N° 160 11 août 2007 2 � le numéro Editorial : Du changement dans la continuité… et réciproquement Dès 1970, Louis Salleron fit paraître une critique du Novus Ordo Missae, aux Nouvelles Editions Latines, sobrement intitulée « La Nouvelle Messe ». On pouvait y lire : « Il n’y a pas, à regarder le fond du problème, de débat entre l’ancienne et la nouvelle messe. Il n’y a que le problème de la messe ellemême. C’est toujours lex orandi, lex credendi. La loi de la prière ne fait qu’un avec la loi de la foi. Telle messe, telle foi. (…) Tout, aujourd’hui, s’effrite ensemble. Tout ne sera restauré qu’ensemble ». Pour pouvoir considérer la messe de Paul VI comme un changement dans la continuité de la messe traditionnelle - sans rupture aucune -, il faut s’affranchir de la lex credendi. Alors, on peut même affirmer que la messe de toujours manifeste une continuité dans le changement… Mais ces pirouettes relèvent de l’équilibrisme, et non du catholicisme. Abbé Alain Lorans Le prochain numéro de DICI paraîtra le 22 septembre. SOMMAIRE DE ROME Benoît XVI salue la rencontre interreligieuse du Japon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le cardinal Sebastiani demande aux Européens d’accueillir la Turquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mise en garde du secrétaire du pape contre l’islamisation de l’Europe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le jugement du cardinal Cottier sur le Motu proprio Summorum Pontificum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le cardinal Levada commente les réactions au document romain sur « certains aspects de la doctrine sur l’Eglise ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nouveau Musée philatélique et numismatique du Vatican. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Père Cantalamessa prêche contre les limbes et pour le salut universel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2 3 3 3 4 4 L’EGLISE DANS LE MONDE Québec : Pratique religieuse en baisse, désaffectation des églises en hausse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Allemagne : Des associations s’organisent en vue de l’application du Motu proprio sur la messe traditionnelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Allemagne et Etats-Unis : Les juifs et la messe tridentine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Italie : Une « école de terrorisme » dans une mosquée de Pérouse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Italie : Benoît XVI répond aux questions des prêtres des diocèses de Belluno-Feltre et de Trévise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Inde : Une école catholique attaquée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 France : Décès du cardinal Lustiger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 La messe du pape ou l’exemple d’en haut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 DICI Nº 160 • 11 août 2007 LE JOURNAL De Rome B enoît XVI salue la rencontre interreligieuse du Japon Le 4 août, le Bureau de presse du Saint-Siège a publié le message de Benoît XVI adressé au Vénérable Kahjun Handa, chef suprême de la secte bouddhique japonaise Tendai, à l’occasion du 20e anniversaire de la rencontre interreligieuse sur le Mont Hiei (Japon). « Je suis heureux de vous saluer ainsi que tous les représentants religieux réunis à l’occasion du 20 e Anniversaire du Sommet Religieux sur le Mont Hiei. Je veux aussi transmettre mes voeux les meilleurs au Vénérable Eshin Watanabe et rappeler le souvenir de votre distingué prédécesseur comme Chef Suprême de la Dénomination Bouddhiste Tendai, Vénérable Etai Yamada. C’est lui qui, ayant participé à La Journée de Prière pour la Paix à Assise ce jour mémorable du 27 octobre 1986, avait organisé [le 4 août 1987] un sommet interreligieux sur le Mont Hiei à Kyoto afin d’entretenir la flamme de l’esprit d’Assise. Je suis également heureux que le Cardinal Paul Poupard, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, puisse participer à cette réunion. le globe, est en même temps une prière à Dieu et un appel à chaque frère et sœur de notre famille humaine. A l’occasion de votre réunion sur le Mont sacré Hiei, représentant des religions différentes, je vous assure de ma proximité spirituelle. Puissent vos prières et votre coopération vous remplir de la paix de Dieu et renforcer votre résolution de témoigner de la paix qui surmonte l’irrationalité de la violence. « D’un point de vue surnaturel, nous comprenons que la paix est à la fois un don de Dieu et une obligation pour chaque individu. En effet le cri du monde pour la paix, écho des familles et des communautés à travers « Sur vous tous j’invoque une abondance de bénédictions divines d’inspiration, d’harmonie et de joie. » (source : www.vatican.va) L e cardinal Sebastiani demande aux Européens d’accueillir la Turquie Après la reconduction - pour 5 ans - du mandat du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, membre du parti conservateur musulman AKP, le cardinal Sergio Sebastiani, président de la Préfecture pour les affaires économiques du Saint-Siège et ancien nonce en Turquie, s’est exprimé dans le quotidien italien Corriere della Sera du 23 juillet : « Pour l’Europe et pour les Eglises chrétiennes c’est le meilleur résultat, mais maintenant il devient encore plus important que l’Union Européenne prenne sérieusement en compte les négociations pour l’entrée de la Turquie dans l’Union. C’est un bon résultat parce que cela lui permet de faire avancer son programme de réforme et empêche d’entamer la laïcité de l’Etat. Négociateur habile, il continuera sa politique d’attention bipolaire à l’Europe et au monde arabe. « Nous savons combien il tient à l’entrée dans l’Union (européenne), mais le monde arabe est également important pour la Turquie, et pas seulement pour des raisons d’identité islamique mais aussi pour le pétrole. Arriver à une solution demandera du temps, et les cinq ans qu’il gagne avec cette victoire, sans doute, pourra-t-il les employer à solliciter un meilleur accueil de la part de l’Europe. « Je suis certain que claquer la porte au nez de la Turquie serait une imprudence, parce que ce grand pays pourrait alors être tenté de sortir de l’OTAN et de s’engager sur les voies du fondamentalisme. L’Union doit prêter une grande attention aux progrès que la Turquie accomplit sur le chemin d’une pleine démocratisation et particulièrement sur la question des droits de l’homme, y compris la liberté religieuse, mais ne doit pas donner d’ultimatum et ne doit pas blesser la susceptibilité de son interlocuteur. » (source : Corriere della Sera) DICI Nº 160 M • 11 août 2007 ise en garde du secrétaire du pape contre l’islamisation de l’Europe Le 27 juillet, le supplément magazine du journal allemand Süddeutsche Zeitung a publié un entretien avec Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Benoît XVI : « Il ne faut pas minimiser les tentatives d’islamisation de l’Occident, et le danger qui en découle pour l’identité de l’Europe ne doit pas être ignoré sous prétexte d’une prévenance faussement compréhensive. Le catholicisme le voit bien et le dit clairement. L’Occident ne peut ignorer les L tentatives d’islamisation auxquelles il est soumis. Le respect envers l’islam ne doit pas faire sous-évaluer les risques pour l’identité de l’Europe. (…) « Je considère comme prophétique le discours de Ratisbonne, tel qu’il a été prononcé » par Benoît XVI à l’Université de Ratisbonne le 12 septembre 2006. Le pape a voulu « s’opposer à une certaine ingénuité ». (cf. DICI n° 142) « Il faut être conscient qu’un seul islam n’existe pas et qu’il ne reconnaît pas une voix unique engageant tous les musulmans. Sous le concept d’islam se retrouvent de nombreux courants différents, souvent ennemis les uns des autres, jusqu’aux extrémistes qui se réclament du Coran et agissent avec des fusils. « Le Saint-Siège cherche à nouer un contact interreligieux à travers le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et à favoriser les rencontres ». (sources : AFP /apic) e jugement du cardinal Cottier sur le Motu proprio Summorum Pontificum Le cardinal Georges Cottier, ancien théologien de la Maison Pontificale, interrogé par I. MEDIA, a donné son point de vue sur les trois documents récemment publiés au Vatican : la Lettre du pape aux catholiques de Chine, le Motu proprio sur la messe tridentine et le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur ‘certains aspects de la doctrine sur l’Eglise’. Il a estimé que ces textes « marquent » le pontificat. S elon lu i , le Mot u P ropr io Summorum pontificum sur la libéralisation de l’usage de la messe préconcilaire a « une visée œcuménique à l’égard des frères qui ne se considèrent pas séparés, mais sont en fait schismatiques ». Sur ce point, le théologien suisse s’oppose au cardinal Castrillón Hoyos qui déclarait le 13 novembre 2005, à la chaîne italienne TV Canal 5 : « On ne peut pas dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait schisme. Il y a, dans le fait de consacrer sans mandat pontifical, une attitude schismatique. Ils sont L à l’intérieur de l’Eglise. Il y a seulement ce fait qu’il manque une pleine, une plus parfaite, une plus pleine communion, parce que la communion existe ». Le cardinal Cottier rappelle que « ce qui est toujours mis en avant par Ecône, c’est la liturgie », pourtant « les motivations profondes sont bien le Concile Vatican II, la liberté religieuse et l’œcuménisme ». Ainsi, pour lui, « maintenant qu’il n’y a plus de problème avec la liturgie, cela va forcer les fidèles de Mgr Lefebvre à prendre position ». Ici, le prélat suisse laisse entendre que la question liturgique n’aurait été qu’un prétexte masquant à dessein un conflit doctrinal autrement plus profond. Mgr Fellay a clairement indiqué cette divergence majeure dans sa « Lettre aux fidèles » dès le 7 juillet 2007, jour de la parution du Motu proprio : « Il y a chez Benoît XVI le désir certain de réaffirmer la continuité de Vatican II et de la messe qui en est issue, avec la Tradition bimillénaire. Cette néga- tion d’une rupture causée par le dernier concile – déjà manifestée dans le discours à la curie du 22 décembre 2005 – montre combien l’enjeu du débat entre Rome et la Fraternité Saint Pie X est essentiellement doctrinal ». Le cardinal Castrillón Hoyos, pour sa part, répond à la question du journaliste Gianni Cardinale dans le mensuel 30 Giorni d’août : Quelles perspectives ce Motu proprio peut-il ouvrir pour les disciples de Mgr Lefebvre ? - Ces derniers ont toujours demandé que chaque prêtre puisse célébrer la messe de saint Pie V. Désormais cette faculté est reconnue officiellement et formellement. D’autre part, le Pape réaffirme que la messe que nous officions tous les jours, celle du Novus ordo, reste la modalité ordinaire de célébrer l’unique rite romain. Donc on ne peut nier la valeur, et encore moins la validité du Novus ordo. Ceci doit être clair. (sources : apic/imedia/30 Giorni) e cardinal Levada commente les réactions au document romain sur « certains aspects de la doctrine sur l’Eglise » Après le publication du document de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur ‘certains aspects de la doctrine sur l’Eglise’, le 10 juillet 2007, le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation, s’est dit étonné des réactions négatives dans les milieux œcuméniques, - au cours d’une conférence à San Francisco, le DICI Nº 160 • 22 juillet, reprise par Radio Vatican en langue allemande. « Ce document est un instrument de travail interne à l’Eglise qui ne veut en aucun cas abaisser les autres communautés de foi », a-t-il déclaré. Le document contient « des éléments de vérité », a-t-il souligné. En rappelant que « l’Eglise du Christ subsiste uniquement dans l’Eglise catholique », le cardinal William Levada, successeur du cardinal Joseph Ratzinger à la tête de la Congrégation de la foi, n’a fait que reprendre les thèses exposées par son prédécesseur dans la déclaration Dominus Jesus, en l’an 2000. Le cardinal américain a ainsi rappelé que les autres communautés chrétiennes, si elles ne sont pas dépourvues « d’éléments de vérité et de sanctification », n’offrent pas « la plénitude » du Salut. En ne reconnaissant pas N la primauté du pape, les Eglises orthodoxes souffrent de « déficience ». Quant aux protestants, ils ne peuvent constituer que « des communautés ecclésiales ». Selon lui, ces principes ont été réaffirmés pour lutter contre les « interprétations erronées » du Concile Vatican II en matière œcuménique. Il ne s’agissait pas d’entraver le dialogue avec les autres confessions chrétiennes, mais de le mener dans le respect de « l’identité de la foi catholique ». Pour sa part, le cardinal Cottier, ancien théologien de la Maison pontifical, répondant à l’agence I. MEDIA, a déclaré : « Il n’y a rien de neuf » dans ce texte qui a voulu simplement répéter des « précisions utiles » concernant l’Eglise catholique face à « certaines interprétations peu claires » de certains théologiens. Même si ces 11 août 2007 affirmations « peu diplomatiques (…) font mal à certains » dans le dialogue œcuménique, il fallait clarifier la position de l’Eglise catholique. Le pape a ainsi souhaité éviter de laisser « planer une ambiguïté ». A entendre le prélat suisse, on pourrait croire que ce document précise utilement en dissipant des « interprétations peu claires », et clarifie en ne laissant plus « planer une ambiguïté » ; c’est oublier que le commentaire joint au document romain reconnaît lui-même fournir une présentation paradoxale de cet œcuménisme conciliaire qui s’efforce d’« harmoniser deux affirmations doctrinales » différentes, en l’occurrence divergentes : ‘l’Eglise du Christ est l’Eglise catholique’ ET ‘les autres communautés chrétiennes sont des réalités ecclésiales ni vides ni pleines’. (sources : apic/imedia) ouveau Musée philatélique et numismatique du Vatican Le nouveau musée philatélique et numismatique du Vatican sera inauguré le 25 septembre 2007, a déclaré Mgr Renato Boccardo, secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican. Réuni aux Musées du Vatican, il présentera au public les pièces émises par la Cité du Vatican depuis le pontificat de Pie IX (18461878), et les timbres depuis le pontificat de Pie XI (1922-1939). A l’occasion de l’ouverture du nouveau musée une série de timbres et une enveloppe spéciale seront mis L en vente dès le 20 septembre prochain. Egalement une série de 6 timbres marquant le 50e anniversaire de la signature des Traités de Rome instituant les communautés européennes en 1957. En 2008 les internautes pourront acheter en ligne des articles de la boutique des Musées du Vatican, des pièces de monnaie et des timbres du Bureau philatélique et numismatique sur le site internet de l’Etat de la Cité du Vatican - www.vaticanstate. va. On peut déjà y consulter un cata- logue de toutes les pièces et de tous les timbres émis depuis 1929. Site internet de l’État de la Cité du Vatican : L’État de la Cité du Vatican, créé lors de la signature du Traité du Latran entre le SaintSiège et l’Italie le 11 février 1929, présente - sur le site internet http:// www.vaticanstate.va/- les structures gouvernementales, les institutions (musées, bibliothèque…) et les services offerts aux habitants et aux visiteurs. e Père Cantalamessa prêche contre les limbes et pour le salut universel Le père capucin Raniero Cantalamessa est le prédicateur de la Maison pontificale, à ce titre il prêche devant le pape et les cardinaux. Le dimanche 24 juin pour la Commentaire fête de saint Jean-Baptiste, il parlait des Limbes en ces termes : « L’Eglise a estimé que Jean-Baptiste a déjà été sanctifié dans le sein maternel, par la présence du Christ ; c’est pour cette raison qu’elle célèbre la fête de sa naissance. Ceci nous donne l’occasion d’évoquer une question délicate, qui a pris aujourd’hui une importance particulière à cause des millions d’enfants qui, surtout en raison de la dif- DICI Nº 160 • fusion effrayante de l’avortement, meurent sans avoir reçu le baptême. Que dire de ces enfants ? Sont-ils eux aussi d’une certaine manière sanctifiés dans le sein maternel ? Y a-t-il un salut pour eux ? « Sans hésiter je réponds : bien sûr que le salut existe pour eux. Jésus ressuscité dit également d’eux : « Laissez venir à moi les petits enfants ». L’idée selon laquelle les enfants non baptisés étaient destinés aux Limbes, un lieu intermédiaire dans lequel on ne souffre pas mais dans lequel on ne jouit pas non plus de la vision de Dieu, s’est répandue à partir du Moyen-âge. Mais il s’agit d’une idée qui n’a jamais été définie comme vérité de foi de l’Eglise. Il s’agissait d’une hypothèse des théologiens qu’à la lumière du développement de la conscience chrétienne et de la compréhension des Ecritures, nous ne pouvons plus maintenir ». Ainsi donc pour le père Ca nta la messa , la question des Limbes est définitivement close. La doctrine traditionnelle exprimée, entre autres, par le Catéchisme de saint Pie X, n’était qu’une hypothèse aujourd’hui balayée par le document de la Commission Théologique Internationale : « La discussion est aujourd’hui close car récemment, la Commission théologique internationale, qui travaille pour la congrégation pour la Doctrine de la foi a publié un document affirmant précisément cela ». Le père Cantalamessa omet de préciser ici que ce texte est le fruit d’un organe consultatif, dépourvu de toute autorité magistérielle, et que le cardinal Levada en a approuvé la publication en qualité de président de la CTI, et non en qualité de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et que l’« approbation orale », donnée pour la publication par Benoît XVI à l’audience du 19 janvier 2007, n’engage pas l’autorité pontificale et n’oblige pas la conscience des fidèles (voir l’étude parue dans Le Courrier de Rome n° 302, juillet-août 2007, Les Limbes aux… Limbes). « Il me semble utile de revenir sur ce thème à la lumière de cet important docu- ment pour expliquer certaines des raisons qui ont conduit l’Eglise à tirer cette conclusion. Jésus a institué les sacrements comme moyens ordinaires pour le salut. Ceuxci sont donc nécessaires et celui qui, alors qu’il peut les recevoir, les refuse contre sa conscience ou les néglige, compromet sérieusement son salut éternel. Mais Dieu ne s’est pas lié à ces moyens. Il peut sauver également à travers des chemins extraordinaires, lorsque la personne, sans aucune faute de sa part, est privée du baptême. Il l’a fait par exemple avec les Saints Innocents, morts eux aussi sans baptême. L’Eglise a toujours admis la possibilité d’un baptême de désir et d’un baptême de sang, et tant de ces enfants ont vraiment connu un baptême de sang, même s’il est de nature différente ». – Le prédicateur de la Maison pontificale mêle la doctrine traditionnelle du baptême du sang - celui des martyrs exécutés en haine de la foi catholique – et l’hypothèse nouvelle d’un « baptême » des victimes de l’avortement, abusivement identifiées par lui à des martyrs de la foi. « Je ne crois pas que la clarification de l’Eglise encourage l’avortement ; si c’était le cas, ce serait véritablement tragique et il faudrait se préoccuper sérieusement, non pas du salut des enfants non baptisés mais de celui des parents baptisés. Ce serait se moquer de Dieu. Cette déclaration donnera en revanche un peu de soulagement aux croyants qui, comme chacun, s’interrogent, effarés, sur le sort atroce de tant d’enfants dans le monde aujourd’hui ». En fait, la question qui se pose vraiment est la suivante : une « interrogation », même « effarée », sur le salut des millions d’enfants victimes de l’avortement aujourd’hui autorise-telle le rejet pur et simple de la doctrine et de la pratique traditionnelle de l’Eglise ? Car, comme rappelle très justement l’étude déjà citée du dernier Courrier de Rome, « la négation des Limbes est d’une gravité démesurée, puisque les principes dont elle découle sont démesurément faux (naturalisme, panthéisme, « Christ cosmique », droit à la grâce de la part de la nature), toutes erreurs déjà réfutées et condamnées, mais aujourd’hui reproposées par la Commission Théologique Internationale. En 11 août 2007 outre, même les simples fidèles en ont été troublés au plus haut point, car en général, seuls les théologiens sont en mesure de saisir les autres erreurs plus subtiles ; alors qu’il est évident pour tous (et pas seulement pour les savants) qu’avec les Limbes, a été atteinte la possession tranquille d’une doctrine certaine, étudiée par tout fidèle et même par les enfants, enseignée par le Catéchisme romain (IIe partie, chap. 2, n. 32). Ce « scandale passif » (subi par les fidèles) suppose le « scandale actif » de la part des pasteurs. (…) Or le scandale donné publiquement doit être réparé publiquement. C’est ce que nous demandons fermement ». Mais le capucin, prédicateur de la Maison pontificale, n’est pas un novice en la matière. Déjà lors du Vendredi Saint 2002, prêchant devant le pape Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger alors préfet de la Congrégation de la foi, sur le thème du salut universel apporté par le Christ et par les religions nonchrétiennes (sic), il s’était demandé : « Pouvons-nous admettre qu’il y ait une autre voie encore par laquelle le Christ attire à lui tous les hommes ? C’est-à-dire à travers ce qu’il y a de vrai et de valide dans les autres religions ? Le concile (Vatican II, N.D.L.R.) et le magistère (post-conciliaire, N.D.L.R.) n’ont pas exclu cette possibilité qui est maintenant activement explorée par la théologie ». « La préoccupation pour le moment est de reconnaître aux autres religions une existence non seulement de fait, dans le plan divin du salut, mais aussi de droit, de façon à retenir qu’elles sont non seulement tolérées, mais aussi positivement voulues par Dieu, comme l’expression de l’inépuisable richesse de sa grâce et de sa volonté que tous les hommes soient sauvés ». Et un peu plus loin : « Le pluralisme religieux ne consiste pas dans le fait de retenir toutes les religions également vraies : cela serait pour tous du relativisme, mais dans le fait de reconnaître à chacun le droit de tenir pour vraie sa propre religion, et de la diffuser par des moyens pacifiques dignes d’une religion. Pierre recommande aux chrétiens : « avec douceur et respect ». DICI Nº 160 • Et nous pouvons ajouter : « dans l’esprit de la rencontre d’Assise », du 24 janvier dernier ». Ainsi donc, les adeptes des religions non-chrétiennes pourront se consoler : s’ils sont objectivement dam- nés, ils étaient néanmoins subjectivement sauvés dans une religion dont ils avaient « le droit de la tenir pour vraie ». Le père Cantalamessa se moque de Dieu et des âmes ! « Que votre oui soit oui et que votre non soit non ! » 11 août 2007 A lire : « Les limbes victimes de la nouvelle théologie du salut universel » par l’abbé Patrick de La Rocque, dans Nouvelles de Chrétienté n° 105 – mai/juin 2007, 3,50 €, en vente au secrétariat de DICI. Télécharger Nouvelles de Chrétienté n° 105. L’eglise dans le monde Q uébec : Pratique religieuse en baisse, désaffectation des églises en hausse La chute de la pratique religieuse au Québec est proprement vertigineuse. De 85 % en 1965, le taux d’assistance régulière à la messe dominicale est passé à 35 % au début des années 1990, et il continue de baisser. Selon Jacques Racine, professeur de théologie à l’Université Laval, dans le quotidien Le Devoir de Montréal des 7-8 avril 2007, on estime que seulement 10 % des Québécois qui se déclarent catholiques, sont de véritables pratiquants, en précisant toutefois : « Sans compter que cette pratique n’est plus la même qu’avant. Pour de nombreux catholiques, elle se limite souvent aux grands événements de la vie ». La conséquence de cette baisse spectaculaire de la pratique est la réaffectation des églises à des usages profanes : bibliothèques, centres de loisirs, appartements en co-propriété, et même bars ou discothèques, comme à Shawinigan (Christ-Roi) et à A Hull (Our Lady of the Annunciation). C’est ainsi qu’à Rimouski, dans le Bas Saint-Laurent, trois des neuf églises paroissiales seront fermées au culte dès le 2 janvier 2008 : Saint-Yves, Sainte-Odile et Nazareth. A Joliette, capitale de la région de Lanaudière, près de Montréal, la municipalité vient de transformer l’église SaintPierre-Apôtre en bibliothèque. Le chantier a débuté en août 2006 et a duré un an, représentant un investissement de six millions de dollars canadiens. D’autres lieux de culte qui n’étaient plus utilisés, comme l’église St. Matthew à Québec, ont également été transformés en bibliothèques. Avec la création de la Fondation du patrimoine religieux du Québec en 1995, le gouvernement québécois a décidé d’assurer la conservation et la mise en valeur des biens patrimoniaux religieux. Cette Fondation agit en partenariat avec les collec- tivités locales, les propriétaires de biens et immeubles et le ministère de la Culture et des Communications. Mais, la sauvegarde des monuments ne peut se réaliser que si la population québécoise, et en particulier les jeunes, montrent leur attachement à ce patrimoine. Lors d’une conférence à Montréal en octobre 2005, Mario Dufour, président de la Commission des biens culturels du Québec, le soulignait déjà : pour sauver les églises, il faut transmettre « l’amour du patrimoine aux générations futures ». Devant la baisse marquée de la pratique religieuse, la formation des jeunes revêt donc une importance particulière. Un volet de « sensibilisation au patrimoine religieux » devrait ainsi être introduit dans le « programme d’éthique et de culture religieuse » qui sera offert dans les écoles québécoises, l’an prochain. (source : apic) llemagne : Des associations s’organisent en vue de l’application du Motu proprio sur la messe traditionnelle « L’association des cercles de laïcs et de prêtres catholiques dans les régions de langue allemande » (Vereinigung der Initiativkreise katholischer Laien und Priester im deutschen Sprachraum) et l’organisation « Pro Sancta Ecclesia » ont décidé le 12 juillet à Ober-Olm (RhénaniePalatinat) d’unir leurs forces pour fa- voriser l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Dans le Frankfurter Allgemeine, les deux organisations ont publié une annonce dans laquelle elles appellent les fidèles attachés à l’ancien rite à se rassembler pour former des communautés suffisamment importantes. Le Motu proprio demande, en effet, la formation d’un groupe stable en vue d’introduire de façon régulière la messe tridentine dans une paroisse. Les deux associations expliquent leur campagne par le fait que, durant les dernières décennies, « à l’intérieur de l’Eglise, dans les paroisses et les diocèses, il y avait des forces importantes qui empêchaient par DICI Nº 160 • tous les moyens la célébration de la Sainte Messe dans cette forme qui nous été transmise ». Certaines réactions apparues après la diffusion de Summorum Pontificum ont montré que « ces forces n’ont absolument pas abandonné leur résistance ». Par ailleurs, le « Réseau des prêtres catholiques » organise des cours du 27 au 29 août, à Herzogenrath à l’intention des prêtres, chantres et servants de messe désireux de connaître l’ancien rite. Ce Réseau rassemble près de 400 prêtres. Il milite en faveur d’une proclamation « non censurée » de la doctrine catholique, du respect des prescriptions liturgiques et de la mise en œuvre des tâches de direction du prêtre. Il est dirigé par l’abbé Guido Rodheudt, de Herzogenrath (diocèse d’Aix-la-Chapelle), l’abbé A Uwe Winkel, de Spahl (diocèse de Fulda), et l’abbé Hendrick Jolie, de Mühltal (diocèse de Mayence). Pour ces prêtres, le Motu Proprio du pape ne s’adresse pas seulement aux traditionalistes, mais doit contribuer à une réforme du nouveau rituel de la messe de Paul VI. Ils estiment que l’ancien rite doit contribuer à faire redécouvrir la valeur et la forme du culte « tel qu’il a formé l’Eglise depuis l’époque du pape Grégoire le Grand ». Ils rappellent que contrairement à ce qu’ont laissé entendre certains évêques en Allemagne, qui craignent des divisions parmi les fidèles, la messe tridentine doit pouvoir être célébrée partout. « Car il s’agit d’une décision du pape exerçant ici sa juridiction sur toute l’Eglise catholique ». 11 août 2007 Le Réseau estime que la permission de l’ancien rite va apporter un « correctif » à la « nouvelle messe » et contribuer à un « assainissement » du nouveau rite. Ce faisant, ils rejoignent pleinement le projet de réforme de la réforme de Benoît XVI, exprimé dans sa lettre d’accompagnement au Motu proprio : « Les deux formes du rite romain peuvent s’enrichir réciproquement. (…) Dans la célébration de la messe selon le missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela n’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien ». (sources : Frankfurter Allgemeine/apic) llemagne et Etats-Unis : Les juifs et la messe tridentine Les milieux juifs d’Allemagne ont émis des critiques sévères concernant la libéralisation de la messe tridentine. Ils estiment que l’Eglise catholique prend ses distances avec les juifs « pour se rapprocher des cercles ultraconservateurs ». C’est ce qu’a écrit l’ancien rabbin du Wurtemberg, Joël Berger, dans l’hebdomadaire Jüdische Allgemeine du 12 juillet. Le fait que le Saint-Siège n’ait fait aucun commentaire interdisant la prière « pour la conversion des juifs » présente dans le Missel de 1962 au Vendredi-Saint, est pour lui « scandaleux ». Le secrétaire général du Conseil centra l des juifs en A llemagne, Stephan J. Kramer, qualifie cette « libéralisation sans conditions » de la messe tridentine dans le journal Die Welt du 11 juillet de « contradiction éclatante » par rapport à l’esprit du Concile Vatican II. Selon le Concile, les juifs ne doivent pas être convertis, souligne S. Kramer qui qualifie cette décision romaine de « gifle retentissante » pour ceux qui, des deux côtés, s’étaient engagés sérieusement dans le dialogue. Le 18 juillet, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du SaintSiège, déclarait que les préoccupations concernant cette prière récitée dans la liturgie traditionnelle pouvaient être résolues par un examen attentif de la question par le Vatican. « Une décision pourrait être prise et tous les problèmes seraient résolus », précisait-il. Les organisations juives se sont félicitées de cette déclaration. A New York, le rabbin David Rosen, président du Comité juif international pour les consultations interreligieuses, a fait savoir : « Nous attendons avec espoir et gratitude que les mesures nécessaires soient prises pour mettre en oeuvre cette modification ». Selon lui, cette modification « serait conforme aux propres engagements du pape et à ceux de son prédécesseur Jean-Paul II, permettant d’avancer sur la voie de la réconciliation et du respect mutuel entre catholiques et juifs. » Abraham Foxman, directeur national de la Ligue anti-diffamation, à New York, a déclaré que les propos du cardinal Bertone prouvaient que le Vatican était « à l’écoute » des préoccupations des juifs. Il a ajouté que la prière « pour la conversion des juifs » allait à l’encontre de « 40 ans d’évolution de l’enseignement catholique sur l’alliance éternelle entre Dieu et le peuple juif et du renoncement à la volonté de baptiser les juifs. » (souces : eni/apic) I talie : Une « école de terrorisme » dans une mosquée de Pérouse La police antiterroriste italienne a mis à jour une « école de terrorisme » dans une mosquée de la périphérie de Pérouse (Ombrie, Italie), à Ponte Felcino, le 21 juillet dernier. Un communiqué déclare : « L’enquête a révélé DICI Nº 160 • la minutie avec laquelle les suspects s’y sont pris pour mettre sur pied un centre d’initiation aux armes, aux techniques de combat utilisées dans le cadre d’actions terroristes ». Y étaient dispensés des cours sur le combat rapproché, le tir, la préparation de poisons, la fabrication de bombes et le pilotage des Boeing 747, généralement à partir de documents ou de films de propagande téléchargés sur Internet, révèle le même communiqué de la police antiterroriste. L’imam Korchi El Mostapha, 41 ans, Mohamed El Jari, 47 ans, et Driss Safika, 46 ans, tous trois de nationalité marocaine, ont été arrêtés, accusés « d’entraînement en I vue de commettre des actes terroristes ». « L’enquête de Pérouse a montré que dans la mosquée de Ponte Felcino, il y avait une formation continue aux activités terroristes », a déclaré Carlo De Stefano, chef de la police antiterroriste. « Nous avons mis à jour et neutralisé une véritable ‘école du terrorisme’ qui faisait partie d’un système terroriste élargi composé de petites cellules capables d’agir de façon autonome ». Et d’expliquer que « des dizaines de flacons contenant des substances chimiques hautement toxiques - dont la combinaison avec d’autres éléments faciles à acheter permettait de fabriquer des 11 août 2007 bombes - ont été retrouvées au domicile de l’imam ». « Ceci souligne la nécessité de garder un œil attentif sur des endroits qui devraient normalement n’être utilisés que comme lieux de culte », a déclaré Giulano Amato, ministre de l’Intérieur italien. « Dans les mosquées, les sermons doivent être faits en italien, parce tout un chacun prie son Dieu comme il veut, mais nous avons le droit de savoir ce qui se passe à l’intérieur. Nous devons savoir si on prie Allah ou si on sème la haine » a affirmé Gianfranco Fini, du Parti Alleanza Nazionale. (sources : AP/La Repubblica/Ansa) talie : Benoît XVI répond aux questions des prêtres des diocèses de Belluno-Feltre et de Trévise Le 24 juillet, 400 prêtres et séminaristes des diocèses de BellunoFeltre et de Trévise étaient réunis dans l’église paroissiale Sainte-Justine d’Auronzo di Cadore, à quelques kilomètres du lieu de villégiature de Benoît XVI. Durant près de deux heures, le pape a répondu aux questions préparées par dix prêtres. Le Saint Père a pris l’habitude de ces rencontres informelles avec les prêtres des diocèses d’Italie où il séjourne. Il ne leur adresse pas un discours, mais répond aux questions posées. Outre ses rencontres avec le clergé de Rome, il avait ainsi rencontré les prêtres du diocèse d’Aoste dans la petite église d’Introd, lors de ses premières vacances en 2005. Il a fait de même avec le clergé du diocèse d’Albano, au sud de Rome, où se trouve Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes. Bien que la rencontre d’Auronzo di Cadore se soit déroulée à huis clos, le compte-rendu du P. Federico Lombardi, porte-parole du SaintSiège, et une transcription des propos échangés publiée par la Salle de presse du Vatican ont permis de connaître la teneur des réponses du pape aux questions posées. Sur le concile Vatican II A un prêtre qui lui expliquait qu’il avait vécu le Concile Vatican II avec enthousiasme et qui lui faisait part de sa fatigue et de sa déception de longues années plus tard, Benoît XVI a rappelé qu’après tous les Conciles, « les temps n’avaient pas été si faciles ». « Moi aussi, a confessé le pape, j’ai vécu le temps du Concile avec un grand enthousiasme, l’espérance d’une nouvelle rencontre entre l’Eglise et le monde et puis nous avons tous fait l’expérience que les choses demeuraient difficiles ». Benoît XVI a également indiqué qu’il y avait eu « deux grandes césures historiques » après le Concile Vatican II : « 1968 comme un moment significatif de la crise de la culture occidentale et 1989 avec l’écroulement des régimes communistes ». Après le Concile, l’Eglise a eu à vivre dans un contexte marqué ainsi par de grandes fractures culturelles et des situations nouvelles, indépendantes du Concile, auxquelles il a fallu faire face, a-t-il expliqué. Néanmoins « le Concile nous a donné une grande indication pour la route à suivre », a déclaré le souverain pontife. « Le grand héritage du Concile demeure. Il nous a ouvert un nouveau chemin. C’est toujours une grande carte du chemin de l’Eglise, très essentielle et fondamentale », at-il insisté. Rejetant « le progressisme erroné » et « l’anti-conciliarisme », il a estimé que « maintenant nous avons trouvé la voie et sur cette voie nous trouvons le monde nouveau ». Toutefois, « nous devons renoncer au triomphalisme selon lequel naîtrait maintenant la grande Eglise du futur », a-t-il souligné en ajoutant que l’Eglise doit être « humble ». Mais « il me semble très important que nous puissions maintenant voir, avec les yeux grands ouverts, tout ce qui s’est développé de positif après le Concile, dans le renouvellement de la liturgie, dans les Synodes, dans les structures paroissiales, dans les collaborations, dans la nouvelle responsabilité des laïcs, dans la grande coresponsabilité interculturelle et intercontinentale, dans la nouvelle expérience de la catholicité dans l’Eglise », a insisté Benoît XVI. Sur les rapports avec l’islam Un prêtre de Trévise a indiqué au pape que la région vénitienne était une terre de migrations et l’a interrogé sur le rapport de l’Eglise avec les autres religions. Benoît XVI a rappelé que l’Eglise primitive était déjà minoritaire. Le pape a centré sa réponse sur les mots de l’épître de saint Pierre : « Soyez toujours prêts à vous défendre contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous », invitant les fidèles à se former sur les DICI Nº 160 • vérités de la foi. Il a aussi demandé aux chrétiens d’être proches des non chrétiens. « Il n’existe plus un monde uniforme », a déclaré le pape qui a conseillé aux prêtres confrontés aux nouvelles communautés immigrées, « l’annonce et le dialogue ». Pour Benoît XVI, « les musulmans ont une certaine connaissance du Christ, qui nie sa divinité mais reconnaît au moins en lui un grand prophète ». « Ils ont de l’amour pour Marie ». « Il y a donc des éléments communs dans la foi qui sont des points communs pour le dialogue », a affirmé le pape, même si « passer aux grands Mystères me semble un niveau difficile, qui ne se réalise pas lors des grandes rencontres ». « Ce que nous devons faire c’est de chercher un consensus sur les valeurs fondamentales, exprimées dans les Dix Commandements, résumés dans l’amour du prochain et l’amour de Dieu », a-t-il conclu. Sur le ministère des prêtres Le pape a invité les prêtres à « rester pasteurs et à ne pas devenir des bureaucrates du sacré », en « déléguant », dans la mesure du possible, des tâches à des collaborateurs. « Il me semble que ceci est un point important et positif du concile : la co- responsabilité de la paroisse ». Le rôle du prêtre reste avant tout de « prier, guérir et annoncer ». Répondant à une question sur « la dimension humaine des prêtres », Benoît XVI a insisté sur l’importance de « vivre les pieds sur terre et les yeux vers le ciel ». Le pape a aussi invité les prêtres à ne pas perdre le contact avec les fidèles et a insisté sur l’importance de la pastorale des sacrements comme occasion de rencontres profondes. Interrogé sur la manière de présenter Dieu aux hommes d’aujourd’hui, Benoît XVI a souhaité qu’on ne présente pas le christianisme « comme un paquet de dogmes très compliqués mais comme une annonce simple : Dieu existe et Jésus-Christ est auprès de nous ». Le pape s’est également exprimé sur la question de la jeunesse, regrettant le nombre important de ceux qui ont du mal à reconnaître le sens de la vie dans la culture actuelle. « Un monde sans Dieu devient un monde de l’arbitraire », a-t-il prévenu. La doctrine de l’évolution Revenant sur le débat entre le créationnisme et l’évolutionnisme, Benoît XVI a estimé que « croire que le Créateur ne pourrait pas penser à I 11 août 2007 l’évolution et qu’à l’inverse celui qui croit en l’évolution rejette Dieu » est « une absurdité ». « Il y a tant de preuves scientifiques en faveur de l’évolution », a-t-il affirmé. Mais « la doctrine de l’évolution ne répond pas à toutes les interrogations, surtout à la grande question philosophique : mais d’où vient tout cela ? » « L’obéissance à la voix de la terre, de l’être, est plus importante pour notre bonheur futur que les voix et les désirs du moment », a-t-il déclaré expliquant que « l’administration de la création de Dieu » passe par « le respect des lois du corps, de la sexualité et de l’amour, la valeur de l’amour fidèle, de la famille, de la vie et de la vie en commun, du juste partage des ressources de la terre ». « Non seulement nous devons soigner la terre, mais nous devons respecter l’autre, les autres », a-t-il poursuivi. « Soit l’autre en tant que personne, comme mon prochain, soit les autres comme une communauté qui vit dans le monde et où l’on doit vivre ensemble ». (sources : apic/imedia/ami) nde : Une école catholique attaquée Le 28 juillet, une école catholique dirigée par les Soeurs Franciscaines de Notre-Dame des Grâces, dans le village de Vikas Nagar, Etat d’Uttarakhand en Inde septentrionale, a été attaquée par des militants de l’organisation extrémiste Sangh Parivar. Quelques jours avant l’agression, plusieurs membres du Parti nationaliste hindou Baratiya Janata Party s’étaient plaints auprès des autorités du refus de cette école d’admettre des élèves de religion hindoue. Le directeur avait expliqué que l’école acceptait des chrétiens, des hindous et des jeunes d’autres confessions, en fonction du niveau scolaire et non selon l’appartenance religieuse. Menaces et intimidations avaient suivies, aussitôt signalées à la police locale qui n’a pas jugé utile d’intervenir… Après s’être attroupé devant l’école, plus de 250 personnes se sont livrées au vandalisme, cassant tout ce qui était à portée de mains. Les coupables sont toujours en liberté. L’Inde compte 25 millions de chrétiens sur une population totale de plus d’un milliard d’habitants. Ces 2,5 % d’Indiens gèrent 17 % des institutions éducatives du pays. En 2005 plus de 200 agressions ont été recensées à leur encontre, 215 en 2006, plus de 100 jusqu’à présent en 2007. (sour- ce : Fides) DICI Nº 160 F • 10 11 août 2007 rance : Décès du cardinal Lustiger Le cardinal Lustiger, ancien archevêque de Paris, est mort d’un cancer à l’âge 80 ans, ce dimanche 5 août. Jean-Marie Guénois, dans La Croix du 7 août, le définit comme une personnalité inclassable : « Inclassable, car il se méfiait tout autant des milieux classiques de l’Eglise, qu’il trouvait parfois étroits, des milieux charismatiques généreux mais pas toujours aiguisés intellectuellement à son goût, et des milieux progressistes qu’il a souvent combattus et qui le lui rendaient bien ! ». Pour Henri Tincq dans Le Monde du 6 août : « Il réunissait la « verticalité » du juif qu’il était de naissance, radicalement tourné vers Dieu et sa parole, et l’« horizontalité » du chrétien qu’il était devenu à 14 ans, à la fois hyperclérical et de tempérament très L laïque, traditionnel et moderne ». Ce qui faisait de lui un « paradoxe vivant », comme le souligne l’éditorial du Monde du 7 août : « homme d’une foi catholique radicale, impatiente, intransigeante et, en même temps, l’héritier d’une tradition laïque bien française qu’il ne récusa jamais, mais dont il déplorait les excès ». « Il n’a jamais renié son judaïsme, poursuit l’éditorialiste du Monde, faisant même de sa conversion au christianisme un « accomplissement » de son identité juive », ce qui sera manifesté lors de ses obsèques à Notre-Dame de Paris, ce vendredi 10 août, par la récitation « d’un psaume et du kaddish - la prière juive des endeuillés - par le cousin du cardinal défunt, Arno Lustiger, suivie de la lecture d’un message familial », comme l’an- nonce Le Figaro du 7 août : « Ce temps fort se déroulera sur le parvis de la cathédrale, en ouverture de la cérémonie religieuse ». « Cette lecture du kaddish était une des dernières volontés de mon cousin », explique Arno Lustiger, bouleversé par le deuil. « Il me l’a exprimé lorsque je suis venu le voir pour la dernière fois. » « Je suis né juif et je reste juif, ne cessait-il pas de nous répéter », ajoute l’historien (…). Pour le père Patrick Desbois, directeur du service national pour les relations avec le judaïsme, ce temps de prière est « naturel ». « Sans rien renier de sa judaïté, le cardinal a été de ceux qui ont poussé le plus loin le dialogue entre les deux communautés, parvenant à rencontrer certaines des plus hautes autorités, et à dialoguer avec elles. » (Sources : La Croix, Le Monde/Le Figaro) a messe du pape ou l’exemple d’en haut Depuis la promulgation du Motu proprio sur la messe tridentine, les journalistes se demandent si le pape célébrera un jour dans le rite traditionnel. Certains croient savoir qu’il le fera le 1er dimanche de l’Avent, d’autres avaient annoncé à la mi-juillet que Benoît XVI célébrait déjà la messe de saint Pie V en privé. Ces derniers ont été immédiatement démentis par le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. En effet, l’agence américaine Catholic World News avait affirmé le 16 juillet, en se fondant sur des sources anonymes mais « bien informées » au Vatican, que le pape disait sa messe quotidienne selon le rite tridentin. L’autre agence américaine, Catholic News Service, a aussitôt interrogé le père Lombardi qui a fait savoir que Benoît XVI célébrait la messe de Paul VI dans sa Témoignage chapelle privée, tourné vers la croix et dos au peuple. On saisit l’intérêt des observateurs pour cette information qui verraient dans cette célébration ce qu’ils nomment un « signe fort » en faveur de la messe traditionnelle : exempla trahunt, les exemples attirent. Une autre question qui n’a guère été traitée par les médias est de savoir si le pape, quand il célèbre la messe issue du concile Vatican II, adopte pour la consécration du Précieux Sang la traduction courante « pour tous » ou la traduction correcte « pour beaucoup » rappelée par le cardinal Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le 17 octobre 2006. Là aussi, « les exemples attirent », surtout lorsqu’il s’agit de célébrations solennelles devant les évêques du conti- nent sud-américain où se trouve la plus grande population catholique du monde entier. L’abbé Joël Danjou, prêtre de la Fraternité Saint-Pie X nous a adressé un compte-rendu de la cérémonie de canonisation du frère Galvao, le 11 mai 2007, au Champ de Mars de Sao Paulo, lors du voyage de Benoît XVI au Brésil : « J’étais présent à cet événement avec un quinzaine de jeunes du MJCB (Mouvement de la Jeunesse Catholique du Brésil), petit frère du MJCF ! La cérémonie avait lieu à 9 h 30, nous étions là dès 7 h 30 avec les bannières de la Fraternité Saint-Pie X, du MJCB et de saint Jean Bosco qui est le saint patron de notre mouvement. Sur deux banderoles nous avions écrit « Bénie soit la Tradition, la Révélation transmise » et « Oui au DICI Nº 160 11 • Catholicisme, Non au modernisme ». Nous avions en outre 15 000 tracts à distribuer sur la Sainte Messe, la communion dans la main et la sécularisation de l’Eglise. « Jusqu’à 11 h 30, nous n’avons pas cessé de tracter à l’une des entrées principales. Au loin on entendait les litanies des Saints pour la canonisation, tout en portugais, avec la mélodie traditionnelle. « Nous nous sommes ensuite approchés de l’enceinte du Champ de Mars pour suivre de plus près, toutes bannières déployées. Le pape récitait le début du Canon. Les hauts parleurs retransmettaient parfaitement le son de sa voix. Les paroles en portugais s’entendaient sans difficulté aucune. Pour la consécration du Précieux Sang, il dit : « TOMAI, TODOS, E BEBEI : ESTE É O CÁLICE DO MEU SANGUE, O SANGUE DA NOVA E ETERNA ALIANÇA, QUE SERÁ DERRAMADO POR VÓS E POR TODOS, PARA A R E M IS SÃO DOS PEC A DOS . FAZEI ISTO EM MEMÓRIA DE MIM. » Pour vous et pour tous. Selon le site du Vatican qui fournissait des commentaires explicatifs sur cette cérémonie, le pape employait à cette occasion la prière eucharistique V, concédée au Brésil pour le Congrès Eucharistique de Manaus en 1974. « Dans l’après-midi de ce même jour, lors des vêpres dans la cathédrale de Sé, le pape s’adressant aux évêques brésiliens, rappelait son désir « de restituer à la Liturgie son caractère sacré. C’est dans ce but que mon vénérable prédécesseur sur la Chaire de Pierre, le Pape Jean-Paul II, a voulu renouveler ‘un vigoureux appel pour que, dans la Célébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité. [...] La liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés’ (Lett. enc. Ecclesia de Eucharistia, n. 52). Redécouvrir et apprécier l’obéissance aux normes liturgiques de la part des Evêques, en tant que ‘modérateurs de la vie liturgique de l’Eglise’, signifie rendre témoignage de l’Eglise elle-même, une et univer- 11 août 2007 selle, qui préside dans la charité » ». Dans sa lettre du 17 octobre 2006, le cardinal Arinze écrivait : « Le rite romain en latin a toujours dit pro multis et jamais pro omnibus dans la consécration du calice. (…) L’expression « pour beaucoup », tout en restant ouverte à l’inclusion de chaque personne humaine, reflète aussi le fait que le salut n’est pas donné d’une façon mécanique, sans qu’on le veuille ou qu’on y participe ; mais plutôt que le croyant est invité à accepter dans la foi le don qui lui est offert et à recevoir la vie surnaturelle qui est donnée à ceux qui participent à ce mystère, le vivant aussi dans leur existence afin d’être mis au nombre des « beaucoup » auxquels le texte fait référence ». Photos sur le site de la Fraternité au Brésil DICI Notre site : www.dici.org Directeur de la publication : Abbé Arnaud Sélégny Rédacteur : Abbé Alain Lorans Paraît le samedi - Le numéro : 2 � Abonnement annuel à DICI : (20 numéros) 40,- � Etranger : 49� (80 FS) Abonnement annuel à Nouvelles de Chrétienté : 20,- � Etranger : 24� (40 FS) Paiement par chèque à l ’ ordre de : CIVIROMA Adresse postale DICI-Presse - 33 rue Galande - 75005 Paris Parution bimensuelle CPPAP : 0608-G-80640 Imprimé par De Toutes les Couleurs 71 bis rue St Charles 75015 Paris DICI Nº 160 12 • 11 août 2007 Au sommaire de Nouvelles de Chrétienté n° 106 Au sommaire : Chartres-Montmartre 2007 Si la messe est rendue, on le doit à Mgr Lefebvre ! S.E. Mgr Bernard Fellay La libération de la messe et la situation de l’Eglise aujourd’hui S.E. Mgr Bernard Fellay La messe de toujours requiert la doctrine traditionnelle Entretien avec M. l’abbé Christian Bouchacourt Quand deux et deux ne font plus quatre S.E. Mgr Richard Williamson Les tribulations d’un missionnaire en Lituanie Abbé Joseph Persie Abonnement : 20 € * 24 f pour l’étranger (hors de France) (40 FS) Suisse : CCP 60-29015-3, IBAN : CH12 0900 0000 6002 9015 3 BIC : POFICHBE Priesterbruderschaft St. Pius X. Schwandegg — 6313 Menzingen Bulletin d’abonnement ou de ré-abonnement A retourner à : DICI-Presse - 33 rue Galande - 75005 Paris ATTENTION Nouvelle adresse ! Chèque à l’ordre de l’association CIVIROMA DICI : 1 an = 40 € (soutien : 50 € - hors de France = 49 €) 6 mois = 20 € (hors de France = 24,50 €) $ q Oui, abonnez-moi à Nouvelles de Chrétienté q Je suis déjà abonné, je désire abonner un parent, un ami… q à DICI - q à Nouvelles de Chrétienté q Je me ré-abonne à DICI q Je m’abonne à DICI NOM et PRENOM N° d’appartement - Boîte aux lettres - Etage - Escalier Entrée - Tour - Immeuble -Bâtiment - Résidence - Zone industrielle N° Type de voie (ex : Avenue des Fleurs) Code Postal - CEDEX Localité Pays