L`abandon des déclinaisons en Moyen Français

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CM Histoire de la langue
Le Roman de la Rose
Le Roman de la Rose est un texte bicéphale de J. de Meun et G. de Lorris. Il y a un phénomène de
continuation entre ces deux auteurs. Ce texte est sans propriétés littéraires, commun au Moyen-Age.
Jean de Meun est connu comme traducteur. Est-ce un achèvement involontaire de l’œuvre par la
mort de Guillaume de Lorris ou un achèvement volontaire comme l’œuvre de Chrétien de Troyes qui
permet une continuation ?
C’est une sorte de best-seller médiéval car environ 300 manuscrits ont été édités (seulement 10 pour
Chrétien de Troyes) (romandelarose.org)
Cette œuvre se définit comme le roman de la rose, ou l’art d’amour est en prose. Initiation de
l’amour et quête de la rose dans un verger apparemment paradisiaque.
Dans sa continuation de l’œuvre de Guillaume de Lorris, Jean de Meun rajoute toute une série de
discours avec un assaut de la forteresse qui se termine par la cueillette de la rose avec une double
métaphore notamment érotique contrairement à l’œuvre de de Lorris qui se terminait sans avoir pu
percer la forteresse.
La plupart des manuscrits sont sur des codex même s’il reste encore des rouleaux de parchemins. Le
livre comme on le connait aujourd’hui apparait à la fin du Moyen-Age.
Le manuscrit date de 1486. Il n’y a ni ponctuations, ni espace entre le déterminant et le nom. C’est le
scientifique qui, pour la traduction, va également établir les codes modernes. Il développe aussi les
abréviations. On a des traductions différentes car elles ne viennent pas des même manuscrits :
variantes lexicales, morphologiques.
Eléments morphologique, syntaxique, lexicologique spécifique à l’Ancien
Français
« ne…mi » construit la négation en Ancien Français. Le substantif « mi » désignait à la base une petite
quantité.
On note également l’absence de déterminants, les prépositions collées aux noms. On développe les
abréviations, on ajoute des effets de déclinaisons, des voyelles nasales, de nouvelles consonnes
apparaissent (ch, j) et de nombreuses diphtongues (succession de 2 sons vocaliques)
Le français médiéval est parlé dans une zone plus restreinte que ce que l’on nomme la France
aujourd’hui. C’est seulement la partie au nord de La Loire, la langue d’oïl (la langue d’oc au sud de la
Loire). Cette langue est dérivée du latin. Elle va gagner du terrain dans le Sud mais ne s’impose pas
encore dans le sud de la France pendant la période du 9ème au 15ème siècle. On bascule ensuite dans la
période classique. Le territoire va s’étendre même en Angleterre au 12ème siècle lors des conquêtes.
Au 15ème siècle, Racine raconte qu’il ne comprend plus la langue des gens au sud.
Le français vient du mot « francia » qui désigne le pays des francs étant des envahisseurs
germaniques qui ont occupés le nord de la France essentiellement dans la région parisienne. Français
était d’abord utilisé comme adjectif pour caractériser les origines du pays. Vers 1265, on utilise le
français comme substantif pour désigner la langue qui remplace « le roman » du nom de la langue
romane.
Les linguistes distinguent l’Ancien Français (9ème-13ème) et le Moyen Français (14ème-15ème) marqué
par une différence morphologique et syntaxique.
I.
La part du latin dans l’origine du français
1. Le Latin populaire
Il faut attendre un académicien pour avoir l’hypothèse que le français viendrait du latin populaire,
qui passait pour un latin corrompu par rapport au latin classique, ce qui provoque un scandale sans
équivoque.
Le 19ème donnera un appui scientifique avec l’Histoire. On a avancé l’hébreux pour raison
idéologique, le grec car prestigieux, le celte (16ème) ou de polygénisme, comme c’est le cas pour
l’auteur de dictionnaire, Du Cange.
Le Français fait donc partit de la langue romane : → qu’est-ce qui distingue et différencie le
français des autres langues romanes ?
Le linguiste Bernard Cerquiglini donne sa propre définition du français, « Le français est un créole de
latin vulgaire (beaucoup) et de gaulois (très peu), mal prononcé par des seigneurs germaniques »
→ Met l’accent sur le mélange de langues
Les Romains, par leur conquête de la Gaule au 1er siècle après J-C, ont imposés leur langue aux
gaulois qui parlaient une langue celtique continentale. On estime que le gaulois n’est plus qu’un
vestige au 6ème siècle (d’où le très peu de Cerquiglini) avec seulement 70 mots. Beaucoup de traces
en revanche sur les toponymes : -euil ou –eil.
2. Influencé par les langues germaniques
Lors de la série d’invasions germaniques, les envahisseurs ont adoptés la langue du territoire conquis
à l’inverse des romains qui avaient imposés leur langue. Les Francs se sont installés au Nord (zone
d’oïl), les Wisigoths au Sud (zone d’oc) et les Burgondes au Sud-Est (zone franco-provençale) entre le
2ème siècle et le 6ème (Les Vikings au 9ème siècle). Ils ont un rôle phonétique car ils vont accentuer
certaines syllabes qui va déterminer des évolutions phonétiques (téla > toile). Ils vont également
amener leur propre vocabulaire avec environ 400 mots légués en particulier dans le domaine féodal,
guerrier et maritime.
L’écrit conserve des traces de l’origine latine (feit < fidem ; fei < foi)
II.
Les étapes d’une reconnaissance du français
1. Acte de naissance ?
Il n’y a pas de rupture, mais une continuation des dialectes les uns dans les autres. Les critères par les
linguistes sont les signes d’une prise de conscience.
a. Les signes d’une prise de conscience
-La renaissance carolingienne
Charlemagne couronné en 800, développe une renaissance du latin classique par rapport au latin
corrompu et modifie le parler à la fin du 8ème siècle. Cela montre qu’on a conscience de la différence
entre un latin classique et un latin évolué.
-En 813, le Concile de Tours demande aux prêtres de faire le serment en langue romane rustique
(lingua romana rustica) et non plus en latin. Signe que le peuple ne comprenait plus le latin.
-Au 9ème siècle, apparait des glossaires, listes de mots avec un mot latin et l’équivalence en langue
romane, équivaut à un dictionnaire. Il montre la nécessité d’une traduction du latin.
b. L’accès à l’écrit
C’est un signe de reconnaissance de la langue parlée. Le français va petit à petit se faire une place
écrite dominée jusqu’au 16ème siècle par le latin. Le français se distingue par une précocité de
l’apparition de texte dans cette langue car dès le 9ème siècle. Dès le 10ème, des textes hagiographiques
sur les saints, dès le 11ème des chansons de gestes et dès le 12ème des romans d’Antiquité puis les
romans arthuriens dans les années 70.
Le français se développe plus vite à l’écrit car s’est démarqué d’avantage. Le centre de la Loire était
un domaine culturel dynamique.
2. Un dialecte devenu langue ?
2 hypothèses : certains linguistes pensent que c’est le dialecte de l’île de France, le francien qui s’est
imposé là où c’était installé les capétiens pour des raisons politiques et économiques.
-Les linguistes pensent que le francien est un ectoplasme mais que ce sont ceux qui ont pratiqués
l’écrit qui ont fait une sélection des formes communes pour être compris au-delà d’un territoire
donné.
 Voir présentation des serments de Strasbourg et de Saint Eulalie
Les Serments jurent de s’allier pour se répartir l’Empire de Charlemagne. Rapporté à l’intérieur d’un
texte en latin -> irruption de la langue vernaculaire dans ce texte latin (rapporté par une personne en
langue vulgaire). Usage symbolique et politique de la langue vernaculaire. Vont utiliser soit la langue
germanique, soit la langue romane : reconnaitre le territoire de l’autre frère = chiasme linguistique
qui associe la langue au territoire.
L’abandon du latin en même temps que l’abandon du territoire impérial.
Différenciation avec le latin sur le caractère morphologique, syntaxique, sémantique.
F. Godefroy (1826-97) a utilisé une quantité énorme de documents parfois complexe. Ce dictionnaire
a fait l’objet de critique car vieux. Le meilleur dictionnaire sur la langue médiéval est en allemand.
I.
L’apostrophe du mot au Moyen-Age
1. Etymologie
Apparait au 12ème siècle et vient de Isidore de Séville. En grec, vient de l’étude de l’origine des sens
du mot. C’est un mot qui reste rare jusqu’au 17ème siècle. Elle a varié en fonction de la conception
que l’on a du mot.
a. Position réaliste/ essentialiste
Lien intrinsèque, le signe linguistique est motivé. De Séville étudie les analogies entre les mots et
explique la parenté sonore entre les mots en latin. Il pense qu’il y a un lien entre signifiant et signifié.
Cette approche continue à avoir cours dans l’étymologie populaire (On a planté un peuplier >
peuple). On a fait de fausses étymologies à partir des sonorités.
b. Position nominaliste
Abélard, maître tombé amoureux de son élève Eloïse puis se retranche après avoir été châtié. C’est
un philosophe du langage et le premier à avoir pensé à l’arbitraire du signe. C’est l’usage historique
et social qui fixe le lien entre le mot et la chose donc arbitraire. Position déjà avancé avec Jean de
Meun dans le Roman de la Rose. Prend de plus en plus de place par rapport à la position réaliste.
2. Les ancêtres des dictionnaires
La pratique de l’explication lexicale a été faite par une main, pas du premier copiste et ajoute des
informations sur les manuscrits. On a parfois l’explication dans des appendices, listes de vocabulaire
notamment des listes qui permettaient d’apprendre le français en Angleterre (nominalia).
En 1501, le mot dictionnaire apparait pour désigner un recueil de mots qui est rangé selon des
critères qui varient. Les premiers glossaires apparaissent au 9ème siècle : listes d’équivalence entre
des mots latins classiques et des mots latins populaires.
a. Le développement de la lexicographie sur la base du latin
On cherche à expliquer un mot latin en langue latine mais parfois aussi en langue française -> langue
ancillaire, au service du latin. Il faut attendre le 15ème siècle pour que le dictionnaire présente des
entrées en français. A la fin du 15ème, on a des explications entre langue vivante (Calepino :
Italien/français). Pulci est un dictionnaire seulement en Italien. En 1539, Estienne est un dictionnaire
seulement en français expliqué en français mais traduit en latin encore.
Au 17ème, les dictionnaires s’émancipent du latin (Nicot, Furetière)
b. L’ordre alphabétique
Au 11ème, on regroupe les mots d’après une initiale mais pas tous les mots. Le rangement par ordre
alphabétique est encore complexe car la graphie n’est pas figée. Au 14ème siècle, le lexique latinfrançais se nomme Alma (1er mot) et s’essaye au classement alphabétique.
En 1694, on range les mots par racine mais on n’adopte pas l’ordre alphabétique. La seconde édition
du dictionnaire de l’Académie en 1718 s’aligne sur le principe de l’ordre alphabétique
Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey
Garnier numérique, CNRTL, Furetière, DML
Déclinaisons bicasuelles et la ruine du système
Le Français hérite du latin populaire. De six déclinaisons latines, on descend à deux conservées par
l’Ancien Français mais tombe en ruine à la fin du Moyen-Age pour laisser la place au Moyen Français.
-
Pas de grammaire ni de système de déclinaisons
Pratiques variaient d’une région à une autre
Vers le 14ème-15ème siècle, c’est l’abandon de la déclinaison à 2 cas. Les manuscrits des textes sont
rarement antérieurs au 14ème siècle. Par exemple, pour Chrétien de Troyes, on retrouve donc des
omissions de déclinaison par recopie. Les méthodes des éditeurs ont changées et évoluées. Les
modifications d’éditeurs scientifiques se fait par intervention corrective.
Pour Cerquiglini, les grammairiens ont une focalisation idéologique de la langue. Ainsi, les copistes ne
retranscrivent pas justement.
I.
Examen du système des déclinaisons
Cas sujet (sujet, attribut du sujet) / Cas régime (tout ce qui n’est pas sujet)
La déclinaison a une valeur syntaxique. Elle agit sur les groupes nominaux.
II.
Singulier
Pluriel
Cas sujet
«s»
O
Cas régime
O
«s»
Echantillon textuel (le Chevalier au lion)
Imbrication d’événements entre Yvain ou Le Chevalier au Lion et Lancelot ou Le Chevalier à la
Charrette.
Captatio velenvolentiae = adresse à l’auditoire pour capter son attention
Appel au cœur et aux oreilles de l’auditeur :
« A partir du moment où le cœur n’y comprend rien
La parole ne s’y arrête ni ne demeure
Si le cœur n’est pas assez éveillé
Pour la saisir et l’attraper »
→ Métaphore de la réception de la parole qui passe par tout le corps
Cerquiglini donne un exemple de reconstruction de la déclinaison des éditeurs qui par exemple,
enlèvent les marques de cas sujet (« s »)
III.
L’abandon des déclinaisons en Moyen Français
Certains linguistes pensent que les dates historiques faisant la transition entre l’Ancien Français et le
Moyen Français sont mal placées. Certains pensent que le Moyen Français débute au 13ème siècle,
d’autres pensent qu’il va jusqu’au 16ème.
On délimite l’Ancien Français du 9ème au 13ème siècle car il y a encore des déclinaisons, et le Moyen
Français du 14ème au 15ème siècle car il n’y a plus de déclinaisons.
C’est une période de crise féodale. Ce système se défait au profit de la monarchie avec une royauté
centralisée qui affaiblit les petits seigneurs. La noblesse est en conflit avec la bourgeoisie montante
qui gagne dans l’économie marchande. C’est également une période de crise politique (la guerre de
100 ans) et une période de crise démographique (la peste)
Villon, poète du 15ème siècle, s’amuse par des pastiches à imiter l’Ancien Français. Pour cela, il ne met
que des cas sujets dans ses vers, ce qui n’a en soit pas vraiment de sens.
Dès la deuxième moitié du 13ème siècle, on voit des incohérences ou des inexistences pour les 2 cas.
On ne dit plus le « s » à l’oral et donc on ne fait plus la différence ce qui va se répéter de plus en plus
à l’écrit. Ceci implique un contre-coup sur la syntaxe car les déclinaisons permettent une indication
morphologique et donc il n’y avait pas besoin d’ordre des mots dans la phrase. Sans déclinaisons, on
va voir apparaitre un ordre fixe des mots dans la phrase : sujet, verbe, objet
La zone anglo-normande abandonne les déclinaisons très tôt par rapport au sud-est de la France.
La ballade des pendus
Villon a été accusé de plusieurs méfaits et a été condamné à être pendu. Cette peine a été
commutée et il a été banni pendant 10 ans.
Il fait parler des pendus : prosopopée
-
Emploi ou non emploi des pronoms personnels sujets
Le passage de l’Ancien Français au Moyen Français
Les perspectives d’histoire de la langue se développent en même temps que la phonétique historique
et la grammaire. On a adopté une approche génétique en essayant de repérer des filiations entre les
langues. On a privilégié la phonétique plus que la syntaxe
C. Marchello Nizia a été la première à utiliser l’informatique pour étudier les évolutions sur la langue.
I.
Les principaux changements syntaxiques
1. Schémas de phrase
En latin, une façon de structurer les phrases qui mettaient le verbe à la fin des phrases. L’Ancien
Français le place plutôt au milieu. Plus de schémas de phrases émergent en Ancien Français, qui
s’affirme en un ordre précis en Moyen Français (sujet verbe objet). Il a toutefois d’autres modèles
possibles : verbe, objet, sujet et objet, sujet, verbe (employé à l’oral : Le chocolat, j’aime)
→ Pourquoi on a changé de schéma de phrase ?
-Base de la phonétique
Le changement d’ordre des mots serait la conséquence de la chute des déclinaisons. La place du
groupe nominal va nous dire si c’est un complément de nom ou un verbe. Les pronoms personnels
sujets viennent compenser la perte d’identification morphologique des verbes.
-L’explication syntaxique
L’objet placé avant le verbe était à une fréquence de 28% dans La Chanson de Rolland. Dans la
Queste del Saint Graal, on est plus qu’à 3%. Le changement syntaxique s’est d’abord modifié sur
l’objet ; La situation du sujet a évolué lentement. Dès la fin du 12ème siècle, on serait passé à verbe,
objet. Le sujet se place n’importe où dans la phrase.
2. Les articles et pronoms personnels sujets : de l’omission possible à un emploi
plus fréquent
Les articles sont une catégorie nouvelle par rapport au latin. L’article défini vient du démonstratif par
aphérèse (réduction par le début illl/illa, unus). Ils se généralisent au 14ème et 15ème siècle. Leur
généralisation vient compenser la disparition des déclinaisons. L’article indéfini pluriel « des »
n’existaient pas en Ancien Français (uns/unes). Le Moyen Français introduit « des » à partir du 14ème
siècle.
3. Multiplication des mots outils / prépositions
Les prépositions servent à préciser les liens qu’il y a entre les mots et servent à distinguer les
différents compléments (lieu, manière etc…). L’Ancien Français pour les compléments de noms
utilisaient la préposition de, la préposition a, ou une construction absolue. La préposition de se
généralise au Moyen Français.
II.
L’exemple d’une évolution : le paradigme des démonstratifs
En Ancien Français, toutes les formes démonstratives peuvent être utilisées comme pronom ou
comme déterminant.
1. Principales étapes
Yonec dans les lais de Marie de France, le vieux mari = cist (dét.) velz gelus (ce vieux jaloux) +
connotation péjorative. Le paradigme en L est neutre sémantiquement.
-
Cil vient > pronom / cil chevaliers vient > déterminant
Ce / ces sont de nouveaux déterminants du nom, utilisés uniquement comme déterminant et de
valeur neutre.
Au 17ème siècle, on a le même système qu’aujourd’hui.
2. Explications
Ce/ces montrent qu’ils sont complètement différents des paradigmes en T ou en L.
On a une analogie, avec les articles qui sont aussi des déterminants du nom. On a fabriqué de
nouveaux démonstratifs sur le modèle des articles.
On a également une analogie avec les pronoms personnels sujets.
Le système d’analogie opère pour conserver des formes au sein d’un système trop abondant.
L’explication prosodique met en avant le facteur de l’accentuation comme élimination de certaines
formes. Pour les démonstratifs, certaines séries n’étaient pas accentués comme ces/ce ou ceste ille/
ceste ella
Icestui chevalier > accent sur la fin des mots. Le moyen français privilégie l’accent du groupe de mots
Icele table
Le fait que certaines formes soit accentuées, d’autres non montrent que certaines forment vont être
privilégiées par rapport à d’autre par l’explication prosodique.
La période du Moyen Français est une période d’entre-deux avant que les paradigmes se stabilisent à
nouveau.
Les possessifs avaient des formes irrégulières. Le système d’analogie permet de modifier et de
simplifier ex : mien > mienne (moen en ancien français) = tien, sien etc…
Du point de vue phonétique, réduction des diphtongues pour se contenter des voyelles simples. Les
adjectifs épicènes (ne marque pas la différence entre masculin et féminin)
Les conjugaisons sont également simplifiées.
→ Beaucoup de changement syntaxique
En quoi y a-t-il ou non une esquisse de langue dans la période médiévale ?
Peut-on parler d’une langue médiévale ? Non
-le critère chronologique permet de dissocier 2 langues (Ancien et Moyen Français)
-le critère géographique montre que le français est réduit au nord de la France. Il s’étend vers le
15ème siècle.
-Le critère des élites qui pratiquent plusieurs langues dont le latin, langue du savoir.
-Dialectes (sous ensemble local, régional d’une langue)
-Il n’y a pas de normes à l’écrit (création de l’Académie Française par Richelieu en 1635)
I. La cohabitation avec d’autres langues
1. Le français et les autres langues parlées
p.6 : rejette la langue étrangère du breton
A la fin du 15ème Charles VIII demande que les procès soient menés au choix en langue d’oc ou en
français. Montre que le français n’est pas forcément compris dans le Sud.
p.7 : Racine montre qu’il a dû mal à se faire comprendre.
2. Le français et le latin
Phénomènes de bilinguismes car on pose le français comme langue maternelle et le latin comme
langue du savoir, de l’église et de l’école, écrite et codifiée par une grammaire. C’est également une
langue parlée et à fort prestige social. A l’inverse, le français est une langue vernaculaire qui essaye
seulement de se faire une place à l’écrit au Moyen-Age. Elle va gagner petit à petit du terrain dans
certains domaines. Au XVIe siècle, on a des travaux d‘historiographie. Egalement des documents
scientifiques. Les plaidoiries se font en français mais les actes enregistrés restent en latin : Edit de
Villers-Cotterêts en 1539 : François 1er prend la mesure que le français devient obligatoire pour tous
les actes juridiques.
J.Gerson, savant de l’époque, s’adresse aux maitres et aux étudiants de Navarre en latin humaniste.
Quand il écrit en latin, il utilise un latin d’université → distinction de plusieurs types de latin. Lorsqu’il
s’adresse au laïque, il utilise un français lisible. Sa langue maternelle est un français de champenois.
Bilinguisme G. Digulleville a écrit 3 pèlerinages en français. Il insère des vers en latin sur un principe
d’entrelacement des deux langues. Il écrit son nom latin en acrostiche à l’intérieur d’un texte
français.
Villon, ballade franco-latine p.2 : place des mots latins dans une ballade écrite en français : mélange
fait pour introduire un comique et un anti-conformisme
Dans le théâtre, on retrouve du latin appelé latin macaronique, pour les scènes comiques et
notamment les commentaires grivois (p.2-4)
II. La diversité dialectale
Il faut distinguer le dialecte à l’écrit et le dialecte à l’oral. Scripte régional : manière d’écrire qui varie
selon les régions et qui comporte des traits dialectaux dont il reste des traces encore aujourd’hui.
Les copistes pouvaient donner les propres traits de leur région aux œuvres comme pour Marie de
France qui écrit en anglo-normand, certains de ses textes sont en picard.
Régression rapide ou non des marques dialectales à l’écrit selon les régions.
III. Les avancées du français : vers l’émergence d’une norme ?
Les conditions favorables à l’évolution d‘un français commun :
- La centralisation du pouvoir politique à Paris où s’installent les Capétiens
- prise de conscience d’une identité nationale (guerre de 100 ans)
- développement des emblèmes de la nation (fleur de lys)
- annexions territoriales du Sud par le Nord
- imprimerie
Il y a des indices d’une norme de Cour dès le 12ème siècle que Chrétien de Troyes relèvent dans le
Chevalier à la charrette : les femmes parlent bien le français à la Cour
Usage de petits traités Manière de langage pour apprendre comment bien parler français à la Cour
pour les anglais
Le langage parisien tend à être perçu comme une norme. Ceux qui s’en écartent sont raillés. Les
linguistes montrent toutefois que les modifications importantes qu’a subies la langue viennent des
régions (de l’Ouest pour atteindre la région parisienne). Le fait de mettre l’objet derrière le verbe
s’est accompli dans les régions. L’idée d’une norme parisienne dans les faits est discutable.
Socialement parlant, il y a une valorisation du parler de la Cour car c’est le français d’une élite
sociale.
Le français est une langue jeune dans le champ de l’écrit. En ce sens, elle n’est pas codifiée (16 ème
siècle : dictionnaires / 17ème : Académie française)
Villon a écrit des ballades en jargon (langage argots pour ce pas être compris de l’extérieure) =
langue codée. Le jargon est associé à des figures marginales.
Le lexique médiéval et son évolution
2 tiers du vocabulaire actuel viendrait du lexique médiéval soit 7000 à 8000 mots (70 mots pour le
gaulois, 400 pour les germaniques)
I.
Un lexique abondant et dynamique
On rencontre beaucoup de synonyme (p.2 doc lexique). Les origines métissées du français fait qu’on
a des parasynonymes (2 mots issus du latin et du germanique et qui ont le même sens) ex : honte <
haunita (germanique) / vergogne < verecundia (latin)
Il y a une dérivation morphologique très active. Ex : abit|age, abit|ail, abit|ement
Phénomène des doublets étymologiques (à partir d’un mot latin on obtient 2 mots de sens
différents) (p.3 doc lexique). Au sein de cette abondance, il va y avoir une sélection.
Le lexique médiéval est souvent polysémique qui va avoir tendance à se restreindre. Ex : Mestier :
besoin, utilité, outils / ire : chagrin, colère
II.
Evolution du lexique en Ancien français et en Moyen français
1. Facteurs externes
Les emprunts comme facteur d’évolution : importation de mots étrangers après le 12ème siècle
car avant, elle est très limitée. Des emprunts à l’arabe qui transite par la langue espagnol.
Egalement dû aux échanges économiques et aux croisades (azure, calife, gazelle, luth).
Il y a également quantité d’emprunt au latin savant (vocabulaire des sciences : equinoxe, zone,
position) et au latin ecclésiastique (miséricorde, ange, abominable)
Traduction d’auteurs antiques. Les traducteurs font un effort de traduction de certains mots
latins qui vont devenir des néologismes (p.4-5 doc lexique). Les traducteurs ont une réflexion sur
le lexique. L’un d’eux adjoint un lexique pour expliquer les néologismes qu’il a inséré dans sa
traduction. Des auteurs comme Jean de Meun refuse les néologismes et utilise des mots plus
familier.
Il y a également des emprunts aux grecs (fantaisies, asthmatique, thorax)
L’opposition tranchée entre le M-A et la Renaissance doit être nuancée car dès le Moyen-Age il y
a des cercles d’humanistes qui traduisent les textes de la Renaissance.
Les emprunts de la langue vivante dont l’Italien car transfert de la Cour de Rome à la Cour
d’Avignon pendant une période et des échanges de Cour qui permettent des échanges de savoir
entre les humanistes italiens et français (cavalcase, galères, pilotes)
2. Emprunts dialectaux et anglais.
Dérivation sémantique : glissement de sens
-
-
Par métonymie : Bureau au 12ème = tissu grossier puis au 14ème = tissu posé sur la table puis
au 15ème par extension des travaux de comptabilité au 18ème = membres d’une assemblée
élue qui doit diriger certains travaux
Par restriction : Robe = le butin (bagages vêtements) qu’on a volé, puis les vêtements puis le
vêtement féminin
Dérivation morphologique :
-
Dérivation impropre : à partir d’un mot d’une catégorie on créé un mot d’une autre
catégorie : rober > robe
Dérivation propre : Préfixation ou suffixation
Les traducteurs n’utilisent pas spontanément les préfixes et les suffixes mais vont les mettre en
circulation petit à petit dans la langue
On compose des mots par composition surtout en Moyen-Français puisné : né après / ainsné : né
avant (cf. Du Bellay)
Au 16ème : on continu à enrichir le lexique par de nombreux emprunts (grec, italien)
Au 17ème : on vise la clarté. On rejette l’abondance au nom de la clarté et de la précision. Peu
d’emprunts aux langues étrangères sauf l’anglais
Au 18ème : travail encyclopédique va engendrer un nouveau lexique (technique et politique)
19ème-20ème : toujours un dynamisme.
20ème : apparition de modes de fabrication de mots → siglaison (PPDA), troncation (TV,
caméscope)
III.
Le lexique médiéval et la graphie
Le roman de l’orthographe de Cerquiglini. D’après lui, pas seulement sons mais transcription de
signes. Il ne faut pas penser que la graphie médiévale est transparente. Le « s » à l’intérieur des mots
n’est plus prononcé depuis le 12ème même si on continu à l’écrire. Cela montre que la graphie peut
être indifférente à la réalité phonique. Ce « s » préfigure les consonnes superflus du Moyen-Français
(annonce l’origine étymologique du mot scavons < scrire ; debvoir < debere). La graphie traduit donc
un héritage du français par rapport au latin.
En 1740, 3ème édition dictionnaire de l’Académie, les académiciens accepte l’accent graphique pour
remplacer le « s ».
Graphie distincte permet de discriminer parfois les homophones (sein < sinus, ceint < cinctu, sain,
saint, cinq). Cela permet également d’avoir une certaine noblesse de la langue. On utilise une graphie
gothique pour les écrits religieux alors qu’on utilise une graphie « batarde » pour les romans
arthuriens.
La variance manuscrite et les méthodes d’édition
Statut différent : pas de notion de la propriété littéraire : mise en circulation et chacun peut se
l’approprier librement + phénomène de continuation (ex : Le Chevalier à la charrette : ¾ fait par
Chrétien de Troyes puis volontairement finit par son disciple Godefroy de Lagny au moment de
l’impasse de Lancelot dans une tour) + compilation de différents textes dans un même manuscrit
A partir du 14ème siècle, les auteurs sont soucieux de leurs propres textes et de leur fabrication
(Froissart, C. de Pizan)
Auteur > copistes > éditeurs scientifiques > traducteurs > éditeurs commerciales
I.
Le support manuscrit, vecteur de variance
Avant le 12ème siècle, les copistes sont essentiellement des moines. A partir du 12ème, on est dans une
période de Renaissance où se développe les universités, les villes, une prospérité économique et
fleurissent des ateliers de copistes car une forte demande. Ces ateliers urbains vont adapter des
copies différentes que celles des moines notamment des copies profanes. La peccia (= la pièce)
consiste à découper un texte en plusieurs cahiers : on cherche à produire plus vite un ouvrage. Le
copiste se permet un rôle d’intervention (notes, abréviations, agencement). Translatio studii : Savoir
transmis de l’Antiquité vers Rome puis vers la France → sert à structurer l’ordre des textes dans un
manuscrit. Textes associés à l’Orient > textes latins > textes français.
Perrot de Nesles : trouvere + travail de copiste et compilateur.
Les aléas liées à la pratique manuscrite : lecture vocalisée (blancs entre les mots à partir du 8ème).
Pratique de l’écriture par colonne étroite à partir du 8ème → généralisé au 11ème qui va permettre
l’essor de la lecture silencieuse.
A partir du 12ème, le copiste lit et copie seul.
Manuscrit en version batarde. Apparence visuel différentes des manuscrits + de nombreuses
variantes.
Il y a très rarement des manuscrits autographes (de la main de l’auteur)
II.
Le rôle des éditeurs scientifiques
Ils segmentent les mots, mettent les accents, ponctue et corrigent. Elles sont différentes selon le
type d’édition désiré.
3 types d’éditions possibles :
-
III.
fac. Similé (photographie intégrale du support papier sans intervention de l’éditeur)
Edition diplomatique vise un public scientifique (intervention minimale, retranscription
graphique + développement des abréviations)
Edition critique vise un public plus large (plus d’intervention avec apparat critique et
ponctuation). Les éditions critiques varient selon les éditeurs
Un aperçu sur l’histoire des méthodes d’édition critique
Jusqu’au 18ème siècle, des érudits se sont intéressés aux manuscrits médiévaux nommé la période
empirique car n’ont pas développés de manière particulière d’analyse.
19ème siècle : les approches de la langue deviennent plus scientifique
Méthode reconstructives (interventionniste) :
Lachman : travaillait sur le nouveau testament. Il propose de construire des stemma (arbres
généalogiques). Il s’appuie sur la méthode de fautes communes pour décider lequel est le plus
proche de l’original.
Dom Quentin : méthode de l’échantillonnage linguistique → par morceaux de texte
Méthode documentaire : J Bédier met en question la construction des stemma car forcément
subjectif. On choisit un manuscrit et on s’y tient au plus près plutôt que de faire un mélange
La Traduction
Etymologiquement transducere qui signifie transporter
L’idée de traduire ne vient qu’à la fin du 19ème (L. Gautier traduie La Chanson de Rolland)
Méthode universitaire : Moderniser le plus possible dans la langue actuelle
Vers colorés : la traduction doit restituer la couleur de l’originale
I.
Problème de référents culturels spécifiques et des archaïsmes
Difficulté de retranscrire certains mots qui sont devenus des termes techniques dans la langue
étrangère (côte, maille). Soit utiliser les mots précis et technique à l’aide d’un glossaire ou utiliser des
termes plus générique pour une compréhension plus facile (ex : heaume > casque)
Risque de contresens si on conserve certains mots (ex : valet) car ils ont changé de sens. « Roland est
preux, Olivier est sage » = Roland est téméraire, Olivier est réfléchit
Traduction universitaire : préconise de traduire dans la langue moderne (transparent)
Le code médiéval n’est pas forcément le même. Rendre compte d’un effet stylistique important (ex :
un graal une demoiselle tenoit → importance du graal)
La répétition peut avoir un effet stylistique
La valeur des temps n’est pas toujours la même qu’aujourd’hui : événements ponctuels dans le
passé. Usage fréquent du subjonctif. Alternance fréquente entre le passé simple et le présent de
narration → il faut homogénéiser les temps.
Au 19ème : censure de certains textes médiévaux à cause de leur vocabulaire grossier (coullion = c…) +
partie anatomique que l’on conserve ainsi (con = sexe féminin, vit = sexe masculin) → traducteurs
esquivent les traductions actualisées.
Françoise Morvan : traduction en vers primée
La traduction peut être faite de manières différentes : vers transparents ou colorés, universitaire
etc…
Chrétien de Troyes
35 romans, 32 manuscrits avec textes de Chrétien de Troyes retrouvés. Le conte du Graal, il reste le
plus de manuscrits (5) et le plus ornementé.
Révolution de l’industrie du livre du Vème au 15ème
Seulement 1/3 des romans sont enluminés. Support : parchemin. Sur deux colonnes. Seulement à
partir du 14ème que l’on utilise le papier en France.
TD Histoire de la langue
L’apprentissage et l’appropriation du latin : Histoire générale du Français
Pas de latin mais des dialectes européens. Lorsque le latin devient petit à petit la langue de la Gaule,
il devient des latins variés au contact des dialectes. Le latin n’est donc pas uniforme et évolue avec
les invasions germaniques en particulier celle des francs. On garde de ces envahisseurs le vocabulaire
de la guerre et des champs. Une rupture va se faire au milieu du territoire (au niveau de La Loire) au
Nord, la langue d’oïl et au Sud la langue d’oc (deux façons différentes de dire oui). Les dialectes du
Nord sont les plus éloignés du latin contrairement aux dialectes du Sud dû au fait des invasions dans
le Nord.
Charlemagne cherche à restaurer l’enseignement du latin pour comprendre les cérémonies. C’est à
ce moment qu’on mesure l’écart entre ce qu’on cherche à enseigner et le parler des gens. On fait des
glossaires entre la langue latine et le latin vulgaire. Se créé également des glossaires qui font le
parallèle entre le latin et les langues germaniques. (= XIème siècle)
En 842, Les Serments de Strasbourg sont les premiers textes en Ancien Français. Hormis ceux-là, tout
est rédigé en latin.
Jusqu’au XIIème siècle se met en place la vie féodale. La langue va évoluer par petits points
géographiques qui vont augmenter le morcèlement de la langue.
La reconnaissance du statut de la langue française à partir du XIIème va se faire grâce à des grands
auteurs comme Chrétien de Troyes. On obtient une littérature en Ancien Français. Cette noblesse de
la langue se renforce au XVIème en 1539 avec François 1er Villers-Cotterêts où le français est la
langue officielle administrativement et commence ainsi peu à peu à détrôner le latin. Selon Du
Bellay, la langue française peut faire mieux que le latin avec le mouvement de La Pléiade. Ex :
grandes navigations de Jacques Cartier racontées en Français, la médecine aussi…
Le Français devient de fait une langue digne d’être étudiée. La première grammaire apparait en 1530.
Du 11ème au 12ème, on remarque dans les textes une évolution de la langue par érosion. Cette
évolution naturelle est contrariée à partir du 16ème car on cherche à réglementer la langue.
La codification de la langue française du 17ème au 18ème avec le siècle d’or, commence à sanctifier le
français, la langue de Molière. En 1635, la création de l’Académie française et des premiers
dictionnaires. On décide d’une orthographe unique et obligatoire. Au même moment, elle gagne du
prestige à l’étranger.
19ème/20ème : dans la pratique, le français reste morcelé mais on cherche à l’unifier malgré les parlers
locaux. On l’étudie à l’école. La première et la seconde guerre mondiale ont permis une
communication qui a engendré une uniformisation de la langue. Enfin, les médias globalisent le
français.
La langue est la plus stable autour du 12ème siècle.
Du 9ème au 13ème, on parle d’Ancien Français. Du 14ème au 16ème, on parle de Moyen Français.
L’Ancien Français
Toutes les consonnes finales se prononcent.
Ores = aujourd’hui ; lores = alors ; einz = mais ;
Vassal
Différentes formes : vaseor, vaseeur
-Mot d’origine populaire apparu environ au 11ème siècle, au même moment que la société féodale et
vient du bas latin vassalus, dérivé d’un mot d’origine gauloise. Quelqu’un sous la protection d’un
seigneur élevé et va toujours se définir dans le rapport entre une personne et son supérieur.
-Le domestique non libre : serf et l’homme commandé par un duc ou un conte. L’homme qui suit son
seigneur à la guerre qui lui apport, aide, assistance et conseil. Le jeune homme noble et vaillant pas
encore chevalier. En tant qu’apostrophe en début de phrase, peut désigner un compagnon.
-Sens conservé. Par extension, on retrouve le sens primitif de serviteur que l’on retrouve chez Balzac
-Vassal : nom masculin. Sous la même forme il peut aussi être un adjectif et définit le courage et la
vaillance.
Le vasselage : nom masculin, qualité de l’homme dans la société médiévale. Le fait d’arme, l’acte de
bravoure
Vassalment : adverbe. Avec bravoure, avec ardeur
Vassalté : nom féminin. Insiste sur le devoir du vassal
Vavassor : nom masculin. Celui qui forme le jeune chevalier
-Autour de la même notion. Par opposition le supérieur du vassal correspond aux sire/seigneur
Homme lige : domaine courtois
Valet
Prouesse, statut social, associe les termes chevalier, baron, prodom
Sens d’action, d’éclat : proesce (prouesse)
Traduction La Chanson de Rolland
-« Rolland mon ami sonnez de votre cor,
Ainsi Charles l’entendra qui passe le col
Je vous le promets de retournerai en France
Qu’il ne soit jamais dit à tout homme vivant
Que pour un adversaire j’ai sonné du cor
Jamais mes parents n’auront ce reproche
Quand je serai au cœur de la bataille
Et que je ferai des milliers de coups
De Durendal vous verrez l’acier sanglant.
Les Français sont bons, ils se battront avec ardeur
Jamais ceux d’Espagne ne seront à l’abri de la mort.
Olivier dit : « Je ne sais pas de quoi on nous blâmerait
J’ai vu les Sarazins d’Espagne :
Et les vallées, et les montagnes en sont peuplées
Ainsi que les collines et toutes les plaines.
Les armées de ces gens étrangers sont grandes ;
Et nous nous avons une toute petite armée. »
Cas Sujet / Cas Régime
Sir/Seigneur, Copain/compagnon sont à des entrées biens distincts mais sont du même mot.
Comme le latin, l’Ancien Français a des déclinaisons mais on en conserve que deux aujourd’hui (cas
régime pluriel/singulier)
Sur le plan de la morphologie, on a l’héritage du nominatif latin (cas sujet) et de l’accusatif latin (cas
régime : complément circonstanciel) l’ordre des mots n’étant pas encore fixé, c’est leur déclinaison
ou morphologie qui va déterminer la phrase. En latin, 3 genres masculin, féminin et neutre mais le
neutre disparait plus tard.
Mots de la 3ème déclinaison : ante, antain (tante) none, nonain (none) Morgue, Morgain (Morgane =
fée)
Substantifs masculins de la 3ème déclinaison : nies/neveu, gars/garçon, ber,/baron, cuens/comte,
enfes/enfant, gloz/ glouton, fel/felon
Altérations possibles : disparition des consonnes finales (g,f,p,b) drap > dras, gab > gas, sang > sans
Les consonnes se combinent : t ou d + s = z (enfant > enfanz, valet > valez)
La consonne finale se modifie à cause du s : -l + s > u cheval + s > chevaus, chevel + s > cheveus. Pour
gagner de la place, on peut mettre un x (chevaus > chevax, Deus > Dex)
On a rajouté un u en français moderne en s’apercevant qu’il manquait une lettre. En fait, nous
écrivons chevauus.
L’évolution du système à partir du Moyen-Age
Soit on va garder une seule forme : suer et non seror ou l’on garde les deux déclinaisons mais on leur
donne 2 sens distincts (sire, seigneur)
Les déterminants
Le déterminant précise l’extensivité du nom auquel il se rapporte. Le nom peut aussi être employé
seul. (mission, article « zéro »)
Article indéfini (un, une, des) : hérité du latin unus, una, unum (masc, fem, neutre). Pour que ce
déterminant apparaisse il faut que le nom de la personne ou la chose soit de la même catégorie. Il
peut aussi être utilisé en tant que numéral (un seul). Unes forces = une paire de ciseaux, uns degrez =
des escaliers
Article défini (le, la, les, l’) : vient du latin ille, illa, illud. Il a subit une coupure et le neutre disparait.
L’article défini est utilisé pour caractériser des noms bien identifié et bien déterminé. Emploi
anaphorique : reprend ce qui a été dit auparavant, emploi de notoriété : connu de tout le monde,
emploi possessif : désigne les parties du corps, ou emploi générique désigne tous les éléments d’une
classe sans faire de distinction (ex : le chien aboie)
Article partitif (du, de la, des): ne se développe qu’à partir du 16ème siècle et s’apparente à des
réalités non dénombrables. Présence d’un partitif quand la quantité est limitée (perdre del sanc). Si
elle n’est pas limitée, l’ancien français ne met rien (boivre ere, manger pain)
Absence de déterminant : soit le nom se rapporte à quelque chose d’extrêmement connu et donc il
n’y en a pas besoin (noms propres, noms précédés d’un adjectif), soit il s’applique à quelque chose
de tellement large que le déterminant est inutile (noms abstraits : avoir paor = avoir peur, avoir
talent = avoir envie, faire noise = faire du bruit, avoir mestier = avoir besoin)
Mener a chief = achever
Par foi = parfois
Elision : l’ + voyelle/s’ + voyelle
Enclise (contraction) : a + le = al / au
de + le = del
en + el = el
en + les = ès
Traduction Yvain le Chevalier au Lion
« Messire Yvain pensif chemine
Dans une profonde forêt
Quand il entend au milieu du bois
Un cri fort et plein de douleur.
Il se dirigea vers le cri
A l’endroit où il l’avait entendu.
Il vit un lion dans une prairie
Et un serpent, qui le tenait
Par la queue et lui brûle
Tout le bas du dos d’un feu ardent.
Messire Yvain ne restait pas longtemps
A regarder cette merveille.
Il se demande à lui-même
Lequel des deux il va aider.
Il se dit qu’il va secourir le lion
Parce qu’au venimeux et au traitre,
On ne doit rien faire sinon du mal.
Et le serpent est venimeux,
Du feu lui sort de la bouche
Tant il est plein de traitrise.
Pour cela Messire Yvain pense,
Qu’il le tuera en premier.
Il tire son épée et s’avance,
Met l’écu devant son visage,
Pour que la flamme qui lui sortait
De la gueule de l’atteigne pas,
Qui était démesurée.
Alors le lion l’attaque à son tour,
Car la bataille ne lui fait pas peur. »
Les adjectifs
En latin, comme en Ancien français il s’accorde avec le nom en genre et en nombre mais on ajoute la
spécificité de l’ancien français, il s’accorde aussi selon la fonction syntaxique. On conserve en Ancien
Français une déclinaison selon 3 genres : masculin, féminin, neutre (rarement employé dans un texte
et disparait très vite)
Type 1 : L’adjectif varie en genre en rajoutant un « e » au féminin + participe passé. Des
modifications orthographiques ont lieu avec l’adjonction du « e » (chauf > chauve ; lait > laide)
Type 2 : épicènes = pas d’opposition entre le masculin et le féminin.
Type 3 : 3 radicaux différents. 1 forme de radicale pour le cas sujet, 1 pour le cas régime et 1 pour le
neutre. Ex : graindre, graignor = plus grand / meindre, menor, moins (devenu adverbe) / pire, peior,
pis (devenu adverbe) > aujourd’hui = plus + adj / moins + adj
Les Compléments du nom
Toute forme de complément = cas régime
-Construction à morphème zéro ou Cas régime absolu (pas de préposition pour relier le nom et le
complément) (= le bain x Marie, l’Hôtel x Dieu)
Cela fonctionne si le complément du nom est une personne. Il est principalement désigné par un
nom propre. Le cas régime peut se déclencher s’il y a des personnes illustres dans la hiérarchie. Il
peut aussi se déclencher pour un lien d’alliance ou de parenté.
-
La mort x le roi Artu > nom propre + personne illustre
Le fiz x la veuve dame > lien de parenté
L’escu x Lancelot > nom propre + personne illustre
Keu le senescaus x le roi Artu > nom prore + personne illustre + relation d’alliance
(le senescal = bras droit du roi)
(x = manque de préposition)
-Préposition a (accents diacritiques n’apparaissent qu’au 16ème siècle)
Relation de parenté et d’appartenance. Le complément est aussi une personne. On a la préposition
« a » lorsque le complément du nom est une référence large (pas de personne illustre, référence au
pluriel…)
-
Fix a putain > complément une personne, pas de nom propre et pas de personnage illustre
-Préposition de
Lorsque le complément du nom n’est pas une personne.
-
Les pies des chevaux
La porte del chastel
La dureté du monde
Aucassin au royaume de Turelure
Il narre / Il raconte
« Aucassin descendit avec son amie comme Ils avaient entendu un bruit. Il tenait son cheval par les
reines Et son amie par la main, et ils avancèrent près du rivage Et Aucassin vit passer un bateau, et
aperçût les marchands Qui naviguaient tout près du rivage. Il les interpella et ils vinrent vers lui, il
insista tant qu’ils les firent monter sur leur navire. Et quand ils furent en haute mer, une tempête se
leva, grande et merveilleuse, qui les mena de terre en terre, tant qu’ils arrivèrent dans un terre
étrange et entrèrent au port du château de Turelure. Ils demandèrent alors de quelle terre ils
s’agissaient et ont leur dit que c’était la terre de roi de Turelure puis il demanda quel homme c’était
et s’il y avait une guerre et on lui répondit « oui une grande guerre ». Il s’éloigne des marchands et
celui-ci le recommanda à Dieu. Il monte donc sur son cheval l’épée sainte, son amie devant lui tant et
si bien qu’il arriva au château. Il demande où était le roi et on lui dit qu’il se remettait d’avoir
accouché. Et on lui dit qu’elle est dans l’armée et qu’elle avait menée avec elle tout le pays. Et
Aucassin s’étonne il arriva au palais et descend les marches avec son amie elle tint son cheval, lui
monte vers le palais, l’épée sainte et avança tant et si bien qu’il arriva dans la chambre où le roi
gisait. »
Corrigé traduction contrôle n°1 :
« Ecoutez donc ce que fit le lion
Qui agit en bête noble et généreux
Il commença à faire comme si il se rendait à lui
Le lion étendait ses pattes jointes
Et vers le sol incline la tête
Sur les deux pattes arrière
Puis il s’agenouille à nouveau
Et tout son visage était inondé de larme d’humilité
Monsieur Yvain sait en vérité
Et qu’il se fait humble devant lui
Car Yvain a tué le serpent et l’a délivré de la mort
Cette aventure lui plait beaucoup
A cause du venin infecte du serpent
Yvain essuie son épée
Il l’a rangé dans le fourreau
Puis il reprend son chemin
Le lion marche à ses côtés
Parce que jamais il ne le quittera
Il restera toujours avec lui
Parce qu’il veut le servir et le protéger »
Théophile devient le vassal du diable
THEOPHILE :
Je m’en vais. Dieu ne peut me nuire
Ne m’y aider en rien,
Et je ne peux pas discuter avec lui.
A ce moment, Théophile s’en va voir le diable
Il a très peur et le diable lui répond :
Approchez-vous, dépêchez-vous,
Attention à ne pas faire comme le vilain.
Que vous veut et vous demande
Votre seigneur ? Il est très fier !
THEOPHILE
C’est vrai seigneur. Il était chancelier,
Et Il pense me chasser et me réduire à mendier mon pain.
Je viens alors vous prier
Et Vous demandez de m’aider.
LE DIABLE
Tu viens me demander de l’aide ?
THEOPHILE
Oui
LE DIABLE
Joint donc tes mains et devient mon serviteur :
Et je t’aiderais plus que de raison
Evolution des mots de 3 manières différentes : historique (naturelle), analogique (mots populaire
vont influencer d’autres mots) ou par contrainte (fin 16ème-17ème : prescription orthographique)
Le futur et le conditionnel
On a ressenti le besoin de créer un futur et un conditionnel. Le futur latin n’a pas de descendant
direct hormis être. A partir de la fin de l’Empire Romain, on les créé à partir d’une périphrase (verbe
conjugué + infinitif en Français-Moyen) : infinitif d’un verbe + le verbe avoir au présent
Ex : écrire → scribere + habeo (1ere pers) : scriberayyo par agglutination (scriberay > escriberai >
escrivrai) [nouvelle périphrase en français modernes : aller + chanter → je vais chanter]
La Serpente au bain
Mélusine : roman du 14ème siècle. Femme serpent (2 modèles de fées : type morganien ravie le
chevalier qui l’intéresse et l’emporte avec elle / type mélusinien va vivre auprès de l’homme qu’elle
chérit dans le monde des mortels)
La serpente au bain : Remond, époux de la fée se laisse influencer par un homme et regard son
épouse pendant son bain.
Quand Remond entendit ces mots, il jeta la table au-dessus de lui et entre dans sa chambre ivre de
colère et de jalousie et prend son épée qui pendait à son chevet et la met à sa ceinture, et s’en va à
l’endroit où il savait que Mélusine s’en allait tous les samedis, et trouve une porte de fer, très
épaisses, et sachez en vérité que Remond n’avait jamais osé aller si loin. Alors, quand il aperçoit la
porte, il tire l’épée et appui la pointe de l’épée qui était particulièrement résistante tant et si bien
qu’il y fit un trou. Il regarde à l’intérieur et voit Mélusine qui était dans une baignoire de marbre avec
une marche en escalier qui descend jusqu’à la fin. 15 pieds de long et 5 pieds de large. Et là se
baignait Mélusine sous la forme que vous entendrez juste après dans l’histoire véritable.
Comment Remond vit Mélusine prendre son bain suivant le conseil de son frère le comte de Forêt, et il
faillit à la promesse qu’il avait faite.
En cette partie de l’histoire on nous dit que Remond tourne et vira l’épée tant et si bien qu’il fit un
trou dans la porte tant et si bien qu’il vit ce qui se passait à l’intérieur de la pièce. Il voit donc
Mélusine dans le bain qui avait jusqu’au nombril l’apparence d’une femme et qui peignait ses
cheveux et qui du nombril jusqu’au bas du corps avait une queue de serpent aussi large qu’un
tonneau où l’on met des harengs et elle agitait tellement sa queue qu’elle la faisait jaillir jusqu’au
plafond de la pièce. Et quand Remond la voit, il est pris d’une vive souffrance. « Hélas, dit-il, mon
amour, je vous ai trahi à cause du mauvais conseil de mon frère et j’ai trahis ma promesse. »
Il éprouvait alors en son cœur une telle tristesse qu’aucun cœur humain ne pourrait la supporter. Il
court à sa chambre, prend la cire des lettres et bouche le trou qu’il avait fait dans la prote. Il retourne
dans la salle de son frère et il se repente de sa faute.
Les pronoms personnels
Formes proches du français moderne. Les formes à diphtongue sont nommées les formes toniques.
Le pronom vient du même pronom latin mais un a évolué (celui avec diphtongue) et l’autre non
(forme atone).
Les pronoms atones sont toujours utilisés devant un verbe. Les pronoms toniques apparaissent après
le verbe et après les prépositions.
Le pronom personnel sujet peut être omis en Ancien Français lorsqu’on reprend le sujet de la phrase
ou de la proposition précédente ou lorsque la première place de la proposition est occupée par un
mot prédicatif (= mot qui produit du sens) complément, nom, adverbe
Ex : Mieux vaut tard que jamais > Il vaut mieux tard que jamais
La première place de la proposition est inoccupée (sujet verbe complément) et lorsque qu’elle est
occupée, elle l’est par un mot sans contenu sémantique (conjonction de coord., de Sub. Ou dit-il)
Pronom objet : toujours exprimé mais avant l’auxiliaire ex : je le veux voir
Enclise : je + le = jel, jol ; je + les = jes ; ne + le = nel ; ne + les = nes
Les mots invariables : Les adverbes
A côté des adverbes héréditaires du latin (certes, bien, mal), le latin vulgaire créé une catégorie
d’adverbes tous construit sur le même suffixe -ment
Ex : adjectif qualificatif féminin + -mente < mens, mentis → fortement
Cette construction devient usuelle dès le 3ème siècle. Dès le Moyen-Age au 9ème siècle on l’utilise
Come + ment = Comment
Locution : Si fai + -ment = sifaitement (de cette façon, de cette manière)
Errant + -ment = erranment
Déterminants indéfinis : aucun + -ment = aucunement
Adjectif féminin : grant + -ment = grantment > granment
Vaillamment (vaillante + ment), prudenment (prudente + ment) → par agglutination pour avoir une
prononciation plus facile
La locution adverbiale -ons est très féconde en ancien français pour désigner un comportement
Ex : a genoillons, a cropetons, a ventrillons, a tastons, a reculons, a califourchons
Les adieux d’Arthur à Excalibur
Roman arthurien tardif. Le seul qui évoque la mort du roi Arthur. Premiers éléments de la chute
d’Arthur et son fils Mordred se retourne contre lui. Le fait d’écrire une chute d’Arthur sur ce
personnage mythique est assez inconcevable.
« Le roi monte et chevauche vers la mer jusqu’à ce qu’il soit midi, détache l’épée et la sort du
fourreau et quand il l’eut regardé longtemps, il dit : « Ah Excalibur, bonne et puissante épée, la
meilleure de ce siècle, Or perdras-tu ton maitre ou un homme qui soit aussi bien que moi si tu viens
dans les mains de Lancelot. Hé ! Lancelot, le plus prudent du monde et le meilleur chevalier, plut
alors à Jésus Christ que vous la teniez et que je le sache ! Certes mon âme en serait plus tranquille à
tout jamais. Pour qu’elle ne revienne pas entre les mains d’héritiers indignes. – Seigneur, fait-il,
j’exécuterai vos ordres, je suivrai votre commandement mais je voudrais encore mieux s’il vous plait
que vous me la donniez. –Non je ne le ferai pas, fait le roi, car en vous elle ne serait pas bien
employée. » Alors Girflet monta sur le tertre et quand il vint au lac, il tira l’épée du fourreau et
commença à la regarder et elle lui sembla si bonne et si belle qu’il était d’avis que ce serait fort
dommage s’il la jetait car ainsi elle serait perdue, s’il la jetait dans ce lac, comme le roi le lui avait
commandé : mieux valait qu’il jetait la sienne et qu’il dise au roi qu’il jetait la sienne. Alors il défit son
épée et la jeta dans le lac et repose celle du roi dans l’herbe ; alors il vint au roi et lui dit : « Seigneur
j’ai fais ce que vous m’avez ordonné et j’ai jeté votre épée dans le lac. Qu’as-tu vu ? fit alors le roi.
Sire, je n’ai rien vu sinon du bien. –Ah ! fait le roi, tu me tourmentes retourne là-bas et jette là car tu
ne l’a pas encore fait. Il retourne immédiatement au lac et tire l’épée du fourreau, et il commence à
se lamenter à son sujet et dit que ce serait un grand dommage si elle était ainsi perdue et alors il
songe qu’il jetterait le fourreau et qu’il gardera l’épée car il pourrait encore en avoir besoin lui ou un
autre. Puis reprend l’épée et la repose sous un arbre et sans retourne immédiatement »
Que
-
-
Conjonction de subordination
. Je pense que / Je dis que
. Pendant que / Afin que → Seulement que en Ancien Français
Pronom relatif
. La voiture que j’ai achetée
Le Cortège du graal (XIIème)
Le conte du Graal : dernier roman de Chrétien de Troyes. Premier roman où le Graal apparait. Le
héros est Perceval
« Pendant qu’il parlait de choses et d’autres,
Un jeune homme vint d’une chambre,
Il tenait une lance blanche
Empoigné par le milieu,
Il passe par la cheminée
Et ceux qui étaient assis sur le lit
Et tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur voyaient
La lance blanche et le fer blanc,
Et il sortait une goutte de sang
Du fer de la lance à sa pointe,
Le jeune homme vit cette merveille
Qui était entrée la nuit tombée
Et il s’est retenu de demander
Comment cette chose était possible
Parce qu’il se souvenait du conseil
Que lui fit le chevalier,
Qui lui enseigna et lui apprit
Qu’il fallait qu’il se garde de trop parler ;
Il craint s’il le demandait,
Qu’on lui en fasse le reproche :
C’est pourquoi il ne demanda rien.
Alors les deux autres valets vinrent,
Et tenaient des chandeliers dans leurs mains
De fin d’or, incrustés de nielle.
Les valets étaient très beaux
Qui apportaient les chandeliers
Sur chacun des chandeliers brûlaient
Au moins dix chandelles.
Un graal entre ses deux mains
Une demoiselle tenait,
Qui venait avec les jeunes hommes,
Belle et noble et très gracieuse.
Quand elle fut entrée à l’intérieur
Avec le graal qu’elle tenait,
Une si grande clarté apparut
Que les chandelles perdirent leur clarté
Comme les étoiles
Quand le soleil, ou la lune se lève.
Après celle-ci, en vint une
Qui tenait un tailleur d’argent.
Le graal qui allait devant
Qui était fait d’ire fin
Et le graal était serti de pierres précieuses
Des plus riches et des plus couteuses
Qui soit sur terre et sur mer.
Celle du graal surpassait
Toutes les autres pierres sans aucun doute.
Tout comme passa la lance,
Ils passèrent devant le lit
Et entrèrent dans une autre chambre
Le jeune homme les vit passer
Et n’osa pas demander
A qui on servait le graal,
Parce qu’il avait toujours en son cœur
La parole du sage gentilhomme,
Aussi je le crains qu’il n’en vienne un dommage
Parce que j’ai entendu répéter
Qu’on peut aussi bien
Trop se taire que trop parler.
Bien ou mal lui en prenne,
Il ne les interroge ni ne leur demande. »
Parmi la cuisse l’a feru que de cheval l’a abattu = il l’a frappé à la cuisse si bien qu’il est tombé de
cheval
Te souvaigne de Dieu, que max ne t’an avaigne
Ferire = frapper
La négation
En français moderne, la négation basique se fait en 2 termes → « ne … pas »
Double négation se créé au Moyen Age (en latin négation = « non » tout seul)
Au début = « je ne veux », puis nouveaux adverbes pour renforcer la négation : pas, mie, goutte,
point, grain → change en fonction du verbe
Je ne marche pas : plus petite unité de la marche
Je ne mange mie : plus petite unité de nourriture
Je ne vois goutte : plus petite unité de la vue
Je ne couds point : plus petit unité spatial
Je ne mouds grain : plus petite unité agricole
Petit à petit, les autres vont disparaitre. Puis enlever l’idée des substantifs pour ne conserver que
l’idée de négation.
En Ancien Français, le « ne » était obligatoire et le « pas » non obligatoire, puis inversion en Français
Moderne (ex : je viens pas). Pas et point deviennent la règle au 15ème siècle. « je ne saurai dire, je ne
sais quoi faire » → si « ne » utilisé seul, montre une forme d’archaïsme et de registre soutenu.
Emplois distinct du français moderne dans les textes anciens :
-
Pas de « non » tout seul → Non pas, ou Non mie
Formuler une réponse négative avec un verbe à tout faire → Non ferai
Phénomènes d’enclise ou de contraction : non + je = naie, non + il = nonil, nenni
Se Perceval non = sauf
Nonsavoir, nonpuissance
Négation de et (ni) → ne
La fontaine de Narcisse
Extrait du Roman de la Rose. Texte du XIIème siècle
Littérature allégorique : fin Moyen-Age. Rose = Amour. Personnage principal rencontre Danger, Peur
etc… → quête fin’amor
« J’arrivais en fin de compte
Dans un très beau lieu, où je trouvais
Une fontaine sous un pin.
Mais jamais depuis Charlemagne ni depuis Pépin
Ne fut vu un aussi beau pin ;
Il avait poussé si haut
Qu’il était le plus bel arbre du verger.
La Nature, avec grande maitrise,
Avait placé la fontaine
Dans une pierre de marbre ;
Et il était gravé dans la pierre
Au bord supérieur de petites lettres
Qui disaient qu’au-dessus de la fontaine
Etait mort le beau Narcisse.
Narcisse était un jeune homme
Qu’Amour avait pris dans ses filets
Et Amour sut tellement le harceler,
Et le fit tant pleurer et se plaindre
Qu’il finit par rendre l’âme ;
Car Equo, une noble dame
L’avait aimé plus que tout au monde
Et elle fut par lui si malmenée
Qu’elle lui dit que soit il lui donnerait son amour
Soit elle mourrait
Mais celui-ci était à cause de sa grande beauté
Pleins de dédains et d’orgueils
Aussi il ne peut pas lui céder
En dépit de ses cajoleries et de ses prières.
Quand celle-ci entend qu’elle est éconduite
Elle en eut une telle douleur et une telle colère
Elle en conçut une si grande humiliation
Qu’elle mourut sans aucun délai.
Mais elle avant qu’elle ne meure
Elle pria Dieu et demanda
Que Narcisse au cœur farouche,
Qu’elle trouvait si indifférent à l’amour,
Fut à son tour oppressé et brûlé
D’un tel amour dont il ne pourrait
Attendre aucune joie ;
Ainsi Narcisse pourrait savoir et comprendre
Quelle douleur ressente les amants sincères
Que l’on repousse si cruellement. »
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