Leucémie Lymphoïde Chronique

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Sur la
Leucémie Lymphoïde
Chronique
Coordination :
Pierre Feugier, Nancy
Avec le soutien de
Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
Sommaire
 Qu’est-ce que la leucémie
lymphoïde chronique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
 Le diagnostic de la leucémie
lymphoïde chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
 L’évolution et les complications
de la leucémie lymphoïde chronique . . . . . . . . 10
 La prise en charge de la leucémie
lymphoïde chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
 Vivre avec une leucémie
lymphoïde chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24
Nous remercions le Dr Pierre Feugier (CHU de Nancy)
pour la coordination de ce guide, ainsi que le Dr Christian
Puppinck de l’Association de Soutien et d’Information
à la Leucémie Lymphoïde Chronique et la Maladie de
Waldenström (SILLC).
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 Qu’est-ce que la leucémie lymphoïde
chronique ?
❙ La LLC est une forme de cancer du sang
Comme son nom l’indique, la leucémie lymphoïde chronique (LLC)
est l’une des – nombreuses – formes de leucémie. Ce type de
maladie est lié à la prolifération d’une cellule anormale dans la
moelle osseuse et dans le sang. La multiplication incontrôlée par l’organisme d’une cellule (dite maligne) est caractéristique des cancers,
que ceux-ci touchent un organe solide (le côlon ou le poumon, par
exemple) ou le sang. Le terme de leucémie fait souvent peur car il
évoque les formes aiguës de cette maladie, c’est-à-dire les formes qui
évoluent rapidement en l’absence de traitement. Il faut cependant
savoir que, parmi les leucémies, la LLC est l’une des moins sévères
et qu’elle ne se transforme jamais en leucémie aiguë.
❙ La LLC est une maladie des lymphocytes B
Les lymphocytes B sont des cellules sanguines qui jouent un rôle
important dans les défenses de l’organisme contre les agents extérieurs (virus, bactéries, champignons, etc.). Ils font partie des globules
blancs. Comme toutes les cellules, les lymphocytes B ont une durée
de vie limitée, de l’ordre de quelques jours à quelques mois. La mort
de ces cellules est physiologiquement programmée par un processus
appelé apoptose. Elles sont ensuite remplacées par de nouveaux
lymphocytes, la production des cellules étant continue.
Au cours de la LLC, un des lymphocytes devient anormal, prolifère et ne meurt plus. Il échappe au processus d’apoptose. En
revanche, l’organisme continue de le produire, au même titre que
les lymphocytes B normaux. Faute d’apoptose, tous ces clones (ou
copies conformes) du lymphocyte anormal de départ se multiplient
et s’accumulent dans le sang.
❙ Au cours de la LLC, les lymphocytes anormaux
sont présents uniquement dans le sang
Les lymphocytes anormaux s’accumulent dans le sang mais aussi
dans la moelle osseuse et les ganglions lymphatiques. Ces derniers
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Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
sont de petits organes en forme de haricots qui sont répartis dans
tout le corps, en particulier au niveau de l’aine, du cou et des
aisselles. Ils font partie du système lymphatique, qui joue un rôle
important dans les défenses de l’organisme. Certains organes sont
affiliés au fonctionnement du système lymphatique. C’est le cas,
en particulier, de la rate, dans laquelle on retrouve généralement
des lymphocytes anormaux.
❙ La maladie peut passer inaperçue au départ
La LLC est une maladie d’évolution lente. Lorsqu’elle survient, il
n’y a le plus souvent aucun symptôme physique dans un premier
temps. En fait, les signes initiaux de la maladie s’observent uniquement dans le sang, liés à l’accumulation des lymphocytes anormaux, mais cela ne provoque aucun trouble particulier et n’a pas
de répercussion sur la vie quotidienne. Il est dès lors fréquent que
la présence de la LLC soit diagnostiquée plusieurs années après
son apparition. Ce n’est que lorsque la maladie évolue que des
symptômes physiques peuvent survenir.
❙ La LLC peut entraîner une augmentation
de volume des ganglions
Les lymphocytes anormaux à l’origine de la LLC tendent à s’accumuler progressivement dans les ganglions lymphatiques. Cela
peut, dès lors, conduire à ce que ceux-ci augmentent de volume
(on parle alors d’adénopathies), en particulier au niveau du cou
et de l’aine. L’augmentation est généralement modérée et les
ganglions ne sont le plus souvent pas douloureux.
Le même phénomène d’accumulation des lymphocytes peut
également être responsable d’un grossissement de la rate (appelée
splénomégalie).
❙ Les causes de la LLC sont connues
Si les mécanismes de survenue de la LLC sont aujourd’hui de mieux
en mieux compris, l’origine de la maladie reste inconnue. Il n’a pas
été identifié de facteurs de risque individuels particuliers prédisposant à l’apparition de la LLC.
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❙ La survenue de la LLC
n’est pas liée à l’environnement
Jusqu’à présent, aucune étude n’a permis d’établir un lien entre
la survenue de la LLC et l’exposition à des produits présents
dans l’environnement. Cependant, il faut reconnaître qu’il est
compliqué d’établir un tel lien. Cela nécessite en effet des études
auprès d’une large population de personnes suivie pendant de
nombreuses années et l’examen d’un grand nombre de facteurs
de risque possibles. Par ailleurs, pour certaines maladies proches
de la LLC, les lymphomes en particulier, des facteurs environnementaux (l’exposition à des pesticides, par exemple) commencent
à être mis en cause. L’existence d’un lien entre de tels facteurs
et la LLC ne peut donc pas être totalement exclue.
❙ La LLC n’est pas une maladie héréditaire
La LLC n’est pas à proprement parler une maladie héréditaire.
Dans la très grande majorité des cas, elle survient chez une
personne sans qu’aucun membre de sa famille ait auparavant été
touché et sans que ses enfants présentent de risque spécifique
d’être eux-mêmes un jour atteints. Cependant, il existe des formes
dites “familiales” de la maladie. Celles-ci sont rares, comptant
pour environ 5 % de l’ensemble des cas de LLC. Ces formes familiales sont liées à une sensibilité génétique à la maladie, sensibilité
qui peut se transmettre de parents à enfants.
La sensibilité génétique est également fonction de l’origine
ethnique. Ainsi, la LLC est très rare chez les Asiatiques.
❙ La LLC est une maladie transmissible
Comme tous les cancers, la LLC n’est pas contagieuse ; elle ne peut
se transmettre d’un individu à un autre. Vivre avec une personne
atteinte de LLC ne présente donc aucun risque pour soi.
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❙ La LLC est une maladie fréquente
Selon les dernières estimations disponibles, on compte un peu
plus de 3 000 nouveaux cas de LLC par an en France. Cette
maladie représente 1 % de l’ensemble des cancers. En revanche,
la LLC est la plus fréquente des leucémies, puisqu’elle représente
35 % de l’ensemble de ces maladies du sang.
❙ La LLC touche le plus souvent les hommes
Parmi les nouveaux cas de LLC diagnostiqués chaque année,
58 % concernent des hommes. Les raisons de cette fréquence
masculine légèrement plus élevée ne sont pas connues.
❙ La LLC survient le plus souvent chez l’adulte jeune
La maladie est inexistante chez l’enfant et, chez l’adulte, elle
survient à partir de 45 ans. Cependant, au moment du diagnostic,
les deux tiers des patients ont plus de 60 ans, l’âge moyen lors de
la découverte de la LLC étant de 69 ans. C’est donc une maladie
qui touche essentiellement les seniors.
 Le diagnostic de la leucémie lymphoïde
chronique
❙ La LLC est souvent découverte de façon fortuite
La maladie est d’évolution lente et, généralement, ne se traduit
par aucun symptôme physique pendant plusieurs années. C’est
donc souvent à l’occasion d’un examen sanguin, prescrit pour
une raison n’ayant rien à voir avec la LLC, que celle-ci est décelée,
lorsqu’un nombre de lymphocytes B plus élevé que la normale
est constaté.
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❙ Le diagnostic de la LLC
nécessite un examen clinique
Un examen clinique complet, effectué lors d’une consultation
médicale, constitue la première étape pour établir le diagnostic.
Cet examen permet notamment d’évaluer l’état de santé général
du patient et de rechercher d’éventuels symptômes de la maladie.
Le médecin s’attache particulièrement à rechercher une augmentation du volume des ganglions et de la rate.
❙ Le diagnostic de la LLC repose
également sur des examens sanguins
La LLC étant avant tout une maladie des cellules du sang, le
diagnostic est établi sur la base d’examens effectués à partir de
simples prises de sang.
Le premier examen consiste tout d’abord à compter les différents
types de cellules sanguines ; c’est ce que l’on appelle un hémogramme ou, plus couramment, une numération. Un nombre de
lymphocytes plus élevé que la normale oriente vers le diagnostic
de LLC.
Dans un second temps, les lymphocytes sont examinés au microscope par un cytologiste, un médecin spécialisé dans l’analyse des
échantillons sanguins. Les lymphocytes anormaux responsables de
la maladie présentent en effet des caractéristiques particulières.
Le diagnostic de la LLC est formellement établi à partir d’un examen
appelé immunophénotypage. Cette technique permet, en recherchant des marqueurs précis (des antigènes) à la surface des lymphocytes, de reconnaître ceux qui sont responsables de la maladie. Ces
marqueurs sont en quelque sorte la “signature” de la LLC. Lorsqu’ils
sont retrouvés, le diagnostic de LLC peut être affirmé.
L’analyse des cellules au microscope et l’immunophénotypage
permettent ainsi de certifier le diagnostic et d’éliminer la présence
d’autres maladies qui pourraient être responsables de l’augmentation du nombre de lymphocytes.
L’examen clinique associé aux analyses de sang constitue ce que
l’on appelle le bilan initial.
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❙ L’immunophénotypage peut être réalisé
dans tous les laboratoires d’analyse
Cet examen repose sur une technique particulière et n’est réalisé
que par des laboratoires spécialisés, auxquels sont adressés les
échantillons sanguins.
❙ Le diagnostic de la LLC est long à établir
À partir du moment où les prises de sang nécessaires pour les
différents examens sont réalisées, les résultats sont généralement
obtenus en quelques jours. Le médecin peut alors annoncer le
diagnostic au patient au cours d’une consultation.
❙ Un scanner peut être demandé
pour compléter le bilan initial
La réalisation d’un scanner, qui permet d’obtenir des images
précises de différentes régions du corps, peut être demandée
par le médecin, en particulier lorsque le patient présente des
ganglions dont le volume a augmenté. Cet examen permet alors
de déterminer si d’autres ganglions, présents dans des régions
non palpables, sont eux aussi plus volumineux que la normale. Le
résultat apporte ainsi des précisions sur l’extension et le stade de la
maladie. Le scanner n’est toutefois pas systématique, notamment
lorsque la maladie en est à un stade précoce de son évolution.
❙ Un myélogramme et/ou une biopsie
de la moelle osseuse sont toujours nécessaires
L’étude de la moelle osseuse n’est pas indispensable pour
compléter le bilan initial. Elle est parfois réalisée, notamment
si le diagnostic n’a pu être affirmé par les examens sanguins
(hémogramme et immunophénotypage).
Pour cela, il faut pratiquer une biopsie ou un myélogramme.
Ces deux interventions différentes consistent à prélever (pour la
biopsie) ou à aspirer (pour le myélogramme) un échantillon de
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moelle. Elles sont réalisées sous anesthésie locale, au niveau du
sternum (os plat situé au milieu de la poitrine) pour le myélogramme ou de l’os iliaque (partie saillante de la hanche) pour la
biopsie. Elles ne nécessitent pas d’hospitalisation.
L’échantillon obtenu est ensuite examiné au microscope. Cela
permet d’étudier les cellules présentes dans la moelle (avec le
myélogramme) ou la structure de celle-ci (avec la biopsie).
❙ Des examens génétiques peuvent être demandés
Le développement de la recherche génétique a permis d’identifier
sur les lymphocytes anormaux différents marqueurs susceptibles
de fournir des indications sur l’évolution possible de la maladie. Il
peut ainsi être réalisé une étude des chromosomes et des gènes
des lymphocytes anormaux. Ces analyses sont effectuées à partir
de prélèvements sanguins.
❙ Après le diagnostic, la maladie est classée
selon trois stades
Une classification a été définie pour déterminer le stade d’évolution au moment du diagnostic. Appelée “classification de Binet”,
elle distingue trois stades :
– le stade A. Il correspond à une élévation du nombre de lymphocytes B mais sans autre anomalie sanguine (ou alors minime), et
avec pas ou très peu de ganglions ayant augmenté de volume.
– le stade B. Il se rapporte à une élévation du nombre de lymphocytes B sans autre anomalie sanguine (ou alors minime), mais avec
des ganglions plus volumineux que la normale dans plusieurs
régions du corps. La taille du foie et/ou de la rate peut également
être augmentée.
– le stade C. Dans ce cas, l’élévation du nombre de lymphocytes B
s’accompagne d’autres anomalies sanguines, en particulier une
anémie (abaissement du taux d’hémoglobine dans le sang en deçà
de 10 g/dl) et/ou une thrombopénie (abaissement du nombre
de plaquettes sanguines en deçà de 100 000/µl), et ce quel que
soit le nombre de ganglions ayant augmenté de volume.
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Sur la
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Globalement, les médecins considèrent que les malades atteints
d’une LLC de stade A sont asymptomatiques (ils n’ont pas de
symptômes physiques), alors que ceux dont la LLC est classée
comme étant de stade B ou C présentent une maladie active.
❙ Lors du diagnostic, la maladie se situe
le plus souvent au stade A
Au moment du diagnostic, environ 60 % des patients présentent
une LLC de stade A. Chez 30 %, la maladie se situe au stade B et
chez 10 %, au stade C.
 L’évolution et les complications
de la leucémie lymphoïde chronique
❙ La LLC est une maladie qui évolue rapidement
Contrairement aux leucémies dites aiguës, la LLC est une maladie
dont l’évolution est la plupart du temps lente (raison pour laquelle
elle est qualifiée de “chronique”). Cependant, cette évolution
est très variable d’un patient à un autre. Chez certains, elle reste
stable pendant très longtemps alors que, chez d’autres, elle peut
évoluer vers une forme agressive quelques mois ou années après
le diagnostic.
❙ Il existe plusieurs formes d’évolution de la LLC
Les médecins ont l’habitude de présenter la LLC comme une
maladie des “trois tiers”. Il existe en effet trois modes principaux
d’évolution de la maladie.
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– Dans le premier tiers des cas, la maladie est asymptomatique au
moment du diagnostic (stade A) et elle n’évoluera pas ou très peu.
Les patients n’auront jamais besoin de recevoir un traitement.
– Dans le second tiers des cas, la maladie est asymptomatique
lorsque le diagnostic est établi (stade A) et ne requiert pas de
traitement dans l’immédiat. Cependant, elle évoluera dans les
années à venir et une prise en charge thérapeutique deviendra
alors nécessaire.
– Dans le troisième tiers des cas, la maladie est déjà évolutive
lorsqu’elle est diagnostiquée (stades B et C) et un traitement doit
être mis en œuvre assez rapidement.
En d’autres termes, on considère que, en cas de stade A lors du
diagnostic, la maladie évoluera au cours des années, et devra
alors être traitée, chez la moitié des patients, tandis qu’elle
restera asymptomatique, sans nécessiter de traitement, chez
l’autre moitié.
❙ Il est possible de connaître en partie le risque
d’évolution de la maladie
De nombreuses recherches ont été conduites ces dernières années
pour identifier des marqueurs permettant de pronostiquer l’évolution future de la LLC lorsqu’elle est diagnostiquée. Il a ainsi été
constaté que certaines anomalies présentes sur les chromosomes
des lymphocytes B anormaux sont associées à une évolution plus
défavorable (en particulier les délétions 11q22 et 17p13). Il en
est de même d’une augmentation rapide (doublement en moins
d’un an) du nombre de lymphocytes sanguins. La connaissance
de ces marqueurs permet aux médecins d’orienter, dans une
certaine mesure, le suivi et la prise en charge des malades.
De nombreux autres marqueurs pronostiques font actuellement
l’objet d’études. Ces dernières ne sont toutefois pas encore suffisamment abouties pour que ces marqueurs soient utilisés en
pratique courante par les médecins.
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❙ La LLC peut s’accompagner de différentes
complications
Lorsqu’elle est évolutive, la maladie se traduit par une accumulation progressive de lymphocytes B anormaux, non seulement
dans le sang, mais aussi dans la moelle osseuse, c’est-à-dire dans
le tissu contenu dans les os où sont produites toutes les cellules
sanguines. La présence en excès de ces lymphocytes anormaux a
des répercussions sur le bon fonctionnement de la moelle osseuse.
Ainsi, celle-ci tend à ne plus pouvoir produire en quantité suffisante les cellules dont l’organisme a besoin. Il peut en résulter
la survenue :
– d’un déficit immunitaire, en raison d’une production amoindrie
d’anticorps ;
– d’une anémie, liée à une diminution du taux d’hémoglobine
dans les globules rouges ;
– d’une thrombopénie, c’est-à-dire une baisse du nombre de
plaquettes sanguines, cellules indispensables au mécanisme de
coagulation du sang.
L’anémie et la thrombopénie peuvent parfois être aggravées par
un processus de réaction immunitaire ; on parle alors d’anémie
hémolytique auto-immune et de thrombopénie auto-immune.
Une prise en charge thérapeutique adaptée doit dans ce cas être
rapidement mise en œuvre.
❙ Un déficit immunitaire lié à la LLC
n’a pas de conséquence
En cas de diminution des défenses immunitaires, il devient plus
difficile à l’organisme de lutter contre les infections (qu’elles soient
dues à un virus, à une bactérie ou à un champignon). Celles-ci
tendent ainsi à devenir plus fréquentes et, en l’absence de traitement approprié, plus sévères. Le plus souvent, ces infections
concernent l’appareil respiratoire (nez, gorge et poumons), mais
elles peuvent toucher d’autres organes.
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Tout épisode infectieux survenant chez une personne atteinte
d’une LLC doit être pris au sérieux et amener à consulter un
médecin afin que celui-ci puisse prescrire le traitement requis.
Ainsi, une fièvre, une perte de poids et/ou des troubles respiratoires, signes d’une possible infection, doivent conduire le malade
à prendre contact sans tarder avec son médecin.
❙ Des saignements sans cause apparente
sont possibles au cours de la LLC
De tels saignements, au niveau des gencives par exemple, peuvent
survenir lorsque le nombre de plaquettes sanguines est diminué
de façon importante (ce que l’on appelle une thrombopénie), car
ces cellules sont essentielles pour la coagulation. S’ils deviennent
fréquents, il est nécessaire d’en informer son médecin. Il pourra
prescrire des traitements (transfusion de plaquettes, prise de
corticoïdes, notamment) pour corriger la thrombopénie.
❙ L’anémie peut avoir des répercussions
sur la qualité de vie
La baisse du nombre de globules rouge entraîne une diminution
du taux d’hémoglobine dans le sang. Or, c’est ce pigment qui
assure le transport de l’oxygène, depuis les poumons, dans tout
l’organisme. L’anémie se traduit donc par un moindre apport en
oxygène, avec pour première conséquence une pâleur de la peau
et une sensation de fatigue chronique. D’autres répercussions de
l’anémie peuvent également survenir : vertiges, essoufflement à
l’effort, troubles de la concentration, maux de tête, accélération
du rythme cardiaque. Passé un certain seuil, il est indispensable
de corriger l’anémie afin d’éviter qu’elle ne retentisse trop sur la
qualité de vie. La correction de l’anémie s’effectue grâce à des
transfusions de globules rouges et/ou l’administration de médicaments spécifiques (l’érythropoïétine en injections sous-cutanées,
par exemple). Le traitement de la LLC participe également à
l’amélioration de l’anémie.
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❙ Le risque de survenue d’un autre cancer
est augmenté lorsque l’on a une LLC
Il a été constaté que la fréquence d’autres cancers était plus élevée
chez les personnes atteintes d’une LLC. D’une part, la maladie
peut évoluer vers une forme de lymphome. Les lymphocytes
anormaux se développent alors dans le système lymphatique,
c’est-à-dire le réseau de vaisseaux et de ganglions qui joue un
rôle essentiel pour les défenses de l’organisme. Cette transformation de la LLC en lymphome s’appelle le syndrome de Richter
et survient chez 5 % à 10 % des malades. Un traitement adapté,
associant chimiothérapie et immunothérapie, différent de ceux
administrés contre la LLC, doit alors être initié.
D’autre part, le risque de survenue d’un autre cancer, pouvant
toucher notamment la peau, mais aussi les poumons, la prostate
ou le côlon, par exemple, apparaît plus important.
La surveillance de l’éventuelle survenue de ce type de cancer
secondaire fait partie du suivi médical des patients atteints de
LLC.
❙ Il n’est pas normal d’être fatigué
lorsqu’on est atteint d’une LLC
La fatigue est l’un des symptômes fréquents de la LLC. Elle est liée
aux répercussions de la maladie sur l’organisme ainsi qu’au stress
que celle-ci génère. De plus, elle est accentuée en cas d’anémie
et parfois au cours des traitements. Cette fatigue peut devenir
handicapante dans la vie de tous les jours, car elle ne s’améliore
pas véritablement avec le repos (par exemple, une bonne nuit
de sommeil). Face à cette sensation de “perte d’énergie” ou de
“faiblesse” persistante, les malades ont tendance à culpabiliser.
Il s’agit toutefois d’une conséquence normale de la maladie, et il
ne faut pas hésiter à en parler à son médecin. Ce dernier peut en
effet prescrire des traitements pour corriger l’anémie ou d’autres
causes pouvant être responsables de la fatigue. Par ailleurs, il est
conseillé d’avoir un minimum d’activité physique, adaptée à ses
capacités, car cela favorise l’amélioration de la qualité de vie.
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 La prise en charge de la leucémie
lymphoïde chronique
❙ Il est préférable que la prise en charge
des personnes atteintes de LLC soit assurée
par un médecin spécialiste
Il est en effet recommandé de s’adresser à un spécialiste, en l’occurrence un médecin spécialisé dans les maladies du sang, un hématologue. Les médecins de cette spécialité connaissent les modalités
optimales de la prise en charge de la LLC et sont au courant des
dernières évolutions thérapeutiques. Le suivi médical proposé par
l’hématologue doit être organisé en étroite collaboration avec le
médecin généraliste. Ce dernier est en effet en mesure d’assurer
l’accompagnement du patient et la prise en charge des soins non
spécialisés. Leurs rôles respectifs sont ainsi complémentaires.
❙ La LLC nécessite toujours un traitement
dès le diagnostic
Lorsqu’elle est découverte, la maladie est le plus souvent asymptomatique. Il n’a jusqu’à présent pas été montré que proposer un
traitement à ce stade pouvait apporter un bénéfice, notamment
concernant l’évolution ultérieure de la LLC. Les traitements actuels
sont donc prescrits uniquement lorsque la maladie se situe à
un stade plus évolué (stade B ou C, plus rarement stade A, et,
dans ce dernier cas, c’est généralement dans le cadre d’un essai
clinique). Une personne atteinte de LLC peut donc rester sans
traitement pendant plusieurs années après le diagnostic.
❙ Certaines personnes atteintes de LLC
n’auront jamais besoin d’un traitement
Chez environ un tiers des patients, la LLC n’évoluera jamais, ou
très peu. Ces personnes présentent un nombre de lymphocytes
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Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
plus élevé que la normale, en raison de la présence de cellules
anormales, mais cela ne s’accompagne de la survenue d’aucun
autre signe de la maladie. La maladie restant stable et asymptomatique, aucun traitement ne leur sera nécessaire.
❙ Même en l’absence de traitement, il est nécessaire
de consulter régulièrement son hématologue
Le fait qu’aucun traitement n’ait été prescrit signifie que la
maladie se situe à un stade asymptomatique. Cependant, elle
peut évoluer. Les marqueurs prédictifs du risque d’évolution qui
sont aujourd’hui disponibles ne permettent pas de déterminer
avec certitude, pour une personne donnée, si la maladie va
progresser, et surtout quand. C’est pourquoi un suivi régulier
auprès d’un hématologue est indispensable. Cela permettra au
médecin d’établir si la maladie reste stable ou si elle est entrée
en phase d’évolution. Une consultation tous les ans, voire tous
les six mois, est ainsi recommandée, toujours en collaboration
avec le médecin traitant.
❙ Les examens sanguins n’ont pas d’intérêt
pour suivre l’évolution de la maladie
Comme pour le diagnostic, les examens sanguins sont les principaux outils du suivi de la LLC, en particulier l’hémogramme,
qui permet de compter les différents types de cellules sanguines.
Les lymphocytes anormaux s’accumulant de façon continue,
c’est la rapidité de leur augmentation (en général, un temps de
doublement de leur nombre inférieur à douze mois), plus que
leur nombre, qui permet de déterminer si la maladie évolue ou
si elle reste stable.
La mesure des taux d’hémoglobine et de plaquettes permet de
détecter une éventuelle anémie et/ou thrombopénie. Ces deux
complications fréquentes de la LLC sont également, lorsqu’elles
surviennent, le signe d’une progression de la maladie.
Un hémogramme réalisé deux ou trois fois par an est suffisant si
l’évolution clinique de la maladie est stable.
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❙ Le traitement de la LLC repose d’abord
sur une chimiothérapie
L’objectif premier du traitement de la LLC est d’éliminer le plus
grand nombre possible de lymphocytes anormaux, ce qui permet,
dans le même temps, de corriger les conséquences de leur présence
(anémie, thrombopénie, ganglions augmentés de volume, notamment) et d’améliorer la qualité de vie. Pour cela, les médecins
proposent principalement des médicaments de chimiothérapie,
qui peuvent être associés à une immunothérapie par anticorps
monoclonaux (cf. infra). Ces derniers sont rarement prescrits seuls
en première intention. Un ou plusieurs médicaments peuvent être
prescrits, en fonction du stade de la maladie et de l’état de santé
général du patient. Les médicaments sont généralement administrés au cours de cures (ou cycles) qui sont répétées à intervalle
régulier. Certains traitements nécessitent toutefois une prise en
continu. La durée totale du traitement est variable d’un malade
à un autre, allant de trois à douze mois dans la plupart des cas.
Cela dépend notamment des médicaments choisis et de l’efficacité
obtenue. Dans tous les cas, le traitement et sa durée sont adaptés
au fur et à mesure du suivi, en fonction de la façon dont le patient
supporte les médicaments et des bénéfices observés.
❙ La chimiothérapie est toujours administrée
par perfusions
Aujourd’hui encore, de nombreux médicaments utilisés contre les
cancers se présentent sous une forme liquide injectable. C’est en
effet sous cette forme qu’ils se diffusent le mieux dans l’organisme
et qu’ils sont le plus efficaces. Compte tenu de leur présentation,
il est nécessaire de les injecter lors de perfusions.
Cependant, grâce aux progrès de la recherche, de plus en plus de
médicaments de chimiothérapie sont mis au point sous forme de
comprimés ou de gélules. Ces médicaments, que l’on présente
comme des “chimiothérapies orales”, sont tout aussi actifs et
bien plus pratiques d’emploi. C’est particulièrement le cas de
certains d’entre eux, prescrits pour lutter contre la LLC ; ils se
prennent par voie orale, avec un verre d’eau.
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Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
❙ D’autres traitements que la chimiothérapie
peuvent être proposés
Ces dernières années, un nouveau type de médicament a été
mis au point contre les cancers, et en particulier la LLC : les
anticorps monoclonaux. Obtenues par génie génétique, ces
molécules imitent les anticorps naturels et sont dirigées spécifiquement contre les cellules cancéreuses, dont elles entraînent la
mort. Plusieurs médicaments d’immunothérapie de ce type sont
aujourd’hui utilisés dans le traitement de la LLC, en association
avec une chimiothérapie. En 2010, l’immunochimiothérapie est
devenue le traitement de référence de la LLC.
❙ Lorsqu’un traitement par anticorps monoclonal
est mis en route, une courte hospitalisation
est nécessaire
Les anticorps monoclonaux sont des médicaments qui sont
administrés par perfusion intraveineuse ou en injection souscutanée. Une surveillance étroite est nécessaire lors de la première
perfusion, car une réaction d’hypersensibilité au produit peut
survenir. Cette réaction se traduit notamment par de la fièvre,
des frissons et des tremblements. Elle s’observe le plus souvent
au cours des deux premières heures qui suivent le début de la
perfusion. La diminution de la vitesse de la perfusion ou l’arrêt
de celle-ci, éventuellement associés à la prise de médicaments
adaptés, s’accompagnent d’un arrêt des symptômes. Lors des
perfusions suivantes, la fréquence de ces réactions diminue très
sensiblement et la surveillance n’a plus besoin d’être aussi étroite.
❙ L’efficacité d’un traitement est déterminée
par des examens cliniques et des bilans sanguins
Au cours du traitement, des consultations régulières avec l’hématologue sont programmées. À chaque fois, ce dernier effectue
un examen clinique complet. Cela lui permet notamment de
constater la diminution du volume des ganglions et de la rate,
et de s’assurer de l’amélioration de l’état général du patient.
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Parallèlement, grâce à la réalisation régulière d’un hémogramme
pendant le traitement, il est possible de constater la baisse du
nombre de lymphocytes consécutive à l’élimination des cellules
anormales par les médicaments. Les autres examens sanguins
prescrits par l’hématologue permettent par ailleurs de contrôler
la normalisation des répercussions de la maladie, en particulier
de l’anémie et de la thrombopénie.
❙ Après un premier traitement efficace, la maladie
peut réapparaître ultérieurement
Les médicaments actuellement disponibles permettent généralement d’obtenir une rémission complète, c’est-à-dire la disparition
de tous les signes de la maladie ; les ganglions ne sont plus volumineux, l’anémie, la thrombopénie et l’augmentation du nombre
des lymphocytes sont corrigées. Cependant, il est possible que
des lymphocytes anormaux soient toujours présents dans l’organisme après le traitement. Même s’il n’en reste qu’un tout petit
nombre, ceux-ci vont continuer de se multiplier et de s’accumuler.
Cela explique que, après une période plus ou moins longue de
rémission, les symptômes de la LLC puissent réapparaître.
❙ En cas de récidive de la maladie, aucun traitement
ne peut être proposé
Il est tout à fait possible de prescrire à nouveau un traitement
en cas de réapparition des symptômes et de signes d’évolution
de la LLC. Il peut s’agir du même traitement que celui prescrit
initialement, si la récidive survient à distance de l’arrêt de ce
dernier. Mais d’autres médicaments ou stratégies thérapeutiques
peuvent également être envisagés.
❙ Il n’existe pas, pour l’heure, de traitement qui
permette de faire disparaître totalement la maladie
Les médicaments actuellement disponibles ne permettent pas
d’éliminer de façon certaine la totalité des lymphocytes anor-
19
Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
maux présents dans l’organisme des personnes atteintes de LLC.
En revanche, la maladie peut être définitivement éradiquée par
une greffe de cellules souches (à partir desquelles sont produites
toutes les cellules sanguines) provenant d’un donneur (allogreffe).
Ces cellules peuvent être prélevées de deux manières différentes :
– soit directement dans la moelle osseuse du donneur. Le prélèvement s’effectue alors sous anesthésie générale ;
– soit dans le sang du donneur. Au préaléable, le donneur aura
reçu des médicaments appelés facteurs de croissance, qui stimulent le passage des cellules souches de la moelle vers le sang.
Pour le patient, l’allogreffe consiste dans un premier temps à
administrer un traitement (conditionnement) à doses variables
(définissant ainsi l’intensité du conditionnement) qui détruisent
tout ou partie des cellules de la moelle du patient et qui, surtout,
diminuent ses défenses immunitaires (permettant ainsi de ne
pas rejeter la greffe). Ensuite, les cellules souches du donneur
sont injectées au malade. Ces nouvelles cellules vont coloniser
la moelle osseuse, se multiplier et progressivement produire de
nouvelles cellules sanguines, dont les lymphocytes. Ceux-ci seront
alors indemnes de la maladie.
❙ La greffe de cellules souches
ne peut être envisagée pour tous les patients
Pour qu’une greffe de cellules souches soit envisageable, le patient
doit notamment être en mesure de supporter le conditionnement
précédant la greffe (même si en raison de l’âge la majorité des
conditionnements utilisés dans cette indication sont dits atténués),
ainsi que l’immunodépression (baisse des défenses immunitaires
de l’organisme) qui la suit. Cette approche thérapeutique n’est
pas dénuée de risques et il faut donc que l’état de santé général
du malade soit bon. La greffe de cellules souches est ainsi plutôt
réservée aux patients les plus jeunes et les moins fragiles, et qui,
sauf exception, sont en situation de rechute de la maladie.
20
❙ Les traitements de la LLC sont dénués
d’effets indésirables
Comme la plupart des médicaments, ceux employés contre la
LLC présentent des effets indésirables. Ceux-ci sont plus ou moins
fréquents et plus ou moins importants. Cela dépend notamment
des médicaments administrés et de la sensibilité individuelle de
chaque malade. Les principaux effets indésirables de chaque
médicament sont connus des hématologues. Avant tout traitement, ils informent leurs patients des effets indésirables qui
risquent de survenir et des signes annonciateurs. De leur côté,
les malades ne doivent surtout pas hésiter à parler à leur médecin
des effets indésirables qu’ils subissent, afin d’éviter que ceux-ci
ne deviennent trop importants et de modérer leur impact sur la
qualité de vie. Dans la plupart des cas, il est en effet possible de
limiter, voire de prévenir, ces effets indésirables avec des médicaments appropriés.
❙ Toute perte de cheveux liée au traitement
est définitive
Le mode d’action d’un certain nombre de médicaments de
chimiothérapie fait que ceux-ci s’attaquent non seulement aux
cellules cancéreuses, mais aussi à d’autres cellules de l’organisme,
en particulier aux follicules pileux. Ceux-ci sont les cellules où
prennent naissance les poils. La prise de ces médicaments entraîne
alors la chute des cheveux, mais aussi des cils, des sourcils et des
poils pubiens, au cours des premières semaines qui suivent le
début de la chimiothérapie. Bien que souvent difficile à accepter,
car très voyante, la perte des cheveux est toujours réversible. Les
cheveux et les autres poils commencent à repousser dès la fin du
traitement ou peu de temps après selon les cas. Les médicaments
habituellement prescrits contre la LLC entraînent le plus souvent
une perte de cheveux modérée.
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Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
❙ Il est possible de prévenir ou de limiter les
nausées et les vomissements liés aux traitements
Certains médicaments de chimiothérapie sont dits “émétisants”,
c’est-à-dire qu’ils provoquent des nausées et/ou des vomissements. Ces effets indésirables apparaissent le plus souvent
immédiatement après l’administration du traitement ou au cours
des jours qui suivent. Ils s’estompent ensuite progressivement.
La survenue de ces troubles est variable d’une personne à une
autre, en fonction des médicaments prescrits et de la sensibilité individuelle de chacun. Il existe aujourd’hui de nombreux
médicaments qui permettent non seulement de soulager, mais
surtout de prévenir les nausées et les vomissements induits
par la chimiothérapie. Ces médicaments “antiémétiques” sont
généralement associés pour obtenir une plus grande efficacité.
Selon les cas, ils sont administrés par voie orale, intraveineuse
ou rectale. Par ailleurs, différentes mesures concernant l’alimentation sont préconisées : par exemple, préférer les aliments
faciles à digérer, éviter les odeurs trop prononcées, fractionner
les repas.
❙ Des transfusions de produits sanguins peuvent
être nécessaires au cours de la maladie
Lorsque la baisse du taux d’hémoglobine et/ou du nombre de
plaquettes sanguines devient trop prononcée, l’hématologue peut
proposer d’effectuer une ou plusieurs transfusions de globules
rouges et/ou de plaquettes. Grâce à ces apports, il est ainsi
possible de corriger pendant un certain temps l’anémie et/ou la
thrombopénie induites par la LLC.
❙ En cas d’infections, il faut arrêter le traitement
contre la LLC
Les infections par des virus, des bactéries ou des champignons
peuvent être relativement fréquentes et répétées lorsque la
22
maladie est en phase évoluée. Ces infections nécessitent d’être
traitées rapidement avec les médicaments appropriés afin d’éviter
qu’elles ne deviennent trop sévères. Dans certains cas, une hospitalisation peut être nécessaire. La prise en charge thérapeutique
des infections n’empêche pas de poursuivre le traitement de la
LLC. Cependant, il est parfois nécessaire d’adapter ou de décaler
ce dernier afin d’éviter des interactions avec les médicaments
prescrits contre une infection.
Pour diminuer le risque infectieux, le médecin peut prescrire à
titre préventif des médicaments anti-infectieux de façon systématique et pendant plusieurs mois.
❙ Il peut être proposé de participer
à un essai thérapeutique
De nombreuses recherches sont en cours pour tenter d’améliorer
le traitement de la LLC. C’est grâce à de telles recherches que
d’importants progrès thérapeutiques ont été obtenus ces dernières
années, en particulier la mise à disposition de nouveaux médicaments et de nouvelles stratégies thérapeutiques. Mais, pour
que ces avancées puissent bénéficier à l’ensemble des malades,
il est nécessaire de les évaluer auparavant dans le cadre d’essais
thérapeutiques. Les essais ont pour objectif de s’assurer qu’un
nouveau médicament ou une nouvelle approche thérapeutique
sont à la fois efficaces et sûrs, comparativement à des traitements
ou des stratégies parfaitement connus. Les modalités de réalisation des essais sont très encadrées par la loi, afin notamment de
protéger les patients et de ne pas les exposer à des risques inutiles.
Ainsi, un patient ne peut pas être inclus dans un essai sans avoir
reçu une information détaillée, par oral et par écrit, et sans avoir
donné son consentement écrit. La recherche thérapeutique sur
la LLC est très active et de nombreux essais sont régulièrement
réalisés. Il est donc fréquent que soit proposé aux patients qui
ont besoin d’un traitement de participer à ces essais.
23
Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
 Vivre avec une leucémie lymphoïde
chronique
❙ La survenue d’une fièvre ou d’une perte de poids
doit conduire à consulter
Chez les personnes dont la maladie est en phase d’évolution,
les défenses immunitaires sont souvent altérées, de façon plus
ou moins prononcée. L’organisme de ces personnes est alors
moins en mesure de contrôler les virus, bactéries ou champignons que l’on rencontre dans la vie de tous les jours. Chez
ces patients, les infections sont généralement plus fréquentes
et présentent un risque plus important de devenir sévères. Les
premiers signes de toute infection ne doivent donc pas être pris
à la légère et nécessitent de consulter sans délai son médecin
généraliste ou son hématologue. Ces signes peuvent notamment être une fièvre, une toux ou des difficultés à respirer,
des maux de tête ou de ventre, une perte de poids sans cause
apparente.
❙ Des précautions particulières sont nécessaires
dans la vie de tous les jours
Lorsque la maladie est asymptomatique, aucune précaution
particulière ne doit être respectée dans la vie de tous les jours.
Les personnes atteintes de la maladie et leur entourage peuvent
vivre le plus normalement possible. À partir du moment où un
traitement devient nécessaire, il faut surtout prendre garde aux
risques d’infection en raison de l’affaiblissement des défenses
immunitaires. Il est ainsi préférable d’éviter d’être en contact
avec des personnes présentant des signes d’infection, même
s’il s’agit d’un simple rhume.
24
❙ Après les traitements, toute activité physique
est déconseillée
Il est recommandé d’avoir des activités physiques après l’arrêt
d’un traitement, voire, si cela est possible, pendant ce dernier,
et ce malgré la fatigue que l’on peut ressentir. L’activité physique
contribue en effet à améliorer la qualité de vie. Elle a des effets bénéfiques pour le corps, car elle aide à lutter contre la perte du capital
musculaire (qui augmente la fatigue), et permet une récupération
plus efficace. De plus, elle concourt à un mieux-être psychologique.
L’intensité des exercices pratiqués n’est pas importante. L’essentiel
est de faire ce que l’on peut, si possible tous les jours : une promenade, une petite balade en vélo, des assouplissements, etc.
❙ Il n’est pas recommandé de se faire vacciner
contre la grippe si l’on est atteint d’une LLC
La vaccination contre la grippe (grippe saisonnière et grippe A)
est tout à fait envisageable lorsqu’on a une LLC, notamment pour
les personnes au stade A qui ne sont pas traitées. Il n’existe pas
de contre-indication à recevoir ce vaccin. Cependant, en cas de
déficit immunitaire, l’efficacité de cette vaccination est incertaine.
Il est donc conseillé de discuter avec son médecin de l’intérêt de
se faire vacciner ou pas.
❙ Un soutien psychologique est rarement nécessaire
pendant la maladie
Savoir que l’on est atteint d’une maladie comme la LLC, c’est-àdire d’un cancer, a toujours des répercussions psychologiques.
Déprime, colère, ressentiment, frustration, de nombreux sentiments peuvent surgir tout au long de la maladie. L’anxiété et
le stress générés par le fait d’être malade et par l’incertitude de
l’avenir peuvent altérer, parfois de façon importante, la qualité de
vie et les relations avec l’entourage. Lorsque les difficultés rencontrées deviennent trop lourdes à porter, il peut être bénéfique de
consulter un psychologue ou un psychiatre. Au cours des entre-
25
Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
tiens, le patient peut exprimer ses émotions, ses angoisses, les
problèmes qu’il rencontre, et bénéficier de l’avis, neutre et bienveillant, d’un spécialiste. Le soutien psychologique ainsi apporté
peut contribuer à apaiser les tensions éprouvées par le patient et
à lever les difficultés auxquelles il se heurte. Pour rencontrer un
psychologue ou un psychiatre, le plus simple est de demander
conseil à son hématologue et/ou à son médecin traitant.
❙ La maladie peut avoir un retentissement
sur la sexualité
La sexualité fait partie intégrante de la vie de tout un chacun.
Mais le poids de la maladie et de ses répercussions peut conduire
à une baisse du désir, chez la personne malade mais aussi chez
son partenaire. Afin d’éviter que des sentiments d’incompréhension ou d’insatisfaction ne s’installent durablement, il est
généralement utile de communiquer avec son partenaire sur
les difficultés rencontrées. Pour favoriser la communication, la
consultation d’un psychologue ou d’un sexologue, seul ou en
couple, peut apporter une aide bénéfique.
❙ Le recours aux médecines alternatives est à éviter
à tout prix
Les médecines alternatives, telles que l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie ou la sophrologie, peuvent être utiles pour
aider une personne malade à faire face au stress et aux difficultés
psychologiques engendrées par la maladie. Elles peuvent également permettre de surmonter des troubles tels que les maux
de tête ou l’insomnie. Enfin, elles peuvent contribuer à se sentir
mieux “dans son corps et dans sa tête” lorsque l’un et l’autre
sont malmenés par la maladie. Il est toutefois préférable d’éviter
les traitements alternatifs qui promettent des miracles ou qui
réclament l’arrêt de tout traitement conventionnel. Dans tous
les cas, il est recommandé de demander conseil auparavant à
son médecin traitant et/ou son hématologue, notamment pour
s’assurer de l’absence d’interactions entre les produits proposés
et le traitement de la maladie.
26
❙ La LLC est une maladie prise en charge à 100 %
par l’Assurance maladie
La LLC fait partie des affections de longue durée (ALD), c’està-dire des pathologies qui donnent droit à une prise en charge
à 100 % par l’Assurance maladie. Cela signifie que le patient
n’a pas à s’acquitter de ce que l’on appelle le ticket modérateur, autrement dit la part des prestations et des soins qui reste
normalement à la charge des malades (et qui est éventuellement remboursée par une mutuelle). La prise en charge à 100 %
concerne tous les soins et toutes les prestations liés à la LLC, dans
la limite des tarifs de remboursement prévus par l’Assurance
maladie. Les éventuels dépassements d’honoraires ainsi que, en
cas d’hospitalisation, le forfait journalier hospitalier restent dus
par le patient (ou sont remboursés par sa mutuelle). Par ailleurs,
la prise en charge à 100 % ne porte pas sur les frais médicaux
liés aux problèmes de santé autres que la LLC. Ceux-ci sont
remboursés aux taux usuels.
❙ C’est au patient de faire la demande
de prise en charge à 100 %
La demande est effectuée par le médecin traitant, en concertation avec l’hématologue. Pour cela, il doit remplir un formulaire
spécifique, le protocole de soins. Celui-ci mentionne le diagnostic
de la LLC ainsi que les traitements prévus. Ce formulaire est
adressé par le praticien au médecin-conseil de la caisse primaire
d’assurance maladie dont dépend le patient. Le médecin-conseil
donne ensuite son accord pour la prise en charge à 100 % d’une
partie ou de la totalité des soins et des traitements liés à la LLC.
La validité du protocole du soin est établie pour une durée déterminée, qui peut être renouvelée en fonction de l’évolution de
la maladie. 27
Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
❙ Il n’est plus possible de travailler
lorsqu’on est atteint d’une LLC
Pour les personnes dont la maladie est asymptomatique, la poursuite d’une activité professionnelle est tout à fait envisageable.
Lorsque la LLC est en phase évolutive, notamment pendant la
période de traitement, il peut être plus compliqué de continuer
à travailler, en raison des allers-retours répétés à l’hôpital, des
effets indésirables des médicaments et de la fatigue ressentie. En
pratique, tout dépend de l’état de santé général de la personne,
de la manière dont elle supporte le traitement et des aménagements de son temps de travail qu’elle est susceptible d’obtenir
pour suivre correctement le traitement. S’il devient difficile de
poursuivre l’activité professionnelle, le médecin est en mesure de
prescrire un arrêt de travail. La personne doit alors en informer
son employeur et l’assurance maladie dans un délai de 48 heures.
Pour les salariés du régime général, l’arrêt de travail est pris en
charge sur une durée de trois ans dès lors que le patient est
reconnu être en situation de longue maladie.
Pour les fonctionnaires, un congé de longue maladie, d’une
durée de trois ans, peut être demandé. Ils ont également la possibilité de prendre un congé de longue durée pour une période
maximale de cinq ans. De leur côté, les contractuels ont droit
à un congé de grave maladie si leur ancienneté est d’au moins
trois ans.
❙ Un mi-temps thérapeutique peut être envisagé
pour reprendre son activité professionnelle
Après une période d’arrêt de l’activité professionnelle en raison
de la maladie, il est possible de recommencer à travailler dans
un cadre aménagé. Une visite de “pré-reprise” doit dans un
premier temps avoir lieu avec le médecin du travail, afin d’évaluer
l’aptitude de la personne et les aménagements possibles (ceux-ci
devant être définis en accord avec l’employeur). Une demande
28
de mi-temps thérapeutique, quant à elle, doit être adressée au
médecin-conseil de la caisse d’assurance maladie dont le patient
dépend, accompagnée d’un certificat du médecin traitant. En cas
d’accord, le mi-temps thérapeutique est autorisé pour une période
de trois mois, et peut être renouvelé pour une durée maximale
d’un an. Lorsqu’une invalidité est reconnue (catégorie 1), il est
possible de prolonger le mi-temps thérapeutique sans limitation
de durée.
❙ Des indemnités peuvent être perçues
en cas d’invalidité liée à la maladie
Une pension d’invalidité, appelée “allocation aux adultes handicapés” (AAH), peut être obtenue par les personnes dont la capacité de travail ou les gains sont réduits de deux tiers au minimum.
Cette pension peut également être attribuée lorsqu’un malade
a bénéficié des indemnités journalières pendant trois ans. La
demande d’AAH est effectuée par le médecin traitant ou le
médecin-conseil de l’Assurance maladie. Elle doit être adressée
au bureau d’aide sociale de la mairie du domicile du patient, qui
statue sur dossier médical.
❙ Il est possible d’avoir accès aux assurances et aux
prêts bancaires lorsqu’on est atteint d’une LLC
Ces dernières années, différentes dispositions successives ont
été adoptées pour améliorer l’accès à l’emprunt et à l’assurance
des personnes atteintes d’une maladie grave. La dernière en
date, entrée en vigueur en janvier 2007, est la convention AERAS
(s’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé). Cette
dernière concerne les prêts professionnels et immobiliers, ainsi
que les crédits à la consommation. Des informations précises
concernant cette convention sont disponibles sur le site www.
aeras-infos.fr.
29
Sur la
Leucémie Lymphoïde Chronique
❙ Il existe une association de patients
spécifiquement axée sur la leucémie lymphoïde
chronique
Des patients et leur entourage ont souhaité former une association
pour échanger des informations, trouver une assistance, sentir
un soutien pour affronter cette pathologie : l’association SILLC
(association de Soutien et d’Information à la Leucémie Lymphoïde
Chronique et à la Maladie de Waldenström). Les membres de
cette association ont voulu utiliser les moyens modernes de
communication pour mettre à la disposition de tous ce qui par
expérience nous a semblé essentiel. Il appartient à chacun de
contribuer à enrichir, à partager et de diffuser ce soutien. Vous
pourrez trouver d’autres informations sur l’association SILLC en
vous rendant sur le site www.sillc-asso.org.
Les articles publiés dans Correspondances en Onco-hématologie
le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction
par tous procédés réservés pour tous pays.
Edimark SAS (DaTeBe éditions) – © décembre 2006
Imprimé en France – Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne – Dépôt légal à parution
30
Notes
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Association de Soutien
et d’Information
à la Leucémie Lymphoïde
Chronique et à la
maladie de Waldenström
Un site internet pour
répondre à vos questions :
00119/MABH/0310 Établi le xx/xx/xx
www.sillc-asso.org
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