T. GALLÈPE - Joindre le corps à la parole
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26 6 42 22 19
25 6 39 15 16
La grande disparité constatée doit tenir compte par exemple des
différentes contraintes esthétiques pesant sur la confection des textes de
théâtre à certaines époques16, et témoigne de la diversité des écritures
théâtrales.
Les chiffres figurant sur la seconde ligne comptabilisent les
didascalies se référant aux gestes et notations corporelles17 ("gestes"). La
proportion est significative et donne une idée de l'importance des
éléments attachés au corps. Il y a sur ce point une belle unanimité,
transcendant les époques, les genres et les frontières linguistiques : la
quasi totalité des indications didascaliques porte sur la présence
corporelle et ses manifestations. Les autres didascalies se rapportent aux
diverses localisations, par exemple :
(6) - Une place devant le château., (ONB p. 15)
ou à d'autres événements contextuels :
(7) - La pendule sonne cinq fois. Un long temps, (CC p. 17)
Une fois ces précisions méthodologiques apportées, il convient
maintenant d'en venir à des aspects plus directement liés à la
problématique. Et tout d'abord, quelles manifestations du corps peuvent
être repérées au sein des didascalies ? Il y a certes d'un côté les mentions
explicites de telle activité corporelle :
(8) - A : est jeune (geste), comme ça, mais dans la tête est antique, (Y p.
158)
(9) - Heinz nickt. Pause., (OÖ p. 10)
(10) - MARIUS : Trente ans… (Marius secoue la tête) Et ça ne vous fait rien
quand vous voyez passer les autres ? (Mp. 13)
Mais tout n'est pas toujours aussi clair :
(11) - Frau Wolff, ihm nachrufend, (B p. 12)
(12) - (Le comte paraît), (BS p. 46)
(13) - ROSINE, toujours au balcon. — (…), (BS p. 47)
(14) - ESCARTEFIGUE (il crie encore plus fort), (M p. 17)
16 Par exemple les "conseils" d'un D'aubignac recommandant d'éviter le recours
aux didascalies!
17 Il est difficilement possible, à partir des didascalies (et même ailleurs ?), de
séparer les gestes des autres manifestations du langage du corps ; celui-ci englobe
ceux-là, sans que la frontière entre geste et non-geste soit nettement traçable ;
c'est donc l'ensemble des "gestes" qu'il convient de considérer ici, ce qui implique
ensuite que des critères valides soient mis au point pour rendre compte de la
diversité des vecteurs de ce langage du corps.