Architecte 140 • Avril 2013 9architecte.pmg.be
INTERVIEW D'UN LECTEUR
UN BUREAU JEUNE EN QUETE
DE NOUVEAUX STIMULI
Malgré leur modestie extrême, ces
deux architectes savent très bien ce
qu'ils resprésentent. "Nous sommes
encore un jeune bureau",
commence Brice Polomé, le plus
jeune de ces deux architectes ambi-
tieux. "Nous étions dans le même
kot à Bruxelles et notre amitié a
débouché sur le bureau que nous
avons aujourd'hui." Damien a
commencé en 2006. Brice l'a
rejoint cinq ans plus tard. Ils
s'entendent parfaitement et sont tous
les deux sur la même longueur
d'onde. Entre eux, pas de flagor-
nerie. C'est justement ça la force
de l'amitié: elle autorise les
regards critiques et les idées diffé-
rentes. Ce bureau de conception
travaille régulièrement avec d'autres
bureaux pour enrichir des concepts
et des concours avec un apport
supplémentaire. Il travaille ainsi en
étroite collaboration avec l'archi-
tecte belgo-suisse Serge Grard.
Visez-vous uniquement les gros
projets?
"Pas du tout! Nos projets vont de
50 m² à 80.000 m². C'est dire si
nous ne nous imposons pas de
restrictions!" Les secteurs dans
lesquels le duo opère sont variés.
"Nous aimons la diversité et les
nouveaux stimuli, qu'il s'agisse de
nouvelles constructions, de rénova-
tions ou de réaffectations. Nous ne
voulons absolument pas nous
cantonner à une certaine catégorie
ou à un certain segment."
La participation à des concours
permet-elle de vous profiler en tant
que bureau?
"Certainement! Les concours
obligent à réfléchir au programme
et à tout ce qui s'y rapporte. Le
bureau ne repose pas sur un certain
type d'architecture ou sur la créa-
tion de signes marquants. Pour
nous, le résultant est très important.
Nous parlons ici de contexte,
d'histoire, d'applications de maté-
riaux, de durabilité, ... Notre archi-
tecture est un cocktail de tous ces
éléments."
Le bureau est-il pragmatique?
"Absolument. Nous considérons
l'architecture en termes d'utilité
pratique et d'avantage social."
Damien Goffart: "L'architecture doit
signifier et exprimer quelque chose
pour la société. Pour nous, la
conception implique de répondre à
plusieurs questions et de tenir
compte du programme demandé."
Au niveau de la réalisation, est-il
important que l'entrepreneur se base
sur des dessins bien élaborés?
"En effet et c'est ce à quoi nous
aspirons. Plus on dessine, plus la
réalisation est bonne jusque dans
les moindres détails. Dans la
réalité, ce n'est pas toujours
possible. Il faut faire des choix."
VOLONTE POLITIQUE
Comment vous positionnez-vous par
rapport à la durabilité et plus spécifi-
quement par rapport à la construction
passive?
"La durabilité est aussi question de
sentiment, de philosophie. Pour
nous, il ne s'agit pas d'un prétexte
bon marché mais plutôt d'une atti-
tude et d'un aspect de l'éducation
et de la culture. Ce qui compte,
c'est de faire un bâtiment intelligent
et de saisir l'essentiel. Pour cela, il
faut une volonté politique. Un
exemple concret: à la périphérie de
Fribourg (Allemagne) se trouvent
des quartiers écologiques. Ils sont
le fruit d'un choix politique clair. On
y trouve une forme de mobilité
'douce', les gens peuvent accéder
au centre-ville de Fribourg grâce
aux transports en commun."
Récemment, le bureau a remporté
un concours pour l'extension d'une
école passive à Gembloux. La
forme arrondie, la façade verte
avec toiture verte et les ouvertures
de fenêtre ludiques témoignent
d'une réflexion approfondie.
L'esthétique de ce bâtiment scolaire
n'affiche aucune signature architec-
turale reconnaissable.
Chaque projet trouve
sa propre voie,
comme la petite
école de village à
Gilly (Hainaut).
Dans cette commune
fusionnée de Char-
leroi, le bureau
LA DURABILITE EST UNE QUESTION
D'ATTITUDE, D'EDUCATION ET DE CULTURE
e bureau Goffart Polomé Architectes est tout jeune mais il
peut déjà présenter un magnifique portfolio. Brice Polomé
et Damien Goffart forment le tandem parfait pour proposer
une architecture réfléchie. Leur collaboration avec d'autres
bureaux est importante également. Elle est bénéfique non
seulement pour l'architecture mais aussi pour ces
deux architectes passionnés. "La pollinisation
croisée reste importante", déclarent-ils.
L
Philip Willaert
“L'ARCHITECTURE DOIT SIGNIFIER
QUELQUE CHOSE POUR LA SOCIETE”
The Swiss Connection
Comment deux architectes belges se sont-ils
retrouvés en Suisse? C'est une histoire surréa-
liste. En effet, cela tient plutôt du hasard que d'un plan bien établi. Brice Polomé,
architecte: "Lorsque j'ai terminé mes études à l'Institut Saint-Luc à Bruxelles, j'ai eu une
évaluation finale comme cela se fait toujours. Dans le jury, il y avait Serge Grard, un
architecte belge qui habite et travaille en Suisse. Son évaluation sur mon travail de fin
d'étude fut positive. Il m'a donc invité à suivre un stage chez lui. Ça a bien collé entre
nous, tant sur le plan professionnel que sur le plan humain. Après un certain temps, j'étais
responsable des concepts au sein de son bureau." Et puis les choses se sont enchaînées et
c'est ainsi qu'ont été posées les bases de The Swiss Conenction. Pour des projets en Suisse,
Goffaert et Polomé collaborent régulièrement avec la maison d'art'chitecture Serge
Grard SA, sous la forme d'une collaboration temporaire.
"Inversement, nous participons à des concours en Belgique avec Serge
Grard", déclare Brice Polomé.
Brice Polomé, architecteDamien Goffart, architecte
GOFFART POLOME ARCHITECTES
EN BREF
CREATION
2006
SITUATION
Grand-Leez (Namur)
COLLABO-
RATEURS
Trois freelances: un urbaniste, un
architecte paysagiste et un architecte
d'intérieur
en een interieurarchitect
ASSOCIA-
TIONS
La maison d'art'chitecture Serge Grard
SA (CH); Julien De Smedt Architects
(B+DK+CN+BR); alinea-ter (B);
abr-sc (B); azero (B); pluricité (B).
“Ce qui compte, c'est de faire un bâtiment intelligent et de saisir l'essentiel.” Goffart
Polomé Architectes le prouve avec cette maison destinée à une profession libérale