. Tourné vers l’Orient, ainsi que l’on procédait dans tous les rituels magiques, l’homme aura à
droite le Sud et à gauche le Nord. Le Nord est associé au froid, aux
ténèbres, à la mort, tandis que le Sud évoque la chaleur, la lumière,
la vie. Par transfocalisation, dans le Coran, la main gauche indiquera
les défauts c’est à dire les défaillances morales: l’incroyance, le péché sous toutes ses formes, alors que la main droite symbolisera: la
dévotion, la croyance, la vertu.
En conséquence, les gens seront divisés en deux catégories:
ceux du côté droit et ceux du côté gauche de Dieu:
fa-’ashabu-l-maymanati ma ’ashabu-l-maymanati wa ’ashabu-lmaš‘amati ma ’ashabu-l- maš‘amati (Q 56/8-9)
“ Les compagnons de la droite! - Quels sont donc le compagnons de la droite? Les compagnons de la gauche! - Quels sont
donc les compagnons de la gauche?” (M 714)
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Le vocable “maymanatun” (fr.: “droite”) renvoie à la notion de
bonheur – “yaminun” ainsi que le vocable “maš‘amat un” (fr.: “gauche”)
renferme la notion de “šu‘mun” (fr.: “malheur”).
Dans les remarques accompagnant sa propre traduction, Masson identifie les compagnons de la droite aux bienheureux et les
compagnons de la gauche, aux damnés, conformément aux commentaires des théologiens arabes à ce sujet. Il faut bien remarquer
que Jésus se trouve également assis à la droite de Dieu (Matthieu;
20/23).
a-3) Les métaphores révélatrices anthropomorphiques
Par les métaphores plus haut qui rattachent les métaphores
cosmogoniques à celles anthropomorphiques, nous entrons dans le
domaine de ces dernières.
Comme tout langage religieux qui touche aux aspects du mystère divin, le langage coranique contient un grand nombre de métaphores anthropomorphiques par lesquelles celui-ci est rendu.
Par conséquent, en Coran, on parle de Dieu en se référant aux
parties de son corps, soit par une indication directe comme la main,
le visage, les yeux etc., soit par une mention indirecte c’est à dire par
des actions qui supposent l’existence de ceux-ci: entendre, voir, appeler etc. Ce mode de présentation de la divinité nous est connu de
la Bible, selon laquelle l’homme a été créé à l’image de Dieu (La Genèse; 1/27).
Mais Dieu est, avant tout, ésprit et en conséquence les caractéristiques humaines qui lui sont attribuées doivent être comprises
seulement au sens métaphorique ou métonymique. En outre, dans le
Coran toute analogie entre l’homme et Dieu est exclue et on souligne le fait que Dieu est sans égal, incomparable:
wa lam yakun la-hu kufuwan ’ahadun (Q 112/4)
“Nul n’est égal à lui!” (M 827)
Par ces métaphores anthropomorphiques concernant la divinité,
on comprendra les fonctions et les caractéristiques de ces parties de
l’organisme humain qu’elles représentent (v.Nida;110). Ces qualités
sont attribuées à Dieu pour le faire accessible à l’intellect humain,
qui a toujours besoin d’analogies pour connaître et comprendre (AlÐurðani; 96).
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Les métaphores anthropomorphiques, ayant comme point de
départ l’homme avec ses caractéristiques universellement valables,
auront la même gamme de significations en langues et cultures bien
différentes. “La main” en arabe “yad un” est largement utilisée comme
métaphore du pouvoir, de l’autorité, de la protection et du conseil:
yadu allahi fawqa ’aydi-him (Q 48/10)
“La main de Dieu est posée sur leurs mains.” (M.680)
L’origine de cette métaphore, également fréquente dans la
Sainte Bible, se trouve dans l’habitude des instituteurs de guider leur
disciples en train apprendre à écrire, en conduisant la main de ceuxci par leur main, pour dessiner correctement les lettres (Barclay;
102-110).
“La main” – “yadun” – peut avoir également le sens métaphorique
de “possession” ou “contrôle sur quelqu’un ou sur quelque chose”:
bi-yadi-ka al-hayru (Q 3/26)
“ Le bonheur est dans ta main [...] (M 68)
Le développement métaphorique du mot “yad un” est très large en
arabe, de même que “main“ en français; donc, la série d’exemples
pourrait continuer sans ajouter quelque chose de nouveau aux observations que nous avons déjà faites.
La signification métaphorique du mot “waðhun” (fr.: “face”) est
celle de “bienveillance”, “bénédiction”, “amabilité”, “grâce”:
dalika hayrun li-l-ladina yuridûna waðha allahi (Q 30/38)
“C’est un bien pour ceux qui recherchent la Face de Dieu.”
(M.536)
Comme expression de l’esprit, le visage de Dieu peut renvoyer
à l’éternité même du visage divin:
la ’ilaha ’illa huwa kullu šay’in halikûna ’illa waðha-hu (Q 28/88)
“Il n’y a de Dieu que lui! Toute chose périt, à l’exception de sa
Face.” (M.521)
a-4)Les métaphores révélatrices concrétives
Ces métaphores supposent une transmission des qualités des
objets au monde réel. Le Coran insiste plusieurs fois sur l’insensibilité des infidèles à l’égard de l’enseignement divin, par l’apposition
des scellés à leur cœur. Le cœur est considéré par les sémites
comme l’organe des aptitudes intellectuelles telles que la raison, la
mémoire, l’attention, l’intelligence, la sagesse. C’est pourquoi, la ma-
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nière coranique la plus fréquente par laquelle la divinité s’adresse
aux gens est la suivante:
’ûlû-l-’albabi (Q 2/269)
“Lubbun”, avec le pluriel “’albabun”, signifie en français, d’une part,
“noyau”, “cœur”, et d’autre part, par la métonymie: “raison”, “intelligence”. En conséquence il y a deux traductions possibles de ce mot
qui associe deux sens, la sensibilité et l’intelligence, nettement différenciés en français :
– ceux qui sont doués de cœur, de sensibilité
– ceux qui sont doués d’intelligence
La métaphore du cœur scellé renvoie à une pratique commerciale, bien connue dans l’antiquité, qui consistait à sceller les récipients contenant de l’huile, des aromates etc., afin d’empêcher le
remplacement de leur contenu. La comparaison de ce type de pot
avec le cœur est éloquente car, de même que l’on ne peut pas changer le contenu d’un pot scellé, de la même manière ne peut-on pas
modifier le contenu du cœur scellé, la raison, puisqu’il ne reçoit aucune idée de dehors:
hatama allahu ‘ala qulûbi-him wa ‘ala sam‘i-him wa ‘ala ’absarihim ghašawatun (Q 2/7)
Le verbe français ”sceller” a le même sens métaphorique que
son correspondant arabe “hatama”: “rendre une situation définitive”,
“établir une destinée”, “fixer” etc. Le scellé signifiera alors la fin, le
bout, l’extrémité, l’ultime. La signification de la métaphore coranique
“hatamu-n-nabiyina” (Q 33/ 40), c’est à dire “le sceau des prophètes”
se rapportant au prophète Muhammad, n’a plus besoin d’explications
pour être comprise.
Une autre métaphore concernant le cœur opaque aux enseignements est celle du cœur endurci par Dieu. La même métaphore, au
même sens, peut être rencontrée aussi dans la Bible (l’Exode, 8/9):
rabba-na itmis ‘ala ’amwali-him wa-šdud ‘ala qulûbi-him fa-la
yu’minû hatta yaraw (Q 10/88)
“Notre Seigneur! Anéantis leurs richesses; Endurcis leurs
cœurs, afin qu’ils ne croient pas jusqu’au moment ou ils verront le
châtiment douloureux.”(Masson; 281)
Cette métaphore part de l’analogie entre le cœur et les tablettes
en argile sur lesquelles on écrivait dans l’Orient antique. Après le séchage de la tablette, celle-ci devenait tellement dure que son conte-
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nu ne pouvait plus être modifié par l’impression d’un autre signe. Le
cœur qui ne reçoit aucun message de l’extérieur est, donc, pareil à
ces tablettes, solidifiées, durcies. (v.Barclay, 123)
b) Les métaphores artistiques universelles
Le Coran contient toute une série de métaphores révélatrices
qui sont répetées, de manière obsédante, plusieurs fois. Pourtant le
texte coranique renferme aussi quelques métaphores artistiques, qui
semblent adoucir son style sévère; ce sont des métaphores qui restent expressement en suspens, pour ne pas détourner l’attention du
dévot des grands thèmes de la religion (v.Jomier; 11-12).
Par rapport à la fréquence des métaphores révélatrices dans le
Coran, les métaphores artistiques ou poétiques y sont beaucoup
plus rares. On pourrait expliquer ce phénomène par un verset coranique, selon lequel le prophète Muhammad n’a pas été initié à la
poésie et, en conséquence, le message divin qu’il transmet n’a aucune liaison avec celle-ci:
wa ma ‘allamna-hu aš-ši‘ra wa ma yanbaghi la-hu (Q 36/79)
“Nous ne lui avons pas enseigné la poésie car cela ne lui convenait pas.” (M 586)
Partant, nous ne trouverons pas en Coran des métaphores artistiques choquantes, qui puissent ramener expressement à la poésie.
Les métaphores artistiques peuvent étre réparties en deux
groupes, selon leur degré de traductibilité: universelles et locales.
Les métaphores artistiques universelles, tout comme les métaphores révélatrices, sont des métaphores à équivalent direct en français. Les métaphores artistiques universelles sont semblables aux
métaphores révélatrices par leur manière même de construction,
ayant pour fondement des mots dont le sens dénotatif, par sa nature,
les entourent des connotations métaphoriques universelles telles
que les notions généralement connues de divers domaines: éléments du monde réel, sentiments, sensations etc. La différence
entre ces deux catégories de métaphores dérive dans leur force cognitive - métaphorique, à laquelle s’ajoute la fréquence de leur occurence dans le texte coranique.
Les métaphores artistiques universelles ont pour base de référence:
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b-1) des éléments du monde bio-géographique environnant;
Par exemple, le vocable “l’aile” (ar.: “ðanahun”)symbolise le vol,
l’élévation, la fierté ou, tout au contraire, la descente, l’humilité, en
fonction du mouvement ascendant ou descendant qu’elle effectue:
ihfid ðanaha-ka (Q 15/88)
“Abaisse ton aile [...]” (M 345)
Bien que cette métaphore ait été traduite en français ad litteram,
son sens “sois humble” (v.Penrice; 29) est intelligible grâce à ces
universaux métaphoriques, basés sur un niveau méta-sémantique
commun à toutes les langues, qui accompagnent certaines notions.
b-2) des sentiments, sensations;
Le verbe arabe “daqa” (fr.: “goûter”) signifie “essayer un aliment
ou une boisson pour lui déterminer la qualité”. La signification de ce
mot est transferée par l’intermédiaire de la métaphore de la sphère
du goût à toute la gamme des sensations:
hatta daqû ba’sa-na (Q 6/148)
“[...] jusqu’au moment où ils ont goûté notre rigueur.” (M 189)
En français, cette métaphore s’assimile à une série déjà existante, qui part de la même extension du verbe “goûter” sur les autres
sens: “goûter la musique”, “goûter la poésie”, “goûter la peinture”.
Pour souligner l’universalité de cette métaphore, nous spécifions
qu’en anglais également, le verset ci-dessus a été reproduit ad litteram à partir de la similitude des connotations métaphoriques du
verbe arabe “daqa” et, respectivement, de son correspondant dénotatif anglais “to taste”:
“[…] until they tasted our severity.” (Penrice, 32)
Un autre exemple d’extension du sens d’un mot au delà de sa
sphère sémantique initiale est offert par le vocable “sakrat un” (fr.:
“ivresse”). Ce mot renverra au plan métaphorique à tout état de vertige, de hallucination, ayant également d’autres causes que l’alcool.
En français, le nom “ivresse” acquiert le même usage métaphorique
dont il jouit dans les syntagmes arabes: “sakratu-l-intisari” -”l’ivresse
de la victoire”; “sakratu-l-hubbi” - “l’ivresse de l’amour” etc.
C’est également dans cette série que s’inscrit la métaphore coranique “sakratu-l-mawti” qui bénéficie d’un correspondant parfait
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français, ”l’ivresse de la mort”, se réfèrant à l’agitation qui saisit l’organisme peu avant la mort:
sakratu-l-mawti bi-l-haqqi (Q 50/18)
“L’ivresse de la mort fait apparaître la Vérité...!” (M 691)
b-3) Métaphores artistiques anthropomorphiques
Ce type de métaphore contient aussi des exemples de métaphores anthropomorphiques par lesquelles on attribue des caractéristiques humaines au monde environnant. Les métaphores les plus
connues en arabe, de même qu’en français, sont celles dont le point
de départ est le corps humain. Par exemple, en arabe et, aussi, en
français, “ra’sun”, respectivement “tête” acquiert le sens de “chef”, “dirigeant”, “commandant”, en raison de sa position et sa fonction. De
même, le terme “sa‘idun” a les mêmes connotations métaphoriques
que son correspondant français “bras” (v. Q 18/51).
Les métaphores sans équivalent métaphorique du même type
Les métaphores artistiques locales reposent sur des mots qui
dénomment des réalités inconnues dans la langue-cible. La résistance de ces métaphores au transfert n’est pas due à la combinaison
inédite qu’elles renferment, mais au sens dénotatif des mots ou des
syntagmes qui les introduisent; ce sens est organiquement lié au milieu géo-culturel où l’œuvre en cause – dans notre cas précis, le Coran – est paru. Leur adhérence au complexe de ce contexte peut
être si solide, qu’il semble inutile d’en chercher des synonimes dans
d’autres langues, elles restent inévitablement liées à l’original arabe.
a) Ces métaphores sont fondées sur des mots qui signent des
mœurs, des occupations, des concepts spécifiques au milieu social,
comme dans la métaphore suivante, dont le point de départ est
constitué par le vêtement des habitants de La Mecque et par leur
règles sociales:
yawma yukšafu ‘an saqin (Q 68/42)
“Le jour où les jambes seront mises à nu...” (M 761)
Les habitants de La Mecque portaient d’habitude une sorte de
robe ample, longue jusqu’à la cheville – vêtement qui n’a pas changé
essentiellement de nos jours non plus. Conformément à la coutume,
il était défendu de decouvrir ses jambes en public. Seulement à l’oc-
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casion des grands désastres – tels ceux précédant le jour du Jugement – les gens sont enclins à ne plus tenir compte de cet usage et
à retrousser leurs soutanes, afin de pouvoir courir plus vite. “Le jour
où les jambes seront mises à nu...” est une métaphore pour le jour
des calamités épouvantables.Traduite de manière linéaire en français, cette métaphore restera obscure pour le lecteur non-informé.
Une autre métaphore ayant comme point de départ un usage de
la région mecquoise est la suivante:
fa-’ida waðabat ðunubû-ha(Q 22/36)
L’expression ci-dessus, qui peut être traduite en français par
“quand ils gissent les pattes alignées”, signifie “quand ils [les animaux] sont sacrifiés”. La source de cette métaphore se trouve dans
l’habitude arabe de ligoter les pattes des animaux à sacrifier, deux
par deux, pour les empêcher de s’agiter et de maculer de sang leur
fourrure. La traduction linéaire de cette métaphore, ainsi qu’il advient
dans l’exemple ci-dessus, conduit aux syntagmes qui doivent être, à
leur tour, clarifiés.
Certains facteurs sociaux peuvent également constituer des métaphores difficile à exprimer dans les langues d’autres communautés, qui n’ont pas connu les mêmes expériences:
ma malakat ’aymanu-hum (Q 23/6)
Ainsi que nous l’avons remarqué, la main droite suggère aussi
ce qui est juste, équitable. Ainsi, le syntagme “ma malakat ’aymanuhum” (“celle qui est acquise par leur main droite”) a le sens propre
de “celle qui est acquise justement”; cette expression métaphorique
est arrivée à déssigner, ensuite, par restriction, et de façon euphémistique, les esclaves concubines prises à la guerre ou achetées
(v.Na hla; 30). Cette métaphore, traduite de manière linéaire en
français, donne naisssance, ainsi que l’on peut facilement observer,
à une expression tout à fait obscure.
Les occupations usuelles d’une communauté constituent toujours une source inépuisable de métaphores. L’une des activités les
plus importantes en milieu arabe preislamique – le dressage de la
tente – se trouve reflétée dans de nombreuses métaphores coraniques, comme celles qui suit, par exemple:
duribat ‘alay-him ad-dillatu (Q 2/61)
“Ils furent frappés par l’humiliation.(M.13)
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George Grigore
Le verbe “daraba” (en notre texte “duriba”, à la voix passive;
“être battu”, “être frappé”) signifie aussi “fixer les broches d’une
tente” (v. Misbah, 243). Utilisé métaphoriquement dans le verset cidessus, il revêt le sens selon lequel “l’humiliation est fixée sur les visages de la manière que la tente est fixée par ses broches”. Par
conséquent, on comprend que les infidèles sont stigmatisés pour
toujours. Cette métaphore fondée sur une notion spécifique au milieu
bédouin a été impossible à traduire dans d’autres langues, on s’est
contenté de l’expliquer. En français, à la place du verbe “duriba”, qui
exprime la durabilité de l’action, on a utilisé le verbe “frapper” afin
d’indiquer une action temporaire.
b) des éléments spécifiques au milieu bio-géographique, comme
dans le cas de certaines realités agraires :
fa-ða‘alna-ha hasidan ka’anna lam taghni bi-l-’amsi (Q 10/24)
“[...] Nous le transformons en chaume, comme s’il n’est pas
riche la veille.” (n.t.)
Le mot “hasidun” qui signifie “glèbe d’où on a enlevé toute la
moisson” (v. Mahlûf; 108) est employé métaphoriquement pour décrire la terre dévastée, peu avant le jour du Jugement. On peut
l’équivaler avec “chaume”, mais, en dépit de l’apparente identité sémantique des deux termes, ils renvoient à des réalités bien différentes. Dans les zones désertiques, les glèbes d’où on a ramassé la
récolte, n’étant plus irrigués, se transforment en quelques jours en
sol aride, dépourvu de toute végétation. En échange, les chaumes
se recouvrent d’une végétation abondante, qui est employée comme
pâturage pour les animaux. Désignant une notion spécifique à la
zone du désert, “hasidun” est un mot intraductible, ainsi que son équivalence à “chaume”, diminue jusqu’à l’annulation l’effet d’apocalypse
illustré suggestivement par le texte coranique.
c) des éléments spécifiques déploiement de la mission prophètique de Muhammad:
fa-sda‘ bi-ma tu’maru (Q 15/94)
“Brise par ce qui t’est ordonné!” (n. t.)
Le verbe arabe “sada‘a” (en notre texte, l’impératif: isda‘) qui, a
été traduit en français par “annoncer”, “communiquer”, signifie au
propre “briser”, “fendre”, “casser”, “percer” ayant le sens métaphorique de “briser, percer l’ignorance des gens par ce qui a été révélé
dans le Coran“, ou bien “enfreindre l’entêtement de ceux qui reje-
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taient la vérité révélée”(v. Al-Ðalalayni). Ce verbe auquel on n’a pas
pu trouver de correspondant illustre avec éloquence l’impact violent
que la nouvelle croyance avait sur les habitants de La Mecque, alors
que le verbe “a vesti” (annoncer, communiquer), dont il a été question, ne suggère pas les tensions existantes entre le prophète et la
communauté mecquoise au debut de l’islam.
d) des attitudes envers le milieu environnant
Pour les arabes vivant dans un climat torride, la chaleur prend
l’aspect d’ennemi acharné, tandis que la fraîcheur représente un veritable idéal. Cette perception s’observe aussi au plan métaphorique,
où la fraîcheur sera assimilée à la quiétude, au bonheur, y inclus celui paradisiaque, alors que la chaleur désignera, au contraire, un état
d’inquiétude, de supplice, y compris celui infernal. Les métaphores
fondées sur ces deux éléments sont nombreuses dans le Coran, et
leur traduction dans une langue tel le français, qui les perçoit
différemment, suppose toute une série de difficultés:
kay taqarra ‘aynu-ha (Q 20/40)
“[...] pour rafraîchir ses yeux [...]” (Chouraqui; 622)
Le sens de cette métaphore, ambigu dans la traduction français,
est de “se rejouir”, “être heureux”, “ne pas pleurer” ainsi qu’il a été
transposé par D. Masson:
“[…] pour qu’elle cesse de pleurer” (M 410)
On peut conclure que la métaphore coranique, dans sa grande
diversité et richesse, peut être traduite dans autre langue, comme
elle l’a été aussi en français. On peut expliquer cette compatibilité
par le fait que les métaphores révélatrices, qui ont généré les grands
thèmes du Coran, étant le résultat d’une compréhension généralement humaine de la réalité, représentent des universaux métaphoriques, ce qui rend assez facile leur transposition d’une langue à
l’autre. L’équivalence interlexicale des termes qui constituent ces
métaphores mène implicitement à l’équivalence de leurs champs sémantiques, du moment qu’ils ont la même charge métaphorique. En
outre, ces métaphores révélatrices sont communes à la langue du
Coran et à celle de la Bible, tels qu’en lisant l’arabe coranique on découvre par transparence les textes hébraïques nés d’une même inspiration. Comme ceux-ci derniers ont été traduits en français deve-
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nant partie integrante de la spiritualité française, l’horizon d’attente
pour les métaphores coraniques est, donc, déjà préparé.
Peu des métaphores coraniques, et seulement de la categorie
de celles artistiques, n’ont pas un équivalent direct en français et,
par conséquent, ses sens restent liés au texte original, ce qui ramène à la nécessité des explications extratextuelles, pour les rendre
intelligibles.
Sigles employés:
M = la traduction de D. Masson (en français).
Q = Al-Qur’an (Le Coran) (en arabe).
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Traductibilitatea metaforei coranice
(Rezumat)
Studiul de faţă se referă la metaforele coranice şi la posibilitatea de a le
transpune într-un alt cod lingvistic. Pentru a putea întreprinde analiza respectivă, s-a luat ca punct de plecare clasificarea metaforelor făcută de Lucian Blaga, în funcţie de importanţa lor, în: metafore revelatorii şi metafore
plasticizante (artistice). Concluzia este că metaforele revelatorii, cele prin
care se cristalizează vocabularul coranic de bază, precum cele legate de lumină, întuneric, cale, rătăcire, inimă etc., fac parte din aşa-numitele universalii metaforice care pot fi echivalate fără probleme în orice limbă. De asemenea, metaforele artistice, în marea lor majoritate, îşi pot găsi un echivalent de acelaşi tip într-o altă limbă şi puţine dintre acestea, şi anume cele legate strîns de mediul bio-geografic în care a apărut Coranul, de obiceiurile
comunităţii respective, nu îşi găsesc un echivalent de acelaşi tip într-o altă
limbă.
Aşadar, acest studiu încearcă să dea un răspuns la întrebarea privitoare la posibilitatea traducerii Coranului, răspuns care este afirmativ: transpunerea textului coranic – inclusiv a cheilor sale metaforice – într-o altă
limbă este posibilă.
Universitatea din Bucureşti
Facultatea de Limbi şi literaturi străine
Str. Edgar Quinet 5-7, Bucureşti
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