Revue de génie industriel 2011, 6, 55-61
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Les polyphénols constituent une famille de molécules largement présente dans le règne
végétal [3]. Ils sont caractérisés comme l’indique le nom, par la présence de plusieurs
groupements phénoliques associés en structures plus ou moins complexes généralement
à masse moléculaire élevée. Ces composés sont le produit du métabolisme secondaire
des plantes. Leur rôle d’antioxydants naturels dans les plantes est dû à leurs propriétés
redox qui leur permettent d’agir soit comme des agents réducteurs (donneurs
d’hydrogène), piégeurs de l’oxygène singulet (
1
O
2
) ou des chélateurs de métaux [4, 5].
Grâce à leurs effets bénéfiques sur la santé, les études sur les polyphénols connaissent
une importance croissante. En effet, ils interviennent dans la prévention et le traitement
des maladies liées au stress oxydatif tel que les cancers, la cataracte, l’athérosclérose, le
diabète, l’hypertension artérielle, les maladies neurodégénératives, l’arthrite [6- 8].
Le but du présent travail est centré sur la quantification par spectrophotométrie de
constituants phénoliques contenus dans 10 plantes ethno médicinales de Côte d’Ivoire
largement utilisées en médecine folklorique pour traiter l’hypertension artérielle.
Matériels et méthodes
Matériel végétal
Le choix des plantes a été guidé par les enquêtes ethnobotaniques réalisées en Côte
d’Ivoire par Adjanohoun et Aké-Assi [9], Tra Bi et al. [10] et N’guessan et al. [11].
Les drogues sont essentiellement composées d’organes (feuilles, tige et écorce) des 10
plantes hypotensives. Elles ont été toutes récoltées en juin 2010 dans la forêt de
l’Université Abobo-Adjamé, sauf les feuilles de Blighia unijugata qui ont été récoltées au
Centre National de Floristique (CNF) de l’Université de Cocody et les feuilles et l’écorce
de Fagara macrophylla à Azaguié dans le département d’Agboville en Côte d’Ivoire. Les
espèces végétales ont été identifiées conformément aux herbiers disponibles au CNF par
les botanistes dudit centre. Leurs organes échantillonnés ont été séchés sous
climatisation permanente pendant une semaine, puis pulvérisés à l’aide d’un broyeur
électrique (Marque RETSCH, Type SM 100) aux fins d’obtenir de fines poudres.
Extraction
15 g de poudre fine ont été macérés dans 3×100 mL de MeOH à 80 % (v / v) pendant
24 h sous agitation permanente. Après filtration, les filtrats hydrométhanoliques sont
conservés au réfrigérateur pendant 48 h, puis filtrés sur Büchner et enfin concentrés
sous pression réduite à 40°C à l’aide d’un évaporateur rotatif aux fins d’obtenir
13 extraits (F1-F13) qui ont été utilisés pour les différents dosages.
Dosage des polyphénols totaux
Le dosage des polyphénols totaux dans F1-F13 a été effectué selon la méthode de
Singleton et Rossi [12] avec quelques légères modifications. À 1 mL d’extrait dilué au
1/10ème sont ajoutés 1,5 mL d’une solution de Na
2
CO
3
à 17 % (m / v) et 0,5 mL de
réactif de Folin-Ciocalteu 0,5 N. L’ensemble est incubé à 37°C pendant 30 min,
l’absorbance est mesurée à 720 nm contre un blanc sans extrait pris comme référence.
La teneur en polyphénols totaux a été déterminée par l’étalon réalisé avec différentes
concentrations d’acide gallique. Les résultats sont exprimés en µg équivalent d’acide
gallique (EAG) par gramme de matière sèche.
Dosage des flavonoïdes totaux
Le dosage des flavonoïdes totaux a été fait selon la méthode modifiée de Hariri et al.
[13]. 0,4 mL d’extrait sont ajustés à 2 mL avec MeOH à 80 % (v/v), puis dilué au
1/20ème et mélangés à 100 µL de réactif de Neu. L’absorbance est déterminée à
404 nm et comparée à celle du quercétol pris comme standard (0,05 mg/mL) traité avec
la même quantité de réactif. Le pourcentage des flavonoïdes totaux est alors calculé en
équivalent quercétol (EQ) selon la formule suivante :