
Sarkozy et les médias : tout pour le secteur privé et le reste pour le secteur public
leurs amis politiques » [3], au premier rang desquels figure, sans surprise... Nicolas Sarkozy. Son militantisme ne fait
que reprendre à son compte des propositions formulées par l'élue UMP/Les Républicains Danièle Giazzi dans le
rapport qu'elle lui avait remis en septembre 2008 [4]. L'objectif était déjà d' « assurer la rentabilité et la compétitivité
de nos entreprises de médias et faire naître des champions internationaux capables de rivaliser avec les nouveaux
géants de l'Internet » [5].
Et face à ces potentiels mastodontes, quel avenir pour l'audiovisuel public ?
Renforcer le contrôle politique
Première exigence : renforcer le contrôle politique des médias, et en particulier de l'audiovisuel public.
Il faudra d'abord mettre un terme à la triste farce des nominations. Le CSA s'est une fois de plus
décrédibilisé avec son système d'auditions secrètes. Interventions multiples du pouvoir, polémiques à
répétition, le malaise à France Télévisions fut réel. Tout cela prêterait à sourire si ce n'était pas si grave et si
coûteux pour le contribuable. Malheureusement, nous n'aurons d'autre choix que de changer une nouvelle
fois le système. Cela commencera par des nominations. J'avais voulu la transparence complète en assumant
la nomination des présidents de l'audiovisuel public en Conseil des ministres avec ratification par un vote à la
majorité qualifiée des commissions culturelles du Sénat et de l'Assemblée nationale. Je pensais qu'il était
logique que le gouvernement assume la décision de nommer le dirigeant d'un groupe dont l'État est
actionnaire à 100 %, et que le vote, de surcroît à la majorité qualifiée pour que l'opposition puisse être
associée à ce choix, des commissions parlementaires était démocratique. La suite démontra que c'était une
erreur. Après y avoir bien réfléchi, je crois donc que la meilleure solution consiste à supprimer le pouvoir de
nomination du CSA et à demander aux commissions parlementaires spécialisées d'exercer à sa place
l'essentiel de ses compétences. Le contribuable y trouvera une source d'économie bienvenue. La démocratie
y gagnera en transparence. L'hypocrisie reculera.
Ces deux « propositions », en vérité n'en font qu'une. Elle prive non seulement le CSA de son pouvoir de nomination,
mais aussi, si les mots ont un sens, de toutes ses autres prérogatives ; ce qui équivaut, sans le dire, à supprimer
toute autorité potentiellement indépendante (pour faire des économies ?), même si celle qui existe n'est en vérité
qu'un organisme croupion et fantoche.
Pour mémoire : une « Haute Autorité de la communication audiovisuelle » avait été créée, sous Mitterrand, par une
loi du 29 juillet 1982. Chargée, notamment « de garantir l'indépendance du service public de la radiodiffusion sonore
» et de délivrer « les autorisations en matière de service locaux de radiodiffusion sonore par voie hertzienne », elle
avait été remplacée en 1986 par la Commission nationale de la communication et des libertés, puis par l'actuel
Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), certes critiquable, mais en sens contraire de celui que balise l'aspirant
Président. Avouons-le humblement : nous ne sommes pas surpris que notre position (« Pour un conseil national des
médias... de tous les médias ») ne soit pas mentionnée et prise en compte... Mais revenir à la situation antérieure à
1982 n'est pas la marque d'un grand progrès !
À mots à peine couverts, Sarkozy propose - sans grande surprise - non de refonder et de démocratiser cette
instance, mais de la supprimer, puisque les commissions parlementaires seraient appelées à « exercer à sa place
l'essentiel de ses compétences ». En espérant que la majorité serait à la botte du pouvoir exécutif tant à l'Assemblée
qu'au Sénat ! Sarkozy propose plus précisément - encore sans grande surprise - non de confier aux salariés de
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