GE Capital Les entreprises de taille moyenne : source de rééquilibrage de l’économie 1 02 Sommaire AVANT-PROPOS2 À PROPOS DES AUTEURS 3 SYNTHÈSE 5 1. LES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE : UN POIDS MAJEUR DANS L’ÉCONOMIE FRANÇAISE 6 2. LA RÉSILIENCE DES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE FRANÇAISES 6 2.1 Un chiffre d’affaires qui progresse plus faiblement que l’an dernier 7 2.2 Une évolution de l’emploi légèrement positive 8 2.3 Perspectives de croissance : un certain optimisme 9 2.4 Le tableau régional français : l’Île-de-France n’est pas le seul moteur de l’économie nationale 10 ZOOM SUR UNE ENTREPRISE DE TAILLE MOYENNE RÉGIONALE : HAULOTTE GROUP11 3. LES ETM EN CROISSANCE : DES CHAMPIONS EN DEVENIR ? 12 3.1 La place prépondérante du commerce et de l’industrie 13 3.2 Des entreprises bien gérées tournées vers les marchés émergents 13 4. LES OBSTACLES À LA CROISSANCE DES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE 14 4.1 Une croissance entravée par des obstacles externes 14 4.2 Ressources humaines, financement et réglementation à l’origine de difficultés opérationnelles 15 4.3 Des contraintes variables selon les régions 16 4.4 Un effort d’excellence permanent pour devenir champion de la croissance 16 5. FINANCER L’AVENIR 17 5.1 Des investissements diversifiés dans une perspective de long terme 18 5.2 Le financement : priorité des chefs d’entreprise 19 6. CONCLUSIONS 20 LA MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE EN BREF 22 1 AVANT-PROPOS Alors que les économies européennes ne cessent d’étudier les moyens qui leur permettraient de renouer avec une croissance pérenne, cela dans un contexte encore difficile et incertain, un segment d’entreprises tend à se distinguer, celui des entreprises de taille moyenne (ETM). Malgré une croissance du PIB nulle en 2012 et un contexte économique défavorable, de très nombreuses ETM ont encore fait preuve de résilience et ont su évoluer et s’adapter avec toujours plus d’agilité pour trouver de nouveaux relais de croissance et préparer l’avenir. Cette année encore, nous avons souhaité poursuivre notre analyse portant sur ce segment d’entreprises que nous avions déjà mis en lumière l’an dernier. Il représente définitivement une source de croissance significative pour notre économie. Ce nouveau rapport analyse le marché français des entreprises de taille moyenne et met en exergue leur place prépondérante dans l’économie. Car si elles ne représentent que 1,3% du nombre total d’entreprises, elles contribuent au PIB à hauteur de 27% et emploient près de 20% des travailleurs du secteur privé. Malgré leur résilience, les entreprises de taille moyenne françaises doivent surmonter les obstacles qui freinent leur croissance, tels que la crise et la baisse de la demande, le coût du travail, le poids de la fiscalité et de la réglementation... Les chefs d’entreprises font également état de difficultés opérationnelles telles que la maîtrise des dépenses, le recrutement et la fidélisation des collaborateurs. Enfin, l’accès au financement, toujours considéré comme un important challenge à relever. C’est en levant ces barrières que la France pourra déverrouiller tout le potentiel de croissance de ses entreprises de taille moyenne, un des moteurs essentiels de la compétitivité française. Chez GE Capital, nous sommes plus que jamais engagés aux côtés des PME et des ETI. Au travers de notre offre de financement alternative, et également en leur ouvrant les portes de toute l’expertise industrielle du groupe GE, nous les aidons à relever leurs défis, pour bâtir un écosystème favorisant toujours plus leur compétitivité et leur développement. Thierry Willième Président GE Capital France GE Capital France est une division de GE (General Electric) et comprend les sociétés GE Factofrance et sa filiale Cofacrédit, General Electric Capital Fleet Services et ses filiales CELT, Logéroute et A.S.A., et GE Capital Equipement Finance. 2 À PROPOS DES AUTEURS Le présent rapport a été rédigé par Nicolas Glady et Ashwin Malshe, tous deux professeurs à l’ESSEC Business School. Nicolas Glady Professeur à l’ESSEC Business School Nicolas Glady est docteur en économétrie et professeur à l’ESSEC où il enseigne les cours de Marketing Stratégique, Marketing Analytics et Marketing Management. Ses travaux portent sur les techniques quantitatives utilisées pour la stratégie et le marketing (Business Analytics), le Big Data, et tout ce qui est lié aux transformations digitales en général. Nicolas Glady conseille aussi régulièrement des entreprises dans le secteur financier, la grande distribution, l’alimentaire ou les nouvelles technologies. Ashwin Malshe Professeur à l’ESSEC Business School Ashwin Malshe est professeur de marketing à l’ESSEC Business School depuis 2011. Il a obtenu un doctorat en marketing spécialisé en finance et économétrie à l’Université de Binghamton (Université d’État de New York), aux États-Unis. Il enseigne l’analyse marketing et le marketing des médias sociaux aux étudiants de master de l’ESSEC et aux cadres dirigeants. Ses travaux de recherche sont principalement axés sur la conceptualisation et la mesure du retour sur investissement des stratégies marketing. 3 Malgré une situation économique turbulente en 2012, les ETM ont montré leur résilience. Leur chiffre d’affaires a progressé presque autant (1,7 %) que celui des grandes entreprises (1,9 %) et bien plus que celui des petites (0,3 %). 4 Notre rapport 2013 confirme le rôle vital des ETM dans l’économie française. SYNTHÈSE Une première enquête publiée en 2012 nous avait permis de dresser un portrait des entreprises de taille moyenne (ETM) en Europe (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni). Cette année, nous avons effectué une enquête similaire afin de mieux appréhender l’importance économique de ces entreprises, leurs spécificités, les facteurs qui favorisent leur réussite et les obstacles qu’elles rencontrent dans le monde d’aujourd’hui. Notre rapport 2013 confirme le rôle vital des ETM dans l’économie française. Si ces entreprises représentent un peu moins de 1,3 % du nombre total d’entreprises, elles contribuent pour plus d’un quart à l’économie française. Malgré une situation économique turbulente en 2012, les ETM ont montré leur résilience. Leur chiffre d’affaires a progressé presque autant (1,7 %) que celui des grandes entreprises (1,9 %) et bien plus que celui des petites (0,3 %). D’une manière générale, nous constatons que les ETM supportent mieux la crise que les petites ou les grandes entreprises. Autre constat encourageant : 83 % des ETM projettent de maintenir ou d’augmenter le niveau de leurs investissements au cours de l’année prochaine. Mieux, elles concentrent leurs efforts sur l’innovation en investissant dans la recherche et le développement, comme en témoigne l’importante proportion des brevets (37 %) qu’elles détiennent. Nous avons ainsi pu montrer que le développement des entreprises installées dans la région Île-de-France n’est finalement pas plus rapide que celui des entreprises des autres régions. Deux secteurs d’activité semblent doper les ETM françaises : le commerce et l’industrie. Ils sont aussi les mieux représentés parmi les entreprises dont la croissance du chiffre d’affaires a été supérieure ou égale à 10 %. Avant tout, ce rapport met en évidence le potentiel de croissance des entreprises de taille moyenne françaises et le rôle qu’elles pourraient jouer tant dans le rééquilibrage régional et sectoriel de l’économie nationale que dans une reprise économique fondée sur l’innovation. De toute évidence, leur effet d’entraînement sur l’économie pourrait être renforcé, à condition que les obstacles complexes auxquels elles sont confrontées soient levés. Citons par exemple la lourdeur de la réglementation et de la fiscalité et les difficultés d’accès aux sources de financement, ainsi que les conditions de financement, qui entravent leur développement. Enfin, le rapport montre que, plus que les entreprises de taille plus importante, les ETM rencontrent des difficultés à recruter les talents nécessaires et à fidéliser les collaborateurs capables de soutenir leur développement. Cette année, nous avons augmenté le nombre d’entretiens avec des cadres dirigeants des différentes régions françaises. 5 1. LES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE : UN POIDS MAJEUR DANS L’ÉCONOMIE FRANÇAISE 2. LA RÉSILIENCE DES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE FRANÇAISES Notre étude porte sur les entreprises de taille moyenne (ETM), un groupe d’entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est compris entre 10 et 500 millions d’euros1. En 2012, ces entreprises de taille moyenne étaient 28 500 et représentaient 1,26 % de la totalité des entreprises françaises. Elles ont réalisé 26,3 % (1 143 milliards d’euros) du chiffre d’affaires du secteur privé et 26,8 % (245 milliards d’euros) du PIB. Elles employaient 3,6 millions de personnes, soit environ 20 % de la main-d’œuvre du secteur privé. • D ’une manière générale, les ETM supportent mieux la crise que les petites ou les grandes entreprises L’entreprise de taille moyenne type emploie donc 127 salariés pour un chiffre d’affaires de 40,16 millions d’euros, soit une contribution moyenne au PIB national de 8,62 millions d’euros (Figure 1). • L ’emploi a progressé de 0,6 % dans les ETM cette année, alors qu’il a baissé de 0,4 % dans les grandes entreprises Au sein du segment des entreprises de taille moyenne françaises, le secteur du commerce se distingue tout particulièrement. Il comprend plus de 12 000 ETM réalisant un chiffre d’affaires cumulé de 431 milliards d’euros. Le deuxième secteur d’importance est celui de l’industrie manufacturière. Ce secteur compte plus de 7 000 entreprises de taille moyenne et leur chiffre d’affaires s’élève au total à 338 milliards d’euros. Ces deux secteurs représentent à eux seuls 29,58 % de la contribution des ETM au PIB (Figure 2). • L e chiffre d’affaires moyen des ETM continue de croître (1,7 %) • L es ETM pensent que la croissance sera encore au rendez-vous l’année prochaine, même si elle risque d’être plus faible (1,4 %) • A u niveau géographique, les ETM contribuent au rééquilibrage de l’économie régionale française Nous avons interrogé cette année 2 195 cadres dirigeants de l’UE-4 (France, Allemagne, Royaume-Uni et Italie) dont 624 en France, afin de réaliser un panorama des ETM dans ces quatre pays. Les entretiens, qui se sont déroulés entre mars et avril 2013, ont porté sur le comportement économique des entreprises concernées au cours de l’année écoulée et sur les défis stratégiques auxquels elles ont été confrontées. Principales créatrices d’emplois parmi les entreprises de taille moyenne françaises, les entreprises du secteur de l’industrie manufacturière emploient 1,06 million de salariés – contre 0,7 million pour celles du secteur du commerce – représentant de fait un poids considérable en matière d’emploi en France. fig 1. fig 2. Les entreprises de taille moyenne françaises contribuent pour plus d’un quart au PIB national Chiffre d'affaires des entreprises de taille moyenne par secteur 1,26% 3,60% 26,28% 0,70% 10,00% 0,68% 4,54% 0,73% Nombre d'entreprises 29,58% 5,41% CA (M€) 19,73% 26,8% 0,67% 6,36% 37,74% Effectif Contribution au PIB (M€) Profil de l’entreprise de taille moyenne française type : CA (M€) Effectif Contribution moyenne au PIB (millions €) Fig 1. Source: Bureau van Dijk (BvD), données comptables, 2012. 6 40,16 127 8,62 Industrie minière Hébergement et restauration Industries manufacturières Information et communication Distribution d'énergie Immobilier BTP/ Construction Services aux entreprises Commerce de gros et de détail Administration et Services publics Logistique & Transports Fig 2. Source: Bureau van Dijk (BvD), données comptables, 2012. 2.1 Un chiffre d’affaires qui progresse plus faiblement que l’an dernier Les réponses recueillies mettent clairement en évidence que l’économie française a souffert de la crise et que ses entreprises de taille moyenne ont pâti de ces difficultés. Malgré cette situation, elles continuent d’être un facteur de croissance de l’économie. « Nos difficultés ? La crise économique, la baisse de la consommation et de l’investissement, la rareté du crédit. » « La persistance de la crise est le plus grand obstacle à la croissance, car nos clients nous demandent des remises que nous sommes obligés de leur accorder. » Les cadres dirigeants des ETM françaises que nous avons interrogés l’an dernier faisaient état d’une croissance de 4,5 % de leur chiffre d’affaires, inférieure de seulement 0,2 % à celle de l’Allemagne. Cette année, à l’image de la performance globale de l’économie, les ETM françaises enregistrent une croissance de seulement 1,7 %. « Nous souffrons de la baisse du pouvoir d’achat des clients. » Si la croissance a régressé dans tous les pays de l’UE-4, c’est en France que le recul a été le plus sensible. Certes, la croissance des entreprises de taille moyenne françaises dépasse celle de l’Italie, mais reste inférieure à celle des entreprises de taille moyenne du Royaume-Uni et de l’Allemagne (Figure 3). 45 % des ETM font état d’une progression de leur chiffre d’affaires, contre 56 % pour les grandes entreprises et 31 % pour les petites. Cependant, si l’on compare leur performance à celle mise en évidence dans notre dernier rapport, la proportion des entreprises en croissance diminue moins fortement chez les ETM (-20 points) que chez les grandes entreprises (-25 points) ou les petites (-37 points) (Figure 4). A ce titre, il est intéressant de constater que les ETM constituent un élément de stabilité pour leurs actionnaires : 12% d’entre elles seulement voient leur chiffre d’affaires diminuer, contre 20% des petites entreprises et 19% des grandes entreprises. fig 3. fig 4. Le chiffre d'affaires des entreprises de taille moyenne progresse moins en France qu’en Allemagne et au Royaume-Uni Le chiffre d’affaires des ETM françaises progresse moins que celui des grandes entreprises, mais avec un recul moindre par rapport à 2012 Croissance nette Croissance nette +2,4% +0,2% +2,3% 56% % significativement supérieur ou inférieur à la moyenne française % dont le chiffre d'affaires brut a augmenté l'année dernière 19% PME 12% R.-U. % dont le chiffre d'affaires brut a diminué l'année dernière Fig 3. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. +1,9% 45% Italie +1,7% 31% Allemagne 13% % dont le chiffre d'affaires brut a augmenté l'année dernière 22% France +0,3% 20% 6% 52% 48% 55% 12% 34% 45% Croissance nette du chiffre d'affaires significativement supérieure à la moyenne UE-4 +1,7% ETM Grandes entreprises % dont le chiffre d'affaires brut a diminué l'année dernière Fig 4. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 7 2.2 Une évolution de l’emploi légèrement positive Sur la même période, les effectifs des ETM ont augmenté de 0,6 %, alors que ceux des grandes entreprises ont baissé de 0,4 %. D’après les données recueillies, les entreprises de taille moyenne françaises ont créé 30 400 emplois au cours des douze derniers mois. Et si la croissance française avait été similaire à celle de l’Allemagne, elles en auraient créé 40 000 de plus (ce qui aurait plus que doublé le nombre de créations d’emplois dans les ETM). Au niveau de l’UE-4, la France et l’Italie viennent en queue de classement en ce qui concerne la création d’emploi par les ETM (Figure 5). Si les effectifs des entreprises de taille moyenne ont augmenté l’an passé, leur croissance a nettement décéléré. Les dirigeants d’ETM invoquent principalement la crise économique mais également les coûts salariaux très importants en France, qui limitent leur capacité à embaucher. fig 5. fig 6. Croissance de l'emploi dans les entreprises de taille moyenne de l'UE-4 : la France derrière l’Allemagne mais devant l’Italie Variation anticipée du chiffre d'affaires des entreprises de taille moyenne (2013-2014) : la France et l’Allemagne sur une même ligne Croissance nette de l'emploi +1,4% 0,0% +0,5% +2,1% 47% 26% France % prévoyant une croissance de leur chiffre d'affaires brut Allemagne Italie % prévoyant une diminution de leur chiffre d'affaires brut Fig 6. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 10% R.-U. 16% 8 6% Fig 5. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 35% % dont la main-d'œuvre a diminué l'année dernière +1,7% 10% Italie Prévision nette significativement supérieure à la moyenne UE-4 +1,4% 26% 24% Allemagne Croissance nette anticipée 35% 17% % dont la main-d'œuvre a augmenté l'année dernière 9% 18% France +0,6% 30% 31% 21% Croissance nette de l'emploi significativement supérieure à la moyenne UE-4 +0,6% R.-U. 2.3 Perspectives de croissance : un certain optimisme Les entreprises de taille moyenne françaises ont manifestement connu une année plus difficile que leurs homologues allemandes et britanniques. Toutefois, si l’on étudie leur situation au prisme de l’économie française, on ne peut que constater leur résilience par rapport aux entreprises plus petites ou plus grandes. Le recul du chiffre d’affaires est une donnée générale de l’économie française. Dans une époque de quasi-récession, une croissance, même minime, est déjà une bonne nouvelle. « Il est temps de surmonter les conséquences de la récession. » Les dirigeants interrogés se montrent relativement confiants quant aux perspectives de croissance du chiffre d’affaires de leur entreprise sur les douze prochains mois. Ils tablent sur une progression de 1,4 % ; leur chiffre d’affaires augmenterait ainsi de 20,3 milliards d’euros. Les entreprises de taille moyenne allemandes anticipent quant à elles une croissance de 1,7 % de leur chiffre d’affaires pour l’année prochaine. Les ETM britanniques se montrent plus optimistes encore avec 2,1 % de croissance anticipée (Figure 6). « Nous nous attachons à répondre aux besoins du nombre croissant de nos clients. » Quel regard les entreprises portent-elles sur la croissance de leurs marchés ? Notre enquête montre que les entreprises de taille moyenne considèrent le potentiel de croissance des marchés mondiaux, nationaux, régionaux et locaux d’un œil plus optimiste que les petites et les grandes entreprises. Les grandes entreprises recherchent pour leur part les perspectives de croissance sur le marché mondial et n’entrevoient que peu d’opportunités au niveau local ou national (Figure 7). fig 7. Pour les ETM françaises, il existe un potentiel de croissance sur tous les marchés Croissance nette anticipée +0,2% -0,2% -0,2% 0,0% +0,9% 0,1% 0,4% 0,1% +1,0% -0,5% -0,3% 0,2% 41% 16% ETM 16% 19% 24% PME 21% 25% 32% 23% 17% 23% 27% % Anticipation de croissance Grandes entreprises 25% 47% 31% 6% 16% 25% 21% 14% 12% 22% 14% 16% % Anticipation de recul Économie mondiale Économie européenne Économie nationale Économie régionale Fig 7. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 9 2.4 Le tableau régional français : l’Île-de-France n’est pas le seul moteur de l’économie nationale Cette année, nous nous sommes davantage penchés sur le rôle des ETM dans le rééquilibrage régional de l’économie. En règle générale, les entreprises situées en Île-de-France retiennent plus aisément l’attention et bénéficient d’un accès plus facile aux talents, aux financements et aux ressources. De plus, l’Îlede-France regroupe nombre d’entreprises championnes de l’économie nationale qui ont la réputation de générer de la croissance. Toutefois, en comparant les entreprises de taille moyenne de la région Île-de-France à celles des autres régions, nous n’avons pas identifié de différence significative. En France, la répartition sectorielle et géographique des entreprises de taille moyenne échappe à une concentration dans les centres économiques et financiers traditionnels. Plus précisément, l’étude montre que le taux de croissance des entreprises de taille moyenne d’Île-de-France est de 1,6 %, contre 1,8 % dans les autres régions (Figure 8). De même, l’étude ne révèle pas de différence marquée entre le taux de croissance des emplois en Île-de-France (0,5 %) et dans les autres régions françaises (0,7 %) (Figure 9). L’essor anticipé du chiffre d’affaires (2014) est modéré dans les deux cas : les entreprises de taille moyenne d’Île-de-France espèrent une progression de 1,8 % tandis que celles du reste de la France tablent sur 1,3 %. A noter : une analyse régionale plus détaillée est disponible en ligne sur le site gecapital.fr. Cela remet en question l’idée que l’Île-de-France serait la locomotive de l’économie française. Contrairement aux idées reçues, les grandes entreprises situées à proximité de Paris ne sont pas les seules à jouer un rôle moteur dans la performance économique et la croissance de la France. Toutes les entreprises de taille moyenne peuvent y contribuer. fig 8. fig 9. Évolution du chiffre d'affaires des entreprises de taille moyenne : peu de différence entre l’Île-de-France et le reste du pays Évolution des effectifs des entreprises de taille moyenne Croissance nette Croissance nette +1,8% 45% 47% % significativement supérieur ou inférieur à la moyenne française +1,6% +0,5% Significativement supérieur ou inférieur à la moyenne française 19% 10 Autres régions % dont le chiffre d'affaires brut a diminué l'année dernière Fig 8. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 16% % dont le chiffre d'affaires brut a augmenté l'année dernière 20% 23% 11% 15% Île-de-France +0,7% Île-de-France % dont la main-d'œuvre a augmenté l'année dernière % dont la main-d'œuvre a diminué l'année dernière Fig 9. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. Autres régions Zoom sur une entreprise de taille moyenne régionale : Haulotte Group Haulotte Group, entreprise familiale française cotée en bourse depuis 1998, est l’un des leaders mondiaux des matériels d’élévation de personnes et de charges. Le groupe conçoit, construit et commercialise une large gamme de produits dont le cœur de gamme est la nacelle élévatrice de personnes. Ce leader européen compte 6 usines et 20 filiales commerciales réparties sur les marchés stratégiques, et renforcées par un réseau de distributeurs permettant ainsi de couvrir plus de 100 pays. Haulotte Group répond aux besoins de secteurs d’activité diversifiés tels que la construction, les industries logistiques, manufacturières, aéroportuaires, la maintenance ou encore la grande distribution. Positionné sur un marché de niche, le groupe a su capitaliser sur ses forces internes et atouts opérationnels pour développer un modèle de croissance pérenne. Cela lui permet aujourd’hui de se positionner comme une entreprise pivot du “mid-market français” et peut-être demain, une grande entreprise. Malgré la crise et un marché particulièrement cyclique, le chiffre d’affaires du groupe n’a cessé d’augmenter depuis 2009 passant de 202 millions d’euros à 355,7 millions d’euros en 2012. Cela s’explique en grande partie par : • un outil industriel performant et flexible permettant de s’adapter aux fluctuations de la demande ; • une large gamme de solutions innovantes. Chaque année, Haulotte investit entre 2 et 3% de son chiffre d’affaires en R&D ; • un développement fort à l’international avec un réseau de distribution décentralisé s’appuyant sur des filiales et bureaux à l’étranger et en particulier sur les marchés émergents. A noter que le groupe Haulotte réalise 40 % de son chiffre d’affaires en dehors de l’Europe. Il emploie aujourd’hui 1500 personnes à travers le monde et envisage d’augmenter encore le budget consacré à l’innovation dans les prochaines années. “Le groupe Haulotte a pour ambition de devenir la référence du secteur de l’élévation de personnes et de charges. Pour ce faire, nous nous focalisons sur deux piliers essentiels qui font partie de notre ADN à savoir l’innovation et le développement sur les marchés géographiques en croissance, en nous appuyant sur les multiples compétences de nos collaborateurs, que nous considérons comme LA première richesse de notre entreprise” Alexandre Saubot, Président du Groupe Haulotte 11 3. LES ETM EN CROISSANCE : DES CHAMPIONS EN DEVENIR ? • C omme partout ailleurs dans l’UE-4, la croissance des entreprises françaises dites « championnes de la croissance » (croissance de plus de 10%) décélère un peu par rapport à l’année passée. Seules 11 % des entreprises de taille moyenne françaises peuvent être considérées comme des champions de la croissance selon nos critères. Leur nombre a pourtant légèrement progressé par rapport à l’année dernière, mais cette progression, légèrement inférieure à celle de nos voisins européens, n’a pas suffi pour maintenir la France à la 3ème place du classement. • E n France, les champions de la croissance sont moins nombreux qu’ailleurs. Mais, dans l’ensemble, nous avons un nombre d’ETM en croissance similaire à nos voisins de l’UE-4. En revanche, la France compte la proportion la plus importante d’« entreprises en croissance » (dont le chiffre d’affaires a progressé entre 5 et 9 %). Elle devance même l’Allemagne. Ce groupe comprend 20 % des entreprises de taille moyenne françaises. Ces résultats sont encourageants compte tenu des difficultés que les entreprises françaises ont dû surmonter pour faire progresser leur chiffre d’affaires et de l’hostilité de l’environnement dans lequel elles évoluent. • L es champions de la croissance profitent des politiques gouvernementales en faveur des entreprises, ont un meilleur accès au crédit, gèrent efficacement leurs coûts et adoptent des stratégies de croissance organique. • L e commerce et l’industrie sont les secteurs où les ETM connaissent le plus de croissance. Et si les champions de la croissance sont ici moins nombreux qu’ailleurs, le nombre d’entreprises en France offrant un vrai potentiel et réalisant une croissance supérieure à 5% est comparable à celui de nos voisins de l’UE-4. Notre étude de l’an dernier avait identifié un groupe de « champions de la croissance » (des entreprises dont le chiffre d’affaires progressait d’au moins 10 % d’une année sur l’autre2). Le pays où ces champions de la croissance étaient les plus nombreux était l’Allemagne, qui précédait, dans l’ordre, le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Devancée cette année par l’Italie, la France se trouve reléguée à la dernière place du classement (Figure 10). fig 10. Les champions de la croissance dans les pays de l’UE-4 54% 11% 52% 13% 66% 13% 20% 49% 17% 10% 17% 18% 11% France Champions de la croissance (ayant enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires d'au moins 10 % l'année précédente) 16% 18% 15% Allemagne Entreprises en croissance (ayant enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires comprise entre 5 et 9% l'année précédente) Italie Entreprises en croissance marginale (ayant enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires comprise entre 1 et 4 % l'année précédente) Fig 10. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 12 Royaume-Uni Entreprises en déclin (ayant réalisé une croissance nulle ou une baisse du chiffre d'affaires l'année précédente) 3.1 La place prépondérante du commerce et de l’industrie 3.2 Des entreprises bien gérées tournées vers les marchés émergents Dans quels secteurs les champions de la croissance sont-ils les plus nombreux ? Deux se distinguent : le commerce et l’industrie manufacturière. Dans ces deux secteurs, 12 à 13 % des entreprises sont des champions de la croissance. C’est également dans ces secteurs que la proportion d’entreprises en déclin ou à croissance nulle est la plus faible. En quoi les champions de la croissance se différencient-ils des autres entreprises ? Notre étude montre que les entreprises qui entrent dans cette catégorie ont des caractéristiques similaires à celles que nous avions identifiées l’année passée. Elles savent notamment : •Tirer parti des politiques gouvernementales en faveur des entreprises, Le secteur du commerce occupe une place prépondérante parmi les ETM françaises. Il représente 37,7 % de leur chiffre d’affaires total et emploie 700 000 personnes. Or 35 % des entreprises de ce secteur se développent à un rythme d’au moins 5 % par an. •Accéder à différentes sources de financement, •Gérer efficacement leurs coûts, Dans le secteur de l’industrie manufacturière, ce sont 28 % des entreprises qui réalisent une croissance supérieure à 5 % par an. •Adopter des stratégies de croissance organique. Dans une moindre mesure, mais pourtant de manière significative, elles sont expertes en matière de gestion de la réglementation et préfèrent cibler les marchés émergents. Elles mettent d’ailleurs à profit leurs expertises et leurs réseaux pour s’implanter et se développer sur ces marchés. Dans le transport, en revanche, les champions de la croissance ne sont que 7 % et les entreprises en croissance 8 %, tandis que 68 % des entreprises connaissent une évolution nulle ou négative. Souvent considéré comme le baromètre de l’économie française, ce secteur se heurte à des conditions économiques difficiles. « Il y a une demande émergente sur le marché mondial. » Quant à lui, le secteur des services aux entreprises ne compte que 7% de champions de la croissance. Cependant, la proportion des entreprises en croissance s’y élève à 18 %. Il apparaît ainsi que les entreprises de ce secteur continuent à se développer à un rythme respectable (Figure 11). fig 11. Les champions de la croissance par secteur : commerce en tête, transport à la traîne Par secteur 57% 13% 52% 12% 7% 68% 8% 59% 7% 18% 15% 23% 17% 14% 15% 14% Industries manufacturières Champions de la croissance (ayant enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires d'au moins 10 % l'année précédente) Transports Commerce de gros & de détail Entreprises en croissance (ayant enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires comprise entre 5 et 9% l'année précédente) Entreprises en croissance marginale (ayant enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires comprise entre 1 et 4 % l'année précédente) Services aux entreprises Entreprises en déclin (ayant réalisé une croissance nulle ou une baisse du chiffre d'affaires l'année précédente) Base: Industries manufacturières (181), Distribution (202), Transport (35), Services professionnels (125) Fig 11. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 13 4. LES OBSTACLES A LA CROISSANCE DES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE 4.1 Une croissance entravée par des obstacles externes • L a crise, le coût du travail et les exigences fiscales restent des handicaps majeurs pour les ETM, comme pour les autres entreprises. Comme pour les autres entreprises, les obstacles à la croissance des ETM sont principalement externes. Plus d’un quart des cadres dirigeants de ces entreprises (28%) citent la persistance de la crise économique comme le principal obstacle à leur croissance. Plus d’un cinquième d’entre eux (22 %) invoquent plutôt le coût du travail et les exigences en matière fiscale, et presque autant (21%) la réglementation. Enfin, 13% disent souffrir de la concurrence internationale (Figure 12). • L a gestion des ressources humaines, le coût des financements et le poids des réglementations posent des problèmes particuliers aux ETM. • L es enjeux liés aux ressources humaines sont accentués dans les régions, les entreprises étant éloignées des centres économiques. • L a gestion des talents et le cash management sont importants pour surmonter les obstacles et devenir champion de la croissance. « On ne peut pas rivaliser avec la concurrence internationale des pays émergents lorsqu’il s’agit de fixer les prix. » « Les règlementations strictes, le manque de souplesse et de fluidité du marché français nous handicapent. » fig 12. fig 13. Les principaux obstacles à la croissance des entreprises de taille moyenne Les cinq principales difficultés opérationnelles des ETM Entreprises de taille moyenne Petites entreprises Crise économique Réglementation/ politique gouvernementale Mondialisation/ concurrence accrue Obstacles financiers 28% 21% 13% Maîtriser les frais d'exploitation 37% Maîtriser les frais d'exploitation 33% Prévoir les flux de trésorerie 30% Proposer des salaires compétitifs 25% Nouer un dialogue constructif avec les autorités de réglementation 29% Retenir les employés talentueux 23% 28% Avoir accès aux sources de financement 22% Réduire les coûts de financement Avoir accès aux sources de financement 25% Supporter les coûts du respect de la réglementation 22% 12% Fig 12. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 14 Entreprises de taille moyenne Grandes entreprises Assurer le développement professionnel des futurs cadres de notre entreprise 31% Maîtriser les frais d'exploitation 28% Proposer des salaires compétitifs 25% Retenir les employés talentueux 22% Tirer au mieux parti de la réglementation fiscale 22% Fig 13. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 4.2 Ressources humaines, financement et réglementation à l’origine de difficultés opérationnelles « Nous devons recruter de la main d’œuvre qualifiée afin d’améliorer notre productivité. » Pour les entreprises de taille moyenne françaises, les principaux obstacles à leur performance sont liés à la gestion de leurs ressources humaines, au financement et à la réglementation. Elles doivent à la fois maîtriser les frais d’exploitation et les frais administratifs, proposer des salaires concurrentiels, fidéliser et retenir leurs collaborateurs talentueux, accéder aux sources de financement nécessaires et supporter le coût de la conformité à la législation et à la réglementation (Figure 13). L’abaissement des frais administratifs et d’exploitation leur apparaît comme un vrai défi, alors qu’elles fustigent une législation du travail trop contraignante, notamment au regard de la flexibilité des effectifs et des pressions intenses exercées sur les prix par la concurrence internationale. La gestion des ressources humaines, et en particulier la rétention des talents, apparaît comme une préoccupation majeure des ETM. Le nombre d’entre elles ayant éprouvé des difficultés à offrir des salaires concurrentiels s’est accru de 7 points par rapport à l’année dernière. Et 20 % de ces entreprises estiment avoir du mal à attirer des cadres de haut niveau. Cette proportion n’est pas si éloignée de celle des grandes entreprises : 16 % de ces dernières font elles aussi état de difficultés à pourvoir leurs postes de haut niveau (Figure 14). Trouver et retenir les talents et, de façon générale, résoudre tous les problèmes liés à la gestion des ressources humaines est une priorité tant pour les entreprises de taille moyenne que pour les grandes entreprises. Il est intéressant de noter en revanche que 45% des entreprises de taille moyenne estiment que le programme du gouvernement en faveur de l’apprentissage a des effets positifs (Figure 15). Mais si ce mécanisme facilite l’attraction des jeunes talents, les retenir demeure un problème… « … le manque de financements bancaires et des procédures administratives complexes. » fig 14. fig 15. Préoccupations des entreprises de taille moyenne en matière de ressources humaines Opinion des entreprises de taille moyenne sur le programme national en faveur de l'apprentissage Entreprises de taille moyenne Maîtriser les frais d'exploitation et les frais administratifs Le système d'apprentissage mis en place par le gouvernement a un effet bénéfique direct sur mon entreprise. France 33% 50% 16% France 45% Proposer des rémunérations et prestations compétitives 25% 46% 21% 30% 20% 28% Allemagne Retenir les collaborateurs talentueux 23% Attirer les cadres talentueux de haut niveau 20% Assurer une formation adéquate 20% 56% 46% 48% 21% 30% 37% 42% Italie 46% Défi modéré Défi minime ou inexistant Fig 14. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 26% 26% Royaume-Uni 35% Défi important 32% D'accord 30% 30% Sans opinion Pas d'accord Fig 15. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 15 4.3 Des contraintes variables selon les régions Les enjeux des ressources humaines sont transverses à toutes les régions, avec des priorités variables d’une région à l’autre. Les nuances d’une région à l’autre mettent en évidence qu’une solution nationale pour l’emploi n’est pas nécessairement adaptée, mais qu’elle devrait plutôt être modulée par région. Les difficultés liées au financement présentent également des inflexions régionales. Ici aussi, il faudrait se poser la question des politiques de financement au niveau national. Enfin, il existe un contraste fort entre Paris et les autres régions en ce qui concerne la compréhension de la structure de la fiscalité. Si 7 % seulement des ETM y voient un problème en région parisienne, la proportion est beaucoup plus élevée partout ailleurs. Encore une fois, on constate que l’éloignement des centres administratifs et financiers peut poser des problèmes aux entreprises pour avoir accès aux réseaux, aux informations, ou aux ressources sur lesquels elles pourraient s’appuyer d’une manière générale. A noter que le détail des données régionales est disponible sur le site gecapital.fr. 4.4 Un effort d’excellence permanent pour devenir champion de la croissance Les champions de la croissance tels que nous les avons définis, c’est-à-dire les entreprises dont le chiffre d’affaires a progressé de plus de 10 % d’une année sur l’autre, ont-ils la vie plus facile que les autres ETM ? Apparemment pas. Leurs préoccupations majeures sont d’ordre fiscal (43 %) et financier (40 % considérant qu’il est difficile de négocier des conditions de financement favorables) (Figure 16). Sur le plan financier, les enjeux les plus fréquemment cités par nos champions de la croissance sont les suivants : •Obtenir des financements assortis de conditions plus favorables (40 %) ; •Abaisser le coût du capital (34 %) ; •Être suivi par des conseillers spécialisés dans leur secteur d’activité (31 %) ; •Etre en relation avec les décideurs de haut niveau de leur établissement financier (24 %). Il apparaît donc que, malgré leur réussite, ces entreprises peinent à établir des rapports satisfaisants avec leurs banques ou établissements financiers ; la cause en est probablement leur taille relativement modeste qui ne leur confère pas un poids suffisant pour peser dans les négociations. « Le manque de fonds et de financement représentent une vraie difficulté pour nous » fig 16. Les défis rencontrés par les différentes catégories d'ETM Champions de la croissance Entreprises en croissance Satisfaire aux exigences de la réglementation fiscale Proposer des rémunérations et prestations compétitives Réussir à négocier des contrats de financement assortis des conditions les plus avantageuses Maîtriser les frais d'exploitation Attirer les cadres talentueux de haut niveau Retenir les employés talentueux Maîtriser les frais d'exploitation Attirer les cadres talentueux de haut niveau Réduire les coûts de financement Attirer les employés possédant les compétences voulues Entreprises à croissance marginale Entreprises en déclin ou à croissance nulle Retenir les employés talentueux Maîtriser les frais d'exploitation Disposer d'un fonds de roulement suffisant Avoir accès aux sources de financement Maîtriser les frais d'exploitation Satisfaire aux exigences de la réglementation fiscale Supporter les coûts du respect de la réglementation Respecter la législation en matière d'hygiène et de sécurité Supporter les coûts du respect de la réglementation Proposer des rémunérations et prestations compétitives Disposer d'un fonds de roulement suffisant Remplir les conditions d'obtention des fonds que nous demandons Fig 16. Source: : Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 16 «… c’est vrai que les arrangements financiers sont difficiles. » Par ailleurs, notre enquête révèle que 23 % des entreprises en croissance, c’est-à-dire celles dont le chiffre d’affaires a connu une progression entre 5 et 10 % d’une année sur l’autre, ont du mal à se financer sur les marchés étrangers. Comme leurs gisements de croissance se trouvent souvent hors des frontières, il semble donc opportun, et même essentiel, qu’elles puissent accéder aux financements pour se développer sur ces marchés or ce n’est apparemment pas le cas. 5. FINANCER L’AVENIR • L a grande majorité des ETM prévoient d’investir pour répondre à leurs défis spécifiques. • E lles mettent l’accent sur la productivité, le développement de structures agiles, et la gestion des ressources humaines. L’immense majorité des entreprises de taille moyenne (83 %) comptent maintenir ou accroître le niveau de leurs investissements au cours des douze prochains mois ; 15 % d’entre elles seulement prévoient de le réduire. « Les réglementations étrangères nécessitent la mise en œuvre de projets locaux et l’ouverture de filiales. » La gestion des ressources humaines est également un défi pour les champions de la croissance, mais plus encore pour les entreprises en croissance. Désireuses d’attirer des hauts potentiels, ces entreprises à croissance plus modeste ont du mal à concurrencer les entreprises internationales dans le recrutement des talents. Elles sont handicapées par leur manque de visibilité, leur manque de prestige, et une attractivité moindre liée aux perceptions rattachées aux entreprises de taille moyenne. Sans oublier qu’il leur est plus difficile que pour des entreprises de taille plus importante d’être compétitives en matière de rémunération. « Il est difficile pour nous d’attirer des employés ayant le bon ensemble de compétences. » 17 5.1 Des investissements diversifiés dans une perspective de long terme Le marketing ainsi que la recherche et le développement sont des priorités stratégiques pour les ETM françaises. En effet, 39 % d’entre elles projettent de renforcer leurs investissements dans la vente et le marketing et 35 % d’entre elles d’investir dans l’innovation et le développement de nouveaux produits (Figure 17). L’attention portée à l’innovation est une caractéristique commune des entreprises de taille moyenne de l’UE-4 : collectivement, elles détiennent plus d’un tiers (35,5 %) de la totalité des brevets. Les ETM françaises se situent au-dessus (37,4 %)3 de la moyenne de l’UE-4, et progressent nettement par rapport à l’an dernier (+31,7 %). Les ETM voient dans l’innovation la clé véritable de leur développement et de leur positionnement auprès des grands groupes. L’accent est également mis sur la productivité. En effet, les investissements dédiés à l’amélioration des systèmes, des processus et de la productivité sont une priorité pour 34 % des ETM. Cette proportion est nettement supérieure à celle Intentions d'investissements stratégiques des entreprises de taille moyenne Entreprises de taille moyenne 14 45 39 Investir dans l'innovation et le développement de nouveaux produits 17 48 35 Investir dans les systèmes et processus destinés à optimiser la productivité 10 55 Investir dans la formation et le développement du personnel en poste Exploiter les opportunités sur les marchés étrangers à croissance rapide Investissements moindres 22 Investissements similaires 46 Investissements accrus Fig 17. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 18 34 67 3 28 28 Les projets d’investissement des ETM dans le domaine de la gestion des ressources humaines méritent d’être signalés. De toutes les entreprises, les ETM sont celles qui accordent le plus d’importance à ces sujets. Pour 28% d’entre-elles, l’investissement dans les « programmes de développement des ressources humaines » est une priorité ; soit plus du double de la proportion constatée chez les entreprises plus petites. Cette différence se retrouve dans les investissements liés aux « nouveaux talents », une priorité pour 23 % des ETM mais seulement 14 % des petites entreprises. « Nous devons réaliser la synthèse entre crise économique et motivation des employés. » fig 17. Investir dans la vente et le marketing constatée chez les entreprises plus modestes (24%) ou plus grandes (25%). D’une manière générale, on constate que les ETM cherchent à être plus agiles, et donc plus réactives aux changements du marché, que leurs concurrentes de taille plus importante. 5.2 Le financement : priorité des chefs d’entreprise « Nous souffrons d’un manque de capitaux. » Comment les entreprises de taille moyenne financent-elles leurs investissements ? Elles comptent privilégier les financements par augmentation de leur capital. Elles se distinguent ainsi de leurs homologues des autres pays de l’UE-4, en particulier du Royaume-Uni et de l’Italie, qui s’efforcent d’avoir davantage accès aux méthodes de financement classiques (prêts bancaires). Parmi les ETM françaises, 42 % désirent se financer davantage sur leurs fonds propres, tandis que 15 % souhaitent faire appel à des capitaux privés ou à du capital-risque. Ceci est sans doute à mettre en perspective avec les déclarations étudiées dans le chapitre précédent, mettant en lumière la difficulté spécifique d’accès au financement pour les ETM. Les entreprises de taille moyenne françaises sont bien évidemment désireuses d’alléger leur financement via les programmes de financement publics (9% d’entre elles) (Figure 18). Mais contrairement aux petites entreprises d’une part, et aux grandes d’autre part, elles sont en principe peu bénéficiaires des programmes financés par l’État. Elles ne les considèrent pas comme un levier prioritaire. Malgré cet état de fait, si on les interroge sur ce sujet, 41 % des entreprises de taille moyenne estiment que leurs pouvoirs publics nationaux ont pris des mesures adéquates en faveur de la croissance en 2013 (Figure 19) ; 30 % sont d’un avis contraire. La proportion d’opinions favorables sur la politique gouvernementale est sensiblement identique en Allemagne et en France, mais nettement inférieure au Royaume-Uni. « Il est clé pour nous d’assurer le maintien de nos flux de trésorerie et d’être payé. C’est essentiel à la bonne marche de notre entreprise. » fig 18. fig 19. Priorités des entreprises de taille moyenne françaises en matière d'accès aux sources de financement Opinions des entreprises de taille moyenne sur les mesures destinées à soutenir la croissance Notre gouvernement national a pris des mesures appropriées pour soutenir la croissance économique en 2013. Entreprises de taille moyenne Capitaux propres des propriétaires/ administrateurs de l'entreprise Prêts bancaires 57% 38% Capitaux privés externes/ capital-risque 56% Émission d'obligations 61% Financement de l'Union européenne Affacturage (créances à recevoir) Programme de subvention des pouvoirs publics Crédit commercial/crédit des fournisseurs ou fabricants 27% 67% 50% 54% 38% 18% 46% 15% 16% 29% 13% 15% 25% 11% 15% 26% 7% 15% 18% 10% 39% 8% 51% 46% 42% 27% 13% 65% Prêts inter-entreprises Financement des collectivités locales 22% 45% 27% Bénéfices non distribués Crédits-bails/instruments financiers structurés 29% 45% 36% 14% 12% 41% 28% 30% Allemagne 45% 33% 21% Italie 12% 44% 19% 37% 11% 36% 13% 9% 30% 12% 7% Méthode non utilisée Méthode utilisée dans une certaine mesure Méthode fréquemment utilisée % qui, à l'avenir, aimerait recourir davantage à cette méthode Fig 18. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. France Royaume-Uni 30% D'accord 39% 30% Sans opinion Pas d'accord Fig 19. Source: Millward Brown et GE Capital, enquête auprès des entreprises de taille moyenne de l'UE-4, 2013. 19 6.CONCLUSIONS Confrontées à une situation économique difficile, les entreprises de taille moyenne françaises ont dû se battre en 2013 pour continuer à se développer. Elles ont cependant démontré leur résilience face au ralentissement généralisé de l’économie. Les ETM sont donc appelées à jouer un rôle important dans le développement de l’économie française. De plus, elles contribuent au rééquilibrage régional de l’activité économique. Les secteurs qui semblent les plus porteurs étant ceux qui regroupent le plus grand nombre d’ETM : l’industrie manufacturière et le commerce. Les ETM françaises font d’ailleurs preuve d’un optimisme prudent quant à leurs perspectives d’avenir. Très majoritairement, elles projettent d’investir pour favoriser leur développement en s’appuyant sur des stratégies novatrices. Au-delà des champions de la croissance, dont le chiffre d’affaires a augmenté de 10 % ou plus l’année passée, la France compte aussi, plus que les autres pays de l’UE-4, un nombre important d’entreprises en croissance qui affichent une progression de leur chiffre d’affaires comprise entre 5 et 9%. Afin qu’elles puissent à leur tour entrer dans la catégorie des champions de la 20 croissance, il importe qu’elles bénéficient d’un accompagnement dans le domaine du financement, de la gestion des talents, du développement sur les marchés émergents, et de gestion de l’innovation (qu’il s’agisse de processus ou de nouveaux produits), avec le soutien de politiques publiques appropriées. Les entreprises de taille moyenne ont de nombreux atouts. Elles constituent l’âme d’une économie nationale et sont sa force vive. En France, elles sont pourtant trop souvent mal appréciées. Leur poids, le rôle qu’elles jouent dans l’économie et dans l’innovation restent mal appréhendés et devraient être promus. On a beaucoup parlé du « Made in France » ; il conviendrait sans doute aussi de développer autour des ETM françaises une identité propre analogue à celle du Mittelstand allemand, qui les situerait dans le paysage économique et permettrait de les reconnaître à leur juste valeur, en France comme à l’international. Il conviendrait sous doute de développer autour des ETM françaises une identité propre analogue à celle du Mittelstand allemand, qui les situerait dans le paysage économique et permettrait de les reconnaître à leur juste valeur, en France comme à l’international. 21 LA MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE EN BREF Notre étude multisource, collaborative et fondée sur les données, s’est appuyée sur une recherche à partir de bases de données, une étude primaire et une consultation d’universitaires sur les marchés locaux. Nos analyses ont porté sur les bases de données : a.d’Eurostat Enquête auprès des dirigeants a.Constitution d’un échantillon de 2 690 cadres dirigeants d’entreprises cotées en Bourse ou non cotées, nationalement représentatif des quatre pays de l’étude : • Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni • Poids important accordé aux régions dans les enquêtes auprès des entreprises de taille moyenne du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne • 358 entreprises de petite taille ou micro-entreprises • 2 195 entreprises de taille moyenne (dont 624 en France) • 137 grandes entreprises • Pondération des données de l’enquête conforme aux pondérations (par régions, par secteurs et par chiffres d’affaires) des données BvD pour garantir leur représentativité b. BvD Orbis. La définition des entreprises de taille moyenne obéit à une méthodologie intuitive, fondée sur une analyse des points d’inflexion des marchés locaux pour identifier la partie de l’économie qui peut être qualifiée de mid-market. Les points d’inflexion ont été déterminés par triangulation de trois facteurs : chiffre d’affaires, productivité et nombre d’employés. Nous avons distingué des entreprises petites, moyennes et grandes lorsque différents paramètres (le chiffre d’affaires par employé, par exemple) présentaient des sauts quantitatifs relativement importants vers la droite du continuum des tailles d’entreprise. b.Réalisation de l’enquête par le biais d’entretiens téléphoniques assistés par ordinateur ou d’entretiens en ligne selon les pays et la typologie des dirigeants c. Étude gérée et réalisée par Millward Brown Corporate d. Enquête réalisée entre mars et avril 2013 22 Notes 1 Nos définitions des ETM européennes sont fondées sur une méthodologie originale, élaborée par l’Université d’État de l’Ohio et GE Capital en 2011 pour étudier les entreprises de taille moyenne des États-Unis. L’étude des données démographiques industrielles et l’examen des discontinuités dans la distribution de la productivité par groupes de taille et d’autres descripteurs de performance nous ont permis de créer des définitions spécifiques à chacune des économies de l’UE-4 (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni). Les ETM réalisent un chiffre d’affaires annuel compris entre 20 millions et 1 milliard d’euros au Royaume-Uni et en Allemagne, entre 10 millions et 500 millions d’euros en France et entre 5 millions et 250 millions d’euros en Italie. Cette dernière définition tient compte de la taille moyenne plus réduite des entreprises en Italie. Voir Malshe, A., The mighty middle: Why Europe’s future rests on its mid-market companies, GE Capital, Londres, 2012. Un champion de la croissance est une entreprise de taille moyenne dont la croissance a été supérieure à 10 % au cours de l’année dernière. Dans notre rapport sur les entreprises de taille moyenne de l’année dernière, nous avions retenu la définition suivante pour segmenter les entreprises françaises : 2 -champions de la croissance : entreprises dont le chiffre d’affaires a augmenté d’au moins 10 % sur l’année passée et qui prévoient une croissance d’au moins 10 % pour l’année à venir -entreprises en croissance : réalisant une croissance de leur chiffre d’affaires de 5 à 9 % et anticipant une croissance d’au moins 5 % pour l’année à venir -entreprises en croissance marginale : réalisant une croissance de leur chiffre d’affaires de 1 et 4 % -entreprises en déclin : réalisant une croissance nulle ou enregistrant une baisse de leur chiffre d’affaires BvD 2012 données relatives aux brevets 3 23 Notes 24 Avis important : Aucune information ou opinion présentée dans le présent rapport ne saurait être interprétée comme constituant de la part de GE Capital une approbation ou un engagement de financement ou encore une offre de tout autre service à une quelconque entité ou personne physique. Toute transaction est subordonnée à l’approbation finale par GE Capital de l’investissement ou du prêt et à la signature d’un document définitif satisfaisant pour les deux parties. GE Capital ne garantit ou ne promet aucun niveau de rentabilité ou de génération de chiffre d’affaires de quelque sorte que ce soit, et aucun élément du présent document ne doit être interprété comme constituant un conseil fiscal, comptable, financier ou juridique qui serait dispensé à une quelconque personne. Le destinataire du présent document doit consulter son conseil professionnel pour toute information dans ces domaines. GE Capital ne fait aucune déclaration à propos des entreprises ou produits qui pourraient être cités dans le présent document et ne leur apporte aucunement son aval. 25 GE Capital Tour Kupka 18 rue Hoche 92 988 Paris La Défense Cedex Tél. : 01 46 35 70 00 www.gecapital.fr GE Capital France est une division de GE (General Electric) et comprend les sociétés GE Factofrance et sa filiale Cofacrédit, General Electric Capital Fleet Services et ses filiales CELT, Logéroute et A.S.A., et GE Capital Equipement Finance.