
Le théâtre jeune public- 8 -
composait de 119 textes jeune public, que l’on peut considérer comme représen-
tatifs. Sans doute quelques préférences, voire quelques oublis le font-ils apparaître 
comme une sélection. J’espère en tout cas lancer plusieurs pistes de réfl exion, 
fondées sur des analyses précises, et contribuer ainsi à la nouvelle légitimité d’écri-
tures souvent riches et originales.
Bref historique de l’enfant spectateur
La revendication d’un théâtre d’art, joué par des comédiens adultes pour des 
publics spécifi ques d’enfants, n’apparaît clairement qu’au e siècle. Auparavant, 
l’enfant est soit spectateur aux côtés de l’adulte, soit spectateur de ses pairs, c’est-
à-dire d’autres enfants en représentation d’un théâtre pédagogique ou commercial. 
Une exception, peut-être : d’après Egle Becchi, citant M. Golden, dans l’Antiquité 
« les concours sportifs, les sacrifi ces, les spectacles (et même le théâtre de marion-
nettes à l’intention spécifi que des enfants) se succèdent pour mobiliser l’attention 
et la participation [des enfants] 5 ».
À part cette trace d’un théâtre spécifi que, il semble que, de l’Antiquité au 
e siècle, l’enfant assiste aux mêmes spectacles que les autres spectateurs.
Au Moyen Âge, il est très tôt intégré à la société des adultes, et partage leurs jeux 
et activités. D’après Philippe Ariès, étudiant dans l’iconographie de l’époque ce 
qu’il appelle les « scènes de genre » :
L’enfant devient l’un des personnages les plus fréquents de ces petites histoires, 
l’enfant dans la famille, l’enfant et ses compagnons de jeux, qui sont souvent 
des adultes, enfants dans la foule, mais bien « mis en page », sur les bras de 
leur mère, ou tenus par la main, ou jouant, ou encore, pissant, l’enfant dans 
la foule assistant aux miracles, aux martyrs, écoutant les prédications, suivant 
les rites liturgiques comme les présentations ou les circoncisions 6.
On imagine donc l’enfant assistant comme les adultes à toutes les formes spec-
taculaires, religieuses ou profanes (théâtre de foire, musiciens, jongleurs – c’est-
à-dire, ici, ménestrels qui chantaient ou récitaient des vers). À une époque où le 
théâtre n’est pas encore professionnalisé, les enfants participent d’ailleurs aussi en 
tant qu’acteurs : « dans le théâtre paraliturgique qui accompagne les cérémonies, 
le 15 novembre 2004 à Paris III Sorbonne-Nouvelle. Le jury était composé de : M. Gérard Lieber, 
université Paul Valéry, Montpellier III, président du jury ; M. Francis Marcoin, université  d’Artois, 
Arras ;  Mme Catherine Naugrette, université Paris III Sorbonne-Nouvelle ; et M. Jean-Pierre 
Ryngaert, université Paris III Sorbonne-Nouvelle.
• 5 – B Egle et J Dominique, Histoire de l’enfance en Occident, tome I, Le Seuil, 1998, 
p. 47.
• 6 – A Philippe, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Le Seuil, coll. « Points 
Histoire », 1973, p. 59.
[« Le théâtre jeune public », Nicolas Faure] 
[Presses universitaires de Rennes, 2009]