CM Histoire de la langue Le Roman de la Rose Le Roman de la Rose est un texte bicéphale de J. de Meun et G. de Lorris. Il y a un phénomène de continuation entre ces deux auteurs. Ce texte est sans propriétés littéraires, commun au Moyen-Age. Jean de Meun est connu comme traducteur. Est-ce un achèvement involontaire de l’œuvre par la mort de Guillaume de Lorris ou un achèvement volontaire comme l’œuvre de Chrétien de Troyes qui permet une continuation ? C’est une sorte de best-seller médiéval car environ 300 manuscrits ont été édités (seulement 10 pour Chrétien de Troyes) (romandelarose.org) Cette œuvre se définit comme le roman de la rose, ou l’art d’amour est en prose. Initiation de l’amour et quête de la rose dans un verger apparemment paradisiaque. Dans sa continuation de l’œuvre de Guillaume de Lorris, Jean de Meun rajoute toute une série de discours avec un assaut de la forteresse qui se termine par la cueillette de la rose avec une double métaphore notamment érotique contrairement à l’œuvre de de Lorris qui se terminait sans avoir pu percer la forteresse. La plupart des manuscrits sont sur des codex même s’il reste encore des rouleaux de parchemins. Le livre comme on le connait aujourd’hui apparait à la fin du Moyen-Age. Le manuscrit date de 1486. Il n’y a ni ponctuations, ni espace entre le déterminant et le nom. C’est le scientifique qui, pour la traduction, va également établir les codes modernes. Il développe aussi les abréviations. On a des traductions différentes car elles ne viennent pas des même manuscrits : variantes lexicales, morphologiques. Eléments morphologique, syntaxique, lexicologique spécifique à l’Ancien Français « ne…mi » construit la négation en Ancien Français. Le substantif « mi » désignait à la base une petite quantité. On note également l’absence de déterminants, les prépositions collées aux noms. On développe les abréviations, on ajoute des effets de déclinaisons, des voyelles nasales, de nouvelles consonnes apparaissent (ch, j) et de nombreuses diphtongues (succession de 2 sons vocaliques) Le français médiéval est parlé dans une zone plus restreinte que ce que l’on nomme la France aujourd’hui. C’est seulement la partie au nord de La Loire, la langue d’oïl (la langue d’oc au sud de la Loire). Cette langue est dérivée du latin. Elle va gagner du terrain dans le Sud mais ne s’impose pas encore dans le sud de la France pendant la période du 9ème au 15ème siècle. On bascule ensuite dans la période classique. Le territoire va s’étendre même en Angleterre au 12ème siècle lors des conquêtes. Au 15ème siècle, Racine raconte qu’il ne comprend plus la langue des gens au sud. Le français vient du mot « francia » qui désigne le pays des francs étant des envahisseurs germaniques qui ont occupés le nord de la France essentiellement dans la région parisienne. Français était d’abord utilisé comme adjectif pour caractériser les origines du pays. Vers 1265, on utilise le français comme substantif pour désigner la langue qui remplace « le roman » du nom de la langue romane. Les linguistes distinguent l’Ancien Français (9ème-13ème) et le Moyen Français (14ème-15ème) marqué par une différence morphologique et syntaxique. I. La part du latin dans l’origine du français 1. Le Latin populaire Il faut attendre un académicien pour avoir l’hypothèse que le français viendrait du latin populaire, qui passait pour un latin corrompu par rapport au latin classique, ce qui provoque un scandale sans équivoque. Le 19ème donnera un appui scientifique avec l’Histoire. On a avancé l’hébreux pour raison idéologique, le grec car prestigieux, le celte (16ème) ou de polygénisme, comme c’est le cas pour l’auteur de dictionnaire, Du Cange. Le Français fait donc partit de la langue romane : → qu’est-ce qui distingue et différencie le français des autres langues romanes ? Le linguiste Bernard Cerquiglini donne sa propre définition du français, « Le français est un créole de latin vulgaire (beaucoup) et de gaulois (très peu), mal prononcé par des seigneurs germaniques » → Met l’accent sur le mélange de langues Les Romains, par leur conquête de la Gaule au 1er siècle après J-C, ont imposés leur langue aux gaulois qui parlaient une langue celtique continentale. On estime que le gaulois n’est plus qu’un vestige au 6ème siècle (d’où le très peu de Cerquiglini) avec seulement 70 mots. Beaucoup de traces en revanche sur les toponymes : -euil ou –eil. 2. Influencé par les langues germaniques Lors de la série d’invasions germaniques, les envahisseurs ont adoptés la langue du territoire conquis à l’inverse des romains qui avaient imposés leur langue. Les Francs se sont installés au Nord (zone d’oïl), les Wisigoths au Sud (zone d’oc) et les Burgondes au Sud-Est (zone franco-provençale) entre le 2ème siècle et le 6ème (Les Vikings au 9ème siècle). Ils ont un rôle phonétique car ils vont accentuer certaines syllabes qui va déterminer des évolutions phonétiques (téla > toile). Ils vont également amener leur propre vocabulaire avec environ 400 mots légués en particulier dans le domaine féodal, guerrier et maritime. L’écrit conserve des traces de l’origine latine (feit < fidem ; fei < foi) II. Les étapes d’une reconnaissance du français 1. Acte de naissance ? Il n’y a pas de rupture, mais une continuation des dialectes les uns dans les autres. Les critères par les linguistes sont les signes d’une prise de conscience. a. Les signes d’une prise de conscience -La renaissance carolingienne Charlemagne couronné en 800, développe une renaissance du latin classique par rapport au latin corrompu et modifie le parler à la fin du 8ème siècle. Cela montre qu’on a conscience de la différence entre un latin classique et un latin évolué. -En 813, le Concile de Tours demande aux prêtres de faire le serment en langue romane rustique (lingua romana rustica) et non plus en latin. Signe que le peuple ne comprenait plus le latin. -Au 9ème siècle, apparait des glossaires, listes de mots avec un mot latin et l’équivalence en langue romane, équivaut à un dictionnaire. Il montre la nécessité d’une traduction du latin. b. L’accès à l’écrit C’est un signe de reconnaissance de la langue parlée. Le français va petit à petit se faire une place écrite dominée jusqu’au 16ème siècle par le latin. Le français se distingue par une précocité de l’apparition de texte dans cette langue car dès le 9ème siècle. Dès le 10ème, des textes hagiographiques sur les saints, dès le 11ème des chansons de gestes et dès le 12ème des romans d’Antiquité puis les romans arthuriens dans les années 70. Le français se développe plus vite à l’écrit car s’est démarqué d’avantage. Le centre de la Loire était un domaine culturel dynamique. 2. Un dialecte devenu langue ? 2 hypothèses : certains linguistes pensent que c’est le dialecte de l’île de France, le francien qui s’est imposé là où c’était installé les capétiens pour des raisons politiques et économiques. -Les linguistes pensent que le francien est un ectoplasme mais que ce sont ceux qui ont pratiqués l’écrit qui ont fait une sélection des formes communes pour être compris au-delà d’un territoire donné. Voir présentation des serments de Strasbourg et de Saint Eulalie Les Serments jurent de s’allier pour se répartir l’Empire de Charlemagne. Rapporté à l’intérieur d’un texte en latin -> irruption de la langue vernaculaire dans ce texte latin (rapporté par une personne en langue vulgaire). Usage symbolique et politique de la langue vernaculaire. Vont utiliser soit la langue germanique, soit la langue romane : reconnaitre le territoire de l’autre frère = chiasme linguistique qui associe la langue au territoire. L’abandon du latin en même temps que l’abandon du territoire impérial. Différenciation avec le latin sur le caractère morphologique, syntaxique, sémantique. F. Godefroy (1826-97) a utilisé une quantité énorme de documents parfois complexe. Ce dictionnaire a fait l’objet de critique car vieux. Le meilleur dictionnaire sur la langue médiéval est en allemand. I. L’apostrophe du mot au Moyen-Age 1. Etymologie Apparait au 12ème siècle et vient de Isidore de Séville. En grec, vient de l’étude de l’origine des sens du mot. C’est un mot qui reste rare jusqu’au 17ème siècle. Elle a varié en fonction de la conception que l’on a du mot. a. Position réaliste/ essentialiste Lien intrinsèque, le signe linguistique est motivé. De Séville étudie les analogies entre les mots et explique la parenté sonore entre les mots en latin. Il pense qu’il y a un lien entre signifiant et signifié. Cette approche continue à avoir cours dans l’étymologie populaire (On a planté un peuplier > peuple). On a fait de fausses étymologies à partir des sonorités. b. Position nominaliste Abélard, maître tombé amoureux de son élève Eloïse puis se retranche après avoir été châtié. C’est un philosophe du langage et le premier à avoir pensé à l’arbitraire du signe. C’est l’usage historique et social qui fixe le lien entre le mot et la chose donc arbitraire. Position déjà avancé avec Jean de Meun dans le Roman de la Rose. Prend de plus en plus de place par rapport à la position réaliste. 2. Les ancêtres des dictionnaires La pratique de l’explication lexicale a été faite par une main, pas du premier copiste et ajoute des informations sur les manuscrits. On a parfois l’explication dans des appendices, listes de vocabulaire notamment des listes qui permettaient d’apprendre le français en Angleterre (nominalia). En 1501, le mot dictionnaire apparait pour désigner un recueil de mots qui est rangé selon des critères qui varient. Les premiers glossaires apparaissent au 9ème siècle : listes d’équivalence entre des mots latins classiques et des mots latins populaires. a. Le développement de la lexicographie sur la base du latin On cherche à expliquer un mot latin en langue latine mais parfois aussi en langue française -> langue ancillaire, au service du latin. Il faut attendre le 15ème siècle pour que le dictionnaire présente des entrées en français. A la fin du 15ème, on a des explications entre langue vivante (Calepino : Italien/français). Pulci est un dictionnaire seulement en Italien. En 1539, Estienne est un dictionnaire seulement en français expliqué en français mais traduit en latin encore. Au 17ème, les dictionnaires s’émancipent du latin (Nicot, Furetière) b. L’ordre alphabétique Au 11ème, on regroupe les mots d’après une initiale mais pas tous les mots. Le rangement par ordre alphabétique est encore complexe car la graphie n’est pas figée. Au 14ème siècle, le lexique latinfrançais se nomme Alma (1er mot) et s’essaye au classement alphabétique. En 1694, on range les mots par racine mais on n’adopte pas l’ordre alphabétique. La seconde édition du dictionnaire de l’Académie en 1718 s’aligne sur le principe de l’ordre alphabétique Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey Garnier numérique, CNRTL, Furetière, DML Déclinaisons bicasuelles et la ruine du système Le Français hérite du latin populaire. De six déclinaisons latines, on descend à deux conservées par l’Ancien Français mais tombe en ruine à la fin du Moyen-Age pour laisser la place au Moyen Français. - Pas de grammaire ni de système de déclinaisons Pratiques variaient d’une région à une autre Vers le 14ème-15ème siècle, c’est l’abandon de la déclinaison à 2 cas. Les manuscrits des textes sont rarement antérieurs au 14ème siècle. Par exemple, pour Chrétien de Troyes, on retrouve donc des omissions de déclinaison par recopie. Les méthodes des éditeurs ont changées et évoluées. Les modifications d’éditeurs scientifiques se fait par intervention corrective. Pour Cerquiglini, les grammairiens ont une focalisation idéologique de la langue. Ainsi, les copistes ne retranscrivent pas justement. I. Examen du système des déclinaisons Cas sujet (sujet, attribut du sujet) / Cas régime (tout ce qui n’est pas sujet) La déclinaison a une valeur syntaxique. Elle agit sur les groupes nominaux. II. Singulier Pluriel Cas sujet «s» O Cas régime O «s» Echantillon textuel (le Chevalier au lion) Imbrication d’événements entre Yvain ou Le Chevalier au Lion et Lancelot ou Le Chevalier à la Charrette. Captatio velenvolentiae = adresse à l’auditoire pour capter son attention Appel au cœur et aux oreilles de l’auditeur : « A partir du moment où le cœur n’y comprend rien La parole ne s’y arrête ni ne demeure Si le cœur n’est pas assez éveillé Pour la saisir et l’attraper » → Métaphore de la réception de la parole qui passe par tout le corps Cerquiglini donne un exemple de reconstruction de la déclinaison des éditeurs qui par exemple, enlèvent les marques de cas sujet (« s ») III. L’abandon des déclinaisons en Moyen Français Certains linguistes pensent que les dates historiques faisant la transition entre l’Ancien Français et le Moyen Français sont mal placées. Certains pensent que le Moyen Français débute au 13ème siècle, d’autres pensent qu’il va jusqu’au 16ème. On délimite l’Ancien Français du 9ème au 13ème siècle car il y a encore des déclinaisons, et le Moyen Français du 14ème au 15ème siècle car il n’y a plus de déclinaisons. C’est une période de crise féodale. Ce système se défait au profit de la monarchie avec une royauté centralisée qui affaiblit les petits seigneurs. La noblesse est en conflit avec la bourgeoisie montante qui gagne dans l’économie marchande. C’est également une période de crise politique (la guerre de 100 ans) et une période de crise démographique (la peste) Villon, poète du 15ème siècle, s’amuse par des pastiches à imiter l’Ancien Français. Pour cela, il ne met que des cas sujets dans ses vers, ce qui n’a en soit pas vraiment de sens. Dès la deuxième moitié du 13ème siècle, on voit des incohérences ou des inexistences pour les 2 cas. On ne dit plus le « s » à l’oral et donc on ne fait plus la différence ce qui va se répéter de plus en plus à l’écrit. Ceci implique un contre-coup sur la syntaxe car les déclinaisons permettent une indication morphologique et donc il n’y avait pas besoin d’ordre des mots dans la phrase. Sans déclinaisons, on va voir apparaitre un ordre fixe des mots dans la phrase : sujet, verbe, objet La zone anglo-normande abandonne les déclinaisons très tôt par rapport au sud-est de la France. La ballade des pendus Villon a été accusé de plusieurs méfaits et a été condamné à être pendu. Cette peine a été commutée et il a été banni pendant 10 ans. Il fait parler des pendus : prosopopée - Emploi ou non emploi des pronoms personnels sujets Le passage de l’Ancien Français au Moyen Français Les perspectives d’histoire de la langue se développent en même temps que la phonétique historique et la grammaire. On a adopté une approche génétique en essayant de repérer des filiations entre les langues. On a privilégié la phonétique plus que la syntaxe C. Marchello Nizia a été la première à utiliser l’informatique pour étudier les évolutions sur la langue. I. Les principaux changements syntaxiques 1. Schémas de phrase En latin, une façon de structurer les phrases qui mettaient le verbe à la fin des phrases. L’Ancien Français le place plutôt au milieu. Plus de schémas de phrases émergent en Ancien Français, qui s’affirme en un ordre précis en Moyen Français (sujet verbe objet). Il a toutefois d’autres modèles possibles : verbe, objet, sujet et objet, sujet, verbe (employé à l’oral : Le chocolat, j’aime) → Pourquoi on a changé de schéma de phrase ? -Base de la phonétique Le changement d’ordre des mots serait la conséquence de la chute des déclinaisons. La place du groupe nominal va nous dire si c’est un complément de nom ou un verbe. Les pronoms personnels sujets viennent compenser la perte d’identification morphologique des verbes. -L’explication syntaxique L’objet placé avant le verbe était à une fréquence de 28% dans La Chanson de Rolland. Dans la Queste del Saint Graal, on est plus qu’à 3%. Le changement syntaxique s’est d’abord modifié sur l’objet ; La situation du sujet a évolué lentement. Dès la fin du 12ème siècle, on serait passé à verbe, objet. Le sujet se place n’importe où dans la phrase. 2. Les articles et pronoms personnels sujets : de l’omission possible à un emploi plus fréquent Les articles sont une catégorie nouvelle par rapport au latin. L’article défini vient du démonstratif par aphérèse (réduction par le début illl/illa, unus). Ils se généralisent au 14ème et 15ème siècle. Leur généralisation vient compenser la disparition des déclinaisons. L’article indéfini pluriel « des » n’existaient pas en Ancien Français (uns/unes). Le Moyen Français introduit « des » à partir du 14ème siècle. 3. Multiplication des mots outils / prépositions Les prépositions servent à préciser les liens qu’il y a entre les mots et servent à distinguer les différents compléments (lieu, manière etc…). L’Ancien Français pour les compléments de noms utilisaient la préposition de, la préposition a, ou une construction absolue. La préposition de se généralise au Moyen Français. II. L’exemple d’une évolution : le paradigme des démonstratifs En Ancien Français, toutes les formes démonstratives peuvent être utilisées comme pronom ou comme déterminant. 1. Principales étapes Yonec dans les lais de Marie de France, le vieux mari = cist (dét.) velz gelus (ce vieux jaloux) + connotation péjorative. Le paradigme en L est neutre sémantiquement. - Cil vient > pronom / cil chevaliers vient > déterminant Ce / ces sont de nouveaux déterminants du nom, utilisés uniquement comme déterminant et de valeur neutre. Au 17ème siècle, on a le même système qu’aujourd’hui. 2. Explications Ce/ces montrent qu’ils sont complètement différents des paradigmes en T ou en L. On a une analogie, avec les articles qui sont aussi des déterminants du nom. On a fabriqué de nouveaux démonstratifs sur le modèle des articles. On a également une analogie avec les pronoms personnels sujets. Le système d’analogie opère pour conserver des formes au sein d’un système trop abondant. L’explication prosodique met en avant le facteur de l’accentuation comme élimination de certaines formes. Pour les démonstratifs, certaines séries n’étaient pas accentués comme ces/ce ou ceste ille/ ceste ella Icestui chevalier > accent sur la fin des mots. Le moyen français privilégie l’accent du groupe de mots Icele table Le fait que certaines formes soit accentuées, d’autres non montrent que certaines forment vont être privilégiées par rapport à d’autre par l’explication prosodique. La période du Moyen Français est une période d’entre-deux avant que les paradigmes se stabilisent à nouveau. Les possessifs avaient des formes irrégulières. Le système d’analogie permet de modifier et de simplifier ex : mien > mienne (moen en ancien français) = tien, sien etc… Du point de vue phonétique, réduction des diphtongues pour se contenter des voyelles simples. Les adjectifs épicènes (ne marque pas la différence entre masculin et féminin) Les conjugaisons sont également simplifiées. → Beaucoup de changement syntaxique En quoi y a-t-il ou non une esquisse de langue dans la période médiévale ? Peut-on parler d’une langue médiévale ? Non -le critère chronologique permet de dissocier 2 langues (Ancien et Moyen Français) -le critère géographique montre que le français est réduit au nord de la France. Il s’étend vers le 15ème siècle. -Le critère des élites qui pratiquent plusieurs langues dont le latin, langue du savoir. -Dialectes (sous ensemble local, régional d’une langue) -Il n’y a pas de normes à l’écrit (création de l’Académie Française par Richelieu en 1635) I. La cohabitation avec d’autres langues 1. Le français et les autres langues parlées p.6 : rejette la langue étrangère du breton A la fin du 15ème Charles VIII demande que les procès soient menés au choix en langue d’oc ou en français. Montre que le français n’est pas forcément compris dans le Sud. p.7 : Racine montre qu’il a dû mal à se faire comprendre. 2. Le français et le latin Phénomènes de bilinguismes car on pose le français comme langue maternelle et le latin comme langue du savoir, de l’église et de l’école, écrite et codifiée par une grammaire. C’est également une langue parlée et à fort prestige social. A l’inverse, le français est une langue vernaculaire qui essaye seulement de se faire une place à l’écrit au Moyen-Age. Elle va gagner petit à petit du terrain dans certains domaines. Au XVIe siècle, on a des travaux d‘historiographie. Egalement des documents scientifiques. Les plaidoiries se font en français mais les actes enregistrés restent en latin : Edit de Villers-Cotterêts en 1539 : François 1er prend la mesure que le français devient obligatoire pour tous les actes juridiques. J.Gerson, savant de l’époque, s’adresse aux maitres et aux étudiants de Navarre en latin humaniste. Quand il écrit en latin, il utilise un latin d’université → distinction de plusieurs types de latin. Lorsqu’il s’adresse au laïque, il utilise un français lisible. Sa langue maternelle est un français de champenois. Bilinguisme G. Digulleville a écrit 3 pèlerinages en français. Il insère des vers en latin sur un principe d’entrelacement des deux langues. Il écrit son nom latin en acrostiche à l’intérieur d’un texte français. Villon, ballade franco-latine p.2 : place des mots latins dans une ballade écrite en français : mélange fait pour introduire un comique et un anti-conformisme Dans le théâtre, on retrouve du latin appelé latin macaronique, pour les scènes comiques et notamment les commentaires grivois (p.2-4) II. La diversité dialectale Il faut distinguer le dialecte à l’écrit et le dialecte à l’oral. Scripte régional : manière d’écrire qui varie selon les régions et qui comporte des traits dialectaux dont il reste des traces encore aujourd’hui. Les copistes pouvaient donner les propres traits de leur région aux œuvres comme pour Marie de France qui écrit en anglo-normand, certains de ses textes sont en picard. Régression rapide ou non des marques dialectales à l’écrit selon les régions. III. Les avancées du français : vers l’émergence d’une norme ? Les conditions favorables à l’évolution d‘un français commun : - La centralisation du pouvoir politique à Paris où s’installent les Capétiens - prise de conscience d’une identité nationale (guerre de 100 ans) - développement des emblèmes de la nation (fleur de lys) - annexions territoriales du Sud par le Nord - imprimerie Il y a des indices d’une norme de Cour dès le 12ème siècle que Chrétien de Troyes relèvent dans le Chevalier à la charrette : les femmes parlent bien le français à la Cour Usage de petits traités Manière de langage pour apprendre comment bien parler français à la Cour pour les anglais Le langage parisien tend à être perçu comme une norme. Ceux qui s’en écartent sont raillés. Les linguistes montrent toutefois que les modifications importantes qu’a subies la langue viennent des régions (de l’Ouest pour atteindre la région parisienne). Le fait de mettre l’objet derrière le verbe s’est accompli dans les régions. L’idée d’une norme parisienne dans les faits est discutable. Socialement parlant, il y a une valorisation du parler de la Cour car c’est le français d’une élite sociale. Le français est une langue jeune dans le champ de l’écrit. En ce sens, elle n’est pas codifiée (16 ème siècle : dictionnaires / 17ème : Académie française) Villon a écrit des ballades en jargon (langage argots pour ce pas être compris de l’extérieure) = langue codée. Le jargon est associé à des figures marginales. Le lexique médiéval et son évolution 2 tiers du vocabulaire actuel viendrait du lexique médiéval soit 7000 à 8000 mots (70 mots pour le gaulois, 400 pour les germaniques) I. Un lexique abondant et dynamique On rencontre beaucoup de synonyme (p.2 doc lexique). Les origines métissées du français fait qu’on a des parasynonymes (2 mots issus du latin et du germanique et qui ont le même sens) ex : honte < haunita (germanique) / vergogne < verecundia (latin) Il y a une dérivation morphologique très active. Ex : abit|age, abit|ail, abit|ement Phénomène des doublets étymologiques (à partir d’un mot latin on obtient 2 mots de sens différents) (p.3 doc lexique). Au sein de cette abondance, il va y avoir une sélection. Le lexique médiéval est souvent polysémique qui va avoir tendance à se restreindre. Ex : Mestier : besoin, utilité, outils / ire : chagrin, colère II. Evolution du lexique en Ancien français et en Moyen français 1. Facteurs externes Les emprunts comme facteur d’évolution : importation de mots étrangers après le 12ème siècle car avant, elle est très limitée. Des emprunts à l’arabe qui transite par la langue espagnol. Egalement dû aux échanges économiques et aux croisades (azure, calife, gazelle, luth). Il y a également quantité d’emprunt au latin savant (vocabulaire des sciences : equinoxe, zone, position) et au latin ecclésiastique (miséricorde, ange, abominable) Traduction d’auteurs antiques. Les traducteurs font un effort de traduction de certains mots latins qui vont devenir des néologismes (p.4-5 doc lexique). Les traducteurs ont une réflexion sur le lexique. L’un d’eux adjoint un lexique pour expliquer les néologismes qu’il a inséré dans sa traduction. Des auteurs comme Jean de Meun refuse les néologismes et utilise des mots plus familier. Il y a également des emprunts aux grecs (fantaisies, asthmatique, thorax) L’opposition tranchée entre le M-A et la Renaissance doit être nuancée car dès le Moyen-Age il y a des cercles d’humanistes qui traduisent les textes de la Renaissance. Les emprunts de la langue vivante dont l’Italien car transfert de la Cour de Rome à la Cour d’Avignon pendant une période et des échanges de Cour qui permettent des échanges de savoir entre les humanistes italiens et français (cavalcase, galères, pilotes) 2. Emprunts dialectaux et anglais. Dérivation sémantique : glissement de sens - - Par métonymie : Bureau au 12ème = tissu grossier puis au 14ème = tissu posé sur la table puis au 15ème par extension des travaux de comptabilité au 18ème = membres d’une assemblée élue qui doit diriger certains travaux Par restriction : Robe = le butin (bagages vêtements) qu’on a volé, puis les vêtements puis le vêtement féminin Dérivation morphologique : - Dérivation impropre : à partir d’un mot d’une catégorie on créé un mot d’une autre catégorie : rober > robe Dérivation propre : Préfixation ou suffixation Les traducteurs n’utilisent pas spontanément les préfixes et les suffixes mais vont les mettre en circulation petit à petit dans la langue On compose des mots par composition surtout en Moyen-Français puisné : né après / ainsné : né avant (cf. Du Bellay) Au 16ème : on continu à enrichir le lexique par de nombreux emprunts (grec, italien) Au 17ème : on vise la clarté. On rejette l’abondance au nom de la clarté et de la précision. Peu d’emprunts aux langues étrangères sauf l’anglais Au 18ème : travail encyclopédique va engendrer un nouveau lexique (technique et politique) 19ème-20ème : toujours un dynamisme. 20ème : apparition de modes de fabrication de mots → siglaison (PPDA), troncation (TV, caméscope) III. Le lexique médiéval et la graphie Le roman de l’orthographe de Cerquiglini. D’après lui, pas seulement sons mais transcription de signes. Il ne faut pas penser que la graphie médiévale est transparente. Le « s » à l’intérieur des mots n’est plus prononcé depuis le 12ème même si on continu à l’écrire. Cela montre que la graphie peut être indifférente à la réalité phonique. Ce « s » préfigure les consonnes superflus du Moyen-Français (annonce l’origine étymologique du mot scavons < scrire ; debvoir < debere). La graphie traduit donc un héritage du français par rapport au latin. En 1740, 3ème édition dictionnaire de l’Académie, les académiciens accepte l’accent graphique pour remplacer le « s ». Graphie distincte permet de discriminer parfois les homophones (sein < sinus, ceint < cinctu, sain, saint, cinq). Cela permet également d’avoir une certaine noblesse de la langue. On utilise une graphie gothique pour les écrits religieux alors qu’on utilise une graphie « batarde » pour les romans arthuriens. La variance manuscrite et les méthodes d’édition Statut différent : pas de notion de la propriété littéraire : mise en circulation et chacun peut se l’approprier librement + phénomène de continuation (ex : Le Chevalier à la charrette : ¾ fait par Chrétien de Troyes puis volontairement finit par son disciple Godefroy de Lagny au moment de l’impasse de Lancelot dans une tour) + compilation de différents textes dans un même manuscrit A partir du 14ème siècle, les auteurs sont soucieux de leurs propres textes et de leur fabrication (Froissart, C. de Pizan) Auteur > copistes > éditeurs scientifiques > traducteurs > éditeurs commerciales I. Le support manuscrit, vecteur de variance Avant le 12ème siècle, les copistes sont essentiellement des moines. A partir du 12ème, on est dans une période de Renaissance où se développe les universités, les villes, une prospérité économique et fleurissent des ateliers de copistes car une forte demande. Ces ateliers urbains vont adapter des copies différentes que celles des moines notamment des copies profanes. La peccia (= la pièce) consiste à découper un texte en plusieurs cahiers : on cherche à produire plus vite un ouvrage. Le copiste se permet un rôle d’intervention (notes, abréviations, agencement). Translatio studii : Savoir transmis de l’Antiquité vers Rome puis vers la France → sert à structurer l’ordre des textes dans un manuscrit. Textes associés à l’Orient > textes latins > textes français. Perrot de Nesles : trouvere + travail de copiste et compilateur. Les aléas liées à la pratique manuscrite : lecture vocalisée (blancs entre les mots à partir du 8ème). Pratique de l’écriture par colonne étroite à partir du 8ème → généralisé au 11ème qui va permettre l’essor de la lecture silencieuse. A partir du 12ème, le copiste lit et copie seul. Manuscrit en version batarde. Apparence visuel différentes des manuscrits + de nombreuses variantes. Il y a très rarement des manuscrits autographes (de la main de l’auteur) II. Le rôle des éditeurs scientifiques Ils segmentent les mots, mettent les accents, ponctue et corrigent. Elles sont différentes selon le type d’édition désiré. 3 types d’éditions possibles : - III. fac. Similé (photographie intégrale du support papier sans intervention de l’éditeur) Edition diplomatique vise un public scientifique (intervention minimale, retranscription graphique + développement des abréviations) Edition critique vise un public plus large (plus d’intervention avec apparat critique et ponctuation). Les éditions critiques varient selon les éditeurs Un aperçu sur l’histoire des méthodes d’édition critique Jusqu’au 18ème siècle, des érudits se sont intéressés aux manuscrits médiévaux nommé la période empirique car n’ont pas développés de manière particulière d’analyse. 19ème siècle : les approches de la langue deviennent plus scientifique Méthode reconstructives (interventionniste) : Lachman : travaillait sur le nouveau testament. Il propose de construire des stemma (arbres généalogiques). Il s’appuie sur la méthode de fautes communes pour décider lequel est le plus proche de l’original. Dom Quentin : méthode de l’échantillonnage linguistique → par morceaux de texte Méthode documentaire : J Bédier met en question la construction des stemma car forcément subjectif. On choisit un manuscrit et on s’y tient au plus près plutôt que de faire un mélange La Traduction Etymologiquement transducere qui signifie transporter L’idée de traduire ne vient qu’à la fin du 19ème (L. Gautier traduie La Chanson de Rolland) Méthode universitaire : Moderniser le plus possible dans la langue actuelle Vers colorés : la traduction doit restituer la couleur de l’originale I. Problème de référents culturels spécifiques et des archaïsmes Difficulté de retranscrire certains mots qui sont devenus des termes techniques dans la langue étrangère (côte, maille). Soit utiliser les mots précis et technique à l’aide d’un glossaire ou utiliser des termes plus générique pour une compréhension plus facile (ex : heaume > casque) Risque de contresens si on conserve certains mots (ex : valet) car ils ont changé de sens. « Roland est preux, Olivier est sage » = Roland est téméraire, Olivier est réfléchit Traduction universitaire : préconise de traduire dans la langue moderne (transparent) Le code médiéval n’est pas forcément le même. Rendre compte d’un effet stylistique important (ex : un graal une demoiselle tenoit → importance du graal) La répétition peut avoir un effet stylistique La valeur des temps n’est pas toujours la même qu’aujourd’hui : événements ponctuels dans le passé. Usage fréquent du subjonctif. Alternance fréquente entre le passé simple et le présent de narration → il faut homogénéiser les temps. Au 19ème : censure de certains textes médiévaux à cause de leur vocabulaire grossier (coullion = c…) + partie anatomique que l’on conserve ainsi (con = sexe féminin, vit = sexe masculin) → traducteurs esquivent les traductions actualisées. Françoise Morvan : traduction en vers primée La traduction peut être faite de manières différentes : vers transparents ou colorés, universitaire etc… Chrétien de Troyes 35 romans, 32 manuscrits avec textes de Chrétien de Troyes retrouvés. Le conte du Graal, il reste le plus de manuscrits (5) et le plus ornementé. Révolution de l’industrie du livre du Vème au 15ème Seulement 1/3 des romans sont enluminés. Support : parchemin. Sur deux colonnes. Seulement à partir du 14ème que l’on utilise le papier en France. TD Histoire de la langue L’apprentissage et l’appropriation du latin : Histoire générale du Français Pas de latin mais des dialectes européens. Lorsque le latin devient petit à petit la langue de la Gaule, il devient des latins variés au contact des dialectes. Le latin n’est donc pas uniforme et évolue avec les invasions germaniques en particulier celle des francs. On garde de ces envahisseurs le vocabulaire de la guerre et des champs. Une rupture va se faire au milieu du territoire (au niveau de La Loire) au Nord, la langue d’oïl et au Sud la langue d’oc (deux façons différentes de dire oui). Les dialectes du Nord sont les plus éloignés du latin contrairement aux dialectes du Sud dû au fait des invasions dans le Nord. Charlemagne cherche à restaurer l’enseignement du latin pour comprendre les cérémonies. C’est à ce moment qu’on mesure l’écart entre ce qu’on cherche à enseigner et le parler des gens. On fait des glossaires entre la langue latine et le latin vulgaire. Se créé également des glossaires qui font le parallèle entre le latin et les langues germaniques. (= XIème siècle) En 842, Les Serments de Strasbourg sont les premiers textes en Ancien Français. Hormis ceux-là, tout est rédigé en latin. Jusqu’au XIIème siècle se met en place la vie féodale. La langue va évoluer par petits points géographiques qui vont augmenter le morcèlement de la langue. La reconnaissance du statut de la langue française à partir du XIIème va se faire grâce à des grands auteurs comme Chrétien de Troyes. On obtient une littérature en Ancien Français. Cette noblesse de la langue se renforce au XVIème en 1539 avec François 1er Villers-Cotterêts où le français est la langue officielle administrativement et commence ainsi peu à peu à détrôner le latin. Selon Du Bellay, la langue française peut faire mieux que le latin avec le mouvement de La Pléiade. Ex : grandes navigations de Jacques Cartier racontées en Français, la médecine aussi… Le Français devient de fait une langue digne d’être étudiée. La première grammaire apparait en 1530. Du 11ème au 12ème, on remarque dans les textes une évolution de la langue par érosion. Cette évolution naturelle est contrariée à partir du 16ème car on cherche à réglementer la langue. La codification de la langue française du 17ème au 18ème avec le siècle d’or, commence à sanctifier le français, la langue de Molière. En 1635, la création de l’Académie française et des premiers dictionnaires. On décide d’une orthographe unique et obligatoire. Au même moment, elle gagne du prestige à l’étranger. 19ème/20ème : dans la pratique, le français reste morcelé mais on cherche à l’unifier malgré les parlers locaux. On l’étudie à l’école. La première et la seconde guerre mondiale ont permis une communication qui a engendré une uniformisation de la langue. Enfin, les médias globalisent le français. La langue est la plus stable autour du 12ème siècle. Du 9ème au 13ème, on parle d’Ancien Français. Du 14ème au 16ème, on parle de Moyen Français. L’Ancien Français Toutes les consonnes finales se prononcent. Ores = aujourd’hui ; lores = alors ; einz = mais ; Vassal Différentes formes : vaseor, vaseeur -Mot d’origine populaire apparu environ au 11ème siècle, au même moment que la société féodale et vient du bas latin vassalus, dérivé d’un mot d’origine gauloise. Quelqu’un sous la protection d’un seigneur élevé et va toujours se définir dans le rapport entre une personne et son supérieur. -Le domestique non libre : serf et l’homme commandé par un duc ou un conte. L’homme qui suit son seigneur à la guerre qui lui apport, aide, assistance et conseil. Le jeune homme noble et vaillant pas encore chevalier. En tant qu’apostrophe en début de phrase, peut désigner un compagnon. -Sens conservé. Par extension, on retrouve le sens primitif de serviteur que l’on retrouve chez Balzac -Vassal : nom masculin. Sous la même forme il peut aussi être un adjectif et définit le courage et la vaillance. Le vasselage : nom masculin, qualité de l’homme dans la société médiévale. Le fait d’arme, l’acte de bravoure Vassalment : adverbe. Avec bravoure, avec ardeur Vassalté : nom féminin. Insiste sur le devoir du vassal Vavassor : nom masculin. Celui qui forme le jeune chevalier -Autour de la même notion. Par opposition le supérieur du vassal correspond aux sire/seigneur Homme lige : domaine courtois Valet Prouesse, statut social, associe les termes chevalier, baron, prodom Sens d’action, d’éclat : proesce (prouesse) Traduction La Chanson de Rolland -« Rolland mon ami sonnez de votre cor, Ainsi Charles l’entendra qui passe le col Je vous le promets de retournerai en France Qu’il ne soit jamais dit à tout homme vivant Que pour un adversaire j’ai sonné du cor Jamais mes parents n’auront ce reproche Quand je serai au cœur de la bataille Et que je ferai des milliers de coups De Durendal vous verrez l’acier sanglant. Les Français sont bons, ils se battront avec ardeur Jamais ceux d’Espagne ne seront à l’abri de la mort. Olivier dit : « Je ne sais pas de quoi on nous blâmerait J’ai vu les Sarazins d’Espagne : Et les vallées, et les montagnes en sont peuplées Ainsi que les collines et toutes les plaines. Les armées de ces gens étrangers sont grandes ; Et nous nous avons une toute petite armée. » Cas Sujet / Cas Régime Sir/Seigneur, Copain/compagnon sont à des entrées biens distincts mais sont du même mot. Comme le latin, l’Ancien Français a des déclinaisons mais on en conserve que deux aujourd’hui (cas régime pluriel/singulier) Sur le plan de la morphologie, on a l’héritage du nominatif latin (cas sujet) et de l’accusatif latin (cas régime : complément circonstanciel) l’ordre des mots n’étant pas encore fixé, c’est leur déclinaison ou morphologie qui va déterminer la phrase. En latin, 3 genres masculin, féminin et neutre mais le neutre disparait plus tard. Mots de la 3ème déclinaison : ante, antain (tante) none, nonain (none) Morgue, Morgain (Morgane = fée) Substantifs masculins de la 3ème déclinaison : nies/neveu, gars/garçon, ber,/baron, cuens/comte, enfes/enfant, gloz/ glouton, fel/felon Altérations possibles : disparition des consonnes finales (g,f,p,b) drap > dras, gab > gas, sang > sans Les consonnes se combinent : t ou d + s = z (enfant > enfanz, valet > valez) La consonne finale se modifie à cause du s : -l + s > u cheval + s > chevaus, chevel + s > cheveus. Pour gagner de la place, on peut mettre un x (chevaus > chevax, Deus > Dex) On a rajouté un u en français moderne en s’apercevant qu’il manquait une lettre. En fait, nous écrivons chevauus. L’évolution du système à partir du Moyen-Age Soit on va garder une seule forme : suer et non seror ou l’on garde les deux déclinaisons mais on leur donne 2 sens distincts (sire, seigneur) Les déterminants Le déterminant précise l’extensivité du nom auquel il se rapporte. Le nom peut aussi être employé seul. (mission, article « zéro ») Article indéfini (un, une, des) : hérité du latin unus, una, unum (masc, fem, neutre). Pour que ce déterminant apparaisse il faut que le nom de la personne ou la chose soit de la même catégorie. Il peut aussi être utilisé en tant que numéral (un seul). Unes forces = une paire de ciseaux, uns degrez = des escaliers Article défini (le, la, les, l’) : vient du latin ille, illa, illud. Il a subit une coupure et le neutre disparait. L’article défini est utilisé pour caractériser des noms bien identifié et bien déterminé. Emploi anaphorique : reprend ce qui a été dit auparavant, emploi de notoriété : connu de tout le monde, emploi possessif : désigne les parties du corps, ou emploi générique désigne tous les éléments d’une classe sans faire de distinction (ex : le chien aboie) Article partitif (du, de la, des): ne se développe qu’à partir du 16ème siècle et s’apparente à des réalités non dénombrables. Présence d’un partitif quand la quantité est limitée (perdre del sanc). Si elle n’est pas limitée, l’ancien français ne met rien (boivre ere, manger pain) Absence de déterminant : soit le nom se rapporte à quelque chose d’extrêmement connu et donc il n’y en a pas besoin (noms propres, noms précédés d’un adjectif), soit il s’applique à quelque chose de tellement large que le déterminant est inutile (noms abstraits : avoir paor = avoir peur, avoir talent = avoir envie, faire noise = faire du bruit, avoir mestier = avoir besoin) Mener a chief = achever Par foi = parfois Elision : l’ + voyelle/s’ + voyelle Enclise (contraction) : a + le = al / au de + le = del en + el = el en + les = ès Traduction Yvain le Chevalier au Lion « Messire Yvain pensif chemine Dans une profonde forêt Quand il entend au milieu du bois Un cri fort et plein de douleur. Il se dirigea vers le cri A l’endroit où il l’avait entendu. Il vit un lion dans une prairie Et un serpent, qui le tenait Par la queue et lui brûle Tout le bas du dos d’un feu ardent. Messire Yvain ne restait pas longtemps A regarder cette merveille. Il se demande à lui-même Lequel des deux il va aider. Il se dit qu’il va secourir le lion Parce qu’au venimeux et au traitre, On ne doit rien faire sinon du mal. Et le serpent est venimeux, Du feu lui sort de la bouche Tant il est plein de traitrise. Pour cela Messire Yvain pense, Qu’il le tuera en premier. Il tire son épée et s’avance, Met l’écu devant son visage, Pour que la flamme qui lui sortait De la gueule de l’atteigne pas, Qui était démesurée. Alors le lion l’attaque à son tour, Car la bataille ne lui fait pas peur. » Les adjectifs En latin, comme en Ancien français il s’accorde avec le nom en genre et en nombre mais on ajoute la spécificité de l’ancien français, il s’accorde aussi selon la fonction syntaxique. On conserve en Ancien Français une déclinaison selon 3 genres : masculin, féminin, neutre (rarement employé dans un texte et disparait très vite) Type 1 : L’adjectif varie en genre en rajoutant un « e » au féminin + participe passé. Des modifications orthographiques ont lieu avec l’adjonction du « e » (chauf > chauve ; lait > laide) Type 2 : épicènes = pas d’opposition entre le masculin et le féminin. Type 3 : 3 radicaux différents. 1 forme de radicale pour le cas sujet, 1 pour le cas régime et 1 pour le neutre. Ex : graindre, graignor = plus grand / meindre, menor, moins (devenu adverbe) / pire, peior, pis (devenu adverbe) > aujourd’hui = plus + adj / moins + adj Les Compléments du nom Toute forme de complément = cas régime -Construction à morphème zéro ou Cas régime absolu (pas de préposition pour relier le nom et le complément) (= le bain x Marie, l’Hôtel x Dieu) Cela fonctionne si le complément du nom est une personne. Il est principalement désigné par un nom propre. Le cas régime peut se déclencher s’il y a des personnes illustres dans la hiérarchie. Il peut aussi se déclencher pour un lien d’alliance ou de parenté. - La mort x le roi Artu > nom propre + personne illustre Le fiz x la veuve dame > lien de parenté L’escu x Lancelot > nom propre + personne illustre Keu le senescaus x le roi Artu > nom prore + personne illustre + relation d’alliance (le senescal = bras droit du roi) (x = manque de préposition) -Préposition a (accents diacritiques n’apparaissent qu’au 16ème siècle) Relation de parenté et d’appartenance. Le complément est aussi une personne. On a la préposition « a » lorsque le complément du nom est une référence large (pas de personne illustre, référence au pluriel…) - Fix a putain > complément une personne, pas de nom propre et pas de personnage illustre -Préposition de Lorsque le complément du nom n’est pas une personne. - Les pies des chevaux La porte del chastel La dureté du monde Aucassin au royaume de Turelure Il narre / Il raconte « Aucassin descendit avec son amie comme Ils avaient entendu un bruit. Il tenait son cheval par les reines Et son amie par la main, et ils avancèrent près du rivage Et Aucassin vit passer un bateau, et aperçût les marchands Qui naviguaient tout près du rivage. Il les interpella et ils vinrent vers lui, il insista tant qu’ils les firent monter sur leur navire. Et quand ils furent en haute mer, une tempête se leva, grande et merveilleuse, qui les mena de terre en terre, tant qu’ils arrivèrent dans un terre étrange et entrèrent au port du château de Turelure. Ils demandèrent alors de quelle terre ils s’agissaient et ont leur dit que c’était la terre de roi de Turelure puis il demanda quel homme c’était et s’il y avait une guerre et on lui répondit « oui une grande guerre ». Il s’éloigne des marchands et celui-ci le recommanda à Dieu. Il monte donc sur son cheval l’épée sainte, son amie devant lui tant et si bien qu’il arriva au château. Il demande où était le roi et on lui dit qu’il se remettait d’avoir accouché. Et on lui dit qu’elle est dans l’armée et qu’elle avait menée avec elle tout le pays. Et Aucassin s’étonne il arriva au palais et descend les marches avec son amie elle tint son cheval, lui monte vers le palais, l’épée sainte et avança tant et si bien qu’il arriva dans la chambre où le roi gisait. » Corrigé traduction contrôle n°1 : « Ecoutez donc ce que fit le lion Qui agit en bête noble et généreux Il commença à faire comme si il se rendait à lui Le lion étendait ses pattes jointes Et vers le sol incline la tête Sur les deux pattes arrière Puis il s’agenouille à nouveau Et tout son visage était inondé de larme d’humilité Monsieur Yvain sait en vérité Et qu’il se fait humble devant lui Car Yvain a tué le serpent et l’a délivré de la mort Cette aventure lui plait beaucoup A cause du venin infecte du serpent Yvain essuie son épée Il l’a rangé dans le fourreau Puis il reprend son chemin Le lion marche à ses côtés Parce que jamais il ne le quittera Il restera toujours avec lui Parce qu’il veut le servir et le protéger » Théophile devient le vassal du diable THEOPHILE : Je m’en vais. Dieu ne peut me nuire Ne m’y aider en rien, Et je ne peux pas discuter avec lui. A ce moment, Théophile s’en va voir le diable Il a très peur et le diable lui répond : Approchez-vous, dépêchez-vous, Attention à ne pas faire comme le vilain. Que vous veut et vous demande Votre seigneur ? Il est très fier ! THEOPHILE C’est vrai seigneur. Il était chancelier, Et Il pense me chasser et me réduire à mendier mon pain. Je viens alors vous prier Et Vous demandez de m’aider. LE DIABLE Tu viens me demander de l’aide ? THEOPHILE Oui LE DIABLE Joint donc tes mains et devient mon serviteur : Et je t’aiderais plus que de raison Evolution des mots de 3 manières différentes : historique (naturelle), analogique (mots populaire vont influencer d’autres mots) ou par contrainte (fin 16ème-17ème : prescription orthographique) Le futur et le conditionnel On a ressenti le besoin de créer un futur et un conditionnel. Le futur latin n’a pas de descendant direct hormis être. A partir de la fin de l’Empire Romain, on les créé à partir d’une périphrase (verbe conjugué + infinitif en Français-Moyen) : infinitif d’un verbe + le verbe avoir au présent Ex : écrire → scribere + habeo (1ere pers) : scriberayyo par agglutination (scriberay > escriberai > escrivrai) [nouvelle périphrase en français modernes : aller + chanter → je vais chanter] La Serpente au bain Mélusine : roman du 14ème siècle. Femme serpent (2 modèles de fées : type morganien ravie le chevalier qui l’intéresse et l’emporte avec elle / type mélusinien va vivre auprès de l’homme qu’elle chérit dans le monde des mortels) La serpente au bain : Remond, époux de la fée se laisse influencer par un homme et regard son épouse pendant son bain. Quand Remond entendit ces mots, il jeta la table au-dessus de lui et entre dans sa chambre ivre de colère et de jalousie et prend son épée qui pendait à son chevet et la met à sa ceinture, et s’en va à l’endroit où il savait que Mélusine s’en allait tous les samedis, et trouve une porte de fer, très épaisses, et sachez en vérité que Remond n’avait jamais osé aller si loin. Alors, quand il aperçoit la porte, il tire l’épée et appui la pointe de l’épée qui était particulièrement résistante tant et si bien qu’il y fit un trou. Il regarde à l’intérieur et voit Mélusine qui était dans une baignoire de marbre avec une marche en escalier qui descend jusqu’à la fin. 15 pieds de long et 5 pieds de large. Et là se baignait Mélusine sous la forme que vous entendrez juste après dans l’histoire véritable. Comment Remond vit Mélusine prendre son bain suivant le conseil de son frère le comte de Forêt, et il faillit à la promesse qu’il avait faite. En cette partie de l’histoire on nous dit que Remond tourne et vira l’épée tant et si bien qu’il fit un trou dans la porte tant et si bien qu’il vit ce qui se passait à l’intérieur de la pièce. Il voit donc Mélusine dans le bain qui avait jusqu’au nombril l’apparence d’une femme et qui peignait ses cheveux et qui du nombril jusqu’au bas du corps avait une queue de serpent aussi large qu’un tonneau où l’on met des harengs et elle agitait tellement sa queue qu’elle la faisait jaillir jusqu’au plafond de la pièce. Et quand Remond la voit, il est pris d’une vive souffrance. « Hélas, dit-il, mon amour, je vous ai trahi à cause du mauvais conseil de mon frère et j’ai trahis ma promesse. » Il éprouvait alors en son cœur une telle tristesse qu’aucun cœur humain ne pourrait la supporter. Il court à sa chambre, prend la cire des lettres et bouche le trou qu’il avait fait dans la prote. Il retourne dans la salle de son frère et il se repente de sa faute. Les pronoms personnels Formes proches du français moderne. Les formes à diphtongue sont nommées les formes toniques. Le pronom vient du même pronom latin mais un a évolué (celui avec diphtongue) et l’autre non (forme atone). Les pronoms atones sont toujours utilisés devant un verbe. Les pronoms toniques apparaissent après le verbe et après les prépositions. Le pronom personnel sujet peut être omis en Ancien Français lorsqu’on reprend le sujet de la phrase ou de la proposition précédente ou lorsque la première place de la proposition est occupée par un mot prédicatif (= mot qui produit du sens) complément, nom, adverbe Ex : Mieux vaut tard que jamais > Il vaut mieux tard que jamais La première place de la proposition est inoccupée (sujet verbe complément) et lorsque qu’elle est occupée, elle l’est par un mot sans contenu sémantique (conjonction de coord., de Sub. Ou dit-il) Pronom objet : toujours exprimé mais avant l’auxiliaire ex : je le veux voir Enclise : je + le = jel, jol ; je + les = jes ; ne + le = nel ; ne + les = nes Les mots invariables : Les adverbes A côté des adverbes héréditaires du latin (certes, bien, mal), le latin vulgaire créé une catégorie d’adverbes tous construit sur le même suffixe -ment Ex : adjectif qualificatif féminin + -mente < mens, mentis → fortement Cette construction devient usuelle dès le 3ème siècle. Dès le Moyen-Age au 9ème siècle on l’utilise Come + ment = Comment Locution : Si fai + -ment = sifaitement (de cette façon, de cette manière) Errant + -ment = erranment Déterminants indéfinis : aucun + -ment = aucunement Adjectif féminin : grant + -ment = grantment > granment Vaillamment (vaillante + ment), prudenment (prudente + ment) → par agglutination pour avoir une prononciation plus facile La locution adverbiale -ons est très féconde en ancien français pour désigner un comportement Ex : a genoillons, a cropetons, a ventrillons, a tastons, a reculons, a califourchons Les adieux d’Arthur à Excalibur Roman arthurien tardif. Le seul qui évoque la mort du roi Arthur. Premiers éléments de la chute d’Arthur et son fils Mordred se retourne contre lui. Le fait d’écrire une chute d’Arthur sur ce personnage mythique est assez inconcevable. « Le roi monte et chevauche vers la mer jusqu’à ce qu’il soit midi, détache l’épée et la sort du fourreau et quand il l’eut regardé longtemps, il dit : « Ah Excalibur, bonne et puissante épée, la meilleure de ce siècle, Or perdras-tu ton maitre ou un homme qui soit aussi bien que moi si tu viens dans les mains de Lancelot. Hé ! Lancelot, le plus prudent du monde et le meilleur chevalier, plut alors à Jésus Christ que vous la teniez et que je le sache ! Certes mon âme en serait plus tranquille à tout jamais. Pour qu’elle ne revienne pas entre les mains d’héritiers indignes. – Seigneur, fait-il, j’exécuterai vos ordres, je suivrai votre commandement mais je voudrais encore mieux s’il vous plait que vous me la donniez. –Non je ne le ferai pas, fait le roi, car en vous elle ne serait pas bien employée. » Alors Girflet monta sur le tertre et quand il vint au lac, il tira l’épée du fourreau et commença à la regarder et elle lui sembla si bonne et si belle qu’il était d’avis que ce serait fort dommage s’il la jetait car ainsi elle serait perdue, s’il la jetait dans ce lac, comme le roi le lui avait commandé : mieux valait qu’il jetait la sienne et qu’il dise au roi qu’il jetait la sienne. Alors il défit son épée et la jeta dans le lac et repose celle du roi dans l’herbe ; alors il vint au roi et lui dit : « Seigneur j’ai fais ce que vous m’avez ordonné et j’ai jeté votre épée dans le lac. Qu’as-tu vu ? fit alors le roi. Sire, je n’ai rien vu sinon du bien. –Ah ! fait le roi, tu me tourmentes retourne là-bas et jette là car tu ne l’a pas encore fait. Il retourne immédiatement au lac et tire l’épée du fourreau, et il commence à se lamenter à son sujet et dit que ce serait un grand dommage si elle était ainsi perdue et alors il songe qu’il jetterait le fourreau et qu’il gardera l’épée car il pourrait encore en avoir besoin lui ou un autre. Puis reprend l’épée et la repose sous un arbre et sans retourne immédiatement » Que - - Conjonction de subordination . Je pense que / Je dis que . Pendant que / Afin que → Seulement que en Ancien Français Pronom relatif . La voiture que j’ai achetée Le Cortège du graal (XIIème) Le conte du Graal : dernier roman de Chrétien de Troyes. Premier roman où le Graal apparait. Le héros est Perceval « Pendant qu’il parlait de choses et d’autres, Un jeune homme vint d’une chambre, Il tenait une lance blanche Empoigné par le milieu, Il passe par la cheminée Et ceux qui étaient assis sur le lit Et tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur voyaient La lance blanche et le fer blanc, Et il sortait une goutte de sang Du fer de la lance à sa pointe, Le jeune homme vit cette merveille Qui était entrée la nuit tombée Et il s’est retenu de demander Comment cette chose était possible Parce qu’il se souvenait du conseil Que lui fit le chevalier, Qui lui enseigna et lui apprit Qu’il fallait qu’il se garde de trop parler ; Il craint s’il le demandait, Qu’on lui en fasse le reproche : C’est pourquoi il ne demanda rien. Alors les deux autres valets vinrent, Et tenaient des chandeliers dans leurs mains De fin d’or, incrustés de nielle. Les valets étaient très beaux Qui apportaient les chandeliers Sur chacun des chandeliers brûlaient Au moins dix chandelles. Un graal entre ses deux mains Une demoiselle tenait, Qui venait avec les jeunes hommes, Belle et noble et très gracieuse. Quand elle fut entrée à l’intérieur Avec le graal qu’elle tenait, Une si grande clarté apparut Que les chandelles perdirent leur clarté Comme les étoiles Quand le soleil, ou la lune se lève. Après celle-ci, en vint une Qui tenait un tailleur d’argent. Le graal qui allait devant Qui était fait d’ire fin Et le graal était serti de pierres précieuses Des plus riches et des plus couteuses Qui soit sur terre et sur mer. Celle du graal surpassait Toutes les autres pierres sans aucun doute. Tout comme passa la lance, Ils passèrent devant le lit Et entrèrent dans une autre chambre Le jeune homme les vit passer Et n’osa pas demander A qui on servait le graal, Parce qu’il avait toujours en son cœur La parole du sage gentilhomme, Aussi je le crains qu’il n’en vienne un dommage Parce que j’ai entendu répéter Qu’on peut aussi bien Trop se taire que trop parler. Bien ou mal lui en prenne, Il ne les interroge ni ne leur demande. » Parmi la cuisse l’a feru que de cheval l’a abattu = il l’a frappé à la cuisse si bien qu’il est tombé de cheval Te souvaigne de Dieu, que max ne t’an avaigne Ferire = frapper La négation En français moderne, la négation basique se fait en 2 termes → « ne … pas » Double négation se créé au Moyen Age (en latin négation = « non » tout seul) Au début = « je ne veux », puis nouveaux adverbes pour renforcer la négation : pas, mie, goutte, point, grain → change en fonction du verbe Je ne marche pas : plus petite unité de la marche Je ne mange mie : plus petite unité de nourriture Je ne vois goutte : plus petite unité de la vue Je ne couds point : plus petit unité spatial Je ne mouds grain : plus petite unité agricole Petit à petit, les autres vont disparaitre. Puis enlever l’idée des substantifs pour ne conserver que l’idée de négation. En Ancien Français, le « ne » était obligatoire et le « pas » non obligatoire, puis inversion en Français Moderne (ex : je viens pas). Pas et point deviennent la règle au 15ème siècle. « je ne saurai dire, je ne sais quoi faire » → si « ne » utilisé seul, montre une forme d’archaïsme et de registre soutenu. Emplois distinct du français moderne dans les textes anciens : - Pas de « non » tout seul → Non pas, ou Non mie Formuler une réponse négative avec un verbe à tout faire → Non ferai Phénomènes d’enclise ou de contraction : non + je = naie, non + il = nonil, nenni Se Perceval non = sauf Nonsavoir, nonpuissance Négation de et (ni) → ne La fontaine de Narcisse Extrait du Roman de la Rose. Texte du XIIème siècle Littérature allégorique : fin Moyen-Age. Rose = Amour. Personnage principal rencontre Danger, Peur etc… → quête fin’amor « J’arrivais en fin de compte Dans un très beau lieu, où je trouvais Une fontaine sous un pin. Mais jamais depuis Charlemagne ni depuis Pépin Ne fut vu un aussi beau pin ; Il avait poussé si haut Qu’il était le plus bel arbre du verger. La Nature, avec grande maitrise, Avait placé la fontaine Dans une pierre de marbre ; Et il était gravé dans la pierre Au bord supérieur de petites lettres Qui disaient qu’au-dessus de la fontaine Etait mort le beau Narcisse. Narcisse était un jeune homme Qu’Amour avait pris dans ses filets Et Amour sut tellement le harceler, Et le fit tant pleurer et se plaindre Qu’il finit par rendre l’âme ; Car Equo, une noble dame L’avait aimé plus que tout au monde Et elle fut par lui si malmenée Qu’elle lui dit que soit il lui donnerait son amour Soit elle mourrait Mais celui-ci était à cause de sa grande beauté Pleins de dédains et d’orgueils Aussi il ne peut pas lui céder En dépit de ses cajoleries et de ses prières. Quand celle-ci entend qu’elle est éconduite Elle en eut une telle douleur et une telle colère Elle en conçut une si grande humiliation Qu’elle mourut sans aucun délai. Mais elle avant qu’elle ne meure Elle pria Dieu et demanda Que Narcisse au cœur farouche, Qu’elle trouvait si indifférent à l’amour, Fut à son tour oppressé et brûlé D’un tel amour dont il ne pourrait Attendre aucune joie ; Ainsi Narcisse pourrait savoir et comprendre Quelle douleur ressente les amants sincères Que l’on repousse si cruellement. »