Chapitre 8. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils

publicité
Thème 3 : Socialisation, groupes et réseaux sociaux
Chapitre 8 : Les processus de socialisation et la construction des identités
sociales
Chapitre 9 : Comment les individus s’associent-ils pour former des groupes
sociaux ?
Chapitre 10 : Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?
Objectifs du chapitre :
-Faire découvrir la démarche du sociologue
-Mettre en question les pré-notions des élèves
-Aborder les principales notions concernant la socialisation (normes, valeurs, rôles,
socialisation différentielle, socialisation primaire/secondaire, socialisation anticipatrice), les
groupes et les réseaux sociaux.
-Donner envie aux élèves de poursuivre la réflexion par des lectures (lectures choisies et
présentées en AP).
Introduction générale au thème : qu’est-ce que la sociologie et quelle
est la démarche du sociologue ?
I. Quel est l’objet d’étude de la sociologie ?
A. Qu’est-ce que la sociologie ?
Commencer par un brainstorming : qu’est-ce que la sociologie ? quel est son objectif ? à quoi ça
sert ?
Document : extrait vidéo : La sociologie est un sport de combat
1. Comment Pierre Bourdieu définit-il la sociologie ?
2. A quels types de problèmes s’intéresse le sociologue selon Bourdieu ?
Le terme de sociologie a été créé par Auguste Comte au XIXè siècle : socio et logos => science du
social. Cette définition très large de la sociologie ne nous dit pas grand-chose sur l’objet d’étude de la
sociologie. La littérature a déjà pour ambition d’expliquer le social.
Il est difficile de donner une seule et unique définition de la sociologie : dépend des auteurs, des
courants.
On peut définir la sociologie comme la science sociale qui étudie l’action des individus et des groupes
sociaux par référence au contexte social. La sociologie cherche à expliquer les comportements des
individus et le fonctionnement de la société. Sciences sociales = ensemble des disciplines qui étudient
les hommes vivant en société.
B. La sociologie comme réponse aux inquiétudes suscitées par la modernité
La sociologie nait dans un contexte particulier, celui de la RI et de l’émergence de l’individualisme
moderne. On peut considérer que la sociologie est une réponse aux inquiétudes suscitées par la
1
modernité. Les premiers sociologues partagent une même inquiétude : comment assurer la cohésion
sociale dans un contexte nouveau marqué par la montée de l’individualisme ? Comment expliquer le
lien social ?
Ces questionnements vont conduire à l’émergence d’une nouvelle discipline, d’une nouvelle science :
la sociologie.
C. les fondateurs de la sociologie
Durkheim (1858-1917) est considéré comme le fondateur de la sociologie en France. Durkheim a
déterminé à la fois l’objet d’étude de la sociologie ainsi qu’une méthodologie.
 Sa problématique : La question du lien social, de la cohésion sociale et de son maintien dans
les sociétés modernes constitue le fil directeur des travaux de Durkheim se demande comment
la cohésion sociale se maintient dans des sociétés occidentales marquée par l’individualisme,
c’est l’objet de sa thèse en 1893.
 Sa définition de la sociologie : Durkheim définit la sociologie comme : « l’étude scientifique
des faits sociaux ». Quand on s’intéresse aux faits sociaux, on s’intéresse aux phénomènes qui
ont une dimension collective et présentent une certaine régularité (la mode, la délinquance, le
suicide, le mariage homosexuel, le don). « Faits sociaux = manières de faire, de penser, de sentir,
qui sont extérieures aux individus et qui sont dotées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel
elles s’imposent à lui. » L’objectif de la sociologie est de révéler des lois sociales qui expliquent
la régularité de phénomènes ou de comportements individuels : rapporter les comportements
individuels à la société et au groupe dans lequel ils vivent. La sociologie doit révéler les
déterminismes sociaux des comportements individuels. Il faut donner la priorité dans l’analyse
au tout, à la société, sur les parties qui le composent, c’est-à-dire les individus. On parle de
holisme méthodologique pour désigner la démarche de Durkheim. Proche de la notion de
macro.
 Sa méthodologie : Durkheim propose une méthode pour étudier scientifiquement les faits
sociaux. Il a appliqué cette méthode à l’analyse du suicide. Il commence par définir son objet
d’étude : le suicide se définit par l’intention de se tuer, peu importe les mobiles des suicides.
Le suicide est un fait social puisque c’est un phénomène régulier : taux de suicide relativement
fixe. Durkheim va montrer qu’il y a des causes sociales au suicide : le taux de suicide diminue
lorsqu’on vit dans une communauté religieuse, intégrée, solidaire, soudée : les protestants se
suicident plus que les catholiques ou que le juifs ; la famille préserve du suicide, etc. => plus
l’individu est intégré à des groupes sociaux, moins il a de risque de se suicider.
A partir de la, il dresse une typologie du suicide : suicide égoïste, suicide altruiste et suicide
anomique.
Weber, allemand (1864-1920) est considéré comme l’autre fondateur de la sociologie moderne.
 Sa problématique : la question de la modernité, le type d’homme créé par la modernité.
Questionnement proche de celui de Durkheim. Plus précisément, selon Weber, ce qui
caractérise la modernité c’est le processus de rationalisation du monde. Les actions des
individus sont de moins en moins guidées par la tradition ou l’affect mais par la rationalité : la
science remplace la religion comme principe d’explication du monde + extension de la logique
de calcul, d’efficacité.
 Sa définition de la sociologie et sa méthodologie : Weber définit la sociologie comme la
science qui se propose de comprendre l’action sociale. L’accent est mis sur les actions
individuelles et sur leurs motivations : le sociologue doit comprendre les motivations des
actions individuelles. Il propose d’étudier le fonctionnement de la société en partant des
individus : étudier les conduites individuelles pour expliquer les phénomènes sociaux plutôt
que comprendre les comportements individuels à partir des faits sociaux. Il inverse l’ordre des
priorités par rapport à Durkheim. On parle alors d’individualisme méthodologique. Proche de
la notion de micro.
2
II. Comment enquêter en sociologie ?
A. Un préalable : rompre avec les prénotions
Doc découvrir p. 200 Nathan
Doc 1 ou 2 ou 3 p. 184-185 Manuel Hachette
Doc 1. Divorce
1. Les taux de divorce sont croissants dans les cinq premières années de mariage puis, au fur et à
mesure que les années passent, ils sont décroissants. Il y a donc plus de probabilité de divorcer au bout
de cinq ans de mariage qu’au bout de dix ans.
2. Les taux de divorce augmentent avec les promotions de mariage. Ils sont plus nombreux dans les
années 2000 qu’ils ne l’étaient en 1978, quelle que soit la durée du mariage.
3. Non. Si le taux de rupture augmentait avec l’âge, les courbes seraient croissantes, or elles sont en «
V inversé ». La probabilité de divorcer n’augmente pas avec l’âge. Au contraire, au-delà du cap «
fatidique » des cinq ans d’union, le taux de divorce diminue avec l’âge.
Doc. 2 • Taux de suicide et sexe
1. En France, en 2006, le taux de suicide des hommes étaient de 24,3 pour 100 000 habitants : sur 100
000 habitants, environ 24 hommes en moyenne s’étaient suicidés cette année-là. Le taux de suicide
des femmes était de 8,2 pour 100 000 habitants, le taux de suicide des hommes était presque 4 fois
plus élevé que celui des femmes.
2. Non, puisque, alors que l’on pourrait croire que les femmes sont plus touchées que les hommes par
le suicide, c’est le contraire qui se produit. Quel que soit le pays répertorié dans le tableau, le taux de
suicide des hommes est systématiquement supérieur à celui des femmes.
3. En fait, on confond souvent deux phénomènes sociaux différents : les suicides et les tentatives de
suicide. Si les femmes sont plus sujettes aux tentatives (ce sont des appels au secours, plus que de réels
désirs de mourir, disent certains experts), elles sont en revanche moins concernées par les suicides. Le
choix des moyens y est pour beaucoup : alors que les femmes ont recours aux médicaments, les
hommes utilisent des moyens plus radicaux (armes à feu notamment) qui laissent moins de chances
de survie.
Doc. 3 • Répartition des syndiqués selon le groupe socio-professionnel (2001-2005)
1. En 2001-2005, sur 100 syndiqués, 29 en moyenne étaient des cadres, ou les cadres représentaient
29 % des salariés syndiqués en 2001-2005.
Attention à ne pas confondre répartition des syndiqués et taux de syndicalisation par CSP
Pour information, voici le tableau du taux de syndicalisation selon le groupe socio-professionnel sur la
même période (2001-2005) :
Tous secteurs Fonction
Entreprises
confondus
publique
et privées
entreprises
publiques
Cadres
14,9
26,7
7,7
Professions 9,6
14,5
6,7
intermédiaires
Employés
5,3
9,4
2,9
Ouvriers
5,9
17,6
4,6
Source : Enquêtes permanentes sur les conditions de vie des ménages, INSEE, in DARES, Premières
synthèses, n° 16.1, avril 2008.
2. Dans l’ensemble, cadres et professions intermédiaires représentent une part plus importante des
3
syndiqués (29 % et 30 % respectivement) que ouvriers et employés, ce résultat provient surtout de la
fonction publique où la part des cadres syndiqués est 3 fois plus importante que celle des ouvriers (en
revanche, dans les entreprises privées, les ouvriers représentent 14 % des syndiqués soit une part de
5 points supérieurs à celle des cadres). Tous secteurs confondus, la part des cadres syndiqués est de 10
points (29-19) supérieure à celle des ouvriers, alors même que l’on aurait pu croire que les ouvriers
seraient plus nombreux parmi les syndiqués que les cadres.
3. Plusieurs explications sont mobilisables :
– la part de la cotisation qui pèserait moins dans un budget cadre que dans un budget ouvrier ;
– la perte de confiance des ouvriers dans l’efficacité des institutions plus forte que celle des cadres ;
– le changement de structure de la population active, la part des cadres a augmenté aux dépens de
celle des ouvriers ;
– la propension à se syndiquer augmente avec le diplôme et la qualification.
Doc 4 p. 187 Hachette
=>En sociologie, plutôt que de parler de préjugés, on parle de prénotions = représentations
spontannées d’un phénomène. Selon Durkheim, pour étudier scientifiquement les faits sociaux, il faut
se débarrasser de nos prénotions qui font obstacles à la connaissance scientifique : avoir un regard
neutre sur la réalité décrite. Le sociologue soit « considérer les faits sociaux comme des choses ».
B. Les différentes méthodes d’enquêtes
En sociologie, on commence par choisir un objet d’étude, un phénomène que l’on cherche à expliquer,
comprendre. Pour cela, le sociologue va émettre des hypothèses et les valider grâce à des enquêtes.
Doc 2 p. 188 Hachette
Doc. 2 • Les trois grandes méthodes en sociologie
1. L’intérêt de l’enquête par questionnaire est de pouvoir comparer les réponses de nombreuses
personnes. Il s’agit à partir de là de construire des statistiques, d’où l’aspect quantitatif.
2. Questionnaire : Construire un questionnaire pour connaître la fréquence de lecture (dans la
semaine, en vacances), le type d’ouvrages lus (BD, policier, livre d’aventure, presse…), approcher le
nombre d’ouvrages lus (à l’école, en dehors de l’école).
Entretien : Interroger des adolescents et leur faire parler du goût ou du dégoût qu’ils ont pour les
lectures, leur demander de justifier leurs prises de position.
Observation : Observer les comportements de lecture dans un CDI ou une bibliothèque.
3. Ces trois méthodes se distinguent par la méthodologie qu’elles mettent en oeuvre : elles n’engagent
pas les mêmes questions, ne supposent pas de rencontrer le même nombre de personnes. Le
questionnaire supposera un échantillon représentatif qui porte sur un nombre significatif de
personnes, l’entretien repose, lui, sur l’interview d’un nombre plus réduit de personnes interrogées,
en revanche, plus longuement. Comme tout outil, elles dépendent de l’objectif que l’on se fixe. C’est
en fonction du but à atteindre que l’on choisit la méthode appropriée, et non le contraire.
Elles sont complémentaires (quand elles sont réalisables) et offrent trois points de vue différents sur le
sujet à observer. L’idéal est souvent de pouvoir croiser ces perspectives.
Exemples : enquêtes sur les pratiques sexuelles des Français ou sur les pratiques culturelles : quanti.
Enquête sur les fumeurs de marijuana par Howard Becker = quali.
Chapitre 6 : les processus de socialisation et de construction des
identités sociales
4
Sensibilisation : Victor de l’Aveyron
Objectifs :
-souligner l'importance de la socialisation dans le développement de facultés qui peuvent paraître naturelles
-amener vers une définition de la socialisation
L'histoire de Victor de l'Aveyron:
En 1797, un enfant d'environ 9-10 ans est aperçu dans le Tarn, mais ce n'est que deux ans plus
tard qu'il sera attrapé, escorté dans un village et recueilli par une veuve. L'enfant ne se nourrit
que de végétaux crus, ou qu'il a cuits lui-même. Amour, amitié, manières, langage, conscience
et sensibilité ne sont manifestement pas de son monde. Il fugue au bout d'une semaine. Nous
sommes en 1799 ; durant l'hiver, l'enfant passe du Tarn à l'Aveyron. Le 6 janvier 1800, un
enfant nu, voûté, aux cheveux hirsutes, est découvert par trois chasseurs. Il est d'abord envoyé
dans un orphelinat puis exposé à Paris à la curiosité de la foule et des savants. Toute la question
est de savoir si son retard mental était dû à son isolement ou si un handicap mental préalable
avait conduit à son abandon vers l’âge de deux ans.
En 1801, Victor est confié au docteur Jean Itard qui le baptise Victor (avant cela, il n'a pas de
nom). Personne ne croit à sa réinsertion sociale, mais Jean Itard s’attelle à la tâche. Il publiera
un mémoire la même année et un rapport en 1806 sur ses travaux avec Victor de l’Aveyron.
Pendant cinq années, il a travaillé avec cet enfant à sa réinsertion sociale qui a réalisé
d'importants progrès, mais a considéré comme un échec personnel son incapacité – ou son
refus ? – de parler. Le docteur Itard qui cherchait à humaniser le garçon. Il remarque les
difficultés qu’il a éprouvées à faire retrouver à l’enfant une sensibilité, des sentiments, une
faculté de raisonnement, mais surtout à lui apprendre à communiquer.
En 1970, François Truffaut s’inspire de l’histoire pour réaliser un film, L’Enfant sauvage. Le film
montre la formation progressive de la conscience chez l'enfant au contact d'autrui.
Diffuser extraits du film :
Point pour améliorer le cours : diffuser les extraits suivants :
 L'enfant à l'état sauvage : On voit l'enfant marcher à quatre pattes, se nourrir et
grimper dans un arbre pour s'y reposer. 0 à 3’40.
 L’arrivée de l’enfant chez le docteur Itard et la visite médicale : examen physique de
l'enfant, premières hypothèses sur son histoire et sur ses capacités. 15’0 à 21’
 Dialogue entre Docteur Itard et le Professeur : ce dernier ne voit en l'enfant qu'un
« idiot » tandis que le Docteur pense que son état résulte de son isolement passé. 25’ à
26’35
 Arrivée et début de l'éducation chez le Docteur Itard et sa gouvernante : le Docteur
apprend à Victor à se tenir debout et à manger. 26’40-32’30
 Victor se fait baptiser Victor : 42’-42’40.
 Victor et le lait : la gouvernante le reprend sur sa façon de ranger les cuillers. 42’4047’15
 Victor forme le mot LAIT pour en obtenir auprès de la gouvernante, puis de la nourrice :
1h02’-1 h04’
 Victor et l’injustice : 1h12’50-1h14’22
1. Pourquoi cet enfant est-il qualifié de sauvage ?
Ethymologie : via l’ancien français salvage, du latin silvaticus (« de forêt, forestier »), devenu
5
salvatǐcus en bas latin. Le « sauvage » vient de la silva, la forêt, il semble à l'état de nature, en
liberté, c'est-à-dire ni apprivoisé, ni domestiqué, ni cultivé, il est sans règles (comme on parle
de « grève sauvage »), il fuit les hommes, il est grossier, inhumain.
Victor est considéré comme sauvage car il a grandi dans la forêt où il a été abandonné et a
survécu par ses propres moyens, hors de tout contact avec la société et il ne dispose d’aucun
point de repère pour interagir avec les autres hommes. Il ne sait pas non plus communiquer
avec eux, n’ayant jamais appris à parler. Il n’a donc pas été socialisé, pas « apprivoisé » en
quelque sorte. => On peut donc considérer qu'un « enfant sauvage » est un enfant qui a grandi
en dehors de tout groupe social, qui n'a pas été socialisé.
2. Comment se passent les premières rencontres entre l’ « enfant sauvage » et les hommes ?
Pourquoi ?
3. Pourquoi « l'enfant sauvage » est-il placé à l'institut des sourds muets ?
L’enfant ne semble pas disposer des facultés qui le rendraient capables de communiquer avec
autrui. Le fait qu'il ne parle pas est perçu comme une anormalité biologique et non comme
pouvant être le résultat de son absence de contacts prolongés avec les hommes. Aux yeux des
médecins de l’époque, il doit alors subir un traitement spécifique en raison de ce qu’ils
supposent être un handicap.
4. Quelles sont les deux thèses qui opposent les deux médecins au sujet de l’ « enfant
sauvage » à propos de son état « anormal » ?
Victor comme idiot ou Victor comme enfant non socialisé.
5. Que cherche à prouver le médecin en recueillant l'enfant ?
Ce médecin détecte chez Victor une intelligence et des facultés latentes ; il voit dans l’état de
Victor le seul résultat de l’isolement social. Le docteur Itard entreprend donc l'éducation de
cet enfant, qu’il baptise Victor, car il ne croît pas qu’il soit inapte à l’usage de la parole et
insensible aux sons. Ainsi, veut-il montrer que le contexte dans lequel l’enfant a vécu l’a rendu
incapable de connaître un développement cognitif normal. Le docteur Itard, avec l'aide d'une
nourrice a appris à Victor à marcher avec deux jambes et sans utiliser les mains, à ne pas se
jeter sur la nourriture et à utiliser des couverts.
6. Comment Victor réagit-il face à l’injustice ?
7. Expliquez en quoi les relations sociales sont décisives dans le développement d'un enfant.
Avec l'exemple de Victor, on voit l'importance des relations sociales par les conséquences de
leur absence. En effet, en l'absence de relations sociales, l'enfant ne développe aucune de ses
facultés sociales. L’inculcation des comportements chez l’enfant indispensables à la vie en
société passe par les multiples interactions (=échanges), notamment affectives, qu’il connaît
avec ses proches.
8. Selon vous, et pour parodier la phrase de Simone de Beauvoir : est-ce que l’on naît homme
ou est-ce qu’on le devient ?
Autre cas d’enfant sauvage :
decouverte-en-siberie-4427951.html
http://videos.tf1.fr/jt-20h/2009/une-enfant-sauvage-
6
Compléter par doc. 3 p. 219 Hatier : L’incorporation des émotions : questions modifiées
1. En quoi l’histoire de Victor de l’Aveyron illustre-t-elle les observations de Norbert Elias ?
2. Pourquoi peut-on dire que le sourire est une potentialité biologique socialement incorporée ?
Donnez un autre exemple d’émotion ayant la même caractéristique.
=> SYNTHESE- Pourquoi l’expérience de l’enfant sauvage nous apprend-elle beaucoup sur le
processus de socialisation ?
On peut avoir l'impression que nos manières de marcher, de manger, de parler sont tout à fait
naturelles. Se déplacer, manger et dormir sont des actes qui répondent à des besoins
physiologiques. Dans la forêt déjà, Victor se déplaçait, il se nourrissait et il dormait, sinon il
serait mort. Par contre, sa façon d’accomplir ses actions est très différente de celle des
hommes vivant en société. On en déduit que l’environnement social influence fortement ces
pratiques. Victor, dans la forêt, était nu. Il ne portait aucun vêtement, ni chaussure. Cela
montre que le fait de s’habiller et de se chausser ne répond pas tant à une exigence naturelle,
qu’à une exigence sociale. On peut donc distinguer ce qui relève de l’inné (c’est-à-dire du
biologique) et ce qui relève de l’acquis (provenant du contexte social et qui confère à l’homme
ses caractéristiques proprement humaines).
Ainsi, le cas des « enfants sauvages » illustre un fait bien connu des sociologues : l'Homme ne
devient capable de vivre en société que grâce au contact avec autrui. En l'absence de contact
avec ses semblables, il perd sa capacité à développer des qualités sociales telles que le langage,
les sentiments, indispensables à la vie en société. Ainsi, lorsqu'un être humain naît, c'est un
être biologique nouveau mais pour appartenir à un groupe social et devenir un membre de la
société, il faut que que cet être biologique devienne un être social. Pour cela, il va devoir
acquérir un certain nombre de normes et de valeurs qui régissent la vie en communauté au
cours du processus que l'on nomme socialisation.
Si pas de vidéo : Point de départ p ; 242-243 manuel Belin : document 1 et 3 : à distribuer
1. Pourquoi « l'enfant sauvage » est-il placé à l'institut des sourds muets ?
L’enfant ne semble pas disposer des facultés qui le rendraient capables de communiquer avec
autrui. Aux yeux des médecins de l’époque, il doit alors subir un traitement spécifique en
raison de ce qu’ils supposent être un handicap.
2. Que cherche à prouver le médecin en recueillant l'enfant ?
Le docteur Itard entreprend l’éducation de cet enfant, qu’il baptise Victor, car il ne croît pas
qu’il soit inapte à l’usage de la parole et insensible aux sons. Ainsi, veut-il montrer que le
contexte dans lequel l’enfant a vécu l’a rendu incapable de connaître un développement
cognitif normal.
3. Expliquez en quoi les relations sociales sont décisives dans le développement d'un
enfant.
L’inculcation des comportements chez l’enfant passe par les multiples interactions,
notamment affectives, qu’il connaît avec ses proches.
Question supplémentaire : Pourquoi cet enfant est-il qualifié de sauvage ?
Ethymologie : via l’ancien français salvage, du latin silvaticus (« de forêt, forestier »), devenu
salvatǐcus en bas latin.
Le « sauvage » vient de la silva, la forêt, il semble à l'état de nature, en liberté, c'est-à-dire ni
7
apprivoisé, ni domestiqué, ni cultivé, il est sans règles (comme on parle de « grève
sauvage »), il fuit les hommes, il est grossier, inhumain.
Victor est considéré comme sauvage car il a grandi dans la forêt où il a été abandonné et a
survécu par ses propres moyens, hors de tout contact avec la société et il ne dispose d’aucun
point de repère pour interagir avec les autres hommes. Il ne sait pas non plus communiquer
avec eux, n’ayant jamais appris à parler. Il n’a donc pas été socialisé, pas « apprivoisé » en
quelque sorte. => On peut donc considérer qu'un « enfant sauvage » est un enfant qui a grandi
en dehors de tout groupe social, qui n'a pas été socialisé.
Eventuellement : Doc 3 : Robinson
1. Comment la socialisation antérieure de Robinson influence-t-elle sa nouvelle vie ?
Dans un nouveau contexte social, l’isolement de Robinson ne se traduit pas par une rupture
avec sa vie antérieure; au contraire, il ne survit qu’en conservant les habitudes acquises de
l’enfance à l’âge adulte. Isolé, Robinson ne devient pas un « homme sans société », son
rapport à son environnement, à l'espace et au temps n'a pas changé malgré son isolement. Il
est le même qu'en Angleterre et il essaie, dans la mesure du possible de le reproduire.
(Robinson utilise des couteaux et fourchettes, se fabrique une table, utilise du sel, organise sa
tente comme une maison, il écrit, organise ses journées.)
2. Expliquez le passage souligné.
L’attitude de Robinson provient de son inscription dans une autre société que celle de
Vendredi. Néanmoins, le processus d’acculturation qu’ils connaissent, (L'acculturation est
l'ensemble des phénomènes qui résultent d'un contact continu et direct entre des groupes
d'individus de cultures différentes et qui entraînent des modifications dans les modèles
culturels initiaux de l'un ou des deux groupes. Il faut bien distinguer « acculturation » et
« assimilation ») montre que la socialisation passe aussi par les interactions interindividuelles
et qu'elle n'a pas uniquement lieu lors de l'enfance.
3. Comment définiriez-vous finalement la socialisation ?
Dans le texte, la socialisation est définie comme « le processus qui a produit Robinson tout au
long de son enfance et de son adolescence anglaise. »
Problématique : Comment devenons-nous des acteurs sociaux et construisons-nous notre
identité sociale ?
Plan :
I/ Comment la socialisation de l'enfant s'effectue-t-elle ? (quoi ; qui ; comment?)
II/ La socialisation est-elle la même pour tous ?
III/ La socialisation de l'enfance à l'âge adulte : ruptures ou continuités ?
I/ Comment la socialisation de l'enfant s'effectue-t-elle ?
A. La transmission de normes et de valeurs
1. Qu’est-ce que la socialisation ?
8
Doc. 2 p. 218 Manuel Hatier
1. Socialisation désigne la façon dont la société forme et transforme les individus. Définition plus
complète : processus par lequel les individus intériorisent des façons de faire, de penser et d’être qui
sont situées socialement.
2. Comment se déroule la socialisation = quels sont les mécanismes par lesquels un individu est
socialisé ?
Qui socialise ? Qui sont les agents de socialisation ?
Qu’est-ce que l’individu apprend au cours du processus de socialisation ?
On répondra à l’ensemble de ces questions au cours du chapitre.
La socialisation est le processus par lequel l’individu va intérioriser les valeurs et normes de la société
et du groupe dans lequel l'individu est né. La socialisation permet d’intégrer les individus à la société
et au groupe social dans lequel ils vivent, c’est le processus par lequel un individu devient un être
social, capable de vivre en société. On distingue la socialisation primaire qui se déroule pendant
l'enfance de la socialisation secondaire qui a lieu à l'âge adulte.
Dans cette première partie, il sera question uniquement de la socialisation primaire.
2. Que sont les normes et les valeurs ?
Document 1 : Les valeurs
« Toute société définit ce qui est bien et mal, beau et laid, honorable et honteux, agréable et
désagréable [...]. Lorsque l’on dit à un enfant qui s’est mal conduit : « Tu n’as pas honte, c’est laid ce
que tu as fait ! », on lui inculque les valeurs et les normes de sa société et on l’habitue à en respecter
les mœurs, sans pouvoir pour autant lui en proposer d’autre justification que l’évidence. Chacun doit
« sentir » ce qui est bien et ce qui est mal. [...] Une valeur s’impose à l’individu comme une évidence
et un absolu, qu’on peut affiner mais qu’on ne peut, normalement, remettre en question.
Bien sûr, les valeurs varient avec les civilisations et, à l’intérieur d’une même civilisation, avec les
groupes et catégories sociales. […]
Les valeurs s’organisent en un « idéal » que la société propose à ses membres [...]. Cet idéal oriente les
pensées et les actes [...]. Dans une société donnée, les valeurs s’organisent en un système ou une
échelle de valeurs (ethos) qui doit avoir une certaine cohérence ; même s’il comporte certaines
contradictions. »
Henri Mendras, Eléments de sociologie, Armand Colin, 1997.
Question 1 : Qu’est-ce qu’une valeur ?
A partir du texte :
– choses qu'on doit et ne doit pas faire
– pas possible apparemment de le remettre en question « sans pouvoir pour autant lui proposer
d'autre justification que l'évidence »
– « senti »
– pas le choix, s'impose à l'individu
– certaines contradictions : liberté peut aller à l'encontre d'égalité par exemple
Les valeurs sont des notions abstraites, des idéaux, des buts moraux, des objectifs à atteindre
intériorisés par les membres d’une société ou d'un groupe social donné et qui se manifestent
concrètement dans leurs manières de penser, de sentir, d’agir. Les valeurs orientent, guident les
conduites, actions des individus. Les valeurs se situent au niveau général.
Question 2 : Illustrez la phrase en italique d’un exemple.
9
Document 2 : Les normes
« Supposons qu’une dizaine de personnes, réunies dans une salle, soient toutes de l’avis que fumer la
cigarette est mauvais pour la santé. C’est une opinion que tous partagent […] et cela signifie qu’on ne
devrait pas fumer. Mais est-ce une norme ? Pas nécessairement : en effet, il y a une différence radicale
entre cette situation et celle d’une salle de classe où l’on ne doit pas fumer. La différence, c’est qu’en
principe, si on fume dans une salle de classe, on s’expose à des sanctions. Ces sanctions peuvent être
prévues dans le règlement, ou elles peuvent simplement entraîner la désapprobation de ceux qui
entoure le contrevenant : si quelqu’un tire une cigarette et l’allume, les gens se retournent avec un air
désapprobateur, et dans beaucoup de cas, cela suffit pour que le « coupable » éteigne sa cigarette [...].
Les règles que se fixe un groupe, et qui servent à atteindre certains objectifs du groupe […]
s’intériorisent dans l’esprit des individus membres de ce groupe et elles disposent de sanctions pour
les garantir. »
H. Mendras, op. cit.
Question 1 : A quoi reconnaît-on une norme ? Déduisez-en une définition de ce terme.
Une norme se reconnaît à l'existence de sanctions si elle n'est pas respectée. Ces sanctions peuvent
être sociales ou légales car il existe des normes sociales et des normes légales.
=> Les normes sont des règles explicites ou implicites, qui orientent le comportement des individus
conformément aux valeurs de la société ou du groupe social auxquels ils appartiennent. Enfreindre une
norme, c'est s'exposer à des sanctions. Une norme précise les règles de vie en société et le
comportement attendu des individus au sein d’une collectivité. On peut distinguer les normes légales,
juridiques, écrites, des normes sociales, qui sont le plus souvent implicites et reposent sur la tradition.
Question 2 : Quel lien pouvez-vous établir entre valeurs et normes ?
Les normes sont le moyen d'atteindre les valeurs : ainsi dans le cas présenté ici valeur à atteindre est
le respect d'autrui (de sa santé) et la norme est le fait de ne pas fumer. Les normes sont des applications
des valeurs, elles en découlent
Exercice d’application : comprendre la différence entre valeurs et normes
Faire un tableau et le faire remplir par un élève.
Etre respectueux (valeur)
Manger avec des couverts (norme sociale)
Honnêteté (valeur)
Ne pas couper la parole (norme sociale)
Trier ses déchets (norme)
Respecter l'environnement (valeur)
Etre ponctuel à son travail ( norme)
Etre tolérant (valeur)
=> Bien dire :
• à chaque fois que c'est un but qui vous semble bon dans beaucoup de situations, il s'agit d'une
valeur
• quand il s'agit d'une chose qui pourrait être dans un règlement c'est une norme
• quand il y a sanction => norme.
Bilan : Complétez le texte à l’aide des mots suivants :
« abstraites », « normes », « mort », « socialisation », « repères », « conduites », « valeurs »,
« concrétisent », « intérioriser », « naissance », « bien et mal ».
La socialisation est le processus débutant à la naissance se poursuivant toute la vie pour
10
s’achever à la mort Ce mécanisme permet aux individus d’apprendre et d'intérioriser les
normes et les valeurs de la société dans laquelle ils vivent. On définit une valeur comme une
manière d’être ou d’agir qu’une société propose comme idéale à ses membres. La société
détermine par exemple ce qui est bien et mal, honorable et déshonorable, agréable et
désagréable, beau et laid..
Les valeurs demeurent abstraites, elles nous offrent des repères, mais ne nous indiquent pas
précisément comment agir dans une situation donnée. Les valeurs se concrétisent dans des
normes.
Les normes sont des règles plus ou moins contraignantes, généralement non écrites, qui fixent
les conduites qu’une société attend de ses membres conformément à son système de valeurs.
B. Les instances de socialisation
1/ La famille est la première institution qui prend en charge la socialisation primaire...
Doc 1 p. 210 Nathan : Quel rôle pour la famille ?
Question 1 : Peut-on dire que la famille est de manière immuable un agent de la socialisation
primaire ? Comment l'auteur le démontre-t-il ?
Immuable = permanent, qui ne change pas.
Le rôle de la famille reste toujours important. (« 3 français sur 4 considéraient que le ''devoir
des parents est de faire de leur mieux pour leurs enfants'' »). La famille demeure un agent de
socialisation primaire central.
La famille est l’instance qui joue le rôle le plus important, la socialisation familiale laisse en
général une empreinte très forte, difficile à remettre en cause par la suite car :
-C’est le premier agent à intervenir dans la vie de l’enfant, au moment où il est
certainement le plus influençable
-Dimension affective (on aime ses parents et donc on veut les satisfaire)
Déchaux le montre en se basant sur une enquête par sondage de Nicolas Herpin qui lui permet
de quantifier l'opinion des personnes interrogées : ici, 75% des personnes en 1999 considèrent
que « le devoir des parents est de faire au mieux etc. » => il s'agit de sociologie quantitative.
Question 2 : Quels sont, selon l'auteur, les changements importants survenus dans la
socialisation par la famille ?
La famille ne joue plus exactement le même rôle qu'auparavant : changement des buts (des
valeurs) à atteindre : passage d'obéissance au respect d'autrui, tolérance... Remise en
question de l'asymétrie parents / enfants sur laquelle était fondée l'autorité. Le
fonctionnement de la famille est devenu plus démocratique. Cela a des conséquences sur le
reste de la société, notamment sur l'école et le milieu professionnel.
Attention, on ne peut pas réellement de déclin de la famille ou d'affaiblissement du rôle
socialisateur de la famille mais plutôt de mutation dans le rôle socialisateur de la famille.
Question 3 : Peut-on donc dire que la socialisation n'est pas une reproduction à
l'identique ?
Oui, car comme nous l'avons vu, le rôle de la famille a déjà connu de profonds changements.
Comme la socialisation dépend de l'environnement social donc plus globalement de la société
qui entoure l'individu quand la société change, la socialisation également et l'identité de
l'individu aussi !
11
Doc. 1 p. 220 Manuel Hatier

Instances ou agents de socialisation : les différentes entités qui participent à la
socialisation des individus. Elles jouent des rôles complémentaires mais aussi parfois
concurrents, voire contradictoires.
Point pour améliorer le cours :
-être plus précise concernant l'évolution du rôle de la famille, c'était un peu vague...leur faire un point sur les
travaux de de Singly ?
2/... suivie par l'école ...
Commencer par un brainstorming : quels sont les rôles, les missions de l’école ?
Doc 2 p. 211 Nathan : « Une transmission des normes »
Question 4 : Quel est selon DKH le rôle de l'éducation ?
Deux fonctions de l'éducation :
1/Intégrer l'individu dans la société dans laquelle il vit et dans le groupe social dans lequel il
naît.
2/Permettre une homogénéité entre les individus pour que la société puisse bien exister par
la transmission d'un certain nombre de valeurs et normes communes. Si les individus ne se
ressemblent pas un minimum, il n'est pas possible de s'entendre entre eux et de faire société.
Quelle institution fait cela ? L'école => à la base de l'école républicaine au moment où DKH
écrit : fondation de l'école républicaine qui va porter ce projet.
Le rôle traditionnel de l’école : la transmission d’une culture commune. L’ « école
républicaine », celle qui s’est construite au cours de la 3è République, en particulier avec les
lois de Jules Ferry rendant la scolarité obligatoire, est d’abord celle qui a comme objectif de
« fabriquer des bons français ». Elle a imposé la langue française au détriment des langues
régionales de manière très systématique. Elle a valorisé la science et la raison, et à travers elles,
l’idée d’une culture universelle dépassant les particularismes religieux. Elle a diffusé tout un
ensemble de valeurs patriotiques (les grandes dates de l’histoire de France, les « grands
hommes », le drapeau français, la Révolution française, etc) qui ont contribué à construire
réellement la Nation française : les enfants, une fois passés par l’école, avaient à la fois une
langue, des références culturelles et des racines historiques communes, quelle que soit leur
origine sociale, régionale, religieuse ou ethnique. On mesure à quel point ce fonctionnement
était en effet intégrateur.
3/Toutefois dans les sociétés modernes, rôle de l'école a changé:
Il arrive un moment (après la troisième) où tout le monde fait un parcours différent : vous vous
êtes en filière ES, d'autres de vos camarades sont en LP... parce que vous allez exercer des
métiers différents. => l'éducation doit aussi former aux métiers que vous allez exercer.=>
socialisation n'est pas uniforme. L'école prépare donc à la vie active. L’école prépare à l’entrée
dans le monde du travail en dispensant des qualifications et en les validant par des diplômes.
Le diplôme, c’est la reconnaissance de capacités et donc d’une sorte « d’utilité sociale », mais
c’est aussi le début de l’appartenance à un monde professionnel.
12
Question 5 : Qui en détermine le contenu ?
Pour DKH, c'est la société dans son ensemble et chaque milieu social particulier qui détermine
le contenu de l'éducation. Ce sont les générations adultes qui déterminent l'éducation. Mais
par quel biais exactement ? L'Etat détermine le contenu de l'éducation => l'Etat est donc
indispensable à la solidarité car il permet d'inculquer une éducation commune et un minimum
de ressemblance.
Question 6 : Pourquoi la transmission est-elle essentielle pour la vie en société ?
Transmission est nécessaire à l'individu car permet à l'individu d'avoir une place dans la
société : d'avoir un rôle. Elle permet également d'homogénéiser le comportement des
individus et donc, la socialisation permet le vivre ensemble.
Pour DKH :
Eventuellement : Quelle différence ferait-on entre éducation et socialisation ?
Pour DKH, éducation = socialisation. Maintenant, sens différent : éducation renvoie à l'école, il s'agit
d'une une visée consciente envers un éduqué alors que socialisation est plus large et peut être plus
diffuse = permet d'intégrer l'individu à son environnement ; or, plus que des savoirs il s'agit de manière
d'être
PAR EXEMPLE : par exemple si votre grand frère écoute de la musique ce n'est pas pour vous éduquer,
il ne peut pas vous imposer d'aimer tel ou tel style de musique mais cela vous socialise à tel ou tel type
de musique.
Document : Article L111-1 du Code de l’éducation
 Modifié par LOI n°2013-595 du 8 juillet 2013 - art. 2
L'éducation est la première priorité nationale. Le service public de l'éducation est conçu et organisé en
fonction des élèves et des étudiants. Il contribue à l'égalité des chances et à lutter contre les inégalités
sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Il reconnaît que tous les enfants
partagent la capacité d'apprendre et de progresser. Il veille à l'inclusion scolaire de tous les enfants,
sans aucune distinction. Il veille également à la mixité sociale des publics scolarisés au sein des
établissements d'enseignement. Pour garantir la réussite de tous, l'école se construit avec la
participation des parents, quelle que soit leur origine sociale. Elle s'enrichit et se conforte par le
dialogue et la coopération entre tous les acteurs de la communauté éducative.
Outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à l'école de faire
partager aux élèves les valeurs de la République. Le service public de l'éducation fait acquérir à tous
les élèves le respect de l'égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité. Par
son organisation et ses méthodes, comme par la formation des maîtres qui y enseignent, il favorise la
coopération entre les élèves.
Dans l'exercice de leurs fonctions, les personnels mettent en oeuvre ces valeurs.
Le droit à l'éducation est garanti à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité, d'élever
son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle, d'exercer
sa citoyenneté.
Pour garantir ce droit dans le respect de l'égalité des chances, des aides sont attribuées aux élèves et
aux étudiants selon leurs ressources et leurs mérites. La répartition des moyens du service public de
l'éducation tient compte des différences de situation, notamment en matière économique et sociale.
Elle a pour but de renforcer l'encadrement des élèves dans les écoles et établissements
d'enseignement situés dans des zones d'environnement social défavorisé et des zones d'habitat
dispersé, et de permettre de façon générale aux élèves en difficulté, quelle qu'en soit l'origine, en
particulier de santé, de bénéficier d'actions de soutien individualisé.
L'école garantit à tous les élèves l'apprentissage et la maîtrise de la langue française.
13
L'acquisition d'une culture générale et d'une qualification reconnue est assurée à tous les jeunes,
quelle que soit leur origine sociale, culturelle ou géographique.
Source : www.legifrance.gouv.fr
1. En quoi l’école est-elle une instance de socialisation ?
2. Quelles sont les valeurs que l’école est censée transmettre ?
L’école est une institution qui doit instituer un ensemble de valeurs, un ordre social, un type de
citoyenneté. C’est un lieu d’intégration pour 4 raisons :
- Un lieu d’apprentissage des normes et valeurs d’une société : on apprend à vivre en groupe, arrivée
à l’heure, la politesse, on apprend le français… au moyen du maître mais aussi au contact du groupe
de pairs.
- Un lieu d’apprentissage de la citoyenneté (qualité de celui qui est membre d’une communauté
politique démocratiquement organisée) : apprentissage de la langue, du fonctionnement des
institutions, d’un mode d’expression,
- Lieu de formation d’où intégration sur le marché du travail. Mais attention c’est lieu très sélectif.
- Lien social entre pairs.
L’objectif de l’école est de construire des individus qui aient un minimum de points communs : langue,
sentiment d’appartenir à une nation,…
3. Des socialisations cohérentes ? / La socialisation par les pairs
Doc 12 distribué : « Un groupe de jeunes dans la cité »
Question 1. Qu'est-ce qu'un groupe de pairs ?
Les groupes de pairs en sociologie, sont des groupes de personnes ayant un même niveau statutaire :
groupes d'élèves, d'amis, membres d'un club de sport jouent un rôle dans la socialisation des enfants.
Question 2. Dans ce texte, quels termes montrent l'importance de l'appartenance à ce groupe de pairs ?
Cf passages soulignés dans le texte.
Question 3. Quel rôle socialisateur peut jouer le groupe de pairs ?
LE GROUPE DE PAIRS (= le groupe de semblables) peut lui parfois jouer un rôle socialisateur
extrêmement important car il peut inculquer des valeurs opposée à celle qui sont en vigueur dans le
reste de la société, comme dans le cas des « bandes » (cf. chapitre sur la déviance). Il relève de la
socialisation primaire et secondaire, tout dépend de l'âge de l'individu socialisé.
Doc 8 p 188 Manuel Magnard
Question 1 : Quelles sont les instances de socialisation évoquées ici ?
Il s'agit de la famille (le père) et du groupe de pairs (les amis)
Question 2 : En quoi peut-on dire que Paul-André a des goûts contradictoires ?
Les goûts de Paul-André peuvent être considérés comme contradictoires dans la mesure où, d’une part,
il dit ne pas aimer les films trop manichéens (« Et avec le gentil qui se bat contre les méchants quoi »)
alors qu’il a apprécié un film spécifiquement pour cela (« j’aime bien le combat du bien contre le mal !
») ; et, d’autre part, il apprécie des films qui sont des blockbusters commerciaux (American Pie) tout en
critiquant ceux-ci pour cette raison (« c’est pour faire d’l’argent quoi »). De manière plus générale, il y
a une contradiction concernant son goût pour les films d'auteurs et son goût pour les blockbusters. En
général, le public pour ces deux types de films est différent.
Question 3 : Comment peut-on les expliquer ?
On peut expliquer ces goûts contradictoires par l’effet contraire des deux instances de socialisations :
son groupe de pairs l’incite à aller voir des films commerciaux tandis que son père l’incite à mépriser
14
ceux-ci au profit des films d’auteurs.
Bilan :
 Plusieurs institutions prennent en charge la socialisation primaire (= la socialisation de
l'enfant) :
1/ LA FAMILLE :
La famille a connu de profonds bouleversements depuis quelques décennies (famille recomposée,
monoparentalité, homoparentalité...). Son rôle dans la socialisation primaire reste toutefois important :
à sa naissance, l'enfant est réceptif et ne peut prendre aucun recul sur les savoirs qui lui sont transmis.
2/ L'ECOLE :
Il s'agit d'une grande nouveauté car nous sommes passés depuis le XIXème d'une école réservée à une
élite à une école de masse.
3/ En plus de la famille et de l'école, ce qu'on appelle les groupes de pairs en sociologie, c'est à dire les
groupes de personnes ayant un même niveau statutaire : groupes d'élèves, d'amis, membres d'un club
de sport jouent un rôle dans la socialisation des enfants. LE GROUPE DE PAIRS (= le groupe de
semblables) peut lui parfois jouer un rôle socialisateur extrêmement important car il peut inculquer
des valeurs opposée à celle qui sont en vigueur dans le reste de la société, comme dans le cas des
« bandes » (cf. chapitre sur la déviance).
 L'ensemble de ces agents socialisateurs/de la socialisation assurent la cohésion du groupe en
inculquant aux jeunes individus :
1/ LES VALEURS en fournissant une grille d'interprétation du monde similaire (un même phénomène
ou comportement sera jugé de la même manière par tous).
2/ LES NORMES qui permettent d'atteindre les valeurs (cf. définitions), règles de conduite qui appellent
une sanction lorsqu'elles ne sont pas respectées.
L'influence de ces différentes instances socialisatrices ne va pas toujours dans le même sens.
C. Les mécanismes de la socialisation
Selon quelles modalités se fait la socialisation ? Comment l’enfant en vient à intégrer et incorporer
l’ensemble de ces normes, valeurs et rôles ? Pas de consensus parmi les sociologues, on trouve deux
grandes tendances :
Document 2 p. 178 Bordas : La socialisation comme façonnage social
1. Comment l’enfant devient-il un être social ?
La société (notamment les parents et les maitres) lui impose des manières de voir, sentir, agir. La
socialisation se fait principalement par contrainte (injonction) pour Durkheim.
2. Quel serait le devenir d’un enfant qui n’aurait pas été façonné à l’image de son milieu social ?
S’il n’avait pas été façonné à l’image de son milieu social, l’enfant serait incapable de s’intégrer
pleinement dans la société, il subirait des moqueries, reproches, réprobation, et serai exclu (ex un
enfant qui ne se lave pas)
3. Question modifiée : par quels mécanismes l’enfant incorpore-t-il les normes et les valeurs de son
milieu ?
Par la contrainte. Chez Durkheim, la socialisation est décrite comme un façonnage, un dressage, dans
lequel l’enfant est passif.
Document : La socialisation et la construction de l’identité de l’enfant chez G.H Mead
La socialisation est le processus par lequel un enfant apprend à être un membre à part entière de la
société. L’analyse théorique la plus pénétrante de ce processus est sans doute celle de George Herbert
Mead, où la genèse du soi apparait comme se confondant avec la découverte de la société. L’enfant
découvre qui il est en apprenant ce qu’est la société. Il apprend à jouer avec les rôles qui sont les siens,
en apprenant, comme le dit Mead « à prendre le rôle de l’autre » - […] les enfants jouent à prendre
15
toutes sortes de rôles sociaux et, ce faisant, découvrent la signification de ceux qui leurs sont assignés.
Tout cet apprentissage se produit et ne peut se produire qu’en interaction avec d’autres êtres humains,
que ce soit les parents ou quiconque élève un enfant. L’enfant prend d’abord les rôles par rapport à
ceux que Mead appelle les « autres privilégiés », c'est-à-dire des personnes de son entourage familier,
dont les attitudes sont déterminantes pour la formation de sa conception de lui-même. Plus tard,
l’enfant apprend que les rôles qu’il joue n’ont pas seulement du sens pour son cercle intime, mais qu’ils
ont à voir avec les attentes de la société en général à son égard. Ce n’est pas seulement sa mère qui
attend de l’enfant qu’il soit gentil, propre, honnête, c’est la société dans son ensemble »
P.L. Berger, Invitation à la sociologie, La Découverte, 2006.
1. Comment s’opère la socialisation selon G.H. Mead ?
Par interaction avec les autres et notamment par l’intermédiaire du jeu : c’est en jouant à imiter le rôle
des autres que l’enfant découvre qui il est et quel est son rôle. Il commence par imiter les rôles des
personnes les plus proches de lui (parents, instituteurs « jouer à la maitresse »). Il comprend ensuite
que ces rôles ne sont pas qu’un jeu mais correspondent aux attentes de la société.
2. Quelle différence principale peut-on noter avec la conception de la socialisation chez Durkheim ?
L’enfant est actif et pas passif.
Bilan :
 Certains sociologues insistent sur le fait que la socialisation se fait sous forme d’inculcation, c'est à
dire lorsque l'agent de socialisation cherche volontairement à transmettre certaines normes ou
valeurs en usant notamment de sanctions négatives (punitions) ou positives (récompenses,
encouragements), et de contrainte : les adultes jouent un rôle dominant et l’enfant est plutôt passif.
C’est l’analyse d’Emile Durkheim par exemple.
Chez Durkheim, le contrôle social est un mécanisme clé de la socialisation. Contrôle social =
ensemble des ressources matérielles et symboliques dont dispose une société pour assurer la
conformité du comportement de ses membres à un ensemble de règles et de principes prescrits et
sanctionnés. Le contrôle social est à la fois formel et informel. Peut venir de l’extérieur mais aussi
de soi : autocontrôle ou contrôle social interne.
 D’autres mettent en avant le rôle actif de l’enfant dans la construction de son identité : la
socialisation se fait davantage par interaction et par imitation. C’est en imitant les autres que
l’enfant prend conscience de son rôle et construit son identité.
La socialisation n’est donc pas qu’un façonnage, une inculcation, c’est aussi un processus par lequel
l’individu construit aussi sa propre identité individuelle.
Transition : SOCIALISATION PRIMAIRE SE FAIT PAR L'INTERIORISATION PROGRESSIVE DES NORMES,
VALEURS ET ROLES. LE SOCIALISE N'EST PAS UN SIMPLE RECEPTACLE PASSIF. La socialisation diffère en
fonction du sexe et du milieu social
II. La socialisation est-elle la même pour tous ?
A. La socialisation est sexuée
1. « La famille fait des différences » entre filles et garçons
Document : Unique en son genre
Doc. 2 p. 224 Manuel Hatier : Socialisation de genre
2. Les activités sportives pratiquées, le programme télévisé regardé, le fait de jouer beaucoup ou peu
aux jeux vidéos sont des aspects qui distinguent clairement les filles et les garçons à l’adolescence.
16
 Stéréotype : une opinion partagée de manière quasi unanime par un groupe social et qui fait
office de jugement sur un type ou un groupe d’individus. Proche d’idée de préjugé ou d’idée
reçue.
Vidéo « Bienvenue dans la vraie vie des femmes ».
http://www.dailymotion.com/video/xn66mb_bienvenue-dans-la-vraie-vie-desfemmes_news#.UL8Pmu-p64k
Question 1. Analyser. Quel est l'objectif des activités proposées aux filles et aux garçons dans les écoles
suédoises ? Pourquoi ces activités sont-elles non mixtes ?
L'objectif est de « libérer les enfants des rôles que la société attend d'eux ». « Dans les écoles suédoises,
on invite les filles à s'affirmer, à s'exprimer et les garçons à entrer en relation autrement. » Cela passe
par des activités proposées aux filles habituellement proposées aux garçons (utiliser un marteau par
exemple), et inversement (les massages pour les garçons) mais aussi par le fait de valoriser des qualités
considérées comme masculines : le fait d'être musclée.
Attention, une des institutrices précise que l'objectif n'est pas de transformer les garçons en
petites filles ou de créer un troisième sexe mais il s'agit de remettre en question les rôles
associés aux filles et aux garçons.
Pourquoi ces activités sont-elles non mixtes ? Pour éviter que les interactions entre filles et
garçons ne reproduisent des comportements stéréotypés. Cf ce qu'il se passe dans la cour de
récréation.
Question 2. Décrire. Relevez dans le documentaire les comportements, attitudes ou pratiques
qui sont valorisées chez les filles et les garçons en France.
« Les garçons sont vus comme des bricoleurs nés et les filles sont douées pour le ménage. »
On attend des filles qu'elles soient plus calmes, plus sensibles, plus bavardes, qu'elles
s'habillent en rose. Les garçons sont perçus comme plus intrépides, beaucoup plus actifs,
courageux, sportifs...
Question 3. Expliquer. Expliquer par quels processus concrets les enfants intériorisent ces
comportements valorisés.
Les enfants vont se baser sur l'observation de leur famille mais aussi s'appuyer sur les
représentations véhiculées par les jeux proposés aux filles et aux garçons (on parle de jeux
d'imitation dans le cas des tables à repasser...) mais aussi par les histoires pour enfants, les
publicités et les films. L'ensemble de ces éléments véhiculent des représentations des rôles
féminins et masculins qui ne prennent pas en compte l'évolution de ces rôles.
Question 4. Expliquer. Quel est le rôle de la famille dans la fabrique des filles et des
garçons selon la sociologue Marie Duru-Bellat ?
Ce sont surtout les pères qui font la différence entre les filles et les garçons. En effet, les études
sociologiques montrent que les hommes se montrent globalement plus attachés que les
femmes au respect des normes culturelles relatives aux rôles sexués. Les filles et les garçons ne sont
pas élevés de la même manière, dès la naissance, ils ne sont pas stimulés de la même manière, on
n'attend pas les mêmes choses de la part des filles et des garçons. En 1976, une expérience de
psychologie a été menée auprès de deux groupes de cent étudiants . Au premier groupe, il leur a été
montré le film d'un bébé qui crie à la vue d'un pantin sortant de sa boîte, en leur disant qu'il s'agit d'un
garçon. Au deuxième groupe, le même film a été projeté, en désignant le même bébé comme une fille.
On a ensuite demandé aux spectateurs d'interpréter les cris du nourrisson. "Il est en colère" sera la
17
réponse majoritaire dans le premier cas ; "elle a peur", dans le second.
Plusieurs études récentes soulignent en effet combien les relations entre la mère et son nouveau-né,
dès les premiers jours de sa vie, varient selon son sexe, un bébé garçon recevrait plus de caresses
d'apaisement, elle, plus de paroles et de sourires... Plus étonnant encore : il y a une quinzaine d'années,
une équipe de médecins français a montré qu'une mère, tout de suite après l'accouchement, ne prenait
pas son bébé dans les bras de la même manière selon qu'il était fille ou garçon ! Ensuite viendront le
père, la famille, l'entourage proche. Autant de femmes et d'hommes qui, tous, imprimeront à l'enfant
le stéréotype de leur propre genre - ou de l'autre. Un "effet différenciateur" qui se reflétera dans leurs
propos ("Un garçon ne pleure pas", "Une fille ne se bat pas"), dans leurs exigences (elle reçoit plus de
pressions pour être obéissante et responsable, lui pour réussir et être autonome), dans les activités
qu'ils lui proposeront.
Question 5. Expliquer. Que signifie cette phrase de la philosophe Simone de Beauvoir : « on ne naît
pas femme, on le devient » ?
On se construit comme un garçon ou comme une fille. Les rôles féminins et masculins sont des
construits sociaux, ils vont bien au delà des différences biologiques. Ces rôles n'ont rien de naturels,
ils sont le produit de la socialisation mais comme ils sont inculqués très tôt, ils paraissent naturels,
innés.
Notion de rôle social : ensemble des attitudes, et des comportements que la société attend d’un
individu en fonction de la situation sociale qu’il occupe à un moment donné : son statut.
La sociologie opère une distinction entre le sexe et le genre. On peut dire que le sexe correspond au
sexe biologique de l'enfant alors que le genre correspond au rôle social qui lui attaché, il s'agit en
quelque sorte du sexe social, celui ci est socialement construit. Le sexe relève de l'inné, du biologique
alors que le genre est acquis par le processus de socialisation qui transmet les stéréotypes et attentes
liés au sexe biologique. Le genre est donc une construction sociale. D'où l'affirmation de Simone de
Beauvoir.
2. La rencontre entre la socialisation familiale et l’école
Doc. 3 p. 225 Manuel Hatier : « Les profs consacrent plus de temps aux garçons »
1. Les stéréotypes qu’on peut dégager sont que les garçons sont plutôt turbulents et concernés par les
disciplines scientifiques, alors que les filles sont plutôt sages et concernées par les disciplines littéraires.
2. Ces stéréotypes scolaires renforcent ceux hérités de la socialisation familiale, parce qu’ils sont
congruents. La sagesse et le goût pour les matières littéraires renvoient aux activités « du dedans »,
relatives à l’intérêt porté à soi et aux autres qu’on attribue aux filles. L’agitation et le goût pour les
matières scientifiques renvoient aux activités « du dehors », et à l’intérêt pour la manipulation,
l’invention, la mobilité, associées aux garçons comme le dit le document 2.
3. On sait que la proportion de filles est plus importante en première L et ES qu’en première S
(respectivement et approximativement 80 % de filles en L, 60 % en ES et 45 % en S en 2009 d’après le
MEN). Mais les différences sont encore plus parlantes au niveau des CAP-BEP : les groupes de
spécialités « matériaux souples » (qui sont les tissus…), secrétariat-bureautique, sanitaire et social,
coiffure, esthétique, services aux personnes, comptent plus de 90 % de filles en classe de terminale…
Eventuellement :
Document : « Allez les filles ! »
Christian Baudelot et Roger Establet* expliquent le paradoxe de la meilleure réussite globale des filles
et de leur autosélection/élimination des filières d’excellence scientifique par une socialisation précoce
toujours différente de celle des garçons : dès la prime enfance, elles apprennent l’obéissance, la
docilité, l’attention à autrui, la persévérance dans la tâche, l’usage limité de l’espace ; ils apprennent
la compétition, l’affirmation du moi, l’usage somptuaire de l’espace. Elles sont donc mieux adaptées
18
aux exigences de l’école mais les garçons prennent le dessus quand la compétition s’avive et que se
précisent les choix professionnels. Les filles seraient plus enclines à se sous-estimer et les garçons à se
surévaluer dans les matières -mathématiques, physique, apprentissages techniques- et à l’âge l’adolescence- où s’affirment les identités sexuées. Elles tendraient donc à s’autoéliminer des filières
où dominent ses matières. Les enseignants renforceraient ce mécanisme en imputant leurs difficultés
dans ces matières à leur absence de dons, celles des garçons au manque de travail. L’inverse est
observé dans les matières connotées comme féminines.
*sociologues, auteurs notamment de « Allez les filles ! », édition du Seuil, 1992.
Catherine Marry, Filles et garçons à l'école in Agnès Van Zanten (dir), « L’école, l’état des savoirs, Paris,
La Découverte, 2000.
Question 1. Pourquoi les filles sont-elles à priori mieux adaptées au système scolaire ?
Les valeurs transmises aux filles les aident à mieux réussir à l’école que les garçons car elles ont appris
à être plus disciplinées, à respecter les consignes, à travailler avec plus d’attention et de régularité. En
effet les valeurs dans lesquelles sont socialisées les filles, à savoir l’obéissance, la docilité, l’attention à
autrui, la persévérance dans la tâche ou encore l’usage limité de l’espace sont conformes aux attentes
du système scolaire. Ces valeurs une fois intériorisées permettent de respecter les normes scolaires. La
qualité de la prise de note est par exemple généralement meilleure chez les filles.
Question 2. Selon les auteurs, quelles sont les matières connotées comme féminines ? Et celles
connotées comme masculines ? Comment le constate-t-on en pratique ?
Les mathématiques et plus généralement les sciences et les techniques sont associées au monde
masculin. Le français et plus généralement les matières littéraires (langues, sociologie, psychologie…)
au monde féminin. On le constate à travers la surestimation des garçons en sciences et inversement la
sous-estimation des filles dans ces matières. Et vice-versa pour les matières littéraires.
Question 3. En dehors des parents, qui peut également influencer le choix scolaire des filles ?
Les enseignants car ils auraient intériorisé les stéréotypes sexués et pourraient parfois décourager
inconsciemment les filles à s’identifier aux matières scientifiques au prétexte d’un manque supposé de
don.
Question 4. Pourquoi la socialisation risque-t-elle paradoxalement de limiter la réussite sociale des
filles ?
La socialisation des filles réduit leurs ambitions sociales de deux façons. D’abord parce qu’elles
risquent de se sous-estimer. Cette modestie est valorisée lors de la socialisation des filles. De plus, les
valeurs de docilité et d’attention à autrui les tournent vers les tâches d’exécution, d’autant plus que
les garçons sont éduqués a contrario avec les valeurs de compétition et d’affirmation de soi. Enfin parce
que les filles intériorisent leur futur statut de mère ou d’épouse et choisissent des métiers qui leur
permettront d’être facilement disponibles pour tenir les rôles familiaux attachés à ce statut : servir
leurs proches. Il y a ici un paradoxe car, bien que mieux dotées scolairement que les garçons, les filles
ne rentabiliseraient pas assez leur investissement scolaire.
B. La socialisation varie selon les milieux sociaux
1. La socialisation familiale marque l’empreinte du milieu social
La société est composée de différents groupes sociaux qui n'occupent pas les mêmes places et rôles
dans la société. Le contenu de la socialisation (les normes, valeurs et rôles transmis) varie d'un groupe
social à l'autre. La sociologie s'est intéressée aux différences entre les milieux sociaux. Différences qui
se traduisent par des rapports au corps, à l'alimentation différents mais aussi des normes et des valeurs
qui varient d'un milieu social à l'autre.
19
Document vidéo, Baisemains et mocassins, Documentaire d’Antoine Gallien, Arte, 2005.
Partie 1 : http://www.dailymotion.com/video/xblugg_baisemains-et-mocassins-montage-1_school
Du début à 2’43
Question 1. Observez la visite du musée, que font ces enfants, qu'apprennent-ils ? Quelles sont les
normes associées ?
Ils visitent un musée, ce sont les goûters culturels. Normes de maintien, de contrôle de soi, normes
vestimentaires.
Question 2. Quel en est l’intérêt ?
Développer la culture générale, favoriser l’entre-soi, préparer les rallyes.
Question 3. Comment pourrait-on appeler ce type de capital ?
Il s'agit du capital culturel.
Question 4. Pourquoi le bridge est-il une pratique importante selon le jeune garçon ? Que traduisent
ses postures physiques ?
Question 5. Discutez « N'importe qui peut faire ça » dit le jeune homme à propos du baise-main : qu'en
pensez-vous ?
Point sur la notion de capital chez Bourdieu : selon Bourdieu, la famille transmet un certain nombre
de capitaux définis comme un ensemble de ressources et de pouvoirs effectivement utilisables. On
distingue le capital économique (revenu, biens possédés, facteurs de production), le capital social cad
le réseau de relation sociale d’un individu et enfin le capital culturel. Le capital culturel peut exister
sous 3 formes :
-à l’état incorporé : culture que possède un individu et qu’il a acquis en y consacrant du temps. A la fois
hérité et acquis.
-à l’état objectivé : biens culturels (tableaux, livres, instruments)
-à l’état instituionnalisé : titres scolaires
Ces capitaux déterminent la position des individus dans l’espace social : plus ou moins dominants. Dans
l’exemple étudié, on a affaire à des dominants : capital éco + capital culturel + capital social important
(notion de capital global).
Document 2: Les activités culturelles pratiquées durant l'enfance en fonction du milieu social (8-12
ans)
PCS
du
père Lecture de livres
(ou de la mère si absent)
Cinéma
Visite
de
musée,
exposition
ou
monuments historiques
Cadres ou
libérales
professions 81
54
52
59
31
11
Ouvrier
Ensemble
64
36
21
Source : enquête « Transmissions Familiales », partie variable de l’Enquête Permanente sur les
Conditions de Vie d’octobre 2010, Insee.
Lecture : 31% des enfants d'ouvriers sont allés au cinéma lorsqu'ils avaient entre 8 et 12 ans et 64%
de l'ensemble des individus interrogés sont lus au moins un livre lorsqu'ils avaient entre 8 et 12 ans.
Question 1. Faîtes deux phrases avec les données en gras.
Selon l'Insee, 52% des enfants ayant un père cadre ou exerçant une profession libérale sont allés au
musée, voir une exposition ou visiter un monument historique lorsqu'ils avaient entre 8 et 12 ans. Ils
n'étaient que 11% pour les enfants d'ouvriers.
Question 2. Les activités culturelles pratiquées durant l'enfance dépendent-elles du milieu social ?
20
Illustrez par des chiffres.
Le document nous indique qu'il existe des différences dans les pratiques culturelles des enfants en
fonction de leur milieu social d'origine. On peut établir deux constats. Le premier est que les enfants
de cadres ont des pratiques culturelles plus fréquentes, ils sont plus nombreux à être allés au cinéma,
à avoir lu et à être allés voir une exposition que les enfants d'ouvriers (plus de la moitié des enfants de
cadres sont allés au cinéma ou voir une exposition durant leur enfance contre respectivement 31 et
11% pour les enfants d'ouvriers). D'autre part, ils n'ont pas les mêmes pratiques. Alors que près de la
moitié des enfants de cadre sont allés voir une exposition entre 8 et 12 ans, ils ne sont que 11% pour
les enfants d'ouvriers.
Doc. 2 p. 222 Hatier : Catégories sociales et rôle des jouets
1. Les deux grandes catégories de jouets présentés sont les jeux récréatifs et les jeux éducatifs.
2. Les jouets privilégiés par les parents pour leurs enfants dépendent du milieu social, les parents de
milieu favorisé préférant les jeux éducatifs. On constate alors que le rapport entre jeux et école est
différent selon les milieux sociaux.
2. La rencontre de la socialisation familiale avec l’école
Document : Le « bon français » à l’école
« De deux choses l'une : ou bien le discours scolaire, le « bon français » imposé par l'école primaire se
trouve dans le prolongement plus ou moins direct des discours tenus et entendus dans le milieu familial
d'origine et dans ce cas l'adaptation se fait aisément : c'est le cas des enfants de la bourgeoisie habitués
dès la prime enfance à parler, à entendre parler et à lire le «bon français » : dans la classe bourgeoise,
on «parle bien », on entretient avec le langage un rapport particulier : le langage y est le moyen par
excellence de la communication; sa maîtrise symbolique est encouragée (cf. le grand cas fait aux «mots
d'enfants») : l'enfant trempe dès sa naissance dans un bain de « beau langage », de sorte que
l'adaptation à la manipulation de la langue scolaire, même si elle diffère notablement de la langue
parlée dans la famille, est relativement facile l'enfant n'est pas dépaysé. Il apprend à lire et à écrire, s'il
ne le sait déjà.
Ou bien le «bon français» imposé par l'école primaire entre en contradiction avec les discours produits
dans la classe d'origine : c'est le cas des enfants des classes populaires. Cette contradiction peut
prendre concrètement deux formes; ou bien l'enfant ne sait pas parler parce que chez lui, on parle peu
ou pas ; ou bien (et c'est le cas le plus fréquent), il sait parler, mais il parle autrement et surtout, d'autre
chose. »
SOURCE : Christian Baudelot et Roger Establet, L'école capitaliste en France, 1971
Question 1. A quel niveau y a-t-il une différence de socialisation entre les enfants de milieux populaires
et de milieux bourgeois ?
Il existe une différence de socialisation au niveau du langage :
-dans les catégories supérieures (éviter « bourgeoisie », trop connotée les auteurs eux mêmes l'ont
abandonné car simplifie à l'extrême) : « bon français » et « bon sujets », c'est-à-dire que la socialisation
familiale (qui influe sur les manières d'être d'agir et de penser, bref sur l'identité influe aussi sur le
langage) de ces enfants les préparent à l'école.
-dans les catégories populaires, « il parle autrement et il parle d'autre chose » : socialisation familiale
produit un type de langage qui est plus en décalage avec l'école.
Question 2. Quelle conséquence cette différence a-t-elle pour les auteurs ?
Logiquement, les enfants des classes populaires devraient réussir moins bien à l'école que les enfants
des classes supérieures : maladresses à l'écrit, problèmes d'expression écrite, moins d'aisance à l'oral
(évoquer le privilège de l'aisance). Les enquêtes statistiques en sociologie le démontrent.
Question 3. Les inégalités économiques sont-elles les seules à séparer les groupes sociaux ?
Face à l'Ecole inégalités ne sont pas économiques mais davantage socio-culturelles. Mais souvent les
21
inégalités économiques et culturelles se recoupent. Cf Bourdieu : adéquation entre ce que l’école
valorise et le capital culturel transmis par les classes dominantes à leurs enfants. Exemple codes de
langage, les livres, la culture générale …. Si vos parents vous amènent régulièrement au théâtre, c’est
quand même plus facile de comprendre de quoi vous parlez quand vous faites le Théâtre en cours de
français. Csq : les enfants issus de classes dominantes réussissent mieux à l’école que ceux issus des
classes populaires -> meilleurs écoles, concours prestigieux … ils finissent par occuper les mêmes
positions sociales que leurs parents -> reproduction.
La transmission de ces capitaux est déterminante dans la trajectoire de l’individu. L’analyse de Bourdieu
a été critiquée car trop déterministe mais il reste que la socialisation primaire influe fortement sur la
socialisation secondaire …
Question 4. Ce constat vous semble-t-il toujours valable aujourd’hui ?
Compléter par un doc statistique sur les différences de réussite en fonction du milieu social.
Document : Rapport PISA 2013 : L’égalité des chances dans l’apprentissage
 En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus
marquée que dans la plupart des autres pays de l’OCDE ; le niveau de performance en
mathématiques y reste toutefois dans la moyenne des pays de l’OCDE.
 L’augmentation d’une unité de l’indice PISA de statut économique, social et culturel entraîne
une augmentation du score en mathématiques de 39 points, en moyenne, dans les pays de
l’OCDE, et de 57 points en France, soit l'augmentation la plus marquée de tous les pays de
l’OCDE.
 Le système d’éducation français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant
et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006 (43 points en 2003 contre
55 en 2006 et 57 points en 2012). En France, lorsque l’on appartient à un milieu défavorisé, on
a clairement aujourd’hui moins de chances de réussir qu’en 2003.
 Les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi
les élèves en difficulté. La proportion d’élèves issus de l’immigration se situant sous le niveau
2 en mathématiques lors du cycle PISA 2012 ne dépasse pas 16 % en Australie et au Canada,
mais atteint 43 % en France et globalement plus de 40 % uniquement en Autriche, en Finlande,
en Italie, au Mexique, au Portugal, en Espagne et en Suède.
 Même après contrôle du milieu socio-économique, en France, les élèves issus de l’immigration
accusent des scores inférieurs de 37 points à ceux des élèves autochtones, soit presque
l’équivalent d’une année d’études (contre 27 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE).
 En France, les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé n’obtiennent pas
seulement des résultats nettement inférieurs, ils sont aussi moins impliqués, attachés à leur
école, persévérants, et beaucoup plus anxieux par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE.
Source : Rapport du PISA 2012, http://www.oecd.org
Bilan sur la socialisation différenciée en fonction du milieu social : En famille, on intériorise les normes
sociales conformes au milieu social auquel on appartient. Les manières de se comporter, de se tenir
physiquement, de parler, de s'habiller, les pratiques culturelles varient en fonction des milieux sociaux,
cce qui peut avoir des conséquences sur la réussite à l'école. La socialisation familiale différenciée
produit des inégalités devant l'école selon le MILIEU SOCIAL :
-enfants de catégories supérieures connaissent une socialisation familiale plus conforme à celle
attendue par l'école => réussissent davantage
-enfants des catégories populaires en revanche sont moins socialisés à l'école : provoquent parfois
comportement de résistance et le plus souvent sentiment d'abandon.
Attention au pessimisme : cela ne veut pas dire que les élèves de milieu populaire ne peuvent pas
réussir à l’école.
22
III. De la socialisation primaire à la socialisation secondaire : ruptures
ou continuités ?
La socialisation n’est jamais terminée, l’identité des individus n’est pas figée à la sortie de l’enfance,
elle se construit tout au long de la vie : les adultes sont eux aussi socialisés. La socialisation
secondaire correspond donc à la poursuite du processus de socialisation à l’âge adulte.
A. La socialisation se prolonge à l’âge adulte
La socialisation se prolonge à l’âge adulte, mais avec des instances socialisatrices différentes. On peut
évoquer le rôle du milieu professionnel mais ici, nous nous intéresserons au couple.
Doc 1 p. 226 Hatier : La socialisation ne s’arrête pas à la fin de l’enfance
1. La socialisation secondaire est celle qui intervient à partir de l’âge adulte, quand l’individu devient
indépendant de ses parents. D’autres instances de socialisation entrent en jeu, puisque l’adulte a quitté
l’école, et que les parents ne jouent plus un rôle éducateur fondamental.
2. La base obligatoire de la socialisation secondaire est ce qu’est l’individu au moment où il devient
adulte, qui a déjà intériorisé des valeurs et les normes afférentes.
3. Par conséquent, la socialisation secondaire s’appuie sur cet état de l’individu, qu’elle ne pourra que
modifier, compléter, enrichir.
4. La socialisation primaire est la socialisation que vit l’individu de la naissance à l’arrivée à l’âge adulte,
quand il est dépendant de ses parents, et dans laquelle les instances de socialisation principales sont
la famille parentale et l’école.
Document 2 p. 226 Hatier : Se socialiser en couple (sauf 3)
1. La vie en couple socialise parce qu’elle construit « un univers partagé de référence et d’action », le
plus souvent de façon implicite. Peter Berger et Thomas Luckmann (La construction sociale de la réalité,
Armand Colin, 2006) parlent d’institutionnalisation de pratiques au sein du couple :
– premier temps : je vois qu’il cuisine, je vais mettre la table… ;
– second temps : il a l’habitude de cuisiner et moi de mettre la table… ;
– troisième temps : c’est lui qui cuisine et moi qui mets la table.
Le partage des tâches est devenu institution.
Au cours de la socialisation primaire, chacun a intériorisé des normes qui peuvent être différentes
(parce que pas le même milieu social). Par exemple : vous avez peut être fait l'expérience d'aller dans
famille de vos amis et de ne pas y trouver les mêmes normes que dans la vôtre : là on met les couverts
de telle sorte vous non ; là on attend tous avant de manger etc. Donc pour que le couple puisse
perdurer il va falloir harmoniser les normes (« trouver un compromis »). Plus facile d'harmoniser quand
les normes se ressemblent => plus facile d'être avec quelqu'un de son même milieu social => souvent
même chose.
2. La socialisation conjugale est plus « participative » puisque les deux conjoints définissent les
contenus de la socialisation, de façon partagée pour ne pas dire égalitaire. Mais cette définition est très
largement implicite, alors que les parents éduquent explicitement leur enfant, ce dont celui-ci a
conscience.
4. Un exemple évident est la consommation alimentaire, qui fait tant débat dans les familles lors des
repas dominicaux, et est, dans l’imaginaire collectif, source de conflits sans fin entre belle-mère et
belle-fille.
Eventuellement : Doc 3 p. 227 Hatier
1. 24 % des salariés du secteur privé âgés de 30 à 60 ans interrogés ont travaillé dans 4 ou 5 entreprises
différentes depuis la fin de leurs études.
23
2. D’après le sondage réalisé, 87 % (100 - 13, puisque 13 % des salariés interrogés n’ont connu qu’une
seule entreprise) des salariés ont changé d’entreprise depuis la fin de leurs études.
3. Changer d’entreprise entraîne une nouvelle phase de socialisation parce qu’il faut apprendre des
normes, des comportements, des attitudes spécifiques à cette organisation humaine et sociale
nouvelle pour l’individu. Les habitudes en matière d’organisation du travail, mais aussi nombre de
gestes de la vie quotidienne sont spécifiques à chaque organisation, sans parler d’une éventuelle «
culture d’entreprise ».
=> EXISTENCE D'UNE SOCIALISATION D'ADULTE PLUS DIFFUSE ET PLUS IMPLICITE QUE LA
SOCIALISATION PRIMAIRE MAIS TRES STRUCTURANTE AU NIVEAU DE LA SPHERE PROFESSIONNELLE
ET SHPERE CONJUGALE QUI PEUT CHANGER LA SOCIALISATION PRIMAIRE.
Transition : La question qui se pose désormais est celle de l’articulation entre socialisation primaire et
socialisation secondaire. Deux cas possibles :
-Prolongement : La socialisation secondaire se fait dans le prolongement de la socialisation primaire :
les valeurs, normes et rôles intégrés par l’individu pendant son enfance ne sont pas remis en cause.
-Rupture : par exemple pour les individus qui connaissent une forte mobilité géographique ou sociale.
Ex : le cas des immigrés qui doivent s’intégrer dans une nouvelle société, ou un fils d’ouvrier qui devient
cadre.
B. Tel(le) père (mère), tel(le) fils (fille) ?
Les effets de la socialisation primaire sont particulièrement forts et se retrouvent largement à l’âge
adulte : le plus souvent, la socialisation secondaire s’appuie sur la socialisation secondaire et la
complète. (= prolongement) Ici, on va aborder la question de la reproduction sociale à travers la
persistance de la socialisation primaire.
Doc. 4 p. 227 Hatier : Conséquences des socialisations différenciées
1. Les inégalités d’accès aux emplois de cadre selon l’origine sociale se sont accrues, selon le second
paragraphe du document.
2. Les femmes sont doublement pénalisées dans l’accès aux emplois de cadres. D’abord, les femmes,
à niveau de diplôme égal, ont moins de chance qu’un homme d’obtenir un emploi de cadre. Ensuite,
les inégalités d’accès selon l’origine sociale s’accroissent pour les femmes avec l’allongement des
études, alors qu’elles se réduisent pour les hommes.
Comment l’expliquer ?
Reproduction sociale = processus par lequel les positions sociales se perpétuent dans le temps, de
génération en génération.
La reproduction sociale se voit dans le cas de « stars » ou personnages politiques de premier plan, mais
aussi de manière globale dans la société : un fils de cadre a beaucoup plus de chances de devenir cadre
qu’un fils d’ouvrier.
Comment expliquer la reproduction sociale ?
L’héritage transmis par la famille contribue à la reproduction sociale. Pour Pierre BOURDIEU, la famille
transmet trois types de capitaux qui favorisent la reproduction sociale
Le capital économique : comprends les revenus et patrimoine. Favorise par exemple la reproduction
chez les commerçants et les industriels-> les enfants héritent de l’entreprise. (ex : Leclerc)
Le capital culturel : les ressources culturelles possédées par les individus
-Capital culturel objectivé : livres, œuvres d’art …
-Capital culturel incorporé : habitus. Exemple : connaissance des codes culturels de la bourgeoisie à
table …)
-Capital culturel institutionnalisé : diplômes.
24
Le capital social : relations que peut utiliser un individu (idée du « piston »). Il facilite l’entrée dans
certains milieux où l’argent et le diplôme ne suffisent pas -> (ex Delon, Noah mais aussi la politique)
Pour BOURDIEU le capital culturel serait déterminant dans la réussite scolaire : Les Héritiers 1964
écrit avec JC PASSERON. Or, la réussite scolaire détermine la position sociale future.
Synthèse :
C. Des ruptures possibles : une reconstruction de l’identité à l’âge adulte
La socialisation primaire influence la socialisation secondaire mais des ruptures sont possibles : il peut
y avoir des reconstructions d’identité au cours de la socialisation secondaire.
Document : La socialisation anticipatrice :
Merton s'interroger sur le phénomène suivant : pourquoi certains individus, dans certaines situations,
se définissent-ils ou se réfèrent-ils positivement à un groupe social qui n'est pas leur groupe
d'appartenance ? Les exemple abondent : les petites filles qui trouvent « cloche » de jouer à la poupée
et préfèrent courir les bois avec leurs frères ; les enfants d'immigrés qui refusent les traditions et
valorisent les attitudes de leurs copains autochtones ; les ouvriers qui suivent des cours comme les
techniciens de leur entreprise ; les étudiants qui préfèrent les « petits boulots » aux cours de la
faculté...[...]
Une esquisse de cette réponse est apportée par l'auteur lui-même avec la notion de socialisation
anticipatrice. Il s'agit du processus par lequel un individu apprend et intériorise les valeurs d'un
groupe (de référence) auquel il désire appartenir. Cette socialisation l'aide à « se hisser dans ce
groupe » et devrait « faciliter son adaptation au sein du groupe ». Que se passe-t-il si la plupart des
individus tend à s'identifier non au groupe d'appartenance mais de référence ? Plusieurs solutions sont
possibles, dont en particulier, celle où tous finissent par partager les normes du groupe de référence
et certains s'y intègrent, les autres restant amers et exclus, et celle où les valeurs partagées sont un
mixte de valeurs dominantes et des valeurs partagées par le groupe de base.
Source : Claude Dubar, La socialisation, éd. Armand Colin, 2000.
Question 1. Définir. Qu'appelle-t-on « groupe d'appartenance » ? « groupe de référence » ?
On peut distinguer :
-Le groupe d’appartenance : celui auquel il appartient en fonction de caractéristiques objectives
-Le groupe de référence : celui qu’il cherche à intégrer, qu’il prend comme modèle
Question 2. Que signifie le terme de socialisation anticipatrice ?
La socialisation anticipatrice est un processus par lequel un individu apprend et intériorise les valeurs
et les normes d’un groupe social auquel il désire appartenir. La socialisation anticipatrice consiste
donc à chercher à assismiler les codes d'un groupe que l'on souhaite intégrer, le groupe de référence.
Bilan sur la socialisation anticipatrice : Les expériences à l'âge adulte peuvent rentrer en contradiction
avec ce qui a été précédemment acquis et contribuer à modifier les identités sociales. C'est le cas dans
la socialisation anticipatrice qui suppose la distinction entre un groupe d'appartenance et un groupe
de référence. Cf définition question 2.
Ruptures suite à une forte mobilité : Ces ruptures interviennent notamment lorsque l’individu change
de groupe social voir de société, il est obligé d’intégrer de nouvelles normes et valeurs pour s’intégrer
-Mobilité sociale : exemple d’un fils d’ouvrier qui devient cadre
-Mobilité géographique : le cas des immigrés.
-Changement de genre : les filles « garçons manqués » (refus de la féminité, se comportent « comme
des garçons) et même les transsexuels.
-De religion : conversion.
Des ruptures et reconstructions d’identités sont possibles au cours de la socialisation secondaire. Mais
25
souvent l’intégration dans le nouveau groupe social n’est pas parfaite : l’individu quitte son groupe
d’appartenance, mais n’est jamais pleinement accepté dans son groupe de référence. Cela peut créer
des tensions psychologiques, des conflits identitaires. Cf fin du texte de Dubar. En tout cas tout n’est
pas déterminé à l’avance, les individus gardent une part d’autonomie.
26
Chapitre 7 : Comment les individus s’associent-ils pour former des
groupes sociaux ?
Programme : Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
On distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l’existence d’interactions (directes ou
indirectes) entre leurs membres et la conscience d’une appartenance commune (familles, collectifs
de travail, associations …) des simples agrégats physiques (par exemple une file d’attente ou le
public d’un spectacle) ou de catégories statistiques (groupes d’âge, PCS …).
On montrera que les groupes sociaux se différencient selon leur taille, leur rôle, leur mode de
fonctionnement et leur degré de cohésion.
On évoquera les situations où les individus prennent comme référence un autre groupe que celui
auquel ils appartiennent.
Notions : groupes primaire/secondaires, groupes d’appartenance/de référence
 Question 3 : Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?
On montrera que les réseaux sociaux constituent une forme spécifique de coordination entre
acteurs et de sociabilité (réseaux internet, associations d’anciens élèves, …). On pourra présenter
quelques exemples très simples de structuration de réseaux sans entrer dans la théorie des graphes.
On s’intéressera surtout au rôle des réseaux en matière de recherche d’emploi en discutant plus
particulièrement la thèse de la « force des liens faibles ».
Notions : Capital social, formes de sociabilité
Introduction : Socialisation, groupes sociaux et intégration sociale
On a travaillé sur le processus de socialisation dans le chapitre précédent. La socialisation permet
d’insérer chaque individu dans une multitude de groupes sociaux, indispensable à l’intégration sociale.
Eventuellement Question : comment le sociologue peut-il expliquer les morts fréquentes de SDF en
2013 en France ?
Par l’absence de lien social, d’intégration aux divers groupes sociaux qui auraient pu en situation de
vulnérabilité économique (chômage, pauvreté) venir au secours de ces individus. Processus d’exclusion
sociale étudié par de nombreux sociologues (Paugam : notion de disqualification sociale, Castel :
notion de désaffiliation sociale.) Les SDF constituent un exemple par défaut de l’importance des
groupes sociaux. Si, par l'intermédiaire de la socialisation, le lien social est possible, c'est parce que
chaque individu est inséré dans une multitude de groupes sociaux. Exemple de fragilisation extrême
du lien social. Or, l’obsession des pionniers de la sociologie (Weber et Durkheim) était de comprendre
ce qui fondait le lien social et comment le lien social se maintenait dans un contexte de grands
bouleversements économiques et sociaux (RI, évolution du rôle de la famille, de l’école…). Cela les a
conduit naturellement à penser les groupes sociaux : la famille, les groupes professionnels mais aussi
les classes sociales chez Marx et Weber.
Dans le cadre de ce chapitre, nous allons essayer de souligner la diversité des groupes sociaux et de
comprendre comment se forment les groupes sociaux et quelles sont les différentes formes de
sociabilité.
Autre motif d’intérêt pour les groupes sociaux : penser la structure sociale, la société française
(comme toutes les sociétés humaines : apport de l’anthropologie) est hiérarchisée entre les différents
groupes sociaux/ classes sociales (évoquer l’enjeu autour de l’utilisation de la notion de groupes
sociaux plutôt que de classes sociales : vision euphemisée de la réalité).
27
Enfin et c’est lié, le fait d’appartenir à tel ou tel groupe ou réseau social conduit à adopter tel type de
comportement plutôt qu’un autre. Etudier les groupes et réseaux sociaux permet aux sociologues de
comprendre et d’expliquer les comportements des individus qui en sont membres, il s’agit de faire
le lien entre comportement individuel et appartenance sociale.
I. Qu’est-ce qu’un groupe social ?
A. Définition
Evoquer différentes situations : un repas de famille, des individus attendant le métro, un groupe de
manifestants, des supporters dans un stade, des collègues de travail, une file d’attente devant un
apple store, une chaîne humaine
 Question 1. Quel est le point commun entre ces différentes images ?
Il s’agit de regroupements d’individus.
 Question 2. Complétez le tableau ci-dessous
Nom
du Tous
les Quelle
est Caractéristiques Y a t-il un
groupe
membres
se l’intensité des communes
sentiment
connaissentliens ?
d’appartenance
ils ?
commune ?
Un repas de Oui
Forte
Lien de parenté
Oui
famille
Individus
Non
Faible
Aucun.
Non
attendant le
Eventuellement :
métro
se dirigent dans
la
même
direction.
Manifestants Non
Moyenne
But
commun, Oui
cause commune.
Lien politique,
civique
Supporters
Non
Moyenne
Action
Oui
dans un stade
commune, but
commun
Des
Oui
Forte
Action
Oui
collègues : un
commune. Lien
collectif
de
économique
travail
Une
file Non
Faible
Volonté
d’un Non
d’attente
achat.
Lien
devant
un
économique.
Apple store
Une
chaîne Non
Indéterminé
Action commune Oui
humaine de
Dans
la et
intérêt
solidarité en
chaîne, il y a commun. Lien de
soutien aux
un
contact solidarité,
personnes
physique
civique.
vivant avec le
entre
les
personnes
S’agit-il d’un
groupe
temporaire
ou durable ?
Durable
Temporaire
Temporaire
Temporaire
Durable
Temporaire
Temporaire
28
VIH et leurs
proches
, ils peuvent
se connaître
pour certains
d’entre eux
(être venus
avec
des
amis) et/ou
appartenir à
une même
association.

Question 3. Parmi les différentes situations, la ou lesquelles ne représente(nt) pas un groupe
social ?
Les individus attendant le métro et la file d’attente. Il s’agit uniquement d’un regroupement d’individus
qui ne partagent rien si ce n’est d’attendre le métro. On parle alors d’un agrégat physique. A priori ces
personnes ne connaissent pas entre elles car elles n'ont jamais eu de relations ; entre elles il n'existe
qu'une proximité physique sauf entre deux ou trois (groupes d'amis, couples qui va au musée). Par ex. :
exactement la même chose qu'un embouteillage où tout le monde veut aller à un endroit déterminé.
De même, les personnes qui portent des lunettes présentent une caractéristique commune mais ne
constituent pas pour autant un groupe social.
 Question 4. A partir de ces exemples, déduisez deux caractéristiques qui distinguent ce que
les sociologues appellent un « groupe social » d’un simple agrégat de personnes.
Quelle est la différence entre la file d’attente et les manifestants ou les supporters ? Eux aussi partagent
un but commun mais 1/ Vous revendiquez vous comme appartenant à une file d'attente ? Non,
contrairement aux manifestants et aux supporters. => ils ont conscience d'appartenir au même 2/
Connaissent-ils tous les autres membres du groupe ? Pas tous évidemment car c'est impossible mais au
moins quelques uns car ils sont entrés en interaction avec eux
 Les membres d’un groupe social :
-ont des interactions entre eux : ils sont liés entre eux par des relations. les individus doivent
entretenir des relations directes ou indirectes. Relations directes = relations
interersonnellesde face à face. Exemple : les membres d’une famille. Relations indirectes.
Exemple : les supporters de l’OM, les participants à une manifestation : ils ne se connaissent
pas tous, mais sont quand même en relation car agissent dans un but commun. Exemple : les
personnes qui attendent un bus n’entretiennent pas de relations entre eux. Par contre, si le bus
est en retard, que les personnes commencent à discuter, protester, désignent un représentant
pour aller discuter avec le chef de gare : ils commencent à entretenir des relations et deviennent
un groupe social, même si ce groupe aura une durée de vie très courte.
Différents types de liens sociaux : Lien civique/ politique: participer à une association comme
la Croix-Rouge/ manifester
Lien interpersonnel : au sein de la famille dans le suivi scolaire ou dans les échanges lors de la
pause-café.
Liens économiques : les salariés dans l’entreprise ou dans l’association, les achats dans le
supermarché.
Liens de solidarité : le paiement d’impôts et de cotisations sociales pour les assurances
publiques.
- ont conscience d’appartenir au même groupe, des intérêts communs. Les supporters de foot
ont conscience d’appartenir au même groupe, contrairement aux spectateurs d’une pièce de
théâtre. De même, les manifestants ont un sentiment d’appartenance commune en raison de
la cause qu’ils partagent. Ce sentiment d’appartenance est ce qui permet de définir une classe
sociale chez Marx (classe en soi et classe pour soi : la véritable classe sociale).
29
B. Les catégories statistiques forment-elles des groupes sociaux ?
Question : Lorsque l’on étudie les comportements d’un point de vue sociologique, on classe souvent
les individus en fonction de plusieurs critères : lesquels ? Le milieu social, le sexe et l’âge.
Mais les catégories sociales forment-elles des groupes sociaux ?
1. La jeunesse, un groupe social ?
Doc 1. Utilisation de l’Internet à des fins personnelles selon l’âge
Doc 2 : Préférence pour la musique et le cinéma français ou anglo-saxon selon l’âge
Doc 3 : Statut des emplois par âge en 2008
Questions à partir du dossier documentaire :
1. Présentez les différents documents
2. Faîtes une phrase de lecture avec une donnée de votre choix pour chaque document
3. Résumez les différentes caractéristiques communes de la jeunesse en illustrant par des données
des documents.
Attention : Ne pas confondre effet d’âge (les plus jeunes font plus de sport que les plus âgés) et effet
de génération (les jeunes qui participent aujourd’hui aux réseaux sociaux numériques continueront d’y
participer plus âgés alors que c’est moins le cas de leurs parents. Voir doc. 2 p. 256).
Doc 2 p. 240 : La jeunesse : une catégorie statistique ou une catégorie sociale ?
1. Il y a un intérêt économique : connaître la population en âge de travailler ou le rapport actifs/inactifs
(ex. : problème du financement des retraites) ; de même le poids des groupes d’âge dans la population
peut donner des informations sur les consommations individuelles ou collectives (exemple : plus de
jouets, de crèches ou d’écoles pour une population où le groupe d’âge des moins de 15 ans est élevé).
Il y a un intérêt sociologique car selon les âges les comportements peuvent être différents (on peut,
pour illustrer cela, se servir du graphique de la page 238).
2. Le sociologue remet déjà en cause les coupures en classes d’âge (« à quel âge commence la vieillesse
? »). De plus selon l’origine sociale et la formation scolaire, il existe de nombreuses différences entre
les jeunes : qu’y a-t-il en commun entre un jeune ouvrier et un élève d’une grande école en dehors de
leur âge ? C’est pour cette raison que le sociologue Pierre Bourdieu a affirmé que « la jeunesse n’est
qu’un mot ».
Il n'y a rien là que de très banal, mais qui fait voir que l'âge est une donnée biologique socialement
manipulée et manipulable ; et que le fait de parler des jeunes comme d'une unité sociale, d'un groupe
constitué, doté d'intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement,
constitue déjà une manipulation évidente. Il faudrait au moins analyser les différences entre les
jeunesses, ou, pour aller vite, entre les deux jeunesses. Par exemple, on pourrait comparer
systématiquement les conditions d'existence, le marché du travail, le budget temps, etc., des « jeunes »
qui sont déjà au travail, et des adolescents du même âge (biologique) qui sont étudiants : d'un côté, les
contraintes, à peine atténuées par la solidarité familiale, de l'univers économique réel, de l'autre, les
facilités d'une économie quasi ludique d'assistés, fondée sur la subvention, avec repas et logement à
bas prix, titres d'accès à prix réduits au théâtre et au cinéma, etc. On trouverait des différences
analogues dans tous les domaines de l'existence : par exemple, les gamins mal habillés, avec des
cheveux trop longs, qui, le samedi soir, baladent leur petite amie sur une mauvaise mobylette, ce sont
ceux-là qui se font arrêter par les flics.
Autrement dit, c'est par un abus de langage formidable que l'on peut subsumer sous le même concept
des univers sociaux qui n'ont pratiquement rien de commun. Dans un cas, on a un univers
d'adolescence, au sens vrai, c'est-à-dire d'irresponsabilité provisoire : ces « jeunes » sont dans une sorte
de no man's land social, ils sont adultes pour certaines choses, ils sont enfants pour d'autres, ils jouent
30
sur les deux tableaux. C'est pourquoi beaucoup d'adolescents bourgeois rêvent de prolonger
l'adolescence : c'est le complexe de Frédéric de L'Éducation sentimentale, qui éternise l'adolescence.
Cela dit, les « deux jeunesses » ne représentent pas autre chose que les deux pôles, les deux extrêmes
d'un espace de possibilités offertes aux « jeunes ». Un des apports intéressants du travail de Thévenot,
c'est de montrer que, entre ces positions extrêmes, l'étudiant bourgeois et, à l'autre bout, le jeune
ouvrier qui n'a même pas d'adolescence, on trouve aujourd'hui toutes les figures intermédiaires. »
Bourdieu, Questions de sociologie, 1984
3. L’âge peut expliquer l’appartenance à certains groupes ou réseaux sociaux. Les plus jeunes sont
scolarisés et entretiennent donc des relations particulières entre eux ; ils participent plus à des
associations sportives que les plus âgés de même que les usages des technologies de l’information et
de la communication sont plus développés pour la jeune génération (Net-génération).
2. Les PCS forment-elles de véritables groupes sociaux ?
Pour commencer : qu’est-ce que les PCS ?
La nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles dite PCS a remplacé, en 1982,
la CSP. Elle classe la population selon une synthèse de la profession (ou de l'ancienne profession), de
la position hiérarchique et du statut (salarié ou non).
Elle comporte trois niveaux d'agrégation emboîtés :
-les professions (486 postes)
- les catégories socioprofessionnelles (24 et 42 postes) ;
- les groupes socioprofessionnels (8 postes) ;
Qu’est-ce qu’un groupe socioprofessionnel ? C’est un regroupement de plusieurs métiers similaires.
Ainsi, au sein des ouvriers on retrouve les ouvriers métallurgistes, les ouvriers agricoles. Au sein des
cadres et PCIS on retrouve les universitaires, les journalistes, les médecins ou avocats.
Comment sont faits ces regroupements ? Pour les GSP d'actifs 7 critères principaux sont utilisés pour
trier les individus :
- le secteur d'activité ;
- la taille de l'entreprise ;
- le statut (salarié / non salarié) ;
- la profession ;
- la distinction fonction publique / entreprise ;
- la position hiérarchique dans l'entreprise (fonction d'encadrement ou d'exécution) ;
- la qualification.
Le revenu n'est pas un critère utilisé en tant que tel pour distinguer les GSP ou les CSP, même si la
profession, la position hiérarchique ou la qualification ont une influence sur les revenus.
Ainsi, en utilisant différents critères (profession, statut, qualification, secteur privé/public,
place dans la hiérarchie, secteur économique notamment), on aboutit à la construction de 8
GSP, dont 6 composés d’actifs et 2 d’inactifs :
31
agr, expl,
indépendants
art, com,
chefs d'ent,
actifs
élevée :
cad prof° intel
moyenne :
prof inter
faible :
employés
Pop° totale
salariés
non manuels
qualification
manuels
inactifs
ouvriers
retraités
autres inactifs
Précision : les professions libérales sont classées chez les PCIS.
Les chômeurs sont des actifs, ils sont classés dans leur ancienne catégorie.
Quel est l’intérêt de cet outil ?
C’est un outil qui permet de classer les individus ayant des caractéristiques communes dans une même
catégorie ce qui facilite les études statistiques effectuées sur la population (revenus,
consommations…).
Doc 3 p. 241 : Les PCS, des groupes sociaux ?
1 et 2. Mais ces catégories ne sont pas des groupes réels au sens où les membres des groupes
socioprofessionnels auraient des relations entre eux et exprimeraient un sentiment d’appartenance à
la PCS. Les PCS n’ont pas d’existence réelle, elles ne sont que le résultat d’une construction du
statisticien. C’est pourquoi on dit que ce sont des catégories « nominales » et non réelles.
3. L’auteur pense que les PCS sont plus que de simples catégories statistiques car, par définition et par
construction, chaque catégorie présente une certaine homogénéité : les individus qui la composent
ont souvent des comportements ou des opinions proches liés aux caractéristiques communes qui ont
servi au classement. Ils peuvent entretenir des relations personnelles avec les autres membres et
s’identifier (ou être identifiés) comme membre de la PCS ; autant d’éléments qui rapprochent ces
catégories statistiques de la notion de groupe social (cf. doc 4). Les PCS et ici les GS permettent
d’identifier le milieu social d’un individu : même niveau d’étude, même niveau de responsabilité,
conditions de travail proches, niveau de revenu proche. Grâce aux GS des individus, on a une idée de
leur milieu social. En effet, on peut considérer que les ouvriers et employés appartiennent aux classes
populaires et les PCIS aux classes bourgeoises ou favorisées. On peut ainsi étudier les pratiques
culturelles des individus en fonction de leur GS : est-ce que les ouvriers lisent moins que les cadres ?
ou encore étudier le taux de chômage selon ces catégories ou encore l’espérance de vie : les ouvriers
vivent-ils moins longtemps que les cadres ? Cela permet de constater l’existence d’inégalités sociales.
Bilan : Toute association de personne ne constitue pas nécessairement un groupe social (file d’attente
ou catégorie statistique comme les PCS par exemple). Si on repart de la définition d’un groupe social,
en plus de l’existence de caractéristiques communes (activité professionnelle, âge, goûts culturels),
deux éléments sont nécessaires pour qu’une somme d’individus soit un groupe social :
 Interactions :
 Conscience d’appartenir au même groupe : les individus doivent se reconnaitre comme
membre du groupe.
32
=>On va maintenant s’interroger sur les différents groupes auxquels les individus peuvent
appartenir ?
II. La diversité des groupes sociaux
A. Groupes primaires et groupes secondaires
Doc 1 p. 246 : qu’est-ce qu’un groupe restreint ?
1. Le groupe primaire ou restreint est un groupe de petite taille, composé de peu de personnes qui ont
des relations interpersonnelles (chaque membre peut être en relation avec tous les membres du
groupe). Ce groupe est caractérisé par des relations intimes d’association et de coopération par des
relations directes de présence à présence, selon Charles Horton Cooley. Dans ce type de groupe, il y a
un fort sentiment d’unité (forte solidarité, vive sympathie, identification mutuelle). Le groupe primaire
joue un rôle essentiel dans la socialisation. Exemples : famille, groupes de jeu de l’enfance, l’école, les
groupes de pairs…
2. La réponse est dans la dernière phrase du texte : former les idéaux moraux de l’individu (valeurs),
et les renforcer dans la conduite de la vie (normes).
Doc. 4 Le gang, un exemple de groupe primaire
Frederic Thrasher est un sociologue américain de l’école de Chicago. Mort en 1962. Il a initié les travaux
de sociologie américaine sur les gangs. Cf point de cours sur l’école de Chicago que nous recroiserons
dans le cadre du chapitre sur le contrôle social et la déviance.
Question 1. Quelle méthode a été utilisée par le sociologue F. Thrasher pour étudier les bandes de
jeunes délinquants ?
Il s'agit de sociologie qualitative car entretiens avec les personnes et rapports de police. Pas de
quantification. Il aurait pu utiliser la méthode de l’observation participante comme l’ont fait d’autres
sociologues : travaux de Philippe Bourgois ou de Loïc Wacquant.
Question 2. Pourquoi d'après le texte les bandes de jeunes délinquants de Chicago forment-t-elles bien
des groupes sociaux ?
– interactions : ces interactions sont directes.
– conscience d'appartenance => ici c'est très fort car opposition aux autres : la police, les autres
gangs et la société.
Question 3. Comment le gang est-il organisé et quel type de lien unit les membres de la bande ?
Une sorte de société en miniature, moins de 20membres, unité de commandement, division stricte des
tâches. -> Très organisé, une hiérarchie, presque une bureaucratie.
Lien de solidarité et d'amitié. Toutefois rivalités individuelles existent pour savoir qui va être le « chef »
Question 4. D'après vos réponses, à quel autre type de groupe social pourrait-on rapproche la bande ?
Famille car là aussi solidarité grande intimité mais hiérarchie et rivalités sont possibles etc.
=> Groupe primaire : groupe de petite taille caractérisée par des relations directes, intenses et
intimes entre ses membres. Exemple : famille, bande de jeunes.
Doc 2 p. 246 Qu’est-ce qu’un groupe secondaire ?
Question 1. Qu’est-ce qui différencie un groupe primaire d’un groupe secondaire ?
On distingue les groupes primaires et les groupes secondaires. -> la distinction porte sur deux critères :
le degré d’intimité et la nature des relations (directes ou indirectes).
 Groupe primaire : Forte intimité + relations directes (face à face). Plutôt de petite taille.
 Groupe secondaire : Faible degré d’intimité et relations plutôt indirectes et superficielles.
Grande taille.
33
Les deux types de groupes n’ont donc pas la même emprise sur les individus ni le même
fonctionnement.
Un individu appartient à plusieurs groupes à la fois.
Question 2. Dans quel type de groupe la cohésion sociale est-elle la plus forte ? Justifiez votre réponse.
La cohésion sociale correspond à la situation d’un groupe fortement solidaire et intégré. La cohésion
sociale est bien plus forte dans les groupes primaires.
Question supplémentaire. L’entreprise est-elle un groupe secondaire ? Justifiez votre réponse.
L’entreprise est un groupe social : conscience d'appartenance (je sais que je suis employé chez Danone,
chez Nike... ou que je fais partie de l'Education Nationale) et à la fois interactions entre ses membres ;
certes je ne peux pas connaître tous les employés de l'entreprises pour laquelle je travaille mais si l'on
dessine un sociogramme on verra que le réseau est lié (= d'une file d'attente où pas de lien) .
Il s’agit d’un groupe secondaire plutôt que primaire : pas de relation intenses, pas de relation intimes...
=> Groupe secondaire : groupe de grande taille où relations (car c'est quand même un groupe) entre
ses membres sont indirectes. Exemple : parti politique, association, syndicat, entreprise.
B. Groupe d’appartenance et groupe de référence
Rappel Chapitre sur la socialisation : qu’est-ce qu’un groupe d’appartenance et un groupe de
référence ?
GROUPE D’APPARTENANCE : c’est le groupe auquel appartient l’individu en fonction de
caractéristiques objectives (revenu, profession, âge …)
GROUPE DE REFERENCE : le groupe auquel l’individu s’identifie, se réfère, qu’il prend comme modèle.
Doc. 4 p. 245 : question 1 seulement.
1. L’individu dans son groupe et milieu d’appartenance acquiert les normes et les valeurs de ceux-ci
par inculcation ou assimilation, mais il peut également s’identifier à un milieu de référence auquel il
cherche à appartenir en suivant les normes de ce milieu. C’est par et à travers ces milieux
d’appartenance et de référence que se forge l’identité d’une personne.
Soit le groupe d’appartenance et le groupe de référence sont identiques, soit ils diffèrent : s’ils
diffèrent, cela veut dire que l’individu n’est pas satisfait de son groupe d’appartenance et cherche à
intégrer un autre groupe (groupe de référence). Dans la plupart des cas le groupe de référence sera un
groupe de statut/prestige plus élevé (fils d’ouvrier qui veut devenir trader, le serveur qui veut devenir
acteur …) mais pas forcément : ex certains enfants de milieu bourgeois rejettent leur milieu -> punks.
Lorsque les deux groupes diffèrent, cela peut générer de la frustration relative (notion élaborée par le
sociologue américain Robert Merton) : écart entre situation souhaitée par l’individu et sa capacité à
l’obtenir. L’individu se retrouve dans une situation socialement difficile, puisque la réalité sociale qu’il
vit est contredite en permanence en permanence par ses représentations sociales. Cela peut générer
des tensions qui peuvent se manifester par le mécontentement, la protestation ou la violence.
Le sociologue Ted Gurr lie l’action collective à l’intensité de la frustration relative (Pourquoi les hommes
se rebellent-ils ? 1960) : plus la frustration est intense et généralisée au sein de la population et plus la
contestation sera forte.
34
Chapitre 8. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?
Programme : On montrera que les réseaux sociaux constituent une forme spécifique de coordination entre
acteurs et de sociabilité (réseaux internet, associations d'anciens élèves, etc.). On pourra présenter quelques
exemples très simples de structuration de réseaux sans entrer dans la théorie des graphes. On s'intéressera
surtout au rôle des réseaux en matière de recherche d'emploi en discutant plus particulièrement la thèse de «
la force des liens faibles ».
Notions : capital social, sociabilité.
Introduction : SENSIBILISATION : qu’est-ce qu’un réseau social ?
Brainstorming : qu’est-ce qu’un réseau social ? Objectif = faire émerger les représentations des
élèves, pour remettre en cause l’idée que réseaux sociaux = Facebook et Twitter.
- Réseau : idée que tout est lié, comme une toile d’Araignée (d’ailleurs on appelle Internet
la toile »
- Réseaux sociaux numériques : Facebook, Twitter …
Le terme de « réseaux sociaux » est devenu banal depuis quelques années. Désigne dans le langage
courant les réseaux numériques : un type particulier de sites internet qui proposent aux utilisateurs de
créer des pages personnelles qui les lient avec celles de leurs « amis » : Facebook, Twitter, Linkdln …
En réalité, la notion de réseau social ne se réduit pas à la question des réseaux sociaux numériques.
Doc. 3 p. 257 : L’homme est un animal (de réseau) social
1. Un réseau est plus qu’une collection d’individus car les personnes qui le composent entretiennent
des liens entre elles.
2. Dans l’image de la chaîne de personnes qui éteignent le feu, on a un type de réseau particulier :
chaque individu n’est en contact direct qu’avec deux autres. Dans d’autres réseaux comme sur
Internet, les liens peuvent être multipliés entre l’ensemble des personnes qui compose le réseau (cf.
doc. 3 p. 261).
=> Un réseau social est constitué par un ensemble d’acteurs sociaux et par les relations directes ou
indirectes que ces acteurs entretiennent les uns avec les autres. Un réseau social se définit par des
critères d’appartenance relationnels et non plus sociodémographiques (âge, milieu social). L’étude du
réseau repose sur l’étude des relations sociales, de la sociabilité.
 En sociologie, développement de la « sociologie des réseaux sociaux » : la notion de réseau
social a un sens beaucoup plus large que dans le sens courant : des réseaux de relation dans
lesquels les individus sont « encastrés » dans des réseaux relationnels (Granovetter). La
sociologie des réseaux existe depuis les 80's soit bien avant l'apparition de ce que l'on appelle
aujourd'hui les « réseaux sociaux » (FB, Tweeter, etc.). Il s’agit de l’une des innovations les
plus importantes du programme, puisqu’il s’agit d’introduire la sociologie des réseaux,
laquelle est aujourd’hui au cœur de nombreux travaux en sociologie. Ses principes sont
relativement simples : comprendre l’action d’un individu ne peut se faire ni en le considérant
comme isolé des autres (ce que fait l’économie), ni en le considérant entièrement déterminé
par des normes et une socialisation (ce que faisait une certaine sociologie parsonienne), mais
en regardant les relations que les individus entretiennent avec les autres. Celles-ci peuvent à
la fois l’influencer et lui donner ou lui interdire certaines opportunités. Ainsi, la sociologie des
réseaux analyse les comportements individuels en replaçant ces comportements individuels
au sein des systèmes relations sociales. En fait, le réseau social est un objet d’étude : étudier
le réseau social d’individus, mais c’est aussi et surtout un outil théorique. L’analyse en termes
des réseaux sociaux est différente de celle des groupes sociaux car ici on s’intéresse aux
relations qui existent entre les individus ou les groupes, pas seulement aux caractéristiques
35
des groupes. Jusque là, rien que de très banal : c'est ce que fait toute la sociologie. Mais on
considère ici que ces relations s'organisent en réseaux de telle sorte qu'il ne suffit pas de
prendre en compte les contacts directs (c’est-à-dire les relations de face-à-face) ou
l'appartenance de l'individu (ses groupes, catégories, etc.), mais aussi les contacts de ces
contacts, les contacts de ces contacts de ces contacts, etc. et la façon dont l'ensemble se
dessine. L'intérêt porte donc avant tout sur la façon dont se structurent les différentes
relations.
 L’introduction de ce nouveau chapitre dans le programme de 1ES a été à l’origine d’une vive
polémique : réseaux contre classes sociales. Pour finir de comprendre le sens très particulier
que revêt l’introduction, justement dans ces termes, des « réseaux sociaux » dans le
programme de Première, il faut enfin, je crois, examiner aussi ce qui ne figure pas, ou plus
exactement, ce qui ne figure plus, dans ce programme. Parmi les notions qui ont disparu du
nouveau programme figurent en effet… les « classes sociales ». Quoi qu’il en soit, ce
mouvement qui associe disparition des « classes sociales » et apparition des « réseaux
sociaux » est particulièrement symptomatique d’une transformation majeure de penser et
d’enseigner la stratification sociale.
 Lorsque les sociologues étudient les réseaux, ils étudient plusieurs choses :
- La nature et fréquence des relations sociales : étude de la sociabilité
- La forme des réseaux sociaux : représentation par des graphes
- La force des réseaux sociaux : comment on peut les utiliser ?
I. Comment les individus sont-ils encastrés dans des réseaux sociaux ?
A. Relations sociales et réseaux sociaux
Penser les réseaux sociaux revient à étudier les relations sociales tissées par les individus => notion
de sociabilité.
Document 1. Qu’est-ce que la sociabilité ?
Le fait d'employer un terme unique, « sociabilité », pour couvrir des pratiques aussi diverses que les
relations de parenté, de voisinage, de travail, d'amitié ou d'association, suffit déjà à suggérer qu'elles
forment un tout, non une collection disparate. Mais comment expliquer cette cohérence ? Dans l'usage
ancien du mot «sociabilité », on l'imputait tacitement à une sorte d'aptitude innée au contact avec
autrui, dont pouvaient profiter tous les types de contact. Or, les historiens et les sociologues ont
déchargé le mot de ses connotations psychologiques : il ne désigne plus une capacité à établir des
contacts, mais simplement le fait de les établir. On a substitué au jugement de valeur un constat.
Source : François Héran, « La sociabilité, une pratique culturelle », Economie et statistique, N°216,
Décembre 1988
Question. Comment définir la sociabilité ?
En sociologie, la sociabilité se définit donc comme l’ensemble des relations sociales entretenues par
un individu. A distinguer de l’adjectif : « être sociable ». On peut distinguer une sociabilité assignée (la
famille) d’une sociabilité élective (les amis), des liens forts (ceux que l’on voit souvent) des liens faibles :
on prend en compte l'investissement des individus dans ces relations ainsi que leur fréquence : Le lien
faible est la relation entre des individus qui se côtoient de manière occasionnelle et qui ont peu de
relations en commun alors que le lien fort est la relation entre des individus qui se fréquentent
fréquemment et qui ont de nombreuses relations en commun. Le lien faible est, de façon simple, la
connaissance, « l'ami d'ami » que l'on croise parfois, la personne que l'on peut nommer sans
véritablement la connaître.
36
Document 2. La sociabilité, une pratique culturelle ?
Réalisée de mai 1982 à mai 1983 auprès d'un échantillon représentatif des ménages ordinaires résidant
en France métropolitaine, l'enquête « Contacts » étudie les comportements de sociabilité à l'aide de
trois documents. Un premier questionnaire passe en revue les relations de voisinage, l'adhésion aux
associations et les sorties. [Les personnes interrogées] étaient invitées à retracer leur emploi du temps
jour après jour, en indiquant le moment venu si elles avaient vu des personnes extérieures au foyer
avec lesquelles elles avaient pu discuter de sujets autres que le travail. L'enquêteur dépose ensuite un
carnet destiné à enregistrer la sociabilité quotidienne pendant une semaine. Il le récupère huit jours
plus tard et achève l'enquête par la passation d'un second questionnaire, consacré aux relations de
travail, de parenté et d'amitié. […]
De la lecture des carnets, il ressort […] [qu’un] adulte rencontre chaque mois en moyenne sept
membres de sa parenté, y compris les parents par alliance; il a trois ou quatre amis, rend service dans
l'année à un ou deux ménages voisins et adhère à une association. Telle est, à grands traits, la
sociabilité moyenne des personnes âgées de 8 ans et plus, lorsqu'elles vivent dans des ménages «
ordinaires », c'est-à-dire hors institution. […]
Hommes et femmes tendent à se répartir le travail d'entretien des relations selon la division
traditionnelle des rôles. Aux femmes les domaines qui touchent de près ou de loin à la vie du foyer :
voisinage, commerce ou services, parenté. Aux hommes les relations électives ou les rapports avec le
monde extérieur : amitiés, relations de travail, vie associative. Un tel partage est-il susceptible
d'évoluer dans les jeunes générations ? Rien ne l'indique pour les relations de parenté, où la
prédominance des femmes se maintient à tout âge. Chez les moins de trente ans, en revanche, l'écart
disparaît pour les relations d'amitié et de travail, comme si la femme ne pouvait se soustraire à la
division des rôles qu'à l'extérieur du foyer. […]
Relativement stable jusqu'à l'âge de quarante ans environ, la sociabilité connaît par la suite un déclin
irrémédiable et finit par chuter de moitié. En même temps qu'il se rétrécit avec l'âge, le réseau de
relations se restructure. Trois étapes viennent scander la sociabilité des adultes : la jeunesse est le
temps privilégié des amitiés, la maturité celui des relations de travail, la vieillesse celui des relations
de parenté.
Malgré les liens privilégiés qui relient certains types de relations à certains âges de la vie, et malgré la
division des rôles entre les sexes, il règne entre les diverses composantes de la sociabilité une grande
cohérence. Par exemple, les personnes qui fréquentent un grand nombre d'amis ont aussi les plus
grandes chances de sortir avec des collègues, de recevoir la visite de leurs voisins, d'adhérer à de
multiples associations et, ce faisant, d'accumuler au fil de la semaine les discussions personnelles.
Seules les relations de parenté et, dans une moindre mesure, les relations de voisinage, semblent
échapper à cet effet « boule de neige ». À y regarder de près, elles ne l'évitent qu'en partie. Au degré
zéro de la sociabilité, l'absence de contacts avec les voisins ou avec les parents va de pair avec l'absence
des autres formes de sociabilité : il y a cumul des solitudes. Au degré suivant, la solitude n'est rompue
que par l'apparition d'un ou deux membres de la parenté. Cette situation est surtout vécue par les
personnes les plus âgées et s'observe plus fréquemment à Paris : la sociabilité tient alors tout entière
dans la fréquentation des enfants.
Sur la carte de la sociabilité, les diverses catégories socioprofessionnelles se hiérarchisent avec une
singulière netteté, quel que soit le sexe. De plus, une analyse séparée de la situation dans les grands
groupes d'âge montre que cette hiérarchie se maintient à tout âge. Ce que l'on savait déjà de la
participation au monde associatif vaut en fin de compte pour l'ensemble de la sociabilité : elle se
distribue dans l'espace social comme une pratique culturelle. Certes, elle est corrélée positivement
avec le revenu, mais plus encore avec le diplôme : c'est dans les fractions intellectuelles des classes
supérieures que la sociabilité atteint ses plus hauts sommets. […] Un des aspects de la corrélation entre
sociabilité et capital culturel est que le fait que les plus fortes concentrations de relations s'observent
dans des groupes sociaux numériquement très restreints. L'examen des carnets est éloquent :
professions libérales, professeurs, artistes, fonctionnaires du « cadre A », instituteurs et travailleurs
sociaux ne représentent, réunis, que 10 % de la population active masculine, mais rassemblent 34 %
de ses relations d'amitié ou 35 % de ses relations de travail, et « seulement » 24 % de ses relations de
37
parenté et 23 % de ses relations de voisinage. La situation des ouvriers est inverse : 35 % des hommes
actifs sont ouvriers qualifiés ou non qualifiés, ce qui en fait de loin le groupe social le plus nombreux,
mais on ne peut leur imputer que 17 % des relations amicales attestées dans la population active, 15
% des relations de travail, 15 % des relations de voisinage. Et si la parenté prend dans leur modeste
réseau une importance relative qu'elle n'a pas dans les classes supérieures, elle ne représente encore
que 20 % des relations de parenté déclarées par l'ensemble des actifs. Plus liée au diplôme qu'à la
fortune, la sociabilité présente tous les traits d'une pratique culturelle.
Question 1. Quelle est le type de méthode sociologique utilisé par les enquêteurs de l’enquête
« Contacts »?
Question 2. A quelles variables est corrélée la sociabilité ?
Question 3. Expliquez pourquoi selon F. Héran, « la sociabilité présente tous les traits d’une pratique
culturelle ».
=> La sociabilité d’un individu désigne l’ensemble de ses relations sociales. On a vu que la sociabilité
est corrélée à un certain nombre de variables comme le sexe, l’âge et le milieu social. Le niveau de
diplôme est particulièrement déterminant pour expliquer la sociabilité des individus. Les sociologues
vont étudier la sociabilité comme formant un réseau.
B. Une représentation graphique des réseaux sociaux
Doc 3. P. 259 : Représentations possibles des liens sociaux : questions modifiées
Question 1. Comment sont symbolisées les relations sociales ?
Des traits qui relient les individus entre eux.
Question 2. Pourquoi ce schéma illustre-t-il un réseau social ?
Plusieurs individus qui ont des relations entre eux : Didier a de nombreuses relations, mais ces relations
n’entretiennent pas que des contacts avec Didier, mais aussi entre elles -> c’est cette interaction de
connaissances qui crée le réseau social.
=>Un sociogramme est un diagramme des liens sociaux qu'une personne possède. C’est la
représentation graphique d’un réseau social.
Document 3 : Représenter un réseau social
Pierre, 25 ans a deux vieux copains, Jacques et Paul. Il les a connus à l’école primaire, dans un petit
village à côté de Dijon. Jacques fréquente aussi Côme qui était dans la même école. Paul et Jacques
revoient parfois Jeanne, leur institutrice de l’époque.
Après avoir été à l’école primaire, comme ses parents ont déménagé, Pierre est allé dans un collège
situé dans un autre quartier.
Dès la 6è, Pierre s’est lié d’amitié avec Estelle, Mélissa et Mathieu. Lorsqu’ils étaient en 4è, Mélissa a
quitté le collège. Pierre continue à la voir mais Estelle et Mathieu l’ont perdue de vue. En revanche, le
trio Estelle, Pierre et Mathieu fonctionne toujours.
Question 1. Représentez le réseau social décrit dans le texte à l’aide d’un sociogramme. Pourquoi peuton dire qu’il s’agit d’un réseau social ?
=> il s'agit bien ici d'un réseau ie. tout simplement d'un ensemble de liens entre les individus : réseau
d’interconnaissance.
Question 2. Si Jacques cherchait un travail dans l'entreprise où travaille Estelle, par qui devrait-il
passer pour prendre contact avec elle ? Pour un individu, qu'est-ce que peut procurer un réseau de
manière plus général ?
Grâce au sociogramme, il est clair que Jacques devrait forcément passer par Pierre (ce qui n'était pas
évident avec le texte) => d'où l'utilité du sociogramme.
Un réseau peut procurer un emploi, mais également un savoir (si Estelle a une information pour
Jacques), etc.
38
Question 3. D'après le texte, la relation entre Paul et Jeanne est-elle la même que celle entre Paul et
Pierre ? Pourquoi ? Qu'est-ce que de simples traits entre les personnes peuvent invisibiliser au niveau
des relations ?
Paul et Jeanne se voient « parfois » (Jeanne étant l'ancienne institutrice de Paul) ; en revanche Paul et
Pierre sont de « vieux copains ». Or quelqu'un qui a vu le sociogramme ne peut pas se rendre compte
de ces relations. => Les traits entre les personnes peuvent invisibiliser le type de relations qu'il existe
entre les personnes => sociogramme permet de compter, d'énumérer des relations => c'est de la
sociologie quantitative.
Sociologie qualitative permet d'aller au delà. = la sociabilité = mode et formes des relations entre
individus
Modifier votre sociogramme en prenant en compte la sociabilité des individus : faites un gros trait
(rouge) lorsque vous pouvez qualifier le lien de proche.
C. L’expérience du « petit monde »
Une des illustrations les plus connues de la notion de réseau social : l’expérience du petit monde de
Stanley MILGRAM, début des 1950s (Milgram : The Small World Problem, 1967, Psychology Today)
Tout le monde a fait l’expérience de constater « que le monde est petit ! » lorsqu’on découvre des
connaissances mutuelles. Derrière cette impression, première question derrière : => quelle est la
distance minimale moyenne qui sépare deux individus tirés au hasard dans une société ?
Milgram, bien avant l'arrivée d'Internet et des réseaux sociaux, va appliquer le problème aux USA en
1967 (200 millions de personnes à l’époque). Si on tire au hasard deux individus, quelle sera la distance
moyenne entre eux en termes de personnes (en termes de liens) ?
Il réalise une expérience pour montrer que la chaine d’individus nécessaires pour lier un individu choisi
de manière arbitraire à n’importe quel individu est relativement courte :
MILGRAM a pris au hasard des personnes de départ qui habitent dans l'Ouest des USA à Boston et une
personne « cible » qui habite à New York : 2000 km de séparation. Ces personnes ne se connaissent
pas. Il demande aux personnes de « départ » de transmettre un colis à la personne « cible », mais
seulement en utilisant un membre son réseau de connaissances qui doit lui aussi faire de même,
etc. L’objectif pour chaque participant est de faire parvenir une lettre à cet individu cible en passant
par une « chaine de relations » ou chaine de connaissances : il n’a le droit d’envoyer le dossier qu’à
une seule de ses relations, qui doit ensuite la faire passer à d’autres relations, etc etc.
Alors… ça marche ?
Et oui :
Au bout de 4 jours, la première cible reçoit déjà un colis (grâce à deux intermédiaires) !
En tout, 30% des chaines fonctionnent et vont de 2 à 10 intermédiaires avec une médiane à 5, ce qui
est beaucoup moins que prévu et beaucoup moins que ce que disent intuitivement « les gens ».
Milgram en conclut que « dans une société de masse, pratiquement tous les individus sont reliés
ensemble dans un vaste réseau », il appelle cela le « tout petit monde ».
Des études plus récentes montrent qu’il faut en moyenne entre 10 et 12 liens de connaissance pour
mettre en relation à individu à n’importe quel autre. C’est lié au développement des NTIC : internet,
e-mails, réseaux sociaux virtuels comme Facebook … => permettent de surmonter la difficulté liée à la
distance physique et d’entretenir un réseau plus élargi.
II. A quoi servent les réseaux sociaux ?
39
Comment les individus peuvent-ils se servir de leurs réseaux ? Dans différents aspects de la vie
quotidienne, les individus cherchent à mobiliser leur réseau (c'est-à-dire un ensemble d’acteur) :
recherche de logement, de stage, promotion d’un évènement ….
A. Les réseaux sociaux : un capital social ?

Notion développée en France par le sociologue français Pierre BOURDIEU. (Bourdieu n’est pas
l’inventeur du terme)
Rappel : quels sont les trois types de capitaux chez Bourdieu ?
Il identifie trois formes de capitaux : économique (revenu, patrimoine), culturel (études, éducation,
objets culturels) et social.
Les relations que les individus entretiennent entre eux peuvent se concevoir comme des ressources,
c’est que signifie la notion de capital social. Capital social : le capital social représente à la fois le réseau
de relations d’un individu (les personnes qu’il peut mobiliser en cas de besoin) et les ressources
particulières (en capitaux économiques et culturels) que lui permettent d’obtenir ce réseau.
Autrement dit, le capital social est à la fois le «carnet d’adresse » de l’individu + les ressources
économiques et culturelles que celui-ci permet de mobiliser. En tant que ressource individuelle, le
capital social désigne, d'une façon générale, ce à quoi le réseau d'un individu lui permet d'avoir accès.
Exemple : vous allez à l’université à Paris, vous cherchez un logement, vous trouvez votre
appartement grâce à votre oncle qui vous met en contact avec un ami à lui louant un appart dans
le XVIIe : votre capital social = votre oncle + l’ami de votre oncle + l’appartement.

Le volume de K social que possède un individu va donc dépendre de deux choses :
- L’étendue du réseau social (nombre de contacts qu’il peut mobiliser)
- Le volume de K économique et culturel possédé par chacun de ses contacts.

Le capital social est inégalement distribué selon les catégories sociales : plus un individu occupe
un statut élevé dans la hiérarchie sociale, plus il aura tendance à posséder un K social élevé. Un
cadre aura ainsi en moyenne un K social plus élevé qu’un ouvrier. Cela s’explique par deux choses
- le réseau social des catégories supérieures est à la fois plus étendu : un cadre possède en
moyenne plus de relations, de contacts qu’un ouvrier. Cf partie A.
- et plus riche en K économique et culturel (car les relations d’un cadre sont principalement
d’un statut social proche au sein et donc possèdent plus de capitaux qu’un ouvrier)
=>certains groupes sociaux ont donc plus de capital social que d’autres. Pour bénéficier du capital
social soit des ressources auxquelles vous pouvez avoir accès grâce à votre réseau, il faut que
j'investisse dans ce capital en tissant et en entretenant des relations, ce qui a, comme pour les autres
formes de capital, un coût. Ce capital peut être organisé de façon collective dans certains milieux : les
études sur la bourgeoisie illustrent bien, par exemple, la place qu'à l'entretien de son réseau dans les
pratiques les plus ordinaires de ce milieu social (cercles et associations, évènements mondains, Who's
Who, etc.). C'est sur ce point-là que l'on peut faire le lien avec la notion de groupe. Ex de stratégie
d’accumulation du capital social : les rallyes mondains.
Diffuser illustration avec extrait Voyage en haute bourgeoisie.
Eventuellement : Document 5 :
Les tenants de l'analyse des « réseaux » considèrent que la sociabilité est un phénomène explicatif,
constituteur de groupes, et non un phénomène à expliquer. L'hypothèse qui a orienté la conception
de l'enquête « Contacts » à ses débuts se rapproche de ce point de vue : on est parti de l'idée que le
faisceau des liens personnels établis par une personne constitue pour elle une ressource aussi décisive
que le niveau de revenus et le niveau d'instruction, en même temps qu'un indicateur synthétique de
son intégration dans le monde social. Mais les résultats obtenus amènent à nuancer ce point de vue,
40
car le capital de relations s'avère suffisamment fié au capital économique et trop lié au capital culturel
pour que l'on puisse en faire une dimension autonome de la vie sociale.
B. Les réseaux sociaux et la recherche d’emploi/de stage : « la force des liens faibles »
Questions à propos de la recherche du stage découverte en 3è :
1. Avez-vous effectué un stage découverte en 3è ?
2. Comment avez-vous obtenu ce stage ?
-en répondant à une annonce
-en envoyant une candidature spontanée
-grâce à une personne qui y travaillait et que vous connaissez ou que vous avez rencontré grâce à un
intermédiaire
-autre :
3. Si vous avez répondu : grâce à une connaissance, diriez vous que cette personne est :
-très proche de vous
-proche de vous
-simple connaissance
-vous ne l’aviez jamais vu avant le stage
Faire calculer les effectifs puis les proportions.
Question 1. Qu'en déduisez-vous quant à l'importance des liens pour trouver le premier stage ?
Les liens sont extrêmement importants dans l'obtention d'un premier travail => ils constituent une
ressource pour obtenir une expérience professionnelle = il s'agit bien de capital social.
=> il serait possible de se demander si les liens sont aussi importants pour la vie professionnelle ?
Question 2. Comment est-il possible de caractériser les liens qui vous ont permis d'obtenir vos stages
?
– Par rapport au groupe qu'ils constituent : liens familiaux, liens professionnels, etc.
– Liens forts ou faibles : ici qui permettent d'expliquer = ici on voit que ce sont plutôt des liens
faibles.
Pour Granovetter, il faut tenir compte de l’intensité des relations sociales, de la force du lien qui
est une combinaison entre le temps, l’intensité émotionnelle, l’intimité et les services réciproques
permis par ces liens.
Doc. 2 p 262 : Comment trouve-t-on son emploi ? questions modifiées
Question 1. Comment définir les liens forts et les liens faibles ?
Les liens forts sont les personnes que l’on voit souvent et avec qui la relation est fortement investie :
ce sont souvent des individus proches de soi et semblables. Les liens faibles désignent au contraire des
≪ connaissances ≫, des personnes que l’on connait mais qui sont plus éloignées de nous.
- Les liens forts représentent les relations étroites et fréquentes unissant deux individus
(exemple : famille et amis proches)
- Les liens faibles correspondent à des relations plus vagues d’interconnaissances qui ne
supposent pas de situation d’intimité entre les personnes (l’ami d’un ami, un cousin
éloigné …)
Question 2. Expliquez la phrase soulignée
La force des liens faibles décrits par Mark Granovetter permet de comprendre l’importance des
relations dans l’obtention d’un emploi : par le biais de celles-ci, on peut acquérir une information sur
des emplois plus rares et plus satisfaisants. Granovetter l’a prouvé à partir d’une enquête sur les
demandeurs d’emploi. Paradoxalement, ce sont donc les liens faibles qui sont plus utiles aux individus
dans la recherche d'un emploi. En effet, les liens faibles permettent d'atteindre d'autres groupes
sociaux. Les liens faibles sont plus efficaces que les liens forts, car ils sont plus ouverts sur l’extérieur
41
(dépasse le cercle étroit de ses relations) et apportent des informations nouvelles (les informations
échangées dans le réseau des liens forts sont connues de tous). Ils forment donc des ponts vers des
réseaux sociaux auxquels n’appartient pas directement la personne.
Exemple : le rôle des associations d’anciens élèves des Grandes Ecoles -> chaque Grande Ecole possède
une association qui regroupe les anciens élèves. Cette association est une ressource importante pour
les jeunes diplômés qui peuvent ainsi accéder à un vaste réseau et le mobiliser pour leur recherche
d’emploi ou de stage :
Ces associations publient en général un annuaire des anciens élèves avec leurs professions et
leurs contacts -> un jeune diplômé à la recherche d’un emploi peut contacter un ancien élève qui va
pouvoir l’orienter ou l’aider.
Des offres d’emplois circulent : quand un ancien élève apprend qu’un poste est à pourvoir dans
son entreprise, il fait circuler l’information.
Les économistes ne considèrent que les relations qui passent par le marché : ils négligent donc
l’importance de la sociabilité informelle et surtout celle de la diversité des modes d’obtention d’un
emploi.
Doc 3 p. 263 :
1. Parmi les modes d’obtention d’emploi cités, ceux qui font référence au capital social sont les
relations familiales, les autres relations personnelles, l’école et le contact direct par l’employeur. Si de
ce capital on retire les liens forts, c’est-à-dire les relations familiales, il reste les liens faibles.
2. L’importance du réseau social apparaît comme moins forte que dans l’analyse de Granovetter,
puisque les liens forts (relations familiales) ne représentent que 5,5 % tandis que les liens faibles
(autres relations personnelles, école, contacté directement par l’employeur) représentent 27,3 % (soit
un total de 32,8 % à comparer aux 56 % du doc. 2) mais le réseau social reste le premier mode
d’obtention d’emploi.
Remarque : La différence peut s’expliquer par le fait que l’enquête de Granovetter ne porte que sur
les cadres, que la taille de l’échantillon étudié était réduite (un peu plus de 10 000 enquêtés) ou encore
que le marché du travail américain a un mode de fonctionnement différent du marché français.
Synthèse : texte à trou :
Les réseaux sociaux mettent en relation les individus et font circuler des flux d’informations. Le réseau
social d’un individu lui permet de mobiliser un ………………………………….. . Il peut favoriser l’accès à un
emploi grâce à la force ………………………. Les ……………………………………… sont ceux qui se tissent entre des
individus qui sont dans la même situation dans un même réseau (par exemple les membres d’une
famille), ils font circuler les mêmes informations et sont donc d’une efficacité limitée. Les
…………………………….. lient des individus de réseaux ……………………………………….. connectés entre eux : ils
apportent des informations plus pertinentes.
SYNTHESE sur les réseaux sociaux :
=> Réseau social est constitué des relations que des individus et des groupes sociaux
entretiennent entre eux. Que retient la sociologie ?
1. / Il est nécessaire d’étudier ces lien, decompter ces liens . => sociologie quantitative
(combien y a -til de liens ? Avec qui?). Il faut également caractériser ces liens en
utilisant la notion de sociabilité : => sociologie qualitative (ces liens sont-ils intimes ?
Sont ils répétés ? Sont ils prévus par un texte comme c'est le cas de l'employé et de
l'employeur dans un contrat de travail ?)
2. / Les réseaux peuvent constituer une ressource pour les individus : on parler alors de
capital social. Le réseau ne remplace évidemment pas les diplômes, mais permet à diplôme donné
d'optimiser la recherche d'emploi et la position professionnelle : lorsque deux personnes ont le même
42
diplôme (même capital scolaire), la personne ayant le plus de capital social aura le plus de chances de
trouver un emploi et plus de chance que ce dernier soit mieux rémunéré.
Nous avons vu que ce capital social dépend de :
– la taille du réseau (grand => +)
– de la place de l'individu dans celui ci (=> trou structural)
– mais aussi des formes de sociabilité de ce réseau (lien faible => +).
– De plus, le capital social d'un individu dépend des groupes d'appartenance des individus
auquel il est relié : si les individus font partie du groupe de la haute bourgeoisie, les
ressources seront plus importantes. Si les individus font partie du groupe des ouvriers, moins
de ressources. => intérêt à analyser réseau et groupe social
Conclusion du chapitre :
Nous avons commencé par nous demander ce qu’était un groupe social : comment le distinguer d’un
simple regroupement d’individus (file d’attente) et quels étaient les différents groupes auxquels
appartiennent les individus (primaire, secondaire, de référence, d’appartenance). Partie rappel et
définitions.
Ensuite, nous nous sommes intéressés au fonctionnement des groupes sociaux : comment certains
de ces groupes peuvent se mobiliser pour défendre les intérêts de leurs membres. La taille du groupe
joue un rôle essentiel ici. Partie sciences po.
Enfin, nous avons abordé la question des réseaux sociaux pour étudier les groupes d’un point de vue
différent : intérêt pour les relations.
43
Téléchargement