Chapitre 8. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils

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Thème 3 : Socialisation, groupes et réseaux sociaux
Chapitre 8 : Les processus de socialisation et la construction des identités
sociales
Chapitre 9 : Comment les individus s’associent-ils pour former des groupes
sociaux ?
Chapitre 10 : Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?
Objectifs du chapitre :
-Faire découvrir la démarche du sociologue
-Mettre en question les pré-notions des élèves
-Aborder les principales notions concernant la socialisation (normes, valeurs, rôles,
socialisation différentielle, socialisation primaire/secondaire, socialisation anticipatrice), les
groupes et les réseaux sociaux.
-Donner envie aux élèves de poursuivre la réflexion par des lectures (lectures choisies et
présentées en AP).
Introduction générale au thème : qu’est-ce que la sociologie et quelle
est la démarche du sociologue ?
I. Quel est l’objet d’étude de la sociologie ?
A. Qu’est-ce que la sociologie ?
Commencer par un brainstorming : qu’est-ce que la sociologie ? quel est son objectif ? à quoi ça
sert ?
Document : extrait vidéo : La sociologie est un sport de combat
1. Comment Pierre Bourdieu définit-il la sociologie ?
2. A quels types de problèmes s’intéresse le sociologue selon Bourdieu ?
Le terme de sociologie a été créé par Auguste Comte au XIXè siècle : socio et logos => science du
social. Cette définition très large de la sociologie ne nous dit pas grand-chose sur l’objet d’étude de la
sociologie. La littérature a déjà pour ambition d’expliquer le social.
Il est difficile de donner une seule et unique définition de la sociologie : dépend des auteurs, des
courants.
On peut définir la sociologie comme la science sociale qui étudie l’action des individus et des groupes
sociaux par férence au contexte social. La sociologie cherche à expliquer les comportements des
individus et le fonctionnement de la société. Sciences sociales = ensemble des disciplines qui étudient
les hommes vivant en société.
B. La sociologie comme réponse aux inquiétudes suscitées par la modernité
La sociologie nait dans un contexte particulier, celui de la RI et de l’émergence de l’individualisme
moderne. On peut considérer que la sociologie est une réponse aux inquiétudes suscitées par la
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modernité. Les premiers sociologues partagent une même inquiétude : comment assurer la cohésion
sociale dans un contexte nouveau marqué par la montée de l’individualisme ? Comment expliquer le
lien social ?
Ces questionnements vont conduire à l’émergence d’une nouvelle discipline, d’une nouvelle science :
la sociologie.
C. les fondateurs de la sociologie
Durkheim (1858-1917) est considéré comme le fondateur de la sociologie en France. Durkheim a
déterminé à la fois l’objet d’étude de la sociologie ainsi qu’une méthodologie.
Sa problématique : La question du lien social, de la cohésion sociale et de son maintien dans
les sociétés modernes constitue le fil directeur des travaux de Durkheim se demande comment
la cohésion sociale se maintient dans des sociétés occidentales marquée par l’individualisme,
c’est l’objet de sa thèse en 1893.
Sa définition de la sociologie : Durkheim finit la sociologie comme : « l’étude scientifique
des faits sociaux ». Quand on s’intéresse aux faits sociaux, on s’intéresse aux phénomènes qui
ont une dimension collective et présentent une certaine régularité (la mode, la délinquance, le
suicide, le mariage homosexuel, le don). « Faits sociaux = manières de faire, de penser, de sentir,
qui sont extérieures aux individus et qui sont dotées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel
elles s’imposent à lui. » L’objectif de la sociologie est de révéler des lois sociales qui expliquent
la régularité de phénomènes ou de comportements individuels : rapporter les comportements
individuels à la société et au groupe dans lequel ils vivent. La sociologie doit révéler les
déterminismes sociaux des comportements individuels. Il faut donner la priorité dans l’analyse
au tout, à la société, sur les parties qui le composent, c’est-à-dire les individus. On parle de
holisme méthodologique pour désigner la démarche de Durkheim. Proche de la notion de
macro.
Sa méthodologie : Durkheim propose une méthode pour étudier scientifiquement les faits
sociaux. Il a appliqué cette méthode à l’analyse du suicide. Il commence par définir son objet
d’étude : le suicide se définit par l’intention de se tuer, peu importe les mobiles des suicides.
Le suicide est un fait social puisque c’est un phénomène régulier : taux de suicide relativement
fixe. Durkheim va montrer qu’il y a des causes sociales au suicide : le taux de suicide diminue
lorsqu’on vit dans une communauté religieuse, intégrée, solidaire, soudée : les protestants se
suicident plus que les catholiques ou que le juifs ; la famille préserve du suicide, etc. => plus
l’individu est intégré à des groupes sociaux, moins il a de risque de se suicider.
A partir de la, il dresse une typologie du suicide : suicide égoïste, suicide altruiste et suicide
anomique.
Weber, allemand (1864-1920) est considéré comme l’autre fondateur de la sociologie moderne.
Sa problématique : la question de la modernité, le type d’homme créé par la modernité.
Questionnement proche de celui de Durkheim. Plus précisément, selon Weber, ce qui
caractérise la modernité c’est le processus de rationalisation du monde. Les actions des
individus sont de moins en moins guidées par la tradition ou l’affect mais par la rationalité : la
science remplace la religion comme principe d’explication du monde + extension de la logique
de calcul, d’efficacité.
Sa définition de la sociologie et sa méthodologie : Weber définit la sociologie comme la
science qui se propose de comprendre l’action sociale. L’accent est mis sur les actions
individuelles et sur leurs motivations : le sociologue doit comprendre les motivations des
actions individuelles. Il propose d’étudier le fonctionnement de la société en partant des
individus : étudier les conduites individuelles pour expliquer les phénomènes sociaux plutôt
que comprendre les comportements individuels à partir des faits sociaux. Il inverse l’ordre des
priorités par rapport à Durkheim. On parle alors d’individualisme méthodologique. Proche de
la notion de micro.
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II. Comment enquêter en sociologie ?
A. Un préalable : rompre avec les prénotions
Doc découvrir p. 200 Nathan
Doc 1 ou 2 ou 3 p. 184-185 Manuel Hachette
Doc 1. Divorce
1. Les taux de divorce sont croissants dans les cinq premières années de mariage puis, au fur et à
mesure que les années passent, ils sont décroissants. Il y a donc plus de probabilité de divorcer au bout
de cinq ans de mariage qu’au bout de dix ans.
2. Les taux de divorce augmentent avec les promotions de mariage. Ils sont plus nombreux dans les
années 2000 qu’ils ne l’étaient en 1978, quelle que soit la durée du mariage.
3. Non. Si le taux de rupture augmentait avec l’âge, les courbes seraient croissantes, or elles sont en «
V inver ». La probabilité de divorcer n’augmente pas avec l’âge. Au contraire, au-delà du cap «
fatidique » des cinq ans d’union, le taux de divorce diminue avec l’âge.
Doc. 2 Taux de suicide et sexe
1. En France, en 2006, le taux de suicide des hommes étaient de 24,3 pour 100 000 habitants : sur 100
000 habitants, environ 24 hommes en moyenne s’étaient suicidés cette année-là. Le taux de suicide
des femmes était de 8,2 pour 100 000 habitants, le taux de suicide des hommes était presque 4 fois
plus élevé que celui des femmes.
2. Non, puisque, alors que l’on pourrait croire que les femmes sont plus touchées que les hommes par
le suicide, c’est le contraire qui se produit. Quel que soit le pays répertorié dans le tableau, le taux de
suicide des hommes est systématiquement supérieur à celui des femmes.
3. En fait, on confond souvent deux phénomènes sociaux différents : les suicides et les tentatives de
suicide. Si les femmes sont plus sujettes aux tentatives (ce sont des appels au secours, plus que de réels
désirs de mourir, disent certains experts), elles sont en revanche moins concernées par les suicides. Le
choix des moyens y est pour beaucoup : alors que les femmes ont recours aux médicaments, les
hommes utilisent des moyens plus radicaux (armes à feu notamment) qui laissent moins de chances
de survie.
Doc. 3 partition des syndiqués selon le groupe socio-professionnel (2001-2005)
1. En 2001-2005, sur 100 syndiqués, 29 en moyenne étaient des cadres, ou les cadres représentaient
29 % des salariés syndiqués en 2001-2005.
Attention à ne pas confondre répartition des syndiqués et taux de syndicalisation par CSP
Pour information, voici le tableau du taux de syndicalisation selon le groupe socio-professionnel sur la
même période (2001-2005) :
Tous secteurs
confondus
Fonction
publique et
entreprises
publiques
Entreprises
privées
Cadres
14,9
26,7
7,7
Professions
intermé-
diaires
9,6
14,5
6,7
Employés
5,3
9,4
2,9
Ouvriers
5,9
17,6
4,6
Source : Enquêtes permanentes sur les conditions de vie des ménages, INSEE, in DARES, Premières
synthèses, n° 16.1, avril 2008.
2. Dans l’ensemble, cadres et professions intermédiaires représentent une part plus importante des
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syndiqués (29 % et 30 % respectivement) que ouvriers et employés, ce résultat provient surtout de la
fonction publique où la part des cadres syndiqués est 3 fois plus importante que celle des ouvriers (en
revanche, dans les entreprises privées, les ouvriers représentent 14 % des syndiqués soit une part de
5 points supérieurs à celle des cadres). Tous secteurs confondus, la part des cadres syndiqués est de 10
points (29-19) supérieure à celle des ouvriers, alors même que l’on aurait pu croire que les ouvriers
seraient plus nombreux parmi les syndiqués que les cadres.
3. Plusieurs explications sont mobilisables :
– la part de la cotisation qui pèserait moins dans un budget cadre que dans un budget ouvrier ;
– la perte de confiance des ouvriers dans l’efficacité des institutions plus forte que celle des cadres ;
le changement de structure de la population active, la part des cadres a augmenaux dépens de
celle des ouvriers ;
– la propension à se syndiquer augmente avec le diplôme et la qualification.
Doc 4 p. 187 Hachette
=>En sociologie, plutôt que de parler de préjugés, on parle de prénotions = représentations
spontannées d’un phénomène. Selon Durkheim, pour étudier scientifiquement les faits sociaux, il faut
se débarrasser de nos prénotions qui font obstacles à la connaissance scientifique : avoir un regard
neutre sur la réalité décrite. Le sociologue soit « considérer les faits sociaux comme des choses ».
B. Les différentes méthodes d’enquêtes
En sociologie, on commence par choisir un objet d’étude, un phénomène que l’on cherche à expliquer,
comprendre. Pour cela, le sociologue va émettre des hypothèses et les valider grâce à des enquêtes.
Doc 2 p. 188 Hachette
Doc. 2 • Les trois grandes méthodes en sociologie
1. L’intérêt de l’enquête par questionnaire est de pouvoir comparer les réponses de nombreuses
personnes. Il s’agit à partir de là de construire des statistiques, d’où l’aspect quantitatif.
2. Questionnaire : Construire un questionnaire pour connaître la fréquence de lecture (dans la
semaine, en vacances), le type d’ouvrages lus (BD, policier, livre d’aventure, presse…), approcher le
nombre d’ouvrages lus (à l’école, en dehors de l’école).
Entretien : Interroger des adolescents et leur faire parler du goût ou du dégoût qu’ils ont pour les
lectures, leur demander de justifier leurs prises de position.
Observation : Observer les comportements de lecture dans un CDI ou une bibliothèque.
3. Ces trois méthodes se distinguent par la méthodologie qu’elles mettent en oeuvre : elles n’engagent
pas les mêmes questions, ne supposent pas de rencontrer le même nombre de personnes. Le
questionnaire supposera un échantillon représentatif qui porte sur un nombre significatif de
personnes, l’entretien repose, lui, sur l’interview d’un nombre plus réduit de personnes interrogées,
en revanche, plus longuement. Comme tout outil, elles dépendent de l’objectif que l’on se fixe. C’est
en fonction du but à atteindre que l’on choisit la méthode appropriée, et non le contraire.
Elles sont complémentaires (quand elles sont réalisables) et offrent trois points de vue différents sur le
sujet à observer. L’idéal est souvent de pouvoir croiser ces perspectives.
Exemples : enquêtes sur les pratiques sexuelles des Français ou sur les pratiques culturelles : quanti.
Enquête sur les fumeurs de marijuana par Howard Becker = quali.
Chapitre 6 : les processus de socialisation et de construction des
identités sociales
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Sensibilisation : Victor de l’Aveyron
Objectifs :
-souligner l'importance de la socialisation dans le développement de facultés qui peuvent paraître naturelles
-amener vers une définition de la socialisation
L'histoire de Victor de l'Aveyron:
En 1797, un enfant d'environ 9-10 ans est aperçu dans le Tarn, mais ce n'est que deux ans plus
tard qu'il sera attrapé, escorté dans un village et recueilli par une veuve. L'enfant ne se nourrit
que de végétaux crus, ou qu'il a cuits lui-même. Amour, amitié, manières, langage, conscience
et sensibilité ne sont manifestement pas de son monde. Il fugue au bout d'une semaine. Nous
sommes en 1799 ; durant l'hiver, l'enfant passe du Tarn à l'Aveyron. Le 6 janvier 1800, un
enfant nu, voûté, aux cheveux hirsutes, est découvert par trois chasseurs. Il est d'abord envoyé
dans un orphelinat puis exposé à Paris à la curiosité de la foule et des savants. Toute la question
est de savoir si son retard mental était dû à son isolement ou si un handicap mental préalable
avait conduit à son abandon vers l’âge de deux ans.
En 1801, Victor est confié au docteur Jean Itard qui le baptise Victor (avant cela, il n'a pas de
nom). Personne ne croit à sa réinsertion sociale, mais Jean Itard s’attelle à la tâche. Il publiera
un mémoire la même année et un rapport en 1806 sur ses travaux avec Victor de l’Aveyron.
Pendant cinq années, il a travaillé avec cet enfant à sa réinsertion sociale qui a réalisé
d'importants progrès, mais a considéré comme un échec personnel son incapacité ou son
refus ? de parler. Le docteur Itard qui cherchait à humaniser le garçon. Il remarque les
difficultés qu’il a éprouvées à faire retrouver à l’enfant une sensibilité, des sentiments, une
faculté de raisonnement, mais surtout à lui apprendre à communiquer.
En 1970, François Truffaut s’inspire de l’histoire pour réaliser un film, L’Enfant sauvage. Le film
montre la formation progressive de la conscience chez l'enfant au contact d'autrui.
Diffuser extraits du film :
Point pour améliorer le cours : diffuser les extraits suivants :
L'enfant à l'état sauvage : On voit l'enfant marcher à quatre pattes, se nourrir et
grimper dans un arbre pour s'y reposer. 0 à 3’40.
L’arrivée de l’enfant chez le docteur Itard et la visite médicale : examen physique de
l'enfant, premières hypothèses sur son histoire et sur ses capacités. 15’0 à 21’
Dialogue entre Docteur Itard et le Professeur : ce dernier ne voit en l'enfant qu'un
« idiot » tandis que le Docteur pense que son état résulte de son isolement passé. 25’ à
26’35
Arrivée et début de l'éducation chez le Docteur Itard et sa gouvernante : le Docteur
apprend à Victor à se tenir debout et à manger. 26’40-32’30
Victor se fait baptiser Victor : 42’-42’40.
Victor et le lait : la gouvernante le reprend sur sa façon de ranger les cuillers. 42’40-
47’15
Victor forme le mot LAIT pour en obtenir auprès de la gouvernante, puis de la nourrice :
1h02’-1 h04’
Victor et l’injustice : 1h12’50-1h14’22
1. Pourquoi cet enfant est-il qualifié de sauvage ?
Ethymologie : via l’ancien français salvage, du latin silvaticus de forêt, forestier »), devenu
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