Entretien avec Nicolas Vanier. Il raconte...
Le peuple Évène, modèle de développement durable ? (2'24'')
Je pense que ce peuple et cette manière de vivre, qui est montrée dans ce film, nous permettent de
poser une question totalement essentielle : on est aujourd'hui dans une crise générale, qui est
l'aboutissement de l'« avoir toujours plus ». Notre génération cultive depuis quelques dizaines
d'années l'« avoir toujours plus ». On en voit aujourd'hui les limites environnementales, financières et
sociales. C'est une crise générale. Il faut donc revoir le monde. Nous avons été très vite, trop vite bien
évidemment. J'ai vraiment la sensation – et cette année partagée avec les Évènes n'a fait qu'enrichir
cette sensation – que nous sommes confrontés à une idée : après avoir conjugué l'avoir sous toutes
ses formes, il va falloir se poser la question de l'être. Ce peuple nous pose cette question car eux
n'ont rien au sens que nous accordons au verbe avoir. Avoir, pour nous, c'est avoir de l'argent, une
voiture, le dernier iPhone, etc. Eux, ils sont. Et que sont-ils ? Ils sont profondément heureux. Et
pourquoi ? Car ils sont en équilibre avec leur territoire, ils profitent de leurs enfants et de la vie. Cette
question est peut-être extrêmement simpliste, mais je crois au fond que c'est la grande question que
nous devons nous poser. Et vraisemblablement, dans quelques millénaires, les hommes qui
regarderont notre époque, se poseront cette question : « Vers où allaient ces hommes ? ». Je crois
que ce peuple et ce film peuvent nous permettre, en voyant ces gens vivre, de se poser cette question
essentielle : nous avons cultivé le verbe avoir sous toutes ses formes, maintenant comment allons-
nous commencer peut-être à conjuguer ce verbe être, qui est finalement quelque chose d'essentiel
dans la vie ? Car finalement que recherchons-nous tous, que l'on soit Évène, réalisateur de film, ou
qui que ce soit sur cette petite planète ? Nous recherchons une seule chose dans la vie : être
heureux. En tout cas, les Évènes le sont.