L’ARPENTEUR DU WEB
INTERFÉRENCES & DIFFRACTION GUY BOUYRIE
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4. EXEMPLES DE DOCUMENTS ÉLABORÉS À PARTIR DES RESSOURCES NUMÉRIQUES CITÉES CI-DESSUS
4.1. FRESNEL et la diffraction de la lumière
En France, au début du XIXe siècle, le modèle de la lumière
qui domine chez les physiciens est newtonien.
Pour LAPLACE, BIOT, POISSON, mais aussi AMPÈRE et ARAGO, la
lumière est constituée de particules se propageant en ligne droite.
Ainsi l’ombre projetée par un objet éclairé doit avoir des bords bien
nets. Ce n’est généralement pas le cas car les sources de lumière sont
étendues et les bords présentent donc un dégradé, une pénombre.
Mais pour une source lumineuse ponctuelle, les bords de l’ombre
doivent être nets. Malheureusement, lorsqu’on illumine un petit objet
avec une source ponctuelle, on observe autour de son ombre des
franges sombres et claires ! Les newtoniens expliquent ce phénomène
par une interaction des particules de lumière et la matière du bord de
l’objet éclairé.
Le jeune Augustin FRESNEL montre expérimentalement que cette
interprétation n’est pas valide. Il interprète les franges observées
comme des interférences entre des ondes (similaires à celles déjà
connues pour le son ou encore les ronds dans l’eau). Il développe
alors une théorie ondulatoire de la lumière, inspirée des idées de HUYGENS. Ses travaux convainquent
AMPÈRE mais pas LAPLACE et ses condisciples ! En 1818, FRESNEL défend une thèse sur le sujet pour
obtenir le prix de l’Académie. POISSON, newtonien convaincu, trouve une objection imparable : en effet, en
appliquant la théorie de FRESNEL, les calculs montrent qu’un point lumineux doit apparaître au milieu de
l’ombre d’un disque convenablement éclairé, ce qui manifestement est absurde, inimaginable pour les
laplaciens ! L’académicien François ARAGO décide alors de mener l’expérience. Et tous virent l’impossible
se produire ! FRESNEL obtint le prix à l'unanimité et cette tache lumineuse impossible prit le nom de tache de
POISSON.
Et voici ce qu’écrivit plus tard à ce sujet FRESNEL dans son traité d’optique :
“Une des objections les plus spécieuses que NEWTON ait faite contre le système des vibrations lumineuses
est sans doute celle où il compare la marche du son avec celle de la lumière qui, selon lui, ne se répand
jamais dans les ombres, tandis que le son se fait entendre derrière les obstacles placés entre le corps sonore
et celui qui écoute. Mais d’abord il est inexact de dire que la lumière ne s’infléchit point dans les ombres et
il est surprenant que NEWTON n’en parle pas dans le dernier livre qu’il a consacré aux phénomènes de
diffraction. La lumière infléchie dans l’ombre devient encore plus sensible quand le corps opaque éclairé qui
sert d’obstacle est un petit disque circulaire : on aperçoit alors au centre de l’ombre un point lumineux
entouré de petits anneaux alternativement brillants et obscurs, toutes les fois que le point éclairant est assez
éloigné et qu’on reçoit l’ombre à une distance suffisante de l’obstacle. La partie éclairée dans le centre de
l’ombre est d’autant plus étroite que le diamètre du disque qui sert d’obstacle est plus grand relativement à
la distance où l’on reçoit l’ombre. […]. Les phénomènes de la diffraction, qui ne sont au fond que
ceux des ombres portées dans le cas le plus simple, celui où
l’objet éclairant est réduit à un point lumineux, ces
phénomènes, loin d’être contraires au système des vibrations,
sont peut-être ceux qui présentent les confirmations les plus
frappantes. C’est avec le secours de cette théorie que je suis
parvenu à en découvrir les lois rigoureuses et générales, et à
les représenter par une formule dans laquelle il n’entre
qu’une seule constante arbitraire qu’il faille déterminer par
l’observation, la longueur d’ondulation. Si l’on fait attention
à la variété extrême des effets de la diffraction, on sentira
que, pour qu’une même formule, dans laquelle il n’entre
qu’une seule constante arbitraire tirée d’une autre classe de
faits, puisse représenter tous les phénomènes de la diffraction jusque dans leurs aspects les plus bizarres et
en apparence les plus irréguliers, il faut nécessairement qu’elle soit l’expression véritable de la loi des
phénomènes”.
Figure de diffraction observée autour et
dans l’ombre d’une bille en acier de 3 mm
de diamètre éclairée par un faisceau laser.
Diffraction par un fil : au centre, on observe une
tache brillante !