Et vous, où vous situez-vous ?
Je suis un peu au carrefour de la philosophie, de la psychologie et de la spiritualité. Mes
références, ce sont Jung, Freud, mais aussi Socrate, Spinoza, et Jésus et Bouddha ! Je fais
une synthèse de tous les grands penseurs et sages de l'humanité, qui se posent la question de
comment vivre bien. Dans "L'âme du monde", l'idée était de faire un conte universel, accessible
à tous, sous la forme d'une fiction qui donne un peu la quintessence des sagesses du monde.
En prenant sept sages dont une philosophe spinoziste, une chamane de Mongolie, une
hindouiste, un maître soufi, un taoïste, un moine, un kabbaliste... Ces gens se retrouvent réunis
dans un monastère au Tibet, où ils devront transmettre les fondements de la sagesse
universelle à deux adolescents, un Tibétain et une Européenne. Je fais une synthèse que
j'appelle les sept clés de la sagesse, via un enseignement un peu poétique, avec des contes et
légendes collectés un peu partout. Ils sont confrontés à la nécessité de voir ce qui les
rassemble, au-delà de toutes leurs divisions culturelles.
Qu'est-ce qui divise les religions ?
C'est la culture. C'est l'histoire, les rituels, le dogme, le nom qu'on donne à l'absolu. Ce sont les
croyances qui divergent, alors que l'expérience spirituelle rassemble. On retrouve des conseils
de sagesse qui sont les mêmes partout : vivre l'instant présent, être attentif à ce qu'on fait,
savoir s'intérioriser pour se connaître... Que la liberté doit conduire à l'amour, l'amour doit
passer par un amour de soi, tellement de choses qu'on retrouve partout, mais dites autrement.
S'il n'y a qu'un message à retenir ?
Si on porte en soi un certain regard, une certaine conception du monde, où qu'on soit, on
retrouvera les mêmes problèmes ou les mêmes joies. C'est donc un travail sur soi qu'il faut faire
avant tout dans sa quête de sagesse. Le bonheur et le malheur sont en nous, pas dans les
événements extérieurs. Rien que prendre conscience de ça, ça change la vie !
C'est très individuel, pourtant ça a tout l'air d'un sport d'équipe...
C'est une démarche individuelle qui a besoin des autres, oui. Mais c'est d'abord une démarche
individuelle. A l'inverse des religions, qui peuvent être vécues comme un rite social, culturel,
collectif. La spiritualité engage la personne, pour se transformer, s'améliorer. On a donc besoin
de guides, voire d'un psy, de lire certains auteurs. C'est aussi collectif dans la mesure où ça
s'incarne dans la relation aux autres. La spiritualité débouche sur l'amour, sur une meilleure
relation avec les autres.
Au niveau planétaire, il y a de quoi changer le monde, non ?
La guérison du monde viendra par le fait que de plus en plus de gens seront transformés et
vivront autrement. C'est tout à fait possible, d'ailleurs ça progresse. Le développement durable,
le bio, le refus de faire souffrir les animaux... De plus en plus de gens veulent vivre et agir de
manière responsable. C'est un mouvement de la société qui grandit, qui va se démocratiser de
plus en plus. Et si j'ai écrit "L'âme du monde", c'est aussi pour démocratiser la spiritualité pour
les jeunes. De plus en plus de jeunes font de courtes retraites dans les monastères. Tout ce
que je transmets, c'est la sagesse vécue par des hommes depuis des millénaires. Nul besoin
d'être croyant. Ce sont des conseils de vie qui ont fait leurs preuves.
A lire : "L'âme du monde", éditions NIL, 198 p. 18 euros.