chicxulub®
MAGAZINE D’INFORMATION MUTUEL / GRATUIT / MENSUEL / N ° 1
P 22/24 - Par ci par [agenda]
Dans le 1er Numéro
P2 - Appel à auteurs P3 - La première contribution de Alain Ambart P4 - Dans l’arène avec Caubère de
Marc Trigueros et Hervé Hote P8 - Beaucoup de bruit pour rien de Céline Mélissent P9 - Calder de
Martine Piget P10 - Un peu de jardins dans ce monde de brutes par Zol P12 - La vie est-elle universelle ?
d’après un texte d’André Brack P14 - Déplacements urbains : l’exemple nantais par Fabrice Massé P18
Libres plumes de Jean Paul Court, Frédéric Brisson, Emilie Duval P20 Maili Mailo : Henri Talau, Sterenn
Lenoach, Déborah Gros, Marie Olleviers P21 L’agenda de Siegfried Rouanet
«
»
Plus de place par mail à l’adresse :
chicxulub@free.fr
Par courrier : CHICXULUB, BP31096, 34007 Montpellier Cedex
Vous avez quelque chose à dire ?
une grosse envie de neuf ?
Pourquoi ne pas devenir corres-
pondant de chicxulub ?
Comment ? Très simplement : écrivez à
[email protected]... et vous serez publié !
Pour peu que votre contribution ne dépasse
pas des limites de bon sens - celles du droit,
d’abord, bien sûr - vous disposez désormais
d’une authentique tribune libre. Dès mainte-
nant, envoyez-nous un article, un témoigna-
ge, une lettre ouverte, une histoire... respec-
tez quelques règles ( ci-dessous ), et signez
dans le prochain numéro de Chicxulub.
L’actualité locale aura votre préférence, sur-
tout si ses répercutions représentent un enjeu
par delà nos clochers. Culture, urbanisme,
consommation, démocratie... les rubriques
se feront et se déferont au gré de vos
emails. A titre occasionnel ou permanent,
faites partie de la rédaction de Chicxulub :
envoyez dès à présent votre contribution à
Réagissez à chaud ! L’équipe de Chicxulub
vous lira avec attention. Ecrivez sans
attendre : un petit mot, par fax, par courrier
ou par internet, mais maintenant, car à la
ligne, c’est à vous.
[ Appel à Auteurs ]
v us
O
CEST À
Consignes
Toutes les contributions doivent être siges
(nom, prénom, même si votre contribution
peut rester anonyme)
• Vous devez nous permettre de vous
joindre (téléphone).
• Toute contribution est libre de droit,
notamment les illustrations et les photos
Editorial
5/5
Le mois dernier, nous lancions une bouteille à la mer. Un appel à
auteurs, « c’est à vous », distribué sur l’agglomération de Montpellier.
Naufragés volontaires, nous voguions depuis, vague à l’âme, dans une
houle d’incertitude. Comment la promesse d’une tribune libre, d’un
nouveau magazine, serait-elle perçue ?
On a reçu ceci, là, à côté. Un premier courrier tout simple et plein de
bonheur, et ce fut la tonalité générale. Ainsi, à la une, un reportage,
carrément, avec des photos sublimes, de Hervé Hote ( Tel. 04 90 93 43
51 ) et le texte touchant de Marc Trigueros. Les Gri-gris poétiques de
Danie Orgias par un Zol sous le charme ; un poème inédit de Joseph
Delteil ! et des textes d’humeur, des rêveries, impossibles à ranger sous
une quelconque étiquette.
Nous avons passé deux, trois coups de fils, à des
gens dont l’expression nous était plus ou moins
connue, mais pas forcément comme elle le
méritait. Et encore, les réponses furent
enthousiasme et diligence ( il fallait rendre les
copies à l’heure ! ). Merci notamment à André
Brack, pour sa promptitude. Enfin, nous nous
devions de donner l’exemple, par notre propre
contribution : vous lirez notre modeste rubrique
urbanisme, en souhaitant qu’elle vous intéres-
sera, ainsi que les 4 pages d’agenda, dont
celui de Siegfried Rouanet.
Alors, franchement, pas de quoi stresser bête-
ment : le message a été reçu 5/5 ! Mais surtout,
continuez !
Fabrice Massé
directeur de la publication
Bonjour !
Ce n’est pas sans soulever un sourcil circonflexe
d’étonnement que, rue Louis Ravas, chez mon
boulanger, je suis tombé sur votre « appel à
auteurs » plutôt que sur une tarte aux figues...
Une interrogation a alors traversé nonchalam-
ment mon cortex frontal encore engourdi ( il
n’était que 9h ) aboutissant finalement à un
flash lent et préconçu d’approbation générale concernant cette initiati-
ve intrépide.
J’ai donc lu. Tout. Plusieurs fois.
Et je me suis dit alors comme Charcot : « why not ? »
Donc je réponds dans la foulée, comme un jeune retraide 59 ans qui est
encore-toujours englué dans certains idéaux utopiques ainsi qu’il sied à un
vieux 68-tard, un peu pris dans le béton...
Voipourquoi je persiste à penser ( ainsi que réciproquement ) qu’il est
« bon » d’opter pour l’ouverture. Sur la vie. Sur l’information. Sur la nou-
veauté, le branché, le « tendance », le « fashion », le néo-nouveau.
Ouverture aussi sur ce côté un peu libertaire qui sous-tend la présentation
de ce futur projet porteur de certains espoirs pour certains espérants.
Ouverture sur le plaisir hédoniste du lecteur, mais aussi sur la satisfaction
scribouillarde de nous aut’... [...]
Alain Ambart
A chicxulub, Mexique, se situe le cratère
d’un astéroïde dont la chute, il y a 65 mil-
lions d’années, serait à l’origine de la dispa-
rition des dinosaures et de 70% des espèces.
chicxulub®
est édité par abécédaire
sarl au capital de 7500
Administration, rédaction : BP31096
34007 Montpellier
Tél. 04 99 74 00 68 / fax 04 67 58 14 09
Photo de couverture
Hervé Hote
Agence Caméléon
Tel. 04 90 93 43 51
Votre première contribution
Le détail a été soigné ( timbre ) !
«
»
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consommation, démocratie... les rubriques
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notamment les illustrations et les photos
Editorial
5/5
Le mois dernier, nous lancions une bouteille à la mer. Un appel à
auteurs, « c’est à vous », distribué sur l’agglomération de Montpellier.
Naufragés volontaires, nous voguions depuis, vague à l’âme, dans une
houle d’incertitude. Comment la promesse d’une tribune libre, d’un
nouveau magazine, serait-elle perçue ?
On a reçu ceci, là, à côté. Un premier courrier tout simple et plein de
bonheur, et ce fut la tonalité générale. Ainsi, à la une, un reportage,
carrément, avec des photos sublimes, de Hervé Hote ( Tel. 04 90 93 43
51 ) et le texte touchant de Marc Trigueros. Les Gri-gris poétiques de
Danie Orgias par un Zol sous le charme ; un poème inédit de Joseph
Delteil ! et des textes d’humeur, des rêveries, impossibles à ranger sous
une quelconque étiquette.
Nous avons passé deux, trois coups de fils, à des
gens dont l’expression nous était plus ou moins
connue, mais pas forcément comme elle le
méritait. Et encore, les réponses furent
enthousiasme et diligence ( il fallait rendre les
copies à l’heure ! ). Merci notamment à André
Brack, pour sa promptitude. Enfin, nous nous
devions de donner l’exemple, par notre propre
contribution : vous lirez notre modeste rubrique
urbanisme, en souhaitant qu’elle vous intéres-
sera, ainsi que les 4 pages d’agenda, dont
celui de Siegfried Rouanet.
Alors, franchement, pas de quoi stresser bête-
ment : le message a été reçu 5/5 ! Mais surtout,
continuez !
Fabrice Massé
directeur de la publication
Bonjour !
Ce n’est pas sans soulever un sourcil circonflexe
d’étonnement que, rue Louis Ravas, chez mon
boulanger, je suis tombé sur votre « appel à
auteurs » plutôt que sur une tarte aux figues...
Une interrogation a alors traversé nonchalam-
ment mon cortex frontal encore engourdi ( il
n’était que 9h ) aboutissant finalement à un
flash lent et préconçu d’approbation générale concernant cette initiati-
ve intrépide.
J’ai donc lu. Tout. Plusieurs fois.
Et je me suis dit alors comme Charcot : « why not ? »
Donc je réponds dans la foulée, comme un jeune retraide 59 ans qui est
encore-toujours englué dans certains idéaux utopiques ainsi qu’il sied à un
vieux 68-tard, un peu pris dans le béton...
Voipourquoi je persiste à penser ( ainsi que réciproquement ) qu’il est
« bon » d’opter pour l’ouverture. Sur la vie. Sur l’information. Sur la nou-
veauté, le branché, le « tendance », le « fashion », le néo-nouveau.
Ouverture aussi sur ce côté un peu libertaire qui sous-tend la présentation
de ce futur projet porteur de certains espoirs pour certains espérants.
Ouverture sur le plaisir hédoniste du lecteur, mais aussi sur la satisfaction
scribouillarde de nous aut’... [...]
Alain Ambart
A chicxulub, Mexique, se situe le cratère
d’un astéroïde dont la chute, il y a 65 mil-
lions d’années, serait à l’origine de la dispa-
rition des dinosaures et de 70% des espèces.
chicxulub®
est édité par abécédaire
sarl au capital de 7500
Administration, rédaction : BP31096
34007 Montpellier
Tél. 04 99 74 00 68 / fax 04 67 58 14 09
Photo de couverture
Hervé Hote
Agence Caméléon
Tel. 04 90 93 43 51
Votre première contribution
Le détail a été soigné ( timbre ) !
4
Philippe Caubère
Dans
larène
avec
Mardi,
20h30.
Entrée par
le tunnel
qu’emprun-
tent les tore-
ros. Déjà la
sensation
d’un lieu par-
ticulier. Caubère arrive, prend ses marques,
avec l’équipe technique. Souriant mais concen-
tré, plus préoccupé par la météo que par les
anti-corrida ( qui l’ont obligé à annuler une pré-
cédente représentation ). Véronique Coquet, sa
compagne et productrice, le materne, craignant
qu’il ne prenne froid - « Mais tu me fais passer
pour qui ? ».
Premier contact, simple et concret, agenda à la
main. On comprend vite le rythme : repas en milieu
d’après-midi, travail en début de nuit, et champagne
obligatoire pour terminer. Moi qui suis plutôt du
matin et supporte mal l’alcool…
A la fin du repérage, dans un resto, Caubère offre ses
cadeaux de « fin de tournée d’arène ». Le respect
mutuel, derrière les blagues de potaches, semble préva-
loir. Bizarrement, je ne suis pas impressionné par cet
acteur que j’admire. Sa simplicité.
Mercredi, 16h30. Arrivée chez lui, à la Fare-les-Oliviers, à
l'ouest de Marseille. Un ancien pavillon de chasse qui
appartenait à ses grands-parents, au milieu des pins, domi-
nant l’étang de Berre, les chats sont chez eux. Dans le
séjour, quelques spots au plafond signalent que aussi, il travaille. On
va sur « le plateau », un bassin qu’il a aménagé pour répéter en plein air.
Sa maison d’enfance, décrit dans ses spectacles et Les carnets d’un
jeune homme, j’y suis ! Il y a même la batte de base-ball promise aux
anti-corrida ( lire entretien ) !
19h30 :Retour à Arles. Interview pour France 5. Le seul journaliste que je
croiserai. Naïvement, je pensais que la polémique avec les anti-corrida en atti-
rerait plus. Tant mieux, on ne l’a que pour nous. Des ennuis techniques retar-
dent le filage ( répétition générale ). J’imaginais un Caubère colérique quand la
technique ne suit pas, il reste finalement assez zen… Ce ne sera pas toujours le
cas. « Soupe au lait » me résumera quelqu’un de l’équipe.
Les feux du spectacle sont simplement grandioses : les gradins sont couverts de
photophores qui s’illuminent un à un... et l’impression surréaliste d’être là, à
minuit passé, seul dans l’arène avec lui, qui ne joue que
pour moi.
1h30 du mat’ :Entretien en bonne et due forme avec lui
- mon toro à moi ? - que j’« affronte » en journaliste que
je ne suis pas. Puis on se retrouve chez Hervé. La dis-
cussion dérape sur le sexe. Caubère charrie à nou-
veau sa compagne, qui a l’air d’en avoir pris son
parti. Je croyais rencontrer un acteur au rythme de
vie d’un sportif, imprégné de son personnage, ne
le quittant pas. Je trouve un homme attachant,
simple et grivois.
Jeudi 11, jour J : Problème : des installations pour la
féria ont été montées dans l’arène. Manifestement,
dans le petit milieu tauromachique, tout le monde
n’apprécie pas ce spectacle. Caubère a piqué une
colère, menaçant de ne pas jouer si tout ne rentrait
pas dans l’ordre - « j’ai du faire monter la
pression ». Dommage, j’ai raté ça.
20h30 : le public entre dans l’arène, s’installe
dans les gradins et sur les tapis à même la piste.
Pas d’anti-corrida : est-ce « le ger dispositif »
mis en place qui fait son effet ?
21h15 :Caubère entre ; la piste s’embrase. Le
silence, inhabituel en ces lieux. Plus de 1000
personnes et ces flammes qui cernent désor-
mais l’acteur. Un homme pleure la mort de
son frère, que la passion a couvert de gloire
avant de le détruire. L’émotion est
palpable : « Arles, dimanche 9 sep-
tembre 1989, dernière corrida de la
féria des Prémices du riz (…) Dans
quelques minutes va sortir en piste un grand toro
gris. Il me fait déjà peur, mais je ne sais pas enco-
re qu’il est celui que je redoute depuis toujours,
celui qui va briser mon frère, et transformer le
rêve en cauchemar ». Ici me, 14 ans plus t, le
taureau Panolero encornait Nimeno II.
A la fin du spectacle, Caubère est resté sur la
piste, disponible. Il nous salue une dernière fois.
On le laisse dans « ses » arènes. Demain, la
féria de septembre y reprendra ses droits.
Je n’aime pas la cor-
rida, je ne connais à
peu près rien au
théâtre, mais j’aime
le travail de
Philippe Caubère, qui
depuis plus de 20
ans joue sa vie, seul
sur scène, avec exu-
bérance et autodéri-
sion.
Alors, lorsqu’il a
accepté que je le
suive ( avec Hervé, un
ami photographe )
lors des préparatifs
de la dernière repré-
sentation de
« Recouvre-le de
lumière » dans des
arènes, je ne pouvais
plus reculer. Rendez-
vous pris à Arles le
mardi 9 septembre,
deux jours avant son
spectacle, l’hommage
d’un homme à son
frère, Niméno II.
par Marc Trigueros
Photos hervé Hote
Caubère
entretien page suivante
* Théâtre
4
Philippe Caubère
Dans
larène
avec
Mardi,
20h30.
Entrée par
le tunnel
qu’emprun-
tent les tore-
ros. Déjà la
sensation
d’un lieu par-
ticulier. Caubère arrive, prend ses marques,
avec l’équipe technique. Souriant mais concen-
tré, plus préoccupé par la météo que par les
anti-corrida ( qui l’ont obligé à annuler une pré-
cédente représentation ). Véronique Coquet, sa
compagne et productrice, le materne, craignant
qu’il ne prenne froid - « Mais tu me fais passer
pour qui ? ».
Premier contact, simple et concret, agenda à la
main. On comprend vite le rythme : repas en milieu
d’après-midi, travail en début de nuit, et champagne
obligatoire pour terminer. Moi qui suis plutôt du
matin et supporte mal l’alcool…
A la fin du repérage, dans un resto, Caubère offre ses
cadeaux de « fin de tournée d’arène ». Le respect
mutuel, derrière les blagues de potaches, semble préva-
loir. Bizarrement, je ne suis pas impressionné par cet
acteur que j’admire. Sa simplicité.
Mercredi, 16h30. Arrivée chez lui, à la Fare-les-Oliviers, à
l'ouest de Marseille. Un ancien pavillon de chasse qui
appartenait à ses grands-parents, au milieu des pins, domi-
nant l’étang de Berre, les chats sont chez eux. Dans le
séjour, quelques spots au plafond signalent que aussi, il travaille. On
va sur « le plateau », un bassin qu’il a aménagé pour répéter en plein air.
Sa maison d’enfance, décrit dans ses spectacles et Les carnets d’un
jeune homme, j’y suis ! Il y a même la batte de base-ball promise aux
anti-corrida ( lire entretien ) !
19h30 :Retour à Arles. Interview pour France 5. Le seul journaliste que je
croiserai. Naïvement, je pensais que la polémique avec les anti-corrida en atti-
rerait plus. Tant mieux, on ne l’a que pour nous. Des ennuis techniques retar-
dent le filage ( répétition générale ). J’imaginais un Caubère colérique quand la
technique ne suit pas, il reste finalement assez zen… Ce ne sera pas toujours le
cas. « Soupe au lait » me résumera quelqu’un de l’équipe.
Les feux du spectacle sont simplement grandioses : les gradins sont couverts de
photophores qui s’illuminent un à un... et l’impression surréaliste d’être là, à
minuit passé, seul dans l’arène avec lui, qui ne joue que
pour moi.
1h30 du mat’ :Entretien en bonne et due forme avec lui
- mon toro à moi ? - que j’« affronte » en journaliste que
je ne suis pas. Puis on se retrouve chez Hervé. La dis-
cussion dérape sur le sexe. Caubère charrie à nou-
veau sa compagne, qui a l’air d’en avoir pris son
parti. Je croyais rencontrer un acteur au rythme de
vie d’un sportif, imprégné de son personnage, ne
le quittant pas. Je trouve un homme attachant,
simple et grivois.
Jeudi 11, jour J : Problème : des installations pour la
féria ont été montées dans l’arène. Manifestement,
dans le petit milieu tauromachique, tout le monde
n’apprécie pas ce spectacle. Caubère a piqué une
colère, menaçant de ne pas jouer si tout ne rentrait
pas dans l’ordre - « j’ai du faire monter la
pression ». Dommage, j’ai raté ça.
20h30 : le public entre dans l’arène, s’installe
dans les gradins et sur les tapis à même la piste.
Pas d’anti-corrida : est-ce « le ger dispositif »
mis en place qui fait son effet ?
21h15 :Caubère entre ; la piste s’embrase. Le
silence, inhabituel en ces lieux. Plus de 1000
personnes et ces flammes qui cernent désor-
mais l’acteur. Un homme pleure la mort de
son frère, que la passion a couvert de gloire
avant de le détruire. L’émotion est
palpable : « Arles, dimanche 9 sep-
tembre 1989, dernière corrida de la
féria des Prémices du riz (…) Dans
quelques minutes va sortir en piste un grand toro
gris. Il me fait déjà peur, mais je ne sais pas enco-
re qu’il est celui que je redoute depuis toujours,
celui qui va briser mon frère, et transformer le
rêve en cauchemar ». Ici me, 14 ans plus t, le
taureau Panolero encornait Nimeno II.
A la fin du spectacle, Caubère est resté sur la
piste, disponible. Il nous salue une dernière fois.
On le laisse dans « ses » arènes. Demain, la
féria de septembre y reprendra ses droits.
Je n’aime pas la cor-
rida, je ne connais à
peu près rien au
théâtre, mais j’aime
le travail de
Philippe Caubère, qui
depuis plus de 20
ans joue sa vie, seul
sur scène, avec exu-
bérance et autodéri-
sion.
Alors, lorsqu’il a
accepté que je le
suive ( avec Hervé, un
ami photographe )
lors des préparatifs
de la dernière repré-
sentation de
« Recouvre-le de
lumière » dans des
arènes, je ne pouvais
plus reculer. Rendez-
vous pris à Arles le
mardi 9 septembre,
deux jours avant son
spectacle, l’hommage
d’un homme à son
frère, Niméno II.
par Marc Trigueros
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