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LES CRABES
QU’EST-CE QU’UN CRABE ?
La silhouette du crabe est familière mais cet animal n’en reste pas moins fort mal connu de la majorité du
public qui redoute instinctivement le contact d’un organisme aux formes bizarres, revêtu d’une solide cuirasse,
armé de pinces et dont les yeux mobiles sont toujours aux aguets.
Surmontons notre appréhension et, au cours d’une promenade au bord de la mer, ramassons simplement un
de ces petits crabes si communs tout le long des côtes européennes, en ayant soin de le saisir entre le pouce
et l’index par la région la plus large de la carapace. Il s’agit presque à coup sûr du »Carcinus maenas »
connu populairement sous le nom de « CRABE ENRAGE ».
Sa situation dans la taxonomie animalière est décrite en annexe 1.
Comme ses pattes sont articulées et que son corps est divisé en segments, il fait partie de l’embranchement
des arthropodes qui englobe les crustacés ainsi que les insectes et araignées. La classe des malacostracés,
outre notre crabe et ses cousins, comprend également des animaux qui forment le plancton. Un échelon plus
bas, ses parents éloignés sont les cloportes puis, avec les eucaridés, se sont les diverses formes de krill. Les
décapodes sont les animaux qui possèdent 10 pattes. Il y en a tout plein ! Les crevettes vont faire bande à
part et le voilà (brachyoure) avec ses cousins la galatée, le bernard l’hermite, les crevettes nettoyeuses, le
homard, l’araignée, les écrevisses, et autres.
Le terme brachyoure vient du grec et signifie courte queue. Il y a plus de 4.000 espèces de crabes recensés
par les scientifiques. Elles se répartissent dans 36 familles dont 15 super familles
SON ANATOMIE
Revenons à notre petit Carcinus maenas et retournons-le en tous sens. Ce qui nous frappe d’abord ce sont
les 3 parties fondamentales de son anatomie, soit un corps massif et aplati, symétrique, plus large que long,
protégé par une solide carapace dorsale au bord antérieur dentelé, appelé le CEPHALOTHORAX, sous lequel
se rabat un abdomen en lamelle ou pléon, de proportions modestes. Outre quelques appendices antérieurs,
cinq paires de pattes prolongent le corps latéralement.
Où que nous appuyions, le revêtement résiste à la pression, il constitue un squelette externe minéralisé
derrière lequel l’animal mène une existence abritée. Les pattes elles-mêmes sont protégées par cet
exosquelette sans perdre pour autant leur mobilité car, en certains endroits, d’étroites zones souples
échappent à la minéralisation et permettent l’articulation des différents segments des membres.
Les appendices frontaux sont au nombre de 9. Ce sont :
Les pédoncules oculaires qui portent les yeux et
qui sont logés dans 2 orbites creuses de la
carapace. Comme ils sont articulés ils permettent
à l’animal une vision multidirectionnelle.
Les antennules sont des formations sensorielles.
Elles sont constituées de 5 articles et d’un fouet
multiarticulés. Un statocyste est logé à la base du
premier article c’est un organe qui assure à notre
crabe équilibre et orientation.
Les antennes sont également des formations
sensorielles. Leur fouet est plus important que
celui des antennules mais le système d’articulation
permet moins de mouvements. Le premier article
porte l’orifice urinaire. Oui, le crabe fait pipi au
droit de sa tête !
pédoncule oculaire antennule antenne
p
halothorax
chéli
p
ède
p
léo
p
ode
p
ério
p
ode
p
léon
p
édoncule oculaire
antennule
antenne
maxilli
p
ède
anus
2
Voilà pour les sens, les autres appendices frontaux concernent la mastication. Ce sont :
Les mandibules qui disposent de ce que l’on pourrait appeler des incisives
et des molaires
Les maxilulles également appelés premières mâchoires
Les maxilles ou deuxièmes mâchoires. Ces deux appendices jouent un rôle très important dans la
circulation de l’eau à l’intérieur de la chambre branchiale.
Les 3 maxillipèdes qui amènent la nourriture à la bouche. Le troisième permet également de fermer
l’orifice buccal.
mandibule maxillule maxille maxillipèdes
Les appendices latéraux s’appellent des périopodes, il y en a 5 paires. La première paire voit son extrémité
transformée en pince et s’appelle chélipède.
Les périopodes se divisent en 2 régions principales :
Le propodite qui est à l’intérieur de la carapace et
assure la liaison entre le membre et le corps. Il est
subdivisé en 2 articles
1. le coxa qui porte quelquefois des excroissances
latérales, les épipodites qui ont un rôle respiratoire.
2. le basium qui porte un exopodite qui peut être à
l’extérieur de la carapace et porte alors la ponte.
L’endopodite que nous appellerons la patte qui se
fragmente en plusieurs articles.
La pince est formée par le propodus pour la partie fixe, le dactylus étant la partie mobile.
Voilà pour les appendices de notre ami le crabe. Je précise que je n’ai pas trouvé de dessin ou de schéma
utilisable de chélipèdes càd des pattes à pince.
Comme il n’a pas de squelette puisque son corps se trouve enfermé dans une carapace s’est la peau qui lui
permet de garder sa forme lorsqu’il mue. Elle est constituée de diverses couches.
La couche externe ou épicuticule ne contient pas de
chitine. C’est une membrane de quelques microns
d’épaisseur qui assure l’imperméabilité des téguments.
En dessous s’alignent de nombreuses strates qui forment
l’endocuticule qui se compose
 De la couche préexuviale, qui comme son nom
l’indique, est sécrétée avant la mue. Elle est calcifiée,
imprégnée de pigments et contient de 10 à 15 % de
chitine.
 De la couche postéxuviale qui est déposée après la
mue et qui contient au moins 70 % de chitine. Ces
deux couches s’enrichissent de dépôts calcaires.
 La couche membraneuse n’est sécrétée qu’assez tard
après la mue et ne se calcifie pas. Elle assure la liaison
avec
 L’ectoderme
De fins canalicules traversent ces strates et permettent à une glande tégumentaire un contact avec le milieu
extérieur. Leur rôle et fonction n’est pas encore connu mais il est supposé qu’il doit être sensoriel. De
nombreux poils, sécrétés par l’ectoderme sont répartis un peu partout sur le corps. Là aussi on ignore
également leur fonction.
incisives
molaires
coxa
épipodite
exo
p
odite
basium
ischiu
m
mérus
car
us
p
roto
p
odus
dact
y
lus
p
oil
glande
tégumentaire
fibre
canalicule
ectoderme
3
SON SYSTEME NERVEUX
L’organisation nerveuse des brachyoures se caractérise par la répartition de l’ensemble des neurones en
deux masses principales :
- L’une, que nous appellerons cerveau est située
dorsalement et à l’avant de la bouche. Il se présente
comme un massif rectangulaire aplati où de nombreuses
cellules se mêlent à des faisceaux de fibres.
- L’autre, bien plus volumineuse, est la masse nerveuse
ventrale qui regroupe tous les ganglions abdominaux. Elle
a l’aspect d’un disque étoilé, percé en son centre d’un
orifice ou s’engage l’artère sternale.
En ce qui concerne le cerveau, il est constitué de trois
parties à savoir :
Le procérébron qui commande les nerfs optiques
et les nerfs moteurs des pédoncules oculaires
Le deutocérébron d’où partent les nerfs
antennulaires et les nerfs tégumentaires
Le tritocérébron avec les nerfs antennaires et les
commissures périoesophagiennes.
Sur ces dernières se trouve un ganglion qui commande le
système qui innerve les différentes régions du tube
digestif.
Enfin, les nerfs des appendices buccaux, des pattes et de
l’intestin émanent de la masse nerveuse ventrale ainsi
qu’un seul nerf qui dirige la région ventrale de l’abdomen.
SES SENS
Voilà ce qui est écrit dans l’un des livres qui m’a servi pour faire cet exposé, il date de 1973 : « L’étude
physiologique au moyen de méthodes modernes des organes des sens est à peine entamée ». Les quelques
informations que j’ai trouvées font état :
LE TOUCHER Il est assuré par des poils pointus ou ramifiés en relation avec des terminaisons
nerveuses. Ces poils sont répartis sur tout le corps mais très spécialement sur les antennules, les
antennes, et la plupart des appendices
LA CHEMORECEPTION Dans l’eau il est difficile de distinguer l’olfaction du goût. Ce sont les poils
minces, longs et émoussés (il y a donc différents types de poils) des antennules et appendices
buccaux qui détectent les stimulis chimiques. De plus les canalicules qui perforent l’exosquelette des
pattes, des pinces et peut-être aussi des chambres branchiales aboutissent à des terminaisons
nerveuses chémoreceptrices.
L’AUDITION Elle n’est pas clairement établie. Cependant il est constaté que plusieurs espèces
peuvent émettre des signaux sonores. A quelles fins alors s’ils ne peuvent être entendus ?
LA VUE Les yeux qui sont situés à l’extrémité du pédoncule oculaire sont composés d’un assemblage
de plusieurs milliers d’ommatidies. Une ommatidie comporte :
Une cornée chitineuse, transparente, de forme
hexagonale.
Un cône cristallin produit par quatre cellules
juxtaposées.
Un axe central appelé rhabdome qui constitue
certainement le photorécepteur de l’œil. Huit
cellules rétiniennes sont groupées autour de lui
et deux cellules pigmentaires se déplacent
dans son cytoplasme. Ces déplacements sont
fonction de la luminosité. Un éclairage
important répartit ces pigments de manière
uniforme, un écran est ainsi constitué qui
atténue le passage du rayon lumineux.
coupe d’un oeil
nerf o
p
ti
q
ue
nerfs té
g
umentaires
cerveau
nerf antennulaire
nerf antennaire
oeso
p
ha
g
e
ganglion
stomatogastrique
nerf de l’abdomen
nerfs des
appendices
buccaux, des
périopodes, de
l’intestin
,
système
stomatogastrique commissure
périoesophagienne
masse nerveuse
ventrale
nerf o
p
ti
q
ue
membrane basiliaire
4
A l’obscurité ils se tassent et ne forment donc plus écran, en lumière faible ils sont en position intermédiaire.
Chaque ommatidie donne une image de son champ visuel et chacun des champs chevauche sur celui des
voisins. Il est cependant probable que tous ces morceaux d’image s’intègrent en une seule image simple.
Une membrane basiliaire de tissu conjonctif réunit l’ensemble des ommatidies, elle est traversée par les
prolongements du nerf optique.
La perception des couleurs a été établie chez certaines espèces de crabes.
SON SYSTEME CIRCULATOIRE
Sous l’aire cardiaque de la carapace se trouve le cœur. Il se présente
comme une poche musculaire rectangulaire accrochée par des
ligaments élastiques à la paroi interne d’une autre cavité close, qui
l’entoure de toute part, la cavité péricardique. Les contractions
cardiaques chassent le sang dans sept artères principales. Cinq d’entre
elles se dirigent vers l’avant et irriguent la partie antérieure du corps.
Deux quittent le cœur par l’arrière, l’une descend
verticalement, traverse la masse nerveuse ventrale et se
divise en deux branches qui irriguent la partie centrale du
corps, l’autre longe l’intestin et irrigue l’abdomen.
Sous l’effet de la pression cardiaque le sang gagne de proche
en proche les sinus branchiaux, remonte sur la face externe
des branchies puis redescend par la face interne. De là des
veines le conduisent dans la cavité péricardique puis dans le
cœur.
photo du coeur
coupe transversale du céphalothorax
Les crabes n’ont pas réellement de sang mais un fluide transparent, légèrement bleuté appelé hémolymphe.
Ce fluide véhicule également des cellules qui rappellent les leucocytes de notre sang car elles sont capable
de phagocytose cad digérer d’autres cellules.
La fréquence des battements cardiaques dépend de la taille des espèces et est d’autant plus élevé que le
poids des individus diminue. Elle est de 90 pour Eriphia spirifrons, 100 pour Maia verrucosa, 105 pour Cancer
pagarus et varie entre 64 à 87 pour Dromia vulgaris.
SON SYSTEME RESPIRATOIRE
Tous les crabes respirent à l’aide de branchies. Seules quelques rares espèces terrestres ont remplacé les
branchies par des pseudo-poumons, les autres humectent leurs branchies grâce à l’eau ou à l’humidité
contenue dans leurs chambres branchiales. Ces chambres sont plus volumineuses et le nombre de branchies
moins important que chez les crabes qui vivent exclusivement dans l’eau.
SON SYSTEME DIGESTIF
La bouche s’ouvre ventralement, elle est située entre les mandibules. Elle se prolonge par un court œsophage
où débouchent de nombreuses glandes. Vient ensuite le sac très large de l’estomac dont les parois sont
renforcées en certains endroits par des épaisseurs chitineuses et calcifiées.
aire
cardiaque
Ouverture par laquelle le sang pénètre dans le coeur
chambre
b
ranchiale
veine branchio-cardia
q
ue
artère descendante
artère a
pp
endiculaire
sinus branchiaux
b
ranchies
veine efférente
coeu
r
cavité
p
éricardi
q
ue
5
Cet estomac est divisé en deux poches :
Le cardia, chambre antérieure, très
large, où se trouve le moulin gastrique
qui triture les aliments.
La chambre pylorique qui porte des
rangées de poils filtrants qui
empêchent les fragments alimentaires
trop épais ou trop durs de progresser
plus avant.
dissection du cardia
Cette partie du système digestif est d’origine ectodermique aussi la paroi chitineuse se détache et est rejetée
lors de la mue.
vue dorsale
L’intestin antérieur est extrêmement court.
Deux coeca tubulaires enroulés sur eux-
mêmes à leur extrémité y débouchent. Leur
rôle n’est pas connu.
Plus ventralement l’énorme hépato-pancréas
sécrète dans l’intestin médian les ferments
digestifs qu’il produit. Il a également pour
fonction d’absorber la plus grande partie des
produits digérés et de les stocker en tant que
matière de réserve.
L’intestin postérieur est un long cylindre étroit
qui reçoit un long coecum enroulé sur lui-
même dont je ne connais pas la fonction. Cet
intestin pénètre dans l’abdomen pour s’ouvrir
sur l’extérieur par l’anus.
D’autres voies d’excrétion fonctionnent parallèlement au système digestif. Certaines cellules des branchies et
de l’hépato-pancréas éliminent des déchets et lors de la mue des résidus inutilisables sont rejetés avec
l’ancienne carapace. Enfin l’urine qui se trouve dans une large vessie est amenée par un canal dans une
glande qui se trouve dans les antennes et c’est de là qu’elle est évacuée. A noter que l’on ne sait pas
comment se forme cette urine.
SON SYSTEME REPRODUCTEUR
Le sexe mâle Chacun des deux testicules est étalé au-dessus de l’hépato-pancréas tout juste en-dessous du
derme. Ils sont formés d’une longue et mince bande dont la taille augmente avec la maturité sexuelle. Ils se
soudent l’un à l’autre à l’arrière de l’estomac et débouchent dans deux spermiductes tubulaires qui
s’amincissent pour devenir les canaux déférents après passage par une glande annexe. Le pénis qui forme
l’extrémité de ces canaux s’ouvre sur l’extérieur sur la coxa de la dernière paire de pattes.
Une petite glande est accolée au canal déférent juste à hauteur des muscles de la coxa. Elle semblerait être
la cause des caractères sexuels mâles secondaires.
Les spermatozoïdes sont des cellules arrondies blanches non mobiles. Ils sont encapsulés dans des
spermatophores à hauteur des spermiductes. Ils quittent ces capsules au moment ou ils sortent du pénis.
Le sexe femelle Les deux ovaires occupent une situation analogue à celle des testicules. Ils communiquent
par d’étroits oviductes avec les réceptacles séminaux qui servent de spermathèque et s’ouvrent sur l’extérieur
à l’avant de la dernière paire de pattes.
organes mâles organes femelles
Le rapprochement sexuel s’effectue immédiatement après la mue de la femelle. Il est précédé par une série
de préliminaires et de parades encore mal connues. La femelle se renverse sur le dos, le mâle, toujours doté
de sa carapace, la couvre et dépose ses spermatozoïdes dans le réceptacle séminal. La paroi de ce
réceptacle sécrète alors un liquide qui, au contact de l’eau se durcit de telle sorte que les spermatozoïdes ne
peuvent plus quitter les voies génitales féminines. Le sperme peut y pendant des années, car il n’est pas
les flêches indiquent les ‘dents’
chitineuses qui macèrent la
nourriture avant qu’elle ne
passe dans la chambre pylo-
rique de l’estomac
cardia
anus
intestin
p
ostérieu
r
p
ato-
p
ancréas
coecu
m
intestin médian
intestin antérieu
r
chambre
py
lori
q
ue
muscles
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