5
appropriée aux périodes calmes (Albouy, 1994). Par contre l’image de l’homme honnête d’Elias
Sarkis
n’était pas convenable à la période d’évènements dans laquelle baignait le Liban.
Dans le domaine commercial, le positionnement de l’offre est fortement lié à l’image du produit
qui existe dans l’esprit du consommateur ou en d’autres termes, la manière dont le produit est
perçu par l’acheteur. A l’exemple de l’image du produit, l’image politique peut être assumée à
des reproductions mentales réunissant des perceptions qu’a le public d’un politicien ou d’un parti
politique, elle est constituée par l’expérience personnelle, les rumeurs publiques, le passé du
candidat, ses qualités, l’exercice de ses fonctions, ses attitudes politiques, sa gestuelle ainsi que
les signaux émanant de lui ou du parti qu’il représente ; le tout devrait, selon Albouy (1994) subir
un traitement dans l’esprit de l’électeur pour engendrer plus tard une certaine croyance sur les
qualités et les défauts du dit candidat ou parti. Selon certains experts en communication politique,
le double objectif du marketing serait :
de créer une image au candidat s’il n’en possède pas, en évitant toutefois une croissance
trop rapide de notoriété (Cotteret, 1983). Cette stratégie de création et de positionnement
d’une nouvelle image a été mise en œuvre dans les campagnes de Jean Lecanuet, Jimmy
Carter et Bill Clinton qui étaient tous presque inconnus du grand public.
de rectifier l’image d’un certain candidat déjà présente dans l’esprit du public en agissant
positivement sur les opinions des citoyens, et ceci en gommant les imperfections et
favoriser les mérites. Cette stratégie de repositionnement a été appliquée durant la
campagne de Richard Nixon en 1968 qui avait l’image d’une personne intelligente et
exercée mais peu sympathique (Albouy, 1994).
Selon Ries et Trout (1988), le champ de bataille des entreprises n’est autre que l’esprit du
consommateur et dans la guerre de marketing le but final est de conquérir ce champ. Dans un
autre ouvrage, les mêmes auteurs insistent sur ce point en postulant qu’il est nécessaire voire
indispensable d’être le premier dans l’esprit des clients d’autant plus qu’il est difficile
d’influencer une croyance ou d'intervertir une opinion lorsqu’elle y est déjà fixée. Si donc une
image quelconque devait être créée c’est d’une manière prompte et « brusque » qu’il faudrait
qu’elle soit faite car l’être humain n’aime pas changer d’opinion sur la personne, l’entreprise ou
le bien desquels il s’est déjà fixé une certaine image, puisque ceux-ci sont définitivement classés
dans son répertoire mental et refuse catégoriquement de les concevoir dans une autre catégorie.
Nous pouvons déduire de ce qui précède que le positionnement en politique ne devrait
logiquement pas découler du candidat lui-même, mais de la perception de celui-ci par l’électeur,
car c’est à partir des croyances et des attitudes des électeurs vis à-vis de l’homme politique que
la stratégie de positionnement doit être élaborée ou « modifiée ». Plus l’image est favorable dans
l’esprit du consommateur, plus la position du candidat est forte. En outre, cette stratégie devrait
être formulée et exécutée rigoureusement car la conséquence d’une telle déviation entre l’image
perçue et la réalité entraînera la déception. Par suite, la modification de l’image du candidat, et
contrairement à ce qu’a évoqué Albouy à ce propos, n’est donc possible que lorsqu’une faible
altération devrait avoir lieu ou lorsque les qualités du candidat excèdent largement ses points
faibles, donc lorsqu’une image plutôt favorable existe déjà (c’est le cas de Richard Nixon qui
n’avait qu’un seul défaut à convertir). Cependant, cette stratégie de repositionnement n’est pas
Président de la république libanaise (1976-1982).