Problématisez, en montrant ou bien que la manière dont on définit les termes repose sur des implicites
intenables (notamment pour les questions ouvertes, cf. plus loin), ou bien nous emmène à devoir affirmer que
les deux réponses opposées sont vraies (notamment pour les questions fermées).
Formulez le problème. Par exemple : « d'un côté... ; d'un autre côté... » ; ou « comment se fait-il que... alors
que... ? » Ou bien les deux l'une après l'autre (mieux vaut être lourd que louper le problème, et la
reformulation permet d'y voir plus clair). Vérifiez qu'il s'agit bien d'un problème réel, en vous demandant si on
ne peut pas trouver une réponse simple, qui permettrait de trouver une solution immédiate au pseudo-
problème. Ex : « On peut se demander si travailler augmente ma liberté » n'est pas l'énoncé d'un problème – je
peux répondre par « oui » ou par « non » – mais « comment se fait-il que travailler rende libre alors que la
liberté consiste dans la réalisation de mes désirs, et que le travail est une contrainte ? » est un problème (on
voit bien ici que la problématisation s'appuie sur le travail de définition). Autre ex : « L'État doit-il s'occuper du
bonheur des individus ? » D'un côté, oui, parce que le bonheur est le but des hommes (déf. du bonheur), c'est
donc forcément pour cette fin qu'ils se regroupent en un État (déf. de l’État). D'un autre côté, non, car le
bonheur est affaire privée (déf. du bonheur) et il serait dangereux que l'État vienne régenter le bonheur de
chacun, puisque l’État s’occupe du public et non du privé (déf. de l’État) et que cela signifierait s’il le faisait
régenter sa vie privée (et l'on appelle ça le totalitarisme). Problème : comment se fait-il que l'État doive
s'occuper du bonheur des individus alors que le bonheur est une affaire privée ?
oUne question ouverte
La question ouverte met en jeu un ou plusieurs concepts du programme, mais sans que ces rapports soient
réductibles à l'affrontement dialectique de deux contraires. Ex : « Qu'est-ce que... X ? » (pour Platon, c'est la
question philosophique par excellence) ou « Pourquoi y a-t-il plusieurs sciences ? ».
Construisez le problème en reformulant la question et dégageant les implicites. Ex : « À quoi servent les
sciences ? ». L’implicite du sujet est que les sciences servent à quelque chose. En regardant les repères du
programmes, on voit que cet implicite revient à dire que les sciences sont des moyens au service de fins. Mais
est-ce bien le cas ? Remettre en cause cet implicite, se demander si les sciences ne sont qu’un moyen alors que
la vérité qu’elles cherchent est une fin en soi, c’est passer à un problème. Autre ex, plus tordu : « Quelle valeur
accorder à l'opposition du travail manuel et du travail intellectuel ? » est un sujet sur la valeur d'une distinction,
et non sur deux types de travail. Autrement dit, cette question pourrait se reformuler ainsi : « A-t-on bien
raison, quand on dit qu'il y a ces deux sortes de travail ? Si on le dit, n'est-ce pas au contraire le reflet d'une
certaine idéologie ? Quelle est la valeur de cette distinction ? Me permet-elle de bien comprendre la réalité ? »
(par exemple, pensez au sens d'une question comme « quelle valeur accorder à l'opposition entre l'intelligence
des Blancs et l'intelligence des Noirs ? » On ne demande pas en quoi consiste la différence (ce serait accepter
qu'elle existe – or c'est justement le point de se demander si dire qu'elle existe est valable), mais quelle valeur
est véhiculée par ceux qui disent qu'il y en a une – ici, par exemple, une valeur raciste). Ainsi, vous dégagez les
implicites de la question – ici, implicitement, on suggère qu’une telle opposition n’existe pas forcément
(puisqu’il faut attribuer une valeur éventuellement négative à leur opposition). Contrairement à ce qu’une
lecture trop rapide du sujet nous inviterait à faire, ce sujet concerne donc la valeur d’une opposition
conceptuelle dont on suppose qu’elle n’a pas de fondements dans la réalité.
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