Définition et classification
de la fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire (FA) est le trouble du
rythme continu le plus fréquent. Environ une
hospitalisation sur trois motivée par un trouble
du rythme est due à une fibrillation auriculaire.
La FA est une tachyarythmie supraventriculaire
consécutive à une excitation auriculaire non
coordonnée avec dysfonction mécanique secon-
daire des deux oreillettes.
A l’ECG, les ondes P sont remplacées par des
ondes de fibrillation, dont la fréquence, l’ampli-
tude et la morphologie peuvent fortement varier.
La fréquence auriculaire est de >350/min, la
fréquence ventriculaire étant le plus souvent
située entre 60 et 130/min (fig. 1 x).
Il n’existe plus aucune relation avec le complexe
QRS et l’irrégularité des intervalles RR signe une
arythmie. L’«arythmie complète» est pathogno-
monique de la fibrillation auriculaire. Dans les
cas de fréquences ventriculaires extrêmement
basses ou extrêmement hautes, les intervalles RR
peuvent exceptionnellement sembler «pseudo-
réguliers» [1].
La FA est un facteur de risque indépendant
important de maladies thromboemboliques arté-
rielles [2]. Ces dernières sont surtout redoutées
parce qu’elles se situent au niveau cérébral dans
près de 90% des cas, dont près de 80% passent
cliniquement inaperçus. Le but de tout traite-
ment de FA est donc non seulement de rétablir
la fonction cardiaque, mais aussi de prévenir ce
type de complications [4]. Le tableau 1 pillus-
tre la classification des fibrillations auriculaires.
Chez les patients de moins de 60 ans sans indi-
cations cliniques ni éléments électrocardiogra-
phiques en faveur d’une maladie structurelle du
cœur, on parle de «lone atrial fibrillation». D’au-
tres formes comprennent la fibrillation auricu-
laire valvulaire ou non valvulaire, la fibrillation
auriculaire avec ou sans valvulopathie rhumatis-
male ou à la suite de la mise en place de prothè-
ses valvulaires et la «fibrillation auriculaire
focale», lors d’épisodes fréquents et de courte
durée, souvent représentatives d’arythmies
déclenchées dans des trigger zones situées en
règle générale dans les veines pulmonaires par-
venant à l’oreillette gauche.
CURRICULUM Forum Med Suisse 2006;6:145–153 145
Etiologie et traitement médicamenteux
de la fibrillation/du flutter auriculaire
Albrecht Schönfelder, Peter Rupp, Thomas Zerm
Centre des Urgences Hirslanden, Hôpital Salem, Clinique Beau-Site, Clinique Permanence, Herzzentrum, Berne
Quintessence
쎲La fibrillation auriculaire est le trouble du rythme cardiaque continu le plus fréquent.
쎲La fibrillation auriculaire est un facteur de risque indépendant important d’embolies artérielles,
l’accident vasculaire cérébral en étant la complication la plus redoutable.
쎲La probabilité de développer une fibrillation auriculaire augmente avec l’âge; l’incidence est
>6% chez les patients de plus de 80 ans. Le risque d’accident vasculaire cérébral et de comorbidité
augmente proportionnellement.
쎲La fibrillation auriculaire peut survenir de façon isolée. Elle est souvent associée à une cardio-
pathie structurelle, à une ischémie myocardique, à une malformation, à une hypertension artérielle
ou à une cardiomyopathie.
쎲La perte de l’activité mécanique synchrone de l’oreillette, l’irrégularité de l’action ventriculaire
et l’augmentation habituelle de la fréquence ventriculaire jouent un rôle significatif, dans la mesure
où elles entraînent une perturbation de la fonction ventriculaire gauche pouvant aller jusqu’à l’in-
suffisance cardiaque avec la présence de vertiges, de palpitations, d’un angor, d’une stase pulmo-
naire, ainsi que de thromboses éventuellement sources d’embolies.
쎲Le diagnostic de ce trouble du rythme se pose sans difficulté à l’aide d’un simple tracé du rythme,
d’un ECG, le cas échéant d’un Holter ou d’un enregistreur d’événements.
쎲Le but du traitement est d’améliorer la qualité de vie des patients, de prévenir les complications
thromboemboliques et d’éviter l’évolution vers une cardiomyopathie ou une insuffisance cardiaque,
en d’autres termes d’abaisser la mortalité globale.
쎲
Fondamentalement, il s’agit de distinguer le contrôle du rythme et le contrôle de la fréquence cardiaque.
쎲On peut tenter de rétablir un rythme sinusal par cardioversion électrique ou médicamenteuse.
Les règles de l’anticoagulation préventive contre les accidents vasculaires cérébraux doivent être
observées.
쎲Les techniques d’ablation par cathétérisme constituent aujourd’hui une alternative intéressante,
plus particulièrement en cas de flutter auriculaire et chez les patients symptomatiques répondant
mal au traitement médicamenteux.
쎲
Dans la fibrillation auriculaire persistante, le traitement est basé sur l’anticoagulation préventive et le
contrôle de la fréquence cardiaque. Seules les valeurs d’INR supérieures à 1,8 offrent un effet protecteur.
Summary
Causes and drug therapy of atrial fibrillation/flutter
쎲Atrial fibrillation is the most frequent persistent heart rhythm disturbance.
쎲It is an important independent risk factor for arterial embolism; most feared is ischaemic stroke.
쎲The probability of atrial fibrillation increases with age, with an incidence of >6% in patients
aged over 80. The risk of stroke and comorbidities rises proportionally.
쎲Atrial fibrillation may occur in isolation. It is frequently associated with structural heart disease,
e.g. myocardial ischaemia, valvular heart diseases, arterial hypertension or cardiomyopathy.
쎲Of haemodynamic importance are loss of synchronous atrial mechanical activity, irregular cham-
ber action and the usually high ventricular frequency. The consequences are reduced left ventric-
ular function, dizziness, palpitation, heart failure, pulmonary congestion, thrombosis and embolism.
쎲This rhythm disorder can be diagnosed by simple rhythm recording, ECG, possibly Holter ECG
or an event recorder.
쎲Therapy goals are improvement of quality of life, prevention of thromboembolism, prevention
of late complications such as cardiomyopathy or heart failure, and a decrease in total mortality.
쎲Two principal alternatives currently applicable in the general approach to AF are rhythm con-
trol and frequency control.
쎲Cardioversion into sinus rhythm is performed either electrically or medically by antiarrhythmic
drugs. Strict anticoagulation standards should be applied as protection against cerebral stroke.
쎲As alternatives in atrial flutter, or in symptomatic patients in whom the effect of drug therapy
is inadequate, ablative catheter techniques are assuming increasing importance.
쎲In persistent atrial fibrillation the aim of therapy is anticoagulation and frequency control.
쎲Only INR values of >1,8 are of protective value.
Vous trouverez les questions à choix multiple concernant cet article à la page 135 ou sur internet sous www.smf-cme.ch.