Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique / Septembre 2012
Exposition Les couleurs du Ciel. Peintures des églises de Paris au XVII
e
siècle (Oct.2012 – Fév. 2013)
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b) La Compagnie du Saint Sacrement
La Compagnie du Saint Sacrement, société pieuse et secrète, fondée par le Duc de Vantadour
(1596-1651) en 1629, est une association de laïcs et de clercs qui mène son action dans le siècle et
souhaite lutter contre toutes les formes d’hérésies. Elle comptera parmi ses membres de nombreuses
personnalités marquantes du XVII
e
siècle dont certains noms influents comme Bossuet (1627-1704), qui
tenta de limiter le libertinage de Louis XIV (1638-1715) et poussa Louise de La Vallière
(1644 -1710)
à
entrer au couvent ; le prince de Conti
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(1629-1666) qui s’est converti vers 1655 à la suite d'une vie
débauchée ou Anne d'Autriche (1601-1666), mère de Louis XIV ; mais aussi, Saint Vincent de Paul
(1581-1660), prêtre, canonisé en 1737 ; le prélat François Fouquet (1611-1673), frère du surintendant
Nicolas Fouquet 51615-1680), lequel soutient financièrement la compagnie ou encore Guillaume de
Lamoignon 51617-1677), Premier Président du Parlement de Paris.
Vers 1620, le parti dévot avec à sa tête Marie de Médicis, la Reine Mère (1575-1642), tente
d’influencer la politique royale de Louis XIII (1601-1643). Il constitue un front antiprotestant de
restauration religieuse et morale et agit pour le rapprochement de la France aux Habsbourg de Vienne
et de Madrid. Mais, Richelieu (1585-1642), principal ministre de Louis XIII, veut à l’inverse, contrer
l’hégémonie de la maison catholique des Habsbourg et est prêt, dans cet objectif, à s’allier avec des
États protestants.
La journée des Dupes de novembre 1630 portera un rude coup au parti dévot. Richelieu sera
confirmé dans ses prérogatives par le roi et Marie de Médicis, contrainte à l’exil. La réaction du roi
confirma ainsi l'abandon d'une politique qui, pour assurer le triomphe du catholicisme en Europe,
consentait à laisser le premier rôle à l’Espagne.
En 1660, Mazarin tenta également d’anéantir l’influence de la Compagnie en interdisant toutes
les sociétés secrètes, mais celle-ci résista.
Rappelons que le roi de France tenait son pouvoir de Dieu et lui devait obéissance. Pour autant,
l’Eglise, pour qui la France était trop profondément gallicane, cherchait par tous les moyens à imposer
son autorité. L’inquisition ayant été interdite en France, c’était donc par les jésuites que l’église
entendait contrôler le pays. Elle soutint donc l’implantation de sociétés secrètes comme celle du Saint
Sacrement qui s’efforça de tenir le pouvoir en dirigeant les esprits comme le montre si habilement
Molière dans sa pièce Tartuffe. Les dévots, en recrutant dans la noblesse et les grands personnages de
l’état et en leur permettant de se réunir secrètement, constituaient une conspiration voilée contre la
monarchie.
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Armand de Bourbon, prince de Conti, né à Paris le 11 octobre 1629 et mort au château de la Grange-des-Prés près de
Pézenas le 21 février 1666, était le plus jeune des trois enfants et le deuxième fils d'Henri II de Bourbon, prince de Condé et
de Charlotte Marguerite de Montmorency; il était le frère de Louis II de Bourbon-Condé, dit le « Grand Condé », et d'Anne
Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville.