Musée Carnavalet – Histoire de Paris. Dossier pédagogique / Septembre 2012
Exposition Les couleurs du Ciel. Peintures des églises de Paris au XVII
e
siècle (Oct.2012 – Fév. 2013)
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CONTEXTE HISTORIQUE
La Réforme catholique au XVIIe siècle
Simon Vouet (1590-1649), Jacques Sarrazin (1592-1660), Jean-Baptiste Robin (1734-1818), Maître-autel (vue générale)
Paris, église Saint-Nicolas-des-Champs©Emmanuel Michot /COARC/Roger-Viollet
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1. La Réforme Catholique ou Contre-Réforme
Au cours du XVI
e
siècle, la remise en cause de l'Église catholique romaine par de nombreux
théologiens conduit cette dernière à réaffirmer et préciser ses dogmes, réformer les abus de ses pairs
et rétablir le catholicisme dans les régions passées à la Réforme
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. Trois acteurs essentiels participent
de cette volonté de changement : le Pape Paul III, l’ordre des Jésuites et les participants au Concile de
Trente.
Paul III (Alexandre Farnèse, pape de 1534 à 1549) souhaite lutter contre le protestantisme et le
danger Turc. Il a comme outil, le Saint-Office
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ou Inquisition et la Congrégation de l’Index. Cette
dernière, créée en 1543, a pour mission de publier la liste des auteurs et des ouvrages interdits par
l’Eglise.
La Compagnie de Jésus dont Ignace de Loyola (1491-1556) est le fondateur est totalement
soumise au Pape. Les Jésuites ont fait vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. L’organisation de
l’ordre est militaire. Son enseignement prosélyte a pour but de convaincre et d’instruire. Ignace de
Loyola souhaite adapter dès 1548, le catholicisme au monde moderne en proposant des méditations sur
l’Evangile qu’il nommera Exercices spirituels. Traduits en français en 1614, ces méditations consistent en
une série d’exercices progressifs et rigoureux ayant pour but de faire prendre conscience à l’homme de
son indignité en regard de l’amour de Dieu. Il introduit l’importance de l’image mentale comme moyen
de méditation et justifie de fait les images comme support utile à la dévotion (Dernière session du
Concile de Trente en 1563).
Le Concile de Trente (1545-1563), est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l'Église
catholique romaine. Une forme de l'Église et du clergé était réclamée depuis des années par les
humanistes et certains membres du clergé, au constat désastreux que les églises se vidaient, que les
mœurs du clergé tant régulier que séculier étaient sujets à caution et que les prêtres étaient trop
souvent ignorants.
Le concile de Trente, sous le règne de quatre papes, se déroula sur 18 ans en 25 sessions, ponctuées de
longues interruptions. Le concile permit à l'Église de clarifier ses positions sur les plans du dogme et de
la discipline :
Sur le plan disciplinaire, la Réforme catholique s’applique à mettre fin aux scandales et abus du corps
pastoral par la réaffirmation de l’autorité du Pape, la réglementation des cardinaux, le rôle des évêques
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Réforme protestante : la Réforme protestante est le nom donné à la remise en cause des croyances et des pratiques de
l'Église catholique romaine par de nombreux théologiens au XVI
e
siècle. Cette contestation a conduit à une scission de l'Église
catholique romaine et à la formation des Églises protestantes.
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Fondée sous le nom de Sacrée congrégation de l'inquisition romaine et universelle par le pape Paul III dans la bulle Licet ab
initio, le 21 juillet 1542, cette congrégation avait pour mission de lutter contre les hérésies
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délégués du St-Siège, l’obligation de célibat des prêtres, de résidence, d’exercice du culte et d’assistance
aux fidèles.
Sur le plan du dogme, il s’agit de affirmer la Vulgate (traduction latine de la Bible de St-Jérôme), le
Clergé étant seul compétant pour interpréter les textes sacrés. Les œuvres participent au salut, le libre
arbitre est maintenu ainsi que les 7 sacrements (baptême, confirmation, communion, mariage,
eucharistie, extrême onction, confession). Le Christ est présent dans l’eucharistie ; Il n’y a pas de
communion sous 2 espèces ; le culte de la Vierge et des Saints est développé; les images instruisent.
Au final, l’autorité du clergé se trouve renforcée et les fruits de cette réforme courront tout au
long du XVIIème siècle puisque l’Église triomphante imposera Rome comme modèle spirituel et
esthétique de la Contre-réforme.
Tableau récapitulatif et comparatif des dogmes protestants et catholiques
PROTESTANTS CATHOLIQUES
Le Christ seul et unique sauveur
Justification par la foi seule
pas de libre arbitre (prédestination pour
calvinistes)
Les œuvres sont secondaires
Les Écritures seules (rejet de la Tradition)
La cène a valeur de mémorial, non de
renouvellement du sacrifice ; communion
sous les deux espèces.
consubstantiation (Luther) : présence des
deux substances (pain et corps du Christ,
vin et sang du Christ)
présence spirituelle (Calvin)
Deux sacrements (baptême et eucharistie)
Sacerdoce universel, tous laïcs et égaux,
rejet de la hiérarchie
Pasteur : prédication, homme ou femme,
non soumis au célibat
Rejet des images (au moins dans les lieux
de culte)
Rejet du culte de la Vierge, de celui des
saints et de leur pouvoir d’intercession
Rejet des reliques
Le Christ et les intercesseurs
Foi inséparable des œuvres et des
sacrements ;
libre arbitre
Œuvres primordiales
Écritures et Tradition (commentaires des
Pères de l’Église, autorité des conciles,
Magistère de l’Église)
La messe est l’actualisation du sacrifice ;
rejet de la communion sous les deux
espèces
transsubstantiation (conversion du pain et
du vin en corps et sang du Christ) et
présence réelle du Christ dans
l’Eucharistie.
Sept sacrements
Hiérarchie ecclésiastique, le clergé peut
seul expliquer les textes, suprématie
pontificale.
Corps ecclésiastique masculin (sauf cler
régulier), soumis au célibat
Rôle des images reconnu
Culte marial, hagiographique
(intercesseurs)
Culte des reliques
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2. Les conséquences politiques de la Réforme
À la mort d’Henri IV (1553-1610), le Royaume de France est pacifié. Deux courants spirituels et
politiques vont alors s’affirmer dans le courant du XVII
e
siècle avec plus ou moins de succès. D’un côté,
on retrouve les ligueurs du temps des guerres de Religions. Ces derniers se sont transformés en artisans
zélés de la Réforme Catholique. Ils forment le parti dévot ou la Compagnie du Saint Sacrement. De
l’autre un mouvement religieux, influencé par la pensée de Saint Augustin et trouvant son expression
théologique dans l'Augustinus de Cornelius Jansen.
a) Le Jansénisme
Au début du XVIIe siècle, l'Église française se préoccupe davantage de réformes et de renouveau
spirituel que de questions dogmatiques. Toutefois, la controverse avec les protestants a ouvert un
courant en Sorbonne alors faculté de théologie attaché à l'étude des écrits des pères de l'Eglise,
particulièrement saint Augustin, pour les questions liées à la Grâce. La publication de l'Augustinus de
Cornelius Jansen (1640), son succès en France au moment de la mort de Richelieu (décembre 1642)
ouvre une ère de polémique dans les rangs des théologiens français, avec, notamment, la publication,
en août 1643, de la Fréquente communion d'Antoine Arnauld, docteur de Sorbonne et frère de la mère
Angélique.
Le jansénisme a tout pour déplaire dans la France de l'époque. Il est une tentative d'acclimater
certaines idées du courant de la Réforme protestante - notamment sur la prédestination et la grâce -
dans le catholicisme alors que la lutte entre ces deux religions a déjà suscité une guerre intestine qui a
ensanglanté le pays, et il menace par ailleurs le pouvoir détenu par les jésuites, qui exercent leur
influence sur la plupart des cours d'Europe.
Ce qui se joue fondamentalement entre ces deux visions du catholicisme est aussi une vision de
l'homme et du monde: austérité morale, croyance en la prédestination et en la grâce divine, refus de la
société telle qu'elle va pour les jansénistes, optimisme de la foi, prise en compte de la liberté de
l'homme et accommodement avec le pouvoir pour les jésuites.
Organisé autour de Port-Royal, le mouvement janséniste n'en attire pas moins à lui certaines des
plus hautes figures intellectuelles et artistiques de l'époque, dont Jean Racine (1639-1699) et Blaise
Pascal (1623-1662).
Les Jésuites, se sentant menacés, taxèrent le jansénisme de « calvinisme rebouilli » et firent
condamner la doctrine par le Pape en 1653. Ils en profitèrent également pour dénoncer le monastère de
Port-Royal comme foyer d’hérésie. Les Provinciales (1656-1657) de Pascal, ami d’Antoine Arnauld,
eurent beau défendre le jansénisme et attaquer la morale, relâchée des Jésuites, rien n’y fit. Le livre fut
brûlé et les jansénistes condamnés par Louis XIV en 1660 (le confesseur du roi était jésuite et Mazarin
reprochait aux Jansénistes d’être en lien avec les anciens frondeurs).
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b) La Compagnie du Saint Sacrement
La Compagnie du Saint Sacrement, société pieuse et secrète, fondée par le Duc de Vantadour
(1596-1651) en 1629, est une association de laïcs et de clercs qui mène son action dans le siècle et
souhaite lutter contre toutes les formes d’hérésies. Elle comptera parmi ses membres de nombreuses
personnalités marquantes du XVII
e
siècle dont certains noms influents comme Bossuet (1627-1704), qui
tenta de limiter le libertinage de Louis XIV (1638-1715) et poussa Louise de La Vallière
(1644 -1710)
à
entrer au couvent ; le prince de Conti
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(1629-1666) qui s’est converti vers 1655 à la suite d'une vie
débauchée ou Anne d'Autriche (1601-1666), mère de Louis XIV ; mais aussi, Saint Vincent de Paul
(1581-1660), prêtre, canonisé en 1737 ; le prélat François Fouquet (1611-1673), frère du surintendant
Nicolas Fouquet 51615-1680), lequel soutient financièrement la compagnie ou encore Guillaume de
Lamoignon 51617-1677), Premier Président du Parlement de Paris.
Vers 1620, le parti dévot avec à sa tête Marie de Médicis, la Reine Mère (1575-1642), tente
d’influencer la politique royale de Louis XIII (1601-1643). Il constitue un front antiprotestant de
restauration religieuse et morale et agit pour le rapprochement de la France aux Habsbourg de Vienne
et de Madrid. Mais, Richelieu (1585-1642), principal ministre de Louis XIII, veut à l’inverse, contrer
l’hégémonie de la maison catholique des Habsbourg et est prêt, dans cet objectif, à s’allier avec des
États protestants.
La journée des Dupes de novembre 1630 portera un rude coup au parti vot. Richelieu sera
confirmé dans ses prérogatives par le roi et Marie de Médicis, contrainte à l’exil. La action du roi
confirma ainsi l'abandon d'une politique qui, pour assurer le triomphe du catholicisme en Europe,
consentait à laisser le premier rôle à l’Espagne.
En 1660, Mazarin tenta également d’anéantir l’influence de la Compagnie en interdisant toutes
les sociétés secrètes, mais celle-ci résista.
Rappelons que le roi de France tenait son pouvoir de Dieu et lui devait obéissance. Pour autant,
l’Eglise, pour qui la France était trop profondément gallicane, cherchait par tous les moyens à imposer
son autorité. L’inquisition ayant été interdite en France, c’était donc par les jésuites que l’église
entendait contrôler le pays. Elle soutint donc l’implantation de sociétés secrètes comme celle du Saint
Sacrement qui s’efforça de tenir le pouvoir en dirigeant les esprits comme le montre si habilement
Molière dans sa pièce Tartuffe. Les dévots, en recrutant dans la noblesse et les grands personnages de
l’état et en leur permettant de se unir secrètement, constituaient une conspiration voilée contre la
monarchie.
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Armand de Bourbon, prince de Conti, né à Paris le 11 octobre 1629 et mort au château de la Grange-des-Prés près de
Pézenas le 21 février 1666, était le plus jeune des trois enfants et le deuxième fils d'Henri II de Bourbon, prince de Condé et
de Charlotte Marguerite de Montmorency; il était le frère de Louis II de Bourbon-Condé, dit le « Grand Condé », et d'Anne
Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville.
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