Version française réalisée par le Réseau Environnement Santé 2
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chez les femmes après la ménopause, ce qui confirme que les changements des niveaux hormonaux ont un
effet significatif sur le cancer du sein. Il est maintenant reconnu qu'un certain nombre de formes de cancer
du sein sont hormono-dépendantes et que des médicaments comme le tamoxifène ont été développés
pour répondre exactement à ces types de cancer.
L'hypothèse de base est que le risque de développer un cancer du sein augmente avec une exposition plus
longue aux hormones ovariennes, ce qui explique pourquoi l'âge de la ménarche (règles), la première
grossesse, la ménopause, l'allaitement et l'accouchement sont tous considérés comme des facteurs de risque
pour la maladie. La plupart des recherches se focalisent sur la façon dont les hormones modifient le taux de
progression ou de rémission du cancer en stimulant la division des cellules du sein et en soutenant la
croissance de tumeurs œstrogène-dépendantes, plutôt que sur la façon dont les hormones peuvent
effectivement causer le cancer.
Comment les Perturbateurs Endocriniens Chimiques pourraient causer le cancer du sein
Les hormones ont un rôle clair dans la stimulation de la division cellulaire. Dans le sein, les cellules
canalaires (les cellules associées à la montée du lait) se développent très rapidement lorsque les taux
d'œstrogènes sont les plus élevés au cours du cycle menstruel. Parce que la multiplication cellulaire exige
que des copies d'ADN soient faites à chaque fois qu'une cellule se divise, plus longtemps dure alors cette
prolifération, plus il est probable qu'une erreur dans la copie de l'ADN se traduira par une cellule qui se
divise de manière incontrôlée, entraînant une tumeur.
Les chercheurs estiment que des hausses légères mais permanentes des taux d'œstrogènes, comme pourrait
les causer une exposition continue aux PE via l'alimentation, allongerait la période de prolifération des
cellules canalaires à chaque cycle menstruel. Au cours d'une durée de vie, la période totale de prolifération
est plus longue, ce qui augmente le nombre de divisions cellulaires et donc le risque d'erreurs de copie dans
l'ADN et par conséquence le développement de tumeurs du sein.
Il a également été démontré qu'une exposition excessive aux œstrogènes pendant les périodes de
développement limite la capacité des cellules à faire face aux défis cancérogènes. En effet, des expériences
ont montré que des rats exposés avant la naissance aux dioxines, puis à nouveau à un cancérogène chimique
à la puberté, sont beaucoup plus susceptibles de développer des tumeurs mammaires que les rats exposés à
des dioxines seules. Comme les dioxines, le BPA à la capacité de rendre les rats plus sensibles à des agents
cancérigènes : du BPA auquel on ajoute une dose de nitrosométhylurée entraîne le développent de cancers
mammaires chez le rat, alors qu'une exposition seule à la même dose de nitrosométhylurée n'a pas de telles
conséquences.
Les PE sont un défi à la théorie somatique
Ces deux mécanismes sont cohérents avec l'hypothèse que le cancer est causé par des mutations génétiques,
avec des PE qui augmentent les possibilités de mutation, soit en encourageant la division cellulaire, soit en
augmentant la sensibilité des dommages à l'ADN par des mutagènes.
Il y a, cependant, des aspects de cancers liés aux hormones qui sont difficiles à expliquer par une théorie de
la cancérogenèse basée sur la mutation. C'est pourquoi dans un article publié récemment dans Nature
Reviews, deux chercheurs, les professeurs Ana Soto et Carlos Sonnenschein de la Tufts University School of
Medicine (USA), affirment que les PE permettent de soutenir une manière différente de comprendre la
cancérogenèse : le cancer n'est pas le résultat d'une mutation, mais d'une rupture de communication entre
des types de tissus, la soi-disant Tissue-Field Theory of Carcinogenesis (Théorie du champ tissulaire de la
cancérogenèse).
Soto et Sonnenschein croient qu'il est difficile pour la théorie somatique d'expliquer pourquoi les cancers liés
aux hormones régressent après le retrait des hormones, comme cela a été démontré à la fois pour le cancer
du sein et de la prostate. En outre, si le cancer est une maladie de la prolifération cellulaire incontrôlée, ils
se demandent pourquoi il ne progresse pas beaucoup plus vite qu'il ne le fait en réalité. Bien que les cellules
puissent se multiplier assez rapidement, certains cancers ont des périodes de latence de dix ans ou plus. En
outre, si l'exposition aux perturbateurs endocriniens se fait dans tout le corps, et que le cancer est une
question de mutation de l'ADN, pourquoi se fait-il que les cancers ont tendance à se produire dans un endroit
particulier?