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au rôle des prix dans les dynamiques industrielles et d’innovation (par exemple Gaffard,
Amendola, Musso, 2003) . Notre propos se structure en cinq étapes. La première partie
développe cette problématique de marché hors équilibre pour la transposer à l’industrie
électrique libéralisée. La deuxième partie présente le modèle des marchés électriques
décentralisés sur lequel s’adossent les réformes et les positions de la Commission européenne
dans sa politique de la concurrence et dans ses propositions de directives successives. La
troisième partie met en lumière les défaillances de marché dans le modèle de référence à
partir des spécificités des industries électriques. Les quatrième et cinquième parties évaluent
les différentes solutions institutionnelles et d’organisation industrielle susceptibles d’y
remédier mais qui sont autant d’imperfections de marché. Enfin on explique l’évolution des
doctrines de politique de la concurrence et de réformes électriques par la nécessité intégrer ces
solutions pour assurer l’efficience de long terme des marchés.
2. Dynamiques industrielles, signaux de prix et investissement
La littérature sur les dynamiques économiques et industrielles s’est développée à partir d’une
critique de la théorie de l’équilibre en concurrence parfaite et du rôle de signal de long terme
qui est conféré au prix de marché. La théorie qui se focalise sur les structures de marché
assigne aux prix le rôle central dans la coordination en articulant sans distorsion les décisions
de court terme et de long terme. Elle confère un rôle informationnel complet aux prix en
raisonnant en avenir parfaitement probabilisable et dans un univers quasi-statique en ce qui
concerne les choix d’équipement et l’innovation. Les technologies sont supposées
spontanément émerger d’un panier de technologies à des dates prévisibles et des effets
d’apprentissage connus en correspondance avec l’évolution prévisible des prix relatifs des
facteurs de production. Tandis que les investissements dans des équipements capitalistiques
avec des couts irrécouvrables importants sont décidés par arbitrages intertemporels en
séquence de dépenses et de revenus en avenir probabilisable. Le calcul économique tient
compte des effets d’irréversibilité en valorisant l’attente d’informations (Arrow-Fischer,
1974). L’équilibre de long terme est assuré par une adaptation continu des capacités
d’équipement des firmes concurrentes à la demande, en minimisant les risques d’inadaptation
par le bon ajustement des anticipations des acteurs. Les prix des produits sont flexibles pour
refléter les changements des fondamentaux sectoriels, les cycles de prix résultant des
adaptations non synchrones de l’offre et de la demande des produits.