Du changement dans la continuité… et réciproquement
s 1970, Louis Salleron t paraître une critique du Novus Ordo Missae, aux Nouvelles Editions
Latines, sobrement intitulée « La Nouvelle Messe ». On pouvait y lire : « Il n’y a pas, à regarder le fond
du probme, de débat entre l’ancienne et la nouvelle messe. Il n’y a que le problème de la messe elle-
même. C’est toujours lex orandi, lex credendi. La loi de la prière ne fait qu’un avec la loi de la foi. Telle
messe, telle foi. (…) Tout, aujourd’hui, s’erite ensemble. Tout ne sera restauré qu’ensemble ».
Pour pouvoir considérer la messe de Paul VI comme un changement dans la continuité de la messe
traditionnelle - sans rupture aucune -, il faut s’aranchir de la lex credendi. Alors, on peut même armer
que la messe de toujours manifeste une continuité dans le changement… Mais ces pirouettes relèvent
de l’équilibrisme, et non du catholicisme.
Abbé Alain Lorans
Le prochain numéro de DICI paraîtra le 22 septembre.
Editorial :
2
le numéro
N° 160
11 août 2007
SOMMAIRE
DE ROME
Benoît XVI salue la rencontre interreligieuse du Japon .........................................................................2
Le cardinal Sebastiani demande aux Européens d’accueillir la Turquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2
Mise en garde du secrétaire du pape contre l’islamisation de l’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3
Le jugement du cardinal Cottier sur le Motu proprio Summorum Pontificum .......................................................3
Le cardinal Levada commente les réactions au document romain sur « certains aspects de la doctrine sur l’Eglise » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3
Nouveau Musée philatélique et numismatique du Vatican .......................................................................4
Le Père Cantalamessa prêche contre les limbes et pour le salut universel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
LEGLISE DANS LE MONDE
Québec : Pratique religieuse en baisse, désaffectation des églises en hausse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Allemagne : Des associations s’organisent en vue de l’application du Motu proprio sur la messe traditionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Allemagne et Etats-Unis : Les juifs et la messe tridentine .......................................................................7
Italie : Une « école de terrorisme » dans une mosquée de Pérouse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
Italie : Benoît XVI répond aux questions des prêtres des diocèses de Belluno-Feltre et de Trévise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8
Inde : Une école catholique attaquée .......................................................................................9
France : Décès du cardinal Lustiger .......................................................................................10
La messe du pape ou lexemple den haut ..................................................................................10
DICI Nº 160
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11 août 2007
LE JOURNAL
De Rome
Benoît XVI salue la rencontre interreligieuse du Japon
Le 4 août, le Bureau de presse
du Saint-Siège a publié le message
de Benoît XVI adressé au Vénérable
Kahjun Handa, chef suprême de la
secte bouddhique japonaise Tendai,
à l’occasion du 20e anniversaire de la
rencontre interreligieuse sur le Mont
Hiei (Japon).
« Je suis heureux de vous saluer
ainsi que tous les représentants re-
ligieux réunis à l’occasion du 20e
Anniversaire du Sommet Religieux
sur le Mont Hiei. Je veux aussi trans-
mettre mes voeux les meilleurs au
Vénérable Eshin Watanabe et rappe-
ler le souvenir de votre distingpré-
décesseur comme Chef Suprême de
la Dénomination Bouddhiste Tendai,
Vénérable Etai Yamada. C’est lui qui,
ayant particià La Journée de Prière
pour la Paix à Assise ce jour mémo-
rable du 27 octobre 1986, avait orga-
ni [le 4 août 1987] un sommet in-
terreligieux sur le Mont Hiei à Kyoto
afin d’entretenir la flamme de l’es-
prit dAssise. Je suis également heu-
reux que le Cardinal Paul Poupard,
Président du Conseil Pontical pour
le Dialogue Interreligieux, puisse
participer à cette réunion.
« D’un point de vue surnaturel,
nous comprenons que la paix est à la
fois un don de Dieu et une obligation
pour chaque individu. En eet le cri
du monde pour la paix, écho des fa-
milles et des communautés à travers
le globe, est en même temps une priè-
re à Dieu et un appel à chaque frère
et ur de notre famille humaine.
A loccasion de votre réunion sur le
Mont sacré Hiei, représentant des
religions diérentes, je vous assure
de ma proximité spirituelle. Puissent
vos prières et votre coopération vous
remplir de la paix de Dieu et renfor-
cer votre résolution de témoigner de
la paix qui surmonte l’irrationalité
de la violence.
« Sur vous tous jinvoque une
abondance de nédictions divines
d’inspiration, d’harmonie et de joie. »
(source : www.vatican.va)
Le cardinal Sebastiani demande aux Européens d’accueillir
la Turquie
Après la reconduction - pour 5 ans
- du mandat du Premier ministre turc
Recep Tayyip Erdogan, membre
du parti conservateur musulman
AKP, le cardinal Sergio Sebastiani,
président de la Préfecture pour les af-
faires économiques du Saint-Siège et
ancien nonce en Turquie, s’est expri-
mé dans le quotidien italien Corriere
della Sera du 23 juillet :
« Pour l’Europe et pour les Eglises
chrétiennes c’est le meilleur résul-
tat, mais maintenant il devient en-
core plus important que lUnion
Européenne prenne sérieusement en
compte les négociations pour l’entrée
de la Turquie dans l’Union. C’est un
bon résultat parce que cela lui per-
met de faire avancer son programme
de réforme et empêche dentamer la
laïcité de l’Etat. Négociateur habi-
le, il continuera sa politique d’atten-
tion bipolaire à l’Europe et au mon-
de arabe.
« Nous savons combien il tient à
l’entrée dans lUnion (européenne),
mais le monde arabe est également
important pour la Turquie, et pas
seulement pour des raisons d’identité
islamique mais aussi pour le pétrole.
Arriver à une solution demandera du
temps, et les cinq ans qu’il gagne avec
cette victoire, sans doute, pourra-t-il
les employer à solliciter un meilleur
accueil de la part de l’Europe.
« Je suis certain que claquer la
porte au nez de la Turquie serait une
imprudence, parce que ce grand pays
pourrait alors être tenté de sortir de
l’OTAN et de sengager sur les voies
du fondamentalisme. LUnion doit
prêter une grande attention aux pro-
grès que la Turquie accomplit sur le
chemin d’une pleine démocratisation
et particulrement sur la question
des droits de lhomme, y compris la
liber religieuse, mais ne doit pas
donner d’ultimatum et ne doit pas
blesser la susceptibilité de son in-
terlocuteur. » (source : Corriere della
Sera)
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11 août 2007
Mise en garde du secrétaire du pape contre l’islamisation
de l’Europe
Le 27 juillet, le supplément maga-
zine du journal allemand Süddeutsche
Zeitung a publ un entretien avec
Mgr Georg Gänswein, secrétaire
particulier de Benoît XVI :
« Il ne faut pas minimiser les ten-
tatives d’islamisation de l’Occident,
et le danger qui en découle pour
l’identide l’Europe ne doit pas être
ignoré sous prétexte d’une prévenan-
ce faussement compréhensive. Le ca-
tholicisme le voit bien et le dit claire-
ment. L’Occident ne peut ignorer les
tentatives d’islamisation auxquelles il
est soumis. Le respect envers l’islam
ne doit pas faire sous-évaluer les ris-
ques pour l’identité de l’Europe. (…)
« Je consire comme proptique
le discours de Ratisbonne, tel qu’il
a été pronon » par Benoît XVI à
l’Université de Ratisbonne le 12 sep-
tembre 2006. Le pape a voulu « s’op-
poser à une certaine ingénuité ». (cf.
DICI n° 142)
« Il faut être conscient qu’un seul
islam n’existe pas et qu’il ne reconnaît
pas une voix unique engageant tous
les musulmans. Sous le concept d’is-
lam se retrouvent de nombreux cou-
rants diérents, souvent ennemis les
uns des autres, jusqu’aux extrémistes
qui se réclament du Coran et agissent
avec des fusils.
« Le Saint-Siège cherche à nouer
un contact interreligieux à travers le
Conseil pontical pour le dialogue
interreligieux et à favoriser les ren-
contres ». (sources : AFP /apic)
Le jugement du cardinal Cottier sur le Motu proprio
Summorum Ponticum
Le cardinal Georges Cottier,
ancien théologien de la Maison
Ponticale, interrogé par I. MEDIA,
a donné son point de vue sur les trois
documents récemment publiés au
Vatican : la Lettre du pape aux catho-
liques de Chine, le Motu proprio sur
la messe tridentine et le document
de la Congrégation pour la doctrine
de la foi sur ‘certains aspects de la
doctrine sur l’Eglise. Il a estimé que
ces textes « marquent » le ponticat.
Selon lui, le Motu Proprio
Summorum pontificum sur la libéra-
lisation de l’usage de la messe pré-
concilaire a « une visée œcuménique
à l’égard des fres qui ne se consi-
dèrent pas séparés, mais sont en
fait schismatiques ». Sur ce point, le
théologien suisse s’oppose au cardi-
nal Castrillón Hoyos qui déclarait
le 13 novembre 2005, à la chaîne ita-
lienne TV Canal 5 : « On ne peut pas
dire en termes corrects, exacts, précis
qu’il y ait schisme. Il y a, dans le fait
de consacrer sans mandat pontical,
une attitude schismatique. Ils sont
à l’intérieur de lEglise. Il y a seule-
ment ce fait qu’il manque une plei-
ne, une plus parfaite, une plus pleine
communion, parce que la commu-
nion existe ».
Le cardinal Cottier rappelle que
« ce qui est toujours mis en avant
par Ene, c’est la liturgie », pour-
tant « les motivations profondes sont
bien le Concile Vatican II, la liber
religieuse et lœcuménisme ». Ainsi,
pour lui, « maintenant qu’il n’y a plus
de problème avec la liturgie, cela va
forcer les dèles de Mgr Lefebvre à
prendre position ». Ici, le prélat suisse
laisse entendre que la question litur-
gique n’aurait été qu’un prétexte mas-
quant à dessein un conit doctrinal
autrement plus profond. Mgr Fellay
a clairement indiqué cette divergence
majeure dans sa « Lettre aux dèles »
dès le 7 juillet 2007, jour de la paru-
tion du Motu proprio : « Il y a chez
Benoît XVI le désir certain de réaf-
rmer la continuité de Vatican II et
de la messe qui en est issue, avec la
Tradition bimillénaire. Cette néga-
tion d’une rupture causée par le der-
nier concile déjà manifestée dans
le discours à la curie du 22cem-
bre 2005 montre combien lenjeu
du débat entre Rome et la Fraternité
Saint Pie X est essentiellement doc-
trinal ».
Le cardinal Castrillón Hoyos,
pour sa part, répond à la question du
journaliste Gianni Cardinale dans
le mensuel 30 Giorni d’août : Quelles
perspectives ce Motu proprio peut-il
ouvrir pour les disciples de Mgr Lefebvre ?
- Ces derniers ont toujours deman-
dé que chaque prêtre puisse célébrer
la messe de saint Pie V. Désormais
cette faculté est reconnue ocielle-
ment et formellement. D’autre part,
le Pape réaffirme que la messe que
nous ocions tous les jours, celle du
Novus ordo, reste la modalité ordinai-
re de célébrer l’unique rite romain.
Donc on ne peut nier la valeur, et en-
core moins la validité du Novus ordo.
Ceci doit être clair. (sources : apic/ime-
dia/30 Giorni)
Le cardinal Levada commente les réactions au document ro-
main sur « certains aspects de la doctrine sur l’Eglise »
Après le publication du document
de la Conggation pour la doctri-
ne de la foi sur ‘certains aspects de
la doctrine sur lEglise’, le 10 juillet
2007, le cardinal William Levada,
préfet de la Conggation, sest dit
étonné des réactions négatives dans
les milieux œcuméniques, - au cours
d’une conférence à San Francisco, le
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11 août 2007
22 juillet, reprise par Radio Vatican
en langue allemande.
« Ce document est un instrument
de travail interne à lEglise qui ne
veut en aucun cas abaisser les autres
communautés de foi », a-t-il déclaré.
Le document contient « des éléments
de vérité », a-t-il souligné.
En rappelant que « lEglise du
Christ subsiste uniquement dans
lEglise catholique », le cardinal
William Levada, successeur du car-
dinal Joseph Ratzinger à la te
de la Conggation de la foi, n’a fait
que reprendre les tses exposées par
son prédécesseur dans la déclaration
Dominus Jesus, en l’an 2000. Le car-
dinal américain a ainsi rappelé que
les autres communautés chrétien-
nes, si elles ne sont pas dépourvues
« d’éléments de vérité et de sancti-
cation », n’orent pas « la plénitude »
du Salut. En ne reconnaissant pas
la primauté du pape, les Eglises or-
thodoxes sourent de « décience ».
Quant aux protestants, ils ne peuvent
constituer que « des communautés
ecclésiales ».
Selon lui, ces principes ont été
réarmés pour lutter contre les « in-
terprétations erronées » du Concile
Vatican II en matière œcuméni-
que. Il ne s’agissait pas dentraver le
dialogue avec les autres confessions
chrétiennes, mais de le mener dans
le respect de « l’identité de la foi ca-
tholique ».
Pour sa part, le cardinal Cottier,
ancien théologien de la Maison ponti-
cal, répondant à l’agence I. MEDIA,
a décla: « Il n’y a rien de neuf » dans
ce texte qui a voulu simplement ré-
péter des « précisions utiles » concer-
nant l’Eglise catholique face à « cer-
taines interprétations peu claires »
de certains théologiens. Même si ces
armations « peu diplomatiques (…)
font mal à certains » dans le dialogue
œcuménique, il fallait clarier la po-
sition de l’Eglise catholique. Le pape
a ainsi souhaité éviter de laisser « pla-
ner une ambiguïté ».
A entendre le prélat suisse, on
pourrait croire que ce document
précise utilement en dissipant des
« interprétations peu claires », et
clarifie en ne laissant plus « planer
une ambiguï » ; c’est oublier que
le commentaire joint au document
romain reconnaît lui-même fournir
une présentation paradoxale de cet
œcuménisme conciliaire qui s’eor-
ce d’« harmoniser deux armations
doctrinales » diérentes, en loccur-
rence divergentes : ‘l’Eglise du Christ
est l’Eglise catholique’ ET ‘les autres
communautés chrétiennes sont des
réalis ecclésiales ni vides ni pleines’.
(sources : apic/imedia)
Nouveau Musée philatélique et numismatique du Vatican
Le nouveau musée philatélique et
numismatique du Vatican sera inau-
guré le 25 septembre 2007, a décla
Mgr Renato Boccardo, sectai-
re général du gouvernorat de la Cité
du Vatican. Réuni aux Musées du
Vatican, il présentera au public les
pièces émises par la Cité du Vatican
depuis le ponticat de Pie IX (1846-
1878), et les timbres depuis le ponti-
cat de Pie XI (1922-1939).
A l’occasion de l’ouverture du
nouveau musée une série de timbres
et une enveloppe spéciale seront mis
en vente dès le 20 septembre pro-
chain. Egalement une série de 6 tim-
bres marquant le 50e anniversaire de
la signature des Traités de Rome ins-
tituant les communautés européen-
nes en 1957.
En 2008 les internautes pour-
ront acheter en ligne des articles de
la boutique des Musées du Vatican,
des pièces de monnaie et des timbres
du Bureau philatélique et numismati-
que sur le site internet de l’Etat de la
Cité du Vatican - www.vaticanstate.
va. On peut déjà y consulter un cata-
logue de toutes les pièces et de tous
les timbres émis depuis 1929.
Site internet de lÉtat de la
Cité du Vatican : LÉtat de la Cité
du Vatican, créé lors de la signature
du Traité du Latran entre le Saint-
Siège et lItalie le 11 février 1929,
présente - sur le site internet http://
www.vaticanstate.va/- les structures
gouvernementales, les institutions
(musées, bibliothèque…) et les ser-
vices oerts aux habitants et aux vi-
siteurs.
Le Père Cantalamessa prêche contre les limbes et pour le sa-
lut universel
Commentaire
L e pè re ca p uc i n Ra n ier o
Cantalamessa est le pdicateur de
la Maison pontificale, à ce titre il
prêche devant le pape et les cardi-
naux. Le dimanche 24 juin pour la
fête de saint Jean-Baptiste, il parlait
des Limbes en ces termes : « LEglise a
estimé que Jean-Baptiste a déjà été sanc-
tié dans le sein maternel, par la présence
du Christ ; c’est pour cette raison qu’elle
célèbre la fête de sa naissance. Ceci nous
donne l’occasion dévoquer une question
licate, qui a pris aujourdhui une im-
portance particulière à cause des millions
d’enfants qui, surtout en raison de la dif-
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11 août 2007
fusion erayante de l’avortement, meurent
sans avoir reçu le baptême. Que dire de ces
enfants ? Sont-ils eux aussi d’une
certaine manière sanctiés dans
le sein maternel ? Y a-t-il un sa-
lut pour eux ?
« Sans hésiter je réponds : bien sûr que
le salut existe pour eux. sus ressusci
dit également deux : « Laissez venir à moi
les petits enfants ». L’idée selon laquelle les
enfants non baptisés étaient destinés aux
Limbes, un lieu intermédiaire dans lequel
on ne soure pas mais dans lequel on ne
jouit pas non plus de la vision de Dieu,
s’est répandue à partir du Moyen-âge.
Mais il s’agit d’une idée qui n’a jamais été
nie comme rité de foi de lEglise. Il
s’agissait d’une hypothèse des théologiens
qu’à la lumière du développement de la
conscience chrétienne et de la compréhen-
sion des Ecritures, nous ne pouvons plus
maintenir ».
A i n si d o n c p o u r l e p è r e
Cantalamessa, la question des
Limbes est dénitivement close. La
doctrine traditionnelle exprimée,
entre autres, par le Cachisme de
saint Pie X, n’était qu’une hypothè-
se aujourdhui balayée par le docu-
ment de la Commission Théologique
Internationale : « La discussion est
aujourdhui close car récemment, la
Commission théologique internationale,
qui travaille pour la congrégation pour la
Doctrine de la foi a publié un document
armant précisément cela ».
Le père Cantalamessa omet de
préciser ici que ce texte est le fruit
d’un organe consultatif, dépourvu de
toute autorité magistérielle, et que le
cardinal Levada en a approuvé la pu-
blication en qualité de président de
la CTI, et non en qualide préfet
de la Congrégation pour la doctrine
de la foi, et que l’« approbation ora-
le », done pour la publication par
Bent XVI à l’audience du 19 jan-
vier 2007, n’engage pas l’autorité pon-
ticale et n’oblige pas la conscience
des dèles (voir l’étude parue dans Le
Courrier de Rome n° 302, juillet-août
2007, Les Limbes aux… Limbes).
« Il me semble utile de revenir sur ce
thème à la lumière de cet important docu-
ment pour expliquer certaines des raisons
qui ont conduit l’Eglise à tirer cette conclu-
sion. Jésus a institué les sacrements comme
moyens ordinaires pour le salut. Ceux-
ci sont donc nécessaires et celui qui, alors
qu’il peut les recevoir, les refuse contre sa
conscience ou les néglige, compromet sérieu-
sement son salut éternel. Mais Dieu ne s’est
pas lié à ces moyens. Il peut sauver égale-
ment à travers des chemins extraordinai-
res, lorsque la personne, sans aucune fau-
te de sa part, est privée du baptême. Il la
fait par exemple avec les Saints Innocents,
morts eux aussi sans baptême. LEglise a
toujours admis la possibilité d’un baptême
de désir et d’un baptême de sang, et tant de
ces enfants ont vraiment connu un baptê-
me de sang, me s’il est de nature dié-
rente ». Le prédicateur de la Maison
pontificale mêle la doctrine tradi-
tionnelle du baptême du sang - celui
des martyrs exécutés en haine de la
foi catholique et l’hypothèse nou-
velle d’un « baptême » des victimes
de l’avortement, abusivement identi-
ées par lui à des martyrs de la foi.
« Je ne crois pas que la clarication de
l’Eglise encourage lavortement ; si c’était
le cas, ce serait véritablement tragique et
il faudrait se préoccuper sérieusement, non
pas du salut des enfants non baptisés mais
de celui des parents baptisés. Ce serait se
moquer de Dieu. Cette déclaration donne-
ra en revanche un peu de soulagement aux
croyants qui, comme chacun, s’interrogent,
earés, sur le sort atroce de tant d’enfants
dans le monde aujourd’hui ».
En fait, la question qui se pose
vraiment est la suivante : une « inter-
rogation », même « earée », sur le sa-
lut des millions d’enfants victimes de
l’avortement aujourd’hui autorise-t-
elle le rejet pur et simple de la doc-
trine et de la pratique traditionnelle
de l’Eglise ? Car, comme rappelle très
justement l’étude déjà citée du der-
nier Courrier de Rome, « la gation
des Limbes est d’une gravité déme-
surée, puisque les principes dont el-
le découle sont démesurément faux
(naturalisme, pantisme, « Christ
cosmique », droit à la grâce de la part
de la nature), toutes erreurs déjà réfu-
es et condamnées, mais aujourd’hui
reproposées par la Commission
Théologique Internationale. En
outre, me les simples dèles en ont
été troublés au plus haut point, car
en général, seuls les théologiens sont
en mesure de saisir les autres erreurs
plus subtiles ; alors qu’il est évident
pour tous (et pas seulement pour les
savants) qu’avec les Limbes, a été at-
teinte la possession tranquille d’une
doctrine certaine, étude par tout
dèle et même par les enfants, ensei-
gnée par le Catéchisme romain (IIe
partie, chap. 2, n. 32). Ce « scandale
passif » (subi par les dèles) suppose
le « scandale actif » de la part des pas-
teurs. (…) Or le scandale donpu-
bliquement doit être réparé publique-
ment. C’est ce que nous demandons
fermement ».
Mais le capucin, pdicateur de
la Maison pontificale, n’est pas un
novice en la matière. Déjà lors du
Vendredi Saint 2002, pchant de-
vant le pape Jean-Paul II et le car-
dinal Ratzinger alors préfet de la
Congrégation de la foi, sur le thème
du salut universel appor par le
Christ et par les religions non-
chrétiennes (sic), il s’était demandé :
« Pouvons-nous admettre qu’il y ait une
autre voie encore par laquelle le Christ
attire à lui tous les hommes ? C’est-à-di-
re à travers ce qu’il y a de vrai et de va-
lide dans les autres religions ? Le concile
(Vatican II, N.D.L.R.) et le magistère
(post-conciliaire, N.D.L.R.) n’ont pas
exclu cette possibilité qui est maintenant
activement explorée par la théologie ».
« La préoccupation pour le moment
est de reconnaître aux autres religions une
existence non seulement de fait, dans le
plan divin du salut, mais aussi de droit, de
façon à retenir qu’elles sont non seulement
tolérées, mais aussi positivement voulues
par Dieu, comme lexpression de linépuisa-
ble richesse de sa grâce et de sa volonté que
tous les hommes soient sauvés ».
Et un peu plus loin : « Le pluralisme
religieux ne consiste pas dans le fait de re-
tenir toutes les religions également vraies :
cela serait pour tous du relativisme, mais
dans le fait de reconnaître à chacun le droit
de tenir pour vraie sa propre religion, et
de la diuser par des moyens paciques
dignes d’une religion. Pierre recommande
aux chrétiens : « avec douceur et respect ».
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